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Lu
XXXIII
SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE
DU
DÉPARTEMENT D'ILLE-ET-VILAINE
)
La rédaction des Mémoires publiés appartenant tout entière
à leurs auteurs, la Société leur laisse la responsabilité de
leurs idées et de leurs appréciations.
Le Secrétaire prie instamment ses collègues de lui signaler
les rectifications qu'il y aurait lieu d'apporter dans la liste des
Membres de la Société Archéologique.
BULLETIN ET MÉMOIRES
SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE
DÉPARTEMENT D'ILLE-ET-VILAINE
TOME XXXIII
, RENNES
IMPRIMERIE EUGÈNE PROST
me Upordlt. i.
SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE
DU
DÉPARTEMENT D'ILLE-ET-VILAINE
PROCÈS- VERBA UX
(ANNÉE 1903)
Séance du 13 janvier 1903.
Présidence de M, le comte de Palys,
Présents : MM. Pocquet du Haut-Jussé et Parfouru, vice-
présidents; Df.combb, abbé g. de Corson, Rkuzé, abbé Duver.
Etassb, des Bouillons, Stot, abbé Mathurin. Busnel,
BussY, Aubrée, Fournel, colonel de Caqueray, Rabillon,
abbé Millox, Desmaziîsres de Séchelles, Boudin, comte
du Cbest de Lorgërie, Philouze, de Villers, secrétaire.
Le procès-verbal de la dernière séance (9 décembre 1902) est
lu et adopté.
M. le Président procède au dépouillement de la correspon-
dance et des publications déposées sur le bureau.
Il donne lecture d'une circulaire du Ministre de l'Instruction
publique, relative au Congrès des Scciétés Savantes qui doit
se réunir à Bordeaux le 14 avril prochain.
— VIII —
Parmi les publications^ M. le Président signale un hommage
de notre nouveau collègue, M. Aubry, ayant pour titre : Notes
chronologiques sur La Guerche-de^Bretagne, M. le Secré-
taire est chargé de remercier M. Aubry.
Puis l'ordre du jour appelle l'élection de MM. Aubry, colonel
du Halgouêt et Rault, présentés à la dernière séance. Après
les scrutins réglementaires ouverts successivement, ces mes-
sieurs sont élus comme membres titulaires.
MM. de Palys et de Villers présentent ensuite M. Quilgars,
ancien élève de l'Ecole du Louvre, archiviste-adjoint de la
Loire-Inférieure, comme membre correspondant. Conformément
au règlement, il sera statué sur cette élection à la prochaine
séance.
Après avoir fait un éloge mérité du soin que M. le recteur
d'Epiniac met à conserver les curiosités de son église, M. le
Président croit devoir rectifier l'assertion erronée d'une notice
insérée dans la Semaine Religieuse du 3 janvier, où Ion repré-
sente comme « à peine décente pour le culte » l'ancienne église
de Guignen, démolie malgré sa solidité et l'intérêt spécial que
présentait le chœur roman — et démolie en dépit de l'opposi-
tion des autorités religieuses et civiles — le très remarquable
tombeau et la statue du sire de Saint-Amadour, déplacé, mu-
tilé et disparu.
Seuls, les Mémoires de la Société archéologique conservent
la vue de ce curieux monument si malheureusement disparu,
qui surmontait une fontaine et une crypte, antérieure, selon
M. Brune, à l'introduction du christianisme en Bretagne.
M. de Palys demande à la Société de voter une allocation de
50 fr. à M. le recteur d'Epiniac comme marque de sa sympathie
pour le soin avec lequel il conserve les vieux monuments de
sa paroisse, venant trop souvent à disparaître ailleurs entre les
mains des brocanteurs. M. Tarchitecte de la nouvelle église,
dont on connaît le goût, sera chargé de surveiller la restaura-
tion du bas-relief.
Cette allocation est votée à l'unanimité.
— IX —
M. le chanoine Guillotin de Corson entretient l'assistance
d'un lech déposé dans le cimetière de Saint-Pierre-de-Ples-
guen, appartenant à la Société archéologique.
Sur la proposition de M. de Villers, ce lech sera amené à
Rennes, pour être déposé soit au Musée archéologique, soit
dans un autre endroit indiqué ultérieurement.
Exhibitions :
I. — Par M. Reuzé :
Une aquarelle anonyme représentant un banquet militaire
dans la cour de la caserne de TArsenal, à Rennes, en sep-
tembre 1840.
M. Decombe donne quelques explications sur la scène repro-
duite par cette aquarelle. C'est un banquet à l'occasion de l'or-
ganisation d'un nouveau régiment d'infanterie, le 73* de ligne,
qui fut créé en septembre 1840 et formé à Rennes avec des
détachements des 3«, 14% 20% 35* et 55« de ligne.
La scène, fort animée, est représentée au moment où le lieu-
tenant-général Colbert, commandant la 13* division militaire,
adresse une allocution au nouveau régiment.
D'après les Historiques des Corps de troupe de r Armée
française^ publication officielle du Ministère de la Guerre
parue en 1900, le 73« de ligne eut pour origine le Royal-Com-
tois, créé en 1674. 11 devint 73* dinfanterie en 1791, et 73* demi-
brigade en 1796. Supprimé en 1803, le n» 73 resta vacant jus-
qu'en 1840^ époque où le régiment fut reconstitué à Rennes,
comme il est dit plus haut.
II. — Par A/. Desmazières de Séchelles :
1* Très joli buste en ivoire de Charles^ Bernard LangloiSy
président du tribunal civil de Dieppe (fin du xviii* siècle);
2° Un médaillon en ivoire finement sculpté représentant une
frégate (xviii* siècle).
m. — Par M. tabbé Millon :
Grand médaillon en plomb provenant des ruines de l'an-
X
cienne abbaye de Fécamp et représentant la mise au tombeau
de Notre-Seigneur [attribué à l'époque moderne).
IV. — Par M. Decombe :
Vues intérieure et extérieure de 1 ancienne église de Tinté-
niac, aujourd'hui démolie. — Dessins à la plume ofTeHs au
Musée archéologique par l'auteur, M. Henri Frottier de la
Messelière.
V. — Par M, l'abbé Alalhurin :
Saladier en faïence du Croisic (imitation).
VI. — Par M, Biissy :
Plateau oblong à anses carrées pointillées en bleu foncé et
rouge, ayant 45 centimètres de long sur 36 de large, en
faïence de Rouen (attribué à l'époque moderne).
VII. — Pari/. L.rfe Villers :
Débris gallo-romains recueillis dans les travaux de voirie
exécutés en ce moment pour l'élargissement de la rue Saint-
Martin : fragments d'amphores, tuiles à rebords, de meule
de granit, d'enduits peints, d'urnes funéraires, de poteries di-
verses, notamment de poteries romaines ornementées, dont
l'une porte l'estampille du potier... P. CALVI (offerts au .Mu-
sée archéologique).
M. le chanoine G. de Corson donne lecture de notices très
intéressantes sur les seigneuries de in Villegontier et la Ten^
draye, en Pari g né.
Au nom de M. Turgeon, professeur à la Faculté de Droit de
Rennes, dont la famille est originaire du Canada, M. l'abbé
Millon pose à ses collègues la question suivante : « Sous quel
pavillon navigua Jacques Cartier, le célèbre capitaine malouin,
quand il entreprit, en 1534, son voyage d'exploration, qui de-
vait aboutir à la reconnaissance de l'estuaire du Saint Laurent?
Etait-ce l'étendard royal, et dans ce cas était- il blanc ou bleu?
— XI —
Etait-ce seulement un pavillon aux armes et aux couleurs de
Saint-Malo ?
Cette question est renvoyée à notre collègue M. Joûon des
Longrais, qui a étudié spécialement la vie de Jacques Cartier.
M. Philouze communique un Mémoire sur Les Octrois de
Rennes au X VIII^ siècle.
11 y a un siècle, la suppression des droits d*octroi faite sans
établissement de taxes compensatrices, avait eu pour résultat
inévitable la ruine de notre ville, qui ne pouvait plus faire face
aux dépenses d'édilité, éclairage, sécurité, pavage, hos-
pices, etc. ; les hôpitaux qui se soutenaient avant 1789 surtout
par des rentes perpétuelles, résultant de fondations, avaient
vu détruire ces fondations que rien ne remplaça. De temps en
temps, la nation envoyait une somme d'argent pour les hôpi-
taux, mais ces secours irréguliers restaient insuffisants et l'on
manquait dans les hospices de linge, de pain, de médicaments.
Un tel état de choses ne pouvait pas s'éterniser, aussi songea-
t-on bientôt à rétablir les octrois, et pour diminuer l'impopu-
larité de cette mesure, on les appela : Octrois de bienfaisance^
plaçant en première ligne le service des hôpitaux et ajoutant
le reste par surcroît. ,
Le service d'administration n'étant pas organisé, on mit la
ferme en adjudication et un régisseur général se présenta en
Tan XUl ; les octrois de Rennes trouvèrent preneur pour
200,000 livres.
M. Banéat donne lecture, au nom de M. le vicomte P. du
Pontavice, d'un Mémoire intitulé : Un Enlèvement au temps
jadis. Il s'agit de l'enlèvement convenu entre « la demoiselle
Louise Boscher, fille de noble homme Jean Boscher, s' de
Launay^Mellet, et Jean le Préi^ost^ s*^ de la Garenne, » Inu-
tile de dire que cet enlèvement (1G35) se termina — lui aussi
— par un heureux mariage.
f^e Secrétaire général,
L. PB ViLLEPS.
— XII —
Séance du 10 février 1903.
Présidence de M, le comte de Palys^ président.
Présents : MM. Pocquet du Haut-Jussé et Parfouru, vice-
présidents; Decombe, abbé Guillot, Haizb, Renaud-Lou-
BENs, comte de Bellbvue, Fournel, de Foucaud, Stot, Leray,
Harscoubt de KeraveLj Reuzé, Jouon des Longrais, Rochulé,
Etasse, de la Pinelais, Busnbl, Desmazibres de Sbchelles,
Bbtin, Roussin, comte du Crest de Lorgerie, Cocar, des Bouil-
lons, Philouze, Banéat, de Torquat, Rabillon, Coignbrai,
colonel DE Caqueray, abbé Duver, L. de Villbrs, secrétaire.
Le procès-verbal de la dernière séance (13 janvier) est lu et
adopté.
M. le Secrétaire donne lecture d'une lettre de M. labbé
Mathurin, demandant une rectification au procès- verbal, au
sujet d'une exhibition dont il n'a pas été fait mention, par
erreur, au procès-verbal communiqué à la presse. Cette exhi-
bition paraîtra dans le prochain procès-verbal.
M. le Président procède ensuite au dépouillement de la cor-
respondance et des publications déposées sur le bureau. Il
donne lecture dune circulaire de M. Tabbé Bouillet, inspecteur
de la Société française d'Archéologie, demandant de signaler
les figurations de la Mise au TomheaUy désignées souvent
sous le nom de Sépulcres; d'une lettre de faire-part et d'une
nécrologie de M. Poulie, président d'honneur de la Société
archéologique de Constant ine.
L'ordre du jour appelle ensuite l'élection de M. Henri Quil-
gars, présenté à la dernière séance. Après le scrutin régle-
mentairCy M. Quilgars est élu au titre de membre corres-
pondant.
MM. l'abbé Guillot et Decombe présentent ensuite M. Gues-
don, juge d'instruction à Rennes. Conformément au règlement,
il sera statué sur cette élection à la prochaine séance.
— XIII —
Exhibitions :
I. — Par M, Harscouêt de Keras^el :
Jeton en bronze de la Has^ardière (rente de 1752), au i^ un
chat.
II. — Par M. Fournel :
Statuette représentant un Ecce Homo (vieux Rennes).
III. — Par M, Decombe :
V* Deux petites potiches en faïence de Delft, à décor bleu.
Elles sont marquées des lettres M P formant monogramme.
C'est la marque du faïencier Pieter Parée, auquel appartenait,
en 1678, la fabrique portant pour enseigne de metaale Pot (au
pot métallique);
2® Soupière en poterie vernissée et émaillée, décorée à l'in-
térieur d'une ornementation gravée, avec le millésime 1803.
Sur le bord de la soupière est gravée une inscription en langue
allemande dont voici la traduction : « La beauté est affaire à
chacun, mais tient aussi à l'objet ainsi qu'à sa valeur. » Le
couvercle est surmonté de quatre volutes supportant une cor-
beille de fruits. Les émaux polychromes eu relief se détachent
sur engobes vernissés brun, et les ornements courants sont
gravés en creux. Poterie suisse (commencement du xix^ siècle);
3*^ Petite écritoire à deux gradins. Le gradin supérieur est
surmonté d'une sorte de dossier sur lequel se lit en écriture
gothique allemande Samuel Stalder (probablement le nom du
possesseur). Décor polychrome et reliefs. Faïence allemande
( XVIII* siècle) ;
k9 Soupière ronde présentant un genre de décor rarement
signalé jusqu'ici. Elle est entièrement recouverte d'un pointillé
ou granité en violet de manganèse clair dans lequel ont été
réservés des médaillons contenant chacun un petit bouquet
polychrome. Le couvercle, surmonté d'un bouton, est décoré
de la même façon.
Cette pièce sort-elle d'une fabrique de Quimper ou d'une
fabrique de Rennes ? Il semble assez difficile de se prononcer
dès ce moment, et il convient, dit M. Decombe, d'attendre.
— XIV —
pour lui donner une attribution certaine, qu'on ait relevé
ailleurs des termes de comparaison qui permettront de ré-
soudre cette intéressante question pour la solution de laquelle
on fait appel à tous ceux qui pourraient signaler des pièces à
décor identique * ;
5® Petit plateau en porcelaine, de Derby (Angleterre), décoré
en or et couleurs d'armoiries à déterminer. L'écusson est en-
touré du collier de l'Ordre écossais de Saint-André, appelé
aussi Ordre du Chardon.
Au revers de ce plateau se voit la marque de la fabrique de
Derby (Angleterre) : deux bâtons croisés accompagnés de
chaque côté d'un groupe de trois points; au-dessus une cou-
ronne de duc et pair surmontée d'une fleur de chardon; au-
dessus, la lettre D.
Par M, Decombe (au nom de M. Gille) :
1* Plat à barbe à décor polychrome. La comparaison avec
certaines pièces du Musée permet d'attribuer ce plat à une
fabrique de Quimper (fin du xviii® siècle ou commencement
du XIX®);
2° Plusieurs statuettes de la Sainte Vierge, dont une, haute
de 47 centimètres, provient de la fabrique Vaumort, à Hennés ;
3<> Assiette à bord festonné, décor polychrome. Faïence de
Nantes ? (xviii* siècle) ;
40 Plusieurs écritoires. Faïence de Quimper (xviii* siècle) ;
50 Plusieurs assiettes en terre de pipe, dite « faïence fine. »
— Fabrication anglaise (fin du xvm« siècle).
Par M, Decombe^ au nom de M. Bézier :
Un très beau bol en biscuit de porcelaine noir mat décoré
de groupes et sujets allégoriques en relief : la Tragédie, la
Comédie, la Danse, la Paix, etc.
Ce bol fut trouvé en 1862, à sept mètres de profondeur, dans
les fouilles du bassin de Deauville-sur-Mer (Calvados), au
milieu d'une couche de sable et de galets. On peut vraisem-
1. Voir la séance du 8 décembre 1903.
— XV —
hlablement l'attribuer à la fabrique dirigée à Burslem (Angle-
terre, par les céramistes Wood et Cadwel, imitateurs de
Wegdwood (fin du xviii* siècle ou commencement du xix*).
IV. — Par M. F, Desmazîères de Séchelles :
!*• Vierge en ivoire portant l'Enfant Jésus sur le bras droit
(commencement du xviii® siècle) ;
2^ Autre Vierge en ivoire portant T Enfant sur le bras
gauche (xviii® siècle) ;
3<> Très jolies petites statuettes en ivoire représentant un
Polletais et une PoUettaise (ivoire de Dieppe) ;
4<) Une boucle de ceinture en ivoire délicatement sculpté
(même provenance).
V. — Par M. Cabbé Guillot :
Une aiguière en faïence de Rouen, décor bleu (xvii® siècle).
VI . — Par M. des Bouillons :
Lettres patentes de Françoise de Lorraine, épouse et procu-
ratrice de très haut, puissant et illustre prince César duc de
Vendosme . de Mercœur , de Penthièvre , de Beaufort et
d'Etampes, etc., par lesquelles ladite dame a permis aux
Religieux Cordeliers de Guingamp de rebâtir et de réédifier
leur église et couvent qui estaient batys aux faubourgs et
proche les murailles de la ville de Guingamp nu même lieu et
endroit où ils étaient édiffiez (28 août 1648). Titres sur par-
chemin.
VIL — Par M. Renaud-Loubens :
Statuette en bronze vert de O^S? de haut, représentant Diane
Chasseresse. L'intérieur du corps de la déesse est creux et
contient une cachette.
VIII. — Par M. Philouze :
Ampliation de la nomination, par le premier consul Bona-
parte, du citoyen Besneray, comme membre du Conseil Géné-
ral dllle-et- Vilaine.
— XVI —
IX. — Par M. le comte de Palys :
10 Un portrait assez moderne, mais d'un artiste nantais,
René Toulmouche (lithog. par Landais et Martevilie), repré-
sentant un paysan bas-breton, Kervihan, témoin dans une
affaire criminelle de 1833 ;
2** Celui d'Isabelle BiancoUely (Prudhon. se), actrice re-
nommée du XVII* siècle, qui vint à Rennes vers 1680, et y eut
un assez grand succès constaté dans certaines plaquettes de
l'époque.
X. — Par M. L. de Villers :
Pièce de bronze trouvée dans les travaux de la ruelle Saint-
Martin; dun côté on lit : TI. CLAVDIVS CiESAR. AVG
PM. TRI, tète à gauche. — W. Pallas, avec les lettres S. C
(offerte au Musée archéologique).
XI . — Par M. Jouon des Longrais :
Une plaquette imprimée à Rennes, en 1717, qui paraît
n'avoir pas encore été signalée.
C'est une pièce de vers d'un poète breton inconnu, Amette de
la Bourdonnaie. L'auteur de cette poésie ne figure dans la bio-
graphie de M. de Kerviler que comme co-propriétaire de maison
brûlée pendant l'incendie de Rennes. Il célèbre en soixante-
quatorze alexandrins, d'un bon souffle classique, la gloire du
maréchal de Montesquiou d'Artagnan. L'enthousiasme du poète
semble sincère. Le document est intéressant en ce qu'il montre
l'état des esprits au moment de l'entrée du nouveau lieutenant-
général à Rennes, en mars 1717. La Bretagne faisait le meil-
leur accueil à d'Artagnan, l'un des vainqueurs de Denain et
des sauveurs de la France, avant que sa conduite à l'égard des
Etats et lors de le^. conspiration de Pontcallec ne lui aliénât
le cœur des Bretons. Amette de la Bourdonnaie vécut à Rennes,
y fut avocaty bâtonnier de l'Ordre et y mourut le 9 juin 1773,
à l'âge de quatre-vingts ans.
XII. — Par 3/. l'abbé Mathurin :
Portrait de M^' de Neuville, évoque de Saint-Malo (1644-
— XVII —
1646), pais de Chartres (1657-1690). Dessin à la sanguine du
xvii« siècle.
M. le comte de Bellevûe lit un travail relatif à la légende du
château de Trécesson. Ces pages, délicatement écrites, inté-
ressent vivement l'assistance.
M. Joûon des Longrais, répondant ensuite aux questions
posées dans la dernière séance, au sujet du drapeau de Jacques
Cartier, expose qu'il est impossible de trouver un renseigne-
ment positif sur ce point, particulièrement aux Archives de
Saint-Malo.
H rappelle le petit nombre et la brièveté des documents offi-
ciels concernant Cartier. L'intervention gouvernementale res-
tait alors en dehors de la plupart des faits accessoires de
Fexécution. La prise de possession d'une terre nouvelle avait
d'ailleurs pour signe extérieur la plantation d'une croix, sym-
bole de la conquête chrétienne, et non celle d'un drapeau.
Jacques Cartier n'étant point accompagné de gens de guerre,
il est peu probable qu'aucun guidon ait flotté sur la terre du
Canada avant Champlain. Cartier avait sans doute un pavil-
lon, d'après les usages de la marine, attestés par les vieilles
cartes, les portulans, livres illustrés du xvi« siècle, où figurent
des navires. Un spécimen contemporain emprunté au voyage
de Cartier, publié par Ramusio, est mis sous les yeux de
la Société. Le pavillon ne semble pas avoir été constamment
fixé au haut des mâts. Jacques Cartier devait pavoiser certains
jours de fête comme Christophe Colomb.
Venant au drapeau exhibé, lors de la grande manifestation
du 24 juin 1902, par la société canadienne de Saint-Hubert,
du canton de Chambly, on ne comprend pas les critiques des
archéologues franco-canadiens à propos d' « un drapeau fleur«
delisé fac-similé des drapeaux de François l". » A part le mot
fac-similé, maladroitement employé par le programme du cor-
tège, on ne voit rien à reprendre à cet énoncé.
Le drapeau fleurdelisé est absolument dans la vérité histo-
rique. Les lis étaient les armes de France sur un fond dont la
XXXIII 2
— XVIII —
couleur a varié. Nous avons précisément là-dessus le témoi-
gnage de Jacques Cartier lui-même répété deux fois dans ses
relations originales : « I.e 23 juillet 1534, fismes faire une
croix sous le croisillon de laquelle mismes un escusson en
bosse à troys fleurs de lys et dessus un escripteau où il y avoit
en grosses lettres : KiVc le roy de France. » Jacques Cartier,
qui avait été à la cour et avait pu voir à Saint-Malo même
défiler François I^^ et sa suite brillante, connaissait trop bien
les armes du roi pour ne pas mettre les lys sur l'azur, s'il se
servait d'un pavillon historié. Laissant de côté le pavillon chi-
mérique de la ville de Saint-Malo dont on a parlé, on peut être
sûr que le pavillon de Jacques Cartier eût porté l'emblème qui
répond le plus à notre idée moderne de drapeau national, c'est-
à-dire le drapeau du roi, les trois fleurs de lys d'or sur champ
d'azur.
M. Barth. Pocquet du Haut-Jussé lit un travail intitulé : Un
prédicateur ponrsnM en 1110, — L'abbé Poisson fut accusé
devant le Parlement d'avoir fait des allusions aux événements
du temps dans un sermon prononcé en Téglise Saint-Germain
le 6 janvier 1770. Une longue enquête eut lieu, à la suite de
laquelle l'abbé Poisson fut condamné par le Parlement à être
admonesté.
Le Secrétaire général^
L. DK ViLLERS.
Séance du 10 mars 1903.
Présidence de M, le comte de Palys^ président.
Présents : MM. Pocquet du Haut-Jussé et Parfouru, vice-
présidents; Banéat, trésorier; Decombr, des Bouillons, Hars-
couET DE Keravel, Etasse, Busnel, Kenaud-Loubens, de Tor-
QUAT, StOT, MaRQUET, DE LA PiNBLAIS, LeRAY, abbé MiLLON,
Reuze, abbé Guillotin de Cohson, Aubrée, Desmaziîsres de
Séchelles, Saulnier, abbé Morlais, Fournel, colonel de
— XIX —
Caqurray, abbé Guillot, Kochulk, comte du Crest db Lon-
GRRiR, GossELiN, comte DE Vbrnon, abbé Duvbr, Philouzr,
Rabillon, L. de Villers, secrétaire.
Le procès-verbal de la dernière séance (10 février) est lu et
adopté.
M. le Président procède au dépouillement des publications
déposées sur le bureau.
Il signale particulièrement une plaquette de M. du Chàtetlier
intitulée : Un âge de cui^fre^ ayant précédé Vâge de bronze,
a-t-^il existé en Armoriqne P l]n ouvrage de M. Ed. Aubrée
portant pour titre : Une Famille de Monnayeurs rennais aux
XV h j XVI h et XVIII^ siècles, dont il est fait hommage à la
Société Archéologique.
I/ordre du jour appelle ensuite l'élection de M. Guesdon,
présenté à la dernière séance. Après le scrutin réglementaire,
M. Guesdon est admis comme membre titulaire.
Exhibitions :
1. — Par M. Harscouêt de Keraç^el :
1** Statuette de la Vierge en faïence de Nantes ;
2** Laitier provenant des bois de Pouëtz (lUe-et-Vilaine).
IL — Par M. le comte de Palys :
Divers portraits, fort curieux et fort rares, de M*"" Ferdinand
de Neuville, évèque de Saint-Malo, de 1646 à 1657, mort
évêque de Chartres en 1690.
1» Magnifique portrait de Nanteuil, d'après Ph. de Cham-
pagne;
20 De Van Meerlin ;
3° De Joliain, d'après Boury ;
4° Un moderne, signé Caron, 1815.
— XX —
m. — Par M. Vahbé Millon :
Un petit vase porte-bouquet, décor polychrome (attribué à
l'époque moderne).
IV. — Par M, Decombe :
Trois planches en cuivre gravées d'après des compositions
deJ.-F. Huguet et représentant des sujets fantaisistes dont
l'un est relatif aux projets élaborés par l'ingénieur Robelin
pour la reconstruction de Rennes après l'incendie de 1720.
A. Planche en cuivre rouge, gravée au burin, représentant le
Mariage mystique de sainte Catherine, et signé C, Galle, —
Légende : S. CATHARINA VIRGO CHRISTO DESPON-
SATA.
B. Une épreuve de cette planche.
M. Decombe accompagne son exhibition de la communica-
tion suivante :
L'auteur de cette planche. Corneille Galle, dit le Jeune, est
un des membres de la célèbre famille de graveurs hollandais
de ce nom qui s'illustra aux xvi* et xvii* siècles. Le Musée de
Rennes possède plusieurs gravures de ces artistes.
Quand au sujet représenté sur la planche que je mets sous
vos yeux, c'est la reproduction, ou plutôt l'adaptation d'un
tableau de Pietro Berretini, dit Piètre de Cortonne (1596-
1669), tableau qui, après avoir fait partie de la collection de
Louis XIV, fut placé au-dessus du maître-autel de Tancienne
chapelle du château de Versailles ; il est aujourd'hui au Musée
du Louvre.
Dans son tableau, Piètre de Cortone a représenté la Sainte
Vierge assise, soutenant l'Enfant Jésus qui tient d'une main
une palme, de Tautre un lis qu'il présente à sainte Martine
agenouillée devant lui, et s'appuyant sur une fourche garnie
de dents de fer, instrument de son supplice
Comme presque tous les graveurs de son temps. Corneille
Galle imprimait et vendait lui-même ses estampes. Il pensa
probablement que le nom de Martine étant peu répandu dans
son pays, sa gravure ne trouverait pas un débit suffisant, et il
n'hésita pas à débaptiser la sainte pour en faire sainte Cathe-
— XXI —
rine ; il n'eut besoin pour cela que de modifier légèrement sa
pose, de substituer à la fourche crochue de Martine Tépée et la
roue dentée qui servirent au martyre de Catherine, et d'accom-
pagner son estampe de la légende : «.V. Catharina virgo Chriëio
desponsata. C'est ainsi qu'au xvii* siècle le Mariage mystique
de sainte Catherine^ déjà si souvent interprété par les peintres
et les graveurs, compta une représentation de plus dans les
galeries et dans les cartons des collectionneurs.
V. — Par M, Renaud' Loubens :
Un service de la Compagnie des Indes, composé de seize
pièces; M. Renaud-Loubens accompagne cette exhibition de la
note suivante : « Chaque pièce est décorée au milieu d*un grand
médaillon rond entouré d'un marli, représentant un mandarin
et sa femme. »
VI. — Par M. Desmazières de Séchelles :
Joli Christ en ivoire de Dieppe (fin du xviii« siècle).
VII. — Par M, Aubrée :
1* Une hache en pierre polie, mesurant de 0" 43 de long et
dont le poids est de 7 k. 200 (trouvée à Sarzeau);
2® Une pièce manuscrite sur papier, intitulée : « Rosle fait
lors de l'assemblée généralle tenue dans la chambre de TAjus-
terie, le 30 décembre 1770, des maitres monnayeurs ajusteurs
accueillis et tailleresses de la Monnaye de Rennes. »
VIII. — Par AL Cabbé Gnillot :
Une pièce romaine en bronze, trouvée dans une lande de
la Chapelle-Bouêxic (lUe-et- Vilaine),
IX. — Par M, Banéatj au nom de M. le comte du Pontavice :
Deux laissez -passer donnés par l'amirauté d'Angleterre à
deux navires anglais en 1694 et en 1721. Ces pièces sont sur
parchemin et timbrées du sceau de l'Amirauté, ainsi libellées :
— XXII —
Par ordre des Commissaires faisant l'office de Lord grand-
amiral d Angleterre.
Laissez passer le navire « Suzanne et Marie » (William
Hollorn (?) capitaine), chargé de 250 tonnes, armé de 18 canons
et monté par 36 hommes, tous appartenant aux équipages de
Leurs Majestés, — avec six passagers, provisions et marchan-
dises, sans aucun obstacle, saisie ou molestations (sic)^ ledit
navire nous paraissant, d'après bon et solide témoignage,
appartenir à des sujets de Leurs Majestés le Roi et la Reine,
et non à des étrangers.
Donné sous nos signatures et le sceau de TOffice de l'Amiral,
à Westminster, le 21 avril de l'année du Seigneur 1694.
A toutes personnes
que les présentes peus>ent intéresser^
(Signatures.)
Par ordre des Commissaires,
(Signature.)
Par ordre des Commissaires tenant la charge de Lord grand
amiral de G^^-Bretagne. Irlande et toutes autres possessions
de Sa Majesté,
Laissez passer le navire « Philippe et Marie, » de Londres
(Georges Fendell (?) capitaine), chargé d'environ 280 tonnes,
armé de 16 canons et monté par 40 hommes, dont 30 sujets de
Sa Majesté, construit en Grande-Bretagne, partant pour Tir-
lande et les Indes Occidentales, — avec ses passagers et mar-
chandises — sans aucun obstacle, saisie ou molestations (sic),
ledit navire nous paraissant, d'après bon et solide témoignage,
appartenir à des sujets de Sa Majesté, et non à des étrangers.
— xxni —
Donné, sous nos signatures et sous le sceau de 1 Office de
l'Amirauté, le 4 novembre de l'année du Seigneur 1721.
Donné à toute personne
que les présentes peuvent concerner,
(Signatures.)
Par ordre de Leurs Seigneuries
Les Lords de l'Amirauté,
(Signature.)
Un arrêt du Parlement défendant de chasser sur les terres
de damoiselle marquise de Montauban, dame de Kochefort,
1" mars 1657.
X. — Par M. L, de Villers :
Un volume portant pour titre : Sentiments que doit
aifoir un homme-de-Dieu sur les çeritez de la Religion et
de la morale, tirez des plus beaux passages de l'Ecriture
sainte, par M, l'abbé de Bellegarde, — A Paris, rue Saint-
Jacques, chez Jean et Michel Guignardy à l'image Sainte
Jean. M.DCCIV. — Sur les plats, armes du cardinal Mazarin.
— Jean-B. Morvan de Bellegarde naquit à Piriac, diocèse de
Nantes, le 30 août 1648. Entré dans Tordre des Jésuites, dis-
ciple de Descartes, il fut obligé d'en sortir par suite de ses
idées philosophiques. Il mourut à Paris le 26 avril 1734. Le
Mercure du mois de novembre 1735 a publié son éloge par
le P. de Tournemine.
M. Saulnier donne des renseignements nouveaux sur Fran-
çois de Villemontée, évêque de Saint- Malo, et sur sa femme,
et communique un document inédit sur la séparation définitive
des deux époux en 1652.
M. l'abbé Guillotin de Corson communique une note fort
— XXIV —
intéressante sur la relation d'un voyage en Terre-Sainte^ fait
par trois Bretons à la fin du XP siècle.
Le Secrétaire général^
L. DE ViLLERS.
Séance du 7 avril 1903.
Présidence de M, le comte de Palys, président.
Présents : MM. Pocquet du Haut-Jussb et Parfouru, vice-
présidents; Saulnier, Decombe, âubréb . DES Bouillons,
ÂNGiER DE LoHÉAc, HuE, Stot, Harscoubt DE Keravel, abbé
MiLLON, Reuzé, Leray. Etasse, Bussy, Banêat, du Crest de
LoRGERiE, Philouze, colonel DE Caqueray, Radillon, abbé
DuiNE, DE Torquat, Kenaud-Loubens, L. de Villers, secré-
taire.
Le procès-verbal de la dernière séance (10 mars) est lu et
adopté.
M. le Président procède au dépouillement de la correspon-
dance. Il communique une lettre de M. le curé de Tinténiac
demandant une allocation à la Société pour la restauration de
son église. Cette demande est renvoyée à la prochaine séance.
La bibliothèque de la Ville n'ayant pas été informée de la
décision prise par le bureau de changer 1 époque habituelle
de sa séance, par suite des vacances de Pâques, n'a pas envoyé
les publications.
M. le Président adresse ses sincères félicitations à M. Poc-
quet du Haut-Jussé, vice-président, pour sa nomination de
chevalier de Saint-Grégoire-le-Grand, distinction méritée par
ses travaux historiques sur notre province, si appréciés des
XXV
savants et des érudits et que rAcadémie française a plusieurs
fois couronnés.
Exhibitions :
I. — Par M. Decombe (de la part de M. le commandant de
Goy):
1^ Petit panneau en bois sculpté, peint et doré, représen-
tant debout, sous une arcade gothique, un seigneur en costume
du XV* siècle ;
2'* Ecritoire à gradin, en faïence de Rennes, décor mono-
chrome, fleurs et rocaille, en violet manganèse clair;
3* « Oraison funèbre de messire Louis Mandrin^ colonel
général des Faux^Sauniers et Contrebandiers de France^ »
pièce satirique, sans nom d'imprimeur , colportée après la
mort de Mandrin, qui fut roué vif à Valence, le 26 mai 1755.
II. — Par M, de Palys :
1** Deux jetons trouvés récemment, l'un rue Saint-Yves,
l'autre au Grand-Fou geray, à l'effigie de Louis XV, 1744, et
portant au revers le monument élevé lors de la convalescence
du roi, à Metz probablement;
2^ Quatre magnifiques portraits de M^^ de Villemontée,
comme intendant de Poitou et évèque de Saint-Malo en 1657,
gravés d'après Philippe de Champagne et Mellan, par Morin,
Lochon, Mellun et Pitau ;
3* La reproduction d'un buste de M. de la Briffe d'Amilly,
premier président au Parlement de Bretagne, de 1734 à 1777;
buste inconnu jusqu'ici, dû au sculpteur Lemoyne et découvert
par M. H. de Montégut dans une collection particulière. Ce
qui porte à sept, sur douze, la liste des portraits de ce ma-
gistrat ;
4» Un pavé historié (xvi® siècle) provenant des ruines du
château de Fontenay , commime de Chartres , où séjourna
Henri IV en 1598, et plus tard Louis XIII.
M. de Palys donne lecture d'une charmante historiette en
— XXVI —
vers, due à la verve spirituelle de M. E. Aubrée, et racontant
une anecdote rennaise du xviii* siècle, l'histoire d'un pendu
ressuscité, sauvé par un des ancêtres de Tauteur, et dont le
dernier trait rappelle celui de Jean Valjean volant les flam-
beaux de révéque de Digne (dans les Misérables de Victor
Hugo).
m. — Par M, Reuzé :
Petite miniature sur vélin, d'une exécution très soignée,
représentant la Fuite en Egypte. Saint Joseph, s'appuyant sur
un bâton, porte sur son dos l'Enfant Jésus, couché dans un
berceau. Derrière, marche la Sainte Vierge, qui soulève le
voile recouvrant le berceau et qui regarde son fils endormi.
IV. — Par M. l'abbé Millon :
V* Une croix de pèlerinage en cuivre, à double branche, avec
ornements et sujets gravés sur les deux faces : sur Tun on lit
l'inscription SINE CADO;
2^ Un petit médaillon en pâte de verre opalin sur lequel se
détache une tète de femme casquée à reflets métalliques, le
tout noyé dans un lingot de plomb (trouvé à Jublains).
V. — Par M, Auhrée :
l® Planche de cuivre gravée, représentant une Mise au Tom-
beau, d'après Raphaël;
2® Exemplaire de cette gravure tirée sur papier.
VI. — Par M. Henaud^Lottbens :
1® Une Vierge en faïence de Rennes, décor polychrome;
2® Une Vierge en faïence de Croisic. décor bleu et jaune.
M. Etasse communique une notice sur la découverte d'une
petite tour carrée située dans une butte de terre appelée le
Château de la Guerche. D'après l'auteur, cette tour semblerait
antérieure au xii* siècle.
M. Saulnier communique des documents inédits et donne
— XXVI I —
de nouveaux détails sur la vie et l'épiscopat de M^^ de Ville-
montée, évèque de Saint-Malo, au xvii* siècle.
Il donne communication de l'épitaphe à Paris du premier
président Henry de Bourgneuf :
a M. le chanoine Guillotin de Corson, dans son Pouillé de
VArchesféché de Rennes (III, p. 189), a donné de très intéres-
sants détails sur le monument que Calliope d'Argentré a élevé
à son mari, le premier président Henry de Bourgneuf, marquis
de Cucé, dans Téglise du couvent de Calvairiennes, qu'elle a
fondé dans son propre hôtel, place de la Pompe (aujourd'hui
du Carthage', à Rennes. L'église subsiste, transformée en
magasin ; mais le tombeau de Téminent magistrat, et sa statue
en bronze, ont disparu.
La piété conjugale de la veuve ne s'est pas contentée de cette
marque éclatante de son souvenir. Le premier président était
mort pendant un voyage à Paris, où l'avaient amené les de-
voirs de sa charge, au mois d'août 1660. Son corps embaumé
a été gardé en bière et transporté à Rennes seulement au mois
d'octobre suivant. Nous avons fait connaître, il y a quelques
années, d'après des témoignages contemporains et des textes
officiels, ce qu'avaient été les obsèques solennelles du chef de
la Compagnie souveraine, au siège même du Parlement *. Nous
ignorions alors qu'une partie de la dépouille mortelle du marquis
de Cucé était restée à Paris, où elle reposait dans un monu-
ment que M"* de Bourgneuf avait fait ériger dans l'église des
Filles du Calvaire au Marais, voulant que tout ce qui subsis-
tait du corps de son mari fût partout sous la garde de reli-
gieuses du même ordre. On ne peut douter que ce monument
ne fût, comme celui de Rennes, digne du haut personnage dont
les entrailles y reposaient; mais on ne peut que le supposer,
car on n'en trouve ni trace ni description : on sait seulement
qu'il était le principal ornement d'une église qui, par ailleurs,
n'offrait rien de remarquable *.
1. Mémoires de la Société archéologique d Ille-et- Vilaine, tom. XXII,
pp. 141 et s.
2. M. Emile Raunié, Epitaphier du Vieux- Paris. Impr. Nationale,
iii-4», tome II (1893), p. IKî. — Le couvent dçs Filles du Calvaire, acbevç
— XXVIII —
L'inscription a survécu : copiée au xviii* siècle par le? col-
lectionneurs d'épitaphes, reproduite dans un magnifique recueil
manuscrit, orné de blasons coloriés et relié avec luxe, elle a
été conservée à la postérité. C'est dans le tome VIII que nous
Tavons découverte. Nous la donnons ci-après, après en avoir
rétabli le texte exact * :
HENRICO DE BOURGNEUF, marchioni de Cassé,
Baroni d'Orgères
Régi chrisUanissimo a secretioribus consiliis
et supremi senatus in Armorica
principi; nobilissimo
paterni maternique generis claritate
in quo septem ante se eodem magistratn
functos
sexque in senaUi proximos huic loco principes,
aut ParisiiSj aut Rkedonibus^ numerabat;
hujus proaçus prseses unus in Armorica,
ante supremam curiam constitutam, fuit;
açus in recens constituta principatum
tenait;
pater alterias virtuti, alterias maneri
Saccessit hœres ;
Gênas omne ante tantam togœ gloriam
Armis etiam illustre fait;
integerrimo
fidei semper invictse, nunquam Régi
en 1687, a donné son nom à une rue et à un boulevard qui n'en ont con-
servé que cela; du couvent et de l'église, terminée en 1650, il ne reste
plus aucun vestige.
1. Bibliothèque Nationale. 9 vol. in -^. Mss. français (n*' 82343 à 32351).
— Ces intéressants souvenirs du passé font l'objet d'une publication non
encore terminée, dans laquelle on trouve l'histoire sommaire, mais pré-
cise, des églises paroissiales et conventuelles de Paris, et un texte aussi
correct que possible des inscriptions funéraires que M. Emile Rannié.
l'auteur de ce travail, a voulu conserver. C'est grâce à VEpîtaphier du
VieuX'PaiHs que nous avons pu rectifier les incorrections et les non-
sens qui abondaient dans le luxueux manuscrit auquel nous avions em-
prunté l'épitaphe du premier président de Bourgneuf. (Tome II précité.)
— XXIX —
nunquam Senatui, nunquam populo
Suspectœ;
hoc sincerse magis aurese quo nullam auri
corruptelam admisit;
Prudentissimo
qui sapientissimi principis ordinis prima
natura quam a Rege factus^ regalia jura sic
retinuit ut ne senatoria {fiolaret;
quippe perturbatissimis rei publicae temporibus ita segessit
ut quod in paucis ipse imitatus est egregii
exemplum temperamenti sui fastigii hominibus
imitandum reliqueret;
Chris tianissimo
qui minister christianissimi Régis utrumque
nomen illud impleçit,
auctoritate magnus
religione maximus^ professus hsereticorum
hostis, fidei propugnator accerrimus; in summa
fortuna modes tus^ natus ad magna ^ mortuus
ad majora ;
conjugi bene merenti
cujus hic sita sunt viscera hoc amoris mœrorisque
monumentum posuit Calliope Argentrsea
ctijus amantissima, œgre amori suo superstes,
nec ante factura finem dolendiquam çivendi,
Sanctissime obiit die xxvii^ mensis Augustin Anno Chris ti mdclx.
œtalis Lxx*y magistratus sui xxv.
Il n'existe aucun document officiel sur la mort du premier
président Henry de Bourgneuf : linscription ci-dessus nous
en do^nne la date précise — 27 août 1660. »
M. Philouze lit un travail documenté sur les bugdets de
Rennes, de 1120 à 1189 :
« Quelle a été la situation financière de Rennes au xviii*
siècle ?
Cette situation est restée constamment difficile, parce que
— XXX —
les dépenses inévitables augmentaient chaque année, tandis
qne le rendement de Toclroi demeurait presque stationnaire.
Quelle était la population de Rennes au moment du grand
incendie de 1720, sinistre dont la durée fut d'une semaine et
qui brûla un cinquième de la ville, soit huit cent cinquante
maisons? Le bail des octrois va nous l'indiquer. En 1780,
d'après Ogée, dont le chiffre a été contrôlé au moyen du rap-
port connu des naissances à la population, Rennes comptait
quarante deux mille six cents habitants. L'octroi produisait
alors : 140,165* 14*. De ce chiffre déduisons vingt mille livres,
chiffre indiqué par M. le maire Hévin en 1757, comme prove-
nant de certaines augmentations de droits, il nous reste :
120,000 livres. Or, en 1720, Toctroi trouvait preneur à cent deux
mille livres; la différence est donc environ d'un sixième; le
sixième de 42 est 7; par suite, la population devait être
de trente-cinq mille Ames.
L'incendie de 1720 mit l'adjudicataire dans l'impossibilité
d'exécuter son bail. Ce sinistre avait appauvri la ville et dimi-
nué sa population. Il fallut faire en 1722 une nouvelle adjudi-
cation et le prix fut fixé à 86,000 livres, soit une perte annuelle
pour la ville de seize mille livres, valant quarante-huit mille
francs de notre monnaie; le bail était passé pour neuf ans.
Rennes fut assez vite rebâti et en 1731 l'octroi trouva preneur
à cent mille livres, c'est-à-dire presqu'au prix de l'année 1720.
Au bail suivant, 1740, le prix fut de 99,000 livres; mais
à l'adjudication de 1749, le prix fléchit à 89,000 livres. La
ville ne pouvait pas suffire à ses dépenses, les taxes durent
être augmentées, et en 1757 le prix d'adjudication s'éleva à
114,500 livres. Alors M. Hévin, maire, dit : « J'espère qu'avec
ce secours (augmentation de 20,000 livres), je pourrai parvenir
à raccommoder les affaires de notre ville, qui sont bien déla-
brées. »
Mais il n'en fut rien et dans l'année 1767 la ville se trouvait
en déficit annuel de 15,103* 12' 7<*; quant à ses dettes, elles
s'élevaient à 130,348* 13' 11<*. Ses créanciers l'importunaient
et il fallut, pour payer les plus pressés, charger de ce soin
l'adjudicataire des octrois. Il dut, en 1767, durant la première
— XXXI —
année de son bail et en plus de Tannuité fixée pour neuf ans,
paver à la ville, de trois mois en trois mois, trente mille livres,
jusqu'à concurrence de la somme totale de quatre-vingt-dix
mille livres. Aussi l'octroi ne trouva preneur que pour quatre-
vingt-quatre mille livres; c'est le chiffre le plus bas de tout le
siècle.
I^e bail de 1767 a été le dernier; la ville eut alors recours
à la gestion directe, qui donna les résultats suivants :
En 1776 128,082
1777 121,489
1778 117,130
1779 132,622
1780 140,165
1781 161,574
1782 218,559
1783 203.640
1784 217,518
1785 214,818
1786 193,780
1787 200,311
1788 194.713
16»
9* lOd
7'
14 «
16-
16»
18 «
18»
19»
13»
10 d
4d
8d
6d
7» IH
7» H
4d
3d
L'augmentation du rendement des huit dernières années
provient principalement d'une surtaxe établie à l'octroi pour
faciliter un emprunt, celui de 1783 ; elle fut d'environ trente
pour cent et sa perception commença en 1781.
Au cours du xviii* siècle, la ville de Rennes fit trois em-
prunts, en 1763, 1766 et 1783. I-e premier réussit, le deuxième
échoua, le troisième fut en partie couvert.
L'argent de l'emprunt de 1763 fut fourni à Paris par quelques
clients des notaires du Chàtelet; l'emprunt s'élevait à cent
cinquante mille livres. Le préteur touchait cinq livres de rente
par cent livres de capital, intérêt payable tous les six mois.
La rente était perpétuelle, mais rachetable à la condition pour
la Ville de rembourser au souscripteur le montant total de sa
— XXXIl —
souscription. Les prêteurs furent au nombre de onze, voici
leurs noms :
Messire Honoré Guidi, capitaine de vaisseau. . . . 24,000
Noble homme J. Chiffoliau 10,000
Noble maître Jacques Gault de la Galmandière. . . 5,400
Veuve Leroy 0,000
Demoiselle Lefeuvre 1,200
J.-L. Delan, notaire honoraire à Paris 60,000
Demoiselle Forestier 4,280
Noël Chevalier 5,000
Demoiselle Véron 3,120
Messire de la Chaussée, de Bouclarville, lieutenant
de vaisseau 22,000
Pierre Ducrot 9,000
150,000
Les principales dépenses soldées au moyen de cet emprunt
furent :
A Marc Ducheine et Rçbulet, pour le pavage. 40,331 *
Au sieur de la Morandière-Blouët, pour les
écluses 22.847 » 3 • 5 ^
A la veuve Broussais, pour réparations au.^
portes et aux murs 9.000 *
A M. Forestier, directeur des forges de
Brécilion, pour tuyaux de fonte destinés à
la conduite des eaux 22,000 '
Pour l'entretien des banlieues 8,510*
A Pouliguen, pour chandelles destinées aux
lanternes publiques 6,000*
Au greffier de la communauté Leloué, pour
les dépenses occasionnées par la cérémo-
nie de la pose de la première pierre pour
la conduite des eaux 3,946 * 16 «
(Ce détail prouve que les premières
tentatives pour l'adduction des eaux,
— XXXIII —
dans r intérêt de la santé des habi-
tants de Rennes, ne sont pas récentes.)
Enfin il est versé au sieur de Beaumont,
directeur et caissier de la mine de Pont-
péan, pour le dernier tiers de la fourni-
ture de plomb pour les fontaines pu-
bliques, quittance du quinze janvier 176\5. 8,333 * 6 ' 8 **
(Cette mention prouve qu'à cette date
la mine de Pontpéan était en sérieux
état dexploitation, puisqu'elle vendit
alors à la ville de Rennes pour envi-
ron soixante-quinze mille francs de
plomb, destiné à la conduite des
eaux.)
Puis au sieur de Troncq, ci-devant connes-
table, pour remboursement du prix de
son office 12,042 » 2 *
L'emprunt tenté en 1766 ne réussit pas, parce que la Ville
de Rennes essaya d'emprunter à quatre pour cent, et en ce
temps-là les capitalistes voulaient retirer de leur argent cinq
pour cent. La ville ne trouva que 20,250 livres, comme suit :
pour le mineur Martin, 1,000 livres; le sÎBvr Deshaies,
OfOOO livres ; messire Bernard de Marsangy, docteur en Sor-
bonne, chanoine honoraire, trésorier à Sens, 12«000 livres;
Pénard de l'Etang, 1,250 livres.
En 1781, les droits d'octroi furent augmentés de trente pour
cent, mais cette augmentation porta sur les articles de luxe,
destinés aux habitants aisés. On rendit ainsi plus facile un
nouvel emprunt, et cette fois la ville de Rennes fut autorisée
(en 1783} à demander au public trois cent mille livres, à cinq
pour cent. Les préteurs se présentèrent en assez grand nombre
et la ville trouva deux cent cinquante mille livres. Je note
parmi les principaux souscripteurs : Gilonne Ledeau. veuve
d'écuyer Etienne de Farcy, 6.000 livres ; Guillaume Malenfant,
ancien négociant, 7,000 ; J.-O' Moinerie, prêtre, 6,000; Marie
xxxiii 3
— XXXIV —
Arnaull. veuve de Messire Ârnault de Bréal. des Ciiapelles,
ex-capilaine de dragons, chevalier de Saint-Louis. 10.000;
messire de Kermarec. des Tronchais, 5,500; Mondehair de la
Galonnais, 2,200; Pierre Chapelain, bourgeois de Paris, 6,000;
Jean-Pierre Bourdin, avocat à Paris, 15,000; Antoine Mallet,
bourgeois de Paris, 16,000; Frin, banquier à Paris, 12,000;
Françoise de Nollent, veuve de messire Daguesseau, 30,000;
Pierre Bourdin et écuyer Desprès de Boissy, ensemble, 20,000;
veuve Lelegard et enfants, 12,000; Thérèse de Maisy, 26,000;
Louise Gayot, veuve de messire Meulan, des Fontaines, cheva-
lier, 11,780; Marie Torehet. veuve décuyer Gallivier, seigneur
de Mierry, 5,000; le général de la paroisse de Saint-Sauveur,
5,400; les prêtres de la Mission, directeurs du Petit-Séminaire
de Saint-Mcen; 3,000; d"e Perron, 6,000.
Parmi les prêteurs de sommes moins fortes, je remarque :
Saquet, recteur de Saint-Martin, 1,200 livres, provenant de
l'argent de ses pauvres (les pauvres de Hennés avaient alors
des rentes) ; et Augustin Germé, professeur de rhétorique au
Collège de Rennes, ej-pnear titulaire de la chapellenie de
Beanmontf 1,520 livres. Le général de la paroisse de Saint-
Sauveur est représenté par noble et discret messire Joseph Le-
barbier, son recteur, Jean-Louis Richard, ancien syndic, doyen
des procureurs au Présidial, et par les deux trésoriers en exer-
cice : Nicolas Dufour et René Couarde: ils versent, pour la
constitution dune renie de 270 livres. 5,400 livres, dont ils
indiquent la provenance : 1" 1,500 livres, prix de la fondation
d'un salut le dimanche, faite par noble homme Gabriel Cho-
quené et d"'' Gilonne Le Barbier, fondation de 1730; 2» 1,500 li-
vres, prix de la fondation d'un salut le jeudi de chaque semaine,
faite par Sébaslien Buisnard, sieur de la Bretonnière, et Fran-
çoise Pichard. fondation de 1732: 3^ 1,172 livres, prix de la
fondation dune messe du matin, chaque mardi, faite par dame
veuve de Chef du Bois, en 1782; 4° 1,172 livres, pour fonda-
tion d'une messe du malin, chaque mercredi, faite par demoi-
selle Sainte Henrv. en 1783.
Enfin, le 2 janvier 1786, Nicolas Borie, sénéchal de Rennes,
président du ci-devant ordre du tiers pendant les trois der-
— XXXV —
nières tenues, demeurant en son h^tel. près de la Motte, pa-
roisse Saint-Pierre en Saint-Georges, verse 14,000 livres pour
700 livres de rente, au nom dos membres de l'ordre du tiers.
A cette date (1786), la situation des habitants de Rennes deve-
nait matériellement difficile, puisque nous trouvons parmi les
principales dépenses soldées au moyen de l'emprunt de 1783,
une somme de 23,375 livres, pour grains et farines achetés par
la communauté de ville pour le soulagement du public et
72,361 livres 2 sols 5 deniers, versés à MM. Leroux et Morel,
entrepreneurs,. /?<>///• travaux de charité, M. de la Motle-Fablet
était alors maire de Kennes. A la mAme époque, la commu-
nauté de ville paie 4,195 livres au sieur Mandroux, pour la
construction d*un moulin à vent établi au champ du Ronceray,
près Beaumont.
La navigation sur la Vilaine était alors importante ; la
preuve en est dans le rendement du bureau d'octroi du port
Saint-Yves, qui recevait les déclarations des bateliers. Pre-
nons la meilleure année du xviii* siècle pour l'octroi, c'est
celle de 1782 ; la recette totale est de 218,559» 16» 4^. Sur celte
somme, le bureau d'octroi du port Saint-Yves fournit 61.912 li-
vres, c'est-à-dire plus du quart de la recette totale. Les adju-
dicataires de l'octroi pouvaient se charger du service de bate-
lage entre Rennes et Redon, mais alors ils devaient fournir
au minimum dix-huit bateaux, douze découverts et six cou-
verts. Le droit décluse était de 24 sols par bateau et par écluse,
de Messac à Rennes ; à la descente, les bateaux ne payaient
rien, même quand ils étaient chargés. L'entretien des écluses
et le curage des canaux était mis parfois à la charge des adju-
dicataires de l'octroi. Tous les ans les écluses recevaient la
visite de deux membres de la Communauté de ville et de deux
experts, un maçon et un charpentier ; le coût de cette visite s'é-
levait à 250 livres, somme payée par les adjudicataires du bail.
Le transport par messageries de marchandises soumises à
l'octroi était, au contraire, presque nul. Ainsi, en 1776, sur un
total de 128,082 livres, l'octroi ne touche par messageries que
275 livres, et en 1780, sur un total de 140,165 livres, les mes-
sageries ne donnent que 246 livres.
— XXXVI —
Parmi les dépenses de la communauté, quelques-unes pré-
sentent un intérêt spécial. Ainsi, le tir au perroquet, dit
papegault ou papegai, coûta, en 1776, 2,070 livres, à la charge
de l'adjudicataire de 1 octroi. Au bail de 1739, nous trouvons
la mention suivante : « Acquitteront les adjudicataires sans
diminution du prix de leur bail, les droits de papegault de la
dite ville, en sorte que la communauté, en ce qu'elle y est
tenue, n'en puisse être recherchée directement ou indirecte-
ment, sous quelque prétexte que ce soit, et au cas que les
abatteurs du joyau formeraient instance à l'adjudicataire, la
communauté ne sera pas tenue d'intervenir, ni de donner aucun
dédommagement aux adjudicataires s'il arrivait qu'ils suc-
combassent. » Ij'abatteur du papegault versait pour l'hôpital
des enfants trouvés 233 livres.
Une autre fois, l'adjudicataire doit, en outre de son prix,
verser 3,000 livres pour être employées à l'acquisition de deux
pompes complètes, garnies de tous leurs agrès, moitié la
deuxième année du bail et l'autre la quatrième. (>ette mention
nous apprend qu'en 1739 une pompe à incendie coûtait quinze
cents livres, c'est-à-dire un peu plus de 4,000 fr. de notre mon-
naie. L'adjudicataire devait encore verser 2,000 livres au rece-
veur de l'octroi, pour un cadeau à l'église de Bonne-Nouvelle :
« Pour renouveler le vœu fait il y a cent sept ans (1632) pour
Textinction de la peste, depuis lequel la ville a été préservée. »
Parmi les dépenses qui ont disparu de nos budgets, s'en
trouve une assez originale pour mériter d'être mentionnée :
« trois cents livres à l'exécuteur criminel pour l'indemniser
du haifage, » budget de 1776. Ce mot servait à désigner le
droit de prendre, dans les sacs de grains mis en vente sur le
marché, une poignée par sac. Le mot vient, croit-on, d'un an-
cien verbe français, has^ii-y tombé en désuétude. Le bourreau
de Paris avait un droit de havage dans les marchés, mais, à
cause de l'infamie de son métier, on ne le lui laissait prendre
qu'avec une cuiller de fer blanc servant de mesure. Le bour-
reau devait donc remplir son sac avec une cuiller. Cet usage
rappelle des temps fort anciens, où la rareté du numéfaire obli-
geait à faire les paiements en nature.
— XXX VJI —
Le premier mai 1791, TAssemblée constituante supprima les
octrois, sans procurer aux villes les ressources dont elles
avaient besoin pour solder leurs dépenses nécessaires, et la
situat'on de Hennés, déjà difficile avant la Révolution, devint
misérable. I^a population diminua rapidement pour descendre,
en 1800, au chiffre de 22,000 âmes. »
Le Secrétaire général.
L. DE ViLLIiRS.
Séance du 12 mai 1903.
Présidence du comte de PalySy président.
Présents : MM. Pocquet du Haut-Jussb et Parfouru, vice-
présidents; Banéat, trésorier; Etasse, Bétin, Stot, Coignerai,
AuBRÉE, Hue, Harscouet de Keravel, Leray, des Bouillons,
Reuzé. Desmazières de Séchelles, abbé Duine, Bussy, Saul-
NiER, Bêzier, colonel de Caqueray, abbé Morlais, Rabillon,
DE Torquat, Busnel, Marquet, Decombe, de ViLLERs, Secré-
taire.
Le procès-verbal de la dernière séance (7 avril) est lu et
adopté.
M. le Président procède au dépouillement de la correspon-
dance et des publications déposées sur le bureau.
Au début de la séance, M. Decombe annonce que nous
venons de perdre un de nos membres honoraires, M. Garnier,
directeur du Musée de la manufacture de Sèvres, que nous
avions eu parmi nous, il y a deux ans. Cette mort est une perte
pour le monde savant où les travaux de M. Garnier sur la
céramique étaient si appréciés.
M. le Préîjident demande ensuite quelle subvention la Société
— XXXVIII —
est davis d'accorder à M. le curé de Tinténiac ; après avoir
entendu M. le Trésorier, la Société vote à runanimité une
allocation de 50 fr.
Elle décide également de faire amener le lech de Saint-
Pierre-de-Plesguen dont elle a fait l'acquisition.
Exhibitions :
I. — Par M. E tasse :
Crucifix en cuivre jaune de 0" 107 de hauteur et 0" 195 de
largeur. (La croix manque.)
Ce Christ est au jupon descendant au genoux; le jupon est
noué sur le côté droit et paraît formé d'une étofle à rayures
longitudinales et ornée d'un grènetis très distinct à droite et
suriout dans les replis formés à la hauteur de la ceinture. La
tête nue est inclinée à droite; les cheveux, jusqu'à la naissance
des oreilles, sont droits, mais des oreilles aux épaules ils se
bouclent et descendent à droite, à gauche et dans le dos; les
bras sont tendus horizontalement, les mains droites et longues.
Mais une particularité à remarquer, c'est que Jésus est attaché
à la croix non pas par trois ou par ((uatre clous, mais seule-
ment par les deux clous des mains, car les pieds ne sont pas
percés ni allongés sur la croix, mais ils forment avec les
jambes un angle assez obtus qui permet de dissimuler un petit
appendice, troué, par lequel le Christ est fixé au bas de la croix.
Ce crucifix semble être du xii« siècle et est à rapprocher de
celui de Gavrinnis (figuré pi. 3, p. 137 du 1*"" vol. du BulleUn de
l'Association Bretonne, 1847), dans un article de M. Ramé, sur
le crucifix de Malestroit. — On peut également en rapprocher
la grav. 145 (p. 593: de V Iconographie chrétienne, de M. Di-
dron — ou encore la fig. 131 (p. 141) de Y Histoire des Beaux-
Arts, de René Ménard, qui leprésentent tous le « Christ en
crois, » du xii® siècle.
IL — Par M, Decombe :
Armes et outils de l'époque paléolithique recueillis aux
environs de .Madras (Inde). — Ces objets sont en quarlzite, ou
— XXXIX —
mieux en grès qiiatzeux, et sont fortement colorés par l'oxyde
de fer. Au point de vue de la forme et du travail de la taille
par éclats, il offre la plus grandie analogie avec les armes et
outils qui ont été recueillis en si grand nombre dans la station
du Bois-da-Rocher, en Saint-Hélen. près Dinan;
Très beau portrait à Thuile de Tarchitecte rennais Jean-
François Hugnet. né en 1679, mort en 1749. — La communica-
tion de ce portrait est due à lobligeance de son possesseur
actuel, M. Waldeck de la Borderie;
M'"« de Sévigné et sa fille Françoise-Marguerite, plus tard
comtesse de Grignan. — Cette inléressante gravure, qui nest
pas citée dans V Iconographie de M. de Surgères, est l'œuvre
du graveur Avril qui Ta exécutée en 1783 d'après un tableau
de Carlo Maratti.
D'après M. de Palys, cette gravure ne représenterait pas
le portrait de M"* de Sévigné ni celui -de sa fille ; ce serait une
erreur d'attribut,ion du graveur ;
Fontaine-lavabo en faïence polychrome; elle semble être de
fabrication rennaise. Les armoiries qui la décorent restent
à déterminer. (Communiquée de la part de iM. le comman-
dant de Goy.)
III.— Par 3/. H, Bétin:
Très jolie Vierge en bois sculpté, provenant de la Guérinais,
près Rennes .xviii* siècle).
IV. — Par M. Atibrée (au nom de M. Badin) :
Une montre en argent (xvii* siècle).
V. — Par M. Desmazières de Séchelles :
P Un volume intitulé : Histoire entière et s^èritable du pro-
cès de Charles S tu art, rot/ d* Angleterre, traduit de l'anglais
par L G., tan l(')i)0, contenant un c.r libris aux armes des
Bonin de la Villebou quais, reliure en veau portant sur les
plats les armes d'Orléans, et aux quatre coins le mono-
gramme P. H.;
2* Un petit pot en faïence allemande:
— XL —
3« Une monnaie en argent de Philippe V ;
4® Une liste ancienne de mots patois.
VI. — Par M, Banéat^ au nom de M. le vicomte P. du Pon-
tavice :
10 Jeton de la Chambre des Comptes de Bretagne.
En exergue : CAMEKiECOMPVTORVMREGIORVM-
BRITANliE-.
En exergue : PACATVMQVEREGETPATRIISVIRTV-
TIBVSORBEM.
2^ Jeton de Jean Charette, sieur de la Gascherie, maire de
Nantes en 1650.
Au droit : Armes de la ville de Nantes : de gueules aux
naçires d'or, aux voiles éployées d* hermines; au chef de même.
Couronne : de comte.
En exergue : DUTEPS DKM'^ CHARETESEN*»- ET-
MAIREDNANTES.
En exergue : INSERVIISSESATESTMIHIPAÏRL*:.
Au bas dans une réserve : *1(>50'.
3^ Monnaie bretonne, argent :
Au droit ^ GAVFRIDVS, entre deux cercles dentelés.
Au 1^ : Hf4 DVX BRITANl, entre deux cercles dentelés.
(Monnaie de Geoffroy comte de Nantes, 1156-1158, Bigot,
page 51.)
4** Deux monnaies étrangères, argent, semblables sauf le der-
nier mot de la légende du IX-
Au droit : HENRICVS REX.
Au Çf : Hh HAVI/ON-RVLA entre deux cercles de perles
dont l'extérieur ne paraît que par places.
Ces trois monnaies d'argent ont été trouvées, avec plusieurs,
autres aujourd'hui disparues, il y a une trentaine d'années,
dit-on, en creusant les fondations du château de la Ville-David,
commune de Quessoy (Côtes-du-Nord).
VII. — Par M. l'abbé Duine :
i'* Un ouvrage portant pour titre : Géographie abrégée par
— XLI —
demandes et par réponsesy par l'abbé Langlet de Fresnoy. à
Paris, ilol, contenant un autographe de Tabbé Deric ;
2^ Un « bon point » sur papier contenant une sentence renfer-
mée dans un encadrement de couronnes royales et fleurs de lys
{XVIII* siècle).
VIII. — Par ;»/. L. de Villers :
Une monnaie d'Henri II. trouvée aux Catherinettes (offerte
au Musée archéologique).
M. Banéat signale une pierre tombale en granit trouvée
dernièrement dans la démolition de Téglise de la Chapelle-des-
Fougeretz. Cette pierre avait été retournée et servait de seuil
à la grande porte occidentale de l'église. Ses dimensions sont
1" 65 sur 0* 43. Elle figure en très haut relief un ecclésias-
tique vêtu d'une simple robe à longs plis ; sa tête est légère-
ment inclinée à droite et posée sur un coussin à quatre
houppes; ses mains tiennent un livre ouvert sur sa poitrine;
ses pieds semblent reposer sur un quadrupède, mais la partie
inférieure de la pierre est brisée et très fruste. Le corps
occupe presque toute la surface do la pierre et ne laissait
place à aucune inscription.'
L'ensemble du travail est grossier.
M. Parfouru lit une lettre curieuse du comte de Pire au
marquis de Sérent, baron de Malestroit, qui devait présider
Tordre de la noblesse aux Etats de Bretagne, dont l'ouverture
eut lieu à Rennes le 20 décembre 1774. Il lui donne des con-
seils pratiques à propos des dépenses considérables et des
provisions de toutes sortes qu'il aurait à faire pour tenir table
ouverte, suivant Tusage, pendant la durée de la session.
M. l'abbé Duine lit une notice sur Les Evéques de Doldans
la littérature française ; et cite les passages des grands écri-
vains de notre langue, qui ont trait à Charles d'Espinay, à
Jean-François de Chamillart et à Urbain-René de Hercé.
Messire d'Espinay fut un poète de la Renaissance, l'un des
— XLIV —
struction, surtout par suite de sa forme, paraît remonter au
xii^ siècle et qui. peut-être même, était édifiée avant le siège
que le château de La Guerche eut a soutenir en 1062?
Etait-ce une tour d'observation ou un minuscule donjon?
En 1739, la communauté de La Guerche voulant bâtir un
auditoire sur un terrain contigu à sa halle, fit démolir • l'on-
Sfrage avancé » de la Butte du Château, afin de se procurer
certains matériaux nécessaires. — Il semble résulter de ce fait
que d'autres constructions existaient sur cette butte et que de
nouvelles fouilles en fourniraient des preuves, car il est peu
probable que, pour la construction projetée en 1739, il eût
suffi d'une partie seulement des matériaux de la petite tour
carrée de sept mètres dont les derniers restes viennent de
disparaître complètement.
Au nom de M. Aubrv. M. Etasse lit une notice sur Le château
de La Guerche,
M. de Villers fait part à la Société, au nom de M. H. de la
Messelière, de la découverte, au château de la Motte-Beauma-
noir, en Pleugueneuc, d'un débris très intéressant de manteau
de cheminée portant un écusson qui semble remonter à la fin
du XV* siècle. On n'a pu identifier d'une façon absolue que le
2* (Montauban) et le 5* (Boutier) quartiers. La Motte apparte-
nait aux Boutier, en 1400, aux Gruel, en 1513, et ne pa^sa que
vers le milieu du xvi*' siècle dans la maison de Beaumanoir.
Le Secrétaire généra L
L. DK ViLLRKS.
Séance du 9 Juin 1903.
Présidence de M. le comte de Palys, président.
Présents : M. Banbat, trésorier; Saulnikk, Dëcombe, de la
PiNKLAis. BusNËL. Desmazibkks pe Séchem.i:s. dks Bouiixons,
— XLV —
Kkuzb, Harscoukt dk Kkravrl, Lkray. comte du Crrst de
LoRGERiR, abbé Morlais. colonel de Caqurray, abbé Millon,
Renaud -LouBENs, abbé Mathurin, Philouzr. Jouon des
LONGRAIS.
Le procès- verbal de la dernière séance (12 mai) est lu et
adopté.
M. de Palys annonce que Tétai de santé de notre collègue,
M. l'abbé Guillot. va en s'améliorant; les membres présents
forment des vœux pour son prompt rétablissement.
M. le Président procède ensuite au dépouillement de la cor-
respondance et des publications déposées sur le bureau. Il
donne lecture d'une circulaire de la Société hai^raise d'Etudes
dii^erses^ ayant pris l'initiative d'un Congrès des différentes
Sociétés locales, dans le but particulier d'arriver à Tèdification,
au Havre, d'un Hôtel des Sociétés, et demandant si notre ville
possède un établissement de ce genre.
M. le Secrétaire est chargé de répondre négativement.
Il attire ensuite l'attention de ses collègues sur le tome X
(1902; de la Société d'émulation et des beau.r-arts du Bour^
tonnais, renfermant le portrait fort rare d'un évêque de Saint-
lirieuc : M^^ Mathias Groïngde la Romagère (1756-1841).
Parmi les publications dont il est fait hommage par nos
collègues à la Société, M. le Président signale : L Imprimerie
à Bresty les Malassis (1685-1813), par M. Louis Delourmel,
membre correspondant ; I^es découi^ertes d'augets de terre
cuite sur les cotes de Bretagne et les fouilles de Mesquer,
par M. Henri Quilgars, membre correspondant; L'Histoire du
Collège de Saint-AIalo, par MM. Herpin, Hervot, abbé Matha-
rin, Saint -Mieux: Dolmens et menhirs armoricains, leurs
destinations, par l'abbé Millon.
M.' le Secrétaire est chargé de remercier les auteurs, au nom
de la Société.
— XLVI —
Exhibitions :
I. — Par M, Harscouèl de Keras^el :
Bulle en plomb, de Grégoire XIII (1227-1241).
II. — Par il/. Decombe :
Très belle copie du portrait de Iluguet, destinée au Musée
archéologique.
m. — Par J/. Desmazières de Séchelles :
1* Ecce Homo, peint par A. Durer, 1514. gravé par H. David ;
2^ Vie du cardinal d'Amboise. par L. Le («cndre, à Amster-
dam, M.DCc.xxvi; avec portraits et gravures de Scotin.
Reliure aux armes de la famille d'Orléans.
E.T librîs, de B.-H. de Fourcv.
IV. — Par M. tabbé Millon :
Petit sujet en bronze, composé de deux personnages indé-
terminés, trouvés en Syrie.
V. — Par M. Henand^Loubens :
Bénitier en vieux Rennes polychrome.
VI. — Par M. l'abbé Mathurin :
1^ Placard d'indulgences perpéhiellcs accordées par le pape
Clément XII à la confrérie du T. -S. Sacrement, érigée et des-
servie en l'église paroissiale de Saint-Pierre du Ferré, diocèse
de Rennes. — A Rennes, chez Gilles le Barbier (1732);
2^ Canons d'autel, sur papier, grossièrement peints, prove-
nant de la Selle-en-Coglès. et qui auraient été cachés pendant
la période révolutionnaire ;
3^* Un petit livre intitulé : Supplément des prônes de
M, tabbé Symon^ curé de Saint-Germain. — A Rennes,
chez Vatar (1751).
M. Philouze donne lecture dune Note relative à la cession
dune charge de Conseiller au Parlement de Bretagne et à
— XLVll —
celle d'une charge de Conseiller au Présidial de Rennes^ sous
le règne de Louis XIV :
tf Combien coiMait une cliarge de conseiller au Parlement de
Bretagne? Combien coûtait une charge de conseiller au Prési-
dial de Rennes? 11 est difficile de répondre avec exactitude à
ces deux questions : les prix ont varié avec les époques,
comme aussi les produits des offices.
J'ai pu examiner deux contrats, l'un de 1663, concernant le
Parlement, l'autre de 1662. relatif au Présidial. C'est presque
la môme date, sous le règne de Louis XIV.
Les règlements étaient identiques, le rapport des charges
devait être exact; on peut dire qu'à cette époque un office de
conseiller au Parlement coûtait trois fois plus cher qu'un office
de conseiller au Présidial.
Dans les deux cas que j'examine, les titulaires précédents
sont décédés, ce sont les veuves qui cèdent les offices ; la situa<
tion à ce point de vue est la même pour les deux charges.
Voici le contrat de 1663 : l^e 19 août de ladite année, dame
Foucaut, veuve de Messire François Rogier, seigneur de
Crevisly cède au fils de Monsieur le baron Charles Champion,
seigneur de Cicé, doyen du Parlement, époux de dame Judith
Thévin. la charge qui avait appartenu à son mari; l'acquéreur
se nomme François Champion. Quelle était sa famille? Le
nobiliaire de M. de Beauregard porte la mention suivante :
« trois décembre 1669, W Descartes rapporteur : Charles
Champion, seigneur de Cicé, déclaré noble d'ancienne extrac-
tion, maintenu dans la qualité de chevalier, de la sénéchaussée
de Rennes, sept réformations, porte d'azur à trois petits
êcussons d* argent bordés et bandés de gueules . » Au no-
biliaire de i\L de Courcy, tome l*i^, on trouve un peu plus
de détails : « Champion, originaire de Normandie, baron de
Cicé en 1598. devise : Au plus s^aillant de prix. Sept généra-
tions en 1668. Jean, anobli en 1470, deux procureurs des
bourgeois de Rennes en 1519 et 1557. Quatre conseillers au
Parlement depuis 1621. Un évêque de Tréguier, un évèque de
Troyes et d'Auxerre, un archevêque de Bordeaux en 1781, un
chef d'escadre en 1784. Famille éteinte en 1796. »
— XLVIII —
Le contrat porte le nom assez curieux de traité de composi^
tion de la charge de conseiller, résignée par la dame veuve
de Crevist. Le prix convenu est de 135,000 livres, somme qui,
en notre monnaie, représente un peu plus de 400,000 fr. Six
semaines après la cession, l'acquéreur verse 14,000 livres et le
18 novembre 1664, 28,000 livres tournois. Ces deux sommes
sont les seules dont le paiement se trouve mentionné. L'intérêt
du surplus. 93,000 livres, devait être payé à 5 % 1 an.
Pour la garantie du paiement du prix, M. et M"* de Cicé
hypothèquent et obligent sans omission, tous leurs biens,
meubles et immeubles, présents et futurs, outre la spéciale
hypothèque sur ladite charge. Election de domicile est faite en
la maison de M* Mathurin Aubrée, sieur de la Charbonnais.
procureur en la (^our; Tacte est dressé par MM. Bertelot el
Duchemin, notaires royaux à Rennes. L'acquéreur ne fournit
aucune caution, ce qui prouve l'existence d'une fortune notable
chez cette famille Champion, puisque le père du nouveau con-
seiller possédait déjà une charge au Parlement.
Le contrat relatif au Présidial est du 26 octobre 1662. A cette
date. Jean Bouquay, sieur des Touches, escuyer, se rend
acquéreur de l'office de conseiller au siège présidial de Rennes,
possédé précédemment par défunt René Raccapé, sieur de la
Feillée, escuyer. Ces deux familles furent déboutées aux réfor-
mations de 1668 et 1669; mais ces déboutements prouvent
seulement que ces demandeurs en maintien de noblesse, ne
purent pas légalement prouver cent ans de possession noble,
incontestée et non interrompue. Cette possession se prouvait
par contrat de mariage et partages nobles, le gentilhomme qui
perdait ses papiers de famille, perdait aussi sa noblesse.
• L'office fut cédé judiciellement en l'audience du siège prési-
dial de Rennes, le 17 août 1662, à la diligence de noble homme
Mathurin Chéreil, sieur des Vergers, advocat, tuteur des
enfants du sieur de la Feuillée, pour la somme de 41.100 livres,
soit un peu plus de 120,000 fr. de notre monnaie. Il y eut pro-
messe de caution pour prix et intérêt à raison du denier 16.
Les cautions fournies furent : nobles gens JuHen Blouêt, sieur
de la Rivière, advocat; Julien Gallais, sieur du Port, procu*
— XLIX —
reur: escuyer René Nicol, sieur de la Vigne, advocat, repré-
sentant haute et puissante dame Marie de Montigny, comtesse
de Beaufort, baronne de Blossac, de la Rivière, etc.; Pierre
Guillard, procureur, représentant : 1® Estienne Gouro, sieur
du Pont, escuyer, et damoiselle Gilette Bouquay, sa femme ;
Jeanne Bouquay, dame de la Berrangeraye; Julienne Bouquay,
dame de la Maisonneuve, et Geneviève Bouquay, dame de
Bouternont. Tous assemblement, jointement et solidairement
cautions judiciaires de ladite somme de 41,100 livres; chacun
seul pour le tout, outre l'hypothèque spéciale dudit office de
conseiller, lequel demeure affecté et obligé audit sieur des
Vergers.
Duquel cautionnement, ledit sieur des Vergers-Chéreil dé-
clare se contenter et de la solvabilité des coobligés et promet
de donner déclaration des paiements qui lui seront faits ci-après.
Le sieur des Touches-Bouquay verse 5,100 livres, dont un
billet de 4,600 livres sur un sieur Gardin.
Ce contrat fut fait et passé à Rennes en la demeurance du
sieur du Port-Gallois, près la rue aux Foulons: il est signé
Chabault et Gohier, notaires royaux.
L'acquéreur devait payer : six mois après l'adjudication,
4,000 livres; un an après, 6,000 livres et le surplus en trois
termes égaux, de trois ans en trois ans... permis d'anticiper
les paiements, mais sans verser moins de 2,000 livres à chaque
paiement. Marie de Montigny, comtesse de Beaufort, accepte
d'être caution et prend domicile en la demeurance de M^ Michel
Odye, procureur au Présidial. au placis du Champ -Jacquet.
Quel était le rendement des offices? Il se composait des
gages et des épices.
M. Carré, dans son travail sur le Parlement de Bretagne,
donne d'intéressants détails au sujet des épices. Par édit de
janvier 1597, Henri IV avait attribué aux présidents seuls le
droit de fixer les épices, elles étaient obligatoires et succé-
daient aux épices gracieuses depuis 1539. Dès 1554, les gref-
fiers furent les seuls receveurs des épices. Les épices étaient
surtout dues aux conseillers rapporteurs. Les gens du roi en
recevaient aussi, mais elles ne devaient pas dépasser les deux
XXXTII 4
— L —
tiers de celles allouées aux conseillers. I.e plaideur qui succom-
bait devait la totalité des épices. on les assimilait aux droits de
greffe. Le registre du mois d'août 1609 porte pour les juges le
chiffre des épices à 7,420 livres, mais il ne peut pas tenir
compte des procès en cours, non encore réglés. On peut pré-
sumer le total des épices (pour 1G09| à 12,000 livres, s'ajoutant
aux 35,000 livres de gages accordés par le roi en 1553 à la
(]our du Parlement. Kntre 1553 et 1609, cette somme doubla
presque par la création de nouvelles charges et les Etats de
Bretagne y ajoutent 27,000 livres en 1609.
Vax 1624, les épices communes donnent 432 livres par con-
seillers, mais on ne peut pas connaître le chiffre perçu par
certains conseillers nommés plus souvent rapporteurs, comme
M. de Martines qui, dans le seul mois d'août 1609. est nommé
vingt-deux fois rapporteur, alors que la Cour n'examine dans
ce mois que quarante-deux procès par écrit.
Les épices étaient proportionnées à la grandeur et difficulté
des procès, au travail des rapporteurs et à la qualité des per-
sonnes.
Pour un simple défaut en 1609, je vois les épices fixées à
6 livres, pour un appel contre sentence du sénéchal des Régai-
res de Tréguier, 10 mai 1608, avant faire droit : épices,
30 livres. Appel dirigé contre le chapelain de la Trinité, arrêt
de rejet, épices, 24 livres.
D'après le bordereau d'une entrée de commissaire de Grand'-
Chambre, M. le président touchait 4 livres par heure, chaque
conseiller- 2 livres, le greffier 2 livres, les huissiers 13 sous et
4 deniers. — Frais d'un arrêt du 13 décembre 1736, en matière de
succession : commissaires, 158 écus 1/2, extraits de l'arrêt 80.
Cet arrêt couvre trois pages et l'affaire a occupé trois audiences.
— 18 février 1736, procès pour une vente de vin rouge et blanc,
entre le sieur Guillotou de Kervert et Philibée et consorts :
commissaires. 30 écus; l'extrait, 16 écus.
Le rapporteur touchait quelquefois quatre livres pour chaque
heure de rapport, ex : quatre heures pour rapport par M. Huart,
19 juillet 1670, 16 livres; une heure restant due sur rapport
par M. Denyau, 4 livres; deux heures sur rapport par M. Fres-
— Ll —
Ion, 8 livres; 18 juillet 1670, rapport par M. Champion, six
heures, 24 livres.
Quant aux gages, ils ont varié selon les époques, ils ont été
plus ou moins exactement payés. Durant les guerres de la
Ligue, les conseillers sont restés pendant plus de deux ans
sans toucher de gages. De l'ensemble de mes recherches il
résulte que si nous pouvons, grâce aux contrats notariés de
chaque époque, connaître le coût d'un office, il nous est
impossible de savoir exactement ce qu'il rapportait. »
A propos d'une communication faite à la séance de mai d'un
soi-disant portrait de M""« de Sévigné, gravé en 1783 par Avril,
d après un tableau de Carlo Maratta, M. de Palys exhibe trois
magnifiques gravures représentant la célèbre châtelaine des
Rochers et en établit l'authenticité. L'une publiée par le che-
valier de Perrin dans l'édition de ses lettres en 1738; la se-
conde d'après un pastel du temps, encore existant, et qui est
la plus populaire et la plus authentique; enfin, la troisième,
publiée ces dernières années par le marquis de Saporta, a été
trouvée chez un descendant de M"*® de Sévigné et adoptée par
Gaston Boissier dans l'intéressante étude qu'il lui a consacrée.
Mais de ces diverses comparaisons, auxquelles M. de Palys
s'est livré, il résulte que l'attribution de la gravure d'Avril peut
aller de pair avec la tiare de Saîlapharnès. On ne savait qui
Carlo Maratta avait voulu peindre, et le graveur, pour mieux
débiter son œuvre, a mis au bas le nom de M"* de Sévigné.
On connaît mille exemples de ces supercheries.
Le Secrétaire général^
L. DK V'iM.KRS.
— LU —
Séance du 7 juillet 1903.
Présidence du comte de Palys^ président.
Présents : MM. Pocqukt du Haut-Jussk et Pahfouru, vice-
présidents; Lb Hir, bibliothécaire; Decombe, Etasse, Marqurt,
abbéDuvËR. Busnel. Aurrée, abbé Duine, Harscouet de Kera-
VEL, abbé HuET, Boudin, colonel de Caquekat, comte du
Crest de LoRGERiEf Plihon, DE ToRQUAT , abbé Mathurin^
Beuzé, abbé Millon, L. de Villers, secrétaire.
Le procès-verbal de la dernière séance (9 juin est lu et
adopté.
Au début de la réunion, M. de Palys dit qu'il est chargé
par M. l'âbbé Guiliot de remercier les membres de la Société
archéologique des témoignages de sympathie dont il a été
l'objet de la part de ses collègues.
Exhibitions :
1. — Par 3/. Decombe :
Projet de tour pour la grosse horloge de Rennes, dessin de
Huguet, signé et daté 1729). — (lopie en fac-sîmile de ce des-
sin pour le Musée archéologique de Rennes;
Portrait de J.-F. Huguet, phototypie in-8** d'après le tableau
original communiqué par M. Waldeck de la Borderie;
L'Escalier de la Cour des Carmes, à Rennes, eau-forte de
Philippon, d'après l'aquarelle de Henri Saintin.
H. — Par M. l'abbé Duine :
Hache et fragment de silex trouvés à Guipel (Ille-et Vi-
laine).
H 1. — Pari/. Heuzé:
L Adoration des Hois Mages, gravure à Teau-forle, in-folio.
— un
signée F. V. lî. en monogramme, avec la date 1671. On l'at-
tribue à Peter van der Borçht, de Bruxelles.
M. Decombe croit que cette attribution est erronée. Van der
Borcht, dit-il, est né en 1540 et mort en 1608; il n'a donc pu
graver la planche de V Adoration des Rois Mages qui porte la
date de 1671. 11 pense que l'auteur de la gravure présentée par
M. Reuzé est Peter van Bloemen, né à Anvers en 1649, mort
en 1719. (Consulter le Dictionnaire des marques et mono^
grammes des graveurs, par Georges Duplessis et Henri Bou-
chot, Paris, Jules Kouani, 1886, in-12.)
IV. — Par M. E tasse :
Deux statuettes en albâtre représentant saint Thomas et
Dieu le Père (xiv* siècle).
V. — Par itf. l'abbé Millon :
Prônes de M, S y mon, curé de Saint-Germain de Rennes,
Tomes I et H. — A Rennes, chez Julien et Julien-Charles
Vatar, 1752.
VL — Par M, Ilarscouëf de Keras^el :
Christ en étain (xvii^ siècle).
Vil. — Par M. l'abbé Mathurin :
1® Mémoires de M. du Guay^Trouin^ augmentés de ses
éloges^ par M. Thomas, à Rouen, 1788. Portrait et gravures
de Meunier :
2" Christ en bois sculpté (xix« siècle);
d>^ Christ en argent massif, appartenant à la fabrique de
Saint-Etienne (époque Louis XVI) ;
V Provisions d'un canonicat en 1 église de Saint-Thugal de
Laval, en faveur de M. l'Evêque, pièce sur parchemin, signa-
ture de la Trémouille.
M. Tabbé Duine entretient la Société du culte et du pèleri-
nage de Saint-Léonard ou Lénard à Andouillé.
— LIV —
M. Le Hir présente un exemplaire du Sacré-Collège de
Jésus, du K. P. Mannin. On sait que cet ouvrage contient le
troisième dictionnaire breton qui ait été imprimé. L'exem-
plaire présenté offre ceci de particulier qu'il a servi au R. P.
Grégoire de Rostrenen, capucin , à prendre des notes pour la
confection de son dictionnaire français-celtique. C'est donc
tout à la fois un livre rare et un précieux manuscrit. M. Le
Hir présente également un exemplaire du Catholicon^ le pre-
mier dictionnaire breton imprimé à Tréguier à la fin du
XV* siècle.
La Bibliothèque de Rennes possède presque tous les lexiques
bretons imprimés en France jusqu'à la fin du xviii* siècle. I^e
bibliothécaire a l'intention de fournir une note (générale sur
les lexicographes et sur leurs œuvres. Mais il a dû se borner
cette fois à une simple exhibition de l'ouvrage du R. P. Mannin.
M. Etasse, comme complément de son exhibition, parle de
saint Thomas au point de vue iconographique.
Il entretient également les membres présents d'un groupe
en albâtre représentant Jeanne d'Arc à cheval, qui se trouvait
en 1884 ou 1885 au hameau de la Prévotais, en Retiers. M. le
Président engage vivement notre collègue à poursuivre son
enquête à ce sujet.
Sur la proposition de M. l'abbé Duine, la Société décide de
prendre les mesures nécessaires pour la conservation du tom-
beau dit de saint Samson, à Dol.
M. de Villers rappelle qu'il avait autrefois appelé l'attention
sur le tombeau de saint Méen, qui, comme le tombeau de
saint Samson, sert a recevoir les eaux pluviales.
La Société charge MM. l'abbé Duine et de Villers de faire
le nécessaire.
Le Président donne rendez-vous aux membres présents au
mois de novembre.
Le Secrétaire général,
L. DK VlM.KKS.
LV
Séance du 10 novembre 1903.
Présidence de M, le comte de P a lys y président.
Présents : MM. Pocquet du Haut-Jussé et Parfouru, vice-
présidents; Banéat, trésorier; Decombe, des Bouillons, Re-
NAUo-LouBKNs, Etassr, Reuzé, Stot, Leray, abbé Duver,
colonel DE Caqueray, Aubrék, comte du Crest de Lorgerie,
RocHULÉ, Bétin, de Torquat, abbé Guillotin de Corson,
Rabillon, abbé Morlais, de Villers, secrétaire.
Le procès- verbal de la dernière séance (7 juillet] est lu et
adopté.
Au début de la séance, M. le Président rend hommage à la
mémoire de notre collègue, M. Clément, décédé pendant les
vacances.
M. le Président procède au dépouillement de la correspon-
dance et des nombreuses publications déposées sur le bureau.
Il communique une lettre du Ministre de l'Instruction pu-
blique et des Beaux- Arts, annonçant que le Congrès des
Sociétés savantes s'ouvrira à la Sorbonne le 5 avril 1903. Des
exemplaires du programme de ce Congrès sont mis à la dis-
position des membres présents.
11 est également donné lecture d'une lettre du Président du
Comité girondin d'Art public, ayant trait à une alliance de
toutes les sociétés archéologiques, pour la défense des monu-
ments historiques et artistiques. M. le Secrétaire est chargé
de répondre à cette lettre.
Parmi les publications, M. de Palys signale particulièrement
un hommage de notre collègue, M. le vicomte P. du Pontavice,
intitulé : La Maison du Pontoi^ice, .M. le Secrétaire est chargé
d'adresser les remerciements de la Société à l'auteur.
— LVl —
M. le Secrétaire fait connaître une demande du Polybiblion
de notre dernier volume pour en rendre compte. Adopté.
Une nouvelle présentation est faite par MM. de Villers et de
Palys : celle de M. Tabbé D ruais, professeur d'archéologie
religieuse au Grand-Séminaire de Rennes.
Conformément au règlement, il sera statué sur cette élection
à la prochaine séance.
M. de Palys fait remarquer qu'enfin les désirs de la Société
archéologique sont exaucés au sujet du cours d'archéologie
religieuse au Grand Séminaire. M. Decombe ajoute que c'est à
M. de Villers que la Société doit le rétablissement de ce cours.
L'ordre du jour appelle ensuite l'élection du bureau pour
l'année 1903-04. Après les scrutins réglementaires, le bureau
sortant est élu à l'unanimité, sauf les voix des titulaires, tou-
tefois :
Président, M. le comte de Palys.
Vice-Présidents, MM. Pocquet du HautJussé et Parfouru.
Secrétaire général, M. L. de Villers.
Secrétaire. M. 01. Le Meur.
Trésorier, M. Banéat.
Bibliothécaire, M. Le Hir.
Comité de publication : les membres du bureau ci-dessus
désignés et MM. F. Saulnier, abbé Guillotin de Gorson, Lu-
cien Decombe, J. Ilarscouët de Keravel, abbé Guillot.
M. de Palys remercie ses collègues, en son nom personnel
et au nom des membres du bureau, de cette nouvelle marque
de sympathie.
Avant de passer aux exhibitions, M. Decombe demande la
réunion du Comité de publication à l'issue de la séance.
Exhibitions :
1. — Par M, Decombe
V
— LVII —
1^ Deux slaiueites en faïence de Rennes, représentant la
Sainte Vierge et rHnfant Jésus ;
2* Trois consoles en bois sculpté, provenant d'une maison
de la rue Vasselot récemment démolie et qui semble avoir été
autrefois une dépendance de l'ancien couvent des Carmes.
M. Decombe fait connaître que, désireux de voir conserver
ces sculptures, il était entré en pourparlers avec leur proprié-
taire au sujet de leur acquisition pour le Musée archéologique;
mais les ressources très limitées de son budget ne lui permet-
tant pas de consacrer à cet achat la somme qui était demandée,
il allait, à son grand regret, être obligé d'y renoncer, quand
un membre de la Société archéologique vint spontanément
offrir de participer pour moitié à l'acquisition tant désirée par
le Musée. C'est grâce à cet inespéré concours que la conser-
vation de ces intéressantes sculptures est désormais assurée.
M. Decombe ajoute que notre généreux confrère a formelle-
ment exprimé la volonté de garder l'anonymat. M. le Prési-
dent charge M. Decombe de vouloir bien remercier, au nom
de la Société, notre généreux autant que modeste collègue,
auquel nous devons ces beaux spécimens de la sculpture sur
bois au xvii^ siècle.
II. — Par M, Vabbé Guillotin de Corso n :
1» Au nom de M. l'abbé Petit : un cachet en cuivre en forme
de triangle, au centre une fleur de lys entourée de la légende :
FERME {des) CARTES;
2® Au nom de M. l'abbé Trébuchet : un volume, intitulé La
Télémacomanie, imprimée en 1700 à Eleuteropole, chez Pierre
Philalelhe; reliure artistique; — médaillon en cuivre émaillé
représentant la Sainte Vierge ; — petite médaille en forme de
dyptique (icônes russes).
m. — Par M. le comte de Palys :
Portrait d'Anne de Bretagne, d'après une ancienne estampe
de la Bibliothèque Nationale.
IV. — Par M, E tasse :
— LVIIl —
1® Trien mérovingien trouvé vers 1895, à la Messeyais, en
Comboiirtillé, dans un champ bordant la route nationale.
On voit d'un côté une croix, à bras égaux, cantonnée de
quatre points, sur l'autre face est une croix ancrée avec un
globule à gauche. Cette pièce ne paraît devoir être déterminée
que par comparaison, car les légendes de chaque face, bien
que très nettes, ne donnent que la partie inférieure des lettres
qui les composent*;
2** Médaille d'argent, frappée en mémoire du couronnement
de rimpéralrice Eléonore-Magdeleine- Thérèse (troisième
femme de l'empereur d'Allemagne Léopold I*"") et de son fils
qui, en 1705, gouverna sous le nom de Joseph 1*'.
Sur la face, l'aigle à double tête, surmonté de la couronne
impériale, tient dans chaque bec un cordon qui supporte les
médaillons ovales de Léopold I*"" et d'Eléonore. Dans ses
serres, l'aigle tient le sceptre et l'épée. — Au revers se
trouvent huit médaillons : le plus grand, au centre, est circu-
laire; il représente Joseph I«^ qui vient d'être élu empereur
et qui porte ici ses titres de Roi des Romains et de Hongrie
avec la date 1690. Les sept autres médaillons sont elliptiques
et figurent les sept électeurs qui viennent de prendre part à
cette élection suprême.
V. — Par iV. Renaud'Loubens :
Statue de Vierge, en faïence, décor polychrome, hau-
teur, G*" 49, tenant l'Enfant Jésus sur le bras gauche, por-
tant le globe crucifère; mouchetures d'hermine sur le bord
du manteau; comme légende : NOTRE DAME DU RO-
SAIRE. P. P. N. attribués à la faïence du Croisic.
V\. — ?^v Mde Villers:
Gravures provenant du « Sixième cahier de Paysages et
de Marines, par Ozanne. — Cahier F. a Paris, chez Chéreau,
1. D'autres triens ont été trouvés dans l'arrondissement de Fougères.
(V. le t. III, p. 20, des Mémoires dç la Société archéologique d'IUe-et-
Vilaine.)
LIX
rue des Mathurins. Ozanne, del. Jeanne-Françoise Ozanne,
sciilp. h (Voir Les Ozanne, par le docteur C. AulTret, p. 75.)
M. Tabbé Guillotin de Corson communique une note curieuse
sur le livre d'heures d'Anne de Matheselon^ dame de Sévigné,
manuscrit enluminé du xv« siècle. Il donne lecture également
d'une Note sur l'ancien manoir et les seigneurs de la Thébau'
daye en Gévezé,
M. Parfouru entretient la Société d'une brochure qui vient
de paraître, intitulée : Essai historique et topographique sur
la bataille de Formigny (15 avril ikbO), par M. J. Lair, membre
de rinstilut. Cet intéressant et savant livre contient la repro-
duction en photogravure, d'après un dessin de 1621, de frag-
ments d'une curieuse tapisserie, perdue depuis lors, représen-
tant divers épisodes de la célèbre bataille de Formigny, ainsi
que le portrait du connétable Arthur de Richemont et son
étendard. M. Lair pense que oetle tapisserie historique fut
exécutée par les ordres mêmes de Richemont et qu'elle fut
apportée à la Cour de France par Anne de Bretagne. Elle
figurait, en 1494, parmi les riches tentures du château d'Am-
boise, en 1501, au château de Blois, enfin, à Fontainebleau,
dans la salle des gardes.
M. de Villers demande si on pourrait identifier l'ouvrage
suivant : Essais | de | méditations | poétiques | sur la Passion,
Mort I et Résurrection de | Notre-Seigneur | Jésus-Christ | .
A Paris, chez François Muguet, rue de la Harpe, 1659. L'épître
dédicatoire à Camille de Neufuille (Villeroy), archevesque et
comte de Lyon, etc., est signée F. Z. D. V. R. L'une des
approbations est datée de Vitré, l'autre de Lyon.
M. Pocquet du Haut-Jussé fait un compte rendu fort intéres-
sant de l'excursion organisée par la Société Archéologique de
rOrne, à laquelle il a assisté pendant les vacances.
Le Secrétaire général,
L. UK V|LLh:R$.
LX
Séance du 8 décembre 1903.
Présidence de M. le comte de Palys, président.
Présents : MM. Pocquet du Haut-Jussk et Parfouru, vice-
présidents; Banéat, trésorier; Decombb. Coignkrai, Stot,
Harscouet DK Ki:ravel. abbé Millon, Rkuzé, Renaud-Lou-
BENS, EtASÔE, MaRQUET, DES BoUILLONS, GoSSELlN, HaIZE ,
abbé DuvER, Quilgars , Aubrée. Busnel. Rabillon, abbé
Paris-Jallobert, colonel de Caqueray, Jules Aubrée. abbé
Hamard, Desmazières de Sécuelles, abbé Morlais, comte du
Crest de Lorgerie, de Torquat, de Vii.lkrs, secrétaire.
Le procès verbal de la dernière séance (10 novembre) est lu
et adopté.
M. le Président procède au dépouillement de la correspon-
dance et des publications déposées sur le bureau.
11 donne lecture d'une circulaire du Ministre de l'Instruction
publique relative à la désignation des délégués à envoyer au
Congrès des Sociétés savantes, qui doit se tenir à Paris le
5 avril prochain. MM. Parfouru et de Villers sont délégués
pour ce Congrès.
Accusé de réception du Ministère pour l'envoi de notre Bul*
letin aux diverses Sociétés savantes en relation d'échange.
M. le Président donne lecture dune lettre de M. l'abbé
Duine concernant l'envoi du sarcophage de pierre acquis par
la Société archéologique ; il demande que des remerciements
soient adressés à M"*" Bernard^ qui se sont entremises pour
cette acquisition. Adopté.
M. le Trésorier a ensuite la parole pour rendre son compte
de fin d'année ;
— LXI —
Actif de la Société 2,061^95
Passif 1,779 15
Reste en caisse. . . 282^80
M. le Trésorier demande à ce sujet d'être autorisé à déposer
les fonds de la Société archéologique à la banque Vatar et au
Crédit Lyonnais. Adopté.
L'ordre du jour appelle ensuite l'élection de M. l'abbé Druais,
présenté à la dernière séance. Après le scrutin réglementaire,
M. l'abbé Druais est admis comme membre titulaire.
Kxhibitions :
L — Par M. Heuzé :
Une fontaine-lavabo en poterie vernissée, avec ornements et
inscriptions en relief. Epoque du premier Empire. Acquis par
le Musée archéologique. Curieux spécimen de la fabrication des
potiers de Malicorne, de Ligron et de Pont-Valin, départe-
ment de la Sarthe. Ligron, notammment, est une des localités
les plus anciennes connues pour la fabrication de la poterie
commune.
IL — Par M. Etasse :
1® Hache en pierre polie d'aspect porphiroîque, de 9 centi-
mètres de longueur, recueillie près de ïeillay, en Saint-Sau-
veur-des-Landes ;
2® Hache polie, formée d'un galet en diorite, d'une longueur
de 18 centimètres environ, provenant de la Barre, en Romagné;
3^ Petite hache polie ijade) au tranchant oblique (rare) de
O" 057 de longueur; çlle vient des Chauvières, en Prince ;
40 Une couronne en schiste non fissile (diamètre extérieur,
0"113; diamètre intérieur, 0"076; épaisseur, 0-006); les
bords extérieurs sont arrondis (trouvée en Saint-Georges-
de-Reintembault). — En même temps que cette couronne, et
au même point, on en a ramassé une autre, de même nature,
mais présentant avec celle-ci cette seule différence que le dia-
mètre extérieur mesurait au moins 15 centimètres.
— LXIl —
III. — Par M, Desmatières de Séchelles :
Très jolie urne en porcelaine de Sèvres, décor vert et or
(époque de l'Empire, 1804-1809'.
IV. -. Par il/. Stot:
Jeton en cuivre des Ktats de Breta^^ne.
f. — Non mihi sed ctinctis. — Dans un champ semé de
mouchetures, une hermine au naturel passant à gauche ; dans
la boucle de son collier est passée une longue cravate ornée
de mouchetures.
1^. — Trésorier, des. Estez. de. iheiagne. A l'exergue: 1594.
Entre une palme et une branche d'olivier, les armes de Jean
Loriot, trésorier des Etats en 1594.
V. — Par M. Renaud' Loiibens :
(Quatre miniatures : 1° portrait de femme en costume 1830,
signé : Paumerai: 2^ portrait d'homme en costume de com-
mandant d'infanterie légère, signé: Giiichard, 1831; 3<» por-
trait d'homme en lieutenant-colonel d'infanterie; 4** paysage
des environs de Bourg-des-Comptes (Ille-et-Vilaine), fixé,
signé Paillard, 1866.
VJ. — Par 3/. Anbrée, au nom de M. de la Hâve :
Un volume intitulé : Biblia Sacra. Parisiis, 1653. Gravures
sur cuivre, sur les plats, armes de Mazarin.
Vil. — Par M. Harscouët de Keraçel :
i^lusieurs briques de pavage (xv* et xvi^ siècles), provenant
de l'ancien manoir des évoques de Rennes.
VIII. — Par M. l'abbé Ma(hurin :
1^ Mémoire historique contenant tout ce qui s'est passé au
sujet de la démolition (1755) de l'église cathédrale Saint-
Pierre de Rennes, et les démarches faites par les évoques et le
chapitre pour en procurer la reconstruction. — Remis en 1774
à Mi^' le duc de Penthièvre et à M*" l'évoque de Rennes, et
envoyé depuis à M"" l'évèque d'Autun. — Remis enfin, en 1829.
LXIII —
à M»'' de Lesquen, par Tniblet aîné, préposé en chef au classe-
ment des archives de la préfecture d'Ille-et-Vilaine ;
2** Lettre de Mi^' Enoch à Napoléon !•' pour lui demander
d'annuler l'aliénation faite à la ville de Rennes des restes de la
cathédrale Saint-Pierre, de la rendre au culte et de concourir
pécuniairement à son relèvement (sans date, entre 1808 et
1811, postérieure à la supplique du Chapitre et à la visite du
cardinal Fesch);
3* Acte d'enregistrement au Parlement de Rennes du décret
royal autorisant M" Bareau de Girac, évêque, à emprunter
50,000 livres pour la restauration et Taménagement du palais
abbatial de Saint-Melaine devenu palais épiscopal (12 dé-
cembre 1770);
4° Acte d'enregistrement au Parlement du décret royal
autorisant la session à M*"* Bareau de Girac, qui jouissait du
palais et de la mense abbatiale de Saint-Melaine, par les béné-
dictins de Saint-Melaine, moyennant une rente foncière de
trente mines de froment, d' « une petite maison dépendante de
a leur mense conventuelle et de quatre journaux soixante-six
a cordes, cinq seizièmes faisant partie du verger du monas-
« tère, B destinés aux écuries et au potager du nouvel évèché ;
5* Vie de M"« du Houx, surnommée l'épouse de la Croix,
décédée au deuxième monastère de la Visitation Sainte-Marie
de Rennes, sous le nom de sœur Jeanne-Marie Pinczon, —
par le chevalier d'Espoy, 1713 ;
6* Thèse de doctorat en théologie, soutenue à Paris, le
10 juillet 1709, par François Quérou, qui devint recteur de
La Fresnais (Ille-et-Vilaine;.
(Cette dernière exhibition est faite au nom de M. Brenugat,
vicaire à Saint-Aubin de Rennes.)
IX. — Par M. L. de Villers :
Soupière décor granilé au violet manganèse, avec réserves,
entourées d'un filet blanc avec fleurettes de même couleur sur
fond blanc. M. Decombe exhibe, comme terme de comparai-
son, celle qui appartient au Musée, qui est plus petite, mais
— LXIV —
avec le même décor. Type assez rare altribué au vieux Rennes
ou au vieux Quimper.
M. Parfouru fait une communication sur les anciennes tapis-
series du Palais de Justice de Rennes. Il a découvert récem-
ment aux Archives d*Ille-et-Vilaine, minutes de Bretain. no-
taire royal, un marché du 21 juillet 1G69, par lequel Gabriel
et François Pierron. marchands tapissiers h Aubusson, s'en-
gageaient à fabriquer plusieurs pièces de tapisserie destinées
à orner la chambre du conseil de la Tournelle, movennant une
somme de 3.000 livres et daprès les dessins d'Antoine de Bray,
maître peintre à Paris, lequel reçut 300 livres pour son travail.
Cette tenture fut mise en place au mois de juillet 1673. Le
susdit acte nous apprend que les mêmes tapissiers d'Aubusson
avaient été chargés, par contrat du 21 mai 1667, malheureu-
sement perdu, de fournir les tapisseries de la grand'chambre
du Palais. La dernière pièce, représentant la Renommée, fut
livrée en mai 1672 et payée 733 livres 6 sols 8 deniers, à rai-
son de 80 livres l'aune.
M. Etasse donne lecture d'une Note concernant quelques
découi^ertes relativement récentes qui n'ont pas été signalées
à la Société archéologique :
(( Malgré la quantité vraiment considérable de trouvailles
consignées dans les Mémoires de la Société archéologique, il
faut reconnaître qu'il en existe un certain nombre d'autres qui
demeurent ignorées, et cependant celles-ci peuvent, comme les
premières, soit par la nature des objets recueillis, soit par
leurs lieux d'origine, fournir des renseignements nouveaux,
des indications précises et précieuses qui affirmeraient cer-
taines présomptions ou fourniraient encore des matériaux à
utiliser pour des études ultérieures.
Tout récemment, quelques omissions de cette nature sont
venues à ma connaissance, et je considère comme un devoir de
vous les exposer.
1<> Très près du bourg de Gahard, il a été ramassé un cer-
tain nombre de monnaies d'or de Charles V, de Charles VI et
— LXV —
quelques saluts. Comme toujours, elles étaient réunies dans
un petit pot caché en terre, mais qui fut brisé au moment de
lexliumation. — Un travail bien consciencieux, mais encore
inédit et dont j'ai eu communication indirecte, dit qu'à Galiard
passait une vieille voie se dirigeant vers Feins:
2° M. Despas qui, pendant de longues années, a été maire
de Sainl-Georges-de Reintembault, m'a présenté une belle
pièce d'or romaine relevée au Chef-du-Bois, en cette commune
de Saint-Georges. — Je crois savoir que ce point est indiqué,
dans le travail auquel je viens de faire allusion, comme étant
le croisé de deux voies romaines, et cette petite pièce d'or,
toute muette qu'elle est, vient dire que les prévisions du savant
sont encore exactes sur ce point;
3° A Loisillière, en Saint-Hilaire-des-Ijandes, le 18 avril 1893,
des paysans rencontrèrent dans un mur une aumônière de
cuir, munie à l'intérieur et à l'extérieur de pochettes fermant
à l'aide de petits filets aussi en cuir. Cette bourse, ([ui pouvait
dater de la même époque que les pièces y renfermées, c'est-à-
dire de la fin du xvi® siècle, contenait près de 400 pièces de
liards français et de quarti italiens, dont 348 ont été soumises
à l'examen du Conservatoire des Médailles et ont fait l'objet
d'un rapport publié dans la Revue numismatique ^Je 1894
(p. 224 à 229) sous le titre de : « Trouvaille de Fougères; »
4<^ Notre bien regretté et savant collègue, M. Bézier, nous
a fait connaître le bois de Rumîgnon, à lEst de Saint-Aubin-
du-Cormier, sur celte belle ligne de faîte qui s'étend de Bé-
cherel à Dompierre-du-Chemin et Luitré, en passant par
Montmuran, Hédé, Feins et Saint-Aubin du-Cormier. Il nous
a parlé de Rodhe-Marie et de la superstition dont cette pierre
a été et est peut-être encore l'objet. Aujourd'hui, je viens vous
faire connaître que, près de ce mégalithe, on a trouvé réunis
de vingt-cinq à trente coins de bronze, tous semblables, ayant
un anneau latéral et une longueur de 10 à 11 centimètres. Cette
cachette était presque à fleur de terre.
Dans ce môme bois de Rumignon, mais parsemées çà et là,
il a été en outre recueilli une trentaine de haches en pierre
polie, de dimensions et de formes différentes, presque toutes
XXXIII 5
— LXVI —
en diorite de tons divers, assez foncés, et quelques-unes seule-
ment en silex.
Enfin, on a découvert dans ce même bois une arme, proba-
blement une framée, et un fragment important d'une grande
couronnne en silex noir, qui seront l'objet d'une prochaine
communication ;
5® A 2.300 ou 2,500 mètres, au Sud-Ouest du bois de Ru-
mignon, est sise, en la commune de Livré, la chapelle Saint-
Mauron, que l'on nomme Saint-Modéran dans ce quartier.
Près de cette chapelle, dans une cachette assez superficielle,
on a trouvé douze belles haches en bronze, remarquables tant
par leurs dimensions que par leur forme; elles étaient sem-
blables et d'une longueur de 18 à 20 centimètres. Leur forme
était celle que les haches en pierre ont généralement, avec
cette différence toutefois qui s'explique aisément, elles étaient
plus larges et moins épaisses. S'il fallait leur attribuer un âge
relatif, on leur donnerait sans hésitation l'âge du bronze le
plus ancien, le plus voisin, contemporain môme de celui de la
pierre polie, car n'ayant pas de Icte, leur emmanchement de-
vait être tout à fait identique, la seule différence consistant
dans la matière employée;
G** Près de la Baudouinais (à l'extrémité Ouest de la com-
mune de Livré), dans la partie qui avoisine la forêt de Sé-
vailles, un cultivateur, en défrichant une lande, rencontra une
grande pierre plate qu'il déplaça et ce brave homme se trouva
aussitôt en présence d'une quantité très importante de haches
en bronze de dimensions diverses et de formes variées. C'était
un atelier, car des débris de fabrication s'y rencontraient
(cendres, scories, creusets, etc.), mais ce pouvait de plus être
une cachette, par suite du nombre des variétés amoncelées. Le
paysan, très pratique, vendit peu à peu, mais secrètement, son
trésor qui toutefois ne dut pas l'enrichir, car ses prix étaient
des plus modestes : trente centimes le kilogramme !...
Un peu au Nord de la ligne droite qui réunirait la chapelle
Saint-Modéran à la Baudouinais. se trouvent, en Saint-Aubin-
du-Cormier, d'anciens retranchements, non encore signalés
qui feront l'objet d'une communication spéciale.
— LXVII —
Celte communication sera complète lorsque j'aurai dit que
tous les objets sus-mentionnés qui ont été trouvés dans le bois
de Rumignon font partie de la collection de M. Martin, ama-
teur, de Saint-Aubin-du-Cormier, qui possède également deux
des haches recueillies près de la chapelle Saint-Modéran et
que je crois en reconnaître trois autres dans celles qui furent
exhibées à la Société, le 14 décembre 1880, par M. Tabbé
Duver. Le compte rendu de cette séance s'exprime ainsi :
(( Trois haches celtiques en bronze, trouvées dans la commune
de Livré et dont la forme rappelle celle des haches en pierre.
Elles présentent à la tranche un renflement latéral et sont cou-
vertes d'une très belle patine. »
M. Paul Banéat lit un travail fort curieux, intitulé Un bal à
la Maison de Ville de Rennes en 1621 :
« Les comptes des miseurs de Rennes de 1628, conservés
dans les Archives municipales à la Bibliothèque de la Ville,
contiennent un registre assez curieux qui m'a semblé mériter
une rapide analyse. Ce registre est l'œuvre du miseur René
Turcelin, sieur de Blosne, procureur au Parlement, et relate
les dépenses faites en 1627 pour l'entrée solennelle du maréchal
de Thémines, lieutenant général en Bretagne.
Le maréchal de Thémines, accompagné de sa femme et de
sa fille, arriva à Rennes le 21 avril, il fut logé aux frais de la
ville, dans Thôtel de la Muce, situé rue des Presses et appar-
tenant au comte de Bruslon ; la rue des Presses s'étendait à
1 angle Sud-Est du Champ- Jacquet, à l'entrée de la rue d'Es-
trées actuelle, et l'hôtel se trouvait entre cette rue et la rue
aux Foulons.
11 serait trop long d'énumérer tous les détails de cette entrée
solennelle, d'indiquer le parcours suivi par le cortège, les
présents offerts et les dépenses de toutes sorte faites à cette
occasion ; je parlerai seulement, si vous me le permettez, d'un
bal qui fut donné par les bourgeois de Rennes en l'honneur du
maréchal et de sa femme.
Le 24 avril, les bourgeois s'assemblèrent dans la Maison de
Ville, sur l'emplacement de l'Ecole d'Artillerie, et décidèrent
— LXVIII —
qtie le bal seroi'f le lendemain présenté dans lad, maison de
cille à Madame la mareschalle. Le miseur Turceliri avait fort
peu de temps pour faire ses préparatifs, et il dut travailler
toute la nuit avec ses croche (en rs, autrement dit ses ouvriers.
La grande salle de la Maison commune servit de salle de
bal ; il la fit tendre de dix-huit belles pièces de tapisserie, qui
furent louées pour trois jours au prix de 12 livres 16 sous et il
y fit porter des chaises garnies de velours bleu, des bancs, des
bancoUes et des tabourets. Les chaises destinées au maréchal
et à sa femme étaient placées sur une tapisserie et recouvertes
d'un riche tapis de Turquie. Pour l'orchestre, on s'assura le
concours de iV" \forice et son escolle de çiolons, auxquels on
bailla 32 soxifi pour denyer à Dieu,
Le lendemain 25 avril, tout était prêt pour la fête : le service
d'ordre était assuré par le sergent et ses quasaqnes, armés de
hallebardes, qui se tenaient au bas de l'escalier et à l'entrée de
la salle, pour empescher le désordre du peuple, A une heure
de l'après-midi, le maréchal et sa femme arrivèrent avec
grande quantité de noblesse^ et le bal commença aussitôt;
il dura tout le jour, interrompu seulement vers trois heures
par une luxueuse collation.
René Turcelin ne nous fournit naturellement dans son
compte aucun renseignement chorégraphique; en revanche,
il s'étend complaisamment sur les détails de la collation. Elle
avait été préparée dans la Chambre du Conseil, et de là fut
portée gravement dans la salle de bal sur huit platz bassins
dargenty non pas par des laquais, mais bien par les deux con-
nestables de Rennes, le procureur-syndic et cinq bourgeois.
Les plats étaient garnis* de confitures, d'écorces de citrons,
d'oranges, de dragées et autres épices, le tout représentant une
dépense de 372 livres 17 sous. Encore, dans celte somme, les
liquides n'étaient-ils pas comptés. Ces friandises de choix
n'allaient pas sans bon vin ; soixante-quinze bouteilles de vin
claret et blancy d'un pot chacune, furent servies et consom-
mées, pour une somme de 55 livres 6 sous. Disons toutefois
que les invités n'y firent pas seuls honneur; le compte nous
apprend, en effet, que tout ce vin fut bu tant par la noblesse
— LXIX —
et mesdicts s" les bourgeois que par les gardes^ pages et
laquais.
Comment se passa le bal? Nous ne le saurons jamais; nous
savons seulement que le bon miseur eut à constater le lende-
main des dégâls sérieux. La plus grande partie dos bouteilles
et des verres avait été brisée; Ton peut sans doute en rendre
responsables, au moins pour partie, les gens de service qui
avaient si libéralement aidé à les vider, mais il serait injuste
de leur reprocher en même temps les taches dont furent
souillés les tapis et les sièges, et môme la chaise du maréchal,
taches de vin, taches de confitures ([ue les bourgeois ne purent
faire disparaître, tellement (|ue les personnes ({ui avaient
généreusement prêté ces meubles, se refusèrent à les reprendre
sans une forte indemnité. René Turcelin se plaignait même,
faut-il l'avouer ? que les invités se fussent jetés sur les plats
d'argent, ce sont ses propres expressions, et eussent grande-
ment corrompu z et coffiz six d'entre eux, en déchirant les
étoffes qui les recouvraient.
Les frais du bal s'élaient élevés en tout à 527 livres, soit un
peu plus de 3,000 fr. de noire monnaie acluelle. »
M. le comte de Palys communique, au nom de M. l'abbé
Duïne. une note sur les Cercueils mérovim^iens de Dol :
« A notre connaissance, il n'existe que deux cercueils méro-
vingiens à Dol. lis sont connus parmi le peuple sous le titre
de Tombeau de saint Samson et de Tombeau de saint Budoc.
Je n'ai rien à dire du premier. Deux notices principales lui
ont été consacrées, l'une dans la Revue des Traditions Popu-
laires, numéro d'avril 1903, p. 232, l'autre dans le Journal de
Rennes^ numéro du 19 septembre 1903.
Un mot seulement du Tombeau de saint Budoc^ (jue vient
de recevoir le Musée archéologique de Rennes.
Voici les mesures, prises à l'intérieur du sarcophage : en
profondeur, 0'" 30; en longueur, 2 ™ ; en largeur : à l'extrémité
la plus étroite, O" 30; à l'autre extrémité. 0"60.
Tandis qu'au tombeau de saint Samson l'on voit encore Ten-
taille destinée à recevoir le couvercle, cette entaille a disparu
— LXX —
totalement au tombeau de saint Budoc. Depuis des siècles, ce
dernier servait de réservoir à la pluie, recevait, avec une reli-
gieuse patience, mais non sans souffrir, les coups de battoir
des laveuses ; enfin on lui fit un trou dans le flanc pour l'écou-
lement des eaux.
Ledit sarcophage se trouvait dans le petit jardin d'une an-
cienne maison canoniale, laquelle donne à la fois sur la rue
Ceincte et sur la rue de la Trésorerie. Deux pierres de la
façade Nord portent en relief les trois cœurs, qu'on remarque
dans les armes de l'évèque Etienne Cœuret, mort en 1429.
Mais ces morceaux ont été visiblement empruntés à une con-
struction plus ancienne.
Comment le sarcophage est-il arrivé là? Hoc opns, Hic
labor est!
Au XII® siècle, le tombeau de saint Budoc était dans la cathé-
drale de Dol ; du moins, les clercs l'affirmaient : « Le cadavre
de Budoc, écrivaient-ils, repose en paix dans l'église de Dol,
saint et glorieux. » Puis, c'est fini ; on n'entend plus parler de
ces vénérables reliques. D'où je suppose que les routiers de
Jean-sans-Terre avaient dû leur faire passer un mauvais quart
d'heure, lorsqu'ils pillèrent et incendièrent notre église. Il est
possible que, durant la construction de la nouvelle cathédrale,
on ait retiré le sarcophage vide, et qu'on l'ait porté à quelques
pas du sanctuaire, dans une demeure de chanoine.
Quoi qu'il en soit, rien ne prouve, ni de près, ni de loin, (juc
la pièce déposée au Musée archéologique soit le tombeau de
saint Budoc.
Nous n'en devons pas moins de remerciements à M. l'abbé
Constant Besnard, recteur de Marcillé-Raoul, et à M"®^ Marie
et Pauline Besnard, ses sœurs, qui nous ont octroyé gracieuse-
ment ce sarcophage, et nous ont aidé à sauver un monument
du vandalisme traditionnel des gens de Dol. »
Comme complément de son exhibition, M. Harscouët de
Keravel entretient la Société du Manoir des anciens évêques
de Rennes, situé en Saint-Jacques, près Rennes :
a Les années précédentes, des travaux de terrassement, exé-
— LXXl —
cutés au manoir de Saint-Jacques-de-la-Lande, avaient mis à
jour un certain nombre de carreaux émaillés, dont j'avais
exhibé les dessins à la Société. Au printemps dernier, j'entre-
pris des fouilles qui m'en ont procuré un certain nombre, la
plupart à l'état de fragments, mais quelques-uns bien con-
servés. Avant d'en donner la description, je crois utile de re-
faire succinctement l'historique du manoir.
Les anciens évèques de Hennés, plus riclies que ceux d'au-
jourd'hui, ont possédé à la fois jusqu'à trois manoirs : celui de
Rannée, celui de Bruz et celui de Saint-Jacques. Le manoir
des Salles de Rannée, près La Guerche, n'a pas donné lieu à
une étude spéciale, d'ailleurs il n'en reste plus rien aujour-
d'hui ; celui de Bruz a été étudié par MM. Parfouru et Guillotin
de Corson *.
Dès les temps anciens, les évêques de Rennes étaient pro-
priétaires dans la paroisse de Saint-James-de-la-Forôt. Kn
1153, Alain I"^ partage ses douanes entre le chapitre et labbaye
de Saint-Georges; en 1368, Raoul de Tréal y réside; en 1425,
Amelin de Chanlemerle, cinquante-troisième évèque, de 1381)
à 1427, reconstruit le manoir; il est vendu en 1563 par Ber-
nardin de Bocherel, soixante-deuxième évèque, 1558-1505.
L'aveu de 1542, rendu par Claude Dodien, soixante et unième
évèque, mentionne « le jardin et boys de Haute fulaye environ
quatre journeaux, sans compter les bois, taillis, d'environ dix
journeaux, et droits de passagtf des landes et communs. »
{Pouillé, l. I,p. 120.)
J'ai retrouvé aux archives départementales '^ l'acte de vente
de 1563, cité mais non publié par M. Guillotin de Corson.
M. Parfouru, notre aimable archiviste, a bien voulu me le lire
et commenter ; en voici l'analyse :
I^e manoir se composait alors d'un corps de logis « faict et
construit derrière et bouts en pierre, devant en bois et ter-
rasse; divisé en trois aitres de toiture, couvert en ardoises, de
1. Manoir de Bruz, M. Parfouru; t. XXIV, p. 258, Bulletin de la
Société A rchéo logiq ue.
2. Semaine Religieuse, t. XVI, 885. Pouillé. t. I, 120, etc. M. André,
G 112, Archives départ.
LXXII
soixante-huit pieds de long, vingt-trois de laize et seize pieds de
haut sous sablières, estimé 6* 16* de rente ; il était accompa-
gné de dix jours six sillons quatre raies de terre, prisés avec
les quatre cents charretées de bois 35 * 13 ^. Le manoir possé-
dait un portail couvert en ardoises, un colombier en ruine,
dans le champ du Colombier, un moulin à vent, une pièce
d'eau dite la Mare M"" Pierre. En outre, au lieu dit la Bougue-
naie, cent vingt et un journeaux de seize sillons en bois taillis
et pâtures, estimés 61 ^ de rente à vingt ans quitte, il faut en
déduire 5 * pour droits féodaux. )) Jean Bregel, s"" du petit
Hautbois^, achète le fief et les renies 236^ 5* monnaie, plus
154^ de frais, et M. Pierre de la Haye de la Chaussonière '
la terre, maisons, masures, etc., pour 1,128^ monnaie, plus
190' de droits, le tout payable en huit jours.
Kn 1678, le manoir appartenait à Charles le Meneust s*" de
Brequigny et dans les temps modernes à la famille Biard de
Beauregard, de qui ma mère Tacheta il y a peu d'années.
Le manoir lui-même, en tant que construction, n'a pas énor-
mément changé ; sauf la partie Est, convertie en grange , on y
voit encore au premier étage une cheminée très simple; les
fenêtres ont été murées. Le portail , le moulin , la mare
M"" Pierre, le colombier, le bois ont disparu, laissant leur nom
à deux pièces de terre.
La ferme de la Bouguenaie, aujourd'hui à M. de la Prévalaye,
et située à l'extrémité Ouest'de la commune de Saint-Jacques,
doit représenter l'ancienne propriété des évêques ; les lieux
dits passage et pâlis des Couennes ont gardé le souvenir des
pâturages alors existants.
Les carreaux de pavage que j'ai trouvés étaient enfouis sous
1™ 50 de terre rapportée, mélangée à de nombreux fragments
de béton de 4 à 5 centimètres dépaisseur et d'ardoises mesu-
rant 30 centimètres de long sur 1 centimètre d'épaisseur; les
carreaux verts presque toujours recouvraient les autres; leurs
dimensions respectives sont 88"™, 102"'" et llo"". Ils sont de
deux sortes :
1. La Ghaussoniére, commune d'Irodouër.
— LXXIII —
Les premiers, composés d'une terre rose, sont revêtus
simplement d'un émail vert (jui varie du jaunâtre au noir ; ce
sont les plus communs.
Les autres, plus intéressants, sont exécutés par le procédé
a inscrustation ; » leur terre est rouge avec incrustation en
terre blanche recouverte d'un vernis jaune transparent.
Ils représentent : la roue à six rayons, le cerf (il y avait la
chambre au cerf, manoir de Bruz), le lion ailé, l'aigle éployé à
deux têtes, une fleur et sa tige, la fleur de lys, une couronne
fleurdelysée, cinq points, quatre fleurs, quatre petits carreaux,
quatre fleurs de lys, la lettre M seule ou couronnée offrant
quatre variétés, la fleur de lys accompagnée d'un quart de
cercle orné d'une dent de loup qui indique l'assemblage de
quatre carreaux pour former un dessin complet. Enfin, des
armoiries : !<> une croix pattée en blanc sur rouge; 2^ sept
macles; 3° quatre fusées et six besants, un écusson qui paraît
être bandé de treize pièces, une bande chargée de trois co-
quilles, une crosse en pal derrière la bande.
Plusieurs de ces carreaux portent une ou deux incisions
faites avant la cuisson, comme l'indiquent les coulures
d'émail, ce qui permettait de les diviser en deux ou quatre
triangles.
Deux questions se posent : leur date, leur lieu de fabrication.
Le premier, écusson armorié, n'est pas identifié, le deuxième
est celui de Pierre Le Senechal, possesseur de la terre d'Orson
en Chartres, en 1427 (d'azur à 7 macles d'or).
Le troisième, celui de « G. de Cheveigné, » qui a une métai-
rie noble, en 1446, de gueules à quatre fasces d'or rangées en
fasces accompagnées de 6 besans d'or, k en chef, Reform.
manuscrite, évêché de Rennes. Bibl. mun. ms. 501, Chartres,
Châtillon, Saint-Erblon.
Le quatrième, à Pierre s' de Fontenay, qui, en 1427, portait
d'argent à 3 jumelles de gueules.
Le cinquième présente sûrement les armes de ^Iv de Chan-
temerle qui prenait d'azur à la bande d'argent chargé de
3 coquilles, de gueules alias de sable, La crosse a été placée
derrière la bande, ne pouvant la poser régalièrenient derrièfç
— LXXIV —
Técu. La date du dernier est donc 1389 à 1427, année où
M»" de Chanlemerle a possédé le manoir.
La réunion d'armoiries de familles du pays me fait croire
que l'on se trouve bien en présence de produits de la fabrique
de Fontenaye, bien connue à partir du xvii« siècle pour ses
épis de toitures, ses figurines religieuses, mais qui au xvi"
avait donné des imitations de Bernard de Palissy, et peut-être
les deux médaillons du château des Joussinelais en Châtillon.
Ces carreaux reportent donc l'existence de la fabrique aux
premières années du xv« siècle \ »
M. Tabbé Millon signale deux stations gallo-romaines aux
Brossais, en Châtillon-sur-Seiche, et l'autre au Hezo (Mor-
bihan). 11 donne des détails sur trois dalles sculptées qui pro-
viennent de cette seconde station et qui font partie de ses
collections.
M. l'abbé Pàris-Jallobert communique l'inscription qui se
trouve gravée sur une plaque de cuivre provenant de Tancienne
église de Prince, et relative à une fondation en faveur des
sieurs de la Courneu^e (1608). 11 donne à cette occasion des
détails généalogiques sur les familles citées.
On conserve au presbytère de Prince une plaque en cuivre
qui provient de l'ancienne église et qui porte une fondation en
faveur des sieurs de la Courneuve. Ce manoir, situé à deux
cents mètres au Nord-Est de l'église, se fait remarquer par sa
tourelle à escalier et n'est aujourd'hui qu'une petite ferme.
Cette plaque de 40 cent. de. hauteur sur 32 de largeur, est
malheureusement abîmée dans les angles latéraux de droite,
des tranches de métal en ayant été enlevées pour réparer,
croit-on, un harmonium. L'inscription, qui porte la date de
1608, est intéressante en ce sens surtout qu'elle rappelle des
familles disparues et sur lesquelles les Registres paroissiaux
1. Article du règlement de police générale de la Cour du Parlement de
Bretagne, 16 octobre 1751, relatif aux fabriqueurs de pavés en briques de
Fontenay. (Bibl. Soc. arch., T. Vtll, pg. 20, 1875. par J. Âussant.)
— LXXV —
de la contrée, fort incomplets, ne donnent aucuns renseigne-
ments. La première personne citée comme inhumée dans
l'église de Prince est Bernabée Haguerel, d'une famille du
pays de Vitré et du Maine; elle était femme de noble homme
Robert Roucheran, sieur de la Maillardière, terre située en
Montautour sur la limite extrême de cette paroisse du côlé de
Prince. Il est probable que cette dame porta la Courneuve
dans la famille Roucheran. car son fils . Olivier Roucheran,
époux de Claude Lebart, est dit dans l'inscription sieur de la
Maillardière et de la Courneuve. Autre Olivier, sieur de la
Courneuve. fils du précédent et dont le nom est également
gravé sur la plaque, était avocat au Parlement et procureur-
fiscal de Châtillon-en-Vendelais. Dom Morice dans ses Prens>es^
sous la rubrique de Prince, nous donne comme ligueurs pour-
suivis par le sénéchal de Rennes :
iV... Roucheran^ sieur de la Courneuve^ et les Rottcherans,
arpenteurs.
Potier de Courcy dans son Armoriai, à l'article des Rouche-
ran, cite l'un de ces derniers comme ligueur et il l'appelle
Jean, il commet certainement une erreur en confondant l'un
des arpenteurs avec le propriétaire de la Courneuve. i^e séné-
chal de Châtillon ne dut pas contracter alliance, ou du moins
la plaque ne mentionne pas son épouse, mais elle nous présente
comme héritière de la Courneuve, Renée Roucheran, très pro-
bablement sa sœur, qui avait épousé noble homme Yves du
Cormier, sieur de Mézières, conseiller et secrétaire du roi. Ce
furent leurs enfants, Guy et Claude Cormier, qui, d'accord
avec les paroissiens de Prince, firent d'après un contrat passé
à Rennes le 26 avril 1608, une fondation de messes, et qui
placèrent dans l'église, au-dessus de l'enfeu des propriétaires
de la Courneuve, la plaque de cuivre que nous étudions.
Ajoutons que celle-ci porte dans ses angles supérieurs les
monogrammes du Christ et de la Vierge, encadrés dans des
ovales, puis, au milieu quatre écussons de différentes familles :
En tête, les armoiries des Roucheran : D'azur à la barre
d'or, accompagné de 3 besans du même.
Au-dessous, à peu près sur le même plan :
— LXXVI —
1® Le blason des Cormier : De gueules au che{>ron (ïot\
accompagné de 3 croissants d'azur;
2*^ Un écusson portant : 9 billettes^ 4, 3, 2, surmontées d'un
lanibel;
3® Un écusson ayant comme figures : Un lion également
avec lambeL
Le point final de l'inscription est le blason qui nous sera
commun à tous : une tête de mort.
Guy.
M^ Yves Cormier, sifur
de Méziéres, notaire et
iiecrétaire du roi (pro-
bablemonf fils de Ni-
colas ot de Jeanne
Hirel), marié à Anne
Houcheran, d"« do la
Coiirneuve.
. ■^
I
Pierre, sieur do la Cour-
neuve, baptisé en 1585,
mari 4 à Olive Croizé.
I
Claude.
I
Bené, 37 mai 1614. sieur
de la Cour neuve, r«'
au Présidial, marié en
4<4a a Perrinc Gaadé,
mort le 13 mai 1677.
I
Joseph , chanoine de
Dol, mort en 1697.
I
René, 9 mars 4646, s** de
la Courneuvo, marié en
1671 à Claude-Mario
du Pré.
I
Jades, sfr de la Conr-
Bcuvc et de la Salle,
ch*', c«' au Parlement,
no en 1675, mort en
1731, marié en 1708 à
Nicole-Cath. du Ré-
gnier du BoÎMléan.
I
Catherine-Renée-Judith,
née le 31 mars 1709,
mariée le 2 février 1733
à écuyer Guy - Jean
Aubort de Trégomain,
morte le 3 septembre
4741.
I
Pierre, né en 1615, sienr
de la Vieuville, marié
en 46-4-4 à Catherine
Rouxeau, mort en 1676.
I
Bertrand &' do Menard,
marié en <673à Gtlette
Chcrcil ot eu 1698 à
Cath. de Saint-Do-
mingue, mort le 8 mai
1721.
I
Catherine (!•' lil), ma-
riée en 1693, à Pierre-
Ange de la Monncraye.
l
Pierre, 8' de la Vieuville
et de Vauriiman, marié
en 1683 à Marie Leloup
de Listré et à Charlotte
Foy du Coudray.
I
François-
Xavier, né
le 16 juillet
4684, rec-
teur de La
Baxouge en
1735, mort
en 1750.
I
Magdeleine,
née en 1697
(3* lit;, ma-
riée en 1794
à écuyer
Charles de
Kerpois.
son, morte
en 1765.
— LXXVII —
CY DEVANT GISENT LES CORPS DE NOBLES GENS DAMOISELLE
BERNABEE HOGVEREL EN SON VIVANT ESPOVSE DE
NOBLE HOMME ROBERD ROVSCHERAN SIEVR DE LA
MAILLARDIERE OLLIVIER ROVSCHERAN ET DAMOISELLE
CLAVDE LEBARD SIEVR ET DAME DE LA MAILLARDIERE
ET DE LA COVRNEVFVE OLLIVIER ROVSCHERAN SIEVR
DE LA COVRNEVFVE ADVOCAT AV PARLEMENT DE
BRETAIGNE ET PROCVREVR FISCAL DE CHASTILLON
EN VENDELAIS GVY ET CLAVDE CORMIER ENFENS DE
NOBLES GENS YVES DV CORMIER CONSEILLER NOTAIRE
SECRETAIRE DV ROY EN LA CHANCELLERIE DE BERTAIGNE
ET GREFFIER DE PRESENTATIONS DE LA COVR ET DE
RENEE ROVSCHERAN SA FEMME SIEVR ET DAME DE
MEZIERES LESQVELS EN LA MEMOIRE DES DEFFVNTS
CI DEVANT DENOMMES ONT FONDE VNE MESSE POVR
ESTRE CELEBREE EN LEGLISE DE PRINCE PAR CHASCVN
AN LE MARDY SVIVANT LE CONTRACT EN FAICT AVEC
LES PARROISSIENS DVDÏCT PRINCE LE XIÏI* JOVR DE JUIN
A RENNES LE XXVI JOVR DAPVRIL MDCVIII
In memoria œterna erunt jtisti.
Le Secrétaire général^
L. DE VlLLERS.
MÉMOIRES
(Suite.)
SEIGNEURIE DE MALENOE
EN tAWT-CHIIISTOPHE-OEt-IOIS
La terre seigneuriale de Malenoë en Saint-Chris-
tophe-des-Bois * est très ancienne, car elle a donné
son nom à une famille figurant dès la (in du
il* siècle et portant pour armes : d'or à trois aiglons
cVRzur, becqués et membres de gxieiiles.
Nous trouvons, en effet, dans une charte des
environs de 1094, le nom d'Aubry de Malenoë,
« Albeincus de Malanoda, » paraissant parmi ceux
de quelques témoins d'une donation faite dans le
pays de Vitré, à Tabbaye de Marmoutiers, par
Guillaume Hoy, seigneur de La Guerche et de
Pouancé -.
En 1254 Geoffroy de Malenoë vendit, en faveur
du prieuré projeté de la Dauphinaye, en Romagné,
une portion des dîmes qu'il levait dans la paroisse
de Parce ^.
Plus tard, en 1380, Philippot de Malenoë servit
1. Commune du canton Ouest et de l'arrondissement de Vitré.
2. D. Morice. Preuv, de VHîst. de Bretagne, I, 485.
3. Maupillé, Notices histor. et arch. sur les cantons de Fougères, 11.
XXXIII 6
en qualité d'écuyer dans la compagnie de Jean de
Coëtquen , guerroyant à Clermont en Auvergne ,
sous le haut commandement du connétable Bertrand
du Guesclin K
Guillaume de Malenoë, chevalier et seigneur du-
dit Heu, épousa par contrat de 1402, Perronnelle
Le Bret, fille d'Etienne Le Bret, seigneur de Saint-
Etienne-en-Coglais; elle apporta à son mari la terre
seigneuriale de la Gretaye en Acigné'.
De cette union naquit Jean de Malenoë, seigneur
dudit lieu, qui épousa, selon du Paz, l** Guillemette
de la Chapelle, 2* Marie de Bintin. Ce seigneur de
Malenoë \givait encore en 1488, quand mourut le
duc de Bretagne François II, car il reçut à Tocca-
sion des funérailles de ce prince quatre aulnes et
demie de drap noir valant 7 livres Taulne, pour se
faire confectionner un « béguin » ou vêtement de
deuil consistant en « robbe et chaperon ^. »
Georges de Malenoë, fils de Jean qui précède,
était dès 1464 homme d'armes de la compagnie du
sire de Lohéac réunie à Vitré*. Devenu à la mort
de son père seigneur de Malenoë, Georges s'unit à
Roberde de Fontenailles, qui lui donna un fils
nommé Michel. Le P. du Paz qualifie ce Michel de
Malenoë, seigneur dudit lieu, de « chevalier preux
et hardy, capitaine de Vitré et de Chastillon du
temps d'Anne de Laval, dame desdits lieux de Vitré
et de Chastillon \ » Il épousa vers 1511 Jeanne du
1. D. Morice, Preuves de VHist. de Bretagne, 11,249.
2. Du Paz, Hist. généalog. de plusieurs maisons de Bretagne, 489.
3. D. Morice, Preuves de VHist. de Bretagne, III, 605.
4. D. Morice, Preuves de VHist, de Bretagne, III, 123.
5. Du Paz, Hist, généalogique de plusieurs maisons de Bretagne,
490.
— 3 —
Chastellier, dame du Bas-Chastellier' en Saint-
Germain-en-Coglais et de Combourtillé en la pa-
roisse de ce nom.
Le fruit de ce mariage fut un fils appelé Michel
comme son père et qui succéda à celui-ci en qualité
de seigneur de Malenoë. En 1541 il se présenta à la
montre militaire, « monté et armé en habillement
d'homme d'armes, accompagné de deux hommes à
cheval, un coustilleux et un page portant lance,
bien en ordre tous les trois. » Il déclara posséder
en fiefs nobles environ 600 livres de rente". Le
21 février 1553 il rendit aveu au baron do Vitré,
seigneur de Châtillon, pour sa seigneurie de Ma-
lenoë, relevant de Châtillon. Michel de Malenoë
avait épousé, vers 1550, Jeanne Croc, dame de la
Ronce en Bille, veuve de lui en 1565. Il en eut
François de Malenoë, seigneur dudit lieu après lui,
qui s'unit à Perronnelle d'Anville, dame de la Nor-
mandaye et du Plessix en Dourdain.
Michel de Malenoë, seigneur dudit lieu et fils des
précédents, épousa vers 1580 Jeanne Gédouin, fille
du seigneur de la Dobiaye. Il prit une part fort
active au mouvement de la Ligue et combattit sous
les ordres du duc de Mercœur; aussi voit-on son
nom figurer parmi ceux des Ligueurs du pays de
Vitré que poursuivirent le Parlement do Bretagne
en 1589 et le sénéchal do Rennes en 1590. Il dut
mourir environ dix ans plus tard, car en janvier
1. Le seigoeur du Bas- Chastellier devait accompagner et assister le
baron de Fougères et sa femme lorsqu'ils faisaient leur première
entrée en cette ville. En récompense il avait droit de prendre « le che-
val ou la haquenée que montaient lesdits seigneur et dame » ou o le
prochain cheval de la litière ou carosse > s'ils entraient à Fougères en
voiture.
2. Ms. de Missirien. (Bibliothèque de Rennes.)
4
1599 il vivait encore et le 17 décembre 1600 son fils
Pierre faisait hommage au sire de Châtillon en qua-
lité de seigneur de Malenoë^
Ce Pierre de Malenoë, seigneur dudit lieu, avait
été baptisé à Saint-Christophe-des-Bois le 12 sep-
tembre 1581. Il devint « chevalier de TOrdre et gen-
tilhomme de la Chambre du roi, premier capitaine
du régiment de Bretagne levé pour le service du
roi sous le commandement de M. le prince de Tal-
mont et maître des camps.- » Il épousa vers 1599
une riche héritière, Perronnelle Harpin, dame de
la châtellenie de la Chesnaye en Parigné et de la
seigneurie de Marigny en îSaint-Germain-en-Coglais.
Ce seigneur « mourut le 22 décembre 1636 au Petit
Landelys, dont il commandait la garnison, et fut
inhumé le 2 janvier 1637 dans une voulte et enfeu
par luy faict bastir dans le chœur de l'église de
Saint-Christophe-des-Bois 3. » Sa veuve Perronnelle
Harpin se retira à Fougères, mourut en cette ville
le 15 avril 1642 et y fut inhumée en l'église Saint-
Léonard.
Leur fils Jacques de Malenoë, seigneur dudit
lieu, avait été baptisé à Saint-Sauveur de Rennes
le 15 mars 1600. Il s'unit, par contrat de mariage
du 27 mars 1619, à Eléonore du Bellay, fille de
Jacques du Bellay, seigneur de la Feuillée au
Maine, et de Radegonde des Rotours. Il en eut un
fils, Jacques, mort jeune vraisemblablement, et une
fille Suzanne, née à Malenoë et baptisée à Saint-
1. D. Morice, Preuves de l'Hist. de Bretagne, III, 1497 et 1510. —
Archives d'Ille-et- Vilaine, E.
2. Abbé Paris-Jalloberl, Registre paroissial de Saint-Christophe des-
Bois, 11.
3. Ibidem.
Christophe-des-Bois le 22 août 1622; elle épousa en
1656 Gilles des Nos, seigneur d'Hémesnard.
Jacques de Malenoë fut le dernier représentant
mâle de sa maison. Comme son père, il fut cheva-
lier de rOrdre, gentilhomme de la Chambre du
Roi et maréchal des camps; il était, de plus, en
1650 lieutenant aux gouvernements du Port-Louis,
d'Hennebont et de Quimper K II vendit, le 17 jan-
vier 1653, ses seigneuries de Malenoë, la Ronce et
Combourtillé, et, le 14 octobre 1655, celles de Mari-
gny et de la Chesnaye, quoiqu'il portât habituelle-
ment le nom de Marigny. Tallemant des Réaux a
consacré à ce seigneur, qu'il qualifie de « philo-
sophe cynique, » une de ses Historiettes dont nous
extrayons ce qui suit :
« Marigny-Malenoe. — C'est un gentilhomme de
Bretagne, qui épousa la sœur de M. de la Feuillée
du Belay, belle fille dont il devint amoureux. Au
bout de quelque temps la jalousie le prit, à ce
qu'on dit avec quelque fondement. Un beau matin,
il dit à sa femme : « Vous n'êtes point bonne
« cavalière; il faudroit que vous vous accoutumassiez
« à aller à cheval. Venez-vous en avee moi visiter
« de nos amis et de nos parents. » Ils montent
tous deux à cheval; alors les carosses n'étoient pas
si communs qu'à cette heure. Il la mène assez loin,
et puis lui dit : « Ecoutez, mon dessein est d'aller
« jusqu'à Rome et de vous y mener. — J'irai par-
ce tout où vous voudrez, » répondit-elle. Quand ils
furent en Italie, Marigny lui déclare froidement que
son intention étoit de la faire mourir. Cette femme,
quoi qu'elle n'eût que vingt-deux ans, lui répondit
1. Potier de (^lourty, Nobiliaire de Bretagne, II, 225.
— 6 —
froidement : « J'aime autant mourir ici qu'en
« France, et autant dans huit jours que dans cin-
« quante ans. » (Car on n'a jamais vu un couple
de gens si extraordinaires.) — « Bien, lui dit-il,
« voyez de quel genre de mort vous voulez mourir. »
Ils furent quelques jours à en parler aussi froide-
ment que si c'eût été simplement pour s'entretenir.
Enfin elle choisit le poison. Il lui en apprête et le
lui présente dans une coupe. Elle le prend délibéré-
ment, et, comme elle alloit avaler, il lui retint le
bras. « Allez, lui dit-il, je vous donne la vie; vous
« méritez de vivre puisque vous avez le courage de
« mourir si constamment. Désormais je vous veux
« donner liberté toute entière; vous ferez tout ce
« que vous voudrez de votre côté et moi du mien. »
Ils se le promirent réciproquement et revinrent les
meilleurs amis du monde ensemble. Ils n'ont eu
qu'une fille, qui, voyant qu'ils ne songeoient point
à la marier et qu'on la vouloit tenir toute sa vie en
religion, en sortit et se maria à l'âge de trente-
quatre ans, sans leur consentement. Le gendre,
car la coutume de Bretagne rend le mariage d'une
fille responsable des dettes de la famille, même
contractées depuis, voulut les faire interdire. Ils
firent évoquer à Paris sur parentés, et ici ils
gagnèrent leur procès. De peur d'accident, ils
vendirent Marigny et Malenoë, dont ils firent cin-
quante mille ccus, toutes dettes payées. Il en donna
la moitié à sa femme et garda l'autre pour lui. Il
est souvent en Bretagne où il a le gouvernement
de Port-Louis. Elle ne fait que jouer à Paris où
elle demeure toujours depuis quelques années *. »
1. Les historiettes de Tallemant des Kéaux, X, *^12 et 213.
— 7 —
L'acquéreur de la terre seigneuriale de Malenoë
et de ses annexes la Ronce et Combourtillé fut, en
1653, Urbain de Cervon, bargn des Arcis, et Char-
lotte Harel, sa femme, demeurant au château des
Arcis en la paroisse de Mellay au Maine. Ils ver-
sèrent aux vendeurs, Jacques de Malenoë et Eléo-
nore du Bellay, la somme de cent seize mille livres
tournois. Charlotte Harel se trouvait veuve dès
1656 et elle se remaria avec Claude Carpeau, sei-
gneur de Pontsery. Mais son fils, Joseph de Cer-
von, baron des Arcis, succéda à son père à Malenoë.
Il fut chevalier de TOrdre du Roi et conseiller au
Parlement de Bretagne; il épousa en 1657 Claude
de Volant.
Ce baron des Arcis, Joseph de Cervon, vendit, le
9 août 1673, les seigneuries de la Ronce et de Com-
bourtillé, démembrées à cette occasion de celle de
Malenoë, à Jacques de Farcy, seigneur de Paisnel,
faisant pour ses trois fils, Michel de Farcy, seigneur
dudit lieu, René de P'arcy, seigneur de la Villedu-
bois, et Jean de Farcy, seigneur de Mué'. Mais ce
dernier demeura seul possesseur de la nouvelle
acquisition qu'il compléta, le 23 mars 1676, par
Tachât de la seigneurie même de Malenoë que lui
vendit aussi ledit Joseph de Cervon -.
Jean de Farcy, seigneur de Mué en Parce, avait
épousé en 1670, Suzanne de Ravenel; ils étaient Tun
et l'autre protestants et, lors de la révocation de
1 édit de Nantes, cette dame se retira dans le Ha-
novre. Ils eurent cinq enfants, dont Taîné Jacques-
Annibal de Farcy, seigneur de Malenoë, épousa.
1. Archiv. d'Iile-et- Vilaine, Minutes de Bretin, notaire.
2. Ibidem.
— 8 —
par contrat du 26 mars 1695, Gillette de Gennes, fille
de Paul de Gennes, sieur des Roches. Ce seigneur
de Malenoë mourut au manoir de ce nom, à Tâge
de soixante et onze ans, le 24 août 1741, et fut
inhumé le lendemain dans son enfeu au chanceau
de Téglise de Saint-Christophe-des-Bois.
Il ne laissait qu'une fille, Marie-Jeanne-Suzanne
de Farcy, née le 5 janvier 1696 et mariée : 1® le
17 juillet 1725, à Maurice de Guichardy, seigneur de
Martigné; 2'' le 7 janvier 1730, à Toussaint-Sébastien
Le Vicomte, comte du Rumain. Cette dame mourut
sans enfants à Paris le 2 décembre 1762*.
L'héritage de la comtesse du Rumain, à Malenoë,
fut recueilli par son cousin Charles-Joseph-Anne
de Farcy, seigneur de la Villedubois en Mordelles,
fils aine de Jean-Charles de Farcy et de Louise
Taillard du Resto, seigneur et dame de la Ville-
dubois. Né le 17 juillet 1728, le nouveau seigneur
de Malenoë épousa : l"" le 18 mars 1762 Jeannc-Ma-
Ihurine Bertho, décédée le 15 mai 1779; 2® le 26 juil-
let 1784, Marie-Yvonne du Boisboissel quMl perdit
également le 10 septembre 1786. Il mourut lui-même
le 5 août 1796.
Quoique Charles-Joseph-Annc de Farcy ait été le
dernier possesseur de la seigneurie de Malenoë, le
troisième de ses fils, Guillaume de Farcy, né en
1765, héritant de cette terre, en prit le nom et forma
ainsi la branche des Farcy do Malenoë qui subsiste
encore. Il s'unit en 1796 à Marie-Elisabeth Tran-
chant des TuUayes et mourut en 1837, laissant un
fils unique, Guillaume-Cajétan de Farcy de Malenoë,
marié en 1827 à Esther-Marie Thomé de Keridec,
1. Généalogie de la maison de Farcy, *292 et 295.
qui décéda en 1858. Lui-même mourut le 28 no-
vembre 1869, ayant un fils Armand de Farcy de
Malenoë, marié en 1858 à Louise Thomé de Keridec;
de cette union sortirent deux garçons : Armand en
1861 et Henri en 1874 ».
La seigneurie de Malenoë, relevant en sa plus
grande partie de la châtellenie de Châtillon-en-
Yendelais, avait néanmoins quelques fiefs tenus de
la baronnie même de Vitré, le tout « à debvoir de
foy et hommage sans rachapt. » Elle acquit de l'im-
portance au XVI* siècle par 1 adjonction des sei-
gneuries de la Ronce en la paroisse de Bille et de
Combourtillé, paroisse de même nom; ces deux
terres relevaient également de Châtillon et do Vitré.
Ces trois seigneuries, unies sous le nom de Ma-
Icnoë, s'étendaient en 1744 dans dix paroisses et
comprenaient 65 fiefs, savoir : 20 fiefs en Saint-
Christophe-des-Bois, 4 en Montreuil-des- Landes,
5 en Combourtillé, 10 en Bille, 16 en Mecé, 4 en Ja-
vené, 2 en Chàtillon-en-Vendelais, 2 en Izé, 1 en
Saint-Georges-de-Chesno et 1 en Pocé.
A l'origine les juridictions de Malenoë et de la
Ronce étaient des moyennes -justices et celle de
Combourtillé n'était qu'une basse- justice; il en était
encore ainsi au xvii* siècle; mais en 1767 le sei-
gneur de Malenoë exerçait une haute -justice à
Saint-Christophe-des-Bois-, ce que confirme Ogée
dans son Dictionnaire de Bretagne y en 1780.
Les vassaux de Saint-Christophe-des-Bois recon-
naissaient au seigneur de Malenoë « droit de quin-
taine universelle sur toute ladite paroisse de Sainct-
1. Généalogie de la maison de Farcy, S25 et 828.
2. Archives d'We-et- Vilaine, G. 1818.
— 10 -
Christophe, et que tous ceux qui épousent ou
couchent, Tune des trois premières nuits de leurs
épousailles, en ladite paroisse, sont tenus de courir
ladite quintaine, le jour et feste de sainct Chris-
tophe, 25'"' de juillet, au milieu du bourg de Saint-
Christophe-des-Bois, à Tissue de la messe parois-
siale; chacun nouveau marié garny de sa lance de
bois d'aulne non viciée et convenable pour courir
quintaine; ledit seigneur de Malenoë doibt luy four-
nir un cheval sellé et bridé et mesme un roquet
pour mettre au haut de la lance et mesme des épe-
rons; et doibt ledit marié demander congé pour
prendre les éperons, monter à cheval, courir et des-
cendre dudit cheval, faute de quoy il paiera le droit
entier. » Or ce droit entier, dont le coureur de quin-
taine rompant bien sa lance ne payait qu'une moi-
tié, consistait pour chaque nouveau marié en
« quatre mines d'avoine, six chapons, douze pou-
letz et six justes de vin valant douze pots *. »
En Saint-Christophe-des-Bois également le sieur
de Montigny-Le-Mercier devait en 1744 au seigneur
de Malenoë, à son banc seigneurial en Téglise de la
paroisse, la nuit de Noël, chaque année, une rente
de trois deniers « présentes entre les deux éléva-
tions de la messe de minuit. » Le propriétaire d'une
maison au bourg de Saint-Christophe était, de son
côté, tenu d'offrir au seigneur de Malenoë tous les
ans, « au jour et feste de saint Christophe, une
paire de sonnettes et une paire de gants, » son-
nettes à faucon et gants de chasse très probable-
ment^.
1. Déclarations de la seigneurie de Malenoë en 1744 et 1782.
2. Ibidem.
- 11 —
En la paroisse de Mecé le possesseur de la terre
noble de la Hodairie devait au seigneur de Malenoë
« le jour Saint-Jean-Baptiste, chacun an, une paire
d'éperons de fer dorés, montés et équipés de cuir
couvert de velours noir, arrentés à 3 liv. 4 s. et
présentés audit seigneur à Tissue de la messe dite
en la chapelle du manoir de Malenoë. » De plus le
même sieur de la Hodairie devait, à chaque chan-
gement soit du seigneur de Malenoë soit du pro-
priétaire de la Hodairie, présenter à son dit sei-
gneur une autre paire d'éperons, mais ceux-ci
« d'argent dorés, pareillement équipés de cuir et
couverts de velours noir, appréciés 75 liv. * »
Tous ces fiefs de la seigneurie de Malenoë procu-
raient à son possesseur de nombreux droits hono-
rifiques et prééminences dans les églises des pa-
roisses où s'étendait sa juridiction. C'est ainsi qu'à
Saint-Christophe-des-Bois le sire de Malenoë était
seigneur fondateur de l'église dans laquelle il
avait « enfeu et lisière d'armoiries, tombe de marbre
élevée dans le chanceau et bancs à queue tant en
ce chanceau qu'en la nef. » — A Bille, à cause de
sa terre de la Ronce, il jouissait en l'église parois-
siale d'une « tombe eslevée de terre, de banc avec
accoudoir, et de litre armoriée tant en dedans qu'en
dehors de l'édifice. » — A Combourtillé il était éga-
lement fondateur et seigneur prééminencier de
l'église de la paroisse et y avait « bancs et enfeus,
armoiries es vitres et murailles, tant au chanceau
qu'en la nef. » — Il se trouvait encore seigneur fon-
dateur de l'église de Mecé, à cause de ses terre et
fief de la Tesnière, et en ce temple lui appartenaient
1. Déclarations de la seigneurie de Malenoë en 1744 et 178^.
— 12 —
« lisière et armoiries, banc et enfeu au chanceau. »
— Enfin le droit de fondation ot la prééminence lui
étaient réservés dans l'église paroissiale de Mon-
treuil-des-Landes, à cause de sa terre de la Motte,
et il jouissait de « banc, enfeu et armoiries au
chanceau de ladite église, du costé de Tévan-
gile*. »
Pour en finir avec les privilèges féodaux du sei-
gneur de Malenoë, disons qu'il avait le droit d'avoir
des halles au bourg de Saint-Christophe-des-Bois
et d'y faire tenir un marché tous les mardis et plu-
sieurs foires par an, notamment à la fête de saint
Christophe; il jouissait aussi au même bourg du
droit d'avoir un four banal où ses vassaux devaient
faire cuire leur pain ; enfin, en la paroisse d'Izé, un
droit de bouteillage lui appartenait sur les boissons
vendues certains jours de fête^.
Le domaine proche de la seigneurie de Malenoë
comprenait ce qui suit : le manoir de Malenoë avec
sa chapelle, son colombier, ses bois et ses étangs
— l'auditoire, les halles et le four à ban du bourg
de Saint-Christophe-des-Bois — l'ancien manoir et
la métairie noble du Piessix-Saint-Christophe ou
Plessix-Cucé et la métairie noble de la Gervoyère,
le tout en la paroisse do Saint-Christophe-des-Bois
— le manoir du Haut-Combourtillé et la métairie
noble du Bas-Combourtillé, « à costé de laquelle
s'élève une moite avec ses douves et fossés à Ten-
tour, contenant vingt-neuf cordes de terre; » le tout
situé au bourg même de Combourtiilé — la métai-
rie noble de la Tesnière en Mocé — les métairies
1. Déclarations de la seigneurie de Malenoë en 1744 et 1782.
2. Ibidem.
— i:\ —
nobles de la Motte et de la Coquardière en Mon-
treuil-des-Landes — les moulins à eau de Cucé en
Saint-Christophe-des-Bois, du Pont de Bille en
Bille et de Peluet en Javené, etc. *
Au commencement du xviii® siècle l'intendant de
Bretagne estimait les terre et seigneurie de Malenoë
rapporter à leur possesseur environ six mille livres
de rente -.
Aujourd'hui Tancien manoir de Malenoë n'existe
plus; il a été remplacé dans les premières années
du XIX* siècle par une grande construction moderne
qu'entourent toutefois encore les douves du château
primitif. Cette importante propriété appartenait der-
nièrement encore à la famille de Farcy de Malenoë.
Elle vient d'être vendue et a été achetée par
M. Bouëssel-Dubourg, conseiller général de Fou-
gères.
SEIGNEURIE DE LA MAGNANE
El AlOOUlUt
La terre seigneuriale de la Magnane ou Maignane,
en la paroisse d'Andouillé^, était un démembre-
ment de Tantique et importante baronnie d'Aubigné.
L'opinion d'Ogée attribuant Torigine de la Magnane
à une donation faite au xii* siècle par certain baron
de Vitré à « René de Montbourcher, sieur de Vitré, »
son petit-fils S n'a aucune valeur, car les sires de
1. Déclarations de la seigneurie de Malenoë en 1744 et 1782.
2. Archives d'Illeet- Vilaine, G. 2157.
H. Commune du canton de Saint-Aubin-d'Aubigné, arrondissement de
Rennes.
4. Diction, hist. et gêogr. de Bretagne, nouv. éd., I, 43.
— 14 —
Montbourcher ne vinrent qu'au xvi* siècle à la Ma-
gnane. En réalité cette terre donna son nom à un
juveigneur qui fit souche de gentilshommes et prit
des armoiries semblables, quant aux pièces, à celles
de la maison de Montsorel dont Théritière Mahaut
de Montsorel épousa, vers Tan 1200, Raoul d'Aubi-
gné. La famille de la Magnane portait, en effet :
d argent à quatre fusées de sable accolées en /a.«ce,
tandis que celle de Montsorel avait : de gueules à
quatre fusées d'argent accolées en fasceK
Le premier représentant connu de la noble mai-
son de la Magnane fut Guillaume de la Magnane,
Tun des vingt-deux gentilshommes qui, sous la
conduite d'Amaury de Fontenay, jurèrent vaillam-
ment en 1379 de défendre la ville de Rennes jusqu'à
la mort contre Tarmée française qui la mena-
çait ^
Ruot ou Ruault de la Magnane, seigneur dudit
lieu, vécut en 1416 et 1453. Avec ses voisins le sire
de Betton, Pierre de Moaisé, Alain de la Piguelayo
et Jean de Vaurozé, il accompagna en 1478 le duc
de Bretagne Jean V à la cour du roi de France.
L'année suivante, en qualité d'homme d'armes, il
guerroyait en Normandie sous les ordres de Ber-
trand de Dinan, maréchal de Bretagne 3. En 1453 il
reçut encore les aveux de ses vassaux de la Ma-
gnane et, le 30 décembre de cette même année, il
confirma la donation du manoir du Perray en An-
douillé, faite à GePfeline de la Magnane lorsqu'elle
épousa Raoul Boucquet, secrétaire du duc et sei-
1. Potier de Courcy, Nobiliaire de Bretagne, II, 220 et 298.
2. D. Lobineau. Hist, de Bretagne, 421. — Preuo. de VHist. de Bret.,
&d4
3. D. Murice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, II. 967 et 1103.
— 15 -
gneur d'Andouillé '. Ruot de la Magnane épousa :
r vers 1416 Collette de Rimou, dame dudit lieu,
fille de Guillaume de Rimou et petite-fille d'Olivier
de Trémigon ; 2* par contrat du 18 mars 1431,
Marguerite de Champaignc. Du premier lit sortirent
Anccl de la Magnane qui succéda à son père et
Guillaume de la Magnane, seigneur de Panlivart en
Rimou*-.
Ancel de la Magnane, seigneur dudit lieu, épousa
Jeanne Le Prestre, de la maison de la Grimaudaye
en Melesse, qui se trouvait veuve de lui en 1467. Il
en eut deux fils qui furent après lui successivement
seigneurs de la Magnane, Jean et Péan. Ancel de
la Magnane fut inhumé, près de son père Ruot,
dans leur enfeu au chanceau de Téglise d'Aubigné^.
Jean de la Magnane, seigneur dudit lieu, parut
en 1464 à la montre ou revue militaire faite à Fou-
gères; il y figura comme homme d'armes de la
compagnie du sire de la Hunaudaye. Il est encore
fait mention de lui en 1470, mais il était mort le
4 avril 1472, car à cette date son frère et successeur
régla avec sa veuve Jeanne Torchart le douaire de
cette dame fixé à cinquante livres de rentes
Péan ou Payen de la Magnane, seigneur dudit
lieu, succéda, en effet, à son frère Jean, décédé sans
postérité. Il s'unit : 1"* à Jeanne de Ghampaigné,
fille du seigneur de Bouessay en Sens; 2* à Hélène
de Vendel qu'il laissa veuve; il fut inhumé dans
Tcglise d'Aubigné où reposait sa première femme.
Le 4 août 1485 les plus proches parents de deffunt
1. Archives du château de la Magnane.
2. Ibidem.
3. Ibidetn.
4. Ibidem.
— 16 —
Péan de la Magnanc se réunirent pour donner une
tutelle à ses enfants mineurs et pour déterminer le
douaire de sa veuve Hélène de Vendel; au nombre
de ces parents figuraient : Gilles de la Magnane,
seigneur du Boislebaud en Erbrce, qui fut nommé
tuteur et que Ton retrouve la même année parmi
les hommes d'armes chargés de la garde de Rennes
— Bertrand de la Magnane, seigneur de Gyrouart;
il assista en 1466 aux obsèques de la comtesse
d'Etampes, mère de François II, duc de Bretagne,
et reçut à cette occasion un « béguin » ou vêtement
de deuil; en 1481 il se trouvait archer dans la com-
pagnie du baron d'Avaugour, fils naturel de ce
même duc — enfin Pierre de la Magnane, dont nous
ne savons pas autre chose K
Arthur de la Magnane, seigneur dudit lieu en
1485, était fils de Péan de la Magnane et de sa
première femme Jeanne de Champaigné. Homme
d'armes de la compagnie de Jacques Guibé au ser-
vice du Roi en 1498, il prit part aux obsèques de
Charles VIII et reçut alors par ordre de la reine
Anne de Bretagne, « quatre aulnes trois quarts de
drap noir à 5 1. 5 s. l'aulne, » pour se confectionner
une robe de « béguin-, » L'année suivante, le
12 décembre 1499, le roi Louis XII accorda à
Arthur de la Magnane une sauvegarde pour ses
terres de la Magnane et de Rimou et cette faveur
lui fut renouvelée par le même souverain le 10 jan-
vier 1513^. Arthur de la Magnane épousa Catherine
de Corcé, fille de Mathurin de Corcé, seigneur
1. D. Lobineau, Preuves de l'Histoire de Bretagne, 1873 et 1417.
— Archives du château de la Magnane.
2. D. Lobineau. Preuves de l'Histoire de Bretagne, 1586 et 1593.
3. Archives du château de la Magnane.
- 17 —
dudit lieu. Il en eut un fils, Julien, qui lui succéda
et une fille Françoise, femme de Vincent du BoberiU
seigneur dudit lieu. Arthur de la Magnane mourut
vers 1519 et fut inhumé dans son enfeu au chœur
de réglise d'Aubigné. Sa veuve Catherine de Gorcé
lui survécut longtemps; elle se remaria avec Guil-
laume du Chastellier, seigneur du Plessix-Marcillé,
et vivait encore en 1550; elle continuait d'habiter la
Magnane dont elle avait la jouissance en douaire et
qu'elle embellit considérablement.
Julien de la Magnane, seigneur dudit lieu, fils
des précédents, encore mineur à la mort de son
père, fut élevé sous la tutelle de sa mère et de son
beau-père Guillaume du Chastellier. Il épousa Jac-
quemine du Préauvé qui lui donna une fille appelée
Julienne, mais il mourut encore jeune, vers 1540.
L'année suivante les deux douarières de la Ma-
gnane , Catherine de Corcé et Jacquemine du
Préauvé, se firent représenter à la montre des
hommes d'armes du pays de Rennes, la première
par le fils qu'elle avait eu de son second mariage,
Guyon du Chastellier, et la deuxième par Pierre de
la Vieuxville *.
Julienne de la Magnane, fille unique et héritière de
Julien de la Magnane, grandit sous la direction de
sa mère Jacquemine du Préauvé et de son tuteur
Briartd de Champaigné, seigneur de Chambellé en
Feins. Elle s'unit en 1555 à René de Montbourcher,
seigneur de Chasné, et lui apporta les terre et
seigneurie de la Magnane. Son mari était le cin-
quième fils de Renaud de Montbourcher et de Raou-
1. Ms. de Missirien, Bibliothèque de Bennes. — Archives du château
de la Magnane.
XXXIII 7
— 18 —
lotte Thierry, seigneur et dame du Bordage en
Ercé-près-LilTré.
Jacob de Montbourcher, fils de René de Mont-
bourcher et de Julienne de la Magnane, devint sei-
gneur de la Magnane à la mort de ses père et mère
décédés vers 1583. Il épousa Olive Ivette, fille du
seigneur du Boishamon en Domloup, veuve de lui
en 1609 et vivant encore en 1626.
Olivier de Montbourcher, seigneur de la Ma-
gnane, fils de Jacob et d'Olive Ivette, fut baptisé à
Aubigné le 20 août 1600. Il devint en 1635 conseiller
au Parlement de Bretagne et s'unit à Gabrielle Gi-
rault qui lui donna plusieurs enfants baptisés les
uns en Téglise d'Aubigné, les autres à Saint-Sau-
veur de Rennes. Il décéda à Rennes le 16 juillet
1660; sa veuve Gabrielle Girault lui survécut long-
temps et ne fut inhumée à Aubigné que le 5 juillet
1692.
René de Montbourcher, qualifié parfois comte de
la Magnane, y succéda à son père Olivier. Il fut en
1669 reçu conseiller au Parlement de Bretagne et
épousa Marie-Geneviève de Montalembert, fille d'An-
dré de Montalembert et de Françoise Valain, sei-
gneur et dame de la Ferté. De cette union naquirent
plusieurs enfants baptisés la plupart à Rennes de
1672 à 1687. Ce seigneur de la Magnane mourut le
14 novembre 1707; Marie de Montalembert, sa veuve,
ne décéda à son hôtel à Rennes que le 13 novembre
1720; âgée de soixante et quinze ans, elle fut inhu-
mée le lendemain en l'église conventuelle des Mi-
nimes de Rennes '.
Gabriel-René de Montbourcher, seigneur de la
1. Anciens registres paroissiaux de Rennes,
— il) -
Magnane, fils des précédents, naquit le il octobre
1669. Il devint conseiller au Parlement de Bretagne
en 1692 et épousa la môme année à Saint-Malo,
Magdeleine-Thérèse Briand, fille de Claude Briand
et de Perrine Neveu, sieur et dame des Vallées.
Nommé en 1707 président aux requêtes du Parle-
ment de Bretagne, il habitait à Rennes un hôtel
dans la rue des Dames. Il y eut plusieurs enfants
baptisés à Saint-Etienne de Rennes de 1695 à 1700,
mais il mourut à la Magnane et fut inhumé, le
23 mai 1728, en Téglise dWubigné, au tombeau de
ses ancêtres. Sa veuve Magdeleine Briand lui sur-
vécut plusieurs années et mourut au mois de juin
1742».
René-Claude-Marie de Montbourcher, seigneur
de la Magnane, qualifié comte de Betton et baron
d'Aubigné, étant devenu possesseur de ces deux
seigneuries, naquit et fut baptisé à Rennes le
12 mars 1695, ayant pour père et mère les seigneur
et dame de la Magnane dont les noms précèdent. II
devint successivement au Parlement de Bretagne
d'abord conseiller le 28 mai 1725, puis président aux
enquêtes le 18 août 1728, enfin président à mortier
le 14 août 1738*. Il s'unit à Marie-Rosalie de Mon-
taudouin, appartenant à une famille considérable du
commerce nantais. Celte dame mourut à la Ma-
gnane le 11 novembre 1765 et fut inhumée le 13
dans réglise d'Aubigné. lie seigneur de la Magnane
décéda lui-même le 20 juillet 1776, en son hôtel à
Rennes; son corps, présenté en Téglise paroissiale
Saint-Etienne de cette ville, fut le lendemain con-
1. Anciens registres paroissiaux de Rennes, Saint-Malo et Auhigné.
2. Carré, La Chalotais, 190.
— 20 —
duit à la Magnanc et dépose le surlendemain dans
son enfeu seigneurial de Téglise d'Aubigné*.
René-Claude de Montbourcher ne laissait pas
d*enfants et la seigneurie de la Magnane échut à
son neveu René-François de Montbourcher. C'était
un fils de son frère Guy-Amador de Montbourcher,
chevalier de Saint Louis, lieutenant-colonel de dra-
gons, décédé à la Magnane, âgé de soixante et un
ans, le 18 février 1761, époux de Jeanne-Céleste
de Saint-Gilles qui ne mourut à Rennes que le
27 mai 1791.
René-François de Montbourcher, marié en 1776 à
Joséphine de Kersauson, acheta en 1788 l'important
marquisat du Bordage, antique apanage de sa
famille. Aussi prit-il les titres de marquis de Mont-
bourcher, châtelain de Betton et de Prince, sei-
gneur de la Magnane, conseiller du roi en ses con-
seils, lieutenant pour S. M. au gouvernement des
quatre évêchés de la Haute- Bretagne, major au
régiment de Limozin-infanterie, etc. Ce fut le der-
nier seigneur de la Magnane; quand éclata la
Révolution il émigra avec René son fils aîné.
A la suite de ce départ la terre de la Magnane fut
confisquée par l'Etat et mise nationalement en
vente. Elle fut alors achetée par la sœur du sei-
gneur de la Magnane, Rosalie de Montbourcher,
femme d'Anne-Jacques de Caradeuc. A la pacifica-
tion le marquis de Montbourcher put donc rentrer
à la Magnane où il perdit sa femme en 1822 et
mourut lui-même en 1835. Son fils aîné René mar-
quis de Montbourcher, revenu lui aussi de l'émigra-
tion, fut le dernier de son nom. Il épousa Sophie
1. Anciens registres paroissiaux de Rennes et d'Aubigné.
— 21 —
de Caradeuc de la Chalotais qui mourut veuve de
lui en 1869. Leur fille, Isidore-Marie de Montbour-
cher, apporta la Magnane à son mari Charles Hay,
comte des Nétumières, et le fils de ces derniers
M. René Hay, comte des Nétumières, possède et
habite encore le château de la Magnane*.
La seigneurie de la Magnane, avons-nous dit,
était un démembrement d'Aubigné, aussi relevait-
elle directement de cette baronnic et lui devait-elle
une rente annuelle de 4 livres*. Elle se composait
à l'origine de fiefs s'étendant surtout dans les pa-
roisses d'Aubigné, Andouillé et Saint-Aubin-d'Aubi-
gné. A ces bailliages vinrent s'ajouter an xvi* siècle
celui de Prince en Andouillé et au xviii* ceux du
Fief-Morblé en Betton et de la seigneurie d'An-
douillé.
Le fief de Prince, assez considérable, s'étendait
t'
dans les trois paroisses d' Andouillé, Melesse et
Neufville; il jouissait d'une haute-justice exercée en
auditoire particulier au bourg d' Andouillé, où il
avait une prison et des ceps et collier pour la pu-
nition des malfaiteurs ; ses fourches patibulaires
consistaient en trois piliers élevés sur la lande de
Prince; en 1603 un criminel d' Andouillé fut encore
condamné à mort par la Cour de Prince^.
Le Fief-Morblé avait des droits dans une demi-
douzaine de paroisses : Betton, Melesse, Saint-Gré-
goire, Montreuil-le-Gast, La Mézière et Andouillé.
Sa haute-justice s'exerçait aussi en ce dernier bourg
où se trouvaient ses propres ceps et collier; quant
à son gibet à trois poteaux, il se dressait en Betton
1. De Fourni ont, V Ouest aux Croisades, II, 42.
2. Archives Nationales, P, 1715.
3. Archiroes du château de la Magnane,
22
sur le placis des Chabots près la Boulaye. Au sei-
gneur du Fief-Morblé appartenait un droit féodal
assez rare dans notre contrée : c'était le droit de
« raffle, qui est de prendre en tel temps et saison
qu'il plaist audit soigneur tout le bétail et avoir
trouvé sur la lande du Val en Saint-Grégoire et
Melesse, faute aux habitans de ladite lande de poyer
à leur dit seigneur une rente do 18 deniers mon-
noie K »
Ces deux bailliages de Prince et du Fief-Morblé
relevaient directement du duc de Bretagne, puis du
roi de France, en la Cour de Rennes.
Quand à la seigneurie d'Andouillé ce n'était qu'une
moyenne-justice relevant de celle de Prince et unie
tardivement à la Magnane. Elle s'étendait en An-
douillé, Saint-Àubin-d'Aubigné et Gahard. En cette
dernière paroisse se trouvait la chapelle Saint-
Léonard de Borne, à rassemblée de laquelle le sei-
gneur d'AndouilIé avait droit de bouteillage et dont
le chapelain lui devait chaque mardi de la Pentecôte
« un mouton o sa laine et cinq sols monnoie*^. »
Les prééminences d'églises suscitèrent bien des
difficullés au seigneur de la Magnane.
Le 12 août 1500, révoque de Rennes autorisa Ar-
thur de la Magnane, seigneur dudit lieu, à faire
restaurer, parce qu'elles tombaient de caducité, les
représentations de ses ancêtres et leurs armoiries
peintes dans la vitre au Sud du chœur ou sculptées
sur les parois de la muraille septentrionale de
l'église paroissiale d'Aubigné. Il lui permit aussi de
faire rétablir sa litre ou lisière autour de l'édifice et
1. Archives du château de la Mar/natie.
2. Archiver d'Ifff*-et'Vilaine.
— 23 —
de replacer dans le chanceau, du côté de Tcvangile,
un banc à queue qui en avait été enlevé'.
Il paraît que cette autorisation de Tévêque de
Rennes n'eut pas d'effet durable, les seigneurs
d'Aubigné — qui étaient alors les puissants comtes
de Laval, barons de Vitré — s'opposant aux pré-
tentions honorifiques des seigneurs de la Magnane.
Il en résulta en 1528 une enquête faite par la justice
et un procès-verbal de l'état de Téglise d'Aubigné à
cette époque.
A Tenquête comparurent plusieurs témoins dépo-
sant pour la plupart en faveur du seigneur de la
Magnane : Jean de Montmoron, écuyer, affirma avoir
vu en place d'honneur les écussons : mUparti au
i" d argent à quatre fusées de sable accolées en fasce,
qui est de la Magnane, et au 2"** d'azur à un aigle
d'or, qui est de Rimou; armoiries de Ruot de la
Magnane et de Colette de Rimou, sa femme, sei-
gneur et dame de la Magnane en 1420. — Jean
Roulleaux, prêtre d'Aubigné, âgé de quatre-vingt-
deux ans, assura avoir connu Péan de la Magnane
et Jeanne de Champaigné, sa femme, qui furent
inhumés dans leur enfeu au chanceau de Téglise,
aussi bien que leur successeur Arthur de la Ma-
gnane décédé vers 1519. — Un autre prêtre, nommé
Guillaume Herfroy, déposa avoir ouï dire que Ruot,
Jean et Péan de la Magnane avaient reçu la sépul-
ture dans cet enfeu réservé à leur famille. Il ajouta
avoir vu le procureur d'Aubigné venir avec plu-
sieurs ouvriers pour gratter et effacer les écussons
du seigneur de la Magnane, puis enlever le banc et
les deux pierres tombales placés dans le chanceau,
1. Archives du nhâteau de la Mat/nane.
24
agissant en tout cela par ordre du comte de Laval ^
Le procès-verbal de la visite de Téglise d'Aubi-
gné, faite concurremment à cette enquête, ne fut pas
moins favorable au seigneur de la Magnane. On y
constata : qu'au chevet du chanceau étaient peints
quatre écussons : d'argent à quatre fusées de sable
accolées en fasce, qui est de la Magnane, et que les
mêmes armoiries se retrouvaient sur la litre et au-
dessus des portes; audit chanceau, du côté de Tévan-
gilc et au-dessus de la litre était « la représentation
de trois hommes d'armes et sur leurs cottes d'armes
apparoissoit Técu de la Magnane : d'argent à quatre
fusées de sable; après chacun homme d'armes estoit
la représentation d'une femme en habit de damoi-
selle; » enfin dans ledit chanceau se trouvaient deux
tombes portant les mêmes armoiries de la Magnane
et un banc « avec boucle de fer, à laquelle boucle
estoit attachée une longue pièce de bois formant sa
queue ^ >>
A la suite de cette enquête le roi François I''
donna au mois de mai 1529 à Julien de la Magnane,
seigneur dudit lieu, des « lettres de rcintégrande, »
lui confirmant ses prééminences dans Téglise d'Au-
bigné et son droit d'y avoir « ceinture et lizière au
dedans et au bas du chanceau, et au costé de l'évan-
gile un banc à queue et deux tombes de pierre
assises au devant de l'autel Saint-Michel, au-dessus
du marchepied dudit chanceau, lesdites lizière et
tombes armoyées de ses armes, et plusieurs autres
escussons de sa maison de la Magnane tout en
bosse sur la muraille qu'en peinture es vitraux^. »
1. Atx'hives du vhâleau de la Magnane.
2. Ibidem.
'\. Ibidem.
— 25 —
Pierre de Saint-Gilles, seigneur de Betton, voulut
mais en vain s'opposer en 1535 à Texécution de ces
lettres de réintégrande, a cause de sa terre du
Boisgeffroy; il prétendait que soixante ans aupara-
vant on voyait dans le vitrail du chanceau de l'église
d'Aubigné les armoiries des anciens sires du Bois-
geffroy qui étaient, selon lui, trois charmes; il ajou-
tait qu'il possédait plus de fiefs en Aubigné que le
seigneur de la Magnane*.
Ces prétentions du seigneur du Boisgeffroy, sou-
tenues par les comtes de Laval, se renouvelèrent
au commencement du xvii* siècle. La nef de Téglise
d' Aubigné fut alors en partie reconstruite; les pein-
tures et représentations des seigneurs de la Ma-
gnane disparurent et le 10 août 1601 « sept hommes
armés et masqués, envoyés par la comtesse de
Laval (Anne d'Alègre) entrèrent à cheval dans
réglise d'Aubignc » et y brisèrent le banc, les pierres
tombales et tous les écussons du seigneur de la
Magnane. Jacob de Montbourcher, alors possesseur
de cette terre, prouva à Jeanne Rhuys, dame du
Boisgeffroy, qu'il était bien « seigneur fondateur de
réglise d'Aubigné » et qu'après le comte de Laval,
baron d'Aubigné et seigneur supérieur, il y avait
droit à toutes les prééminences, « à cause de ses
fiefs de la Magnane sortis en juveignerie de la
chastellenie d'Aubigné; » que d'ailleurs les sei-
gneurs du Boisgeffroy n'avaient jamais eu de banc
ni d'armoiries en cette église et que la pierre tom-
bale dans le chanceau portant trois channes était
celle d'un Montbourcher, seigneur dç 1^ Magnane,
1. Af'chives du château de la Mafjnane^
— 26 —
et dont la famille avait pour armes : dor à trois
channes de gueulesK
Comme François I**', le roi Louis XIII donna, le
20 juillet 1623, à Olive Ivette, dame de la Magnane,
de nouvelles v lettres de réintégrande, » Tautorisant
à jouir de toutes les prééminences réclamées par
son mari défunt Jacob de Montbourcher^.
Le seigneur de la Magnane avait aussi des droits
honorifiques en Téglisc d'Andouillé, probablement
à cause de son fief de Prince. Une discussion s'étant
élevée à ce sujet entre la même dame de la Ma-
gnane Olive Ivette et Christophe Perrault, seigneur
d'Andouillé, on termina le différend par la transac-
tion suivante signée le 16 avril 1622 : « La dame de
la Magnane apposera ses armoiries dans la princi-
pale vitre de l'église d'Andouillé, au haut dMcelle,
du costé de Tévangile, et le seigneur d'Andouillé
pourra mettre les siennes au-dessous; mais ledit
seigneur aura un banc prohibitif armorié de ses
armes au costé de Tévangile et ladite dame en aura
un semblable au costé de Tépitre; toutes les autres
prééminences de Téglise appartiendront au seul sei-
gneur d'Andouillé^. »
Dans les années qui précédèrent la Révolution
toutes ces discussions à propos d'honneurs n'eurent
plus leurs raisons d'être, le seigneur de la Magnane
ayant acheté la baronnie d'Aubigné et la seigneurie
d'Andouillé.
En ce même xviii" siècle la seigneurie de la
Magnane, avec sa haute justice exercée au bourg
1. Archives du château de la Magnane,
5. Ibidem.
î3. Archives d' lUe-et- Vil aine, 27, H. 2.
- 27 —
d'Andouillé et son beau domaine proche, rapportait,
d'après l'intendant de Bretagne, environ six mille
livres à son propriétaire, M. de Montbourcher*.
Ce domaine proche de la Magnane comprenait
alors : le manoir de la Magnane avec sa chapelle et
son colombier, ses bois et rabines, prairies et
étangs — les métairies de Patience, du bourg d'An-
douillé, de Beaulieu, du Perray, du Rocher, etc. —
les moulins à eau de la Magnane et d'Andouillé, etc.
Le vieux manoir de la Magnane fut agrandi et
embelli, au commencement du xvi* siècle, par
Catherine de Corcé alors veuve d'Arthur de la
Magnane, elle fit bâtir « une tour derrière le grand
logis » et releva « les murs et le portail de la
cour'. »
C'est aussi cette dame qui construisit la chapelle
de style ogival qu'on voyait encore naguère dans la
première cour d'entrée du château. Elle accomplis-
sait ainsi les dernières volontés de son mari qui
avait fondé, avant de mourir, deux messes hebdo-
madaires dans la chapelle qu'il projetait de bâtir.
Le petit sanctuaire fut dédié à la Sainte Vierge et
à saint Joseph; en 1685 et 1686 René de Montbour-
cher, seigneur de la Magnane, fonda, de son côté,
trois messes par semaine dans cette chapelle et
assura au chapelain une rente de cent livres pour
la desservir^.
Durant le xvii" siècle le château de la Magnane
fut entièrement reconstruit. Ce devint un grand
bâtiment flanqué de hauts pavillons avancés avec
1. Archives d'IUeet- Vilaine, G. 2157.
2. Archives du chdtean de la Mafftiane.
•^. Ibidem.
— 28 —
toits aigus; des tourelles à coupoles se dressèrent
aux angles intérieurs formés par le principal corps
de logis et les pavillons; au centre une porte monu-
mentale s'ouvrit au-dessous d'un riche balcon et au
haut d'un vaste perron en fer-à-cheval ; deux cours
murées, contenant les bâtiments de service, s'éten-
dirent devant le château, précédées de douves
larges et profondes avec parapets de granit; enfin
un pont fixe, posé sur les douves et accompagné
d'un grand portail, remplaça l'antique pont-levis du
manoir au moyen-âge.
C'est de cette belle habitation qu'écrivait vers 1850
M. Ducrest de Villeneuve : « Ce fut au xvii* siècle
que fut sans doute reconstruit le château de la
Magnane, si l'on en juge par le caractère de son
architecture actuelle, contemporaine de celle du
Palais de Rennes. Ce manoir est l'un des plus
complets de ceux de son époque. Sa façade si régu-
lière, ses tourelles, son grand perron, sa cour
d'honneur, sa chapelle en face de la ferme, comme
une pensée du ciel en aide au travailleur, cette
longue lisière de prairies qui s'ouvre aux rayons
du soleil levant, ce ruisseau qui coule muet entre
leurs tapis et longe les murs du château, ces ave-
nues qui descendent de la lande aride, d'où le
regard plonge sur le manoir et dont le contraste
est un charme de plus dans le paysage, tout con-
tribue, site et monument, à faire de ce lieu un sujet
digne des études de l'artiste ou de l'écrivain*. »
Cet intéressant château de la Magnane fut détruit
par un incendie le 9 juillet 1893, mais son proprié-
1. Ducrest de Villeneuve, Album breton, S série, (llç-et- Vilaine,
60 et 61.
— 29 —
taire M. le comte Hay des Nétumières vient de le
reconstruire tel qu'il était avant ce sinistre.
SEIGNEflRIE DU BOT
El LAIftOI
Le nom breton de Bot ou plutôt Bôd signifiant
buisson fut donné à une terre noble figurant au com-
mencement du XV* siècle en Langon *, paroisse
bretonnisée de bonne heure par les moines de
Redon. Le Bot appartenait déjà à la famille Collo-
bel qui continua de le posséder jusqu'à la fin du
xviii* siècle.
Le premier membre connu de cette famille est
Jean Collobel qui, le 15 août 1407, vendit une rente
aux Bénédictins de Fabbaye de Redon, seigneurs
de la paroisse de Laqgon *. Ce Jean Collobel, dont
nous ignorons Talliance, eut un fils aîné nommé
Jean comme lui, qui épousa par contrat du mardi
après la Saint-Nicolas, 1415, Marie du Val, de la
maison de Cahan en Fougeray. Celle-ci reçut en
dot 15 liv. de rentes; devenue veuve, elle se rema-
ria à Guillaume de Roche '.
De Tunion de Jean II Collobel avec Marie du Val,
naquirent Robert qui succéda à son père et Guil-
laume qui fut ecclésiastique. Robert, l'aîné, rendit
successivement aveu en 1457, 1466 et 1486 pour sa
1. Commune du canton et de l'arrondiâsement de Redon.
2. Langon formait avec Brain une châtellenie assez importante, pro-
priété de l'abbaye Saint-Sauveur de Redon.
3. Archiv. de la Loire- Inférieure, E, suppl.
- 30 —
terre du Bot à Tabbé de Redon. Il épousa Olive
Le Veneur, de la maison de Trcguiel en Loyat, fille
d'Eon Le Veneur et de Catherine Maillet. Il en eut
un fils, Guillaume, qui le remplaça au Bot et une
fille, Marguerite, mariée à son parent Guillaume
CoUobel, seigneur de Coastre en Pierric^
Guillaume Collobel, fils de Robert, se trouvait
seigneur du Bot en 1496, époque à laquelle il fit
aveu à Tabbaye de Redon pour une maison et ses
dépendances qu'il tenait d'elle au bourg de Langon
« à debvoir de foy, hommage et rachapt plus 22 de-
niers de rente appelée mangier*^. »
Vers le même temps il fournit aussi au seigneur
de Renac le minu des rentes que lui avait laissées
son défunt père en la paroisse de Saint-Just. Ce
Guillaume Collobel épousa Anne Gallery, de la
maison de Coëtbo en Guer, qui reçut en dot 15 livres
de rente de Jean Gallery, seigneur de Coëtbo, son
père, et d'André Gallery, seigneur d'Allerac, son
frère. De cette union sortirent Julien et Marguerite;
cette dernière épousa Thomas Bouestel, seigneur de
la Hannetière en Lalleu ^,
Julien I" Collobel, étant seigneur de Tréguiel,
épousa par contrat du 10 août 1514, Olive du Chas-
tel, d'une branche cadette de l'illustre maison de ce
nom. Fille de Jean du Chastel et de Marguerite
Grimaud, elle reçut d'eux en se mariant 35 livres de
rente et 150 livres d'argent comptant. Devenue
dès 1525 veuve de Julien Collobel, elle se remaria à
Pierre Riaut, seigneur de Calisson \
1. Archives de la Loire-Inférieure^ E, suppl.
2. Archives d'Ille-et- Vilaine.
3. Archiv. de la Loire-Inferieure, E, suppl.
4. Ibidem.
— 31 -
Guillaume et Julien I*' Collobel, père et fils,
durent mourir la même année 1525 et si Julien pos-
séda le Bot ce ne dut être que pendant peu de
temps, car ce fut encore son père qui fit aveu pour
cette terre le 13 août 1525.
Julien II Collobel, fils de Julien P% s'unit, par
contrat du 19 novembre 1536, à Jeanne Riaut, fille
de Pierre Riaut , seigneur de Calisson , lequel
avait épousé sa mère Olive du Chastel. Devenu
veuf, Julien II se remaria à Jeanne Lambart, de la
maison du Port-de-Roche en Fougeray. Du premier
lit il eut deux fils nommés l'un et l'autre Jean, l'un
seigneur du Bot après lui, l'autre seigneur de la
Tonnaire et marié à Jeanne de Saint-Père. Du
second lit il eut une fille appelée Anne. Julien II fit
aveu à Tabbé de Redon pour le Bot en 1535. Il
donna en partage, le 18 avril 1542, à un frère puiné
qu'il avait, sa métairie du bourg de Langon; ce
frère nommé Guillaume Collobel épousa Renée
d'Estrez, dame des Martinais*.
Julien II Collobel dut mourir au commencement
de 1559, car, le 20 mars de cette année-là, Jean Col-
lobel, son fils, fournit le minu et paya le rachat du
Bot, à la suite du « décès de sondit père arrivé na-
guères^. »
Jean III Collobel, seigneur du Bot, contracta deux
unions : il épousa 1® Jeanne Blandel dont il eut un
fils unique nommé Jean comme lui et qui lui suc-
céda au Bot; 2** par contrat du 24 janvier 1573, Mag-
deleine Durand, fille de Jean Durand, seigneur de
la Minière en Rougé. De ce second mariage na-
1. Archit. de la Loire- Inférieure, E, suppl.
2. Arckiv, d'Ille et Vilaine.
- 32 —
quirent quatre filles : Jeanne, Gillette, Suzanne et
Françoise; la première d'entre elles épousa en 1609
Claude Hamon, seigneur du Boisgaudin en Langon;
en 1620 elles reçurent en partage la terre de Tré-
guieP.
Jean IV CoUobel, soigneur du Bot et (ils du pré-
cédent, s'unit à Jeanne Malenfant, héritière de la
seigneurie du Prédic en Marzan. Les deux époux
vinrent même habiter le manoir de ce nom, où leur
naquit un fils aîné Jean et où décéda le seigneur du
Bot. Leurs enfants furent — outre ce Jean baptisé
à Marzan en 1599 et qui suit — plusieurs autres
garçons décédés sans alliances et deux filles : Fran-
çoise, baptisée à Saint-Ganton en 1597, et Perron-
nelle, baptisée à Langon en 160?. Jean IV mourut
au Prédic le 4 novembre 1631 et son corps fut con-
duit de Marzan à Langon pour y être inhumé-.
Jean V Collobel, gentilhomme ordinaire de la
chambre du roi, succéda à son père au Bot et au
Prédic. Il se maria deux fois : 1® par contrat du
14 novembre 1634, il épousa Renée Charette, fille de
Julien Charette et Marie Mothais, seigneur et dame
d'Ardaine et de Couëron; la nouvelle épousée reçut
30,000 livres de dot et Funion fut bénite, le 14 fé-
vrier 1635 seulement, dans la chapelle du manoir
de Beaulieu en Couëron, résidence de la famille
Charette 3. 2^ Par contrat du 13 décembre 1639,
il se remaria à Françoise de Bégasson, fille de
Jean de Bégasson et Jeanne Guillou, seigneur et
dame de la Lardayc en Maure; ce second mariage
fut béni au commencement de 1640 dans la chapelle
1. Archiv. de la Loire- Inférieure, E. suppl.
2. Archiv, du Morbihan, Y. 217 et 218.
3. Arc?iiv. de la Loire- Inférieure, E. suppl.
— 33 —
prieurale de Boussac en Maure. Du premier lit na-
quit en 1636 Julien, baptisé à Langon, qui dut mou-
rir jeune; du second lit sortirent Jeanne née en
décembre 1640, qui épousa Anne de Kerboudel,
seigneur de la Courpéan, et Marin, baptisé le 27 fé-
vrier 1642, à Langon, qui fut plus tard seigneur du
Bot. En 1652 Jean V Collobel était mort et sa veuve
Françoise de Bégasson se trouvait tutrice de leurs
enfants mineurs*. Après le mariage do son fils
Marin elle vint habiter le manoir de Roche en Lan-
gon et dut mourir en 1674.
Marin Collobel, seigneur du Bot, chevalier do
Saint-Lazare et de Notre-Dame du Mont-Carmel,
succéda à son père Jean V. Par contrat du 8 dé-
cembre 1667, il épousa Thérèse-Augustine de Fran-
cheville, fille de Sébastien de Francheville et Ga-
brielle Boterel, seigneur et dame de Boverault. De
cette union naquirent René-Hyacinthe, Anne-Joseph
et Clément-Bertrand*; ces derniers baptisés à Lan-
gon en 1674 et 1678. Marin Collobel, seigneur du
Bot, mourut le 29 mai 1681 et fut inhumé dans Ten-
feu de sa famille au chanceau de Téglise de Langon.
Il parait que ce seigneur laissa en mourant sa
fortune obérée et que ses créanciers obtinrent la
saisie et la vente d'une partie de ses terres; d'un
côté nous trouvons, en effet, mention faite en 1693
de la saisie judiciaire de la terre du Bot; d'autre
part le contrat de mariage de René-Hyacinthe Col-
lobel, fils aîné du défunt, nous montre en 1699 sa
fiancée, Marie-Gorgonie Nassiet, recevant en dot
1. Archiv. de la Loire- Inférieure, E, suppl.
2. Ce Clément Collobel, seigneur du Prédic, et liabitant en Caro le ma-
noir du Bodel, épousa en 1715. Marie du Fresne, fille de Jacques du
Fresne et d'Yvonne Perrot, seigneur et dame de Saint-Gilles.
XXXIII S
— 34 —
25,000 livres, « dont 21,500 livres seront employées
au remboursement du prix de l'adjudication faite au
sieur du Boisteilleul-Ravenel des terres et seigneu-
ries du Bot, Saint-Ganton et la Thévinaye K »
René-Hyacinthe CoUobel, seigneur du Bot, fiança
d'abord, le 17 février 1692, à Saint- Sauveur de
Rennes, avec Françoise Bernard, fille de Claude
Bernard et Anne Gory, seigneur et dame du Jonche-
ray. Nous ignorons si ces fiançailles furent suivies
d'un mariage, mais le même seigneur du Bot s'unit
par contrat, le 20 janvier 1699, et en Téglise Saint-
Sauveur de Rennes, le 5 février suivant, avec Marie-
Gorgonie Nassiet, fille de Vincent Nassiet et Ju-
lienne Lemarchant, sieur et dame de la Luardière^
René-Hyacinthe CoUobel mourut à Rennes, âgé de
trente-deux ans, le 27 novembre 1703, et fut inhumé
le lendemain dans l'église Saint-Sauveur de cette
ville. Il laissait deux fils : Vincent-François, seigneur
du Bot, et Pierre-François, seigneur de Tromeur,
mais ce dernier ne naquit qu'après la mort de son
père et fut baptisé, le 28 janvier 1704, à Saint-Sauveur
de Rennes^. La veuve du seigneur du Bot se rema-
ria à Antoine-François du Fresne, seigneur de Virel
en Renac ; elle soutint un long procès contre le tu-
teur de ses enfants, prétendant être propriétaire de
la seigneurie du Bot « en remboursement de ses
deniers dotaux. » Elle demeura, en conséquence,
avec son second mari, tantôt au Bot, tantôt à Saint-
Ganton, pendant que ses fils habitaient le Prédic en
Marzan.
L'aîné de ceux-ci, Vincent-François de CoUobel,
1. Archiv. de la Loire- Inférieure, E, suppl.
2 Reg. paroiss. de Saint-Sauveur de Rennes,
3. Ibidem.
— 35 —
baptisé, le 26 décembre 1702, à Saint-Etienne de
Rennes, devint néanmoins seigneur du Bot. Il
épousa en 1729 Louise-Julienne Moraud du Deron,
fils du seigneur de la Haye du Deron en Sixt. De
cette union naquirent : François-Vincent mort au
berceau en 1739 — Clément-François, seigneur du
Bot après son père — Joseph, seigneur du Prédic,
marié en 1780 à Marie-Adélaïde Portier de Lantimo
— Jean-Marie Clément seigneur du Bodel, âgé de
cinq ans lorsqu'on lui suppléa en 1746 les cérémonies
du baptême dans la chapelle du château de Marzan;
destiné d'abord à la cléricature, puis oflicier au ré-
giment de Nice et marié en 1772 à Elisabeth Bitaut
du Plessix et en 1787 à Marie Bronnais — enfin
Marie-F'rançoise-Geneviève qui épousa dans la cha-
pelle du Bot, le 7 octobre 1775, Hyacinthe de Tal-
houët, seigneur de Beslon; elle mourut en 1784. Le
père de tous ces enfants, Vincent-François de Col-
lobel, rendit aveu en 1733 à Tabbé de Redon pour
sa seigneurie du Bot. Il était mort en 1764 et sa
veuve habitait alors son hôtel à Redon K
Clément-François de Collobel, seigneur du Bot,
fils du précédent, fut capitaine au régiment de
Royal-Piémont et chevalier de Saint-Louis. Il fit
alliance vers 1774 avec Magdeleine-Julienne Fouc-
quer de Kersalio, fille de Mathieu Foucquer, con-
seiller à la Chambre des comptes de Bretagne*. Il
conserva la seigneurie du Bot jusqu'à la Révolu-
tion et habitait en 1792 son hôtel en la ville de
Redon.
Le Bot n'était en 1427 qu'un simple manoir noble
1. Archiv. de la Loire- Inférieure, E, suppl.
3. Bulletin de la Société polymathique du Morbihan^ 1894, p. 23.
- 36 -
relevant directement « à debvoir de foy, hommage
et rachapt » de Tabbaye de Redon. Il n'y avait point
en Langon de fief on dépendant, car les religieux
de Saint-Sauveur n'avaient encore rien démembré
de leur seigneurie de Brain-Langon. Ce fut au
XVI* siècle seulement que, pour satisfaire aux impo-
sitions fiscales du temps, Tabbé de Redon se décida
à vendre le fief de la Couarde ou des Portes en
Langon avec son moulin à vent et sa haute justice.
Il vendit le tout en 1563 à un sieur Perdrix, mais le
racheta en juillet 1565; puis il vendit de nouveau et
définitivement cette fois en 1571 ce fief, son moulin
et sa juridiction, non pas au seigneur du Bot, mais
à son voisin Jean Le Febvre, seigneur de Saint-
Ganton en Pipriac, qui en prit possession le 5 jan-
vier 1571 K
Plus tard, par contrat du 4 mai 1646, René Riaut
de Calisson, devenu seigneur de Saint-Ganton,
vendit à son tour à Jean Collobel, seigneur du Bot,
non seulement le fief, le moulin et la juridiction de
la Couarde, mais encore sa seigneurie de Roche et
ses terres nobles de Quénairon, la Monneraye et la
Rousselaye, le tout situé en la paroisse de Langon.
Quelques années plus tard le seigneur du Bot
acquit également le manoir et la terre de Saint-
Ganton ainsi que la métairie de la Thévinaye, le
tout en la paroisse de Pipriac et relevant de la
seigneurie de Bossac ^ C'est alors que le Bot
devint, par suite de ces adjonctions, une terre
importante et mérita vraiment son titre de sei-
gneurie.
1. Archiv. d'Ille-et-Vilaine, E, f««» Collobel.
2. Ibidem.
— 37 —
Toutefois la juridiction de la Couarde — qui prit
alors le nom du Bot — fut Tobjet d'un différend
entre Tabbé de Redon et le seigneur du Bot. C'était
un démembrement de la haute-justice de Brain-
Langon appartenant à Tabbaye ; après la vente de
ce fief les Bénédictins ne lui reconnurent plus que
le degré de moyenne-justice. Comme le seigneur
du Bot voulait l'exercer en degré supérieur et dans
une maison du bourg de Langon, appelée naguères
la Chambre du Bot mais transformée par lui en audi-
toire, l'abbé de Redon lui fît défendre en 1684 d'avoir
un auditoire dans son bourg et d'exercer une haute
juridiction. Aussi en 1767 Tintendant de Bretagne
déclara-t-il que M. de Collobel du Bot n'avait en son
fief qu'une moyenne-justice qu'il exerçait en Renac K
Cela n'empochait pas le seigneur du Bot d'être en
possession de plusieurs prééminences dans l'église
paroissiale de Langon. Dès 1587, il obtint de Paul-
Hector Scotti, abbé de Redon, la permission de
jouir à perpétuité dans la chapelle Saint-Jean, nou-
vellement construite au haut du collatéral méridio-
nal de la nef, « de tombes et enfeus ainsi qu'il avoit
précédemment fait, et mesme d'apposer aux parois
et murailles d'icelle en peinture les armoiries et
alliances de sa maison, et d'y ériger un banc et
accoudoir de bois simple, sans queue ni armoiries,
pour se servir oyant (écoutant) la saincte messe,
sans que pour ladite permission luy et les siens
puissent prétendre aucun droit de propriété aux
fonds et superficie d'icelle chapelle 2. »
D'autre part en 1520 Guillaume du Gahil, recteur de
1. Archives d*llle-et' Vilaine, G.
2. Archives d'IUe-et- Vilaine, 1 H 2, 101.
— 38 —
Langon, avait concédé, avec Tagrément des moines
de Redon, à son frère Jean du Gahil, seigneur de
Roche, le droit d'avoir « deux tombes au chanceau
de réglise de Langon, du costé de Tévangile, soubz
une voulte que ledit seigneur de Roche fera con-
struire pour faire communiquer la chapelle de la
Vierge avec ledit chanceau*. » Or, cette chapelle
de la Sainte-Vierge — absidiale romane très cu-
rieuse subsistant encore — portait vulgairement le
nom de chapelle de Roche et était revendiquée par
les seigneurs de ce nom qui avaient fait à son autel
une fondation de messes. Devenu en 1646 proprié-
taire de Roche, le seigneur du Bot voulut jouir de
ces prééminences tant à la chapelle do Notre-Dame
qu'au chanceau même de Téglise.
Exagérant l'étendue de ses privilèges, Françoise
de Bégasson, veuve de Jean Collobel, seigneur
du Bot, prétendit avoir droit à deux chapelles sei-
gneuriales et prohibitives dans Téglise de Langon,
Tune au Midi, dédiée à saint Jean, à cause de sa
terre du Bot, l'autre au Nord, dédiée à la Sainte
Vierge, en raison de sa terre de Roche. De là
naquit, entre cette dame et Fabbaye de Redon, un
grand procès au cours duquel procès-verbal de
l'état de Téglise de Langon fut dressé le 27 août 1653.
On y relata deux pierres tombales armoriées dans
le chanceau de Téglise, d'autres tombes dans les
chapelles contestées et plusieurs blasons dans les
vitres et sur les murailles. Mais tous les blasons
lisibles étaient récents, portant les armes de la
dame du Bot accolées à celles de son défunt mari,
c'est-à-dire : (Vargent à /a bande de sable chargée de
l. Archives d'Iile-et- Vilaine, E, f»" Collobel.
— 39 ~
trois molettes d'or, qui est Collobel, et : d argent à
la bécasse de gueules, qui est de Bégasson. Aussi
Françoise de Bégasson fut-elle en 1684 déboutée de
ses prétentions honorifiques en Téglise de Langon
et condamnée « à démolir les écussons et les trois
bancs à queue qu'elle avoit placés au haut de Téglise,
notamment sous une voûlte du costé de l'évangile à
l'entrée de la chapelle de Roche*. »
Les seigneurs du Bot conservèrent toutefois un
banc dans l'église, conformément à l'autorisation
donnée en 1587, et un enfeu dans le chancoau, sous
la voîite de Roche.
D'après les aveux du xvi* siècle le domaine proche
du Bot se composait à cette époque du manoir de
ce nom et de sa retenue, d'une maison et d'une
vigne au bourg de Langon, d'un étang et d'un
bois qu'avait afféagés en 1570 l'abbé Scotti à Claude
Collobel, enfin des prairies de Villeneuve. Mais au
xviii* siècle à ce fonds primitif se trouvaient joints
les anciens manoirs de Roche et de Saint-Ganton,
dont il reste encore d'intéressants vestiges, les
maisons nobles de Quenairon et de la Monneraye,
les métairies du Bas-Bot, la Nouaye, la Bossuaye,
le Margat, Mériéneux, la Rousselaye, Bodiguel, la
Carrouaye, le Breil, le Boulay, la Thévinaye et la
Courvairie, les étangs de la Vallée-Renaud et de
Mériéneux, le moulin à vent de la Couarde, etc. -
Près du manoir du Bot s'élevait une chapelle.
En 1517 le vicaire général de Laurent Pucci, car-
dinal des Quatre-Couronnés et évêque de Vannes,
autorisa Guillaume Collobel, seigneur du Bot, et
Julien Collobel, son fils, à construire une chapelle
1. Archives d*Ille-et- Vilaine, 1 H 2, 101.
2. Déclarations de la seigneurie du Bot en 1675 et 1783.
— 40 —
non loin de leur demeure. Deux ans plus tard, le
représentant à Vannes de ce cardinal, Geoffroy Le
Borgne, évêque de Tibériade, vint au manoir d'Al-
lérac en Saint-Just chez la dame du lieu, Fran-
çoise du Vergier, veuve de Jean Gallery, seigneur
de Coëtbo, et belle-mère du seigneur du Bot. Le
31 août 1519, ce prélat se rendit d'Allérac au Bot et
consacra la nouvelle chapelle de ce manoir « en
rhonneur de Nostre-Dame, saint Christophe et saint
Etienne; » puis il accorda quarante jours d'indul-
gences à ceux qui la visiteraient dévotement et y
prieraient le jour anniversaire de sa dédicace*. Plu-
sieurs prêtres du pays, Pierre Trégus, Jean de
Roche, Robert Hurtel, Julien Gaudin, André Pavin,
Jean Riallan et Michel Chevrier assistèrent à la cé-
rémonie. Cette chapelle du Bot n'existe plus, mais
sa cloche est encore conservée au bourg de Langon.
La terre du Bot appartenait en 1828 à M. Burot
de Carcouët; c'est aujourd'hui la propriété de M. des
Moulins de Rochefort. L'ancien manoir subsiste en-
core avec sa tourelle octogone, mais c'est une con-
struction offrant peu d'intérêt; à côté se dresse tou-
jours la fuie seigneuriale. Au bout d'une longue
rabine on projeté de bâtir un château moderne dont
les premiers éléments apparaissent déjà. La beauté
de cette propriété du Bot consiste surtout dans
l'étendue de la terre, dans les grands bois et vastes
étangs qu'elle renferme.
L'abbé GUILLOTIN DE GORSON,
chan. bon.
1. Archiv. d'IUe-et-Vilaine, E, U* Collobel.
LE VIEUX RENNES
c Le vieux Rennes s'en va ! Encore quelque
temps, il n'en restera plus rien. »
(P. de la Bigne, Bulletin de la Société'
archéologique d' /Ile-et-Vilaine de 1867, tome VI,
p. 101.)
Que de souvenirs disparus depuis que ces lignes
ont été écrites! Que de vieilles maisons démolies!
Que de rues transformées, au profit de Thygiène
sans doute, mais aux dépens du pittoresque! Que
de nouveaux percés rendant méconnaissables les
anciens quartiers de la ville! Chaque jour emporte
un lambeau du Vieux Rennes, aussi est-il grand
temps de sauver de Toubli les rues et les monu-
ments disparus et de relever les rares vestiges qui
subsistent encore : c'est ce qui nous a décidé à
entreprendre ce travail.
Pour réaliser notre projet, nous nous sommes
efforcé de rassembler en un seul faisceau les docu-
ments parus jusqu'à présent sur le vieux Rennes
et disséminés ça et là dans les ouvrages et les re-
vues archéologiques; — nous y avons ajouté des
renseignements, inédits pour la plupart, puisés
dans les précieux dépôts de nos Archives départe-
mentales et municipales; — enfin, nous avons décrit
avec soin les monuments qui existent encore, et
tenté de superposer sur un plan la ville ancienne et
XXXIII 9
— 42 -
la ville moderne, pour faciliter Tétude historique de
chacune de nos rues. — Nous avons réuni, en un
mot, sur la vieille ville, le plus de documents qu'il
nous a été possible, considérant tous les détails
comme importants et ne voulant en négliger aucun.
Dans le plan joint à ce travail, les traits rouges
représentent la ville à la veille de linccndie de 1720;
c'est à peu de chose près la ville des xvi* et
xv!!** siècles. Les traits noirs figurent les rues et
les monuments postérieurs à Tincendie. Les juxta-
positions de traits rouges et noirs désignent les
rues et les monuments qui existaient déjà avant
1720 et qui subsistent encore aujourd'hui. Nous
prévenons toutefois que ce plan ne saurait être
rigoureusement exact, car il n'existe aucun relevé
absolument géométrique des quartiers disparus.
Le plan au trait noir est extrait de VAnnuaire
Officiel dllle-et' Vilaine; M. Fr. Simon a eu Tama-
bilité de le mettre gracieusement à notre disposi-
tion, et nous n'avons eu qu'à le faire agrandir à
une échelle convenable; qu'il veuille bien recevoir
ici l'expression de notre plus vive gratitude.
Ce plan étant à une échelle très réduite, il avait
fallu exagérer la largeur des rues pour pouvoir
inscrire leurs noms; il en résulte sur le nôtre une
légère déformation de certaines rues anciennes, à
laquelle nous n'avons pu remédier. La place nous
a manqué aussi pour écrire à Tencre rouge le nom
des rues anciennes, nous avons dû y suppléer par
des chiffres.
La lecture intégrale de ce travail serait, nous le
savons, singulièrement fastidieuse; nous n'avons
entendu faire ici qu'un ouvrage à consulter, trop
heureux si les amis du vieux Rennes peuvent y
- 43 -
trouver, sur tel ou tel point déterminé, un rensei-
gnement intéressant pour eux : c'est pourquoi nous
avons décrit la ville rue par rue, en suivant Tordre
alphabétique.
Loin de nous la pensée d'avoir fait une étude
complète, nous en sentons mieux que personne les
lacunes, elle contient probablement aussi des er-
reurs; ceux qui pourront trouver quelque intérêt à
la lecture de ces notes voudront bien, nous Tespé-
rons, nous aider à les compléter : nous leur adres-
sons un pressant appel, en leur promettant que
toute communication de leur part sera accueillie
avec reconnaissance.
Les principaux ouvrages et documents consultés
par nous sont les suivants :
Archives départementales : Fonds des couvents d'hommes et
de femmes, — de l'Evêché, — du (Chapitre, — des Eglises pa-
roissiales, — de l'Intendance, — des Etats de Bretagne (et
principalement pour ce dernier fonds : les Reformations du
domaine de Rennes de 1455 (copie) et de 1G46. C, 3340 et 3341,
et le procès-verbal de l'incendie de 1720. C, 3328 et 3329).
— r*lans anciens. — Cartons de M. Paul de la Rigne.
Archives municipales et Comptes des Miseurs de Rennes. —
Cartiilaire de l'abbaye de Saint- Melaine, — Description de la
Bretagne^ par le président de Robien, — Recueil historique
sur la cille de Rennes, par Gilles de I^anguedoc (1724 . (Ces
trois derniers ouvrages sont manuscrits et conservés à la Bi-
bliothèque de Rennes.) — Plans anciens déposés à la Biblio-
thèque de Rennes.
Pouillé historique de l'archevêché de Rennes^ par le cha-
noine Guillotin de Corson (1880-1886|.
Bulletins et Mémoires de la Société archéologique d'Ille^et-^
Vilaine.
Histoire de Bretagne, par A. de la Borderie.
— 44 —
Les Rues de Rennes et Rennes Illustré, par L. Decombe.
Histoire de Rennes, par Marteville.
Histoire archéologique de l'époque gallo-romaine de la cille
de Rennes, par Toulmouche (1846).
Souvenirs de Rennes et Album breton, par Ducrest de Vil-
leneuve (1842).
Essai topographique, historique et statistique sur la caille de
Rennes, par labbé Manet (1838).
Résumé du cours d'Archéologie professé au Séminaire de
Rennes, par 1 abbé Brune (1846).
Terrier de la partie incendiée de la saille de Rennes (1739).
Cartulaire de l'abbaye de Saint-Georges , par P. de la
Bigne(1876).
Catalogue du Musée Archéologique de Rennes (1876).
Itinéraire de Bretagne, par Dubuisson-Aubenay (1636). (Ar-
chives de Bretagne, tome IX.)
Jean du Clos-Bossart, par le comte de Palys (1888).
L'hôpital Saint- Yi^es de Rennes, par le comte de Bellevûe
(1895).
Hippolyte Vatar, par A. de la Borderie (1894).
L'art architectural en France, de François /•'' à Louis X VI,
par Rouyer et Darcel (Noblet et Baudry, 1863).
Une famille de monnoyeurs à Rennes, par Ed. Aubrée (1903).
Le Palais de Justice de Rennes, par H. Bourdonnay (1902).
Le duc d'Aiguillon et La Chalotais, par B. Pocquet (1900-
1901).
Les Origines de^la Rés>olution en Bretagne, par B. Pocquet
(1885;.
Nous croyons utile enfin d'indiquer, d'après Tobli-
geante communication de M. L. Decombe*, les dif-
férents plans de Rennes, sur lesquels on peut suivre
les transformations successives de la ville :
1. Nous acquittons ici une véritable dette de reconnaissance en remer-
ciant M. Decombe des conseils et des renseignements nombreux qu'il a
bien voulu nous donner et qui ont grandement facilité notre tâcbe.
— 45 —
Plan ou vue cavalière de d'Argentré (1616), gravé par Glosche.
Il figure dans la troisième édition de Y Histoire de Bretagne,
de Bertrand d'Argentré. Ce plan a été reproduit dans les Sou-
ifenirs de Rennes, par Ducrest de Villeneuve, — dans VHis--
toire de Rennes, par Ducrest de Villeneuve et Maillet, — et
dans la Notice historique sur le Petit Saint-Méen, par Le
Menant des Chesnais. — On en conserve un exemplaire au
Musée archéologique.
Plan de 1638, formant la dixième planche des Plans et pro~
filz des principales Mies de la province de Bretaigne. Ces
cartons font partie d'un atlas intitulé : Les plans et profils de
toutes les principales i^illes et lieu. r considérables de France,
par Tassin.
Vue cavalière de 1644.
Autre vue cavalière analogue et contemporaine.
Plan de Hévin, de 1685 environ, reproduit dans Y Histoire de
Rennes, de Ducrest de Villeneuve et Maillet.
Plan de la partie de la ville de Rennes incendiée en 1720.
(Bibliothèque de Rennes.)
Plan de l'incendie de la ville de Rennes, par Robelin (1722),
manuscrit, appartenant à M. Paul Vatar.
Plan de 1726, levé par Forestier et gravé par Robinet.
Plan levé en 1764 par Forestier et gravé par Ollivault vers
1775; il est dédié à l'intendant Gaze de la Bove. Ce plan a été
retouché vers 1804 et après 1806.
Plan cadastral de 1809.
Plan de la Bourdonnay (1813). C'est une réduction de celui
de 1775.
Plan manuscrit de Lalanne (1822).
Plan de 1829, par Landais.
Plans de Lorgeril (1829 et 1830), par Périaux.
Plan de 1838, par Landais et Marteville; il se trouve dans
Y Essai topographique sur la i^ille de Rennes, par l'abbé Manet.
Plan cadastral de 1840.
Plan de 1842, par Landais; on le trouve dans les Sous>enirs
de Rennes, par Ducrest de Villeneuve.
Plan de 1846, par A. Toulmouche; il est joint à Y Histoire
. - /i6 —
archéologique de C époque gallo-romaine de la ville de Rennes,
par le même.
Plans de 1840 à 1852, par I.andais et Oberihûr.
Plan de 1854, par Gaboriaud.
Plan de 1854, par Oberiliftr, fait pour la Compagnie des
Chemins de fer de l'Ouest.
Plans tout modernes et non datés, publiés par les maisons
Dubois et Simon.
Avant de commencer la description de nos rues,
il nous a semblé nécessaire de donner, dans un
préambule, une idée générale de Rennes aux diffé-
rentes époques de son histoire.
PRÉAMBULE
I. Rennes à Pépoque gauloise.
Avant rentrée des armées romaines en Gaule,
Rennes, capitale des Reclones, était appelée Condate
(confluent), à cause de sa position au confluent de
rille et de la Vilaine; Jules César la mentionne au
nombre des cités armoricaines L Elle ne semble pas
avoir été alors un centre très important; il n'existait
guère, du reste, en Gaule à cette époque que de
simples villages.
On a trouvé jusqu'ici fort peu d'objets antérieurs
à la domination romaine; on signale seulement
quelques monnaies gauloises et une petite hache
en bronze extraite du lit de la Vilaine, — deux
1. Description de la Bretagne, par le Président de Robien, p. 33.
Biblioth. Municipale, man. — Histoire de Bretagne, par d'Argentré, p. 27,
— Histoire de Bretagne y par A. de la Borderit*, I, 13ii
— 47 -
haches et deux lames d'épées en bronze, du type
Morgien, provenant des fondations du n** 20 du
quai Duguay-Trouin et déposées au Musée archéo-
logique, — et enfin une dizaine d'autres objets
gaulois '.
II. Rennes à l'époque gallo-romaine.
(Civitas Redonum.)^
L'époque gallo-romaine, au contraire, a laissé
des traces nombreuses prouvant que Rennes était
devenue une ville relativement considérable. On n'y
a pas rencontré, il est vrai, de grands édifices
publics (temples, bains, théâtres, etc...)? mais on a
constaté Texistencc d'une enceinte fortifiée, — de
plusieurs conduites d'eau, — d'un cimetière près
du bâtiment des Archives départementales (place
Saint-Melaine); — on a recueilli des pierres mil-
liaires (n^** 7 à 11 , rue Rallier du Baty) , — des
autels votifs (place Saint-Michel), — des inscrip-
tions, — des débris de toutes sortes, — et près de
cinquante mille pièces de monnaie dans la Vilaine
(quai Chateaubriand) et sur l'emplacement du bâti-
ment des Archives départementales. — En outre,
la découverte en 1774, près de Tllôtel d'Artillerie,
d'une superbe patère d'or dédiée à Bacchus et de
plusieurs autres objets en or, fait sup[)oser qu'il
existait près de là un temple de Bacçlnis. (Voir
n** 17, rue de Dames.) — Enlin de nombreuses
voies romaines aboutissaient à la ville : la Table
Théodosienne cite celles d'Angers, de Corseul et
1. Bulletin de la Société archëol. d' Il le-et- Vilaine, XVI, !'• partie,
p. XXXVI, 64 et 65. L. Decombe, Planches.
"Z. Histoire de Bretagne, par A. de la Borderie, I, 1*33.
— 48 —
d'Avranches; rZ/ineraiVe d'Antonin mentionne celle
de Valognes, et on peut y ajouter au moins celles
de Carhaix et de Vannes «, et aussi celles de
Nantes et du Mans.
La ville gallo-romaine, sans être une ville de
premier ordre, avait donc déjà une certaine impor-
tance.
Muraille d'enceinte gallo-romaine (V« enceinte^).
Appareil. — La muraille d'enceinte se composait
à sa base d'une maçonnerie confuse de blocs de
schiste gris non appareillés et reliés entre eux par
un mortier jaune très dur, mêlé de graviers; — au-
dessus se trouvaient des pierres de granit juxtapo-
sées, accompagnées parfois de débris de monuments
et de fûts de colonnes, comme dans toutes les en-
ceintes de cette époque; — un massif de grandes
briques noyées dans un ciment rouge surmontait
cette assise de granit; — enfin, la partie supérieure
du mur était formée par des lignes de pierres cu-
biques constituant le petit appareil régulier et sé-
parées, de trois rangs en trois rangs, par trois
rangées parallèles de briques.
Les assises inférieures de schiste et de granit
s'élevaient parallèlement au sol et en suivaient les
différentes inclinaisons; le massif de briques, au
contraire, augmentait ou diminuait de hauteur sui-
vant les mouvements du terrain, il dépassait parfois
deux mètres et préparait ainsi un lit horizontal aux
assises de petit appareil. Il semble, d'après les por-
1. Histoire de Bretagne y par A. de la Borderie, I. p. 147, 148.
2. Ihid., 134.
— 49 —
tions de murailles qui ont pu être étudiées, que la
hauteur du mur variait entre onze et quatorze
mètres, ce qui est la hauteur moyenne des enceintes
gallo-romaines '.
C'est, sans doute, la grande quantité de briques
employées dans la construction de la muraille, qui
a valu à Rennes au moyen-âge le surnom de Civitas
rubra (ville rouge) '^.
Périmètre, — Le mur d'enceinte, en prenant pour
point de départ la place de la Mission, coupait
d'abord obliquement cette place du Sud-Est au
Nord-Ouest en passant derrière la croix, puis lon-
geait les cours des maisons Est de la rue Nantaise,
gagnait la Porte Mordelaise, suivait le côté Sud de
la place des Lices et rejoignait le Bazar Parisien et
rhôtel de la Rivière (n*** 5 et 7, rue Rallier du Baty).
Tournant alors vers le Sud, il suivait la ligne des
maisons Est de la rue Châteaurenault, passait sous
le Présidial (aile Nord de THôtel de Ville), longeait
la rue de l'Horloge et le côté Ouest de la rue de
Rohan, puis, se dirigeant vers l'Ouest, il gagnait le
quai Duguay-Trouin entre la rue de Rohan et l'es-
calier du Carthage, et passait sous les maisons du
quai jusqu'à la place de la Mission.
On rencontre en différents endroits, non plus le
mur gallo-romain complet, mais celui du moyen-
âge, reconstruit sur ses fondations; nous citerons
les cours des n*' iO, 16 et 18 de la rue Nantaise, —
celle du n*' 5 de la rue Rallier du Baty, et les n" 4
et 6 de cette rue, — et sur le quai Duguay-Trouin,
1. Hippolyte Vatar, par A. de la Borderie, p. 69.
2. Histoire de Rennes, par Martoville, II, p. 33. — Histoire de lire-
tagne, par d'Ârgentré, p. 28. — Histoire de Bretagne, par A. de la Bor-
ne, I, 134.
— 50 —
Tescalier du Carthage, les n**' 14 et 18, la cour du
n** 28, et le jardin de Thôtcl do Goniac, à Textrémité
Ouest du quai.
L'enceinte gallo-romaine est datée par la décou-
verte de bornes milliaires faite à sa base, en 1890,
dans le sous-sol du Bazar Parisien (n** 7, rue Rallier
du Baty). Les plus récentes de ces bornes sont du
règne de Tetricus le père (268-273)*; or, on sait que
les barbares germains ont ravage la Gaule ix plu-
sieurs reprises de 268 à 278; c'est donc probable-
ment à cette époque que remonte le premier mur
d'enceinte de Rennes
Portes. — La muraille était vraisemblablement
percée de quatre portes, comme dans toutes les
villes gallo-romaines : la porte Mordelaise^ condui-
sant à Vannes, Carhaix et Corseul, — la po?'/e Chas-
telière (n'' 5, rue Rallier du Baty), conduisant à Va-
lognes et à Avranches, — la porte Baitdrière ou
Baudraère (vers TEst de la rue Beaumanoir), menant
à Lisieux, Le Mans et Angers, — et la porte Aivière^
porta aquaria (au Sud de la rue le Bouteiller), con-
duisant à Nantes'. Notons toutefois que les docu-
ments anciens ne mentionnent que la deuxième et
la ({uatrième.
L'enceinte était à peu près carrée et comprenait
environ 9 hectares s, mais ce n'était là que la ville
fortifiée, Voppidum; ses faubourgs et ses villse s'éten-
daient, comme dans les autres cités, en dehors des
fortifications et principalement du côté de la Barre
1. Bulletin de la Société archéologique d'Illeet-Vilaine, t. XX, 2« par-
tie, p. 85. L. Decombe.
2. Fouillé historique de l'archevêché de Rennes, par le chanoine
Guillotin de Cor^on, t. V, p. r>59.
3. Histoire de Bretagne, par A. de la lV)rderie, 1. lî^3.
— 51 —
Saint-Just (extrémité de la rue de Fougères), dans
le quartier du Pont Saint-Martin et sur les coteaux
de rille.
La ville entourait alors, on le voit, la cathédrale
actuelle. Il convient toutefois de mentionner, pour
mémoire, Topinion contraire du président de Ro-
bien *, qui la plaçait plus au Nord, sur le coteau de
la rive gauche de Tille. Il se basait sur les traces
d'un mur gallo-romain, découvert par lui et cons-
truit en pierres et en briques à rebords 2. Ce mur,
relevé dans la rue de Juillet, décrivait de nombreux
zigzags, passait dans la rue d'Echange entre l'Hô-
pital militaire et Téglise du vieux Saint-Etienne,
puis à rOuest de Tlnstitution Saint-Martin (n® 31,
rue d'Antrain), à TOuest et au Nord de l'ancienne
église Saint-Martin (n"* 4, rue Saint-Martin), et dis-
paraissait près du moulin du même nom^. Il est
reconnu aujourd'hui que cette muraille ne pouvait
être un mur d'enceinte et on est porté à y voir la
base d'un aqueduc; M. Ramé y a même observé par
endroit les vestiges d'un canal intérieur en briques
et en ciment rose^
III. Rennes du V« au XV« slôcle.
On ne sait pas au juste à quelle époque la ville
de Rennes fut évangélisée. Une tradition basée
sur un ancien manuscrit des archives de la cathé-
drale donne une liste ininterrompue des premiers
1. Description de la Bretagne, p. 11. Bibliolh. munie. Ms.
2. Histoire de Rennes, par Marteville, II, 9.
3. Plan de Rennes de 1775. ^
4. Procès-verbaux de la Société archéologique d'Ule-et-Vilaine. de 184^
à 1858, p. 168,
— 52 —
évêques, qui commence par saint Maximin, contem-
porain de J. C; cette tradition toutefois n'est ap-
puyée sur aucune preuve historique et ne peut
guère être admise. Le premier évêque connu d'une
façon certaine est Athénius ou Arthemius , qui
assista en 461 au concile de Tours, ou peut-être
Febediolus, qui aurait souscrit par procureur à
celui de Fréjus vers 439; mais il est possible qu'il y
ait eu auparavant des évêques à Rennes, il se peut
même que la religion chrétienne ait été prêchée
dans la ville dès le i" siècle, sans qu'il en soit ré-
sulté la création d'un siège épiscopal durable'.
Depuis la fin du v" siècle jusqu'au milieu du
ix", le pays de Rennes a constitué une marche
sous la domination des rois franks ; la ville
ne devint définitivement bretonne qu'à cette der-
nière époque. Nominoë, après s'en être emparé
en 850, pratiqua de grandes brèches en plusieurs
endroits de ses murs pour empêcher les Franks de
s'y fortifier de nouveau. Les Bretons, affermis peu
après dans la possession de la ville, réparèrent ces
brèches d'après le système romain mais avec une
perfection beaucoup moins grande : leurs restau-
rations ont été retrouvées dans le sous-sol du
Bazar Parisien et près de Toscalier du Carthage;
on voyait en ce dernier endroit lappareil en arêtes
de poisson -.
La muraille, ainsi reprise au ix' siècle. Ta encore
été, et d'une façon beaucoup plus complète, au
xii% toujours sur les mêmes bases gallo-romaines.
Portes, — L'enceinte était au xii* siècle percée de
1. Ponillé de Rennes, chanoine GuiUotin de Corson. I, 27 et s., 41. 40.
2. Histoire de Bretagne, par A. de la Burderie, I. lîH. — Hippolyte
Vatar, par le môme, p. 07.
— 53 -
cinq portes : la porte Mordelaise (devant la Cathé-
drale), — la porte Chastelière (n* 5, rue Rallier du
Baty), — la porte Jacquet, au Nord de la rue Château-
renault, — la porte Baudrière, appelée aussi Grande
Porte ou porte du Marché (à TEst de la rue Beau ma-
noir), — et la porte Aivière (au Sud de la rue le
Bouteiller)*.
Une poterne existait, en outre, sur remplacement
du n** 6 du quai Duguay-Trouin, et une autre aux
environs du n** 28 2; c'est par cette dernière, croit-on,
que le capitaine de Rennes, Guillaume de Penhoët,
fit entrer dans la ville, pendant le siège de 1356, en
tirant les oreilles d'une truie, un troupeau de
4,000 porcs que les Anglais faisaient paître dans
le Pré-Raoul. M. de la Borderie pensait toutefois
que cette poterne était celle de la porte Morde-
laise ^.
Tours. — On rencontrait sur cette enceinte la tour
du Fourgon ou Saint-Denis, à l'extrémité Ouest du
quai Duguay-Trouin, — la tour du Chesne (cour du
n** 10, rue Nantaise), — celles de la porte Mordelaise,
— la tour Saint'Moran ou Saint-Modéran, sur la
place de la Trinité, — le Château ou tour de Rennes,
construit sur une motte (n^* 5, rue Rallier du Baty),
— les tours de la porte Chastelière (même rue), —
la tour Saint-James, qui protégeait la porte Jacquet
— une tour qui défendait la porte Baudrière, — une
autre près de la rivière, près de l'angle Nord-Ouest
du pont de Nemours, séparée du rempart par le
1. Fouillé de Rennes, par le chan. Guillotin de Gorson, V, 559.
2. Itinéraire de Bretagne, par Dubui88on-A.ubenay ; Archives de
Brçtagne. IX. 11.
3. Histoire de Bretagne, par A. de la Borderie, III, 552, 553. — His-
toire de Rennes, par Marteville, II, 175.
— 54 -
fossé \ — et sans doute aussi les tours de la porte
A ivière.
Tel était Tenceinte de la ville lors du siège de
1356, soutenu victorieusement contre les Anglais
par Bertrand du (xuesclin, le Boiteux de Penhoët et
Bertrand de Saint-Gilles.
Rues. — Si Ton observe le plan de Rennes de
Hévin (vers 1685) sur lequel sont tracées les trois
enceintes successives de la ville, on voit que la
première renfermait un nombre très limité de rues,
dont les principales sont :
1» Une suite de rues formant une sorte d'ovale à
l'intérieur des murs et concentriquement à eux :
plRcis Conan et place Saint-Pierre (voir rue de la
Monnaie), rue de la Cordonnerie (rue de la Monnaie),
rue de la Ferronnerie (entre les rues de Toulouse
et du Guesclin, petit Bout de Cohue (à TOuest de la
rue Châteaurenault), rue Tristin (entre les rues de
THorloge et de Montfort), place du Calvaire, rué
Saint-Yves et rue des Dames;
2** Deux lignes de rues dirigées de TEst à l'Ouest :
rues du Chapitre et du Griffon, d'une part, — rue
Saint'Sauveur, d'autre part ;
3" Deux autres lignes dirigées du Nord au Sud :
rues Saint-Guillaume^ de la Psalette, des Lauriers et
le Bouteillery d'une part, — de l'autre, petite rue
Saint-Michel (un peu à l'Ouest de la rue Rallier du
Baty), Grand Bout de Cohue (rue de Clisson et place
Saint-Sauveur), et rue de la Miterie (à l'Ouest de la
rue de Montfort).
Comme on le voit, la plupart de ces rues existent
1. Histoire de Rennes, par Marteville, II, 178. — Histoire de Vépoque
gallo-romaine de Rennes, par Toulmouche, p. 203 et 215.
— 55 —
encore. Ce quartier a été appelé la Cité ou ancienne
ville. C'est de la ville ainsi murée que Tévêque de
Rennes, Marbode (fin du xi® siècle), a fait un tableau
peu flatteur qui commence par les vers suivants :
Urbs Redonis spoliata bonis, viduata colonis,
Plena dolis, odiosa polis, sine lumine solis.
In tenebf^is vacat illecebyns, gaudetque latebris *.
Fossés à Gahier. — Le duc Pierre de Dreux fit
creuser en 1237, en avant de Tenceinte, une ligne
extérieure de défense formée de douves et de talus;
cette ligne partait du Pré-Raoul (voir quai dllle-et-
Rance), passait près de la Barre Saint-Just (rue
de Fougères), coupait la rue Hux (n*** 2 et 4, rue
de Paris), enveloppait l'abbaye de Saint-Georges,
longeait le Champ de Mars (voir boulevard de la
Liberté), le Puits-Mauger (n** 6, rue de Nantes), le
côté Ouest de la rue Chicogné, et aboutissait au.
Gué de Torcoul, au Sud du Mail (voir quai de la
Prévalaye). On la trouve aussi signalée à l'en-
trée de la rue d'Antrain, dans la rue Brizeux
et près de Montabisé (voir faubourg d'Antrain),
ce qui ferait croire qu'il y avait de ce côté plu-
sieurs lignes de douves. Ces fossés, encore appa-
rents à la fin flu XV' siècle, furent comblés après la
construction de la troisième enceinte -.
Marteville met en doute l'existence des fossés Ga-
hier, signalés par Ogée; plus heureux que lui, nous
avons trouvé de nombreux documents qui les men-
tionnent de la façon la plus précise.
1. Histoire de Rennes, par Marteville, I, '^2.
2. Histoire de Rennes, par Marteville, I, 90, 91. — Souvenirs de
Rennes, par Ducrest de Villeneuve, p. 9. — Cartulaire de Saint-Georges,
— 56 —
IV. Rennes au commencement du XV« siècle.
(2>"« enceinte.)
Une deuxième enceinte fut commencée en 1422,
sous le règne du duc Jean V, à cause de Témigra-
tion normande qui suivit la bataille d'Azincourt, et
terminée en 1448 seulement, sous le duc François !•'*.
Elle empruntait à la première ses faces Ouest et
Nord, qui subirent seulement d'importantes restau-
rations, puis elle agrandissait considérablement la
ville vers l'Est et s'étendait du côté Sud, à trente-
cinq mètres environ en avant de la première -.
Périmètre. — Se séparant de Tancienne enceinte
vers le n** 3 de l'impasse Rallier du Baty, elle tra-
versait la rue Leperdit, passait au Nord de la place
du Champ-Jacquet, gagnait le Sud de la rue Pont-
aux-Foulons et longeait la rue de Bertrand; elle
s'étendait ensuite au Sud de la rue des P'ossés,
entourait l'abbaye de Saint-Georges en laissant en
dehors la promenade de la Motte, puis rejoignait
la Vilaine par la rue des Francs-Bourgeois, suivait
les sinuosités de la rivière et passait à trente-cinq
mètres environ au Sud de la première enceinte, pour
se relier à elle un peu en avant de la tour du Four-
gon.
Tours et portes. — La partie nouvelle de l'enceinte
comprenait la porte aux Foulons (au Sud de la rue
par M. de la Bigne (1261-1271), p. 240. — Arch. dép., deuxième carton de
M. de la Bigne.
1. Fouillé de Rennes, par l'abbé Guillotin de Corson, V. 559. — Sou-
venirs de Rennes, par Ducrest de Villeneuve, p. 9. — Histoire de
Rennes, par Marteville, I, 126. — Recueil historique sur la ville de
Rennes, par Gilles de Languedoc, p. 19. Bibl. de Rennes; ms.
2. Histoire de Rennes, par Marteville, II, 177. — Plan de Rennes
de 1685.
— 57 —
de la Motte-Fablel), la tour Le Bât (au Sud du n** 20
de la rue des Fossés), la porte Saint-Georges avec
ses deux tours (au Nord de la rue Gambetta), la
tour Neuve, la tour des Nonnes, tour Madame ou
tour du Milieu, et la tour de la Harpe (à l'Est et au
Sud de Tabbaye de Saint-Georges), la porte Saint-
Germain avec ses deux tours (au Sud de la place de
ce nom), une tour au Nord du pont de Berlin, une
autre au Nord de la rue de Nemours, et enfin la
porte de Vilaine, protégée par la tour de Vilaine
ou d'Apigné (devant le n" 8 du quai Duguay-
Trouin).
On perça dans cette enceinte, au xvu" siècle, à la
hauteur des n**" 5 et 14 de la rue Hoche, la poterne
Saint-François, qui ne tarda pas à être transformée
en porte.
Les portes Jacquet, Baudrière et Aivière, ainsi
que les deux poternes du quai Duguay-Trouin, se
trouvèrent désormais enfermées dans l'intérieur de
la nouvelle enceinte et furent peu après abandon-
nées.
Les traces de cette enceinte se voient dans les
cours des n*** 10, 16, 18 et 22 de la rue Nantaise, —
dans la cour du n** 1 de la place du Bas-des-Lices, —
dans les caves ou les cours des n**' 5, 7, 9, 12 et 10, et
à l'angle Nord-Ouest du n" 14 de la rue de la Porte-
Mordelaise (ces huit derniers numéros renferment
une partie de la défense extérieure ou boulevard
de la Porte-Mordelaise), — à la Porte-Mordelaise,
— dans le jardin du n** 5 de la rue de Juillet, — aux
n*' 5, 4, 6 et 18 de la rue Rallier du Baty, — dans
la rue Leperdit (cour en contrebas des n*' 4 et 6 qui
faisaient partie de l'ancien fossé), — derrière les
maisons Nord du Champ-Jacquet, — au Sud des
XXXIII 10
— 58 —
n"' 12 à 18 de la rue de Bertrand, — et au côté Est
de la cour de la caserne Saint-Georges.
Rues. — Les principales artères de la deuxième
enceinte étaient :
1*" Le Champ'J acquêt y la rue de la Filanderie (entre
les rues d'Estrées et Châteaurenault), la rue Neuve
(sous THôtel de Ville actuel), la rue de la Poisson-
nerie ou de la Ilaute-Parcheminerie (rue de Rohan);
2*" La rue aux Foulons (rue Le Bastard), la rue de
la Charbonnerie (côté Ouest de la place du Palais),
la rue de la Cine ou de la Cygne (qui traversait dia-
gonalement la rue de Bourbon) ;
3*" La place Saint-Georges et la rue des Violiers
(rue Gambetta) ;
4*" La rue du Puits-du-Mesnil ou de la Draperie
(de la rue de THermine à Tangle Nord-Ouest de la
place du Palais);
5° La rue de la Haute-Baudrairie (entre la rue de
Volvire et le quai Lamartine), la rue de la Basse-
Baudrairie, le vau et la place Saint-Germain, les
rues de Corbin et des Francs-Bourgeois ;
6** La rue d'Orléans, la rue de la Fannerie (qui tra-
versait le Théâtre du Sud-Ouest au Nord-Est) et la
rue Saint-Georges.
Le quartier de la ville ainsi enclos reçut le nom
de Ville-Neuve*.
1. Bulletin de la Société archéologique d'Ille-et-Vil., VI. 120.
— 59 —
V. Rennes pendant la deuxième moitié du XV« siècle.
(3me enceinte.)
Une troisième enceinte fut commencée en 1449
par le duc François I" * ; elle était rendue nécessaire
par l'accroissement de la population, dû principale-
ment encore à l'arrivée de nombreux artisans nor-
mands*. Cette enceinte engloba les quartiers situés
au Sud de la Vilaine, qui furent appelés Nouvelle
Ville^. On y travailla lentement, parce que l'argent
manquait et que des talus palissades, probablement
les Fossés à Gahier, mettaient déjà ces quartiers à
Tabri d'un coup de main ^
Périmètre. — L'enceinte commençait à la tour de
la Harpe (angle des rues Gambetta et Kléber),
traversait la Vilaine aux Arches Saint-Georges (pont
Saint-Georges), longeait l'avenue de la Gare jus-
qu au boulevard de la Liberté, puis elle suivait tout
ce boulevard et le côté Est de la place de Bretagne,
et repassait la rivière aux Arches de Vilaine ou
Arches Saint-Yves (en amont du pont de La Tour-
d'Auvergne), pour rejoindre la tour du Fourgon.
Portes et tours. — On y voyait la Tour de la La-
vanderie, des Arches ou de Luxembourg (au Sud-
Est du pont Saint-Georges), la tour du Magasin
(sous le Bureau du Recrutement), la porte de Ville-
blanche ou porte Blanche avec ses deux tours (à TEst
de la rue Saint-Thomas), la tour Meslin ou Huguet
(devant le n* 9 du boulevard de la Liberté), la tour
1. Fouillé de Rennes, par le chan. Guillotin de Corson, V, 559.
2. Histoire de Rennes, par Marteville, II, 179.
3. Ibid.
4. Ibid., I, 132, et II, 184.
— (50 —
au lief^lon ou Notre-Dame ou des Carmes (devant lo
n** 12 du même boulevard), la porte de Toussaints,
flanquée de deux tours (au Sud do la place de la
Halle-aux-Blés), la tour de VEscrime (à l'angle Nord-
Ouest du boulevard de la Liberté), la porte du
Champ-Dolent avec une tour (à TOuest de la rue du
Parc-Poulain), et la tour Saint-Yves, dans un ilôt
sur la Vilaine (vers Tangle Nord-Est de la place de
Bretagne).
Une porte fut percée vers 1738 à TEst de la rue
des Francs-Bourgeois*.
Après la construction de la troisième enceinte,
les portes Saint-Germain et de Vilaine, ainsi que les
tours bordant la rivière, furent abandonnées comme
défenses.
La seule trace qui subsiste de cette enceinte con-
siste en un jambage de la porte du boulevard de
Toussaints, dans la rue Gerbier; on peut voir aussi
quelques vestiges des anciennes douves aux n®" 33
à 39 du boulevard de la Liberté.
Rues. — Les principales voies de la Nouvelle
Ville étaient les suivantes :
1** Les rues du Champ-Dolent, de la Basse-Parche-
minerie, Vasselot et Saint-Thomas ;
V La rue du Pré-Botté;
3® La rue de Toussaints (rue Jules-Simon, place
de la HalIe-aux-Blés et partie Sud de la rue de Ne-
mours) ;
4° La rue Chalande (rue Chalais);
5^ La rue Saint-Germain (rue du Lycée).
Les ponts qui réunissaient les deux rives de la
Vilaine étaient au nombre de deux : le pont de la
1. Arch. dép., Saint-Georges. iH).
— ()1 —
Poissonnerie (au Nord do la rue dArgeiitrc), et le
pont Saint'Germnin (au Sud de la place Saint-
Germain) ; au commencement du xYii** siècle, on en
construisit un troisième qui fut appelé le Pont-Neuf
(place de la République).
Le duc François II projeta en 1486 d'élever une
quatrième enceinte qui aurait englobé les moulins
de Saint-Martin, la Barre Saint-Just (à l'extrémité
de la rue de Fougères) et Tabbaye de Saint-Melaine,
mais ce projet ne fut pas exécuté'.
La ville de Rennes présentait à la fin du xv* siècle
à peu près le même aspect qu'à la veille du grand
incendie de 1720 : voici ce qu'en disait, dans la
deuxième moitié du xvi'' siècle, le célèbre historien
breton Bertrand d'Argentré : « Cette ville est la
« plus grande d'estendue et habitation que nulle
« autre de Bretagne, contenant de circuit par sus
« ses murs 3,450 marches contenant chacune 2 pieds
« et demy... Cette ville est de tous hommes de
« guerre jugée forte, et en très bonne assiette, pour
« estre bien deffendûe, ayant fortes murailles, ram-
« parts et grosses tours, avec les fossez grands et
« profonds, en sorte que pour le regard d'iceux, il
« y a peu de villes en France qui la secondent-. »
D'Argentré vantait l'étendue et la force défensive
de la ville, mais il restait muet sur son esthétique :
nous verrons dans un instant que son silence sur
ce point était justifié.
1. Recueil historique sur la Ville de Rennes, par Gilles de Langue-
doc, p. 21, ms., Bibl. de Rennes. — Description de la Bretagne, par le
Président de Robien, p. 77, ms., Bibl. de Rennes. — Arch. dép., Inten-
dance, C,.288. — Histoire de Rennes, par Marteville, I, 143, et II, 188. —
Arch. mun.. Comptes des Miseurs de lôCKi, f* 1, v».
'Z. flistoire de Hretagne, par d'.ArKentré, p. 28.
1
— 62 -
VI. Rennes à l'époque moderne.
Les fortifications furent réparées et modernisées
pendant les guerres de la Ligue *, mais Henri IV
les fit démanteler en partie en 1602, et dès lors les
particuliers ne tardèrent pas à envahir les murs
pour y construire des maisons et agrandir leurs
enclos-; on y établit même des promenades pu-
bliques; enfin, le roi Louis XVI permit en 1783
d'abattre les tours ^, et aujourd'hui il ne reste à peu
près rien de Tenceinte qui avait fait pendant plu-
sieurs siècles Torgueil et la sécurité de la ville.
S'il est permis de regretter la disparition de ces
souvenirs pittoresques du passé, il faut reconnaître
néanmoins que les vieux murs étaient devenus un
véritable danger public, tant à cause de Tétat de
ruine où on les avait laissés tomber qu'à cause des
rendez-vous que s'y donnaient les gens sans aveu.
Nous mentionnerons plusieurs fois, au cours de ces
notes, les plaintes des habitants des maisons voi-
sines; pour le moment, nous nous contenterons de
citer la requête adressée à la Communauté de Ville
le 20 août 1781 par un sieur Loisel, qui habitait le
côté Est de la place de Bretagne actuelle. « Les
« murs de la ville, y lit-on, qui jadis destinés à sa
« sûreté en étoient aussi devenu l'agrément par les
« promenades commodes dont ils sembloient l'em-
« bellir, n'offrent plus depuis 30 ans que des regrets
« à ceux qui en ont joui ou des dangers aux citoyens
« qui voudroient encore le faire. Leur ruine, effet
1. Arch. mun., 186.
2. Histoire de Rennes, par Marte ville. II, 189.
3. Arch. mun.. 148.
— 63 —
« ordinaire de la vétusté et du défaut d'entretien, a
« encore été hâtée par une troupe de vagabonds et
« de malfaiteurs dont Timpunité sembla d'abord au-
« tariser la licence et les excès. Ce qui devoit ser-
« vir au délassement des honnestes gens étoit de-
« venu le théâtre de toute sorte de crimes et de
« prostitutions; on fut obligé pour en arrêter le
« cours de couper les communications, d'abattre des
« escaliers ou d'élever des murailles * »
Incendie de 1120, — Pendant la nuit du 21 au
22 décembre 1720 éclata dans la boutique d'un me-
nuisier ivre un incendie considérable qui dura sept
jours et détruisit 850 maisons du centre de la ville;
le feu prit dans la rue Tristin (cour du n* 3 de la
rue de l'Horloge) et consuma presque tout le quar-
tier compris entre la place du Calvaire et la rue de
la Monnaie à l'Ouest, — les rues du Champ-Jacquet,
Le Bastard et Nationale au Nord, — la place du Pa-
lais, les rues de Bourbon et d'Orléans à l'Est, — le
quai Lamartine, les rues de Rohan et Beaumanoir
au Sud. M. Decombe nous a fait remarquer que l'on
peut voir, du haut de la rue d'Orléans, les points
extrêmes de cet incendie : au Nord la rue Le Bas-
tard, à l'Est l'église Saint-Germain, au Sud le quai
Lamartine et à l'Ouest la place du Calvaire.
Pour empêcher la population d'émigrer, il fallut
permettre de construire sur les places publiques et
partout où on le put des baraquements provisoires
qui enlaidirent singulièrement les quartiers épar-
gnés : on eut beaucoup de peine à les faire démolir
dans la suite ^ et ils n'ont même pas encore com-
plètement disparu aujourd'hui.
1. Arch. mun., 144.
2. Arch. munie, 183 et 137.
- 64 —
Cependant, ce fléau, après avoir été un désastre
pour la ville, contribua grandement à lui donner le
bel aspect qu'elle présente aujourd'hui; elle n'était
avant Tincendie qu'un dédale de rues étroites et
tortueuses; voici le portrait un peu sévère, un peu
exagéré même, semble-t-il, mais assez exact cepen-
dant, qu'en faisait en 1636 Dubuisson-Aubenay dans
son Itinéraire de Bretagne^ : « La ville est peu belle.
«Le pavé est... fort petit et pointu; les rues
« estroites, les maisons s'eslargissent par le haut,
« en sorte qu'en beaucoup de lieux elles se touchent
« presque Tune l'autre, et à peine le jour entre-t-il
« dans les rues; car les seconds estages s'avancent
« en dehors sur les premiers, et les troisièmes
« sur les deuxièmes, et ainsy tousjours se vont
« estrecissant. Par dedans elles sont mal ordon-
« nées,... en la plupart des logis il faut passer
« à travers la sale ou cuisine pour aller à l'escurie
« ou estable,... les bestiaus passent par même pas-
ce sage que les hommes, et peu s'en faut qu'ils
« ne logent ensemble. Et comme les logis sont par-
ce tie de pierre ardoisine (schiste) et principalement
« de bois, les rats et les souris y sont en plus grand
« nombre que j'aye jamais veu en aucun autre lieu...
« Les puces et les punaises n'y manquent pas. »
Ogée, de son côté, nous dit que les rues « étaient
« fort étroites, et les maisons bâties en bois étaient
« si élevées que, les rayons du soleil ne pouvant
« pénétrer dans les rues, elles étaient toujours fort
« humides et très-sales-. »
Sur l'immense amas de décombres créé par Tin-
cendie, on put tracer un plan général de reconstruc-
1. Archives de Bretagne, IX, 20.
2. Histoire rie Rennes, par Marteville, I, 2n(L
— 65 —
tion, édifier les rues rectilignes cfui font aujour-
crhui rornement de Rennes et établir un système
d'égouts*. On put aussi imposer aux architectes
des conditions qui donnèrent aux quartiers nou-
veaux un heureux cachet d'uniformité; on exigea
que les maisons eussent au moins deux étages sur
les rues et trois sur les places, que les toits fussent
à la Mansard et les rez-de-chaussée à arcades de
granit : on voit encore derrière les boiseries de nos
magasins modernisés les arcades prescrites par ces
règlements-.
Le plan général de reconstruction a été dressé
par l'ingénieur Robelin et modifié par Gabriel en
1725; ce plan n embrassait pas seulement les quar-
tiers incendiés, il prévoyait aussi une modification
complète de la ville basse, qui devait devenir à peu
près ce qu'elle est aujourd'hui. La ville basse, c'est-
à-dire la partie au Sud de la Vilaine épargnée
par le feu, était dans un état encore plus déplorable
que la ville haute avant l'incendie ; ses rues, d'après
un Mémoire adressé en 1757 à la Communauté de
Ville par l'ingénieur Chotard de Grand- Maison,
étaient « sinueuses et très étroites, à peine deux
« voitures peuvent-elles passer de front dans les
« parties les plus larges, les détours continuels
« donnent lieu à des accidents presque journal-
« liers^. »
En oulre, la ville basse était resserrée entre
deux bras de la Vilaine (Fun remplacé par les
quais actuels et l'autre par le boulevard de la
1. A.rch. mun., *221. — Arch. dép., Intendance. 0, 283.
2. Arch. dép., Intendance, Monnaie de Rennes, C. 1859. — ffistçire de
Rennes, par Marteville, I, 251.
3. Arch. dép., Intendance, C. 251.
— 66 —
Liberté), et traversée par deux autres bras plus
petits : le ruisseau de Joculé (sur la rue de la
Chalotais), et le ruisseau de Brecé (sur la rue
Poulain du Parc); ces cours d'eau contribuaient
considérablement à rendre le quartier malsain. Un
rapport présenté le 15 août 1769 à la Communauté
de Ville * s'exprime ainsi : « La Vilaine n'étant pas
« assujettie par des bords sufTisamment élevés, se
« répand lors des moindres crues bien au-delà des
« bornes de son lit et inonde les rues, les passages
« publics, le rez-de-chaussée et les caves des
« maisons de la basse ville. Pendant les étés, les
« eaux de cette rivière, divisées en plusieurs
c( caneaux,... couvrent à peine un tiers de la super-
« ficie du lit ordinaire et de l'étendue des fossés;
« elles y croupissent avec les immondices dont
« elles sont chargées; ce limon liquide produit des
« vapeurs et des exhalaisons putrides qui infectent
« Tair que Ton respire dans la ville et aux environs,
« et causent de dangereuses et fréquentes maladies.
« Pendant cette saison et souvent dès la fin du
« printemps, il n'est plus possible d'introduire les
« bateaux chargés de différentes provisions dans
« l'intérieur de la ville; on est nécessité de les
« décharger dans les dehors. »
Les projets d'assainissement et d'embellissement
conçus par Robelin auraient dû, semble-t-il, être
favorablement accueillis par le public, mais ils
s'attaquaient à trop d'intérêts privés pour être
populaires; les propriétaires menacés dans leurs
terrains réclamèrent énergiquement, la Commu-
nauté de Ville se fit même l'écho de leurs plaintes,
1. Ârch. mun., 129.
— 67 —
et elle ne craignit pas de dire, dans un Mémoire
rédigé par elle en 1722, que « c'est tenter de forcer
« la nature par Tart que de vouloir mettre la basse
« ville à Tabri des incommodités auxquelles la
a situation de son terrain la rend sujette '. »
Toutes ces protestations, jointes sans doute aussi
au manque d'argent, expliquent pourquoi les trans-
formations qui s'imposaient se sont fait attendre
pendant plus d'un siècle : la ville basse ne s'est
assainie, en effet, qu'à la suite des grands travaux
faits vers le milieu du xix® siècle : percement des
quais (1841-1846), — comblement à la même époque
des ruisseaux de Brecé et de Joculé, — comblement
vers 1860 du bras de rivière qui servait de douves
aux murailles Sud, — tracés des rues nouvelles.
1. Ârcb. dép., Intendance, G, 286.
ALEX. — 68
Rue Alexandre-Duval (Canton S.-O.).
Cette rue porte le nom d'un auteur dramatique
rennais, qui fut membre de l'Académie et mourut
en i842. Sa partie Nord-Sud remplace l'ancienne
ruelle de Guines, qui conduisait à la ferme et à la
fontaine de Guinas. Sa partie Est-Ouest est un percé
nouveau qui reçut le nom de rue de Guines. Les
deux tronçons furent appelés rue de Guines en 1888 '
et rue Alexandre-Duval en 1891. La fontaine de
Guines, ainsi que l'emplacement de la maison de
ferme, fait actuellement partie de la caserne du
même nom ; la fontaine se trouve à 60 mètres envi-
ron au Sud de la rue; elle est citée dès 1482-.
Vers le milieu de la rue, du côté Est, s'élève une
petite construction dépendant de l'Arsenal et dépas-
sant l'alignement; elle formait l'ancienne limite Sud-
Ouest de l'enceinte de l'Arsenal ' ; ce pourrait être
un ancien regard construit au xviii" siècle près de
la fontaine.
Les eaux de la fontaine étaient conduites au bas-
sin de Chicogné au moyen de tuyaux. (Voir rue
Chicogné.)
Pendant les épidémies de peste qui désolèrent la
ville au xvi* et au xvii" siècles, on défendit aux ha-
bitants de se laver à cette fontaine pour éviter la
contagion; voici un extrait d'une de ces défenses
du 28 août 1564 : « Il y a plussieurs pestiférez et
« malades qui journellement se transportent à la
« fontaine de Guyne et se lavent de céan et baignent '
1. Les Rues de Rennes, par L. Decombe.
2. Arch. mun., Comptes des Miseurs de 1482, f* 14, r^.
8. Arch. dép.. Plan de Rennes. 18(i8.
— 69 — ALM. — \LP.
« chosse qui est grandement préjeudicciable à la
« République de cette ville... Il est ordonné et faict
« prohibicion et deffance à toutes personnes de ne
« soy laver ni baigner en ladite fontaine de Guyno,
« sur paine de ceulx qui seront trouvez estre pen-
ce dus et estranglez^ »
Près de là se trouvait une bFtrrière en 1486^.
Rue de l'Aima (Canton S.-R.).
Cette rue, ouverte en 1861, rappelle le souvenir
de la victoire remportée sur les Russes par Farmée
anglo-française en 1854^. Sa partie Sud est souvent
appelée encore aujourd'hui avenue de Beaumont,
parce qu'elle aboutit à Fancien manoir de Beaumont
(voir rue Oinguené). Elle remplace Tancien chemin
de Beaumont.
Rue Alphonse- Guérin (Canton N-E.l.
Cette rue porte le nom d'un célèbre médecin du
XIX* siècle; elle s'appelait, jusqu'en 1898, ruelle des
Bas-Chemins, Le terroir de ce nom est cité dès
1577*.
La maison des Bas-Chemins se voit à 150 mètres
environ de son extrémité Est, à Tangle d'un chemin
qui descend vers la Vilaine; elle est sans aucun in-
térêt.
1. Arch. mun., 825.
2. Arch. mun., Comptes des Miseurs de 1480, f* 65, r*.
3. Les Rues de Rennes, par L. Decombe.
4. Arch. dép., Saint-Georges, 141.
ANC. — 70 —
Rue Ange-Biaise (Canton S.-E.).
Cette rue nouvelle a reçu en 1888 le nom d'un
préfet dllle-et-Vilaine, de 1870 à 1871.
Ancien Manoir de VilleneuveK — L'ancien manoir
do Villeneuve, remplacé aujourd'hui par une simple
maison de campagne, se trouve à 100 mètres envi-
ron au Sud de la rue et au Nord-Est de la nouvelle
prison départementale.
La plupart des lieux appelés Villeneuve ou Bourg-
neuf ont une origine fort ancienne, souvent même
gallo-romaine, et avoisinent presque toujours une
voie romaine. On ne peut attribuer avec certitude à
ce manoir une antiquité aussi reculée, bien qu'il
soit à proximité de la voie romaine de Rennes à
Nantes, mais il existait tout au moins au xi" siècle^,
car il fut donné en 1040 à l'abbaye de Saint-Georges
sous le nom de Villa Nova'^.
Il devint plus tard un manoir et se composait au
commencement du xvi" siècle d'un corps de bâti-
ment avec porte ogivale et grandes fenêtres croi-
sées; son toit était coupé par des gerbières aiguës
ornées de choux frisés et d'écussons. Au-devant du
manoir s'étendait une cour avec un colombier, on y
entrait par une grande et large porte ogivale, flan-
quée à gauche d'un portillon également ogival;
devant la cour était une allée de chênes. On voyait
par derrière un jardin entouré de douves.
Villeneuve présentait encore le même aspect en
1. Bulletin de la Soc. archéol. d'Il.-et-Vil., XVIII, p. 83 et suiv., cha-
noine Guillotin de Corson. Croquis.
2. Fouillé de Rennes, par le ctianoine Guillotin de Corson, V, 595.
3. Cartulaire de Saint-Georges, par P. de la Bigne, p. 107.
— 71 — ANG.
1834, mais il ne reste plus aujourd'hui qu'une partie
des douves du jardin. Une construction nouvelle
a remplacé Tancien manoir.
Au commencement du xix® siècle, le château était
connu, on ne sait pourquoi, sous le nom de la Chan-
celleiHe.
Nous avons dit qu'après avoir appartenu à Tab-
baye de Saint-Georges, Villeneuve était passé entre
des mains laïques; il était au commencement du
XV* siècle aux Guéhéneuc, qui le vendirent en 1500
à Jeanne Bourgneuf, veuve de Jean Thierry de
la Prévalaye. Il passa ensuite par alliance aux
des Déserts, qui le possédaient en 1513 et en 1539,
puis aux d'Espinay au milieu du même siècle, puis
aux de la Lande de Téhillac. Vendu par ceux-ci
aux de Luxembourg en 1585, puis aux Monneraye
en 1624, il passa par alliance en 1657 aux Malescot
des Hayes et en 1771 aux de Trogoff, qui le con-
servèrent jusqu'en 1827. En 1674, les Malescot ne
possédaient que la moitié du manoir et du portail K
D'après une tradition, Bertrand du Guesclin aurait
habité le manoir de Villeneuve, mais cette tradition
n'est confirmée par aucune preuve; on voit, au
contraire, quelle confusion a pu lui donner nais-
sance. Un Guéhéneuc, sieur de Villeneuve, après
avoir épousé une de Beaucé, avait fait peindre sur
une verrière de l'ancienne église de Toussaints ses
armoiries, parties de celles de sa femme. Or ces
dernières présentent une grande analogie avec celles
du célèbre connétable : cette analogie a sufïi, sans
doute, pour accréditer Terreur.
Vers la fin du xv* siècle, la seigneurie de Ville-
1. Arch. dép., Chapitre de Rennes, G» 175.
ANT. — 72 —
neuve fut divisée, probablement par suite d'une
vente; le Grand Villeneuve resta entre les mains de
ses anciens propriétaires, et le Petit Villeneuve, qui
joignait la barrière de la Magdeleine sur le faubourg
de Nantes, passa entre les mains des du Boays.
Le Petit Villeneuve se composait simplement au
xvn® siècle d'un rez-de-chaussée et d'un étage, ayant
chacun deux pièces. Il appartenait en 1650 aux
Monneraye, puis aux Aulnette, et en 1682 aux
Malescot qui l'avaient réuni au Grand Villeneuve.
La foire de la Madeleine se tenait autrefois dans
les pièces de terre des Closeaux, de la Teillais ou
du Pré-André, dépendant de Villeneuve. (Voir place
du Champ-Jacquet.)
La seigneurie de Villeneuve possédait un droit de
haute justice ; elle avait ceps et collier près de
la chapelle de la Madeleine. (Voir faubourg de
Nantes.) *
Rue et faubourg d'Antrain (Cantons N.-R. et N.-O.).
La rue d'Antrain, citée dès 1403^, s'appelait jus-
qu'en 1792 rue de /a Reverdiais^ du nom d'une mai-
son de plaisance située vers le n** 50, « sur le pavé
« et chemin par où Ton va de la porte aux Foulons
« à Saint-Laurent^. » Le faubourg était nommé
Faubourg ou Pavé Saint-Laurent, à cause de la pa-
roisse à laquelle il conduite
1. Bulletin de la Société ArchéoL d'Ille-et-Vil., XVIII, 47.
2. Arch. départ., Saint-Melaine, 8. — Chapitre de Rennnes, G, 17G,
1" vol., p. 57, V.
3. Archiv. départ., Gordeliers, 13.
4. Bulletin de la Soc. ArchéoL d'IllectVil., XXIX, p. 18. L. De-
combe. — Les Rues de Rennes, par L. Decombe.
— 7:$ — ANT.
Rue d'Antrain.
N*^ 1. Il remplace une maison avec un four banal
appelé, dès le xv* siècle, four dof^ Fos.^é.s à Gahier,
four au Duc ou de la chapellenie de Saint-Mamert;
les Visitandines rachetèrent en 1700*. Le premier
nom de ce four prouve que les Fof^sés à Gahier pas-
saient dans le voisinage •.
Immédiatement au Nord se trouvait la maison de
l'Image Saint-Pierre'^.
Encore au Nord était Vhôtellerie des Trois Mar-
chands *, suivie de la maison du Dauphin couronné^.
Toutes ces maisons sont remplacées par les n"' 1 à 5.
N** 7. Emplacement de Tancienne hôtellerie franche
de VEcu de France; cette enseigne, citée dès 1618*,
n'existait plus en 1735^.
N" 9. Emplacement de la maison du Mouton blanc,
citée dès 1592*.
Au Nord du Mouton blanc se voyait en 1679 la
maison du Pot d'Etain * et près d'elle la maison de
la Croix blanche '^, puis les auberges ou hôtelleries
du Lion d'Argent^^^ de la Fleur de lys^^y de Vlmage
Sainte-Anne, citée en 1596 et en 1785*'; des Trois
1. Arch. départ., Visitandines, 97 et 98. — Arch. mun., Fortifications,
Indemnités, E, 1487, f- 87, v.
2. Arch. dép., Réformation du domaine de Rennes de 1455, f" 36, r», et
34, V.
8. Arch. départ., Visitandines. i)7.
4. Communication du couvent de TAdoration.
.5. Arch. dép., Saint-(!lyr, 1. — Minutes de Deschamps, notaire à
Rennes, 1675.
6. Communication du comte de Bellevûe.
7. Arch. dép.. Réformation du domaine de Rennes de 1646, f» 82, v. —
Chapitre de Rennes, G, 184. -^ Saint- Mêlai ne, 6 et 67.
8. Arch. dép., Saint-Melaine, 38. — (^.adastre de Rennes de 18)0.
9. Arch. dép., Saint-Melaine, 26 et 38.
10. Arch. dép., Minutes d'André, notaire à Rennes, janv. 16C9.
11. Ibid., Minutes de Deschamps, notaire à Rennes, 1701.
12. Arch. dép., Saint-Melaine. 6 et 67. — Saint-Georges, 153.
13. Ibid., Saint-Melaine, 21.
XXXIII 11
ANT. — 74 —
Avocats, en 1618 et 1756*; de la descente de Norman-
die, en 1618 et 1756 2, et du Petit Jean, en 1756 ^ —
Uhôtellerie de la Fleur de lys, située au Sud du cou-
vent des Capucins, se trouvait partie sur la paroisse
de Saint-Germain et partie sur celle de Saint-Jean ;
une curieuse discussion s'éleva en 1756 entre le
clergé de ces deux paroisses au sujet de Tenter-
rement d'un homme décédé dans rhôtellerie *.
N" 31. Le collège des Eudistes remplace l'ancien
couvent des Capucins. Les Capucins s'établirent à
Rennes dans un terrain que la Communauté de
Ville fit acheter pour eux en 1604 à M* Pierre Moc-
qué de la Placette, veuf de Marguerite Guynier, à
laquelle appartenait le terrain»"^. Le couvent, vendu
nationalement en 1792, devint une fabrique de cha-
peaux^. Les Eudistes l'achetèrent en 1828 pour y
établir un collège ^
Les constructions anciennes ont complètement
disparu; elles comprenaient quatre bâtiments, en-
fermant une cour carrée, avec un cloître sans carac-
tère, à piliers carrés; ces piliers avaient quatre
pieds de hauteur et reposaient sur des murettes de
deux pieds®. La chapelle se trouvait devant le bâti-
ment Est du couvent (sur la moitié Nord de la façade
du collège actuel); elle a été bénite en 1605^; elle se
composait d'une nef à chevet droit, flanquée à l'Est
de trois ou quatre chapelles, communiquant entre
1. Communication du comte de Bellevûe.
2. Ibid. — Bulletin de la Soc. archéol. d'Ille-et-Vil., t. XXVII, p. vi.
3- Communication du comte de Bellevûe.
4. Arch. dép., Eglises paroissiales. G, 580.
5. Arch. dép., Saint-Melaine, 6. — Arch. munie, 297.
G. Histoire de Rennes, par Marteville, III, 46.
7. Pouillé de Rennes, par le chanoine Guillotin de Corson, III, 602.
8. Arch. munie, 297.
9. Fouillé de Rennes, par le chanoine Guillotin de Corson, III, 118.
— 75 — ANT.
elles* et formant un collatéral un peu moins long
que la nef.
Les travaux de démolition ont amené vers 1872
la découverte d'une plaque en cuivre de quarante-cinq
centimètres sur trente-quatre, commémorative de la
pose de la première pierre en 1605; cette plaque, dé-
posée au Musée archéologique, est entourée d'un
encadrement gravé de fleurs de lis et d'hermines
alternées; sa partie inférieure est occupée à gauche
par les armes de Rennes, à droite par un écusson
de Bretagne en losange, et au centre par deux
écussons accolés de France et de Navarre, timbrés
d'une couronne royale et entourés des colliers de
Saint-Michel et du Saint-Esprit-. — On a trouvé
aussi à la même époque un caveau rempli d'osse-
ments ; il existe encore devant le transept Sud de la
chapelle actuelle.
Au bas des jardins était un petit bâtiment ser-
vant de Santé, c'est-à-dire d'infirmerie^.
Le mur gallo-romain, signalé par le président de
Robien (voir au Préambule), ainsi que la voie d'In-
gena (Avranches), passait derrière le couvent, du
Nord-Est au Sud-Ouest ^
Jusqu'au commencement du xix* siècle, la rue
d'Antrain formait, en face du n"* 52, une petite place
triangulaire située entre le collège actuel et sa cha-
pelle; on y voyait au xvii* et au xviu* siècles
une croix appelée Croix Verte ou Croix des Ca-
pucins ^.
1. Pouillé de Rennes, par le chanoine Ouillotin de Corson, III, 119.
•-?. Bulletin de la Soc. archéol. d'Ille-et-Vil., XIX, 10. Planche.
3. Ârch. mun., Comptes des Miseurs de 1613.
4. Histoire archéolog. de l'époque gallo-romaine de la ville de
Rennes, par Toulmouche, p. 253. et Plan.
5. Arch. mun., 129. — Ârch. départ, Saint-Melaine, 6.
ANT. — 76 —
Près du couvent se trouvait aussi dans la rue
une barrière en 1614 et en 1709*.
Les terrains de la Petite Cochardière s'étendaient
au Nord de Tenclos des Capucins. (Voir rue de la
Cochardière.)
N**33. Ancien couvent des Petites Ursulines-, — Ce
couvent était entre les rues d'Antrain et de la Co-
chardière, sur les dépendances de la Cochardière et
de la Houblonnière, c'est-à-dire sur le n** 33 et les
terrains situés au Nord de cette maison. Il compre-
nait, en 1674 comme aujourd'hui, un corps de logis
flanqué de deux petites ailes non saillantes; une
cour triangulaire, avec un portail, s'étendait au
Sud de la maison. La chapelle était construite au
Nord, dans le jardin, sur le bord de la rue d'An-
train, vis-à-vis du n*' 62. La Houblonnière avait été
vendue en 1665 par les Morel aux Prémont du
Verger; ceux-ci la revendirent en 1677 à Jeanne
du Chasteigner d* de la Thébaudais, qui en fit don
aux Petites Ursulines. Les terrains situés au Nord
furent acquis en 1695 des Bourgand de la Henrière,
qui les tenaient des Avril -^ Enfin les Petites
Ursulines achetèrent en 1748 la maison de la Grande
Cochardière^ dont il sera parlé sous la rue de ce
nom.
Le couvent fut transformé pendant la Révolution
en hôpital militaire pour les galeux, sous le nom
d'Hôpital de la Concorde *.
La voie gallo-romaine d'Ingena (Avranches) devait
1. Arch. mun..216 et 291.
2. Fouillé de Rennes, par le chanoine Guillotin de Corson, III, 288.
8. Arch. dép., Ursulines, 91. — Saint-Melaine, 2, p. 689.
4. Fouillé de Rennes, par le chanoine Guillotin de Gorson. III, 284. —
Histoire de Rennes, par Marteville, III, 50. — Arch. mun., compte des
Miseurs de 1785.
— // — ANT.
traverser à peu près le bâtiment conventuel du
Nord-Est au Sud-Ouest*.
La rue d'Antrain, au moins en cet endroit, était
fort mal entretenue au xviii" siècle; les Petites
Ursulines se plaignirent, en effet, à la Communauté
de Ville « du défaut de pavage sur la rue et à
« rentrée de leur maison, à vis leur grande porte,
« qui est presque inaccessible, non seullemcnt aux
« gens de pied, mais encore aux chevaux chargés
« et charettes qui doivent passer par cet endroit.
« Dieu même est offensé par les chartiers et voitu-
« riers qui sont obligés d'y passés par les serments
« exécrables ([uon leur entend proforer avec indi-
« gnation*. »
N** 37. L auberge de la Tête-Noire existait dès
1785 3. Elle présente une croisée de bois à Tune des
fenêtres du rez-de-chaussée. Le toit est élevé et
surmonté d'une sorte de lanterne carrée entière-
ment recouverte d'ardoises. Le Musée archéolo-
gique en possède un croquis.
Nous ne savons si VHôtellerie du Don Conseil^
citée en 1705, était dans la rue ou dans le faubourg*.
.V 4. Ancienne hôtellerie des quatre Vents, signa-
lée dès le xvii* siècles Des réparations faites en
1902 ont amené la suppression dune galerie de bois
qui donnait à la cour un aspect assez pittoresque.
Un croquis antérieur à cette date se trouve au
Musée archéologique.
1. Histoire archeolog, de Vépoque gallo-romaine de la ville de
Rennes, par Toulmouche. Plan.
2. Arch. dùp., Ursulines, W.
8. Arch. dép.. Intendance. C, ^^35.
4. Commuai cation du couvent de TAdoration.
5. Arch. dép., Réform. du domaine de Rennes de 1G46, (^ 7.^, v<». —
Visitandines, 95. — Saint-Melaine, fi. — Minutes de Deschamps. notaire
à Rennes, 1706. — Arcli. m un., .907.
ANT. 78 —
N* 6. Cette maison présente deux rangées de
poutres et de consoles moulurées.
N" 10. On y voit également deux rangées de con-
soles.
N*" 14. Ancienne hôtellerie de la Fontaine. — Cette
maison, qui appartenait à Tabbaye de Saint-Melaine,
fut reconstruite en 1686*. Elle a été habitée au
xviii* siècle par le célèbre architecte et dessinateur
Huguet^.
N" 16. Ancien Couvent des Carmélites ^. — Les Car-
mélites, en arrivant à Rennes en 1620, achetèrent
d'abord à Jeanne Harel, femme de François Huart,
sieur de la Noë, le jardin du Grand Touriel situé
entre la rue Saint-Melaine et les fossés de la ville;
elles acquirent peu après celui du Petit Touriel et
quelques autres immeubles voisins, et possédèrent
ainsi tout l'emplacement de la Banque de France et
du couvent actuel de la Visitation*. — Le lieu de
Touriel est cité dès 1256 ^
La Communauté de Ville s'opposa à l'établisse-
ment des Carmélites en cet endroit qui lui semblait
trop rapproché de la contrescarpe de Saint-Fran-
çois; elles revendirent alors leur terrain aux Visi-
tandines en 1630* et construisirent leur couvent
dans une portion du Champ de Foire de l'abbaye de
Saint-Melaine, entre lui et la rue d'Antrain*^. Le
couvent fut sécularisé sous la Révolution et devint
une filature; les Dames de T Adoration Perpétuelle
1. Arch. dép., Salnt-Melaine, 2, 6 et 70. — Visitandines, 95. — Réfor-
mation du domaine de Rennes de 1646, fo 74, r.
2. Arch. départ., Saint-Melaine, 67.
3. Pouillé de Rennes, par le chanoine Guillotin de Corson, ICI, 191.
4. Arch. dép., Visitandines, 95 et 97. — Carmélites, 2^.
5. Cartulaire de Saint-Melaine, i* 24, r«. Bibl. de Rennes.
6. Arch. dép., Visitandines, 95.
7. Arch. mun., 313. — Histoire de Rennes, par Marteville, III, 57.
— 79 — ANT.
Tachetèrent en 1819, puis les Dames de la Retraite *,
et l'année suivante on y installa le Grand Séminaire
diocésain^, qui occupe maintenant des bâtiments
neufs, construits sur les dépendances des anciens.
L'enclos du couvent était borné au Nord par la
rue Lesage, à l'Est par le Champ de Foire (empla-
cement de l'ancienne prison départementale), au
Sud et à rOuest par les maisons et les jardins des
rues Saint-Melaine et d'Antrain. De vastes jardins
s'étendaient à l'Est, un verger se trouvait du côté
de la rue d'Antrain^. Le plan de Rennes de 1775
figure dans cet enclos, en face de la rue Broussais,
un bassin rectangulaire d'environ quarante mètres
sur vingt.
Les bâtiments claustraux étaient situés sous les
n^' 2 à 8 de la rue de Robien, ils entouraient deux
cours rectangulaires juxtaposées; le cloître était
daté de 1644 \
La chapelle était à l'Ouest; son abside traversait
la rue de Robien en face du n** 7, sous lequel s'éten-
daient la nef et les transepts. Une grande vitre
ajourait son pignon Est^.
Les travaux de terrassement de la rue de Robien
ont fait découvrir en 1889 la première pierre de
cette chapelle; elle porte une longue inscription,
avec la date du 26 août 1678, et est actuellement
conservée au Musée archéologique. Une cavité, pra-
tiquée dans cette pierre, renfermait une boîte en
fer blanc avec une croix et trois médailles*. —
1. Fouillé de Rennes, par le chanoine Guillotin de Gorson, III, 587
61626.
2. /Wd., p. 192, 193 et 549.
3. Arch. dép., Carmélites, 23 et 26.
4. Bulletin de la Soc, Archéol. d'Ille-et-Vil., t. X, p. xxx.
5. Ârch. dép., Carmélites, 32.
6. Bulletin de la Soc. Archéol. d* Ule-et-Vil. , XX, 2"« partie, p. xvi.
ANT. — 80 —
— Après la transformation du couvent en Grand
Séminaire, la chapelle fut remplacée par une nou-
velle, construite au Sud-Est des bâtiments, qui a
elle-même disparu.
Il ne reste plus des anciens bâtiments que le por-
tail d'entrée et une petite chapelle qui sera décrite
dans un instant.
Le portail d'entrée a conservé le nom de Passage
des Carmélites; il s'ouvre sous Tangle à pans coupés
d'une grande maison à deux étages, qui forme l'en-
coignure des rues d'Antrain et Saint-Melaine, et
date de 1666*. Il se compose d'une grande baie en
plein cintre, ornée d'une clef de voûte saillante et
accostée de chaque côté de quatre pilastres do-
riques : toute cette partie basse est en granit, elle
correspond au rez-de-chaussée de la maison. — Au-
dessus d'elle s'étend une frise en pierre blanche,
ornée de modillons, de triglyphes et de gouttes;
cette frise supporte quatre pilastres doriques plus
petits, surmontés d'un fronton triangulaire; trois
niches cintrées sont creusées entre les pilastres;
celle du milieu a sa conque chargée d'une grande
coquille posée la charnière en haut; elle ^abrite une
statue de la Vierge placée à la suite d'un vœu en
1734. Les deux autres niches, un peu plus basses,
présentent chacune une coquille analogue, la char-
nière en bas. Une petite fenêtre est percée sous la
niche centrale. Cette décoration forme le premier
étage du portail. — Le deuxième étage est éclairé
par trois fenêtres; celle du milieu est à demi bou-
chée par le fronton.
L'ensemble est couvert par un toit à la Mansard,
1. Arch. dép., (Carmélites, '^K
— 81 — ANT.
soutenu par une corniche à modillons et percé d'une
fenêtre à fronton triangulaire.
Les faces de la maison, aspectées sur les rues
d'Antrain et de Saint-Melaine, n offrent rien de par-
ticulier. — Les Carmélites donnaient à bail les dif-
férents appartements de cette maison*.
Après avoir examiné le portail, il n'est pas sans
intérêt de jeter un coup d'œil sur les escaliers et les
galeries de la façade opposée, qui méritent d'être
vus malgré leur état de délabrement; on en trouve
un croquis de Lorette dans les Souvenirs de Rennes,
par M. Ducrest de Villeneuve.
Il reste à parler d'une petite chapelle du xvii* siè-
cle'*, située au Sud-Est des constructions actuelles,
dans les jardins du Séminaire.
Elle est rectangulaire, sans bas côtés ni transepts;
son pignon Ouest présente une porte en plein cintre;
au-dessus de la porte se voit une niche également
cintrée, surmontée d'un fronton arrondi et accostée
de deux consoles renversées; deux autres niches
plus petites et sans sculptures flanquent la niche
centrale et abritent deux statuettes en terre cuite
très mutilées. Le sommet du pignon est percé d'un
œil-de-bœuf circulaire. — Les faces Nord et Sud
possèdent chacune une grande fenêtre cintrée, sans
meneaux; on voit, en outre, sur la face Nord, une
petite niche à cul-de-lampe mouluré. — La toiture
est élevée et surmontée vers le centre d'un petit
campanile en ardoise.
A l'intérieur, la voûte se compose d'un lambris
de bois en anse de panier, recouvert de peintures
1. Arcb. dép., (^iarmélites, 23. — Minutes d'André, notaire à Rennes,
roai 1678.
2. Pouillé de Hennés, par le chanoine Guillotin de (iOrson. Ul, 350.
ANT. _ 82 —
du style Louis XIV; ses tirants sont également
peints. Le rétable est du même style; il est orné de
deux colonnes ioniques en bois, avec deux pilastres
à ses extrémités ; entre les colonnes et les pilastres
tombent deux chutes dorées, formées de différents
objets religieux reliés entre eux par des rubans; ce
sont à gauche : une mitre, une crosse, des chande-
liers et une lampe d'autel; — à droite : une croix,
un calice, un ostensoir, un goupillon, une burette
et deux encensoirs. Deux grandes statues peintes
reposent près de Tautel sur des consoles à têtes
d'anges ailées ; celle de gauche figure saint Charles
Borromée en costume de cardinal; celle de droite
représente un évêque.
N** 22. Ancienne hôtellerie de la Croix verte, —
Cette maison, signalée dès 1594*, tirait son nom de
la croix élevée près du couvent des Capucins. (Voir
n** 31, rue d'Antrain.)
N*" 42. Emplacement de l'ancienne maison noble de
la Verrerie, qui existait en 1781^.
Vers le n** 50 se trouvait la maison de la Rêver-
diais, qui avait donné à la rue son premier nom 3;
elle appartenait en 1551 aux de Boisgeslin*.
On voyait enfin dans la rue, au xviii* siècle, l'/id-
tellerie des Trois Rois ^ et la maison des Trois Empe-
reurs^, qui ne formaient peut-être qu'une même
maison sous deux dénominations légèrement diffé-
rentes.
1. Ârch. dép., Réformation du domaine de Rennes de 1646, f« 454, r>. —
Dominicains, 14 et 21. — Carmélites, 26.
2. Ârch. dép., Saint-Melaine, 5. Plan.
3. Ibid., Carmélites, 23.
4. Ibid., Cordeliers, 13.
5. Ârch. dép., Carmélites, 28. — Minutes de Deschamps, notaire à
Rennes, 1711.
6. Communication du comte de Bellevûe.
— 83 — ANT.
N* 58. Maison de la Iloublonnière \ puis Hôtel de
la Moussaye. — Cette maison, située dans l'ancien
terroir de la Houblonnière ou Hoblonnière, se com-
pose d'un corps central et de deux ailes très peu
saillantes; elle comprend un rez-de-chaussée et un
étage avec trois ouvertures par étage, inégalement
espacées. La porte d'entrée, précédée d'un perron,
possède un fronton arrondi que coupe une petite
niche cintrée. La toiture présente trois fenêtres de
mansardes à frontons arrondis et denticulés, accos-
tées de deux consoles renversées. Les toits des
ailes sont plus aigus et plus élevés que le toit de la
partie centrale.
La Houblonnière appartenait en 1678 aux Le Faure
de Champ-d'Aguet, et fut vendue en 1730 aux de la
Moussaye-.
N** 62. Emplacement de Tancienne maison du Puits
Hamon^ dont les jardins s'étendaient jusqu'à la rue
Broussais ^.
N" 64 et 66. Ces deux hôtels sont construits sur
les anciens jardins Lancezeur. En creusant leurs
fondations, on a rencontré un fragment de la voie
gallo-romaine d*Avranches (Ingena), orientée du
Sud-Ouest au Nord-Est. Cette voie, large do 5™ 10,
était formée de trois couches superposées : un lit
de marne de 0" 16 d'épaisseur {nucleus), — une
couche de schiste gris-bleuâtre de 0™15 (ruderatio),
— des cailloux roulés, noyés dans une terre argilo-
sablonneuse de 0" 40 {summa crusta). — De chaque
côté de la voie se trouvaient des débris de mai-
1. Ârch. dép-, Saint-Melaine, 3.
2. Ârch. dép., Saint-Melaine, 2, p. 667 et suivantes.
3. Cadastre de 1840.
AiNT. — 84 —
sons rasées , qui semblaient d'une époque plus
récente '.
Faubourg d'Antrain.
Entre le n** 5 et le couvent de TAdoration existait
de 1748 à 1887 une faïencerie dont les bâtiments ont
été démolis en 1900 ^
On voyait aussi dans le fauboure:, à un endroit
que nous ne pouvons préciser, une maison « où
« pendait pour enseigne 17?nagfe Saint-Laurent ; »
cette maison est citée en 1594 ^ et en 1756*.
N"' 9 et 11. Couvent de V Adoration. — Les Etats
de Bretagne fondèrent en 1778 une maison d'éduca-
tion pour les jeunes filles nobles et sans fortune de
la province, à Texemple de Tabbé de Kergu, qui
avait élevé Técole des Gentilshommes. M*"* Bareau
de Girac, évoque de Rennes, acheta alors les
hôtels des Croix et de Kenjnan et y installa le nouvel
établissement sous le nom cV hôtel des Demoiselles
ou de VEnfant Jésus. L'hôtel de Kerynan apparte-
nait aux Dautruy au milieu du xvii" siècle ^; Thôtel
des Croix, appelé précédemment le Colombier^,
était à la même époque aux Bourgonnière^ il était
passé ensuite aux Beschart, qui le transmirent par
alliance vers la fin du xvii" siècle aux Visdelou de
la Villethéard; ceux-ci le vendirent en 1710 à Jean
Bruneau, échevin de Rennes, qui le revendit à la
1. Histoire archéolog. de V époque gallo-romaine de la Ville de
Rennes, par Toul mouche, p. 25:^ et 3t)8.
2. Bulletin de la Société archéolog. d'Illeet- Vil., XXIX, 19 et sui-
vantes, L. Decombe.
8. Arch. dép., Saint-Melaine, 21.
4. (communication du c^mte de Bellevûe.
5. Ârch. dép., Réformation du domaine de Hennés de 1040, f© 71, v».
6. Arch. dép., Saint- Mêlai ne, 9.
7. Arch. dép., Réformation dq domaine de Rennes de 1040, f» 72, r>.
ANT. — 85 —
communauté de TEnfant-Jésus *. Il se trouvait au
Nord de l'enclos actuel, son jardin touchait la ruelle
du moulin de Saint-Martin. — Sécularisés pendant
la Révolution, les locaux sont devenus en 1820 le
couvent de TAdoration -.
Le mur qui borde la rue est percé d'une grande
porte cochère à plein cintre, accostée à gauche d'un
portillon également cintré; on voit à droite et à
gauche de la première deux pierres armoriées.
Celle de gauche figure un écusson en losange qu'un
épais badigeon rend absolument illisible ; il est orné
d'une guirlande de fleurs soutenue aux angles
supérieurs de la pierre par deux rosaces et retom-
bant en chutes de chaque côté. Celle de droite porte
les armes de M*' Bareau de Girac : Ecartelé au
1 d argent à ta fasce de gueules; au 2 d'argent à la
tour de sable; au 3 de gueules au lion d'argent ;
au 'i d'azur à la fasce d'or^ accompagnée en pointe
d'une étoile de mêmey au chef endenté aussi de
même; au .^ur-letout d'or au chevron de gueules,
accompagné de 3 croissants de même. L'écusson est
en accolade et posé sur un cartouche, il est timbré
d'une couronne qui semble ducale et d'un chapeau
épiscopal à quatre rangées de houppes ; ses angles
supérieurs supportent une mitre et une crosse.
Ce portail donnait accès à une cour bordée au
Sud-Est par un bâtiment servant de boulangerie et
d'infirmerie. Au Nord de la cour se trouvent deux
constructions aspectées sur la rue; c'est tout ce qui
reste de l'ancien établissement. La plus au Nord,
avec un toit à la Mansard, n'est antérieure que de
1. Arch. (lép., Saint-Melaine, 9.
2. Fouillé de Rennes, par le chanoine Guillotin de 4'orson, III, 441
et fiar>.
ANT. — 86 —
quelques années à la Révolution ; elle comprenait au
rez-de-chaussée un réfectoire, une salle de dépense,
une apothicairerie et un garde-manger, et aux étages
supérieurs des dortoirs et une infirmerie.
A rOuest de la cour s'étendaient un grand jardin
et un verger. L'allée centrale du jardin possédait
« un grand bâtis en treillages et charpente formant
« berceau. » Une chapelle s'élevait à l'angle Nord-
Ouest du jardin; elle avait trente-trois pieds sur
quatorze et était percée d'une porte vitrée à l'Est et
de deux fenêtres au Sud et au Nord *.
N** 21. Maison du Petit Pré Saint-Melaine. — Cette
maison, citée dès 1563^ appartenait aux Bruneau
en 1707 3.
N** 25. Maison du Petit Breil. — Elle possède une
porte cochère cintrée, ses jardins descendent jusqu'à
l'IUe, c'est de ce côté que se trouve la principale
façsfde.
N** 27. Maison de la Grande Morinais^. — Cette
maison touchait la deuxième barrière du faubourg;
elle appartenait au milieu du xvn* siècle à François
de Kermasson et à Guillemette Douard, sa femme ^.
La Fosse-Courbé commence en cet endroit; elle
est citée en 1629 sous le nom de Forge Courbé^. Un
Jean Courbé possédait une maison en ce lieu en
1609''.
N*" 49. Maison de la Petite Morinais. — Elle possède
un jardin qui descend jusqu'à l'IUe; sa principale
façade est de ce côté. Elle fut vendue aux Guichard
1. Communication du couvent de l'Adoration.
2. Ârch. dép., Saint-Melaine, 70.
S. Ibid., 2, p. 315.
4. Ibid., 6.
5. Ârch. dép., Rèformation du domaine de Rennes de 1646, f* 72, v».
6. Ibid., f 121, V. — Saint-Melaine, 14.
7. Ârch. dép., Saint-Melaine, 68.
— 87 — ANT.
en 1731 par les héritiers du sieur Prioul de la
Cloustaye^
N*" 59. Maison de Montabisé. — Le lieu de Monta-
bisé est cité dès 1426'*; un rentier de Rennes de 1382
mentionnait même déjà ce terroir à l'occasion des
Fossés à Gahier qui passaient, parait-il, près de là^.
(Voir au Préambule.) — La maison fut vendue en 1660
par les de la Grée de la Lande aux sieurs Guérin
et Lebrun ^ — Une carrière existait près d'elle
dès 1627 5.
N*" 10. Maison de la Grande-Jar illais. — La toiture
élevée de cette maison peut seule attirer l'atten-
tion : son allée est aussi surmontée d'un petit toit
en carène. La façade Est présente une tourelle car-
rée à deux étages, contenant l'escalier. La Grande
Jarillais semble avoir appartenu aux Bonnier en
1660^ et aux Hubert de Lasse en 1701 ''.
N*" 12. Emplacement de la maison de la Petite-
Jarillais, — Le mur du jardin présentait un portail
avec un portillon. La maison, après avoir appar-
tenu aux Bonnier, passa par succession aux Bour-
delais des Châteaux, qui la vendirent en 1700 aux
Lavocat; ceux-ci la passèrent par succession aux
Amiral®.
En face de la chapelle actuelle de l'Adoration
1. Arch. dép., Minutes de Le Loué, notaire à Rennes, 1731.
2. Arch. dép., Saint-Melaine, 68.
3. Arch. dép.y 2« carton de M. de la Bigne.
4. Arch. dèp., Saint-Melaine, 68.
5. Arch. dép.y Carmélites, 21.
6. Arch. dép., Saint-Melaine, 68.
7. Ibid., Saint-Georges, 134.
8. Commanication du couvent de l'Adoration.
ANT. — 88 —
était la maisoyi de Rince-Bottes, qui appartenait aux
Bonnier en 1660'.
N** 36. Emplacement de la maison du Pas-Hamon,
qui appartenait en 1658 à Simonne Picot, femme
d'Aubin Herbert, messager à Morlaix', et en 1721
aux le Marc de la Chesnardavs^.
N** 46. Maison du Bois-RondeL — C'est une grande
maison à deux étages et cinq ouvertures par étage :
elle a conservé un ancien mail. Le Bois-Rondel a
donné son nom à un passage récemment percé à
cent mètres environ vers le Sud.
Près de là se voyait en 1629 la Perrière Rondel ou
Pemère du Bois de la Fond, qui appartenait aux de
la Fond\
N*" 64. Maison du Puits-Ronde}. — C'est une maison
sans caractère, qui possède sur le bord de la route
un petit pavillon et un puits'». Il y avait autrefois
près d'elle la Croix du Puits-Rondel, citée dès
1679*, et une barrière qui fut réparée en 159P. Elle
était possédée par les Frangeul en 1646.
Ces deux dernières maisons empruntent sans
doute leur nom à une famille possessionnée dans
les environs ; on trouve, en effet, au milieu du
xV* siècle, Thomas et Guillaume Rondel, demeurant
entre la Fosse-Courbé et Montabisé^.
1. Arch. dép., Saint-Melaine. 08.
'2. Ibid., Dominicains, 27.
3. Ibid., Minutes de Le Harbier, notaire à Rennes. 1721.
4. Arch. dép., Saint-Melaine, 14. — Minutes d'André, notaire à Rennes,
mai 1670.
5. Arch. dép., Saint- Mêlai ne, 68.
6. Arch. dép.. Saint-Meiaine, 0.
7. Arch. mun., 147 et 216.
8. Arch. dép.. Réformation du domaine de Rennes de 1456, f** 49, v», et
50. r* et V.
— 89 — ANT. — ARG.
N® 66. Auberge des 3 Marches. — Elle existait dès
1705 «.
N*" 86. Maison du Gros-Chêne. — Cette maison est
citée en 1672 2. Son jardin renferme une ancienne
chapelle en forme de pavillon, surmontée d'une
croix en fer et d'un coq. Elle était habitée en 1672
par Michel Cochard, marchand^.
N"* 90. Ancienne maison noble de Marbaudé. — C'est
aujourd'hui une simple ferme qui ne présente d'autre
intérêt qu'une pierre de tuffeau du xvi* siècle, placée
dans le pignon d'un bâtiment moderne qui borde la
route. Cette pierre figure un cartouche à nombreux
enroulements, entouré d'une guirlande de fleurs et
portant les armes des de Marquer : d'azur à la fasce
d'or^ accompagnée de trois coquilles de même. Par
une méprise regrettable, l'écusson a été placé la
tête en bas dans la muraille.
Le manoir de Marbaudé fut vendu en 1554 par
les Goueslin aux Deschamps*. Il appartenait aux
Bretagne, qui l'habitaient en 1668 '^.
La route d'Antrain était pavée en cet endroit au
XV* siècle ; des réparations furent faites à son
pavage, sur une largeur de trois toises, en 1484^.
Rue d'Argentré (Canton S.-O.).
Elle remplace l'ancienne rue de Vlsle ou de la
Poissonnerie'^, ainsi nommée parce qu'elle traversait
1. Arch. mun., 229.
2. Arch. dép., Minutes d'André, notaire à Rennes, juin 1672.
3. Ibid.
4. Arch. dép.» Ëvêchéde Rennes. 6, 12.
5. Fbid., Minutes d'André, mars 1668.
6. Arch. mun., 207.
7. Arch. dép., Réformation du domaine de Rennes de 1646, f« 428, y^.
XXXIII 12
ARG. — 90 —
Vîle de la Poissonnerie ou de Joculé formée par le
ruisseau de Joculé et la Vilaine; elle porte depuis
1862 le nom de Bertrand d'Argentré, jurisconsulte
et historien breton, mort en 1590 ^ — Cette rue, ou
la rue de la Basse-Parcheminerie qui lui fait suite,
était appelée aussi en 1513 rue du Pont Téhel; on
trouve, en effet, ce nom donné à la rue conduisant
du Pont de Vilaine à Toussaints-. Les Souvenirs de
Rennes, par M. Ducrest de Villeneuve, conservent
deux lithographies de Lorette figurant Tancienne
rue et l'ancien pont de Flsle.
Chacune des extrémités de cette rue rencontrait
un pont, Tun sur le lit principal de la rivière (quai
Lamennais), Tautre sur le ruisseau de Joculé (rue
de la Chalotais). Le premier était le pont de Vlsle
ou de la Poissonnerie, appelé primitivement pont de
la Porte de Vilaine, à cause du voisinage de la
porte de ce nom, ou simplement pont de Vilaine;
— le second était nommé dès le xv* siècle pont
Gabier ou Rialen, du nom de deux propriétaires
voisins 3, ou pont Joculé ou Chaucullet *, du nom du
ruisseau qu'il traversait, ou enfin pont Téhel"*. —
Le ruisseau de Chaucullet est cité dès 1395®; le
pont qui le traversait avait cinq toises de long sur
quatorze pieds de large ^; son côté Ouest supportait
deux maisons 8. — Le pont de la Poissonnerie
existait dès 1418*, il avait six toises cinq pieds de
1. Les Rues de Rennes, par L. Decombe.
2. Arch. dép., Chapitre de Rennes, G, 187.
H. Arch. dép., Héformation du domaine de Rennes de 1455, f» 202, v.
4. Arch. mun.. Compte des Miseurs de 1418, (* 7, et de 1537, f 40, r.
5. Arch. dép., Réformation du domaine de Rennes de 1646, fo 355, r».
6. Arch. dép., Chapitre de Rennes, G, 187.
7. Arch. dép., Etats de Bretagnp, C, 3328. procès-verbal de l'incendie
de 1720. p. 112.
8. Arch. dép., Réformation du domaine de Rennes de 1646, f*357, f et V.
9. Arch. niun., Fortifications, Indemnité?, B, 1418, f* 4, v».
— 91 — AKG. — ARM.
long sur dix-sept pieds de large *. Une H Me aux
poissons^ portée sur des piliers en pierre de taille
et baignant dans la Vilaine, fut établie en 1484 sur
ce pont et à côté de lui par le duc François IP; elle
était déjà détruite en 1643, et le marché se tenait
simplement sur le pavé^ Des boutiques et des
étaux se trouvaient aussi sur le pont au commence-
ment du XVII* siècle ^
N"* 5. Emplacement de Vhôtellerie franche des
Trois Rois'^.
Immédiatement au Nord de cette hôtellerie, so
trouvait celle du Grand Sauvage^,
La rue de Tlsle était sujette à de fréquentes
inondations : le compte de 1787, conservé aux
Archives municipales, mentionne le paiement d'une
somme de 15 liv. au nommé Daniel « pour avoir,
« avec son bateau^ porté des secours aux habitans
« des rues de Tlsle et de Champdolant, renfermés
« chez eux par l'inondation arrivée le 3 décembre
« 1787. »
Rue Armand-Barbes (Canton N.-Ë.).
Cette rue, récemment élargie, porte le nom d'un
révolutionnaire qui joua un rôle important dans
l'opposition sous le règne de Louis-Philippe, fut
1. Ârch. dép., Etats de Bretagne, G, 8328, Procés-verbal de l'incendie
de 1720, p. 112. — Réformation du domaine de Rennes de 1646, f»480, t*>.
2. Arch. mun., 186.
3. Histoire de Rennes, par Marteville, II, 195 à 197.
4. Arch. mun., Oompte des Miseurs de 1606, f" 15, v% et 39, r*. — et
de 1638, 4* Registre. — Arch. dép.. Réformation du domaine de Rennes
de 1646, f« 254, v.
5. Arch. dép., Réformation du domaine de Rennes de 1646, î^ 128, v<>.
~ Minutes d'André, notaire à Rennes, oct. 1671 et juil. 1674.
6. Arch. dép., Réformation du domaine de Rennes de 1646, f* 428, v* —
Min. d'Alix, notaire à Rennes, 1678.
ARM. — ARS. — 92 —
incarcéré au Mont Saint-Michel et mourut en 1869.
Elle s'appelait jusqu'en 1891 rue du Petit Paris, du
nom d'une ancienne ferme située au côté Sud du
faubourg de Paris. (Voir ce faubourg.) Tout le
terrain avoisinant était nommé le lieu de Paris K
La ferme appartenait en 1475 à Pierre Paris, elle
passa par succession aux Caresmel, puis fut ache-
tée par Tabbaye de Saint-Georges sous Tadministra-
tion de Tabbesse OUve de Quelen (1463-1485.) ^
Rue de l'Arsenal (Canton S.-O.).
Cette rue tire son nom de la caserne qui la borde
au Sud; elle remplace l'ancien faubourg de la
Croix Rocheran : une barrière en fermait l'extrémité
Ouest 3. La Croix Rocheran, située, croyons-nous,
à Tintersection des rues de Redon et des Trente,
devait son nom à une famille rennaise; on trouve
un Guillaume Rocheran cité en 1455 \
Caserne de i Arsenal^. — Elle occupe les bâti-
ments de Vhospice de la Santé, appelé plus tard le
Sanitat. Pendant les épidémies de peste qui déso-
lèrent la ville au xvi* siècle, Thôpital Saint-Yves
n'était pas assez vaste pour recevoir tous les mal-
heureux atteints du fléau. En 1546, François Thierry
de Boisorcant donna, pour y loger des pestiférés,
une maison et un jardin en cet endroit; des acqui-
sitions successives augmentèrent le terrain^. La
1. Arch. dép., Saint-Georges, 47. — Cadastre de 1840.
2. Arch. dép., Saint-Georges, 19.
8. Arch. m an., 216.
4. Arch. dép., Réformation du domaine de Rennes de 1455, f^ 126, v*.
5. Fouillé de Rennes^ par le chanoine Guillotin de Corson, III, 337.
— Histoire de Rennes, par Marteville, II, 344.
G. Arch. mun., î^23 et 325.
— 93 — ARS.
Communauté de Ville plaça aussi des contagieux
dans des maisons voisines qui ne lui appartenaient
pas ', entre autres dans la maison de Vlmage Saint-
Nicolas, en 164 P.
On commença en 1607, sur un champ voisin
appartenant à l'hôpital Saint- Yves et où Ton avait
déjà enterré des pestiférés, la construction de Thos-
pice du Sanitat, destiné aux malades contagieux;
puis, pour assainir les prairies marécageuses qui
s'étendaient entre lui et la rivière, on creusa en
1632, perpendiculairement à la Vilaine, un canal
que remplace aujourd'hui le boulevard Sébastopol.
(Voir ce boulevard.)
Quand la peste eut disparu, le Sanitat fut trans-
formé en maison de dépôt pour les mendiants, et
enfin en hôpital général en 1679. L'hôpital général
fut transféré en 1793 à l'abbaye de Saint-Melaine
(place Saint-Melaine) et au couvent des Catheri-
nettes (rue de Paris), et les bâtiments devinrent un
Arsenal^. — De nouvelles constructions faites pen-
dant la Révolution utilisèrent les matériaux de
la tour de Toussaints*. On en trouve une lithogra-
phie de Lorette dans les Souvenirs de Rennes de
M. Ducrest de Villeneuve, et dans une aquarelle de
Huguet, datée de 1737 et figurant une vue des
environs de Rennes prise de la terrasse de l'hôtel
de Coniac; le Musée archéologique possède une
copie de cette aquarelle.
L'Arsenal se compose de trois vastes construc-
tions formant les côtés Est, Sud et Ouest d'un
1. Arch. mun., 325.
2. Ibid. — Histoire de Rennes, par Marteville, II, 345.
3. Fouillé de Rennes, par le chanoine Guillotin de Corson, III.
î337 et suivantes. — Histoire de Rennes, par Marteville. II, 254 et 345.
4. Histoire de Rennes, par Marteville, III, 17.
Aiis. — 94 —
carré entourant une cour au centre de laquelle
s'élevait une chapelle; cette chapelle, orientée de
l'Est à rOuest, était percée de fenêtres à plein
cintre et surmontée d'une flèche aiguë. Elle existait
dès 1621, et se trouvait * au lieu où on a enterré
« plusieurs corps morts de la maladie de la conta-
gion ^ » Elle fut démolie en 1839-. Une pierre
trouvée dans les fondations de la chapelle portait
en capitales romaines l'inscription suivante : M. jR.
Joannes. Lovel. Urbis, Procurator. Huvc, Lapidem.
Posvit. A. D. 1607.
Le bâtiment Est est plus récent; Taquarelle de
Huguet figure seulement les bâtiments Sud et
Ouest.
Chacun des trois bâtiments comprend un rez-de-
chaussée et un étage avec un toit à la Mansard;
chaque étage est percé de seize ouvertures; les
fenêtres des mansardes sont surmontées de fron-
tons alternativement arrondis et triangulaires. Un
pavillon à peine saillant renferme les deux ouver-
tures centrales; il interrompt la toiture et se pro-
longe en forme de grand fronton en arc de cercle;
le tympan est rempli par un écusson ovale posé sur
un cartouche enroulé. Le cartouche du bâtiment
Est est orné, en outre, de branches de myrte.
Au-dessous de son fronton, on lit : Enfants trouvés.
Quoniam pater meus et mater mea dereliquerunt me,
Dominus autem assumpsit me. PsaL 26 ^.
Le bâtiment Est est terminé vers le Nord par un
grand pavillon qui présente un rez-de-chaussée, un
1. Arch. mun., 478, délibération du 11 mai 1607.
2. Pouillé de Rennes, par le chanoine Guillotin de Gorson, 111, 342. —
Histoire de Rennes, par Marteville, II, 349.
S. Bulletin de la Société archéolog. d'IUeet-Vil., t. X, p. xix et xx.
— Do — vus.
étage et un toit à la Mansard; ce pavillon est aspecté
au Nord; sept ouvertures sont pratiquées à chaque
étage. La partie centrale offre une saillie peu pro-
noncée avec trois ouvertures par étage. La porte
percée au milieu du rez-de-chaussée et la fenêtre
qui la surmonte sont en plein cintre. Cette partie
centrale se prolonge, en coupant le toit, en forme
de grand fronton percé de trois fenêtres et sur-
monté d'un tympan triangulaire; les autres fenêtres
des mansardes sont cintrées. — Le tympan a été
chargé après coup d'un grand écusson ovale posé
sur un cartouche enroulé et sommé d'une couronne
aujourd'hui très mutilée; des deux côtés se voient
des trophées de drapeaux, d'étendards, de boulets,
de fusils, avec une fascine, un canon, un tambour,
une cuirasse et un casque.
Ce pavillon a été construit en 1767*, comme le
prouve une inscription gravée sur une des pierres
du jambage droit de la porte intérieure (façade
Sud), qui donne accès de la cour dans l'escalier :
pre pierre 1767 -. Une autre inscription en capitales
romaines en indique la destination et les construc-
teurs, elle est gravée sur une frise qui court sous
les fenêtres des mansardes de la partie centrale;
Fondation pour six anciens prestres faille par Ma--
dame (la Comlesse) de la Garlais el Monsieur de ta
Bourdonais (Comle) de Monlluc son frère^. Les mots
placés entre parenthèses ont été grattés pendant la
Révolution.
La façade extérieure des trois bâtiments est sem-
blable à leur façade intérieure. Celle du bâtiment
1. Fouillé de Refînes» par le chanoine Guillotin de Corson, III, 841.
2. Bulletin de la Société archéolog. d'Ille-et-Vil., t X, p. xix.
3. Histoire de Rennes, par Marteville. II, 849.
ARS. — ATE. — 96 —
Est est la seule que Ton puisse voir facilement,
elle borde l'avenue de la Tour-d'Auvergne : on y
compte dix -sept ouvertures par étage et huit
fenêtres de mansardes. — Le pavillon dont il vient
d'être parlé la termine au Nord; il comprend, du
côté de l'avenue, trois fenêtres à chaque étage.
Rue des Ateliers (Canton S.-E.j.
Cette rue récente doit son nom, depuis 1885, au
voisinage des ateliers de la Gare.
Avant rétablissement de la voie ferrée, l'entrée
de la rue des Ateliers du côté du faubourg Saint-
Hélier formait, avec la rue de l'Embarcadère, une
ligne droite reliant la rue et le faubourg Saint-
Hélier; cette entrée de rue est encore aujourd'hui
appelée la Casseroley altération du mot casse-reue
(casse-roue); on lui donnait ce nom à cause de sa
forte pente et de son entretien défectueux *.
La rue coupe à 180 mètres environ de son extré-
mité Est l'emplacement de l'ancienne maison du
Petit Lion d'or-.
A cent mètres environ plus loin, du côté Sud de
la rue, se trouve l'ancienne maison de la Grande
Herpe; deux portes accolées, d'inégale dimension,
donnent accès dans la cour; la plus petite est en
plein cintre. La maison a conservé au rez-de-
chaussée, du côté de la cour, une fenêtre grillée
dont les montants se terminent en fers de lance. —
La Grande Herpe appartenait en 1645 à Pierre Ter-
rier de la Robitelais et à Renée Laval, sa femme ^.
1. I^s Rues de Rennes, par L. Decombe.
2. (ladastre de Rennes de 1840.
3. Arch. mun., 32i^.
— 97 — ATE. — BAS.
On trouve en 1563 un Blandin, sieur de la Herpe*,
mais nous ne savons s'il s'agit de cette maison ou
d'une autre du même nom.
Rue de la Barbais (Canton S.-Ë.).
Cette rue doit son nom à la maison de la Barbais %
elle remplace un ancien chemin. La maison de la
Barbais, étant absolument en dehors de la ville, ne
peut être étudiée ici.
Place du Bas des Lices (Canton N.-O.).
Elle s'appelait autrefois place de la Harpe, du
nom d'une hôtellerie qui se trouvait dans son voi-
sinage (Voir n® 9, rue de Juillet)^; on la nommait
aussi au xvii" siècle, placis de la Carrière ^^ à cause
des carrières et des buttes qui existaient à cette
époque entre elles et la rue Saint-Louis ; on lit, en
effet, dans un prisage de l'hôtel du Molant en 1694
(n** 34, place des Lices) que l'hôtel faisait « face du
« bout Occident sur la carrière de la Porte Morde-
« laise ^. » Ce pouvait être une simple carrière de
sable, car on voit citées en cet endroit des sahlon-
nières en 1629^.
Une motte appelée Motte Chauvin se trouvait
au XV" siècle entre la Porte Mordelaise et le Pré-
Raoul '^.
1. Ârch. mun. , 325.
2. I^s Rues de Rennes, par L. Decombe.
3. Ibid.
4. Arch. dép., Evêché de Rennes, G, 41, p. 304.
5. Bulletin de la Société archéolog., XV, 1" partie, p. 141. — Jean
du CloS'Bossart, par le comte de Palys, p. 11.
B. Arch dép., Carmélites, 21.
7. Arch. dép., Réformation du domaine de Rennes de 1455, f* 40, r*, et
suivantes.
BAS. —-98 —
Une murette construite en 1663 séparait les Lices
de la place du Bas des Lices. (Voir place des Lices.)
Les maisons Sud de la place sont postérieures à
Tincendie de 1720 *, elles entourent l'ancien boule-
vard de la Porte Mordelaise, on voit encore le mur
de ce boulevard dans la cour du n« 1 . (Voir aussi les
n**' 22, rue Nantaise, 9 et il, rue de la Porte Mor-
delaise.)
N** 10. Ancienne hôtellerie de la. Tour d'Argent,
citée dès le xvii" siècle -,
On voyait au milieu du xviii" siècle, au bas des
Lices ou dans le voisinage immédiat, la maison du
Fort de Plaisance^.
Rue de la Basse-Baudrairie (Canton N.-E.)
Cette rue fort ancienne a emprunté son nom aux
baudroyeurSy marchands de cuir et ouvriers en cuir
qui rhabitaient; elle était le prolongement de la
rue de la Haute-Baudrairie, qui s'étendait entre les
rues d'Orléans et de Rohan et a été détruite par
l'incendie de 1720. (Voir rue d'Orléans.) Les deux
rues réunies formaient le faubourg de la Daudrai-
rie * ; ce faubourg existait dès le xm" siècle, car on
trouve mentionné en 1288 cheminum per quein itur
de Baldreria liedonis erga ecclesiam S" Georgii
Redonensis ^.
L'extrémité Est de la rue de la Basse-Baudrairie
remplace Tancien Carroil Peschart (voir rue du
1. Plans de Bennes de 1616, Hm et 1685.
2. Arch. dép.. Evêché de Rennes, G. 41, p. 283. — Cadastre de 1840.
3. Bulletin de la Société archéolog. d'Ille-et-Vil., XX VII, p. vi.
4. Arch. départ., Saint- Mêlai ne. 8. — Pouillé de Rennes, par le cha-
noine Guillutin de (^orson, III, 500.
5. Bibl. de Rennes, Cartulaire de Saint Melaine, f" f>^. r».
— 9î^ — BAS.
Vau Saint-Oermain) ; elle fut appelée en 1769 place
Duras, en Thonneur de M. de Durfort, duc de Duras,
commandant en chef en Bretagne*. On y voyait un
puits public^.
La rue conserve quelques maisons du xvii* siècle
sans intérêt.
N" 1. Hôtel de Lys^, — Cette maison fut construite
après Tincendie de 1720 par M. Gaspard de Lorme,
ancien fermier général des Etats de Bretagne :
celle qui Tavait précédée avait disparu longtemps
auparavant.
On a déposé dans la cour de l'hôtel deux grandes
pierres en granit sculpté du xvi' siècle, qui pro-
viennent de la commune de Gévozé et ne doivent
pas, par conséquent, être décrites ici.
N^ 5. Là était au xvii* et au xviii* siècles l'entrée du
Jeu de Paume du Pigeon, qui s'étendait sous le n° 8
de la rue de Coëtquen et jusque sous Tangle Sud-
Est des Galeries Méret. Il avait cent deux pieds sur
quarante pieds et demi*. Le Jeu de Paume servit
souvent de salle de spectacle au xvii" siècle^; il
appartenait en 1646 au s' de Brecé de la Ghotar-
daye* et en 1720 à M. Gardin de la Bretonnière '^.
On le transforma provisoirement en halle à la viande
de 1721 à 1733, puis après la construction d'une
nouvelle halle près du quai Lamartine, il servit
quelques années de manège à l'Académie royale
1. Les Rues de Rennes, par L. Decombe.
â. Bibl. de Rennes, plan ancien.
3. Terrier de Rennes de 1739. p. 50 et 84.
4. Le Théâtre de Rennes, par L. Decombe, p. 47.
5. Rennes illustré, par L. Decombe, p. 215. — Histoire de Rennes*
par Marteville, II, 279.
6. Le Théâtre de Rennes, par L. Decombe, p. 47.
7. Arch. mun., 130. — Terrier de Rennes de 1739, p. 85.
1
BAS. — 100 —
d'équitation ^ ; il n'était plus affecté à cet usage dès
1748^, il redevint ensuite saiie de specfac/e jusqu'en
1785, époque à laquelle il fut démoli partiellement
pour le percé de la rue de Coëtquen^; il ne dis-
parut complètement qu'en 1789. (Voir rue de Coët-
quen.)
A l'Ouest du Jeu de Paume se voyait Vhôlel
Saliou du Chef du Bois, appartenant en 1720 au
comte de Crévy\
Près de lui également existait dès 1621 une mai-
son « où pendait pour enseigne le Cerf-Volant. »
Cette maison touchait l'hôtellerie du Griffon, (Voir
place de la Mairie.)
N« 2. Ancien hôtel Fournier, en 1756* et en 1788 ^
— Sur son emplacement se trouvait dès le milieu
du xv" siècle une hôtellerie franche « où pendait
« pour enseigne l'image Saint- Nicolas''. » Avant la
construction de la grande maison actuelle, l'Image
Saint-Nicolas était la deuxième maison à partir de
la rue d'Orléans; son jardin descendait jusqu'à la
rivière ^.
On trouvait aussi en 1604, du même côté de la
rue, la maison des Truies qui filent, et au n** 14 la
1. Ârch. mun., Oomptes des Miseurs de 1789, f'» 18, v«, et 30. r®. et de
1743. f- 12, r*.
2. Ibid., 1748, f- 10, v.
3. Histoire de Rennes, par Marteville, II, 198 et 199. — Le Théâtre de
Rennes, par L. Decombe. p. 47 et suivantes.
4. Arch. dép., Saint-Denis. — Bibl. de Rennes. Plan de 1788.
5. ("communication du comte de Belleviie.
(). Bibl. de Rennes, Plan.
7. Arch. dép.. Saint- Georges, 47.
8. Ibid.A^ et 47. — Réformation du domaine de Rennes de 1646, f« 263, v.
— 101 — BAS.
maison de V Image Saint-- Arm^el ; cette dernière avait
été détruite par un incendie avant 1681 *.
On voyait aussi dans la rue la maison de Vlmage
Saint'Barthélemy^, celle de la Tour Morin en 1782^
(voir quai Chateaubriand), et la maison de Vlmage
Saint-Sébastien * .
Rue Le Bastard (Cantons N.-E. et N.-O.).
Cette rue, citée dès 1353^, porte le nom de M. Le
Bastard, décédé maire de Rennes en 1892 ; elle s'ap-
pelait jusqu'en 1893 rue aux Foulons. On croit géné-
ralement qu'elle était ainsi nommée à cause de
moulins à foulons établis sur l'ancien fossé de la
ville, près de la porte aux Foulons; mais c'est là
une erreur, car ces prétendus moulins n'ont jamais
existé : elle doit son nom à ce qu'elle était habitée
principalement à l'origine par des ouvriers foulons
ou drapiers^.
Cette rue était fermée au Nord par la porte aux
Foulons, (Voir rue de la Motte-Fablet.j — Avant l'in-
cendie de 1720, sa partie Sud s'infléchissait forte-
ment vers l'Est à la hauteur du n** 6 et se terminait
à un carrefour, à peu près dans la cour du n** 10 de
la rue Nationale ; elle a été reconstruite et redressée
après 1720 et ne contient plus que quelques maisons
anciennes.
1. Arch. dép., Saint-Denis. — Réformation de domaine de Rennes de
1646, f* 265, r*. — Pouillé de Rennes, par le chanoine Guillotin de Cor-
son, I, 245.
2. Arch. dép., Eglises paroissiales, G, 530.
8. Arch. dép., Chapitre de Rennes, G. 234.
4. Arch. mun., Comptes des Miseurs de 1552, 1" registre, f«» 30, r*,
et 31 , r».
5. Arch. dép., Saint- Melaine, 9.
6. Les Rues de Rennes, par L. Decombe.
BAS. — 102 —
N"* 9. Il marque à peu près remplacement du petit
hôtel Huart de Bœuvres, qui avait été acheté, en 1528
par la famille de ce nom et lui appartenait encore
en 1738».
N* 11. Hôtel de la Guibourgère. — Il remplace
Tancien hôtel du même nom, détruit par Tincendie
de 1720 et appelé antérieurement hôtel d'Argentré,
puis hôtel Huart de Bœuvres-; il passa, par alliance,
des Huart aux de la Guibourgère ^.
Les vantaux de sa porte-cochère méritent d'être
signalés; leurs deux panneaux supérieurs sont
sculptés d'enroulements de feuillages et d'une
grande coquille; le couvre-joint est surmonté d'une
tête de femme en haut-relief, posée sur une volute
imbriquée, ses cheveux forment des boucles ondulées
et ses épaules sont couvertes d'une peau de lion,
que font deviner deux pattes croisées sur la poitrine.
N® 15. Ancien petit hôtel de Robien. — Il était en
construction en 1721 *.
N*» 17. Hôtel de Robien. (Voir n*» 22, rue du Champ-
Jacquet.)
N** 6. Ancien hôtel d'Artois, puis de Châteaure-
naiilt. — L'hôtel, situé au fond de la cour, présente
au rez-de-chaussée une porte en anse de panier et
une fenêtre à appui mouluré; son premier étage est
percé d'une fenêtre semblable. — La façade Est
possède une porte flanquée de chaque côté d'une
colonnette torique à arête mousse qui repose sur
une petite base; à côté de cette porte s'en trouve
1. Communication du comte de Bellevûe.
2. Arch. dép., Saint-Melaine, 6.
3. Communication du comte de Bellevûe.
4. Arch. dép., Etats de Bretagne, C, 8828. Procès-verbal de l'incendie
de 1730, f- 18. r».
— 103 — BAS.
une seconde, cintrée et chanfreinée. — Le jardin
de rhôtel s'étendait vers FEst jusqu'à la rue de
Bordeaux; ses écuries étaient en face, de l'autre
côté de la rue Le Bastard*.
L'hôtel d'Artois appartenait, en 1618, aux de
Launay du Han,et en 1671, aux de la Porte d'Artois^.
11 passa par alliance, à la fin du xvir siècle, aux
Rousselet de Châteaurenault, qui le possédaient en
1721 et 1732'; il servait en 1773 d'hôtel de la Mes-
sagerie de Paris *; le courrier de Paris y descendait
tous les deux jours *. Il était occupé sous la Répu-
blique et le premier Empire par Vhôtel de la Patrie;
c'est là que se suicida, en 1808, le vice-amiral de
Villeneuve, le vaincu de Trafalgar, en allant à
Paris pour rendre compte à l'empereur de sa glo-
rieuse défaite. Il a été occupé plus tard par une
loge maçonnique^ puis par un temple protestant*.
N* 8. L'allée de cette maison était fermée jus-
qu'en 1897 par une belle porte sculptée à un seul
battant qui, d'après nos souvenirs, devait dater du
xvi» siècle. La maison semble occuper l'emplace-
ment de la maison de la Botte d'argent en 1728^.
N** 10. Son allée conduit à une cour au fond de
laquelle se trouve un ancien hôtel, composé d'un
corps étroit de bâtiment flanqué de deux ailes très
saillantes ; le sol compris entre ces trois construc-
tions forme une terrasse élevée de cinq marches.
1. Arch. dép., Etats de Bretagne, C, 8ÎI28, procés-verbal de l'incendie
de 1720, p. 17.
2. Arch. du Palais, ancien B, 5. Plans de 1618 et de 1671.
8. Arch. dép., Etats de Bretagne, G, 8828, procès-verbal de Tincendie
de 1720, p. 19.
4. Arch. dép., Saint-Melaine, 8 et 67.
5. Communication du comte de BelleTÛe.
6. Histoire de Rennes, par Marteville, III, 813.
7. Arch. dép., Saint-Melaine, 67. — Arch. mun., 221.
BAS. — 104 —
Cet hôtel était aux de Rosmadec en 1618; il appar-
tint aussi aux du Boisgeslin de Mesneuf, il était aux
mains des Chapelle en 1671, et en 1732, aux mains
du comte de Villayers '.
La partie centrale contient un rez-de-chaussée et
un étage, séparés Tun de l'autre par un bandeau
mouluré. Le rez-de-chaussée est percé d'une seule
fenêtre de grande dimension, ornée de deux pilas-
tres doriques qui soutiennent un entablement ; une
fenêtre analogue, flanquée de deux pilastres ioni-
ques, se voit à l'étage supérieur. — L'aile Sud com-
prend deux étages : sa face Nord présente à chaque
étage une fenêtre semblable à celles du bâtiment
central, mais beaucoup plus étroite ; sa face Ouest
présente uniquement une petite fenêtre à appui
mouluré. — L'aile Nord est moins régulière et d'un
style moins caractérisé; on y voit seulement une
porte et plusieurs petites fenêtres entourées de
moulures. Le toit en est à quatre pans et très élevé.
— Le bandeau que nous avons signalé plus haut
se continue sur les deux ailes.
La façade Est de l'hôtel est dépourvue d'ailes et
percée à chaque étage de trois ouvertures inégales.
N** 14. Il occupe l'emplacement de l'ancien hôtel
du Boisgeslin de Cucé; un grand jardin s'étend à
l'Est derrière lui ; il possédait autrefois un pavillon
et avait une sortie sur le mur d'enceinte^. Il appar-
tenait en 1627 à Julienne Forgeais, dame de la
Balluère^; il passa ensuite par succession à sa fille
Gillone Martin * qui le transmit par alliance aux du
1. Arch. dép , Saint-Melaine, 6. — Arch. du Palais, ancien B, 5. Plans
de 1618 et de 1671.
2. Arch. dép., Saint-Melaine, 5. — Arch. mun , 115.
3. Arch. mun., Comptes des Miseurs de 1627, — 1628, fo 25, ro, —
— 1629. — 1680.
4. ma., 16λ, f» 40, r», — et 1652.
— 105 — BAS.
Boisgeslin de Mesneuf *. Il était encore aux du Bois-
geslin en 1726-, et en 1782 aux le Gonidec de Trais-
san ^. La ville loua cet hôtel au xvii" siècle, pour y
loger le comte de Vertuz, gouverneur de Rennes*.
N** 16. Hôtel Ferret du Timeur. — La façade
de cette maison est seule moderne. Son escalier
présente une jolie rampe en fer forgé et de belles
portes moulurées avec linteaux denticulés. Les
marches et les paliers sont soutenus par des arca-
tures de bois à pendentifs d'un gracieux effet.
Il appartenait en 1686 et en 1721 aux Ferret du
Timeur^, et en 1759 aux de la Bourdonnaye ^. Il
possède à l'Est un vaste jardin.
N* 24. Cette maison est en retrait et encastrée
entre deux constructions plus récentes, dont Tune
dissimule même le tiers de sa façade. Un magasin
construit entre elle et la rue forme une terrasse
devant le premier étage. La maison a trois étages
et un pignon couvert en ardoises et percé d'une
lucarne. Sa façade offre une particularité qui ne se
retrouve nulle part ailleurs à Rennes; elle se com-
pose uniquement de bois et de vitres, sans aucune
maçonnerie apparente; les fenêtres ne sont sépa-
rées les unes des autres que par d'étroites poutres
verticales. On ne voit plus aujourd'hui à chaque
étage que deux grandes fenêtres alternant avec
trois plus petites. Au-dessus de chaque étage règne
une frise en bois ornée de moulures rectangulaires.
1. Arch. dép., Min. de Bertelot, notaire à Rennes. 30 avril WM.
2. Plan de Rennes de 1726.
3. Arch. dép., Saint-Melaine. 67.
4. Arch. mun.. Comptes des Miseurs de VW. — 1628, f« 25, r*. — J629,
— 1630, — 1683, fo 40. r-, - 1652.
5. Arch. dép.. Grand-Séminaire, G, 381. — Etais de Bretagne, (1,3328,
procès- ver bal de l'incendie de 1?20, p. 19.
6. Arch. dép., Saint- Georges, 142.
XXXIII 13
BAS, — BEA. — 106 —
— Cette curieuse maison présente les caractères du
XVII" siècle; elle dépendait de V hôtel d'Andigné de
la Chasse. (Voir rue de Bertrand.)
Rue Beaumanoir (Canton N.-O.).
Cette rue rappelle vraisemblablement le souvenir
du héros du Combat des Trente, Jehan de Beauma-
noir; il ne serait pas impossible cependant qu'elle
eût reçu ce nom en Thonneur d'un des membres de
la branche de Beaumanoir de Lavardin, qui a fourni
deux lieutenants-généraux en Bretagne et un évêque
de Rennes à la fin du xvii** siècle et au commence-
ment du xviii". Elle fut appelée en 1792 rue des
JeuneS'Rennais * .
Elle remplace, depuis l'incendie de 1720, la rue
de la Vieille Laiterie, qui descendait vers le Sud-
Est en passant par la cour du n"* 1, pour déboucher
dans la rue de Rohan actuelle. — La rue Tristin
s'embranchait à la rue de la Vieille Laiterie entre
les n"' 4 et 6. Au carrefour Est de la rue pas-
sait la rue Neuve, qui se dirigeait sous THôtel de
Ville.
La porte Beaicdrière, dépendant de la première
enceinte, se trouvait dans la cour du n** 1 ; on l'ap-
pelait aussi Grande Porte ou Porte du Marché; près
d'elle était un escalier conduisant sur les murs-. La
tour qui défendait la porte était sous le n* 1. Cette
porte fut abandonnée au xv® siècle, après la con-
struction de la deuxième enceinte.
1. Les Rues de Rennes, par L. Decombe.
2. Arch. niun., Comptes des Miseurs de 1418, f* 74.
— 107 BEA. BEL.
Près d'elle se voyait au xv* siècle le logis Satint-
Honoré K
Boulevard de Beaumont.
Il doit son nom au voisinage des Maisons du
Grand et du Petit Beaumont-, Le chemin qu'il rem-
place décrivait un arc de cercle vers le Nord. Le
Grand Beaumont est à l'angle Sud-Ouest de la Mai-
son Centrale (voir rue Ginguené); le Petit Beaumont
occupait remplacement de la caserne du Colombier.
Rue et passage de Belair (Canton N.-E.).
Rue de Belair.
La rue de Belair a été ainsi nommée au xvii" siècle
à cause de la maison de plaisance de Belair (voir
caserne du Bon-Pasteur), à laquelle elle conduisait;
elle fut appelée en 1811 rue de la Préfecture^.
La rue de Belair semble occuper l'emplacement
de la voie romaine de Rennes au Mans ; elle existait
en tout cas dès le xi* siècle comme chemin condui-
sant à Vitré*; en effet, jusqu'au percement de la
rue Victor-IIugo, on était obligé de la suivre pour
gagner la route de Paris.
Les numéros impairs sont construits sur d'an-
ciens terrains , en partie plantés de vignes au
XVI* siècle et appartenant à Tabbaye de Saint-Me-
1. Arch. dép., Réformation du domaine do Rennes en IMm, f* 110, v*.
2. Les Rues de Rennes, par L. Decoinbe.
8. Les Rues de Rennes, par L. Decombe.
4. Histoire de Rennes^ par Martcville, II. Wi.
BEL. — 108 —
laine *; les numéros pairs s'élèvent sur les anciennes
dépendances de Tabbaye de Saint-Georges.
Nous venons de citer pour la première fois des
champs plantés de vignes à la porte de Rennes,
nous en mentionnerons d'autres au cours de cet
ouvrage; il est donc nécessaire de dire qu'au moyen-
âge et même au xvii* siècle, on cultivait beaucoup
la vigne dans tout le pays. Le vin rennais était-il
agréable au goût? L'anecdote suivante en fait douter :
« Le brave capitaine Lattay ayant dit au roy
« (Henri IV) : Sire, il y a trois choses signalées et
« remarquables en nostre Bretaigne et qui, par
« aventure, ne sont ailleurs en la chrestienté : car
« sont là les plus forts hommes, les plus forts
« chiens et les plus forts vins qu'on puisse voir. —
« Pour le regard des hommes et des lévriers de
« Bretaigne, il en est quelque chose, dit le roy,
« mais des vins je ne le puis entendre pour estre
« des plus aspres et des plus verts de mon royaume.
« Tesmoin le chien de Ruzé, Tun de mes conseillers
« audit pays, lequel pour avoir mangé une grappe
« de raisin breton près Rennes, aboya le cep de
« vigne, comme protestant se venger de telle ai-
« greur, qui jà commençait à lui brouiller le
« ventre-. »
N^^i. Hôtel de la Préfecture. — Il est situé sur l'em-
placement de l'ancienne maison du Rasoir et d'une
autre maison relevant de l'aumônerie de Saint-Me-
laine. Le Rasoir appartenait primitivement aux de
Coëtlogon, et en 1684 aux Mellet de Roullefort, qui
1. Arch. mun., 291.
2. Contes d'Eutrapel, par No^^l du Fail, chap. XXXIII, édition elzé-
virienne, t. II, p. 315.
— 109 — BEL.
le vendirent aux Jouanne en 1710. Les Michau de
Ruberso en acquirent le terrain en 1715 et construi-
sirent l'hôtel actuel qui fut appelé hôtel de Ruberso;
M. de Ruberso, sénéchal de Rennes, l'habitait en
1726*. Il fut vendu en 1733 au président de Cornu-
lier et prit le nom cVhôtel de Cornulier-j puis servit
de logement aux Intendants de Bretagne, depuis
1770 jusqu'à la Révolution^. Il était loué 1,000 liv.
par an en 1741 et 1745, et 2,000 liv. en 1746 et 1754 \-
il devint enfin en 1811 V hôtel de la Préfecture.
Les sculptures qui ornent sa façade sont mo-
dernes ; son jardin, autrefois planté de vignes, fut
ensuite transformé en vergers Une orangerie y fut
construite en 1787*.
On conserve dans le cabinet du préfet un beau
bureau en marqueterie, qui a appartenu au procu-
reur général de la Chalotais^
Les écuries occupent l'emplacement de VHôtel de
Francheville, démoli vers 1880^.
N"* 5. Caserne du Bon-Pasteur, — On voyait dans
cet endroit, au xvii" siècle, la maison de Belair avec
son jardin; elle fut vendue en 1654 par les Fournel
de la Fontaine aux Avril des Plantes, et revendue
par ceux-ci en 1663 aux de Marbeuf. Le jardin pos-
sédait alors un pavillon en dôme^. Elle appartint
1. Plan do Rennes de 17af>.
2. Arch. dép., Saint-Melaine, 2, pages GOô et 718.
3. Ârch. mun., 5i7; délibération du 7 décembre 1770. — Histoire de
Rennes, par Marteville, II, 320.
4. Arch. mun., Comptes des Miseurs de 1741, f" 5, v, — de 1745, T*» 4,
r-, — de 1746, f« 6. v», — et de 1754.
5. Arch. dép., Saint-Melaine. 8.
6. Arch. mun., Compte des Miseurs de 1787.
7. Le Nouvelliste de Bretagne du 20 août 11)08.
8. Arch. dép , Bon-Pasteur, 4. — Bibl. de Rennes, plan de 1730. —
Cadastre de 1840.
9. Arch. dép.. Saint- Georges. 140. — Min. de Bertelot, notaire à
Rennes, avril 1(>Ô7.
1
BEL. — 110 —
ensuite à Catherine Busnel, veuve de la Motte-
Fouquet, qui la vendit en 1718 à Jeanne du Temple,
veuve de François Pugin, pour y établir un couvent
destiné à recevoir des filles repenties*. La Révolu-
tion en fit une prison de femmes, qui fut transfor-
mée plus tard en caserne-.
L'ancien couvent comprend deux corps de bâti-
ments posés à angle un peu aigu et formés chacun
d'un rez-de-chaussée et de deux étages surmontés
d'un toit droit; celui qui borde la rue date de 1749,
l'autre de 1770 environ^.
Le premier bâtiment présente onze ouvertures de
façade par étage. Le rez-de-chaussée comprenait
de rOuest à l'Est la chapelle^, le chœur, le vestibule
d'entrée avec un petit parloir, le réfectoire et la cui-
sine; — le premier étage se composait de la partie
haute de la chapelle et d'un grand laboratoire pour
les pénitentes; le deuxième étage renfermait, du
côté de la rue, les chambres des religieuses, et der-
rière elles un dortoir de pénitentes.
Le deuxième bâtiment contenait au rez-de-chaus-
sée, derrière la chapelle, un escalier, une salle, un
lavoir et une cuisine pour Tinfirmerie ; — au pre-
mier étage, une infirmerie pour les religieuses et
deux autres pour les pénitentes; — au deuxième
étage, enfin, un grand dortoir de pénitentes'».
N*" 9. On voyait à cet endroit des 1545 une mai-
son « où pendait pour enseigne la Sirène ou Se-
1. Arch. dép., Bon-Pasteur, 4.
2. Fouillé de Rennes y par le chanoine Guillotin de Corson, III. 183.
— Histoire de Rennes, par Marteville, III, 61.
3. Arch. dép., Bon-Pasteur, 4. Plans.
4. Arch. dép., Saint-Melaine, 19. — Pouillë de Rennes, par le cha-
noine Guillotin de Corson, IIL iHi.
ô. Arch. dép., Bon-Pasteur, 4.
— m — BKL.
« raine^; » elle était précédée d'une cour avec un
portail, un jardin s'étendait derrière elle. On y éta-
blit une maison de santé pour les pestiférés en 1628
et 1632^ Cette maison appartenait aux Perdriel en
1628 3. Elle fut vendue en 1686 par les Denys des
Prés aux de Bonnefonds\ qui la possédaient encore
en 1771 sous le nom d'hôtel de Bonne fonds ^ .
La maison de la Petite Sirène était contiguë à la
précédente ^.
Un peu plus bas se voyait, en 1607, la maison des
Ormeaux '^.
N** 15. Au Nord du jardin de l'Etablissement des
Frères de Ploërmel et bordant le Thabor, se trouve
l'ancien hôtel du Crosco ou maison des Trois- M arches,
avec ses jardins en terrasse; il fut vendu en 1756
par les Frey de Neuville aux Le Boucher*. La mai-
son principale comprend un rez-de-chaussée et un
étage avec cinq ouvertures de façade; le toit est
coupé par une sorte de lanterne à deux étages per-
cés chacun d'une fenêtre; elle est prolongée vers
l'Ouest par un simple rez-de-chaussée.
N" 2. Au Sud-Est de l'hôtel de la Caisse d'Epargne
s'élevait la Tour Neuve^ dépendant de la deuxième
enceinte de la ville; cette tour servit quelque temps
de glacière à l'intendant de Bretagne*.
1 Arch dép., Saint-Georges, 17. — Saint-Melaine, 38. — Arch. mun..
302
2. Bulletin de la Société archéol. d'IL-etViL, XXVI, 103 et 110.
3. iWd., p. 103.
4. Arch. dép.. Saint-Georges, 140.
5. Arch. mun., 117. -- Arch. dép., Intendance, G, 355.
B. Arch dép., Saint-Georges, 140.
7. //>iU, 139.
8. Ibid.. 140. - Cadastre de 1840.
y. Arch. dép.. Intendance, (j. ;H(i. — Arch. mun , 134. — Plan de
Rtmnes de 1685.
BEL. — 112 —
A peu près sous les écuries de cette maison exis-
tait encore au commencement du xix® siècle une
autre glacière appartenant à la ville ^
N® 6. A cet endroit commençait le chemin de
lAbreuvoir, qui longeait les douves de l'enceinte et
débouchait au Gué Saint-Georges^ près du Pré
Pourri (gare des tramways départementaux)-. Ou-
vert vers 1476^, il fut supprimé en 1737 par Tab-
baye de Saint-Georges et reporté plus à TEst, sur
l'emplacement de la rue de Viarmes actuelle.
Tout près de là se trouvait la maison de la Sa-
blonnière, qui touchait le pavé de la rue, la contres-
carpe de l'enceinte et le chemin de l'Abreuvoir *;
son nom vient d'une ancienne carrière de sable.
L'abbaye de Saint-Georges possédait dès 1587 la
pièce de terre de la Sablonnière; l'abbesse Fran-
çoise de la Fayette y construisit une maison « de
« son menasgement particulier du revenu casuel
« de Tabbaye, » et en fit don à son couvent en 1659 ^
Les dépendances s'étendaient jusqu'à la rivière*.
Le droit de haute-justice de l'abbaye de Saint-
Georges s'exerçait primitivement près du Gué de
Baud, puis dans le Champ de la Vergue, près de la
Sablonnière, où l'on voyait, au milieu du xvii® siècle,
une justice patibulaire à quatre paux « au joignant
des fossés de la ville. » Cette carrée fut transportée
plus tard sur la route de Chantepie''.
1. Arch. mun., 117. — Compte des Miseurs de 1787.
2. Arch. mun., 302.
3. Arch. dép., Saint-Georges, 60. — Arch. mun., Comptes des Miseurs
de 1476, £• 30, vo.
4. Arch mun., 303.
5. Arch. dép., Saint- Georges, 18.
6. Ibid., 60.
7. Arch dép., Saint-Georges, 47. — Fouillé de Rennes, par le cha-
noine Guillotin de Gorson. II. 260. — Histoire de Rennes, par Marte-
ville, II, 418.
— 113 — BEL. — BER.
N" 8. Cette maison remplace Tancien hôtel le Bou-
cher de la Villegaudin, qui existait encore au com-
mencement du XIX* siècle*.
Passage Belair.
Le passage Belair date de la deuxième moitié
du xix* siècle; il traverse les anciens jardins de
Tabbaye de Saint-Georges.
Rue et pont de Berlin (Canton N.-E.].
La rue de Berlin a été percée après Tincendie de
1720. Le plan de 1726 lui donne le nom de rue de
Bretagne; en 1769 elle fut appelée ofliciellement rue
de DuraSy en Thonneur de M. de Durfort, duc de
Duras, commandant en chef en Bretagne, mais on
la nomma communément rue de Bourbon prolongée.
Appelée rue de Berlin après la prise de cette ville
par l'armée française en 1806, elle porte au cadastre
de 1809 le nom de rue Neuve-.
Les anciens plans de Rennes figurent une tour,
appelée Tour Morin, sous Tangle Sud-Est de la rue.
(Voir quai Chateaubriand.)
N* 4. On y voit une vieille maison qui a conservé
une espèce de lanterne carrée, recouverte d'ardoi-
ses et surmontée d'un toit en carène.
Le pont de Berlin date de la construction des
quais ; sa partie Nord s'étend sur le lit primitif de
la Vilaine, et sa partie Sud sur les anciens jardins
du couvent des Grandes-Ursulines. (Voir rue du
Pré-Botté.)
1. Arch. mun.. 117.
2. Les Rites de Rennes, par L. Deoombe.
BKH. — 114 —
Rue de Bertrand (Canton N.-E.).
Elle a reçu le nonti de M. de Bertrand de Molle-
ville, Intendant de Bretagne de 1784 à 1788, époque
à laquelle elle fut percée. On Tappela en 1792 rue
des Lillois, et sous TEmpire rue Friedland : la Res-
tauration lui rendit sa première appellation. — Lors
des résistances du Parlement coiitre l'absolutisme
royal en 1788, M. de Bertrand, après avoir promis
que les droits du Parlement seraient respectés, ac-
compagna M. de Thiard, lieutenant-général en Bre-
tagne, lorsqu'il fit irruption le 10 mai dans le Palais
de Justice, pour exiger Tenregistrement des édits
qui enlevaient au Parlement le droit de remon-
trances. Le peuple de Rennes, pour Ten punir, ar-
racha de cette rue les écriteaux qui portaient son
nom et écrivit à leur place : rue du Tartufe^.
La rue de Bertrand remplace une ruelle qui lon-
geait intérieurement le mur de la deuxième enceinte.
Le mur s'étendait sous la façade des n** 1 à 7, puis
obliquait vers le Sud-Est pour rejoindre la porte
Saint-F'rançois à la hauteur du n* 3 de la rue Hoche.
On en voit encore une partie, sur une longueur de
40 à 50 mètres, au Sud des n"** 12 à 18 de la rue de
Bertrand, et principalement dans Tatelier de mar-
brerie du n* 14 : il a 1"*20 d'épaisseur.
N" 2 à 6. Emplacement de Tancien hôtel d'Andigné
de IsL Chasse"^. — Cet hôtel, composé autrefois de
trois corps de logis, a été rescindé par Talignement
t. Les Hues de Rennes, par L. Decorabe. — Résumé du Cours d'His-
toire de Bretagne de M. de la Borderie, IV, 266.— Arch. niun.. Compte
des Miseurs de 1784.
2. Arch. dép., Saint-Mplaine. 6 »H 67. — Cadastre de 1840.
— 115 — BER. — BLO.
de la rue de Bertrand ; il n'en reste plus aujourd'hui
qu'une dépendance qui porte le n* 24 de la rue Le
Bastard. Après avoir appartenu en 1657 • et vers
1780 aux d'Andigné de la Chasse-, il était en 1791
aux Morfouace de la Communaye ^
Rue de la Blotterie (Canton N.-K.).
Cette rue moderne doit son nom à Tancienne mai-
son de la Blotterie, qui était située à son extrémité
Est et dans son axe *.
La Blotterie appartenait en 1569 aux Le Mar-
chand de la Tousche^ et passa par succession aux
Trochet en 1595; elle consistait alors en une salle
basse, avec une chambre et un grenier au-dessus;
elle touchait la pièce de terre du Paradis^. Les
Trochet la vendirent en 1596 à un maitre boulanger,
appelé Drouasne^; elle appartenait en 1637 aux Le
Tourneux de la Bassonnière^, qui la vendirent en
1687 aux Brindejonc de la Mare •. Les Salles l'ache-
tèrent en 1688'^; elle passa ensuite aux Baron, qui
la vendirent en 1755 aux Drouet, négociants à Ren-
nes, et ceux-ci aux Barbier en 1778**.
1. Arch. dép., Min. de Bertelot, notaire à Rennes, avril 1657.
2. Arch. dép., Saint-Melaine. 67. — Arch. m un., 114.
3. Arch. dép., Saint-Melaine, 3.
4. Cadastre de 1840.
5. Arch. dép., Saint-Georges, 18 et 19.
6. làid., 131).
7. Ibid.
8. Ibid., 18 et 19.
9. Ibid.. 140.
10. Ibid., 141.
11. Ibid., 140.
BOI. — BOR. — 116 —
Passage du Bois-Rondel (Canton N. E.).
Voir faubourg d'Antrain, n** 46.
Rue de Bordeaux (Canton N.-E.).
Cette rue date de la construction du Palais de
Justice, c'est-à-dire de la première moitié du
XVII* siècle. Avant 1726, sa partie Nord s'appelait
rue de Paris; on projetait alors, en effet, de la pro-
longer jusqu'à la rue Le Bastard, et comme la rue
de Bertrand et la rue Victor-Hugo n'existaient pas
encore, elle aurait ainsi constitué la voie la plus
directe pour gagner la route de Paris, en passant
par la rue et la porte Saint-François. (Voir rue
Hoche.) — Sa partie Ouest fut nommée en 1726 rue
de Bordeaux * .
Le tronçon Nord longe le jardin de l'ancien hôtel
de Cucé. (Voir n** 14, rue Le Bastard.)
N** i. Il occupe l'emplacement de l'ancien hôtel
d'Argentré ^.
N** 3. Hôtel le Gouverneur ».
N** tl. Petit hôtel de Cucé^ puis le Gonidec des
Aulnays. — On voit sur une partie de sa façade, entre
le deuxième et le troisième étage, une poutre
sculptée. Après avoir appartenu aux du Boisgeslin
de Cucé en 1664* et en i732 *, il était en 1787 aux le
Gonidec de Traissan.
1. Les Rues de Rennes, par L. Decombe.
2. Arch. du Palais, ancien B., 5. Plan de 1618.
3. Cadastre de 1840.
4. Arch. mun., 114. — Arch. dép., Saint-Melaine, 3 et (57,
5. Arch. dép., Saint-Melaine, H.
117 — BOR. — BOU.
Rue de la Borderie (Canton N.-E.^.
Cette rue, créée en 1903, traverse les anciens ter-
rains du couvent des CRlherinettes. (Voir rue de
Paris.)
Rue de Bourbon (Canton N.-E.).
Cette rue, percée après l'incendie de 1720, porte
le nom du gouverneur de Bretagne, Louis-Antoine
de Bourbon, comte de Toulouse; elle fut appelée
sous la Révolution rue de VEgalité^, L'échafaud ré-
volutionnaire demeura en permanence au haut de
celte rue d'octobre 1793 à juillet 1794. (Voir place du
Palais.)
La rue de Bourbon remplace la rue de la Cine ou
de la Cygne, qui devait son nom à la maison du
Cigne (voir n* i, place du Palais); la rue de la Cine
coupait diagonalement la rue de Bourbon depuis
son n* 3 jusqu'à son angle Sud-Est ; à Tune de ses
extrémités se trouvait en 1553 la maison de la Croix^
Blanche '^ et sur son côté Ouest la maison du Petit-
Paradis *.
La maison de la Cloche était dans Taxe et au haut
de la rue de Bourbon K
La rue de Bourbon était traversée à son extré-
mité Nord par la rue Saint-Georges. (Voir place du
Palais.)
1. Les Rues de Rennes, par L. Decombe.
2. Arch. dép., Saint-Georges, 187 et 188.
•3. Arch. dép.. Etats de Bretagne, G, 3828, procès- verbal de l'incendie
de 1720. p. 30.
4. Arch. dép.. Réformation du domaine de Rennes, de 1455. f* 161, y*,
et de 161G, fo* 298, v«, et 299, v. — Saint-Georges, 18 et 16.
BOL. — 118
N*^ 1. Hôtel de Cahideuc du Bois de la Motte ^.
N"* 3. Hôtel de Gennes de Vaudné, passé par al-
liance, vers le milieu du xviii* siècle, aux de Cor-
nulier-Lucinière. Ceux-ci percèrent en 1766 une
porte sur la promenade que remplace le Théâtre
actuel-.
L'angle Nord-Ouest de la rue est occupé par
Vhôtel de Talhouët de Brignac. (Voir n** 2, place du
Palais.)
N** 4. On peut examiner avec intérêt la façade pos-
térieure de celte maison ; elle présente trois étages
de galeries et une haute tourelle contenant en par-
tie la cage de l'escalier. La tourelle est peu sail-
lante; un de ses angles est à arête vive, l'autre est
arrondi; elle est surmontée d'une lucarne ronde;
enfin une sorte de petite lanterne couverte en ar-
doise couronne le toit.
Rue Le Bouteiller (Canton N.-C).
Elle porte le nom d'un prêtre du diocèse de Tré-
guier, Eudon le Bouteiller, qui fonda au xiv*' siècle
dans son manoir, à l'Est de la rue, une Maison-
Dieu qui devint plus tard Vhôpital Saint-Yves. —
On la nommait autrefois ime du Port Saint-Yves, à
cause d'un port qui a été supprimé par la construc-
tion des quais ^.
La porte Aivière, dépendant de la première en-
ceinte, s'ouvrait vers le Sud de la rue, sur l'em-
placement du port : cette porte est citée sous le
1. Arch. mun , 130. — Terrier de Rennes de 1739, p. 80. — Bibl. de
Renne», Plan de 1788.
2. Arch. mun., 121> et 180. — Terrier de Refînes de 17B9, p. 80.
3. Les Rues de Rennes, par L. Decombe.
— 111) — Bor.
nom de porta aquaria, dès l'époque gallo-romaine.
Le côté Est de la rue était bordé, avant la démo-
lition de rhôpital Saint-Yves, par un grand bâti-
ment destiné aux malades hommes et par la cha-
pelle qui existe encore et qui sera décrite sous le
n** 13 de la rue Saint-Yves.
Le bâtiment pour les malades hommes était un
peu en avant de l'alignement actuel; il datait de 1628*
et occupait remplacement de l'ancien manoir d'Eu-
don le Bouteiller. Il présentait deux étages percés
chacun de cinq fenêtres à croisées et surmontés
d'un toit droit et élevé, muni de cinq fenêtres de
mansardes et de deux grosses têtes de cheminées;
ses angles Sud-Ouest et Nord-Ouest s'appuyaient
sur deux grands contreforts. Entre le premier étage
et le deuxième se trouvaient des ancres en fer for-
mant en caractères romains Tinscription HOPITAL
SAINT YVES. — La façade Nord contenait une tou-
relle octogonale renfermant un petit oratoire; cette
tourelle clait surmontée d'un toit en carène et
percée au premier étage de trois fenêtres cintrées
et au deuxième de deux œils-de-bœuf circulaires-. —
L'intérieur du bâtiment renfermait deux grandes
cheminées à colonnes.
Une petite échope se voyait au xviii® siècle entre
la tourelle et le contrefort Nord; la construction en
fut autorisée en 1705, parce que cet emplacement
était constamment « rempli d'infections^. » Nous
verrons maintes fois dans la suite de ce travail de
nouveaux exemples du mauvais entretien de nos
rues aux xvir et xviii" siècles.
1. Pouillé de Rennes, par le chanoine Guillolin de Corson, III, îtiT.
2. Arch. dêp., 2* carton de M. de la Biji^ne. — Souvenirs de Rennes,
par M. Ducrest de Villeneuve. Croquis.
3. Ârch. m un., 82^{.
Bou. — 120 —
L'entrée de Thôpital se trouvait au Nord-Est du
bâtiment des malades hommes, entre lui et l'angle
Sud-Ouest de la chapelle Saint-Yves; elle se com-
posait d'une porte cintrée surmontée d'une galerie
qui reliait la salle des hommes à la chapelle K
A rOuest de la rue se voyait le cimetière Saint-
Yves ^.
N** 3. Chapelle de l'Ecce Homo. — Elle a été con-
struite en 1661, sur remplacement d'une chapelle
plus ancienne, en exécution du testament de Za-
charie Hurel de la Croix ^; une plaque commémora-
tive a dû être placée dans ses fondations *. Un plan
et un croquis anciens-^ la représentent avec une
porte à son pignon Est, une porte et une fenêtre
cintrée sur sa face Nord, une fenêtre semblable sur
sa face Sud, et une abside à trois pans percée de
deux fenêtres; le toit était surmonté jusque vers
1860 d'un campanile terminé par un petit dôme en
ardoise. La chapelle devait porter l'écusson des
armes du fondateur « au lieu le plus éminent
« d'icelle^. »
Ce n'est plus aujourd'hui qu'une simple maison,
mais elle a conservé son toit élevé soutenu par des
modillons. — Elle dépendait de Thôpital Saint-Yves
et a servi d'amphithéâtre après sa désaffectation*^.
1. Ârch. m un., 320.
2. Plan de Rennes de 1726.
3. Bulletin de la Soc. archéol. d'Il.-et-ViL, t. XVII, 2* partie, p. xlii.
— Fouillé de Rennes ^ par le chanoine Guillotin de Corson, V, 623.
4. Histoire de Rennes, par Marteville, III, 66.
5. Arch. mun., 335.
6. Ibid.
7. Fouillé de Rennes, par le chanoine Guillotin de Corson, V, 623. —
Histoire de Rennes, par Marteville, III, 6(5.
— 121 — BUE.
Rue et faubourg de Brest (Canton N.-O.j.
La rue et le faubourg de Brest doivent remplacer
l'ancienne voie gallo-romaine de Carhaix ou de
Vannes.
Tout le quartier faisait partie, dès le xi* siècle, du
domaine temporel de Tévêque de Rennes ; il avait
été donné en 1071 à Tévêque Sylvestre de la Guerche
par Geoffroy, comte de Rennes, et il a porté depuis
cette époque jusqu'à la Révolution le nom de Bourg-
VEvêqueK
Rue de Brest.
Avant le percement du canal d'Ille-et-Rance en
1832, le Bourg-FEvêque commençait à la rencontre
du carrefour Jouaust avec la rue Salle-Verte. A l'en-
trée actuelle de la rue de Brest, se trouve le pont
Bagoul, de construction récente ; ce nom vient du
vieux mot populaire bagoulage, qui signifie bavar-
dage ; lorsque le canal fut creusé, les flâneurs du
quartier venaient bagouler sur le pont, et le nom lui
en est resté "^j
La rue comprend un grand nombre de maisons
anciennes, mais sans caractère ; nous citerons les
hôtelleries suivantes, au xvii* siècle :
Le Petit Lion doVy près du Pré-Raoul, qui devait
se trouver sur l'emplacement du quai Saint-Cast ou
du carrefour Jouaust ^;
La Maison Rouge ^ et la Croix Blanche, citée
1. Bulletin de la Société archéol. d'Ille-et-Vil., VI, 130. - Fouillé
de Rennes, par le clianoioe Guillotin de Corson, I, iV). — Les Rues
de Rennes, par L. Decombe.
2. Les Rues de Rennes, par L. Decombe. Pont Saint-Etienne.
3. Arch. dép., Evêché de Rennes. G, 42, p. 1059.
4. Ibid., Chapitre de Rennes, G, 174.
XXXIII 14
BRE. — 122 —
dès 1590*, sur l'emplacement du pont Bagoul.
NM. La Croix Verte \
N* 3. Les Trois Trompettes ^.
Plus loin, la Crosse d'Or^.
A rOuest du n* 9 se voit une ruelle très étroite
c( par laquelle enxiennement passoient les cherettes
c< et chevaux à aller vers les pollieux, laquelle sert
«.à présant d'égout aux eaux, fanges et immondices
« dudit forbourg, dont ladite ruelle est à présant
« plaine^. »
La Corne de Cerf était à l'angle Ouest de cette
ruelle ou de la ruelle dont nous parlerons dans un
instant; l'enseigne de la Corne de Cerf n'existait
déjà plus en 1574 «.
Le Coq /lardi"^, où l'on établit une amidonnerie
peu avant la Révolution®.
Le Nom de Jésus^ qui n'avait plus son enseigne
en 1726 .
h'Image Saint-Julien, qui touchait la précédente *^.
Entre les n"*' 35 et 37 se trouve la ruelle du Tourni-
quel, qui conduit à la Paillette, (Voir rue de la Pail-
lette.)'*
1. Arch. dép.. Chapitre de Rennes. G, 175, 186 et 191. — Evêché de
Rennes, 6, 11 et 41, p. ^^. — Réformation du domaine de Rennes de
1646, f 88, vo.
2. Arch. dép., Réformation du domaine de Rennes de 1616, fo 99, v« —
Evêché de Rennes, G, 41, p. 541.
8. Arch. dép.. Réformation du domaine de Rennes de 1646. P 39, y*. —
Evêché de Rennes, G. 41, p. 361.
4. Arc'), départ.. Réformation du domaine de Rennes de 1646, f* 43. ro.
•— Evêché de Rennes, G, 41. p. 66 et 840.
5. Arch. dép.. Réformation du domaine de Rennes de 1646, f«* 43, ro.
6. Arch. dép., Evêché de Rennes, G, 41, p. 514.
7. Ihid., 41, p. 448-450. - Bulletin de la Société archéol. d'il.- et- Vil.,
XXVII, p. VI.
8. Arch. mun., 125.
9. Arch. dép., Evêché de Rennes. G, 41, p. 398 et 424.
10. Ibid,^ p. 395.
11. Arch. dép., Chapitre de Rennes, G, 191.
— 123 — BRE.
Du côté Nord de la rue se trouvaient, sur les
bords de Tille, des moulins à tan et à foulons ^
On y rencontrait aussi plusieurs hôtelleries.
N*" 20. Ancienne hôtellerie des Trois Marchands,
citée dès 1604 2.
N** 22. On voit derrière cette maison la cour des
Quatre Nations, qui a perdu aujourd'hui beaucoup
de son pittoresque.
N* 28. Cette maison semble être l'ancienne hôtel-
lerie de la Lune^. Elle a conservé deux rangées de
poutres moulurées reposant sur des consoles; une
des consoles du rez-de-chaussée présente un pe-
tit fleuron à quatre branches. Elle est citée dès
1584 ^
Non loin de là se trouvait Vhôtellerie de la Fleur
de Lis d'Or ou Fleur de Lis couronnée, citée sous ce
nom dès 1611^. Elle était appelée, au xvi* siècle,
Y Image Saint-Etienne^.
Nous n'avons pu trouver la situation exacte de
l'auberge du Duc de Bretagne'.
N** 54. Ancienne maison du Pigeon blanc, citée
dès 1633».
N"* 56. Anciens moulins du Bourg-lÉvêque. — Ils
existaient dès le xii* siècle et appartenaient pour
trois quarts à Tévêque de Rennes et pour un quart
1. Pouillê de Rennes, par le chanoine Guillotin de Gorson, II, 585.
â. Arch. dép., Ëvêché de Rennes, G, 42. p. 977, 978. — Réformation du
domaine de Rennes de 1640. fo 51, yo.
3. Arch. dép., Réformation du domaine de Rennes de 164Q, f*' 51, r».
4. Arch. dép., Evêché de Rennes, G, 42, p. 901.
5. /ôid.,42. p. 1089.
6. Ibid., 41, p. 601. — Eglises paroissiales, G. 526.
7. Arch. dép., Chapitre de Rennes. G, 242. — Bulletin de la Société
archéol. d'I Ile-et-Vilaine, t. XXVII, p. vi.
8. Arch. dép., Evêché de Rennes. G, 42, p. 759 et 760. — Réformation du
domaine de Rennes de 1646, f» 49, r*.
BRE. — 124 —
au Chapitre, par don de Tévêque Anselme de Chante-
merle, en 1405*. Ils étaient loués 1,400 livres en 1713^.
N** 84. Ancienne hôtellerie du Croissant d'or cou-
ronné^. — Elle n'avait déjà plus cette enseigne en
1593*; elle s'appela plus tard auberge du Croissant,
et fut rebâtie vers 1728*.
Elle touchait à TOuest un corps de garde affecté
à la défense des ponts ^.
La rivière d'Ille sépare la rue de Brest de son
faubourg; elle se divise en deux bras formant une
île connue, dès le milieu du xv' siècle, sous le nom
d'île Mathibus'^ ; on la franchit sur deux ponts
métalliques qui remplacent, depuis peu d'années,
d'anciens et étroits ponts en pierre, dont le Musée
archéologique possède un dessin. Les ponts et la
chaussée qui les réunit existaient dès 1422*; ils
étaient en 1591 munis d'un pont-levis*. Une barrière
se trouvait aussi en cet endroit en 1614 *^ En 1742,
l'un dos ponts se composait de trois arches et l'au-
tre de quatre ; le premier s'appelait pont du Bourg-
lEvêque, et le deuxième pont de la Perrière. Entre
eux était autrefois un terre-plein « de cinq pieds
« plus bas que le dessus des arches des ponts, ce
« qui, outre l'incomodité de monter et decendre
« deux fois dans un petit espace, fait que la moin-
1. Mélanges d'Histoire et d'Archéologie bretonnes, II, 72. — Pouilléde
Rennes, par le chanoine Guillotin de Corson, I, 59.
2. Arch. dép., Min. de Bertelot. notaire à Rennes, 21 janvier 1713.
8. Arch. dép.. Ëvêché de Rennes, G, 42, p. 642 et 661.
4. Ibid., p. 886.
T). Ibid., p. 669 et 670. — Réformalion du domaine de Rennes de 164<>,
f» 46, vo.
6. Arch. dép., Réformation du domaine de Rennes de 1646, fo 46, vo.
7. Arch. dép.. Evêché de Renues, G, 41. p. 541 et 552. — Cadastre de 18i().
8. Arch. mun., Comptes des Miseurs de 142 î, f» 20, r*.
9. Arch. mun., 216.
10. Ibid., 216.
125 — BRE.
« dre crue passe par-dessus et détruit le pavé qui
a n'y dure rien *. » Ils furent refaits en i743'.
Un abreuvoir est cité près du pont dès 1456^.
Faubourg de Brest.
On voyait en 1648, du côté Sud du faubourg, une
maison « où pendait pour enseigne la figure de
« VEcu de Bretagne ; » cette enseigne n'existait plus
en 1658^
L'extrémité Ouest du faubourg fut appelée long-
temps la Perrière du Dourg-VEvêque, à cause d'une
carrière que la route traverse sous les n"*' 49 à 65.
Cette carrière, transformée aujourd'hui en jardins, a
fourni au xv' siècle une partie des matériaux de la
troisième enceinte de la ville et les pavés schisteux
dont on pava les rues ^
N<* 73. Couvent du Sacré-Cœur. — Il occupe rem-
placement de l'ancien manoir de Saint-Cyr, appelé
depuis de Bégasson. Ce manoir a appartenu aux de
Gahard en 1513 S aux de Racinoux en 1637 et 1678^
aux le Duc de la Bouquinaye, aux Blanchard, aux le
Bel de Lesnen en 1692 8, aux le Gonidec des Aul-
nays, aux de la Haye de Plouër qui le vendirent en
1769 aux de Bégasson de la Lardais ^ et enfin aux
de Sceaulx, qui le vendirent en 1846 au couvent du
Sacré-Cœur ^^.
1. Ârch. dép., Intendance, G, 339.
2. Ârch. m un., Comptes des Miseurs de 1743, f® 15, r*.
3. -Arch. mun., Comptes des Miseurs de 1456, ^ 28. r.
4. Arch. dép., Saint-Cyr, 2.
5. Histoire de Rennes, par Marteville, II, 186 et 305. — Arch. mun.,
Comptes des Miseurs de 1460, f« 20, r*.
6. Bibl. de Rennes, Réformation de la noblesse de 1513.
7. Arch. mun., 322.
8. Communication de M. L. de la Blanchardière.
9. Arch. dép.. Saint-Cyr, 4.
10. PouiUé de Rennes, par le chanoine Guillotin de Gorson, III, 658.
BKK. — 126 —
N** 2. Ancienne maison de la Perrière aux xvii" et
XYiii"* siècles. — Vlmage de saint Yves « y pendoit
pour enseigne » en 1648*.
N** 4. Ancienne maison de Vlmage des Trois
Maries au xvii® siècle. — Elle semble avoir porté
au xviii" siècle le nom de la Déshérence',
N** 40 ou 42. Maison du Four au xviii* siècle •*.
N** 54. On voit au sommet du montant Est de son
portail d'entrée un petit médaillon circulaire, chargé
de deux branches de feuillage liées ensemble; le
centre porte la date de 1770, gravée en creux. Le
montant Ouest est un des anciens piliers de la
barrière du faubourg*, qui existait en cet endroit
dès 1614 '*; il est en granit et légèrement arrondi.
On refit, en 1614, pour protéger cette barrière, une
« muraille d'ung demy rond d'ung costé, et autre
« muraille proche le puix au Chartier*^. » Au fond
de la cour se trouve un bâtiment flanqué de deux
ailes très saillantes, il n'a qu'un rez-de-chaussée
avec un toit droit percé de fenêtres de mansardes.
Cette maison dépendait du n** 68.
N" 62. C'est un ancien petit manoir construit au
milieu du xvii* siècle et appelé maison du Verger.
Les Augustins Tachetèrent en 1663 à Marguerite
Fougères, femme d'Isaac Samson^ et ils y établi-
rent un hospice, mais ils transportèrent leur cou-
vent, dès 1676, au carrefour Jouaust^. En 1714 le
Verger appartenait aux Geslin qui le vendirent
1. Arch. dép., Saint-Cyr, 2 et 3.
2. Ibid., 1 et 2.
8. Arch. dép., Sainl-Cyr. 3.
4. Arch. mun., lOJ).
5. Arch. mun., 216.
6. Arch. mun., Compte des Miseurs de 1614, £• 19, v*.
7. Arch. dép., Augustins, 3.
8. Fouillé de Rennes, par le chanoine Guillotin de Gorson, III, 110.
- 127 — BRE.
à Henri-François liacappé, marquis de Magnane;
celui-ci en fit don, en 1720, aux dames Incurables
de la Providence de Nantes, pour y fonder une école
charitable de filles •. Ces religieuses furent rempla-
cées en 1724 par les Filles de la Sagesse, qui des-
servirent récole jusqu'en 1792^. L'immeuble fut
alors sécularisé et devint dans la suite une cirerie.
— Une petite ruelle aujourd'hui bouchée, située à
rOuest et appelée ruelle de la Sagesse, conserve
seule le souvenir du couvent ^.
La maison occupe le fond d'une cour que ferme
un portail sans caractère; elle se compose d'un
rez-de-chaussée et d'un étage.
Sa façade Sud contient au rez-de-chaussée deux
portes et une fenêtre. La porte centrale est en anse
de panier, avec une clef de voûte sans sculpture;
ses vantaux sont à panneaux rectangulaires. Elle
est surmontée d'un œil-de-bœuf ovale qu'entoure
une guirlande dans laquelle on reconnaît, malgré
un épais badigeon, des feuilles de lierre et des
palmes. Un deuxième œil-de-bœuf un peu plus
grand se voit à l'extrémité de la maison. L'étage
supérieur présente trois fenêtres. — Le toit est
droit et coupé au-dessus de la porte principale par
une lanterne en ardoises percée de deux fenêtres
superposées; la toiture de la lanterne figure une
pyramide obtuse à quatre faces. — Un petit bâti-
ment, servant autrefois de sacristie^ y forme retour
d'équerre vers TOuest; il se compose d'un rez-de-
chaussée et d'un étage percés chacun de deux ou-
vertures.
1. Arch. dép., Sagesse, 63. — Saint-Cyr, 1.
2. Fouillé de Rennes, par le chan. Guillotin de Corson, III, ^1 et 454.
8. Ibid., m. 454.
4. Ârch. dèp., Sagesse, &3.
. BRE. — 128 —
La façade Nord de la maison présente à peu près
le même agencement : elle a au rez-de-chaussée
une porte et trois fenêtres. La porte est en anse de
panier, avec des vantaux à petits panneaux rectan-
gulaires; sa clef de voûte est sculptée d'un ovale
posé sur un cartouche enroulé et gravé de la date
de 1653; l'œil-de-bœuf qui la surmonte est entouré
de deux branches do myrte. — Le premier étage
possède quatre fenêtres; le deuxième, vers TEst,
correspond à Tescalier et conserve des vantaux
analogues à ceux des portes.
On remarque à l'intérieur un large vestibule avec
un escalier de bois à balustres tournés. La salle
Est du rez-de-chaussée était la classe des orphe-
lines; celle de TOuest servait de chapelle, elle com-
muniquait avec un ancien fagotier transformé en
chœur ou tribune. Le premier étage comprenait à
l'Est la cuisine, à rOuest le réfectoire et des chambres
pour les religieuses. Les mansardes renfermaient
des chambres pour les religieuses et les pension-
naires.
On voyait enfin dans la cour, à gauche du portail
d'entrée, un fournil, et à droite une salle servant
di école pour les externes*.
Un vaste jardin s'étend au Nord de la maison.
N" 76. Il occupe à peu près l'emplacement de l'an-
cienne maison de la Longuinière, On y voit une fe-
nêtre qui n'est sans doute pas en place; elle est en
granit, munie d'un appui mouluré et entourée d'un
tore à arête mousse reposant sur deux petites
bases; le linteau présente une accolade ornée de
choux frisés et dont la pointe est surmontée d'un
1. Arch. dép., Sagesse, tx3.
— 129 — BRE.
motif absolument fruste. Cette décoration accuse
le XV' ou le xvi" siècle.
La Longuinière appartenait aux le Roy en 1658*,
aux Morin en 1740-, puis aux Blouet de la Chatai-
gneraie, qui la vendirent aux Boutier en 1772^.
Place de Bretagne (Canton S.-O.».
Cette place, de création récente, a reçu son nom
en 1862*; sa partie Est occupe le lit de l'ancien
fossé de la troisième enceinte, et sa partie Ouest
la moitié environ d'une Ile que formait un bras de
ce fossé; cette île était une prairie appartenant à
rhôpital des Incurables '.
La muraille de la troisième enceinte s'étendait en
ligne biaise à TEst de la place, depuis le quai jus-
qu'au boulevard do la Liberté; la tour de l'Escrime
se trouvait en avant de la maison d'encoignure du
boulevard. (Voir boulevard de la Liberté.)
La porte du Champ- Dolent était à l'entrée de la
rue de ce nom; elle n'était pas précédée d'un boule-
vard; sa largeur était de quinze pieds*; devant elle
était jeté primitivement, sur le bras de rivière for-
mant douve, un pont volant qui fut détruit en 1769
et ne fut remplacé par un pont fixe qu'en 1802"^;
ce dernier était en bois et posé sur deux piles
de maçonnerie ^; il a disparu de nos jours avec
1. Arch. dép., Saint-CiVr, 2.
2. /Wd.,3.
3. Jbid., 4.
4. Les Rues de Rennes, par L. Decombe.
5. Arch. m un., 32t5. — Plan de Rennes de 1726.
6. Arch. dép., Réformation du domaine de Rennes de 1646. f'» 365, v.
7. Arch. dép.. \" carton de M. de la Bigne.
8. Dessin ancien du D' Godefrov, Musée archéol. de Rennes.
BBE. — 130 —
la douve'. Près de là se trouvait un abreuvoir^.
La porte était défendue par une tour située à
Tangle Sud-Ouest du n" 11 : elle avait été construite
vers 1450 \ On l'appelait aussi au xvi* siècle tour
Morely du nom d'un de ses habitants, et au com-
mencement du xviii* siècle tour de Bléry^ du nom
de son possesseur, ou tour aux Bloux^, Lors
d'une épidémie de peste à la prison de la Feil-
Ice en 1626 (impasse Rallier du Baty), on y trans-
porta une partie des prisonniers de la ville ^; on
en fit aussi au xvii" siècle une « prison pour
« ramasser toutes les coureuses publiques de mau-
« vaise vie^; » elle servit enfin de magasin aux
poudres depuis le percement de la rue de la
Bove en 1782. (Voir avenue de la Gare et place
Pasteur.) Sa démolition, commencée en Tan II, fut
achevée en 1810^. — En 1591, on avait établi un
bardeau vis-à-vis d'elle pour retenir les eaux dans
le fossé ^.
Le bras de Vilaine formant la douve de la troi-
sième enceinte rejoignait le lit principal devant le
n" 1 de la place de Bretagne. Sous ce numéro, un
petit ruisseau nommé, semble-t-il, ruisseau de Mol-
vaux'\ se jetait dans la Vilaine après avoir arrosé
les terrains compris entre le quai Lamennais et les
rues Lanjuinais et de la Chalotais.
1. Arcli. mun., 123 et lî37. — Histoire de Rennes, par Marteville, III.
295.
2. Arch. mun., Comptes des Miseurs de 1558, f" 5, v", et 0, r».
3. Arch. dép., 1*' carton de M. de la Bigne.
4. Arch. mun., Compte des Miseurs de 1632, f" 24, r, et 44, t*. —
Arch, mun., 123.
5. Bulletin de la Société archéolog. d'Ille-et- Vil., XXVII, 73. Delourmel.
6. Arch. mun., 123 et 137.
7. Arch. mun., 123 et 5(>5, délibération du 4 juillet 1785.
8. Arch. mun., 136.
î). Arch. mun., 144.
— 131 — BRE. — BRI.
Enfin au Nord de la place se trouvait, dans un
petit îlot, la tour Saint-Yves K (Voir quai Duguay-
Trouin.)
Le grand pont de Chaulnes occupait Tangle Nord-
Ouest de la place, à quelques mètres à l'Ouest du
pont de La Tour-d'Auvergne. (Voir quai Duguay-
Trouin.) — Sur le pan coupé Sud-Ouest de la place
était le petit pont de Chaulnes -. Ces deux ponts
étaient reliés par la rue de Chaulnes 3, pratiquée
vers 1670 ^ Le petit pont de Chaulnes existait dès
1449; il s'appelait alors Pont de Chicoigné^ par ce
qu'il conduisait à la rue Chicogné ^. Un chemin
conduisait de ce pont à la porte de Champ-Dolent ®.
Le terrain de la place actuelle a été très surélevé :
on peut observer son ancien niveau dans une petite
cour en contrebas située devant le n** 5.
Rue de Brilhac (Canton N.-E.).
Cette rue, percée après l'incendie de 1720, fut
ainsi appelée en 1726 en l'honneur de M. de Bril-
hac, premier président du Parlement ; elle reçut en
1792 le nom de rue de la Fraternité, et sous l'Em-
pire celui de rue de Vienne"^.
On y a trouvé, lors de l'établissement des égouts
en 1882, plusieurs cercueils en schiste ardoisier qui
semblaient remonter aux premiers siècles de l'épo-
que chrétienne, et des débris de poteries communes
1. Ârch. mun., Idki.
2. Arch. mun., 112.
3. Cadastre de IS'iO.
4. Arch. mun., Îi26.
5. Arch. mun., Fortifications, indemnités, D, 1449, !• 39, v».
6. loid., f<>41, r».
7. Les Rues de Rennes, \)&r L. Decombe.
BRI.— BRO. — 132 —
paraissant provenir d'urnes cinéraires gallo-ro-
maines *.
h' hôtel de Brissac s'élevait sur son extrémité
Ouest. (Voir place de la Mairie.)
Rue Briz6uz (Canton N.-E.).
Cette rue, qui porte depuis 1888 le nom du célè-
bre poète breton du xix* siècle, n'est autre que l'an-
cienne ruelle Pinsonnettey élargie et redressée vers
1880. La ruelle tirait son nom du terroir de la Pin-
sonnette ^ On l'appelait aussi dès le xv' siècle
chemin Beurot ou Burot 3, et aux xvi* et xvii* siè-
cles les Fossés Gahier*. (Voir au Préambule.)
L'ancienne maison de Richebourg, démolie en
1903, occupait Tangle Sud-Est de la rue Brizeux et
de la rue de Fougères. Elle appartenait aux Simon
de Richebourg en 1660 et en 1689^. Le lieu de Ri-
chebourg est cité dès 1269 ®.
Rue Broussais (Canton N.-E.).
«
Cette rue porte depuis 1862 le nom du célèbre mé-
decin breton Broussais (1772-1838); elle remplace
une ruelle appelée successivement ruelle Hamelin
et ruelle le Tarouilbj, du nom des propriétaires des
1. Bulletin de la Société Archéologique d'il. -et- Vil., t. XV, 2» partie,
p. 325.
2. Arch. dép., Saint-Melaine, 68.
3. Arch. dép., RAformation du domaine de Rennes de U55, f« 49, v»,
et de 1646, f» 120, r».
4. Arch. dép., Saint-Melaine, 68 ; Aveux de 1610 et de 1638.
5. Arch. dép., Saint-Melaine, 2, p. 701 . — 6 — et 68.
6. Bibl. de Rennes, Cartulaire d** Saint-Melaine, manuscrit, fo 67, v».
— 133 — CAL.
terrains voisins'. La ruelle occupait le côté Est de
la rue actuelle.
Place du Calvaire (Canton N -O.).
11 existait en cet endroit, dès 1037, un marché ap-
pelé forum auxeis, nom qui peut venir du mot latin
auxus, toison, laine ^. On y transporta, probable-
ment au xiii** siècle, le marché aux bêtes vives, fo-
rum aue?'u, qui s'était tenu jusqu'alors en dehors de
Tcnceinte de la ville, entre la Baudrairie et Téglise
de Saint-Georges; le fait nous est appris par le
Cartulaire de Saint-Melaine^ où Ton voit en 1288
rafféageraent à un habitant de Rennes, Godefroy de
Saint-Laurent, d'un emplacement situé in veteri
foro averii. Cet afféagement est une preuve certaine
de l'abandon du marché, et tout porte à croire qu'il
avait été transféré de suite sur la place du Calvaire
actuelle, qui reçut dès lors le nom de place du Mar-
ché à Vavoir (forum averii). I^e marché était déjà
qualifié de vieux dans le registre de Réformation de
14553.
La place devint plus tard place des Porches (voir
plus bas), — puis au xvi' siècle, place de la Grande-
Pompe, après Tinstallation d'une fontaine publique
qui était la principale pompe de la ville. — Elle re-
çut au xvii® siècle le nom de place du Calvaire, à
cause de rétablissement des Religieuses Calvairien-
nes (voir plus bas). — On en fit en 1792 la pZace de
1. Les Hues de Rennes, par L. Decomhe.
2. CarUdaire de Saint-Georges, par M. de la Bigne, p. 145. — Procès-
verbaux de la Société Archéologique d'Il.-et-Vil. de 1844 à ia58, p. 84.
3. Bibl. de Rennes, Cartulaire de Saint- Melaine, manuscrit, f- 03, t\ —
Arcli. dép.,2« carton de M. de la Bigne.
CAL. — 1.S4 —
la Révolution. C'est sur cette place qu'une grande
partie de la garnison de Rennes fit solennellement
cause commune avec la jeunesse de la ville en juil-
let 1789 ^
La pompe, appelée -pompe du Carthage, fut établie
en 1510 à TOuest et sur le point culminant de la
place, qui était alors très bombée-; elle avait la
forme d'une tourelle munie de quatre clefs de cui-
vre^; vers 1687 on la transporta plus à l'Est, dans
un endroit moins élevé, sur l'emplacement de l'an-
cien poids au duc*.
h'hôlel de Talhouet-Bonamour est remplacé depuis
l'incendie de 1720 par la maison qui forme l'angle
de la rue du Chapitre et porte le n** 1 de cette rue.
— Avant l'incendie, la place était bordée au Nord
par des maisons à porches appelées couramment
les Porches et citées dès 1418^. Ces maisons com-
prenaient au XVII» siècle les hôtelleries de Sainte-
Catherine^^ de Sainte-Barbe vers l'angle Sud-Ouest
de la rue de Montfort^ de Champagne^, et la mai-
son de la Hollande « au haut des Porches advis la
« grande pompe®. » Nous ne savons d'où vient ce nom
1. Les Rues de Rennes, par \*. Decombe.
2. Histoire de Rennes, par Marteville, II, â8ô. — Plan de Rennes
de 1616.
3. Plan de Rennes de 1616. ^ Arch. mun., Comptes des Miseurs de
1509 à 1510, f* 21, yo. — Recueil historique sur la ville de Rennes, par
Gilles de Languedoc, p. 306, Bibl. de Rennes, manuscrit.
4. Histoire de Rennes, par Marteville, II, 289. — Bibl. de Rennes,
Plans.
5. Arch. mun.. Comptes des Miseurs. 1418. {• 23.
6. Arch. dép.. Reformation du domaine de Rennes de 164(), f- 190, v». —
Terrier de Rennes de 1789, p. 37. — Arch. mun.. Compte du Devoir de
Sol et Liard de 1623-1624, fo 25. v.
7. Arch. dép., Réformation du domaine de Rennes de 1646, f*» 190, v".
— Chapitre de Rennes, G. 174 et 221.
8. Arch. dép.. Minutes de G^ier, notaire à Rennes. 16 >9.
9. Arch. dép.. Minutes d'André, notaire à Rennes, juil. 1672. — Cha-
pitre de Rennes. G. 175.
— 1.'^^ — CAL.
de Hollande; nous mentionnerons, comme simple
rapprochement, l'existence d'une Jeanne Horlande,
citée en 1613*.
N* 2. Ancien couvent des Calvairiennes. — Les
religieuses du Calvaire avaient établi à Rennes, en
1657, une maison de santé dans Vhôtel d'Espinay^
(n** 19, rue des Dames). En 1671, Calliope d'Argen-
tré, veuve d'Henry de Bourgneuf, marquis de Cucé,
premier président du Parlement de Bretagne, leur
fit don de son hôtel de Cucé, sur la place de la
Grande-Pompe, pour y construire un monastère;
cet hôtel datait du xvi* siècle ^, il possédait une cha-
pelle, une cour et un jardin 3.
La première pierre de la chapelle fut posée en
1678. Confisqué et vendu en 1792, le monastère est
aujourd'hui sécularisé. La chapelle servit pendant
la Révolution à la célébration des fêtes décadaires,
et est actuellement un entrepôt de vins*.
Elle se compose d'un vaste bâtiment ovale, sur-
monté d'un dôme de même forme, qui se termine
par une lanterne aplatie; une lithographie de Lorette
de 1827, conservée dans les Souvenirs de Rennes de
M. Ducrest de Villeneuve, et une vue de Rennes de
1720, par Villeneuve-Forestier, dont le Musée archéo-
logique possède une copie, représentent le dôme
surmonté d'un cannipanile à toit arrondi.
Malgré les modifications qui y ont été apportées,
il est encore facile de reconstituer la chapelle dans
son ensemble, telle quelle est sortie des mains de
1. Arch. mun.. Comptes des Miseurs de 1613.
2. Bulletin de V Association Bretonne, II, 1<>5. — Arch. dép., lO* car-
ton de M. de la Bigne.
3. Arch. munie, 310.
4. Pouillé de Bennes, par le chanoine Guillotin de Corson, III, 188
et 189. — Histoire de Bennes, par Marteville, III. 53.
CAL. — 130) —
rarchitecte, œuvre imposante tant par ses grandes
dimensions que par la hardiesse de son dôme et la
richesse de ses sculptures. L'intérieur présente
environ vingt mètres sur quatorze.
La partie basse de ses murs est percée de dix
grandes arcades cintrées, les unes bouchées, les
autres servant de portes ou de fenêtres ; les cintres
sont ornés de moulures et d'élégantes clefs de voûte
sculptées. Au-dessus de chaque cintre et à demi
couchés sur leurs extrados, se voient deux grands
anges en haut relief, d'un aspect très décoratif et
et du plus pur style Louis XIV; on peut citer prin-
cipalement, du côté Ouest, un ange tenant une
Sainte-Face, un autre tenant des dés à jouer, un
autre enfin portant Téchelle du crucifiement. — L'une
des baies, vers le Sud- Est, est remplie de beaux
panneaux de bois à moulures très saillantes. — La
porte d'entrée occupait Tarcadc Nord, et Tautel
Tarcade Sud.
A la naissance des cintres s'étend, tout autour
de Tédifice, une moulure coupée par eux et servant
de base à Tétage supérieur.
Cet étage est également percé de dix baies cin-
trées, posées au-dessus des premières ; leurs cintres
et leurs clefs de voûte sont analogues. L'espace
compris entre chaque baie est occupé par deux pi-
lastres séparés par une niche. Les pilastres sont
surmontés de chapiteaux corinthiens qui s'élèvent
jusqu'à la hauteur du sommet des cintres; les
niches sont cintrées et très profondes, leur conque
est ornée d'une grande coquille; elles sont sup-
portées par des culs-de- lampe en haut relief,
figurant une tête d'ange ailée soutenue par des
draperies élégamment passées dans des anneaux;
— l.*^7 — cvL.
une grosse grappe de fleurs pend en dessous et
termine romementation.
Ici encore, comme à 1 étage inférieur, une mou-
lure fait le tour des murs à la hauteur de la nais-
sance des cintres, et elle est interrompue par les
fenêtres et les pilastres.
Au-dessus des fenêtres et portant sur les chapi-
teaux des pilastres, court une corniche très élevée
et très saillante, qui achève de donner au monu-
ment un aspect riche et imposant. Non seulement,
en effet, elle présente des modillons et de nom-
breuses moulures, mais elle est, en outre, coupée
au-dessus de chaque baie par de grands cartouches
chargés d'écussons fort intéressants à étudier.
Celui du Sud représente le monogramme IHS
en lettres fleuries, surmonté d'une croix et placé
au-dessus d'un cœur d'où sortent trois clous de
la Passion; le tout est entouré d'une couronne d'é-
pines. Ce monogramme suffirait à lui seul pour
indiquer la place de Tautel principal.
Le deuxième cartouche, vers TOuest, représente
deux écussons accolés, timbrés d'une couronne de
marquis ancien que surmonte un casque à grilles,
taré de front et ayant pour cimier un mortier de
premier président de Parlement; les écussons sont
posés sur un manteau de premier président. Le
premier de ces écussons est aux armes de Reine de
Thou, le deuxième aux armes de Jean-René de
Bourgneuf, marquis de Cucé, premier président du
Parlement, père et mère d'Henry de Bourgneuf, le
mari de la fondatrice de la chapelle. Les de Thou
portent : D'argent au chevron de sable accompagné
de 3 abeilles de même ; et les de Bourgneuf : D'ar-
gent au sautoir de sa6/e, au franc-quartier de gueules
XXXIII iâ
CAL. — l.'W —
chargé de 2 poissons d argent posés en f&sce. — On
remarquera que Técusson de Bourgneuf aurait dû
occuper la première place, que son franc-quartier
devrait se trouver à Tangle opposé, et qu'enfin les
poissons devraient être tournés en sens inverse.
Le troisième écusson porte les armes des de
Bourgneuf; il est entouré de deux branches de
myrte et timbré d'une couronne de comte que sur-
montent une mitre et une crosse tournée en dehors :
c'est récusson de Charles de Bourgneuf, évêque de
Nantes en 1598, ou celui de son neveu Henry, qui
lui succéda et garda le siège pendant trois ans sans
être sacré; démissionnaire en 1620 après le décès
de son frère Jean, Henry de Bourgneuf le remplaça
comme conseiller au Parlement et devint plus lard
premier président.
Les quatrième, cinquième, septième et huitième
cartouches sont sans sculptures. Le quatrième et
le huitième figurent deux écussons accolés et tim-
brés d'une couronne de comte ; le cinquième et le
septième, deux écussons accolés, timbrés d'une cou-
ronne de marquis ancien.
Le sixième représente un écusson avec une cou-
ronne de marquis ancien ; il comprend les princi-
pales alliances de la famille : Ecartelé au 1 d'argeiit
à la croix pattée d'azur, qui est d'Argentré ; au 2 de
Thou ; au 3 d'azur à la fasce d'or accompagnée de
3 coquilles de même, qui est de Marquer ; au 4 d'her-
mines au chef de gueules chargé d'une fleur de lys
d'or; au sur-le-tout de Bourgneuf. — Rappelons
qu'Henry de Bourgneuf était époux de Calliope
d'Argentré, fils de Roine de Thou, et petit-fils de
Louise de Marquer. — Le quatrième quartier de
Técartelure est attribué par M. de la Bigne à la
— 1:59 — CAL.
famille de la Haye, dans laquelle Pierre Bourgneuf,
vivant en 1450, avait pris alliance.
Le neuvième cartouche figure deux écussons ac-
colés, entourés de deux branches de myrte et tim-
brés d'une couronne ducale à cinq fleurons alternant
avec quatre perles : le premier figure un lion, le
deuxième est aux armes des de Bourgneuf.
Le dixième cartouche enfin contient deux écussons
accolés, posés sur un manteau de premier président
et sommés d'une. couronne de marquis ancien que
surmontent un casque taré de front et un mortier de
premier président ; ils portent les armes de Bourg-
neuf et d'Argentré.
Au-dessu& de la corniche que coupent ces dix
cartouches s'élève un vaste dôme d'une hardiesse
remarquable, terminé par une ouverture ovale et
surmonté d'une lanterne de même forme. La lan-
terne est décorée de huit grandes caryatides en bois
réunies entre elles par des guirlandes de fleurs;
sur leurs têtes et leurs bras élevés repose une gale-
rie également en bois, sommée de huit urnes en-
flammées; huit lucarnes alternant avec ces urnes
éclairent le dôme. La galerie est élevée de 32 mètres
au-dessus du sol.
Calliope d'Argentré construisit pour son mari,
dans l'intérieur de l'église, en 1681 ', un superbe
tombeau surmonté d'une statue en bronze d^nt on
voit un croquis dans le manuscrit du président de
Robien-. Le déiimt était représenté à genoux sur
un coussin et en costume de premier président;
il portait les cheveux longs et ondulés sous une
1. Fouillé de Rennes, par le chanoine Guillotin de Corson, III, I9i).
2. Description de la Bretagne, par le président de Hobien, man.,
p. 135, bibl. de Rennes, 857, C. 7.
CAL. — 140 —
calotte, une robe fermée sur le devant par deux
rangées de petits boutons, et une simarre fourrée,
ornée de franges; sa main gauche était ramenée sur
la poitrine et son bras droit à demi étendu. Sous
la statue se lisaient les mots : In te omnes sua fu--
nera dolent; le tombeau portait, en outre, une
longue épitaphe. — Les entrailles du premier pré-
sident avaient été inhumées dans la chapelle des
Calvairiennes de Paris, au Marais*.
Les bâtiments qui bordent la. chapelle vers le
Sud présentent un toit à la Mansard, soutenu par
des modillons, et coupé par des fenêtres à fronton
arrondi. On remarque au rez-de-chaussée, vers
rOuest, deux grandes fenêtres cintrées percées dans
un mur très épais.
La cour actuelle servait de jardin.
Les bâtiments situés à Tangle Nord-Ouest do la
cour dépendaient aussi du couvent des Calvai-
riennes ; le Musée archéologique en possède un
croquis: ils renferment une jolie porte du xv' siècle,
composée d'une baie cintrée, ornée de moulures et
surmontée d'une archivolte ogivale surbaissée que
soutiennent deux consoles sculptées; Textrados de
cette archivolte présente un choux frisé de chaque
côté, le sommet est occupé par un écusson ogival
posé sur un motif flamboyant.
Letôté Ouest de la cour contient une importante
construction élevée sur remplacement de l'ancien
hôtel de Pontrouault. Cet hôtel, après avoir appar-
tenu à la famille de ce nom, était passée dès le
xV siècle aux de la Marzelière; il était en 1455
1. Epitaphier de Paris, Bibl. \ationale. (lominunicatiun de M. Fr.
Saulnier. — Bulletin de la Société archeoloy. d'IlL-et-Vil., t. XXXII,
p. XXXIII.
— 141 — cvr.
à Pierre de BeaucéS puis vers 1640 aux de Saint-
Pern; Fédifice actuel devint une dépendance du cou-
vent des Calvairiennes^ Un plan du xviii' siècle le
désigne sous le nom d'ancien hôtel de la Prévalaye^.
Sa façade possède un rez-de-chaussée et un étage
surmonté d'un toit à la Mansard, que supporte une
corniche à modillons : chaque étage est percé de
sept ouvertures. — Le rez-de-chaussée présente
trois portes et quatre fenêtres; Tune des fenêtres
a été plus tard transformée en porte. La porte cen-
trale est accostée de deux pilastres doriques, les
deux autres sont entourées de petites moulures et
surmontées de linteaux à crossettes soutenus par
de petites consoles. Les fenêtres ont des appuis
posés sur deux consoles et sont accostée» de pi-
lastres doriques. — Au-dessus de ces pilastres s'en
élèvent d'autres, de l'ordre ionique, qui relient le
rez-de-chaussée à Tétage supérieur et supportent
eux-mêmes un troisième ordre corinthien encadrant
les fenêtres de cet étage. — Les ouvertures des
mansardes sont surmontées de frontons triangu-
laires.
Cette façade est flanquée au Nord d'un bâtiment
en retour d'équerre, percé à chaque étage d'une
ouverture semblable aux précédentes. — Elle est
accostée au Sud d'une aile en retrait qui contient
une petite chapelle du xv" siècle, seul re^^te de
l'hôtel do Pontrouault. La chapelle présente sur sa
face Est une fenêtre flamboyante, ornée de mou-
lures prismatiques et divisée par un meneau; sa
1. Arch. dép.» Réformation du domaine de Rennes de 14Ô5, f* 104, v».
2. Arch. dép., 2* Carton de M. de la Bigne. — Bulletin de la Soc.
Archéol. d'IUe-et-Vil., VI, 117.
i3. L'Hôpital Saint- Yves de Rennes, par le comte de Bellevûe. Plan.
CAL. — 1V2 —
face Sud est percée dime fenêtre plus petite, sub-
trilobée et sans meneau : on la voit du quai
Duguay-Trouin, derrière le n*" 14. Elle est con-
struite sur Tancien mur de la première enceinte
dont la base est gallo-romaine; on y observait encore
vers 1880, avant rétablissement du hangar actuel,
des traces de cordons de briques de cette époque.
La chapelle se compose, à Tintérieur, d'un simple
rectangle à voûte d'arêtes qui retombe sur quatre
colonnettes engagées dans les angles. On a trouvé
dans son mur en 1889 une caisse contenant des
ossements et un étui en fer blanc renfermant un
écrit qui attribue les ossements à M"' Le Bègue,
morte dans le couvent, en odeur de sainteté, lé
18 mara 1724, à Tàge de quatre-vingt-neuf ans : ils
ont été transportés au cimetière de TEst*.
Plusieurs pièces de Thôtel principal sont intéres-
santes à visiter; Tune surtout, au rez-de-chaussée,
possède un beau plafond à petites poutrelleô ap-
parentes, rapprochées les unes des autres et sou-
tenues par trois grosses poutres ornées de mou-
lures et de modillons. La cheminée de cette salle
présente une ornementation délicate et gracieuse,
fort bien conservée dans sa partie supérieure.
Chacun des montants, malheureusement fort endom-
magés, était orné de trois plaques de marbre. —
Le manteau comprend deux linteaux superposés,
séparés entre eux par une moulure; le linteau
inférieur était orné d'une grande plaque rectan-
gulaire en marbre, accostée de deux médaillons;
Tautre présente un riche assemblage de cartouches
rectangulaires et ovales remplis de plaques de
1. Bulletin de la Soc. archéol. d*Ule-et-Vil., t. XX, 2* partie, p. xvm.
— 14»^ — C\L. — CAR.
marbre, de têtes d'anges et de moulures varices. —
Une corniche très saillante, ornée sur ses deux
faces de macarons sculptes, sépare ces deux lin-
teaux du trumeau. — Le trumeau figure un grand
rectangle qui a dû être occupé par un tableau; il est
entouré d'un encadrement de postes coupées sur
les flancs par six petites plaques de marbre ovales.
Cet encadrement est surmonté d'une frise que dé-
corent une grande et deux petites plaques de
marbre rectangulaires. Entre les plaques se voient
deux monogrammes en capitales romaines, répétés
chacun deux fois : nous y voyons les lettres R. D.
B. *F; entrelacées. Une corniche couronne l'en-
semble. — On voit enfin, à droite et à gauche du
trumeau, deux riches pilastres finement sculptés et
ornés chacun de quatre plaques de marbre.
Une salle du premier étage contient une chemi-
née dont les montants sont en forme de consoles;
le trumeau porte un arc de décharge moulure, avec
un motif sculpté en forme de panache comme clef
de voûte.
On voit enfin dans les mansardes une autre che-
minée dont le manteau présente aussi un arc à plein
cintre formé de deux moulures concentriques, ornées
à leur sommet d'une sorte de clef de voûte, et ac-
costé de deux pilastres.
Passage des Carmélites (Canton N.-K.).
Voir rue d'Antrain, n" 16.
CAH. — l'l4 —
Rue des Carmes (Canton S.-R.)
Cette rue, ouverte vers 1803, doit son nomàran-
cien couvent des Carmes, sur lequel elle a été per-
cée*. Elle remplace une ancienne ruelle qui con*
duisait au mur de la troisième enceinte de la ville
et au four à ban du duc^. Ce four était ancienne-
ment sur l'emplacement du grand autel des Carmes ^
c'est-à-dire sous le n** 1 de la rue; lors de la con-
struction de la chapelle, à la fin du xv* siècle (voir
rue Vasselot), le four fut transféré rue Saint-Tho-
mas, sur les bâtiments actuels du Lycée (voir rue
Saint-Thomas). La rue des Carmes traverse Tabside
de la chapelle à la hauteur des n*"' 1 et 2. (Voir rue
Vasselot.)
On peut voir quelques vestiges du couvent par
la fenêtre de Tescalier du n® 4 et dans la cour du
n*" 6. (Voir n* 52, rue Vasselot.)
L'entrée charretière du couvent pour les provi-
sions se trouvait à l'entrée Nord de la rue*; elle
était surmontée d'une maison ^.
N"* 9. Il occupe l'emplacement de l'ancien ?'e/ec-
toire du couvent. (Voir rue Vasselot.)
Rue du Carthage (Canton N.-O.).
Cette rue tire son nom d'un très ancien marché
appelé Cartage ou Quartage, dans lequel les ducs de
1. Les Rues de Rennes, par L. Decombo.
2. Arch. mun., Fortifications, Indemnités, E, 1449.
3. Arch. dép.. Carmes, 69.
4. Arch. dép., Carmes, 90.
5. Arcli. dép., Réformation du domaine de Rennes de 1S46, (• 392, i*.
— Hô — C.Ml.
Bretagne prélevaient le quart des droits perçus sur
les bestiaux vivants qui y étaient exposés en vente.
M. de la Bigne croit voir dans le Cartago non un
marché, mais une maison dans laquelle on perce-
vait ce droit et où on en emmagasinait le produit ^
Dans les deux cas, Torthographe de ce nom devrait
être Cartage et non Carthage. La « maison nommée
« Cartaige » est citée dès 1455 •.
En 1484, le duc François II créa un marché « en
« une place et maison vulgairement appelée Car-
« tage » pour la vente du sel, du gruau, des cuirs, des
laines, du beurre, du suif, des graisses, etc...^ On
y établit en 1589 un magasin de blés et de farines*.
Cette halle se trouvait vers le n** 2 de la rue;
on y plaça aussi en 1484 le poids public, ap-
pelé poids au duc, puis poids au roi'^; on y
fondit des pièces d'artillerie au commencement
du XVI' siècle^; elle fut affectée enfin en 1585 au
contrôleur de l'artillerie pour recevoir « Tattirail
« du canon » de la Ville ^, et sauta en 1612 avec
vingt-sept barils de poudre qui y étaient dépo-
sés : le terrain devint « une place inutile, pleine
« d'immondices et d'infections, servant de retraite
« aux coureurs et voleurs de nuit. » Le roi le donna
en 1633 au président le Vayer de Clayes^, et la rue
1. Procés-verbaux de la Société archéologique d'il. -et- Vil. de 1844 à
1858, p. P4.
2. Arch. dép., Réformation du domaine de Rennes de 1455, f® 102, r®.
3. Histoire de Rennes, par Marteville, II, I9ô. — Les Rues de Hennés,
par L. Decombe.
4. Arch. mun., Oompte des Miseurs de 1589, {• 165, r».
5. Arch. mun., l'36, 186 et 311. -^ Histoire de Rennes, par Marteville,
II, 195.
6. Arch. mun., Comptes des Miseurs, 1511, f* 82, r, et 1512, f»» 18 et
18. r et V».
7. Arch. mun., 126
8. Arch. mun., 186. — Histoire de Rennes, par Marteville, 11, 196.
CAR. — 146 —
actuelle fut percée en partie sur son emplacement.
— La rue fut dévastée en 1740 par un incendie qui
détruisit la nouvelle inaison du poids du roi; le ter-
rain de la maison fut vendu on 1741 aux Calvai-
riennes par M'"'' de Clayes, femme de M. de la Bour-
donnaye de Liré^ La Communauté de Ville élargit
la rue au milieu du xviii* siècle, en achetant des
terrains aux Calvairiennes^.
Un escalier reliant la rue à la rivière a été pra-
tiqué, au milieu du xyiii* siècle, à travers le mur de
la première enceinte, sur le terrain des Calvairien-
nes' ; la rue tournait auparavant à angle droit vers
TEst, à la hauteur du n*" 2, pour se terminer en cul-
de-sac.
N"*' 3 et 5. Ils datent du milieu du xviii" siècle et
dépendaient du couvent des Calvairiennes K (Voir
place du Calvaire.) Le rez-de-chaussée en granit
présente deux portes et huit fenêtres cintrées; le
premier étage est percé de dix fenêtres, le deuxième
en a cinq seulement et ne s'étend que sur une
partie de la maison. L'encoignure de la place du
Calvaire est à joints ouverts et ornée d'une niche
avec une console godronnée que termine un bouton
de feuillages.
N** 2. Ancien hôtel le Vayer de Clayes, puis de la
Bourdonnaye de Lire. — Cet hôtel, reconstruit entre
1724 et 1738 ^ a été récemment restauré : sa partie
Sud, parallèle au quai Duguay-Trouin, n'existe plus;
1. Arch. mun., 311. — Arch. dêp., Galvairiennes, 10.
2. Arch. m un., Compte des Miseurs de 1745, f* 13, i^.
3. Arch. mun., 535, délibération du 29 avril 1745.
4. Histoire de Rennes, par Marteville, III, 53.
5. Terrier de Bennes de 1739, p. i>3.
— 147 CAR. — CIIA.
sa partie Est a été réédifiée vers 1895; son côté
Nord seul est ancien, il se compose d'un rez-de-
chaussée et d'un étage avec cinq ouvertures par
étage et un toit à la Mansard percé de cinq fenê-
tres. — On voyait autrefois à Tangle Sud-Ouest de
la cour une chapelle dont le dernier contrefort a
disparu en 1894^ — L'hôtel passa par alliance vers
1740 des le Vayer de Clayes aux de la Bourdonnaye
de Lire.
Derrière lui, vers TEst, se trouvait Vhôtel de la
Foresl (VArmaillé-. (Voir rue de Rohan.)
N» 4. Hôtel Drouet de Montgermont. — Il a été re-
construit sur son ancien emplacement après Tin-
cendie de 1720. On voit sur son portail deux con-
soles du style Louis XV et un écusson arrondi vers
le bas et chargé d'un cœur; ce cœur rappelle, sans
doute, les armes des Drouet de Montgermont : De
gueules à 3 cœurs d'or, une rose de même en abîme ^.
Rue Chalais (Canton S.-E.).
On ne connaît pas exactement Torigine de ce nom,
qui est probablement dénaturé; la rue s'appelait
au XVI' et au xvii* siècles rue Chalande, c'est-à-
dire marchande, et on peut supposer que le mot
Chalais est une altération de Chalande. — Elle fut
appelée en 1769 rue d'Agay, en Thonneur du comte
d' Agay, intendant de Bretagne *.
Elle se compose de deux tronçons coupés par la
1. Communication de M. Henaud-Loubens.
2. Terrier de Rennes de 1739, p. 52.
S. Ibid., p. 52 et 94.
4- Les Rues de Rennes, par L. Decombe.
ciiA. - 148 —
rue du Pré-Botté ; le tronçon Nord se trouve sur les
anciens jardins du couvent des Grandes Ursulines
(voir n** 5, rue du Pré-Botté); le deuxième remplace
Tancienne rue Chalande, qui coupait diagonalemcnt
la nouvelle du Nord-Ouest au Sud-Est.
N** 1. Il occupe remplacement du jardin des Ursu-
lines, devenu à la Révolution la cour de la caserne
de gendarmerie (voir n** 5, rue du Pré-Botté)'.
La Hallc-aux-Toiles, construite sous la Restaura-
tion, s'élève aussi en partie sur les jardins des Ur-
sulines. Il y avait autrefois en cet endroit une cha-
pelle; elle fut remplacée en 1657 par une halle aux
blés ou Annonnerie qui était située auparavant dans
la rue de la Cordonnerie (voir n"* 11, rue de la Mon-
naie). Son entrée principale était à TOuest^.
Rue de la Chalotais [Canton S.-O.)
Cette rue, percée en 1862, porte le nom du célèbre
procureur général au Parlement, Louis-René de
Caradeuc de la Chalotais, mort en 1785^.
Elle rencontre sous ses n"*' 4 et 7 l'emplacement
d'un ancien bras de rivière appelé le ruisseau de
Joculé, que traversait le pont Gabier, à l'angle Nord-
Ouest du n** 9 (voir rue d'Argentré). — Le ruisseau
passait ensuite au pied des maisons situées entre les
n*** 7 et 17, puis il coupait de nouveau la rue depuis
les n**' 17 et 19 jusqu'à l'angle Sud-Ouest du jardin
qui leur fait face.
1. Bibl. de Rennes, Plans anciens.
2. Arch. mun.. 128 et 503, délibération du 13 juillet 1657. — Histoire
de Rennes, par Marteville, II, 203.
3. Les Rues de Rénoves, par L. Decoml»e.
— 149 — CHA.
Depuis la rue Lanjuinais jusqu'à la place de Bre-
tagne, la rue traverse d'anciens jardins *.
Rue du Champ-Dolent [Canton S.-O ).
Cette rue, mentionnée dès 1265 ^ et même dès le
commencement du xii* siècle^, formait Tune des
principales artères de la ville basse avec les rues de
la Parcheminerie, Vasselot et Saint-Thomas; elle
tire son nom de ce qu'elle a été habitée pendant
plusieurs siècles par « des bouchers, chaircutiers et
« autres gens du petit peuple^. » C'est là que Ton
tuait au moyen-âge les bêtes de boucherie, et cet
usage s'est perpétué jusqu'à l'établissement de
l'abattoir public en 1855^; lorsqu'on abattait des ani-
maux, on tendait autrefois des chaînes aux deux ex-
trémités de la rue, par mesure de précaution.
Avant 1903, la rue du Champ-Dolent se prolon-
geait vers l'Est jusqu'aux n**' 21 et 14 de la rue de
la Parcheminerie. Les crues de la rivière y cau-
saient souvent des inondations (voir rue d'Argen-
tré).
Ses maisons sont anciennes, mais sans intérêt;
on peut tout au plus citer le n** 34 qui présente des
poutres moulurées et des consoles. Une fontaine
publique existait au Sud de la rue (voir n** 21, rue
Poulain du Parc). On y voyait aussi la maison de la
Challays ^.
1. Plan de Rennes de 17â().
2. Ârch dép., Saint-Melaine. 1*2.
3. Cartulaire de Saint-Georges, par P. de la Bigne, p. 1<>3.
4. Arcli. dép., Etals de Bretagne, C, 3:Î28, procès-verbal de l'incendie
de 1720, p. 112.
5. Les Rues de Rennes y par L. Decombe.
6. Arch. dép., Minutes d'André, notaire à Rennes, 10(»7.
GHA. — 150 —
La rue se terminait à l'Ouest par la porte du
Champ-Dolent, qui débouchait directement sur le
bras de rivière servant de douve à la troisième en-
ceinte (voir place de Bretagne). Un escalier, situé
au Nord, conduisait sur les remparts *.
La rue était très mal pavée à la fin du xviii' siè-
cle; on lit dans une pièce de 1783 que « la dégrada-
« tion du pavé du haut au bas forme des trous con-
« sidérables qu'ils (les habitants) ne peuvent vi-
« danger, ce qui leur cause une perte considérable...
« par l'infection dont ils ne peuvent se garantir
« eux-mêmes, et fort souvent les particuliers qui
« portent les viandes à la halle se cassent bras et
« jambes*^. »
Rue et place du Champ- Jacquet (Canton N. O.).
La rue et la place du Champ-Jacquet tirent leur
nom de Tancienne porte Jacquet, située vers le haut
de la rue Châteaurenault. (Voir cette rue.) Le nom
de Jacquet serait, dit-on, celui d'un jardinier qui
possédait primitivement ce terrain^; nous remar-
querons toutefois qu'il est cité, dès 1312, sous le
nom de Campus Sancti Jacobi^, c'est-à-dire champ
Saint-Jacques, ce qui exclut, selon nous, Tidée d'un
nom de possesseur. C'était une pièce de terre rele-
vant de la seigneurie de Champagne, elle fut aban-
donnée à labbaye de Saint-Melaine en 1368 par une
transaction entre l'abbé et Jean du Rocher et Jeanne
de Champagne, sa femme ^. — Sa forme topogra-
1. Arch. mun., 144.
2. Ibid.
8. I^s Rues de Hennés, par L. Decombe.
4. Arch. dêp., Sainl-Melaine, 12.
5. Ibid., 9.
— 151 — CHA.
phique actuelle est celle que lui donne le plan de
Rennes de 1616.
On y installa en 1632 un marché aux légumes*,
qui subsistait encore à la fin du xviii* siècle-. Les
étagers ou propriétaires de maisons sur les fiefs de
la vicomte de Rennes, qui étaient tenus au devoir
de chevauchée le 22 juillet, date de la foire do la Ma-
deleine, comparaissaient à cheval, au nombre d'en-
viron 400, sur la place du Champ-Jacquet et se ren-
daient de là au champ de foire où se faisait l'évoca-
tion; cette foire avait lieu dans une des pièces de
terre des Closeaux, de la Teillais (voir faubourg de
Nantes), ou du Pré-André, dépendant du manoir de
Villeneuve (près du même faubourg), ou dans ces
trois pièces ensemble^. En 1688, Guillaume Malé-
cot, seigneur de Villeneuve, contesta au vicomte de
Rennes le droit de tenir une foire sur ses terres, il
fit labourer le champ de foire, y sema du blé-noir et
en ferma rentrée. On ne sait pas au juste comment
se termina cette querelle*.
Avant .rmcendie de 1720, la rue très courte qui
réunit la place du Champ-Jacquet à la rue Château-
renault faisait partie de la place, elle n'est devenue
rue qu'après l'incendie. Elle fut nommée rue de
Léon en 1728, en Thonneur du prince de Léon qui
présida plusieurs fois Tordre de la noblesse aux
Etats; le peuple altéra ce nom et l'appela rue de
Lyon. Elle redevint en 1792 rue du C hamp- Jacquet^.
C'est sur la place que fut fondue la première
1. Histoire de Rennes, par Marteville, II, 196.
2. Le Duc d'Aiguillon et La Chalotais, par B. Pocquet, II, 42.
3. Journal de Rennes du 1" octobre 18jj6.
4. Bulletin de la Soc. archéoL d'JUe-et-Vil., XV III, (56.
5. Les Rues de Rennes, par L. Decombe.
ciiA. — 152 —
cloche du beffroi de la tour Saint-James*. (Voir rUe
Châteaurenault.)
La statue du maire de Rennes Leperdit (1794-
1795) remplace depuis 1892 une fontaine élevée en
182'2, qui avait été surnommée le Tombeau du Génie;
cette fontaine remplaçait elle-même un puits très
ancien, cité dès 1460 2. Le puits était surmonté
d'une toiture ornée de plomb -^ Les Comptes des
Miseurs mentionnent un paiement fait en 1531 à
« M* Guillaume, inventeur de trouvez eaulx et fae-
« seur de puiz, » pour avoir « curé ot nettoyé le
« vieil puiz dudit champ Jacquect qui estoit quasi
« plain de toutes infections et inhabité, avecq ce
« l'avoir creusé de seix piedz plus bas qu'il n'es-
te toit... et avoir adjoinct une source d'eau plus
« grande et meilleure que les aultres qui y es-
« toient\ » — Une tradition erronée voulait voir
dans ce puits le moule de la première cloche du
beffroi de la tour Saint-James^.
On trouvait sur le champ Jacquet neuf maisons
appelées les Cabare/s^, et la ynaison du Rabot''*.
N*" 5. Hôtel Haxj de Tizé^, puis de Bégassorij en
1786^. — C'est une grande construction édifiée vers
1665 ; elle contient un rez-de-chaussée élevé et deux
1. Arch. mun., Comptes des Miseurs de 1467 à 1409, î* 138, v«, et sui-
-V&iits
2. Jbid., 1460, Ml, r».
3. Ibid., 1566, f» 27, ro, et 33, r^, et 1596, f- 48, r«. — Plan de Rennes
de 1616.
4. Arch. mun., Comptes des Miseurs de 1531-1532, f*« 20, r», et 21, r*.
5. Histoire de Rennes, par Marteville, II, 291.
6. Arch. dép.. Réformation du domaine de Rennes de 1455, (• 72, n, et
suivants. — Arch. mun., 111.
7. Arch. dép., Minutes d'André, notaire à Rennes, 1667.
8. Arch. dép., Saint-Georges, 135. — Intendance, C, 905. — Jean Bos-
sart du Clos, par le comte de Palys, p. 13. — Arch. mun., 112.
9. Cadastre de 1840. — Arch. dép., Intendance, C, 339.
— 153 — CHA.
étages percés de six ouvertures chacun. La porte
d'entrée est surmontée d'un fronton triangulaire et
précédée d'un double perron arrondi ; ses battants
sont décorés de moulures et de quelques sculptures,
ils ont conservé un ancien heurtoir. Les fenêtres du
rez-de-chaussée sont accostées de pilastres doriques,
deux rangées de poutres apparentes marquent la
séparation des étages ; les fenêtres du premier et
du deuxième sont entourées d'un encadrement en
bois. La toiture se compose de deux toits distincts
reliés entre eux par un troisième ; les fenêtres des
mansardes sont terminées par des frontons triangu-
laires en bois; Tune d'elles est surmontée d'un petit
toit à quatre faces soutenu par quatre consoles. —
L'intérieur possède un escalier à balustres de bois
et de vastes salles à lambris moulurés et sculptés.
L'hôtel, après avoir appartenu aux Hay de Tizé,
passa par alliance aux Hay des Nétumières*, qui
le possédaient dès 1664*; il était aux de Bégas-
son en 1786 3. Il a été épargné par l'incendie de
1720, et M. des Nétumières déclara dans le procès-
verbal de 1721 avoir « perdu tant en meubles et pro-
« visions qu'argent dépensé pour arrester le cours
« du feu qui embrasoit les maisons voisinnes de son
« hostel, la somme de six mil livres *. »
Les écuries de l'hôtel étaient dans une cour au
fond du fossé, derrière le Champ Jacquet; on y en-
trait par une voûte percée dans le mur*.
On voit dans la cour située à l'Ouest de Thôtel une
1. Arch. mua., 530, délibération du 1" janvier 1731.
2. Ibid, 109.
3. Arch. dép., Intendance, C, 839.
4. Arch. dép., Etats de Bretagne, C, 3^)*^, procès- verbal de l'incendie de
1720, p. 10.
5. Arcli. dép., Intendance, C, 839.
XXXIII 16
CttA. — 154 —
construction à trois étages et cinq fenêtres par étage;
elle dépendait de l'hôtel et est postérieure à Tincendie
de 1720 *. Les fenêtres des deux premiers étages sont
très grandes et possèdent des appuis moulurés.
Cette maison occupe remplacement de l'ancienne
Prévôté, créée en 1456, dont le portail d'entrée ouvrait
sur le Champ-Jacquet^. On appelait petite cour de
Rennes le passage qui conduisait du Champ-Jacquet
à la Prévôté et à la façade Est du Présidial (voir im-
passe Rallier du Baty)^. Ce passage se continuait, au
Sud du Présidial, jusqu'à l'impasse Rallier du Baty;
c'était au xvii* siècle « une méchante petite ruelle...
« infecte et pleine d'immondices et d'ordures que
« les voisins et passants y font continuellement et
« où'd'ailleurs il se commet jour et nuit des désor-
« dres. » Ce passage était « très fréquenté et très
« nécessaire, à raison qu'il sert de communication
« aux deux marchés des places des Lices et du
« Champ-Jacquet; » il servait aussi d'entrée pour
le Présidial. Le procureur du roi en demanda la
modification à la Communauté de Ville en 1703,
« à raison de quoy il croit que pour le bien et uti-
« lité publique et empescher les meurtres quy s'y
commettent impunément, il serait à propos de faire
« clorre et fermer cette ruelle et d'en transporter le
« passage au-dessous de la salle dudit Présidial...
« où il aura son issue en droiture d'un costé dans
« la Grande Cour de Rennes vers la porte Saint-
« Michel, et de Tautre à la place du Champ-Jac-
« quet. » Ce travail fut effectué peu après *.
N** 7. Cet hôtel, désigné aussi dans le plan de
1. Arch. dép.. Intendance, G, 805.
2. Arch. dép., 2" Carton de M. de la Bigne.
3. Arch. mun., 112.
4. Arch. mun., 112. — Compte des Miseurs de 1703 à 1705.
— 155 — CHA.
Rennes de 1726 sous le nom (ï hôtel de Tizé, com-
prend quatre corps de bâtiment réunis autour d'une
cour carrée; un large couloir conduit dans une
deuxième cour située derrière l'hôtel ; on voit de là
une façade complète avec trois étages, sept fenêtres
et un œil-de-bœuf par étage, et un toit à la Mansard
avec deux rangées de fenêtres superposées. La fa-
çade Nord de l'hôtel est construite sur le mur même
de la deuxième enceinte de la ville et est aspectée
sur sa douve. — Il appartenait, en 1785, au comte
de Perrien; ses écuries touchaient celles du n* 5*.
Les n** 7 à 25 étaient occupés autrefois par les
papegauts de Varc et de l arbalète, fondés en 1443-.
Les premiers papegauts semblent avoir été tirés
sur la tour du Chesne (n* 10, rue Nantaise), toute-
fois le tir à l'arbalète se faisait déjà en 1455 au Nord
du Champ-Jacquet^; on éleva plus tard entre les
n"*' 25 et 27 actuels, sur des terrains restés sans
emploi depuis la construction de la deuxième
enceinte*, une butte appelée Butte aux Arbalétriei^s
sur laquelle fut plantée la perche du papegaut. Une
allée aboutissant à la butte fut ménagée le long du
pied intérieur du rempart ; cette allée, qui fut plus
tard couverte, était séparée de la place par une
simple barrière ; on construisit des échopes devant
elle vers la fin du xvi* siècle, et enfin la Commu-
nauté de Ville vendit l'allée en 1664 pour permettre
la construction des maisons actuelles. Les adjudi-
cataires de ces terrains s'engageaient à souffrir
sans indemnité la démolition de leurs maisons en
1. Arch. dép., Intendance, G, 389.
2. Histoire de Rennes, par Marteville, I, 240.
8. Arch. dép.. Réformation du domaine de Rennes de 1455, f* 69, v«.
4. Bibl. de Rennes, Recueil historique sur la ville de Rennes, par
Gilles de Languedoc, p. 287. Manuscrit.
CH\. — 15G —
cas de siège K Cet emplacement, appelé place de la
Butte^ est présenté à cette époque comme « une
« place inutile et infructueuse en Testât qu'elle est,
« au contraire infecte réceptacle de toutes sortes
« d'immondices... les murailles et parappets y joi-
« gnants sont touts ruinés-. »
I^a butte elle-même avait été aliénée dès 1642;
on y montait par un petit escalier à droite de l'en-
trée du café de TAlcazar (n* 25) ^. On voyait près de
cet escalier la maison des Ar baies trier s ^ qui servait
« pour le jeu de Farbaleste seulement ^ »
Un troisième papegaut, celui de Tarquebuse, fut
transféré en 1680 de la tour du Chesne dans les
douves de Saint-Georges; mais, en souvenir de ces
premières fêtes populaires, le roi du papegaut, au
retour des douves de Saint-Georges, était tenu de
venir tirer un coup de fusil devant la tour du Chesne
et sur le Champ-Jacquet^.
Le mur de la deuxième enceinte s'étendait der-
rière les n*"' 7 à 23, puis il longeait la rue devant
l'entrée du n* 25 et passait sous les façades des
n"*' 27 et 29; quelques boutiques basses, appuyées
au mur, ont été démolies en 1720 pour arrêter les
progrès du feu^.
Les n*** 9 à 15 présentent un ensemble assez pitto-
resque de maisons du milieu du xvii' siècle.
1. Arch. mun., 11 ^
2. Tbid.
3. Arch. mun., 111 et 112. — Histoire de Rennes, par Marteville, I,
226, 240-244.
4. Arch. dép., Réformation du domaine de Rennes de 1455, ^ 69, v«, et
de 1646, f 141, r*.
5. Biiol. de Rennes. Recueil historique sur la ville de Rennes, par
Gilles de Languedoc, manuscrit, p. 238. — Arch. dép.. 1*' Carton de
M. de la Bigne.
6. Arch. dép.. Etats de Bretagne, C, 3328, procés-verbal de l'incendie
de 1720, p. 63.
— 157 — cil A.
N** 11. Son escalier conduit au sommet d'une
portion importante du mur de la deuxième enceinte;
cette portion, parfaitement conservée, a une lon-
gueur de plus de 30 mètres et est munie de huit
mâchicoulis à trois ressauts. (Voir n"* 4, rue Le-
perdit.)
N** 15. Il se distingue par une porte en anse de
panier et par une grande fenêtre de mansarde sur-
montée d'un toit en carène à quatre pans que cou-
ronnent deux épis de plomb. — Son allée présente
une voûte percée dans le mur de la deuxième en-
ceinte; répaisseur en est d'environ 3 mètres. — A
crauche de la voûte, un escalier descend dans les
anciennes douves; d'une fenêtre de cet escalier,
aspectéc à l'Ouest, on peut voir le mur d'enceinte
dont il vient d'être parlé.
Dans les douves de l'enceinte, derrière les n*** 11
à 25, se trouvaient les jardins du Petit Trianon^
dépendant de Vhôtel de Robien (voir n** 22) ; ils sont
aujourd'hui occupés par le jardin du café du n"" 25,
et par le jardin et l'imprimerie du Journai de Rennes
(n** 4, rue Leperdit). Dans ces jardins se trouvait un
pavillon dont le plafond était peint par Jouvenet;
un tableau du même maitre, représentant Apollon
sortant du sein de Thétis, décorait une fausse che-
minée; on y voyait enfin deux beaux bustes en
marbre blanc. Le tout existait encore au moment
de la Révolution *.
Le café de l'Alcazar occupe actuellement les serres
du Petit Trianon; c'est un bâtiment composé dun
simple rez-de-chaussée et percé de cinq grandes
ouvertures cintrées à clef do voûte ornée d'une tête
1. Bulletin de la Société arçhéolog. d'Ille-et-Vil., t. XXI, p. lvi.
CHA. 158 —
humaine; la porte centrale est couronnée par un
fronton triangulaire mouluré; de chaque côté de la
porte se voient une console et un trophée d'instru-
ments agricoles attachés par des rubans. Le rez-de-
chaussée est surmonté d'un attique. On y établit
d'abord pendant la Révolution les pharmacies mili-
taires, puis on en fît l'entrée du théâtre, situé der-
rière lui. Cet ancien théâtre, recouvert d'un toit à
pans fort élevé, est transformé aujourd'hui en maga-
sin (voir n"" 16, rue de Penhoët); il fut alors retourné
bout pour bout et on construisit en 1797, au n** 25
actuel, la porte du public flanquée de colonnes qui
sont aujourd'hui cachées par une boiserie*.
N^* 2, 4 et 6. Emplacement de l'ancien hôtel Henry
de la Plesse.
Entre les n^* 6 et 8, à l'entrée de la rue des Pres-
ses (voir rue Lafayette), se trouvait la maison du
Mûrier ^.
N^ 8. Emplacement de ikôtel Brûlon de la Muce,
situé sur la rue des Presses; il possédait une cha-
pelle avec une cour et une ruelle ayant issue sur la
rue aux Foulons (rue Le Bastard)^. Son portail
principal ouvrait sur la place du Champ- Jacquet *.
Cet hôtel fut loué pendant un certain temps par la
Communauté de Ville pour loger le maréchal de
Thémines et le maréchal de Brissac, lieutenants
généraux en Bretagne, et le comte de Vertuz
d'Avaugour, gouverneur de Rennes^. L'hôtel qu'il
1. Le Théâtre de Rennes, par L. Decombe, p. 82. — Histoire de
Rennes, par Marte ville, II, 279.
2. Ârch. dép., Réformation du domaine de Rennes de 1646, f» 349, r».
3. Ibid., f* 341, ro.
4. Arch. dép., Min. de Bertelot, notaire à Rennes, 5 mars 1659.
5. Arch. m un., 488, délibération du 1«' février 1627. — Comptes des
Miseurs de 1603, ^• 26, r, et 62. v, — de 1615, f- 27, r«, et 31, v, — de
1626, 1628, 1629 et 1630.
— 1;VJ — CHA.
remplaçait appartenait en 1455 à Henri le DieucS
et aux Becdelièvre au commencement du xvii* siècle ;
en 1659, il était passé par alliance aux de la Saul-
drais et aux Hingant de Guérisac^.
N** 10. Emplacement de V hôtel de Cornulier.
Sous le n° 10 ou le n** 12 se trouvait au xvii* siècle
le logis de la GarouUaySy dont les dépendances
s'étendaient jusqu'à la rue Le Bastard ; il se com-
posait d'une maison en pierre de taille à deux
étages. Les Loysel de Brie le vendirent aux d'Ar-
gentré en 1620, et ceux-ci aux Huart de Bœuvres
en 1661 ^
N** 14. Hôtel de la Guibourgère. (Voir n** 11, rue
Le Bastard.)
N^ 22. Hôtel de Robien. — C'est l'ancienne demeure
du célèbre président au Parlement, mort en 1756. Il
se compose, sous le n® 17 de la rue Le Bastard,
d'une maison à trois étages et à six fenêtres par
étage; les pieds-droits des fenêtres du troisième
sont soutenus par deux petites consoles. Le toit est
droit et repose sur une corniche à modillons; il est
percé de trois fenêtres de mansardes dont le som-
met, à linteau arrondi, est entouré d'un tore que
terminent deux enroulements. Son angle Nord-Est
est flanqué d'une tourelle ronde en encorbellement
mouluré, que couronne un toit demi-sphérique posé
sur une corniche à moulures. Cette tourelle corres-
pond au deuxième et au troisième étages; elle est
percée à chacun d'eux de deux fenêtres encadrées
entre deux pilastres doriques et un linteau à mou-
lures.
1. Arch. dép., Réformation du domaine de Hennés de 1455, f* 187, r*.
2. Arch. dép., Minutes de Bertelot, notaire à Rennes, 5 mars 1659.
3. Arch. dép.. Minutes de Gohier, notaire à Rennes. 12 octobre 1661.
CHA. — 160 —
La face Nord de Thôtel n'a d'autre ouverture
qu'une fenêtre de mansarde à plein cintre, sommée
d'un fronton triangulaire et flanquée de deux pi-
lastres doriques et de deux consoles renversées.
On voit à sa gauche une haute cheminée couron-
née par quatre petits frontons triangulaires. Une
corniche à modillons, interrompue sous la fenêtre
de mansarde, soutient la toiture.
La façade Ouest comprend trois étages à deux
fenêtres chacun ; ces fenêtres présentent* des pi-
lastres doriques soutenus par des consoles, avec
des appuis et des linteaux à moulures. On y voit,
en outre, comme à la face Nord, une corniche à
modillons et une fenêtre de mansarde. — Une tou-
relle carrée, élevée d'un étage de plus, forme retour
d'équerre à l'angle Sud-Ouest de Thôtel ; elle con-
tient l'escalier et présente trois petites fenêtres
irrégulièrement percées; son toit est en carène et
repose sur une corniche modillonnée. L'angle ren-
trant est occupé, à la hauteur du troisième étage,
par un couloir en encorbellement, percé d'une pe-
tite fenêtre à plein cintre.
D'autres bâtiments s'étendaient vers TOuest avant
l'incendie de 1720, mais on dut les démolir pour
arrêter les progrès du feu : « Dans Tintérieur de la
« cour estoit un corps de logix à trois étages, bâti en
« forme de gallcrie, et un portail au bout ouvrant
« vers ladite place du Champ Jacquet,... sur lequel
« portail estoit un autre corps de logix aussi de
« trois étages, qui a esté brûlé et la gallerie démo-
« lie*. »
L'intérieur de Thôtel renferme de belles pièces à
1. Arch. dép., Etats de Bretagne, G, 3328, procés-verbal de l'incendie de
1720, p. 59.
— 161 — • CHA.
boiseries délicatement sculptées. — L'escalier est à
vis et en pierre; on y voit quelques portes et
quelques volets de fenêtres à petits panneaux rec-
tangulaires; on observe aussi à chaque étage une
petite niche circulaire peu profonde, destinée à re-
cevoir une lumière.
L'hôtel date du xvii® siècle; après avoir appar-
tenu aux Bonnier de Champaigné, il passa par al-
liance aux de Rosmadec du Plessix-Josseau, qui
l'avaient en 1646*, et le vendirent en 1692 aux
Le Prestre de Lézonnet ; ceux-ci le revendirent aux
de Robien 15,500 livres en 1699 -. Il appartenait au
président de Robien au milieu du xviii* siècle.
En construisant les égouts dans la rue du Champ-
Jacquet, on a coupé un souterrain qui partait de
l'une des caves et aboutissait, dit-on, au jardin du
Petit Trianon.
Rue du Champ de Mars (Canton S.-E.j.
Cette rue, percée après l'incendie de 1720, était
désignée au plan cadastral de 1809 sous le nom de
rue Neuve; on lui donna de 1827 à 1830 celui de
rue d'Angoulêmey en souvenir du passage de la
duchesse d'Angoulême à Rennes^.
La rue du Champ de Mars traverse dans sa partie
Sud les anciens jardins du couvent des Carmes.
Elle aboutissait vers le Sud au Poiit aux Lions.
(Voir boulevard de la Liberté.)
1. Arch. dép., Kéformation du domaine de Rennes de 1646, f* 335, t**.
2. Ârch. dép., Minutes de Bertelot, notaire à Rennes, 19 septembre 1699.
3 Les Rues de Rennes, par L. Decombe.
CHA. — 162 —
Champ de Mars (Canton S. E.).
Voir boulevard de la Liberté.
Rue du Chapitre (Canton N.-O.)-
Cette rue, citée dès 1388*, s'appelait autrefois rue
du Four du Chapitre^ du nom d'un four qui appar-
tenait au Chapitre de la Cathédrale (n^* 16); elle de-
vint en 1792 la rue de V Union-. On y a trouvé en
1882, lors de l'établissement des égouts, des tuyaux
d'une conduite d'eau gallo-romaine».
La plupart des maisons de la rue datent du
xvii* siècle.
N** 1. Emplacement de V hôtel de Talhouët-Bona-
mour, — Cet hôtel fut détruit dans l'incendie de
1720^; il appartenait en 1461 à Antoine Havart, —
en 1646 à Gillette Chevron, — en 1673 à Gillette le
Mercier, — et en 1677 aux de la Moussaye-^.
N"" 3. C'est la première maison qui ait été épar-
gnée de ce côté par l'incendie ; elle appartenait en
1720 à M. du Plessix de Grénédan*; elle semble
s'être appelée auparavant hôtel du Faouëf^^ et en
1646 hôtel de Villaudon^. — Elle possède des poutres
apparentes sans intérêt; on voit dans sa cour quel-
ques parties anciennes qui ne sont guère non plus
1. Arch. dép., Saint-Melaine, 8.
2. Les Rues de Rennes, par L. Decombe.
8. Bulletin de la Soc. archéol. d'IL-et-Vil., t. XVI, !'• partie, p. xix.
4. Terrier de Rennes de 1789, p. 54.
5 Communication du comte de Belle vue.
6. Terrier de Rennes de 1739, p. 54 et 109.
7. Arch. mun., 2^.
8. Arch. dép., Réformalioi^ du domaine de iiennes de 1040, f* 210, v*.
— 163 — CHA.
à signaler. L'escalier possède une rampe à balus-
tres, des colonnettes soutenant la rampe et de gra-
cieux pendentifs en bois; il présente en outre une
série d'arcades de bois en plein cintre ; les unes
s'élèvent au-dessus des rampes, d'autres s'appli-
quent le long des murs, d'autres enfîn relient les
murs aux colonnettes de la rampe, comme des arcs
doubleaux. — Les remises et écuries dépendant de
' l'hôtel se trouvaient, par derrière, du côté de la rue
Saint-Yves.
N*" S. Hôtel de VEscu de RunefautK — Après avoir
appartenu aux de TEscu de Runefaut, cet hôtel
passa par alliance, vers 1725, aux de Poulpiquet'.
Il présente au rez-de-chaussée deux grandes arcades
cintrées et une porte à panneaux rectangulaires
dont le linteau est chargé d'un petit écusson en ac-
colade. L'escalier, à l'extrémité d'un large couloir,
est orné de balustres en bois, de pendentifs et de
boiseries à grosses moulures du xvii* siècle.
La porte d'entrée du premier étage est à pan-
neaux rectangulaires et attire l'attention par les
sculptures et les peintures qui l'enrichissent. Elle
est accostée de deux chutes de feuilles et de fruits
richement fouillées, et surmontée d'une corniche à
denticules. Au-dessus de la corniche s'étend un tru-
meau de bois rempli par un grand écusson en acco-
lade, surmonté d'un mortier de président au Parle-
ment et entouré de deux branches de myrte liées
ensemble'. Deux chutes analogues aux premières
achèvent la décoration du trumeau.
1. Arch. dép., Réformation da domaine de Rennes de 1646, ^ SU, r*.
— Etats de Bretagne, C, 8328, procès- verbal de l'incendie de 1720, p. 73.
2. Communication du comte Frédéric du Halgouêt.
3. Bulletin de la Soc. archéçl. d* II. -et- Vil., I, 15.
CH\. — 1G4 —
A droite et à gauche de la porte se voient deux
grands panneaux peints, aux teintes jaunes et bru-
nes. Le panneau de gauche occupe, avec la porte,
le grand côté du palier; il figure en grandeur natu-
relle une femme debout, tenant à la main une vi-
père; elle est abritée sous une niche cintrée que
surmonte une guirlande en feuilles de laurier re-
levée trois fois et fixée à des clous par trois liens.
Au-dessus d'elle, un encadrement octogonal de'
feuilles de laurier liées par des rubans renferme un
médaillon ovale, également formé de feuilles de lau-
rier : ce médaillon contient un buste d'homme du
type romain, ceint d'une couronne de laurier et
posé sur une base en feuilles d'acanthe. — Le pan-
neau de droite forme retour d'équerre; il est, à
quelques détails près, semblable au premier, mais
sa largeur est plus considérable. La femme qui en
occupe le bas tient à la main une branche de lau-
rier ; la guirlande qui surmonte la niche se prolonge
sous forme de chute jusqu'au bas du panneau ; enfin
le buste du médaillon ligure une femme aux che-
veux bouclés.
Le Musée archéologique conserve plusieurs pan-
neaux peints en grisailles et provenant de Thôtel :
ce sont des espèces de pilastres et des cimaises;
les premiers représentent une chute de fleurs et de
fruits liés ensemble et enrichis de rehauts d'or, les
autres figurent de riches arabesques; le plus grand
est orné de deux petites figurines de femmes '.
Les remises et écuries se trouvaient du côté de la
rue Saint-Yves.
Après l'incendie de 1720, le préside.nt de Runefaut
1. Bulletin de la Société archéoL d'IL-et-Vil., I, 16. — Catalogue du
Mtisée archéologique, p. 825.
— 165 — CHA.
déposa que « le feu ayant gagné les maisons voi-
« sines de la sienne, il distribua des sommes très
« considérables pour arrester le feu, à quoy il réus-
« sit, et qu'à la connoissance du public il empescha
« l'embrasement du reste de la rue du Four du
« Chapitre où estoit sa maison, ce qui luy a couslé
« avec les meubles qu'il a perdu la somme de six
« mil livres *. »
On voit encore dans la cour du n* 5 une curieuse
maison comprenant deux étages de galeries et un
escalier extérieur de forme demi-circulaire; Tesca-
lier et les galeries sont bordés de balustres et sou-
tenus par des piliers en bois. Chaque galerie forme
trois arcades. L'escalier est couronné par un toit
arrondi, sa partie interne est ornée de pièces de
bois apparentes, disposées en chevrons et en pals.
Le Musée archéologique en possède un dessin,
N* 13. Il remplace Tancienne maison du Petit
Saint-Melaine, que les Bénédictins de Saint-Melaine
avaient achetée à Guillaume Morin et à Michel le
Bourgeois pendant la guerre de Succession '\ Ils s'y
réfugièrent en 1356, ne se sentant plus en sûreté
dans leur abbaye, qui était en dehors des murs. Ils
célébraient leurs offices dans une chapelle située en
face (n** 12). La maison fut reconstruite en 1426 et
on y éleva un porche dont chaque pilier était orné
d'une statue de moine : ce porche a été détruit au
commencement du xix* siècle ^, Bien que les Béné-
dictins ne se fussent installés que provisoirement
1. Arch. dép.. Etats de Bretagne, G, 3â29, procés-verbal de Tincendie
de 1730, p. 140.
2. Arch. dép., Réformation du domaine de Rennes de 1646, f« 211, v*. —
Saint-Melaine, 9. — Fouillé de Hennés, par le chanoine Guillotin de
Gorson, V, 648.
3. Fouillé de Rennes, par le chanoine Guillotin de Gorson, V, 648.
CHA. — 166 —
dans la rue du Four du Chapitre, ils y gardèrent
néanmoins leur établissement jusqu'à la fin de la
Ligue, longtemps après être retournés dans leur
couvent*. La maison, vendue en 1614 aux Hay des
Nétumières et aux du Lys du Tertre, passa par al-
liance des du Lys aux de Kerouartz, qui l'avaient
en 1674^; elle était possédée en 1685 et en 1751 par
les le Sénéchal, marquis de Carcado, et en 1757 par
M. Barbier, négociant 3.
N** 17. On y voit une grande porte cintrée, sur-
montée d'un cartouche portant un écusson. Une
petite porte à gauche possède des panneaux rectan-
gulaires saillants. La maison a été construite en
1657 par Anne de Bréhand, dame de Langourla^
N* 19. Cette maison ou son emplacement appar-
tenait d'abord aux le Texier, puis en 1455 aux Boul-
laye^ puis aux des Canes; vendue aux Yardin, puis
aux le Gonidec des Aulnais qui l'avaient en 1660*,
puis aux Tranchant du Traict, qui l'avaient en
1674^, elle était en 1721 à M. de la Bourdonnaye de
Blossac, conseiller au Parlement®.
Elle présente des poutres et des consoles sans
caractère.
La maison formant l'angle de la rue des Lauriers
sera décrite plus loin. (Voir rue des Lauriers.)
N"* 6. Hôtel de Blossac. — C'est une belle construc-
1. Fouillé de Rennes, par le chanoine Guillotin de Goraon, V. 649.
2. Arch. dép., Chapitre de Rennes, G, 175, p. 15.
3. Arch. dép., Saint-Melaine, 2.
4. Arch. dép., Minutes de Bertelot, notaire à Rennes, mai 1657.
5. Arch. dép. , Réformation du domaine de Rennes de 1455, f» 99. v».
6. Arch. dép.. Minutes de Bertelot, notaire à Rennes, 4 mars 1660.
7. Arch. dép.. Chapitre de Rennes, 6, 175.
8. Arch. dép.. Etats de Bretagne, C, 33*28, procés-verbal de l'incendie
de 1730, p. 75.
— 167 — CHA.
tion élevée vers 1730 par les de la Bourdonnaye-
Blos8ac\ Il fut loué par la Communauté de Ville
pour servir de logement aux commandants en chef
de la province, de 1732 à 1789 2; le prix était de
6,000 livres par an', et de 4,000 livres en 1740 et
1754*. C'est là que naquit en 1816 le célèbre roman-
cier Paul Féval.
La cour de Thôtel est séparée de la rue par un
mur dont le centre, arrondi en arc concave, contient
un portail d'entrée monumental entre deux bancs
de pierre. Ce portail est à joints ouverts et en anse
de panier, sa clef de voûte est sculptée, il est ac-
costé de deux pilastres ioniques et surmonté d'une
frise et d'un fronton triangulaire. Le fronton est
rempli par un écusson ovale timbré d'une couronne
de marquis, avec un cartouche enroulé posé sur un
manteau doublé d'hermines ; il porte les armes des
de la Bourdonnaye : De gueules à 3 bourdons d'or.
On voyait autrefois au-dessus de la porte une table
de marbre gravée d'une inscription en lettres d'or^.
A la base du fronton sont deux vases surmontés de
boules; à son sommet, un vase semblable est cou-
ronné par une espèce de pomme de pin. Enfin, le
mur lui-même supporte deux boules. Au-dessus des
vantaux, l'imposte est percé d'une ouverture ovale
fermée par une grille où l'on remarque les deux
lettres B posées symétriquement.
La façade de l'hôtel se compose de deux parties
distinctes et de dates différentes : la partie Sud a
1. Ârch. mun., 221.
2. làid., 580, Délibération du 15 avril 173*2. — Histoire de Rennes, par
Marteville, III, 187.
8. Âreh. mun.. Compte des Miseurs de 1732, f» H, \^.
4. /Wd., 1740, fû 9. r«. et l';54.
5. Ârch. dép., Intendante, C, 344.
CH\. — 168 —
été construite vers 1730, la partie Nord est un peu
plus récente. Elles contiennent un rez-de-cliaussée,
un étage et un toit à la Mansard surmonté de cinq
épis de plomb.
La partie Sud comprend un grand bâtiment à sept
ouvertures de façade ; son rez-de-chaussée est en
granit, Tétage supérieur est en pierre blanche, le
toit est percé seulement de cinq fenêtres. La porte
d'entrée, ouverte au Sud, est une vaste arcade à
plein cintre très élevée; sa clef de voûte saillante est
sculptée de volutes et d'ornements rappelant une
fleur de lis; elle est flanquée de deux grands étei-
gnoirs en tôle, destinés à éteindre les torches que
portaient les laquais pour accompagner leurs maî-
tres pendant la nuit; Téclairage défectueux des rues
rendait assez fréquente cette coutume de fixer des
éteignoirs aux portes des hôtels. — Les fenêtres
du rez-de-chaussée et celles du premier étage sont
semblables; elles sont à linteau légèrement arrondi
et présentent les mêmes clefs de voûte que Tarcade
de la porte. Les fenêtres des mansardes sont cin-
trées et surmontées d'une boule.
La partie Nord de Thôtel contient un pavillon
central à trois fenêtres de façade, faisant saillie sur
deux ailes qui ont également trois fenêtres chacune.
Elle a la même élévation et la môme ornementation
que la partie Sud, mais elle est entièrement en
pierre blanche et ses clefs de voûte sont sculptées
de grosses têtes humaines. Les balcons du premier
étage présentent deux B entrelacés. La porte cen-
trale est surmontée d'un balcon que soutiennent
deux grandes consoles sculptées et imbriquées sur
les côtés. Le pavillon central était surmonté jus-
qu'en 1876 d'un fronton triangulaire percé d'un
— 169 — cn\.
œil-de-bœuf; on y voit aujourd'hui un fronton ar-
rondi que remplissent deux écussons ovales acco-
lés, entourés de lambrequins enroulés et timbrés
d'une couronne de marquis. Le premier écusson
est aux armes des de la Bourdonnaye, le second
aux armes des de Lapasse : D'azur au pin d'or
fixité de gueules^ adextré d'un lion rampant con-
tourné d'argent et sénestré d'un lévrier d'argent
colleté de gueules; au chef cousu d'azur chargé de
3 étoiles d'orK »
La grande arcade d'entrée de la partie Sud
donne accès dans un vaste vestibule qui traverse
toute la largeur de Thôtel et se termine par une
autre arcade semblable. Ce vestibule présente de
chaque côté trois arcades à plein cintre, dont les
clefs de voûte portent des ornements et des co-
quilles; les arcades reposent à droite et à gauche
sur deux colonnes doriques légèrement renflées à
leur partie médiane, et sur deux pilastres accolés
aux murs.
On voit à droite un perron droit muni de deux
rampes en fer : il conduit aux pièces du rez-de-
chaussée par une grande porte semblable aux ar-
cades. Un petit escalier, à côté du perron, descend
dans les sous-sols, comprenant offices, rôtisserie,
four et cave *. — Du côté gauche se trouve un esca-
lier monumental en pierre, le plus beau des hôtels
de Rennes. Il est carré et orné d'une belle rampe
en fer forgé; la vaste cage qui le renferme s'élève
jusqu'aux combles et est éclairée à chaque étage
par quatre fenêtres, deux à l'Est et deux au Sud.
Une niche cintrée pratiquée dans le mur Sud abrite,
1. Communication du vicomte H. de la Messeliére.
2. Arch. dép.. Intendance, C, B44.
XXXIII 17
CHA. — 170 —
sur une console sculptée de feuillages, une statue
de Thétis nue, debout sur une vague.
La porte d'entrée du premier étage est accostée
à droite de trois grandes arcades cintrées en bois,
séparées les unes des autres par des pilastres
ioniques également en bois ; de petites chutes de
feuillages pendent aux volutes des chapiteaux. Ces
pilastres soutiennent une corniche concave qui se
prolonge sur les trois autres côtés de la cage de
Tescalier et sur laquelle s'appuie une voussure qui
se relie au plafond. Le sommet de la voûte est orné
d'un grand encadrement carré formé de moulures
et rehaussé à ses angles de grosses sculptures; son
centre contient une sorte de rosace carrée de même
style.
Le grand portail d'entrée de la rue du Chapitre,
du côté de la cour, comprenait à TOuest le loge-
ment du concierge et une remise à chaises, et à
TEst une infirmerie pour les domestiques. L'étage
supérieur se composait de trois chambres de
domestiques.
La cour de Thôtel renfermait des écuries pour
vingt chevaux, une sellerie à côté, et des chambres
de cochers au-dessus. Le jardin, au Nord de la cour,
en était séparé par une grille en fer : on y voyait
une tour creuse en laurier et deux bosquets avec
une petite glacière derrière Tun d'eux*. Les écuries
actuelles marquent l'emplacement de l'ancien pres-
bytère de Saint-Sauveur au xvii* siècle ; ce presby-
tère était aspecté sur la rue de la Mitterie (voir rue
de Montfort), dont il était séparé par une cour
murée 2.
1. Arch. dép., Intendance, G, 344.
2. Arch. dép.. Réformation du domaine de Rennes de 1646, f« 203, i*.
— 17i — cii.v.
Un puits mouluré en granit se voit dans la
deuxième cour, à TOuest de Thôtel.
N° 8. Ancien hôtel de Brie ou du Bois de la Motte *.
— Il fait corps avec Thôtel de Blossac, qui occupe
même une partie de ses anciennes dépendances; il
se compose d'un rez-de-chaussée en granit et de
deux étages en pierre blanche. Le rez-de-chaussée
est percé à droite d'une porte à linteau droit sur-
montée d'une imposte grillée, le tout entouré d'une
plate-bande à crossettes. Au centre de la façade se
voit une grande arcade cintrée reposant sur des
pieds-droits à chapiteaux moulurés; la clef de voûte
est une console ornée de trois piastres; Tarcade est
flanquée de deux pilastres doriques à fûts cannelés.
Une fenêtre à linteau droit existe à gauche de Tar-
cade, entre un de ces pilastres et un troisième
semblable.
Les trois pilastres soutiennent une frise ornée
de triglyphes et de gouttes, alternant avec de petits
rectangles : deux des triglyphes sont remplacés,
au-dessus de la grande arcade, par des consoles.
Une frise semblable surmonte la petite porte. Une
grosse console ornée de gouttes existe à droite de
cette frise et tient la place d'un quatrième pilastre,
qu'un caprice de l'architecte a supprimé.
Le premier étage comprend trois fenêtres à lin-
teau droit et à crossettes, séparées par quatre pi-
lastres ioniques cannelés, à bases moulurées : un
petit bandeau court à hauteur d'appui. Les pilastres
soutiennent une frise coupée par une petite niche
1. Terrier de Hennés de 1739, p 31 et 85^ — Rennes Illustré, par
L. Decombe, p. 59. — Réformation du domaine de Rennes de 1G4G,
f- 204, V.
CHA. — 172 —
cintrée, qui porte à sa base la date de 1624 et est
surmontée d'un fronton triangulaire.
Le deuxième étage possède également trois fe-
nêtres à linteau légèrement arrondi et à crossettes,
avec quatre pilastres corinthiens, cannelés seule-
ment à leur partie supérieure. Une deuxième niche,
plus grande et sans fronton, se voit au-dessus de la
première.
La toiture est droite et soutenue par une corniche
à modillons; sa partie gauche est en forme de py-
ramide à quatre côtés.
La façade opposée se voit dans la deuxième cour
de l'hôtel de Blossac. Bien qu'elle soit en partie
dissimulée par une construction plus récente, on
y distingue encore deux arcades au rez-de-chaussée
et trois fenêtres à chaque étage; les fenêtres sont
à joints ouverts et entourées d'une moulure à cros-»
settes. Une corniche à modillons soutient le toit.
Cet hôtel fut construit par les Loysel de Brie qui
le possédaient encore en 1660'; il passa ensuite par
succession à M*"" de Montbourcher, douairière de
Cahideuc, qui l'avait à la fin du xvii'' siècle ^ La
Communauté de Ville le loua de 1692 à 1725 pour
y loger les Intendants de Bretagne^; le bail de
1712 était de 2,000 livres par an, plus 800 livres
pour pot de vin^ Il était en 1782 aux mains de
M. Louyer de Villermay ^. — Il a remplacé le manoir
1. Arch. dép., Réformation du domaine de Rennes de 1646, f* 20i, v*.
— Minutes de Bertelot, notaire à Rennes, 8 novembre 1660.
2. Arch. dép., Chapitre de Rennes, G, 176, 2* registre, f* 24, ro.
3. Arch. mun., 341 et 517. délibération du 15 février 1692. — ITwtoira de
Rennes, par Marte ville, II, 319. — Arch. mun., Comptes des Miseurs
de 1700 à 1702. — de IIOA à 17aj. f* 4. V, et 5, r*, — de 1706 à 1708, f° 4,
V, — de 1718 à 1720, fo 13, r-.
4. Arch. dép.. Minutes de Bertelot, notaire à Rennes, 29 novembre 1712.
5. Arch. mun., 229.
— 17.'^ — en A.
du Petit Fontenay, qui s'étendait jusqu'à la rue
8aint-Sauveur (voir cette rue) '; le manoir possédait
un grand perron et un portail sur chaque rue-. Il
avait appartenu aux sires de Malestroit, puis aux
sires de Fontenay en 1410, passa par alliance aux
d'Acigné, sires de Fontenay, vers 1420, et était
encore à eux en 1566^; 11 fut ensuite aux Reboursé,
fut vendu aux Bothercl de Monthelon, puis aux
Roger des Cours, et enfin aux Loysel de Brie, qui
l'avaient en 1621 *.
Le presbytère de Toussaints se trouvait près de là
jusqu'en 1506^.
N** 10. Il possède au-dessus du premier étage des
poutres moulurées, soutenues par quatre consoles,
sur lesquelles sont sculptées des palmettes très
mutilées ; quatre consoles semblables surmontent le
deuxième étage. On voyait en 1573, comme aujour-
d'hui, une pompe devant cette maison *.
N"* 12. Emplacement de la chapelle du Petit Saint-
Métairie'^. — Cette chapelle, citée dès 1266^ semble
avoir été fondée par le Chapitre au xiii* siècle. Les
Bénédictins de Saint-Melaine obtinrent l'autorisa-
tion de s'en servir lorsqu'ils se réfugièrent dans une
maison vis-à-vis d'elle, en 1356 (voir n^ 13). Elle
1. Bulletin de l'Association Bretonne, II, 165.
2. Arch. dép.. Chapitre de Rennes, G, 175.
3. Ibid., 176, 2« vol.. f" 24, r*. — Réformation du domaine de Rennes
de 1455. f« 95. r<>, — et de 1646, f*> 204, v».
4. Arch. dép., Chapitre de Rennes, G, 174, 2* registre, f» 16, r*», — et
G. 190, Etat des rentes foncières du Chapitre.
5. Réformation du domaine de Rennes de 1455, f^ 94, ro, et de 1646^
f» 208, yo. — Pouillê de Rennes, par le chanoine Guillotin de Corson*
V, 569. — Histoire de Rennes, par Marteville, I. 153 et 154.
6. Arch. mun., Comptes des Miseurs de 1573.
7. Arch. dép., (chapitre de Rennes, G, 175. — Réformation du domaine
de Rennes de 1646, f» 206, r^.
8. Fouillé de Rennes^ par le chanoine Guillotin de Corson, V, 647.
CHA. 174 —
tombait en ruines en 1720*. Sa longueur était de
cinq toises et sa largeur de trois ^; elle possédait
sur la rue, en 1674, une vitre aux armes du Cha-
pitre 3.
N** 14. Il contient une porte à linteau mouluré,
entourée d'une gorge qui se termine à sa partie
inférieure par deux bases à moulures.
N** 16. Cette maison, construite au xviii* siècle,
occupe remplacement de la maison du Four du
Chapitre, qui a donné son nom à la rue \
N" 18. Il présente au-dessus du rez-de-chaussée
des poutres moulurées; une poutre en bois ornée
de godrons court à hauteur d'appui des fenêtres du
premier étage.
N"* 20. Il possède également des poutres moulu-
rées au-dessus du rez-de-chaussée, mais les con-
soles qui les soutenaient ont disparu; ces moulures
sont chargées, à leurs points de jonction avec les
consoles, de ligures d'hommes et d'animaux. Deux
des balcons du premier étage ont été faits avec
d'anciennes boiseries sculptées; Tun figure un car-
touche accosté de deux enfants et de deux têtes de
chimères, l'autre représente un objet indéterminé,
peut-être un vase, accompagné de deux enfants
portant des torches enflammées et de deux médail-
lons; ces médaillons contiennent un buste dhomme
et un buste de femme posés de profil. Une autre
rangée de poutres surmontait le premier étage; on
n'en voit plus que quatre consoles de grandes di-
1. Ponillé de Rennes, par le chanoine Guillotin de Gorson. V, 648.
2. Arch. (lép., Elats de Bretagne, C, 3-328, procès-verbal de Tincendie
de 172(). p. 75.
3. Arch. dép., Chapitre de Rennes, G, 117. — Histoire de Rennes, par
Marteville. III. 67.
4. Arch. dép., Réformalion du domaine de Rennes de 1646. f° 205, v«. —
Etats de Bretagne, C, 31^28, procès-verbal de l'incendie de 172(), p. 75.
— l/f) — CJIA.
mensions représentant deux bustes de soldats coif-
fés de casques et deux bustes de femmes, se regar-
dant deux à deux.
N* 22. C'est une maison à trois étages entière-
ment recouverte d'ardoises, on a ménagé seulement
trois poutres sculptées : celle du rez-de-chaussée
mérite seule d'être décrite. Elle comprend quatre
tableaux séparés par les amorces do consoles
disparues; chacun d'eux figure des masques de
lions accostés d'enroulements que terminent dans
l'un des tableaux des têtes de chevaux et dans les
trois autres des têtes de chimères. Les poutres
sont surmontées de cordons d'oves et de godrons.
La façade de cette maison du côté de la rue de la
Psallette présente au-dessus du rez-de-chaussée
une poutre analogue à la précédente, mais mieux
conservée; elle est soutenue par trois consoles à
palmettes perlées. Quatre consoles semblables
marquent la place de deux autres poutres qui
ornaient les étages supérieurs.
La maison appartenait en 1721 au s' du Tertre
et auparavant au s" de Tourneville*.
On voyait aussi dans la rue en 1726 V hôtellerie de
la Levrette'^.
Les religieuses de la Visitation se réunirent pen-
dant quelque temps, au début de la Révolution,
dans une maison de cette rue, jusqu'à ce qu'on les
forçât à se séparer 3.
1. Arch. dép.. Etats de Bretagne, C, 3828, procès-verbal de l'incendie de
172U, p. 75.
2. Ârch. dép., Chapitre de Rennes, G, 243.
3. Fouillé de Rennes, par le chanoine Ouillotin de Gorson, III, 674.
CHA. 176
Quai Chftteaubriand (Canton N.-Ë.).
Les quais de Rennes datent de 1841 à 1846. Le
quai Chateaubriand porte le nom du célèbre écri-
vain breton François- René de Chateaubriand (1768-
1848); il fut d'abord appelé quai Saint-Georges jus-
qu'à la place Saint -Germain, et quai de Berlin
jusqu'au pont de ce nom *.
Le pont Saint-Georges remplace les arches Saint-
Georges ou du Pré'Rond-; ces arches, au nombre
de trois, dépendaient de la troisième enceinte; elles
étaient garnies de grilles en fer, dont l'une était
mobile : on trouve dans les Comptes des Miseurs
de 1499 un paiement fait à trois hommes « pour
« avoir levé une des grisgles des arches du Pré
« Ront à passer la piaire o le challan ou pré de
« davant ladite tour. » On les levait même parfois
toutes les trois ^ On élargit les arches en 1781 pour
les transformer en pont\ On en trouve un croquis
de Lorette dans les Souvenirs de Rennes^ par M. Du-
crest de Villeneuve. — Près d'elles existait un
abreuvoir au xvii* siècle ^.
La Vilaine, avant la création des quais, décrivait
vers le Sud, en aval du pont Saint-Georges, une
courbe prononcée; elle passait sous le Palais Uni-
versitaire, puis remontait sur la place Saint-Germain,
presqua la hauteur de la rue des Francs-Bour-
geois. — Le sol traversé par le quai Chateaubriand,
jusqu'à la place Saint-Germain, se trouvait compris
1. Za!S Rues de Rennes, par L. Decombe.
2. Arch. mun.. Comptes des Miseurs de 1481, f* 44, r».
3. Ibid., 1499, f» 33. v», — et 1612, f 31, v^.
4. Histoire de Renfles, par Marteville, II, 179.
5. Fouillé de Rennes, par le clianoine Guillotin de Corson, II, 266.
— 177 — CHA.
entre la Vilaine et le mur de la deuxième enceinte
qui longeait la rue des Francs-Bourgeois : ce ter-
rain s'appelait dès 1425 le Pré Bond, à cause de sa
forme demi-circulaire ' ; on le nommait au xi** siècle
le Pré Royal'^. Ce pré avait été donné en 1077 à
Tabbaye de Saint-Georges par Geffroi, comte de
Rennes, en compensation du dommage causé à l'ab-
baye par rétablissement d'un ouvrage de défense
dans un pré voisin de la Vilaine et appartenant
aux Religieuses ; « Hœc subsequens ratio quomodo
« Regale pratum sit Sancti Georgii ostendit. Gaufri-
« dus Redonensis cornes, ab hostibus suis se circum-'
« ventum videns, in valenti prato Sancti Georgii,
« quod est juxta fluvium Vicenonie, quoddarn vallum
« ut esset munimem sue civitati operatus est, Quo
« circa, ne ipse inde a Domino detrimentum acci-
« peret, Sancto Georgio et Hodierne abbatisse et
« monachabus imperpetuo habendum Regale pratum
« concessit, et cum cutello super Sancti Georgii altare
« obtutit^. »
On éleva près du Pré Rond en 1478 une butte
pour les arbalétriers ^ là se trouvait aussi au
xvii* siècle le lavoir et la buanderie de l'abbaye de
Saint-Georges. (Voir rue Gambetta et 1, place Pas-
teur.)^
Au Sud de la place Saint-Germain fvoir cette
place) était la porte Saint-Germain, qui aboutissait
au pont de bois du même nom, aujourd'hui détruit ;
1. Arch. dép., 2* carton de M. de la Bigne. — Arch. mun., 143. —
Comptes des Misears de 1425, 2* registre.
2. Cartulaire de Saint-Georges, par M. de la Bigne, p. 144. Charte
de 1077.
3. Ibid.
4. Arch. mun.. Comptes des Miseurs de 1478, f* 49, v®, — et de 1544,
fo 85, vo.
5. Pouillé de Rennes, par le chanoine Gaillotin de Corson, II, 26(5.
cn\. -- I7S —
le pont Saint-Germain, cité dès le xiii* siècle*, réu-
nissait la place Saint-Germain à la rue du Lycée. Il
se composait de deux parties, la première du côté
de Téglise Saint-Germain, la deuxième du côté de
Téglise des Carmes (voir rue Vasselot) ; celte der-
nière partie était parfois appelée pont des Carmes-,
Le pont se composait dune simple passerelle en
bois posée sur deux piliers de maçonnerie et ter-
minée par une arche ogivale en pierre 3. Près du
pont existait un gué pavé, mentionné dès 1428 ^ En
i484 on établit sur le pont et en amont de lui une
halle pour la boucherie (voir place Saint-Germain);
un abreuvoir Tavoisinait en 1488 -^
Les travaux de construction des quais ont amené
la découverte dans le lit de la Vilaine, entre le pont
Saint-Germain et le pont de Berlin, de plus de
trente mille monnaies romaines, depuis Tépoque
consulaire jusqu'au règne de Valentinien II (375-392),
et même de quelques monnaies gauloises. Pour ex-
pliquer la présence d'un aussi grand nombre de
monnaies sur un point déterminé, on a supposé
qu'elles avaient été jetées dans le fleuve par les Ro-
mains au moment où ils perdaient la Gaule au com-
mencement du V' siècle, — ou qu'elles provenaient
du naufrage d'une embarcation romaine qui appor-
tait à Hennés la solde des troupes; — M. Toul-
mouche pense que ce point de la rivière était un
lieu consacré avant l'occupation romaine et que les
Gaulois continuèrent après la conquête à y jeter des
1. Cartulaire de Saint-Georges, par M. de la Bi^ne, p. 240.
2. Arch. mun., domptes des Miseurs de lâîJi, 2» reg., f«» 43, v®, et 44, r,
— et de Um. fo» 43, v», et 44, ro.
8. Souvenirs de Rennes, par M. Ducrest de Villeneuve. Croquis de
Lorette. — Peinture conservée au Musée archéologique.
4. Arch. mun., Comptes des Miseurs de 142^« 2* ret^istre.
ô. Ibid., 1488, fo 110, V»,
— 179 — CHX.
monnaies comme offrandes expiatoires '; — M. de la
Borderie enfin place en cet endroit le bac qui con-
duisait à la route d'Angers et suppose que Ton je-
tait ces monnaies dans le fleuve pour obtenir un
voyage favorable *.
Depuis la place Saint-Germain, la rive droite de la
Vilaine baignait le mur de la deuxième enceinte jus-
qu'à la rue de Berlin; ce mur passait sous les fa-
çades des maisons. Les anciens plans de Rennes
figurent une tour sous la maison d^angle de la rue
de Berlin. On voyait encore en 1629 cette « tour de
« la closture de Tancienne ville, nommée la tour
• Morin, qui s'étend fort dans ladicte rivière, en
« sorte que la navigation en est incommodée par ny
« pouvoir deux batteaulx passer à costé Tun de
« l'autre en face des Ursulines^. » (Voir quai de
rUniversité.)
Rue Châteaudun 'Canton N. E.l.
Cette rue rappelle depuis 1878 le souvenir de l'hé-
roïque défense de la ville de Châteaudun en 1870.
Elle remplace Tancien chemin du Gué de Baud^.
m
Rue Châteaurenault (Canton N.-O).
Cette rue, percée après Tincendie de 1720, porte
le nom de M. de Rousselet marquis de Châfeaure-
1. Histoire archéolog. de l'époque gallo-romaine de la ville de Rennes,
par Toulmouche, p. 10 et suivantes — Histoire de Rennes, par Marte-
ville, II, 15.
2. Histoire de Bretagne, par A. de la Borderie, I, 141.
8. Ârch. dép., Ursulines, 69.
4. Plan cadastral de 184().
CHA. — 180 —
nault, lieutenant général en Bretagne ; elle fut ap-
pelée en 1792 rue de Mabbj, du nom d'un révolu-
tionnaire dauphinois qui s'était acquis une certaine
célébrité comme publiciste, historien et philosophe *.
La muraille de la première enceinte passait sous
les numéros pairs de la rue. — La rue des Changes,
« où furent les changes de Rennes-, » appelée aussi
rue de la Bourcerie, passait sous les n*** 4 et 5 de la
rue Châteaurenault.
Sous le n"" 5 se trouvait, avant 1720, une place ap-
pelée le Petit Bout de Cohue, parce qu'elle bordait le
côté Est de la halle ou cohue; près de là existait
aussi une des deux plus anciennes pompes de Ren-
nes 3.
Sur le Petit Bout de Cohue se voyait la maison
des Yeux Bieux* ; elle était ornée d'une grande fi-
gure de bois appelée la Teste-Bieu, « c'est-à-dire
« Dieu^ et non pas bleue, comme aucuns pensent. »
Dubuisson-Aubenay la considérait comme une des
choses les plus curieuses de la ville. « C'est, écrivait-
« il, un bust de bois, de forme gigantale, qui estoit
a cy devant posé, au-dessus des premières fenes-
« très, au-dessus de la boutique de l'apothicaire
« Fourreau, au petit coin de Cohue, sur la moulure
« des pièces de bois duquel coin il y a escrit : Mdes
w oculorum Dei antiquissimse resedificatse anno 1581.
« Cette statue est d'énorme aspect et comme elle
« est creuse, par dedans on luy fait mouvoir la mâ-
« choire d'en bas et les deux yeux, gros comme
« boulets de pièces de campagne, ce que l'on faisoit
1. Les Rues de Rennes, par L. Decombe.
2. Arch. dép., Réformation du domaine de Rennes de 1455, f* 197, v».
3. Arcli. mun., 225. — Comptes des Miseurs, 1507, f® 21, v®.
4. Arch. dép.. Réformation du domaine de Rennes de 1646, fo 346, r^.
— 181 — CHA.
« jadis tandis que la procession de la Feste-Dieu
« passoit par là et s'arrestoit à y encenser. On Tap-
« peloit la Teste-Bieu. Elle a esté osté de là, de
« peur de scandale, les uns estimans que c'estoit la
« teste d'un saint, et les autres disans que c'estoit
« un idole reste des payens '. » Elle datait, selon Du-
buisson, de soixante à quatre-vingts ans seulement.
Près de la Cohue se trouvait aussi la maison du
poids de Rennes au milieu du xv* siècle*. L'angle
Nord-Ouest de la rue marque remplacement de la
maison de la Cloche^.
Une rue très courte, appelée rue Saint-Jacques ou
Saint-James ^y avait été ouverte en 1588 pour réunir
le Petit Bout de Cohue au Champ Jacquet •'^; on avait
démoli pour la percer la maison du chapelain de la
chapelle Saint-James. (Voir plus bas.)"
La porte Jacquet^ dépendant de la première en-
ceinte, se trouvait à peu près entre les n**' 4 et 6 '.
N** 8. Il occupe remplacement de l'ancienne c/ia-
pelle Saint" Jacques ou Saint-James^ appelée primiti-
vement Saint'Symphorien de la Cité; on la nommait
au xvi* siècle Saint-James-sous-VOrge^ et au xvii* siè-
cle Saint-Jacques et Saint-Philippe ou simplement
Saint-James^. On trouve citée en 1185 une autre
chapelle de Saint-Sxjmphorien en dehors de Ten-
ceinie de la ville, in suburbio ; nous ne pouvons en
1 . Itinéraire de Bretagne, par Dubaisson-Aubenay, 1686. Archives de
Bretagne, IX, 21.
2. Arch. départ. Réformation du domaine de Rennes de 1455, f- 78, vo.
.3. Arch. dép.. Réformation du domaine de Rennes de 1646, f® 132, r.
4. Arch. mun., 888.
5. Arch. dép., 2" carton de M. de la Digne.
6. Arch. mun., 333.
7. Plan de Rennes de 1685.
8. Arch. mun., 333.
9. Bulletin de la Société archéologique d'IL-et-Vil, t. XVI, l'« par-
tie, p. IX.
cn\. — 182 —
déterminer remplacement et n'acceptons pas Thypo-
thèse de Tabbé Brune, qui penchait à la voir dans la
rue Le Sage '. — Une ancienne tradition qui ne se
base sur aucune preuve historique, mais que citent
le P. du Paz et le P. Albert le Grand, veut qu'un
oratoire ait été fondé en cet endroit dès le premier
siècle par le S^'évéque de Hennés, Suffrenius (67-102),
dans une tour appelée la Vision des Dieux et située
sur remplacement de la tour îSaint-James. (Voir plus
bas.) - Nous avons dit que Texistence des évoques
de Rennes à cette époque est plus que probléma-
tique. — Peut-être y aurait-il un rapprochement à
établir entre cette tour de la Vision des Dieux et la
maison des Yeux Bieux que nous avons signalée
plus haut.
La chapelle Saint-James fut donnée en 1116 par
révêque de Rennes à Tabbaye de Saint-Melaine et
abandonnée par Tabbaye au Chapitre de la cathé-
drale en 1174 3; ses dimensions étaient de 50 pieds
sur 30^. Lors de la création de la rue Saint-James
en 1588, on refit son pignon Ouest; on y pratiqua,
comme à l'ancien, une porte surmontée d'une fenêtre
et on flanqua la porte de deux pilastres doriques ;
la grande vitre renfermait les armes des de Bour-
gneuf -^ Après Técroulement d'une partie de Téglise
Saint-Sauveur en 1682, le culte paroissial y fut pro-
visoirement transféré. (Voir place et église Saint-
Sauveur.)
La chapelle traversait presque complètement la
1. Cartuldire de Saint-Melaine^ f« 20ÎK r*. Bil»l. de Rennes.
2. Fouillé de Hennés, par li chanoine GuilloLin do (lorson, I. 'ît^.
3. Ibid., V, 642 et 043.
4. Arcli. dêp.. Etals de Bretagne. C. 3.28, procès -verbal de rincondie
de 172(). p. 01.
ô. Arch. mun.. 333.
— 183 — CHA.
rue actuelle et touchait par son angle Nord-Est la
tour Saint-James (voir plus bas). Elle fut détruite
dans l'incendie de 1720 par la chute du beffroi;
reconstruite en 1731 au coin des rues Châteauro-
nault et Lafayette, elle fut démolie pendant la Révo-
lution. (Voir n" 7, rue Lafayette.)
Dans la cour du n** 8, au Nord-Est de la chapelle,
s'élevait jusqu'en 1720 la tour Saint-James, qui dé-
pendait de la première enceinte et avait protégé la
porte Jacquet'. Le duc François II afféagea cette
tour en 1461 à Olivier Baud. On y montait par un
escalier droit et couvert, perpendiculaire à la rue et
adossé au mur Nord de la chapelle-*; il avait trente
et une marches de huit pieds neuf pouces de lar-
geur» et aboutissait à une chambre à mi-hauteur de
la tour; cette chambre en avait une autre au-dessus
d'elle pour les mouvements de Thorloge publique,
et une au-dessous pour le contrepoids*.
On édifia sur la tour, en 1469, un remarquable
beffroi, qui renferma pendant deux siècles et demi
Yhorloge de Rennes. On ne possède malheureuse-
ment aucun croquis exact de ce beffroi ; les seuls
qui soient connus ont été dessinés après sa destruc-
tion ; on les trouve dans une gravure de Huguet,
figurant l'incendie du quartier du Palais de Justice,
et dans une aquarelle du même artiste représentant
la Vierge protégeant le quartier des Lices; cette
aquarelle est conservée dans l'église Saint- Aubin, et
1 Arch. niiin., 5'26. délibé ration du 27 mars 1721 : enregistrement du
recueil de Languedoc
2. Arch. mun.. Comptes des Miseurs de 1546, !'• partie, f« 133, r*. et
134. r. — et de 1587.
3. Arch. dép.. Réformation du domaine de Rennes de 1646, f» 347, ro.
4. Arch. mun.. 526, délibération du 27 mars 1721. — Arch. mun.,
Comptes des Miseurs. 1599. (• 22, v*.
CHA. — 184 —
on en voit une copie moderne au Musée archéolo-
gique. Il convient de signaler aussi un dessin mo-
derne de Th. Busnel, appartenant au Musée archéo-
logique. Ce dessin a été fait d'après un croquis
grossier possédé par M. P. de la Bigne, et d'après
la description du Recueil historique sur la ville de
Rennes, par Gilles de Languedoc.
L'ensemble de l'édifice atteignait environ 220 pieds
de hauteur; la tour, à elle seule, en avait plus
do 60*; elle était surmontée d'un gros donjon octo-
gonal de 35 à 40 pieds; à la base du donjon était
une galerie en maçonnerie posée sur les corbelets
de la tour et couverte en ardoise, « fors à l'endroit
« de ce qui en avoit été démoli pour faciliter la
« monte de l'orloge, où ladite gallerie étoit inter-
« rompue. » Au dessus du donjon s'élevait une
charpente octogonale un peu moins large, et haute
de 30 pieds; elle était en bois revêtu de plomb; à
son pied se trouvait une deuxième galerie de même
forme, également revêtue de plomb. La charpente
renfermait trois cadrans à l'Est, au Sud et à l'Ouest;
elle présentait du côté iNord une niche qui abritait
une statue en plomb de saint Michel, de grandeur
naturelle et peinte, terrassant un dragon ; l'ange
tenait d'une main la chaîne du dragon et de l'autre
l'épée dont il le frappait « à chaque coup d'heure
« que l'horloge sonnoit, tournant en même temps
« la tête en forme de menace. » Une plate-forme
revêtue de plomb couronnait la charpente : on y
montait au moyen d'une trappe ; cette plate-forme
soutenait une lanterne de 16 pieds, formée de po-
1. Bulletin de la Société arvhéol. dlUect-Vil., XIV. 191. — Histoire
de Rennes, par Marteville, I. UH). — Uecueil historique sur la ville
de Rennes, par Gilles de Languedoc, manuscrit, p. 30Î1 Bibl. de Rennes.
— 185 — CH.\
teaux reliés entre eux à hauteur d appui par des
traverses en bois recouvertes de plomb et par des
croix de Saint- André en fer. Son sommet por-
tait un plafond couronne par une balustrade plom-
bée, d'où s'élevait une flèche en ardoise de 20
à 30 pieds de hauteur, surmontée d'une girouette;
on accédait à la lanterne au moyen de crochets en
fer fixés à deux des poteaux. A chaque galerie
étaient des gargouilles soutenues par de doubles
barres de fer et terminées en têtes de dragons. —
Les matériaux de ce beffroi venaient du bois de
Treslo', près de Uécherel, « et pourceque quatre
« pièces dudit boais estoient trop longues tant
« qu'elles n'eussent peu tourner es carrefours de la
« ville, furent descendues au Gué Torcoul (quai de
« la Prévalaye) et amenées par la ripvière jucques
« es moulins de la Porte (quai Duguay^Trouin)^. »
L'horloge se trouvait dans la lanterne; la grosse
cloche, appelée Madame Françoise, du nom du duc
François II qui en avait été le parrain lors de sa
première fonte sur le Champ-Jacquet, était ac-
compagnée de quatre appeaux plus petits sus-
pendus entre les poteaux : « Ce qu'il y avoit de
« plus surprenant étoit de voir que le tour de la
« cloche de l'orloge remplissoit tellement le contour
« du dedans de cette lanterne, qu'à peine pouvoit-
« on passer 2 doigs entre ses hors et chaque po-
« teau d'icelle, ce qui faisoit qu'on ne pouvoit con-
« cevoir de quelle façon elle y avoit pu estre
« montée^. » Cette cloche faisait, au xyii** siècle.
1. Arch. mun.. Comptes des Miseurs de 14()7-146î», f- 1(>8, i-.
■2. Ibid., (o 108, vo.
8. Arch. mun., 526, délibération du ^7 mars 1721; enregistrement du
recueil de Languedoc surThorlcge. — Recueil historique sur la ville
de Rennes, par Gilles de Languedoc, p. «304, manuscrit. BibL de Rennes.
XXXIII 18
CHA. — CHI. — 186 —
l'admiration de Dubuisson-Âubenay : « Elle est
« sciée par un costé expressément, disait-iU afin de
« luy diminuer la force du son qui pourroit estre
« trop confus pour distinguer les heures, et ébran-
« leroit le clocher qui est fort délicat. Ils disent que
« le son faisoit avorter les femmes grosses, tant il
« étoit épouvantable*. »
La grosse cloche s'effondra et se brisa pendant
l'incendie de 1720, en ruinant dans sa chute la cha-
pelle Saint-James. M. Ducrest de Villeneuve^ cite
le récit d'un moine jacobin d'après lequel Nostra-
damus aurait prédit Tincendie de la ville et la perte
de la cloche ; en décrivant à son supérieur le fléau
de 1720, le moine aurait ajouté : « Ces fâcheux
« jours sont clairement exprimés dans une des
« centuries de Nostradamus par ces mots : En i720,
« la grosse Françoise tombera^ et Senner (anagramme
« de Rennes) brûlera. »
Rue Chicognô [Canton S -0.).
La rue Chicogné, appelée aussi autrefois rue de
la CroiX'Rocheran^ (voir rue de l'Arsenal) existait
dès 1455; elle a été refaite en 1781 *. Elle tire son
nom du terrain qu'elle traverse et qu'on nommait
jardins de Chicoigné. La maison de Chicogné, appar-
tenant à Jean Drouet, orfèvre, fut louée par la Com-
munauté de Ville au xvii** siècle pour en faire une
maison de désairement à l'usage des pestiférés con-
1. Itinéraire de Bretagne, par Dubuisson-Aubenay; Archives de Bre-
tagne. IX, 20.
2. Histoire de Rennes, par Ducrest de Villeneuve, p. 344.
8. Arch. dép.. Réformation du domaine de Rennes de 1646, f» 441, r".
4. Arch. dép., Réformation du domaine de Rennes de 1455, f*» 264, r»,
et 865, vo. — Arch. mun., 150 et 207.
— 187 — CHi.
valescents'. Des réparations furent faites au
pavage de la rue, en 1484, sur une largeur d'une
toise et demie ^. Une barrière y est signalée en 1486^.
. On avait édifié, vers 1684, devant le n" 6, un bas-
sin et un abreuvoir, nommés Fontaine Chicogné*;
ce bassin recevait les eaux de la fontaine de Guines
(voir rue Alexandre-Duval), au moyen de tuyaux
qui passaient devant l'Hôpital Général (Arsenal)^.
Avant la création du boulevard de la Liberté, la
rue Ghicogné rencontrait à son n* 9 la rue du Pré-
Perché (voir boulevard de la Liberté). A partir de
cet endroit, elle obliquait vers le Nord-Ouest pour
rejoindre le pont de Ghicogné, au Sud de la place
de Bretagne, et le pont de Ghaulnes; ce tronçon de
rue reliait ainsi, avec la rue du Pré-Perché, la
Porte Mordelaise à la route de Nantes (voir rue
Nantaise). La partie Nord de la rue est moderne et
traverse Tancien quai de Ghicogné. (Voir boulevard
de la Liberté.)^
Les fossés à Gahier (voir au Préambule), passaient
à rOuest de la rue, ils avaient à cet endroit 30 pieds
de largeur '', on les trouve aussi mentionnés sous le
nom de ruisseau à Ga/iier, au milieu du xvii® siècle;
ils étaient alors « remplis de terrières et bouriers ®. »
N** 13 ou 15. Ancienne maison de la Chasse royale^.
1. Arch. mun.. Comptes des Miseurs, l(î88, 1" registre, — et du
20 août iea&.
â. Arch. mun., 2U7.
3. Arch. mun., Comptes des Miseurs de 148(>, f* 60, ▼•.
4. Les Rues de Rennes, par L. Decombe. — Histoire de Rennes, par
Marteville, II, 391.
f). Arch. mun., 229. — Bibl. de Rennes, Recueil historique sur la
ville de Rennes, par Gilles de Languedoc, p. 811, manuscrit
6. Plan de Rennes de 1775.
7. Arch. dép., Kéformalion du domaine de Rennes de 1455, (•267, r».
8. Arch. dép., Réformation du domaine de Rennes de 16iG, f<* 441, v*.
9. Cadastre de 1840.
cm. — 188 —
N* 17. Emplacement do la maison du Clieval blanc '.
On voyait aussi dans la rue au milieu du
xviïi* siècle Vhôtellerie du pain fleuri •.
La rue Ghicogné conduisait à la route de Nantes
et était très fréquentée; les voitures de vidanges y
passaient constamment aussi pour gagner un dépôt
situé au faubourg de Nantes, de là des plaintes
nombreuses dont les Archives départementales ont
gardé la trace. Dans une lettre non datée, adressée
au milieu du xviii" siècle, à l'intendant de Viarmes,
« les fermiers et directeurs des voitures publiques
« de Vannes, Lorient et Nantes... transmettent les
« plaintes continuelles des voyageurs qui occupent
« les dites voitures par les mauvaises odeures et le
« mauvais air qu'il respirent à la sortie et à l'entrée
« de la Ville, aux environs de Ghicogné, passage
« ordinaire desd. voitures; ce mauvais air est occa-
« sionné par les vuidanges de la ville dont le pavé se
« trouve souvent et particulièrement dans Thyver
« si surchargé que les voitures risquent d'y verser,
« le pavé étant d'ailleurs entièrement déplacé par la
« quantité des tombreaux qui y passent sans cesse. »
Une plainte analogue fut adressée dans le même
temps à la Gommunauté de Ville par les prêtres de
Toussaints et les habitants du quartier : « Les tom-
« breaux qui passent continuellement et autres voi-
« tures, outre qu'ils couvrent le pavé de vilnie, bare
« le passage aux piétons, le pavé étant fort étroit,
« de façon que pour éviter d'estre écrasé il faut ce
« mettre dans les boue jusqu'au jenoux, ces imon-
« dices étant jusqu'au bord du pavé, et le plus sou-
« vant même jusque sur le milieu en élévation, les
1. Cadastre de 18i0.
2. Bulletin de la Société archéolog. d'Ille-et-Vil., t. XX VU, p. vi.
— 189 — ciM.
« voitures qui se rencontrent pour se faire passage
« sont obligés défoncer les terres proche le pavé
« et Toster au public'. »
Avenue du Cimetière du Nord (Canton N.-0.\
Cette avenue a remplacé vers 1856 le chemin de
Saint-Grégoire ou ruelle du Gros-Mulhouy ainsi ap-
pelée à cause de l'ancien manoir de ce nom '-.
N" 8. Ancien manoir de Gros-Malhon ou Gourma-
Ion. — C'est un petit manoir remanié dont on ne
peut se rendre compte que du canal d'Ille-et-Rance;
sa toiture est coupée de ce côté par une lanterne
en partie recouverte d'ardoises et sommée d'un toit
en carène; il est cité dès le milieu du xv** siècle-*. Il
appartenait en 1642 aux Goubin du Boisgardon et
passa par alliance, avant 1672, aux de la Moussaye
des Noës*, qui le possédaient encore en 1726; il
était, en 1780, aux mains des du Plessix-Bo-
therel '\
A côté du manoir se voyait autrefois le puits ou
fontaine du Gros-Malhon^ qui avait été refait en
1463®; on en fit, en 1760, un regard de la conduite
d'eau''. Le ruisseau du Gros-Malhon est cité dès
149H. — Près de là était aussi une butte, dont le
souvenir est conservé par une pièce de terre, ap-
1. Arch. dûp.. Intendance, C. 849.
2. Les Unes de Renfles, par L. Derombe. — Arch. mun., Fortilica-
tions. Indemnités, 1467-68. f° 91. r<».
3. Arch. dép.. Réformation du domaine de Rennes de 1455. fo 44J, r».
4. Arch. dêp . Minutes d'André, notaire à Rennes, juillet IB'îg.
5 Arch. dêp., Saint-Melaino, 2 et 5.
0. Arch. mun., (Compte des Mi.seurs de 146;^ f' 21, r.
7. Histoire de Rennes, par Marteville, II, 292.
8. Arch, mun., Fortifications. Indemnités, B. 1491, f°* '2 et suivants.
ciM. — 190 —
pelée le Champ de la Biittc^ et située à 80 mètres à
rOuest*.
Le chemin était pavé devant le manoir en 1469*.
Le Cimetière du Nord. — Avant 1789, chaque
paroisse avait son cimetière particulier près de
réglise; à cette époque la ville, en vertu d'un arrêt
du Conseil de 1785, acheta aux moines de Saint-
Melaine le Champ de VEstivaly sur le bord de la
route de Saint-Grégoire, et y établit un cimetière
unique, qui fut l'origine du cimetière actuel ^ —
Le champ d'Estival est cité dès 1292; une partie
fut donné à l'abbaye de Saint-Melaine par Marc
le Gay en 1597*, l'autre partie fut acquise par
l'abbaye par voie d'échange avec les de la Motte-
Picquet en 1647^.
L'/idtei et hébergement d'Estival^ situé près de là,
avait été cédé à l'abbaye en 1418 par Jamet le
Houëczu ^.
Les m^oulins d'Estival appartenaient à Saint-
Melaine dès le commencement du xui'' siècle''^.
Avenue du Cimetière de l'Est (Canton S.-E.j.
Elle remplace depuis peu d'années l'ancien chemin
de la Hatterie, ainsi nommé à cause d'un hameau
de la commune de Cesson, aucjuel il conduisait.
L'ancien manoir de la Motte-Baril se trouve
1. Arch. dép., Dominicains, 17 et 27. — Cadastre de 1840.
2. Arch. mun., (Comptes des Miseiirs de 1467 à 1469, f® 167, r«.
:i. Arch. mun., 351, et r>58 : délibération du 18 avril 1789.
4. Arch. dép., Dominicains, 14.
ô. Arch. dép., Saint-Melaine, 2, p. 538.
6. Ibid., 9.
7. Bibl. de Hennés, Cartulaire de Saint-Melaine, f»» 14, v«, et 26, v«,
manuscrit.
— 191 — CIM. — CLl.
derrière le n® 21, à rextrémité d'un chemin qui
débouche immédiatement après ce numéro. Il est
sans intérêt ; on doit signaler uniquement un petit
pavillon du xviii* siècle appelé le Cabinet ^j construit
dans un Ilot de la Vilaine; il est octogonal, entière-
ment recouvert d'ardoises et surmonté d'un toit en
carène. Le nom de Motte-Baril vient sans doute de
la famille Baril dont un membre, Clemenz Barril,
figure dans une vente à Tabbaye de Saint-Georges
en 12972.
La Motte-Baril appartenait en 1513 aux de Mar-
gat^ — en 1646 à Jacquette Mérault, veuve de
Jacques Feudry de la Veslais\ — et en 1690 à
Nicolas Lefèvre, maître de danse.
Au Nord-Est du manoir se trouve le champ de la
Chapelle*.
Rue de Clisson (Canton N-C).
Cette rue, ouverte après l'incendie de 1720, rap-
pelle le nom du connétable de France, Olivier de
Clisson, mort en 1407; elle fut appelée en 1792 rue
Jean-JacqueSy en Thonneur de Jean-Jacques Rous-
seau ^.
Elle occupe le côté Est d'une ancienne place appe-
lée le Grand Bout de Cohue; cette place s'étendait, en
outre, sous les maisons Ouest de la rue de Clisson,
sous la travée inférieure de l'église Saint-Sauveur
1. Cadastre de Rennes de 184<).
2. Cartulaire de Saint-Georges, par P. de la Bigne, p. 257.
3. Bibl. de Rennes. Re^i^istres des réformations anciennes, paroisse
Saint-Héner, manuscrit.
4. Arch. dép., Egl. par., G, r>i;^.
5. Cadastre de Rennes de 1840.
6. I^s Rues de Rennes, par L. Decombe.
CLi. — 192 —
et sous une partie de la place Saint-Sauveur : on y
faisait autrefois des exécutions criminelles * et on y
voyait un puits public sous la façade du n* 2 •.
La Cohue était un marché couvert, situé sous le
pâté de maisons compris entre les rues de Clisson,
de Toulouse, Châteaurenault et du Guesclin ; elle
formait un long rectangle orienté du Nord-Ouest au
Sud-Est et mesurant 71 mètres de longueur sur
23 mètres de largeur'. Sa face Nord-Ouest touchait
l'angle des rues de Clisson et de Toulouse. Elle
présentait deux entrées : Tune au Nord-Ouest, le
Grand Bout de Cohue, l'autre au Sud-Est, le Petit
Bout de Cohue. La Cohue est mentionnée dès 1268* :
elle fut la seule halle de Rennes jusqu'en 1484, on y
vendait de la viande, du poisson, du gruau, du
beurre et autres denrées, des cuirs, etc. ^; on y
voyait les étaux de différents corps de métier : bou-
langerie, botterieS mercerie'^, poissonnerie ^ lin-
gerie^. Cette halle était surmontée de salles hautes,
dans lesquelles on donna souvent des fêtes publi-
ques, les Etats de Bretagne s'y sont même parfois
réunis'^. La Cohue fut détruite par l'incendie de
1720. — Elle était bordée au Nord par la rue des
Halles (voir rue de Toulouse) et au Sud par la rue
1. Bulletin de la Soc. archéoL d'Ille-et-Vil., XXVI, 70 : Delourmel.-
Arch. mun.. Comptes des Miseurs de 1598. — Plans de Rennes de 1616
et de 164'4.
2. Arch. niuD., Comptes des Miseurs de 15i6, 1" registre, î* 26, v<», —
et de ir>98.
8. Histoire de Rennes, par Marteville, II, 194.
4. Procès-verbaux de la Soc. archéol. d'il. -et- Vil. de 1844 à 1838, p. 84-
5. Arcli. mun.. 18(>. — Histoire de Hennés, par Marteville, II, IJH.
6. Arch. dêp., Rèformation du domaine de Rennes de 1455, ^' 74, v®,
et 75. r*.
7. làid., fo 75, r-.
8. loid., f"78, V.
9. Arch. dép., Rèformation du domaine de Rennes de 1646, f' 172, i*.
10. Bulletin de la Société archéolog. d'IU.-et-Vil., VI, 118. — His-
toire de Hennés, par Marteville, II, 194.
— 193 — cLi. — coc.
de la Ferronneriej qui commençait sous le n** 4 de la
rue de Clisson.
N" 1. On a pu voir pendant longtemps dans la cour
de cette maison une pierre tombale de grande di-
mension, gravée au trait, figurant un ecclésiastique
en costume de chœur, entouré d'oiseaux et de rin-
ceaux de feuillages ; il tient entre ses mains un livre
fermé, sa tête repose sur un coussin; au-dessus de
lui s'élève une arcade ogivale très ornée, posée sur
deux colonnettes et flanquée de deux autres colon-
nettes à pinacles. La pierre est légèrement creusée à
la place de la tête, du coussin, de Tarcade, des princi-
paux ornements du costume, et de l'inscription qui
encadrait le tout; ces cavités étaient sans doute
remplies de métal gravé. Des trous circulaires des-
tinés à recevoir des médailles sont également prati-
qués entre les rinceaux du fond. Cette pierre, mal-
heureusement incomplète, porte les caractères du
XVI* siècle ^ Elle appartient aujourd'hui à M. Jules
Aubrée.
Rue de la Cochardière (Canton N.-O.).
Elle remplace une ancienne ruelle, mentionnée
dès 1661 *, et porte le nom de la maison de la Grande
Cochardière^; elle s'appelait en 1775 rue des Ursules^
à cause du couvent des Petites-Ursulines qui en for-
mait l'entrée. (Voir n" 33, rue d'Antrain.) *
La Grande Cochardière était située sur le bord
Ouest de la rue, dans les terrains de l'Hôtel-Dieu
1. Bulletin de la Société archéol. d*! Ile-et-Vilaine, t. XIII, p. xlviii.
2. Arch. dép., Minutes de'Bertelot, notaire à Rennes, 4 juillet 1661.
3. Les Rues de Rennes, par L. Decombe,
^. Plan de Rennes de 1775.
coc. — 194 —
actuel et en partie sur la rue de ce nom; elle était
« faicte de massonail jusques au premier estage et
« le reste de bois et terrasse. » Elle appartenait
aux Le Faure en 1661*. — La Petite Cochardière
était au Sud de la Grande et au Nord du couvent des
Capucins. (Voir n*» 31, rue d'Antrain.)' Elle appar-
tenait en 1617 par moitié aux Dobé et aux Allaire\
et aux le Faure en 1661. Sa construction était ana-
logue à celle de la Grande Cochardière *. Une partie
passa par alliance aux de Bourgon de la Motte vers
1650, puis aux d'Aubert de Langron, qui la possé-
daient en 1738; en 1748 les d'Aubert la vendirent
aux Petites Ursulines avec ses dépendances, autre-
ment appelées les Champs rouges et les Clos carrés.
— Lorsqu'on achetait un immeuble, on en faisait à
cette époque une prise de possession réelle et ef-
fective : nous croyons intéressant de donner ici, à
titre d'exemple, un extrait du contrat de prise de
possession, qui fut fait par un sieur Frey au nom
des religieuses. « Nous notaires royaux à Rennes
« soussigné raportons... nous sommes transporté
« sur les héritages mentionnés audits contrat, ou
« estant arivé, nous avons mis, induit et instalé le-
« dit maître Frey en la réelles, actuelle et corpo-
« relie possestion de tous les héritages certes audit
« contrat, qu'il a prise et accepté par la libre entré
« qu'il a fait dans iceux, fait sortir François Lanci-
« seur et femme, fermiers actuel desdits héritages,
« iceux fait rentrer, et dans les maisons fait feu et
« fumé, bu et mangé, monté et decendu, ouvert et
1. Arch. dép.. Minutes de Bertelot, notaire à Rennes, 4 juillet 1661.
"î. Arch. dép., Ursulines, 91.
3. Arch. munie, 297.
4. Arch. dép., Minutes de Bertelot, notaire à Rennes, 4 juillet 16tU.
— 195 — coc. — coE.
« fermé les portes et fenestres, et dans les jardins
« et pourpris, lavé et bêché, planté, coupé bois,
« araché herbe, aie et venu, puisé de Teau au puit
w mise dans l'auge de pierre à costé, et le tout cir-
« cuit et environné, gardé et observé tous autres
« actes requis et nécessaire en pareil cas pour
« bonne et valable possession'. »
Le terrain à TOuest de la rue dépendait aussi du
couvent des Petites Ursulines; il était traversé,
parallèlement à la rue et à 90 mètres environ de
celle-ci, par le mur gallo-romain du président de
Robien. (Voir le Préambule.)^
Rue de Coétquen (Canton N.-R.).
Cette rue, percée après l'incendie de 1720, reçut
le nom de Louise-Françoise de Coëtquen, femme du
duc de Duras, commandant en chef en Bretagne.
Les rues de Coëtquen et de Volvire furent réunies
en 1792 sous le nom de rue de la Commune, et pen-
dant l'Empire sous celui de rue Marengo^.
La rue de la Fannerie coupait presque perpendi-
culairement l'extrémité Ouest de la rue de Coët-
quen. — L'extrémité opposée était traversée par
l'ancien jeu de paume du Pigeon, (Voir rue de la
Basse-Baudrairie.) — La rue ne fut achevée, par la
démolition complète du jeu de paume, qu'en 1785*.
1. Arch. dép.. Ursulines, 91.
2. Histoire de Rennes, par Marteville, II, 9. — Plan de Rennes de
1775.
3. Les Rues de Rennes, par L. Decombe.
4. Ârch. mun., 130 et 540, délibération du 15 mars 1784.
COL. — 196
Rue du Colombier (Caiilon S.-K.)
Elle, tire son nom de l'ancien couvent du Colom-
bier, transformé aujourd'hui en quartier d'artillerie;
elle s'appelait au xvii* siècle rue de la Fai/rie, du
nom de la maison de la Petite Vayrie, située sur
remplacement de l'école des religieuses de la Pro-
vidence, au Nord-Ouest de la rue^ Elle remplace
un ancien chemin qui conduisait de cette maison à
la porte de Toussaints et débouchait sur la rue de
la Madeleine (rue de Nantes) vis-à-vis du Puits-
Mauger^ Ce chemin remplaçait lui-même un chemin
plus ancien appelé la Bourelerie, dont la construc-
tion de la troisième enceinte avait amené la sup-
pression 3.
Caserne du Colombier. — Sur son emplacement
s'élevait au xvu* siècle le manoir du Colombier ou
du Petit Beaumont (par opposition au Grand Beau-
mont. (Voir rue Ginguené.) Ce manoir appartenait
en 1513 aux le Paye, et en 1633 aux Subtil; à cette
époque les Visitandines, se trouvant trop nom-
breuses dans leur couvent de la rue des Fossés,
Tachetèrent et y établirent en 1641 un deuxième
monastère. Elles furent chassées en 1792 et le cou-
vent fut loué à des particuliers ; la loge maçonnique
l'occupa même quelque temps. De grands travaux y
furent entrepris de 1825 à 1830 pour y installer une
maison de réclusion, mais ce projet fut abandonné
1. Les Rues de Rennes, par L. Decombe.
2. Arch. mun., Fortifications, Indemnités, D, 1449. f« 50, v<». — E,14i8,
14 mars 1450 et 25 février 1455, et 1449, 1" registre.
a Ibid., E, 1449, 2- reg., 19 avril 1457.
— 197 — COL.
et le Colombier fut cédé en 1833 à radininistration
de la guerre *.
L'ancien couvent existe encore en partie à Tinté-
rieur de la caserne-. Il se composait de deux bâti-
ments en retour d'équerre, Tun au Sud et Tautre à
l'Est, précédés d'une cour fermée de murs des deux
autres côtés. La porte d'entrée, située près de
Tangle Nord-Ouest de la cour, était flanquée de
deux pilastres en pierre de taille surmontés de
vases, et ornée d'un couronnement en fer; une
porterie s'élevait à l'Ouest. Les bâtiments compre-
naient un rez-de-chaussée et deux étages, avec un
toit à la Mansard; l'angle Sud-Est était surmonté
d'un petit dôme renfermant une horloge. Un troi-
sième bâtiment existe aujourd'hui du côté Ouest,
formant, avec les deux premiers, trois côtés d'un
rectangle.
Au rez-de-chaussée de ces trois bâtiments, de
grands couloirs non voûtés sont séparés de la cour
centrale par des arcades cintrées qui reposent sur
des piliers carrés en granit, ornés de chapiteaux
moulurés; on compte quinze arcades du côté Sud,
mais sur ce nombre, treize seulement sont anté-
rieures au XIX® siècle; les côtés Est et Ouest en
présentent neuf ^. Les clefs de voûte des arcades
anciennes sont en saillie.
A l'extrémité Nord de la face Est se trouvait le
chœur des religieuses ; une grande baie aujour-
d'hui maçonnée le mettait en communication avec
1. Les Rues de Rennes, par L. Decombe. — Histoire de Rennes, par
Marteville. III. 54 et 406.
2. Les Rues de Rennes, par L. Decombe.
8. Pian de Rennes de 1775. — Procès-verbal d'estimation du couvent
du 1'^ floréal an VII, Archives du Génie militaire,
COL. — 198 —
la chapelle K On a exhumé, en 1890, du chœur
des religieuses, un cercueil en plomb renfermant le
corps de Marie- Anne Budes, morte à la Visitation,
en 1674, et dont la mère fonda, sur sa demande, le
couvent de la Retraite. (Voir rues Jules-Simon et
Saint-Hélier). ^
La chapelle^ située au Nord, avait été construite
en 1674 -^ ; elle était en forme de croix latine. On en a
retrouvé les soubassements en 1891 ; au milieu du
chœur étaient les ruines d'un caveau voûté qui avait
contenu le corps de M™* du Houx, morte en odeur
de sainteté en 1675; il renfermait uniquement les
traces d'une grande croix de bois en épais madriers
vermoulus, sur laquelle on présume que le corps
avait été déposé ^
A rOuest de la grande cour s'étendait une basse-
cour avec ses dépendances, et au Sud du couvent,
à l'intérieur de la caserne actuelle, un grand jardin
avec un colombier et une pièce d'eau.
Le couvent était bordé au Nord par la rue du
Colombier, à TEst par la rue Emile-Souvestre, au
Sud par le boulevard du Colombier, et à l'Ouest par
le ruisseau Rolland^ qui le séparait, comme aujour-
d'hui, des jardins de la rue de Nantes^.
1. Les Dames Budes, par le comte de Palys, p. 98 et suivantes, et 215.
2. IHd., p. 96 et suivantes.
3. Arch. dép., Visitandines, 110. — Pouitlé de Bennes, par le cha-
noine Guillotin de Gorson, III, 245.
4. Bulletin de la Société archéol. d'IL-et-Vil., t. XXI, p. lx. — Les
Dames Budes, par le comte de Palys, p. 217.
5. Procès-verbal d'estimation du couvent du 12 floréal an VII, Archives
du Génie militaire. — Bibl. de Hennés, Plan.
i
— 199 — cou.
Rue de Corbin (Canton N.-R.).
Cette rue est citée dès 1397', Torigine de son
nom est inconnue. Jusqu'au xv® siècle, elle se
prolongeait vers l'Ouest, sous le chœur de Téglise
Saint-Germain, probablement jusqu'à la hauteur
de la place Saint-Germain ; en effet, les parois-
siens de Saint-Germain furent autorisés en 1434,
par le duc Jean V, à reconstruire le chevet de leur
église sur le terrain des rues de Corbin et Derval*.
Elle fut habitée autrefois par plusieurs familles par-
lementaires : les le Gouvello de Trémeur, les Bar-
rin du Boisgeffroy, les de Talhouët de Keravéon,
les Descartes 3.
N** 1. — Son emplacement appartenait, au xvi* siè-
cle, à une famille de Châteaugiron , appelée le
Gendre*. L'hôtel, acheté en 1642 par les le Gou-
vello de Trémeur, passa par alliance aux le Pelle-
tier de Rozambo, qui le vendirent en 1709 aux Da-
nycan pour le prix de 20,000 livres. Il était habité
en 1709 et en 1753 par les Huchet de la Bédoyère^.
Il se nommait en 1787 hôtel Sarsfield^. De cet hôtel
dépendait une fenêtre sculptée située au Nord-Est
de Tabside de Saint-Germain, dans la rue Derval.
(Voir cette rue.)
N* 3. Hôtel de Rochefort, — Il se compose de deux
bâtiments en retour d'équerre, précédés dune cour;
1. Ârch. dép., Saint-Melaîne, 8.
2. Arcli. dép.. Eglises paroissiales, G, 530. — Procès-verbaux de la
Société archéol. d'Il.-et-Vil. de 1844 à 1858, p. 111.
8. Les Rues de Rennes, par L. Decombe.
4. Arch. dép., Saint-Georges, 1:^7.
5. i6id. — Arch. dép., Min. de Bertelot, notaire à Rennes, 6 août 1709.
6. Arch. mun., 221.
COR. — 200 —
chacun d'eux possède un rez-de-chaussée élevé et un
étage, avec un toit à la Mansard, soutenu par une
corniche à modillons. Le corps principal présente
cinq ouvertures de façade ; le deuxième, trois seule-
ment du côté de la cour et une du côté de la rue ;
la fenêtre du rez-de-chaussée, aspectée sur la rue,
est grillée. La porte d'entrée est à Tangle des deux
bâtiments; elle est à plein cintre, précédée d'un per-
ron et flanquée de chaque côté d'un grand éteignoir
en tôle (voir n° 6, rue du Chapitre). Les fenêtres de
mansardes du bâtiment principal sont petites ; on y
voit des pieds-droits à pilastres et une frise à den-
ticules que surmonte un fronton arrondi et denti-
culé. L'intérieur possède de vastes pièces à boiseries
sculptées.
Deux montants à joints ouverts forment le portail
de la cour. La porterie est surmontée d'un toit en
carène. — Un jardin s'étend au Nord de l'hôtel. —
Les remises et écuries se trouvaient au n® 2 de la
rue Trassart '.
L'emplacement de cet hôtel, après avoir appartenu
aux le Gendre (de Châteaugiron), passa par alliance
aux Morzelle, qui le vendirent aux Bongar en 1556 2;
l'hôtel actuel s'appelait, en 1661 et en 1707, hôtel
Bonnier de la Coquerie, et fut loué en 1707 aux de
Langle pour le prix de 1,300 livres 3; il passa ensuite
par alliance aux de Larlan de Kercadio, comtes de
Rochefort*, qui le vendirent en 1748 aux le Roy de
la Potherie ; ceux-ci le vendirent à leur tour en 1753
à Marie-Anne-Geneviève de Brilhac, veuve de Jean-
1. Ârch. dép., Saint-Georges, 137.
2. Ibid.
8. Arch. dép., Saint-Georges, 47. 134. 185 et 137.— Arch. dép., Minâtes
de Bertelot, notaire à Rennes, 32 juin 1(161.
4. Ilnd., la").
- 201 — OH.
François do Coniac de Toulniain *. Il s'appelait en
1787 hôtel de Robien-y et au commencement du
xix" siècle hôtel de Corbière,
Cet hôtel touchait la Maison Roage^.
N** 5. Ancien presbytère de Saint-Pierre en Saint-
Georges.
N** 7. Emplacement de Vhôtel Descaries, puis de
Pire. — L'hôtel primitif fut vendu en 1613 et 1616
par les du Bois de Moron et les du ChâtelHer de la
Hautaye aux Delbenne des Ourmes Saint-Martin,
qui le revendirent en 1618 aux Descartes de Cha-
vagne*. Le père du célèbre philosophe le recon-
struisit vers 1629^. Il passa par alliance, au com-
mencement du xviii" siècle, aux de Rosnyvinen de
Pire, qui le possédaient en 17?1 et en 1787 ^
Le petit hôtel de Chàteaugiron se trouvait en 1787
à Tencoignure des rues de Corbin et Gambetta^.
N** 6. Le presbytère de Saint-Germain et le loge-
ment des prêtres et autres officiers de la paroisse
existait en cet endroit dès 1445 dans un jardin ap-
partenant à Jehan Guériff®; on le reconstruisit en
1699^ et il ne fut abandonné qu'en 1831: c'est au-
jourd'hui une maison particulière.
N** 10 et 12. Hôtel Barrin du Boisgeffroi. —
Cet hôtel appartenait vers 1640 aux. Barrin du
1. Arch. dép., Saint-Georges, 187.
2. Arch. m un.. 221.
8. Ârch. dép., Saint -Georges, 137.
4. Ibid.
5. Les Rues de Rennes, par L. Decombe. — Bulletin de la Soc.
archéol. d'Ille-et-Vil., VI, 122. — Arch. dép.. 7« carton de M. de la Bigne.
6. Arch. mun., 221.
7. Ibid.
8. Arch. dép.. Réformation du domaine de Rennes de 1646, f» 30.'). r®.
9. Pouilié de Rennes, par le chanoine Guillotin de Corson, V, 573.
XXXIII V')
COH. — 1^02 —
Boisgeffroi*, qui le vendirent en 1702 pour le prix
de 60,000 livres aux le Prestre de Lézonnet-; il
s'appelait en 1721 hôtel de Lézonnet, et en 1777
hôtel de Chàteaugiron ; la princesse Bacciochi, cou-
sine de Napoléon III, Thabitait sous le second
Empire; il sert aujourd'hui de quartier général
du X** corps d'armée. Il se compose de deux
constructions en retour d'équerre, contenant un
rez-de-chaussée et un étage. Le bâtiment principal
comprend un pavillon central légèrement en saillie,
avec deux ouvertures par étage, accosté à TOuest
de deux et à TEst de trois ouvertures, avec des clefs
de voûte sculptées. Son toit est droit et coupé, au-
dessus du pavillon central, par un fronton trian-
gulaire, percé d'un œil-de-bœuf circulaire qu'en-
cadrent deux branches de chêne et deux guirlandes
de fruits liées au sommet par un ruban. — Le
deuxième bâtiment présente cinq ouvertures par
étage, avec un toit à la Mansard et quatre gerbières
en anse de panier; il possède du côté de la rue un
fronton arrondi percé d'un œil-de-bœuf. — Le jardin
s'étend au Sud jusqu'à la rue des Francs-Bourgeois.
L'hôtel qui occupe l'angle Sud-Est de la rue s'ap-
pelait en 1726 hôtel de Tdlhouët de Keravéon. (Voir
n**' 3 et 5, rue Gambetta.)
Le premier évêque concordataire de Rennes,
M^' de Maillé, mort en 1804, habitait la rue de
Corbin; nous verrons (place Saint-Melaine) que le
palais de l'évêché était encore à cette époque encom-
bré par les collections artistiques et scientifiques
de la ville ^.
1. Ârch. dép., Eglises paroissiales, G, 580.
â. Ârch. dép., Minutes de Bertelot. notaiie à Rennes, 21 décembre 1702.
3. Pouilié de Rennes, par le chanoine Guillotin de Corson, I, 738.
— 203 — CRO. — DAM.
Place de la Croix de la Mission (Canton N.-O.).
Voir rue de la Monnaie.
Rue des Datnes (Canton N.-O.).
C'est une rue fort ancienne; on y a trouvé les
débris d'un mur gallo-romain*, et lors de rétablis-
sement des égouts en 1882, quelques tuyaux d'une
conduite d'eau de la même époque^. — Elle porta
d'abord le nom de rue Saint-Denis, à cause du
prieuré dont il sera parlé plus bas 3; après le séjour
d'Anne de Bretagne à Rennes en 1491, elle fut appe-
lée rue des Dames ou rue aux Dames*, parce qu'on
y avait logé les dames d'honneur, à proximité de
l'hôtel de la Garde-Robe ducale (voir n* 9, rue Saint-
Yves), qu'habitait la souveraine. Elle reçut en 1792
le nom de rue de la Raison ^.
Plusieurs maisons de cette rue dépendaient de
chapellenies^.
A l'encoignure de la rue Le Bouteiller (voir cette
rue), se trouve l'ancienne chapelle de VEcce-Homo.
Vers le n" 1 existait au xvii' siècle une maison
« où pendait pour enseigne Vlmage Saint^Yves'^ ; »
la maison de Vlmage Saint-Pierre était aussi près
de là 8.
1. Procès- verbaux de la Société archéologique d'Il.-et-Vil. de 1844 à
1858. p. Sô,
2. Bulletin de la Soc, archéol. (Vllle-et-Vil., t. XV, 2« partie, p. 824.
H. Fouillé de Rennes, par le chanoine Guillotin de Gorson, I, 245.
4. Arch. dép.. Saint- Denis.
5. Les Rues de Rennes, par L. Decombe. — Bulletin de la Soc. ar-
chéol. d'Ille-et-Vil., VI, 115.
G. Arch. dép., Saint-Denis.
7. Arch. dép.. Saint- Denis. — Arch. mun.. 835.
8. Arch. dép.. Réformation du domaine de Rennes de 1646, î^ 228, r«.
DAM. — 204 —
N** 11. Ancien prieuré de Saint - Denis. — Ce
prieuré, dépendant de l'abbaye de Rillé, a été fondé
par un évêque de Rennes au xiii* siècle' et sup-
primé en 1728 ^
Sa chapelle existe encore au fond de la cour;
c'est un simple rectangle, sans aucun caractère. Du
côté de la rue des Dames, elle est complètement
entourée de maisons qui en dissimulent les mu-
railles; oh remarque seulement, dans un des bâti-
ments qui la touchent, une porte en anse de panier
entourée d'un tore et surmontée d'une archivolte
torique à arête mousse; une fenêtre à appui de
bois godronné est percée au-dessus de la porte.
— La seule partie intéressante de la chapelle est
sa face Sud, qui repose sur la muraille de la pre-
mière enceinte; en pénétrant dans une remise et un
hangar situés dans la cour du n** 28 du quai Du-
guay-Trouin, on voit encore un peu, et on voyait
très distinctement en 1899, jusqu'à une hauteur de
plus de 4 mètres, une maçonnerie composée d'un
appareil grossier que coupent de distance en dis-
tance des cordons horizontaux de briques. On ob-
servait au-dessus un appareil irrégulier en arêtes de
poisson, et enfîn, au sommet du mur, une espèce
de petit appareils Le mur imbriqué est certaine-
ment gallo-romain ; il se voit encore dans la remise,
mais les restaurations faites au hangar ont ôté à
celui-ci presque tout son intérêt. Quant à l'appareil
en arêtes de poisson, il marque une réfection faite
dans les premiers siècles du moyen-âge.
1. Pouillé de Rennes, par le chanoine Guillotin de Corson, II, ft35.
2. Ibid., l, 247.
8. Pouillé de Rennes, par le chanoine Guillotin de (Corson, I, 240.
— Hippolyte Vatar, par Arthur de la Borderie, p. 0(5.
— 205 — iiAM.
On peut reporter au xii' siècle environ la date do
la construction de la chapelle. Elle a subi au
XVII' siècle une importante restauration ; on a pra-
tiqué aussi à cette époque, près de Tangle Sud de
son pignon Ouest, une petite niche cintrée en pierre
blanche qui porte la date de 1669 ; cette niche est
visible de la cour du n* 30 du quai Duguay-Trouin,
elle contenait autrefois une statue de saint Denis.
La porte d'entrée s'ouvrait au-dessous. En 1689, le
duc de Chaulnes, qui habitait l'hôtel de Coniac
(n** 13), fît construire une galerie et une tribune re-
liant la chapelle à son hôtel K
N* 13. Ancien hôtel Champion de Cicé, puis de
Brilhac, puis de Coniac. — Il est construit sur l'em-
placement du manoir du Noyer ^ qui appartenait pri-
mitivement aux BonestroP, puis en 1458 à Guyon de
la Motte, et en 1561 aux de Neufville ; ceux-ci le
cédèrent à cette époque aux de la Motte-Vauclerc^.
Il était détruit dès 1557 \ son emplacement reçut le
nom de place de Vauclerc ou m.olte Saint- Pierre'',
puis fut transformé en jardin dépendant de l'hôtel
de Vauclerc (n^ 8) *.
L'hôtel actuel a été construit au xvii' siècle par
M. Champion de Cicé; il occupe, outre le terrain du
manoir du Noyer, ceux du prieuré de Saint-Martin
(voir rue de la Monnaie) et des chapellenies de
Saint-Sébastien et de Saints-Côme et Damien*^. La
1. Pouillé de Rennes, par le chanoine Guillotin de Corson, I, 245. et
III, 66. — Arch. mun., 394.
2. Arch. (lép., Réformation du domaine de Rennes de 1455, {• 107, v\
8. Arch. mun.. 1()9 et 124. — Bulletin de la Soc. archéol. d'IL-et-Vil.,
VI. 114.
4. Arch. dép., Chapitre de Rennes, G, 174.
5. Arch. mun., Comptes des Mineurs de 1596, f® 62, v®.
6. Arch. dép., Réformation du domaine de Rennes de 1646, f* 229, r*.
7. Arch. dép., (Chapitre de Rennes. G, 175. — Arch., mun., 124.
DAM. — 206 —
Communauté de Ville le loua en 1676 au prix de
1,600 livres pour y loger le duc de Chaulnes, com-
mandant en chef en Bretagne'. La chapelle Saint^
Denis (voir plus haut) lui servait de chapelle 2. Il fut
acheté en 1708^ et en 1733 par le premier président
de Brilhac. Le premier président de la Briffe
d'Amilly en était locataire en 1743 pour le prix de
1,700 livres*. L'hôtel passa ensuite par alliance aux
Gajot de Monfleury, qui le vendirent en 1771 aux de
Marnière de Guer, mais les de Coniac le retirèrent en
vertu du retrait lignager. (Voir rue de la Monnaie.) ^
L'hôtel est précédé à TEst d'une vaste cour ; son
toit est droit et repose sur des modillons ; une tou-
relle carrée se voit vers le Nord, avec une fenêtre
de mansarde à fronton triangulaire. Sa face Ouest
regarde la place de la Mission, elle est aspectée sur
un jardin, qui n'était pas en pente autrefois comme
aujourd'hui, et était soutenu par le mur d'enceinte
de la ville. (Voir rue de la Monnaie.) Un dessin de
la façade Ouest de l'hôtel se trouve dans le Rennes
Illustréj par L. Decombe, p. 49. On voit dans les
Souvenirs de Rennes^ par Ducrest de Villeneuve, un
croquis de Lorette figurant l'état ancien du jardin.
Ce jardin, formant terrasse, est enfin représenté
dans une aquarelle de Huguet, datée de 1737, dont
une copie est conservée au Musée archéologique :
cette aquarelle donne une vue de la campagne de
Rennes prise du jardin de l'hôtel^. — En démolissant
1. Arch. mun., 512 : délibération du 3 juillet 1676. — Comptes des Mi-
seurs du 17 juin 1682, f» 33, v».
2. Arch. mun.. Comptes des Miseurs de 1689, f» 12, r«.
3. Arch. dép., Minutes de Bertelot, notaire à Rennes, 28 décembre 1708.
4. Arch. dép., Minutes de Le Barbier, notaire à Rennes, 18 janv. 1743.
5. Arch. mun., 124.
6. Bulletin de la Société archéoL cC [Ile-et-Vilaine, t. XXXII, p. 188
et suivantes.
— 207 — DAM.
une cheminée de l'hôtel, on a trouvé une brique tu-
mulaire chargée d'une inscription en creux tracée
diagonalement : f SOEUR PERRINE DE TOUS
LES ST. ST. t.«.
N" 15. Ancien hôtel de Coniac. — Cet hôtel, bâti
par M. de Coniac en 1773, remplace l'ancien petit
hôtel Champion de Cicé, qui avait été vendu avec le
grand en 1708 par M. de Cicé au premier président
de Brilhac^.
La façade principale occupe le n" 23 de la rue de
la Monnaie. (Voir cette rue.) L'hôtel ne présente du
côté de la rue des Dames d'autre intérêt que deux
presses en fonte, placées près de la porte de l'esca-
lier et provenant de l'ancien appareil monétaire de
l'hôtel des Monnaies 3.
N** 17. Ancienne maison de Fontainebleau*. — Cette
maison appartenait au Chapitre dès le xv* siècle ^ ;
elle est citée comme hôtellerie en 1669^ et désignée
en 1674 comme une « maison où pend pour enseigne
« la figure de la Fontaine-Belleau'^ . » — Lors de sa
reconstruction en 1774, on y trouva, sur la façade
de la rue de la Monnaie, une patère d'or gallo-
romaine dédiée à Bacchus, et différents objets qui
semblent dater du m' siècle et provenir du trésor
d'un temple païen ; ces objets furent réclamés par
la Monnaie, et le Chapitre s'empressa de les offrir
au roi Louis XV : ils sont déposés actuellement au
1. Bulletin de la Société archêolog. d'Ille-et-Vil., I, 4.
2. Arch. mun., 12i. — Arcli. dép.. Minutes de Bertelot, notaire à Rennes,
28 décembre 1706.
8. Bulletin de la Société archéol. d'Il.-et-ViL, t. IX, p. xvii et lxii.
4. Pouillé de Rennes, par le chanoine Guillotin de Corson, I, 188.
5. Bulletin de la Société archéol. d*ll.-et-Vil., t. XIIÎ, p. 113 et sui-
vantes. — Arch. mun., 125.
0. Arch. dùp.. Minutes de Gohier. notaire à Rennes. 1069.
7. Arch. dép., (Chapitre de Rennes, G, 177.
DAM. — 208 —
Cabinet des médailles et antiques de la Bibliothèque
nationale, et des moulaires en sont conservés au
Musée archéologique de Rennes*.
L'escalier de la cave, situé à l'angle Nord-Ouest
de la cour, présente plusieurs marches en granit
composées d'anciennes pierres tombales qui ont été
sciées pour la plupart dans leur longueur ; plusieurs
d'entre elles portent en bordure des débris d'in-
scriptions du XV' ou du xvi** siècle, plus ou moins
effacées et trop incomplètes pour en permettre une
détermination. On peut aflirmer néanmoins qu'elles
proviennent de Tancienne cathédrale ; Tune d'elles,
en effet, est décrite dans l'Inventaire de la Cathé-
drale de 1755, et il n'est pas douteux qu'elles n'aient
toutes la même provenance -.
La deuxième marche à partir du haut contient les
mots suivants, gravés en creux et remplis d'une es-
pèce de ciment :
< VIII : niiimn .- eivj^ .- ^©q
(VIII : anima : ejus : req[uie8cat in pace.)
La troisième représente des traits indétermina-
bles, avec un écusson ogival absolument fruste.
La huitième forme un palier composé d'une pierre
incomplète, que l'Inventaire de la Cathédrale per-
met de reconstituer :
(I. Chr.)
(Primog. Mort, et Mem.)
(V. E.) lOAN. DE. LA.
1. Bulletin de la Société archéoL d'il. -et- Vil., XV, 2« partie, 317, et
XIII. 113 et suivantes. Oroquis. — Histoire de hretagne, par A. de la
Borderie, I, 136. 137. — Fouillé de Rennes, pnr le cîianoine Guillotin
de Gorson, I, 188
2. Arch. dép., Etats de Bretagne, C. 879 >, Inventaire de la Cathédrale,
f'70, V. Man. — Bulletin de la Société archéolog. d'Ll.-et-Vil., t. XXXII.
p. X.
— 209 — i»AM.
(Fond) CAN. REG.
(S. Jac.) MONTFORT
(ac Pr) lOR. S. MODER.
(vix. XX) CIV. AN. OB.
(XIV k) AL. lAN. AN. S.
(M) DC. LIX.
C'est la pierre tombale de Jean de la Fond, cha-
noine régulier de Saint-Jacques de Montfort et
prieur de Saint-Modéran ou Saint-Moran, mort le
14" jour des calendes de janvier 1659. L'Inventaire
mentionne sur la pierre tombale un écusson chargé
de trois étoiles accompagnant un croissant en abime
que surmonte une merlette ' : cet écu très effacé se
voit encore au bas de la dalle. — La pierre était en-
tourée d'une bordure, chargée à sa partie inférieure
de lettres aujourd'hui illisibles.
La neuvième et la dixième marches proviennent
d'une même pierre; on voit sur chacune d'elles deux
colonnettes jumelles à bases et chapiteaux, surmon-
tées d'un commencement d'arcade, sans doute ogi-
vale; ces colonnettes sont accostées d'une bordure
intérieure formée de gros besants : au centre se
trouvent des traits indéterminables. — La neuvième
porte en bordure les lettres gothiques suivantes :
n. U. fiitii. tour. it. maj. Un. mill. iiii "^"^ iiiiti
(le 15* jour de mai l'an 148 . )
La onzième forme un deuxième palier et contient
trois dalles : l'une d'elles est gravée à l'une de ses
extrémités d'une grossière sculpture qui rappelle
vaguement le réseau de tympan d'une fenêtre flam-
■
1, Fouillé dç Rennes, par le chanoine Guillutin de Corson. I, *-243-
DAM. — 210 —
boyante, les deux autres figurent des traits qui res-
semblent à des plis de vêtements.
Plusieurs des dernières marches sont chargées de
traits analogues : Tune d'elles contient en bordure
des caractères gothiques très effacés, une autre
porte aussi en bordure les lettres : WA€^G(R l
9snn ! CL....
N* 19. Hôtel de la Bellangerais^ puis de la Motte-
Picquet, puis de Talhouët. — Son portail d'entrée
mérite d'être examiné avec soin : il occupe depuis
peu d'années sa place actuelle et fermait auparavant
une cour, aspectée sur la place Saint-Pierre. II se
compose d'une grande baie en anse de panier, flan-
quée de deux pilastres à moulures, au centre des-
quels se voit une rosace de feuillages ; au-dessus et
au-dessous de ces rosaces sont des coquilles et des
motifs d'ornementation du style Louis XIV. Les
chapiteaux des pilastres sont formés de feuilles
d'acanthe. — La partie supérieure du portail est ac-
compagnée à droite et à gauche d'une grande con-
sole à volutes ornée de feuillages. — Son sommet
est occupé par un écusson ovale posé sur un car-
touche enroulé que surmonte une coquille et qu'en-
tourent des trophées de drapeaux avec un caducée,
une lyre, un faisceau de licteur, une lance, des pal-
mes, des fleurs et deux cornes d'abondance.
La façade de l'hôtel du côté de la place Saint-
Pierre (n® 19) est récente; elle était encore précédée
en 1882 d'une terrasse à la hauteur du rez-de-chaus-
sée, et devant elle s'étendait une cour fermée par le
portail monumental qui vient d'être décrit.
L'emplacement de l'hôtel faisait partie au xiV siè-
cle de l'ancien placis Conan. (Voir rue de la Mon-
— 211 — DAM.
naie, place de la Mission.) ' On y construisit depuis
Vhôtel d'Espinay^ appelé aussi hôtel d'Assérac, qui
appartenait d'abord au Chapitre et fut cédé par
lui aux d'Espinay en 1573^; il passa ensuite aux
de Rieux de Chàteauneuf, et Jeanne-Pélagie de
Rieux, marquise d'Assérac, y établit de 1657 à
1671 une maison de santé qu'elle confia aux Cal-
vairiennes (voir n"* 1, place du Calvaire)^. — L'hôtel
actuel appartenait avant l'incendie de 1720 aux
Robert de la Bellangerais; c'est là que naquit en 1720
l'amiral de la Motte-Picquet, petit-fils de M. de la
Bellangerais. Il passa ensuite par alliance aux de la
Motte-Picquet, et était en 1783 aux de Talhouët de
Boisorhant*.
N^ 2. Ancien hôtel de la Monneraie de Bourgneuf.
— Les constructions accessoires élevées dans la cour
de cet hôtel présentent deux grandes consoles en
bois à volutes, qui soutiennent le premier étage ;
ces volutes se terminent par une touffe de feuilles
d'acanthe enfermant une sorte de grappe de fruits.
— La maison que cet hôtel a remplacée avait été
achetée en 1346 par le chanoine Boutier; elle était
en 1466 aux Leliepvre, en 1480 aux Regnaud, en
1491 aux de Champagne de la Montagne, qui la ven-
dirent en 1 563 aux Peschard. Revendue aux Freslon
de la Freslonnière en 1586, puis aux de Poix, elle
passa par alliance aux de la Tourneraye de Trébe-
1. Les Rues de Bennes, par L. Decombe.
2. Arch. dép., Chapitre de Rennes, G, 176, 1" volume. £• 40, r*.
3. Ibid., 175. — Histoire de Rennes, par Marteville. III, 52.
4. Arch. mun., 125. — Arch. dép.. Etats de Bretagne, C, 3328, procès-
verbal de Tincendie de 1720, p. 102. — W carton de M. de la Bigne. —
Annuaire d'Ille-et-Vilaine, de Fr. Simon, année 1901.
DAM. — 212 —
heuc, qui l'avaient en 1620 et la vendirent aux du
Tierry de Poigny; ceux-ci la vendirent en 1629 aux
Gefflot de Marigné*. Les Gefflot revendirent Thôtel
en 1712 pour 7,000 livres aux de la Monneraye
de Bourgneuf '.
N** 6. C'est une ancienne maison prébendale; elle
possède des poutres apparentes au-dessus du rez-
de-chaussée et du premier étage : ces dernières
sont soutenues par quatre consoles, dont deux sont
chargées d'écussons ogivaux.
N** 8. Ancien hôtel de Vauclerc, de Rosmadec ou
de Molac, puis de la Hunaudaye au xvii* siècle.
— Il est entièrement en granit et présente un
bandeau mouluré à un mètre environ au-dessus du
sol. Une petite porte en anse de panier est orné
à son sommet de moulures creuses, elle était autre-
fois surmontée d'une archivolte en accolade^. Les
fenêtres du premier étage sont garnies d'appuis
moulurés, leurs pieds-droits sont évidés en forme
de gorge. Cet étage est séparé du deuxième par un
bandeau. Les fenêtres du deuxième étage ont des
pieds-droits moulurés qui s'appuient sur le ban-
deau. Son jardin occupait l'emplacement du n** 13 ^
Cet hôtel appartint d'abord à Guillaume le Vayer
de la Rivière, qui le tenait du duc en 1461 ^; il était
en 1557 aux le Roy du Plessix-Raffray ^, et en 1562
aux de la Motte-Vauclerc^; Jeanne de la Motte-
1. Arch. dép.. Chapitre de Rennes, G, 175 et 176, 1" registre, f» 83, v.
et 2« reg., f- 29, V, et 30, f.
2. Arch. dép., Etats de Bretagne. C, 3328. procès-verbal de Tincendie
de 1720, p. 102. - Minutes de Bertelot, notaire à Rennes, 22 octobre 1712.
3. Bulletin de la Soc. archéol. d'IL-et-Vil., VI, 114.
4. Arch. dép.. Minutes de Bertelot, notaire à Rennes, novembre 1658.
5. Bull, de la Société archéol. d' II. -et- VU., VI, 114.
6. Arch. dép., Chapitre de Rennes, G, 176. X" volume. f« 39, V.
7. Arch. m un., 323.
— 21.S — DAM.
Vauclerc, veuve de Sébastien de Rosmadec de Mo-
lac, le possédait en 1621 *. Jeanne-Pélagie de Rieux
marquise d'Assérac et baronne de la Hunaudaye
le céda par voie d'échange aux Champion, qui le
vendirent en 1659 pour 10,200 livres à Anne Symon,
veuve de Jean Chape! du Hil, d' de Tanouarn de
Couvran '*. Colle-ci le passa aux Chapel de Prossa^
et du Hil, ses enfants du premier lit, qui le possé-
daient en 1690^. Il appartenait enfin en 1721 à M. de
Villayers, maitre des requêtes*.
N** 10. Ancien hôtel de Freslon'^. — Il se compose
d'un corps de bâtiment et de deux ailes renfermant
une cour que clôt un mur du côté de la rue ; ce
mur est surmonté d'une terrasse et percé d'une
porte cochère et d'un portillon, Tun et Tautre à
plein cintre. On en voit un croquis au Musée
archéologique. L'hôtel possédait autrefois des pla-
fonds peints du xvii* siècle^.
Il occupe l'emplacement de la maison au Vicomte,
qui appartenait, au milieu du xV siècle, à Jean
Raguenel, sire de Malcstroit, vicomte de la Bellière,
maréchal de Bretagne; Jean Raguenel fit, en 1450,
don de son hôtel aux Carmes qui s'y installèrent
provisoirement, jusqu'au moment où ils construi-
sirent leur couvent de la rue Vasselot^. — Après
avoir été aux de Coëtlogon, l'hôtel fut vendu, en
1. Arch. (lép., Chapitre de Rennes, G, 174.
2. Arch. dép.. Chapitre de Rennes, G, 175. — Minutes de Bertelot,
notaire à Rennes, mars 1659.
8. Arch. dép., Cliapitre de Rennes. G, 191.
4 Arcli. dép.. Etats de Bretagne, G, 33*38, procès-verbal de Tincendie
de 1720, p. 10?.
5. Cadastre de 1840.
6. Hull. de la Société archéoL d* II. et Vil.. VI, 114.
7. Arch. dép.. Carmes, 4. — Fouillé de Rennes, par le chanoine Guil-
lotin de Corson, III, 123.
DAM, — 214 —
i534, par les du Pont-Berranger de la Chèze aux le
Duc; il était, en 1595, aux mains des Satin de la
Teillaye. Charlotte de Cornulier, douairière de
Cicé, Tacheta en 1614 et le passa par succession
aux Champion de Cicé, qui le vendirent, en 1657, à
Françoise Protêt, marquise Gédouin de la Dobiais^
\\ fut enfin revendu en 1671 aux Freslon de la
Touche-Trébry 2, qui le possédaient encore en 1721 *.
La partie Sud de Thôtel passa par alliance des
Satin aux de la Belinaye de Racinoux qui l'avaient
en 1620; les Rosnyvinen du Plessix-Bon-Enfant le
possédèrent ensuite, puis les de Bégasson de la
Ville-Guéhard, et enfin, en 1674, les de Château neuf
de la Mériais^
L'hôtel portait en 1786 le nom d'hôtel de Beauma-
noir ^.
La maison qui forme Tangle de la rue des Dames
et de l'impasse qui borde le côté Sud de la cathé-
drale s'appelait autrefois la maison blanche^; le
bureau des Postes y fut établi quelque temps "'.
N** 12. — Le trésorier de la Cathédrale, un des
grands dignitaires de l'Eglise de Rennes, possédait
dès le xiii" siècle un hôtel situé sur l'emplacement
de cette maison®. La maison actuelle, malgré des
reconstructions très importantes, conserve encore
quelques vestiges de l'ancienne Trésorerie.
1. Arch. dép., Minutes de Bertelot, notaire à Hennés, mars 1658.
2. Arch. dép.. Chapitre de Rennes, G, 174, f» 8, r». — 175. - et 176.
1" registre, f»' 37, v», et 38, r*.
3. Arch. dép.. Etats de Bretagne. C, 3828, procés-verbal de l'incendie
de 1720, p. 108. — Minutes de Bertelot, notaire à Bennes, mars 1657.
4. Arch. dép.. Chapitre de Rennes, G, 174, f» 8, v®, — 175, - et 176,
1«' registre, f» 39, r*.
5. Bibl. de Rennes, Plan de 1786.
6. Cadastre de 1840.
7. Arch. dép.. Chapitre de Rennes, G, 261. Plan.
8. Pouillé de Rennes, par le chanoine Guillotin de Corson, I, 149.
— 215 — DAM.
On voit sur sa face Sud, à la hauteur du premier
étage, une pierre blanche sculptée d'un écusson
ovale que surmonte un chapeau épiscopal avec
des cordons à trois houppes ; Técusson, complète-
ment empâté de badigeon, semble contenir un lion :
au-dessous de lui se voit une coquille.
La face Ouest présente au-dessus d'une porte un
écusson en granit, entouré d'un motif ogival flam-
boyant et surmonté d'une moulure destinée à le
préserver de la pluie; les armes sont celles de
Pierre de Bourgneuf, trésorier de la Cathédrale,
mort en 1523* : D'argent au sautoir de sable; au
franc-quartier de gueules chargé de 2 poissons d'ar-
gent posé en fasce.
Une salle du rez-de-chaussée renfermait la cui-
sine, une vaste cheminée l'ornait récemment en-
core. On a replacé dans le mur un écusson des de
Bourgneuf semblable au précédent, et une sculpture
figurant une grosse tête humaine, qui avait été
employée dans les matériaux de construction de la
cheminée et a été découverte tout dernièrement. —
Les autres pièces ont conservé de belles boiseries.
A l'Ouest de ce bâtiment s'élève une charmante
maison en bois du xvi* siècle, comprenant un corps
de logis en saillie et un autre plus petit et en re-
trait, qui renferme un escalier; l'un et l'autre se
composent d'un rez-de-chaussée et d'un étage, avec
une toiture à la Nfansard plus récente.
Le rez-de-chaussée de la partie saillante est percé
d'une porte étroite et d'une grande baie qui a été
retouchée. La porte est surmontée d'un linteau
mouluré et d'une imposte dont le sommet est sou-
1. Fouillé de Rennes ^ par le chanoine Guillotin de Corson, I, 155, —
et VI. 576.
D\M. — 216 —
tenu par deux corbeaux de bois, ornés de feuillages;
elle est accostée à droite d'une colonnette et à gau-
che d un pilastre. La colonnette est ornée de feuilles
imbriquées; sa base et son chapiteau sont polygo-
naux, et elle présente une bague à son centre. Le
pilastre est garni de moulures : trois têtes humaines
juxtaposées occupent sa partie médiane, Tune est
imberbe, l'autre porte une moustache, et la troi-
sième un collier de barbe. — La grande baie,
comme la porte, présente à son linteau deux cor-
beaux de bois sur lesquels sont sculptés des dra-
gons : elle est flanquée d'un côté par le pilastre qui
vient d'être décrit, et de Tautre par une colonnette
polygonale imbriquée, analogue à la première. —
Ces deux colonnettes et le pilastre supportent des
médaillons circulaires dans lesquels sont sculptés un
enfant nu tenant un bâton à la main, et deux bustes
d'hommes vus de profil. Au-dessus des médaillons
s'étendent deux rangées de poutres moulurées dont
les extrémités sont chargées de grotesques, de
feuillages et d'animaux.
Le premier étage se compose de torchis et de
bois apparents formant losanges, il comprend une
large fenêtre restaurée; quatre colonnettes analo-
gues à celles du rez-de-chaussée sont appliquées
sur le mur; deux d'entre elles figurent des torsades,
l'une de celles-ci est perlée et se termine en tête de
lion. Elles sont surmontées, comme à l'étage infé-
rieur, de médaillons représentant trois têtes hu-
maines et un vase. — Enfin deux rangées de
poutres moulurées supportent la toiture.
Cette façade fait saillie, avons-nous dit, sur le
reste du bâtiment; son côté Sud, qui la relie à la
cage de l'escalier, est orné au rez-de-chaussée d'une
— 217 — DAM.
colonnette torse et perlée, munie d'une bague et
surmontée d'une chimère. Une fenêtre remaniée
a conservé deux corbeaux de bois, sculptés de deux
dauphins. — Une colonnette analogue se voit au
premier étage.
La cage de Tescalier est sans ornements, elle se
compose seulement d'un torchis avec des bois ap-
parents formant losanges. L'escalier est à vis et
en bois; il présente, de distance en distance, des
colonnettes du même style que celles de la façade.
La pièce du premier étage a conservé à son pla-
fond les armoiries des Huart : D'argent au corbeau
de sable becqxié et membre d'azur, placées sans doute
au commencement du xvii* siècle par le trésorier
François Huart*. — Le Musée archéologique pos-
sède un dessin de cette maison.
Un petit bâtiment, au Sud de la cour, présente
sous sa toiture des corbeaux de pierre assez élé-
gants. (Voir n** 6, rue du Griffon.)
Avant que le Parlement fût sédentaire, son pre-
mier président fut logé à la Trésorerie pendant le
cours de plusieurs sessions 2.
Il convient enfin de citer près de là, en 1670, la
« maison où pendait la Licorne , » située près de
Saint-Pierre, touchant la Trésorerie et le cimetière
de la Cathédrale, et joignant par derrière la rue du
Griffon ^.
1. Fouillé de Rennes, par le chanoine Guillotin de Corson, I, 149.
2. Arch. mun.. Comptes des Miseurs de 1528, 2» registre, f«>» 53, v«, et
suivants, — et 1532, {• 43, r*.
3. Arch. dép., Chapitre de Rennes, G, 190.
XXXIII
20
DKK. — 218 —
Rue Derval (Canton N.-E.).
Cette rue existait dès le xv*" siècle, elle reliait
primitivement en ligne droite la rue Saint-Georges
à la place Saint-Germain. (Voir rue de Corbyi.) On
suppose qu'elle porte le nom d'Henry du Parc,
s*" de Combourg et de Derval, capitaine-gouverneur
de Rennes de 1418 à 1426*; nous remarquerons
toutefois que la maison formant autrefois Tangle de
cette rue et de la rue de Corbin était habitée en
1455 par un Robin Derval 2. — La rue fut aussi
appelée rue d'Alençon, à cause du voisinage de la
maison du four d'Alençon (n^ 14).
N** 1. C'est une maison sans autre caractère
qu'une porte cintrée surmontée d'un œil-de-bœuf,
et des fenêtres jumelles ornées d'un appui mouluré
en bois; elle appartenait en 1721 au s' Maugendre'\
Le Cimetière de Saint-Germain se trouvait jus-
qu'en 1635 sur la place Saint-Germain (voir cette
place); il fut transporté à cette époque à l'Ouest de
la rue Derval, entre l'église et le n** 1 ; une cha-
pelle s'élevait à l'angle Nord-Est du cimetière, son
abside bordait la rue ; cette chapelle, placée sous le
vocable de N.-D. des Neiges, tomba de vétusté au
xvii® siècle; relevée en 1681, elle semble avoir été
abandonnée dès le commencement du xviii* siècle*.
On voit au bas de la rue, du côté Est, devant le
chevet de l'église Saint-Germain et dans une dépen-
1. Les Rues de Rennes, par L. Decombe.
2. Arch. dép., Réformationi da domaine de Rennes de 1455. fo 161, r®,
et 168. V.
3. Arch. dép., Etats de Bretagne, C, 3928, procès-verbal de Tincendie
de 1720, p. 33.
4. Pouillé de Rennes, par l** chanoine Guillotin de Corson. V, 631.
— 219 DEH. — PIN.
dance du n** 1 de la rue de Corbin, une fenêtre en
granit sculpté, ornée d'un appui mouluré et d'une
archivolte prismatique que surmontent de chaque
côté deux choux frisés; un panache en couronnait
autrefois le sommet.
N" 4 et 6. Ancien hôtel du Crévy, — C'est une
construction sans caractère et totalement délabrée,
son portail d'entrée est à joints ouverts. Il apparte-
nait en 1658 aux Roger du Crévy*, qui le vendirent
aux Duclos en 17192.
N" 10. Le linteau de sa porte d'entrée présente la
date de 1664 entre les deux monogrammes I H S
et M et A entrelacés.
N" 14. Maison d'Alençon ou du four d'Alençon^. —
Cette maison, citée dès le xv® siècle, possédait un
four banal * ; on l'appelait aussi four de Fougères
comme relevant de la seigneurie de Fougères*.
On voyait aussi dans la rue au xvii® siècle l'au-
berge de la Rivière ^j et en 1774 le Petit hôtel du
Crévy ^.
Rue de Dinan (Canton N.-O.).
Cette rue, citée dès le xiv* siècle, portait jusqu'en
1892 le nom de rue Basse, par opposition à la rue
Haute (rue Saint-Malo) 8. Avant la Révolution, on la
divisait en deux tronçons : le premier s'étendait du
carrefour Jouaust à l'ancienne église Saint-Etienne
1. Arch. dép., Minâtes de Bertelot, notaire à Rennes, nov. 1658.
2. Arch. dép., Min. le Barbier, notaire à Rennes, 13 nov. 1719.
3. Arch. dép., Réformation du domaine de Rennes de 1646, (" 311, r».
4. Arch. dép., Dominicain», 1 et 21.
5. Arch. dép., Réformation du domaine de Rennes de 1455, fo 170, vo.
6 Arch. dép., Minutes de Gohier, notaire à Rennes, 1669.
7. Arch. dép.. Saint- Georges, 140.
8. Arch. dép., Evêché de Rennes, G, 41, p. 70.
DiN, _ 220 —
et s'appelait au xvii* siècle rue de la GarouZais, du
nom d^une maison dont nous parlerons plus bas, et
à la fin du xviii" siècle rue Basse Saint-Etienne; —
le deuxième tronçon, depuis l'ancienne église jus-
qu'au pont Saint-Martin, s'appelait simplement rue
Basse * .
La rue traverse des terrains fort habités déjà à
l'époque gallo-romaine; le mur découvert par le
président de Robien (voir au Préambule) passait à
l'Est de la rue, dans les jardins compris entre la
rue Saint-Louis et la rue d'Echange; on a aussi
trouvé en 1853 un mur en briques gallo-romaines
qui s'étendait de la rivière d'IUe à la rue Saint-Malo,
en traversant un jardin de la rue de Dinan, voisin
de la ruelle des Chapeliers (voir plus bas)*; enfin,
les traces d'une conduite d'eau en terre cuite, de la
même époque, ont été rencontrées en 1882 sous
les n**' 2 à 6, et plus au Nord, sur une centaine de
mètres, jusqu'au bas du placis de l'ancienne église
de Saint-Etienne 3.
Les tuyaux de la conduite d'eau du xvi* siècle pas-
saient dans les jardins des maisons Est de la rue,
entre elle et la rue Saint-Malo *.
N** 1. Hôtel des Trois-Maures. — L'hôtellerie des
Trois-Maures existait déjà en cet endroit en 1596^-
on y voit au premier étage deux fenêtres jumelles
avec appui de bois godronné. Les Augustins ache-
tèrent cette maison aux Dondel.du Teil en 1688 ^
dans l'intention d'établir sur son emplacement l'en-
1. Les Rues de Rennes, par L. Decombe : Rue Basse.
2. Procés-verb. de la Société archéol. d'Ille-et-Vil. de 1844 à 1858, p. 92.
3. Bulletin de la Société archéol. d'Il.-et-Vil., t. XV, 2« partie, p. 325
et 510, — et t. XVI, l^* partie, p. ixvi.
4. Arch. mun., Comptes des Miseurs de 1524, f® 1, ro, — et de 1599.
5. Arch. dép., Augustins, 1 et 2.
6. Arch. dép., Min. de Bertelot, notaire à Rennes, 3 mai 1688.
— 221 — DIN.
trée principale de leur couvent*. Un puits public
existait devant elle au xvii* siècle^.
Au Nord de l'hôtellerie des Trois-Maures se trou-
vait, au xvii* siècle, la maison de Mantibus^; elle
appartenait aux le Roy de Laubannière en 1627 et
en 1662*. Peut-être y aurait-il lieu de faire un rap-
prochement entre le nom de cette maison et celui
de Tile Mathibus, située entre la rue et le faubourg
de Brest.
Au Nord était la maison de MilliaSj citée en 1586
et détruite dès 1673 ^
Au Nord encore se voyait la maison de V Etang,
qui appartint d'abord aux Tituan, puis aux le Duc,
qui la vendirent en 1593 aux Bernard des Broces;
ceux-ci la vendirent à leur tour, en 1649, aux Pau-
chet de Cramon qui la possédaient encore en 1723;
elle était en 1776 au sieur Gilbert, droguiste ^
N** 9. Emplacement de la maison de la Garoulais. —
Elle a été démolie vers 1880; une photographie do
cette époque montre une tourelle polygonale dans
l'angle de deux bâtiments en retour d'équerre; cette
tourelle renfermait l'escalier; sa porte, en anse de
panier, était surmontée d'un écusson en accolade;
on voyait au-dessus d'elle une lucarne et une fenêtre
cintrées; des ouvertures rectangulaires à arêtes
rabattues étaient pratiquées dans les autres pans
de la tourelle. Un des bâtiments possédait au rez-
de-chaussée une grande cheminée à linteau sculpté,
avec un manteau orné de trois pilastres"^. — Les
1. Ârch. man., 299.
2. Ârch. dép., Héformation du domaine de Rennes de 1646, f» 56, yo.
3. Ârch. dép., Eglises paroissiales, G, 527. — Âagustins, 1 et 3.
4. Ârch. dép., Evècbé de Rennes, G, 41, p. 174 et 175.
5. Ibid., p. 171 et 172.
6. Ibid., p. 161 à 164.
7. Communication de M. (^él. Petit.
DiN. — 222 —
dépendances de la Garoulais s'étendaient jusqu'au
n'^ 23.
Cette maison, après avoir appartenu aux Chau-
chard, passa par alliance aux de Guigny vers 1572*
et était encore entre leurs mains en 1602 -; les
Huart la possédaient en 1627 et en 1718'; on l'avait
transformée en maison de santé lors de l'épidémie
de 1631 *,
Tout à côté était la maison de Bellestre, qui passa
par alliance, en 1564, des Bouesnon aux de la Haye,
et appartenait en 1575 à Jean de Guigny et à Per-
ronne Chauchart, sa femme ^; elle était, en 1650,
aux Brandin. (Voir plus bas : le Plessix-Goirc.)
N** 49. Vers l'emplacement de cette maison, « à
« vis le cimetière Saint-Etienne, » se trouvait la
maison des prêtres et officiers de la paroisse^.
Tout à côté était la maison de la Jousselinaye, ap-
partenant au xvi® siècle aux Tremblay; ceux-ci la
vendirent à Perronnelle Chauchart, d" de la Ville-
du-Bois et de la Haute-Touche, qui la vendit à son
tour aux Dominicains en 1578'; les Dominicains
l'avaient encore en 1718®.
Près de là se trouvaient aussi les maisons du
Grand et du Petit Plessix-Goiré^ dont les jardins
descendaient jusqu'à la rivière. Le Grand Plessix-
Goiré appartenait, au milieu du xvi® siècle, aux Hu-
1. Arch. dép-, Dominicains, 21.
2. Arch. mun., 323.
3. Arch. dép., Dominicains, 14. — Réformation du domaine de Rennes
de 1646, f- 57, V.
4. Bulletin de la Société archéol. d'il. -et- Vil., t. XVII, 1'* partie,
p. XII, — et t. XXVI, p. 109.
5. Arch. dép., Evcché de Rennes, G, 41, p. 152 et 153.
6. Arch. dép.. Réformation du domaine de Rennes de 1646, {• 58, r*.
7. Arch. dép., Dominicains, 14, 21 et 27. — Ëvêché de Rennes, G, 41,
p. 119.
8. Arch. dép., Dominicains, 14,
— 223 — DiN.
bert; il passa par alliance aux Blandin, qui le ven-
dirent aux Mellet en 1576*; en 1650, il fut vendu par
Hyérosme Gouyon de Grandmaison et Jeanne Goiré,
sa femme, à Yvonne le Mestayer, veuve de Siméon
Brandin de Bellestre, conseiller au Parlement.
Celle-ci voulut y fonder, en 1652, un établissement
destiné à recueillir des filles repenties, mais ce pro-
jet ne fut pas mis à exécution^. Le Plessix-Goiré
était, en 1718, aux Pouquet de la Bouchesollière,
qui le passèrent par alliance aux Baron de Ros;
ceux-ci le vendirent en 1773 au s' Sagnier, peintre 3.
Au Nord du Plessix-Goiré se voyait la maison
du Pré'Lavaly qui possédait une cheminée surmon-
tée d'un tableau représentant Vulcain; son jardin
renfermait un cabinet en forme de pavillon et un
bassin de plomb muni d'un jet d'eau. — Le Pré-
Laval, après avoir appartenu aux Languedoc, passa
par alliance aux Bossart du Clos\ qui le vendirent
en i663 aux de Racinoux; il fut revendu en 1732 aux
Dubois, qui le transmirent par alliance aux Gault de
la Galmandière ; ces derniers le possédaient en 1788^.
Du côté Est de la rue, on trouve à Tencoignure
de la rue Saint-Louis la maison du four à ban de
lévêque, (Voir n** 42, rue Saint-Louis.)
Au Nord du four était le jardin du couvent des
Minim.es.
En 1665, Charles de la Vieuville, évéque de Ren-
nes, acheta aux Aulnette de la Gravelais deux mai-
sons avec jardins et orangerie situées à l'angle de
1. Ârch. dép., Evèché de Rennes, G, 41, p. 89 et 91.
2. Arch. dép., Bon-Pasteur, 4. — Arch. mun., 815 et 501, délibération
du 27 mars 1654. — Histoire de Rennes, par Marteville, III, 62.
8. Arch. dép., Evêché de Rennes, G, 41, p. 94 et 95.
4. Arch. dép., Réformation du domaine de Rennes de 1646, f* 59, r«.
5. Arch. dép., Evêché de Rennes, G, 41, p. 85 à 88
DiN. — 224 —
la rue d'Echange, pour y installer le Grand Sémi'
naire qu'il venait de fonder. L'une de ces maisons
fut reconstruite en 1671 * ; c'est là que fut le Grand
Séminaire jusqu'en 1739*; depuis la Révolution jus-
qu'en 1899, date de sa démolition, on en fit une an-
nexe de VHôpital militaire. Cette maison se compo-
sait d'un grand bâtiment avec un rez-de-chaussée,
deux étages et des mansardes; le rez-de-chaussée
servait de chapelle^; chaque étage avait neuf fenê-
tres, celles du premier et du deuxième étaient pe-
tites, presque carrées et munies de grilles.
Ancienne église paroissiale de Sain f -Etienne et son
cimetière, (Voir rue d'Echange.) Près d'elle se trou-
vait une pompée
Entre les n*"* 40 et 42 se voit la vieille ruelle des
Chapeliers^ qui débouche dans la rue Saint-Malo.
Vers le n^ 54 était la m,aison de la Vacheraye, qui
appartenait au Chapitre et dépendait de la chapelle-
nie de la Vacheraye ou Vacherie^; le Chapitre la
louait en 1751 à un jardinier^.
Entre les n""' 60 et 62 commence la vieille ruelle
aux Chevaux qui, comme la précédente, débouche
dans la rue Saint-Malo.
Nous parlerons enfin, en traitant de la rue Saint-
Malo, de l'ancien hôpital de Sainte-Marguerite, situé
à la jonction des deux rues.
Paul BANÉAT.
(^4 stiiçre,)
1. Ârch. dép.. Grand Séminaire, G. 383. — Pouillé de Rennes, par le
chanoine Guillotin de Gorson, III, 444.
2. Histoire de Rennes, par Marteville, III, 64.
3. Arch. dép., Grand Séminaire, G, 381.
4. Arch. man.. Comptes des Miseurs de 1598.
5. Ârch. dép., Minutes d'André, notaire à Rennes, 1667.
6. Arch. dép. y Chapitre de Rennes, G, 235.
AHADRY DE FARCY DE SAINT- LAURENT
LIEUTENANT-GÉNÉRAL HANOVWEN
(16S2-1729)
D'après de nouveaux documents français et allemands.
L'officier général, dont la biographie fait le sujet
de cette étude, a laissé en PYance si peu de traces
de son existence que les généalogistes qui se sont
occupés de la famille de Parcy l'ont à peu près
négligé ou n'ont fourni sur lui que de brefs rensei-
gnements, en partie inexacts. M, Paul de Farcy, le
dernier et certes le mieux informé de tout ce qui
concerne cette belle et nombreuse maison, n'a pas
été beaucoup plus documenté que ses devanciers.
D'heureux hasards et un peu d'audace nous ont
permis d'être mieux renseigné : nous n'avons pas
hésité à faire appel aux autorités et aux dépositai-
res publics de la partie de l'Allemagne que le lieu-
tenant-général de Saint-Laurent avait habitée : cet
appel a été favorablement entendu. Un descendant
de la fille d^Amaury de Parcy qui s'était alliée à
une famille de ce pays a bien voulu se meltre en
rapports avec nous et nous ouvrir libéralement ses
archives privées. Aux Archives d'Ille-et-Vilaine,
nous avons découvert une correspondance et quel-
ques actes notariés dont nous nous sommes ample-
XXXIII 21
— 220 —
ment servi. C'est ainsi que nous avons pu réunir
des documents puisés aux sources les plus sûres
et ressusciter, pour ainsi dire, une figure intéres-
sante pour riiistoire générale, intéressante surtout
pour la Bretagne où tant de membres de la branche
de Saint-Laurent ont vécu. C'est pour nous un très
agréable devoir d'offrir nos bien sincères remercie-
ments à M. le directeur général des Archives
royales de Hanovre, à M. le directeur du Cercle
d'Uezeln, aux autorités d'Oldenstadt, à M. de Es-
torff, à M. Parfouru, archiviste de ce département.
Sans leur bonne grâce et leur intelligent concours,
nous n'aurions pu ajouter que bien peu de choses
aux données de nos prédécesseurs K
Nous rappellerons que la famille Farcy ou de
1. Voici les principales sources de notre travail :
— Généalogie de la famille de Farcy, par M. Paul de Farcv, Laval,
1891, in-4o.
— Une mésalliance dans la maison de Brunzwick, Eléonore Des-
mier d'Olbreuse, duchesse de Zell, par le vicomte Horric de Beaucaire,
Paris, 1884, in-8-.
— Art de vérifier les dates, 3« édition, in-f», tome III.
— Biographie du lieutenant-général de cavalerie... Amaur y de Farcy
de Saint-Laurent (en allemand), par le général de EstorlT {Neues Vater-
laendisches Archiv [noavelles arcliives nationales], 4* cahier de 18i25. —
Lunebourg, 18%, in-l*2. pp. 217 et s.)
— Papiers de la famille de Farcy (Archives d'Ille-et- Vilaine, série E).
— Documents officiels et généalogiques (Archives royales de Hanovre).
— Documents officiels et de famille (Archives privées de la famille de
Ëstorff), au château de Veersen, prés Oldenstadt (Hanovre). — Archives
paroissiales de Ebstorf {id.).
C'est à rinitiative obligeante de M. le directeur général des Archives
de Hanovre que nous devons de connaître le pieux hommage — si pré-
cieux pour notre travail — rendu par le général de Estorff à la mémoire
de son ancêtre, le lieutenant-général de Farcy.
Nous ne citons pas, au nombre de nos sources, la France protestante :
les auteurs de cette importante publication n'ont presque rien connu de
la vie d'Amaury de Farcy : ils ont été si mal informés qu'ils l'ont fait
entrer au service du duc de Zell en 1686, rentrer en France d&ns les pre-
mières années du xviii* siècle et abjurer le protestantisme, le confon-
dant avec quelqu'un de ses parents. La même donnée erronée se retrouve
dans V Essai sur Vhistoite des Eglises réformées de Bretagne y de M. le
pasteur Vaurigaud.
— 227 —
Farcy *, originaire de Normandie, comptait, à la fin
du xvi* siècle, deux branches portant le nom terrien
de Paisnel : la cadette, la seule dont nous ayons à
nous occuper, avait pour chef Annibal, écuyer, sei-
gneur de Saint-Laurent, en dernier lieu procureur
fiscal et général des eaux et forêts du Comté de
Laval et zélé huguenot, comme la plupart des of-
ficiers de cette maison-. De son mariage avec
Guyonne de Launay naquirent onze enfants, parmi
lesquels cinq fils qui furent les auteurs dautant de
branches dont trois subsistent encore, celles de la
Villedubois, de Pontfarcy et de Cuillé : cette der-
nière n'est plus représentée que par les rameaux de
la Beauvais et du Roseray.
Celle de Saint-Laurent a eu pour chef François-
Annibal, écuyer, qui fut aussi seigneur du Rocher-
Portal et de Kerleau, D'abord chevau-léger dans la
compagnie du comte de Blain, puis gendarme, capi-
taine dans le régiment de la Trémoille, enfin de
1654 à 1685 gouverneur de la ville et du château de
Vitré ^, il fut aussi Tun des afféagistes associés pour
l'exploitation de la forêt et des forges de Brécilien
(Paimpont). Appartenant, comme son père, à la
1. Dans l'origine, ce nom patronymique, comme celui d'un certain
nombre d'autres familles incontestablement nobles, n'était pas précédé
de la particule qui a été généralement adoptée dans la seconde moitié du
XYU' siècle. Les Farcy l'avaient prise beaucoup plus tôt, et, sans sortir
de la brancbe de Saint- Laurent, nous voyons « Hannibal de Farcy, »
grand-pére d'Amaury, désigné ainsi, en 1612, dans les registres protes-
tants de Poligny. Il nous a paru plus régulier de donner la particule à
son petit-flls, comme la lui donnaient les notaires aux actes desquels il
comparaissait, quoiqu'elle ne figure pas toujours dans sa signature et
que les documents officiels allemands l'aient omise.
2. Généalogie, pp. 251-252. — Ânnibal de Farcy, décédé le 18 septem-
bre 1650, fut inhumé dans le cimetière des protestants de Vitré.
3. Une pièce de famille fait connaître que François de Farcy père a
remis entre les mains du duc de la Trémoille, le 30 août 1685, sa dé-
mission de la charge de gouverneur en faveur de son jeune fils.
— 228 -
religion réformée, il épousa au temple de Poligny,
près Laval, le 28 juin 1635, une de ses corréligion-
naires, Claude Uzille, à laquelle il survécut près de
trente ans et qui lui donna plusieurs filles et fils'.
L'aîné de ceux-ci, Jacques^ seigneur du Rocher,
conseiller au Parlement de Bretagne, n'eut qu'un
fils qui mourut sans héritiers mâles; le second,
Jean-Baptiste, seigneur de Saint-Laurent et de Ker-
lean, continua la postérité qui ne s'est éteinte qu'au
XIX* siècle^; le troisième fut Amaury, à qui nous al-
lons revenir; le dernier, François, ne laissa de deux
mariages que des filles.
I
S'il faut en croire la biographie allemande que
nous avons sous les yeux et qui a reproduit sans
doute une tradition de famille, Amaury de Farcy est
né à Vitré en 1652. Il n'y a pas été baptisé, du moins
les registres de l'église réformée de cette ville, ré-
gulièrement tenus jusqu'en 1685, ne contiennent au-
cun acte qui lui soit applicable. Il est possible que
son baptême n'ait pas été enregistré, ou, ce qui est
beaucoup plus probable, qu'il lui ait été administré
ailleurs. Quant à son prénom qui n'a été porté avant
lui par aucun membre de sa famille, nous inclinons
à penser qu'il lui a été donné par Amaury du Matz,
1. Généalogie, pp. 838 et suivantes. — Claude, l'une des filles, épousa,
par contrat du 6 novembre 1668. Olivier- François du Groesquer. Deux de
leurs fils eurent à se louer, dans une circonstance importante, de Tinter-
vention de leur oncle Amaury, ainsi qu'on le verra dans cette notice.
2. Le dernier représentant mâle de cette branche a été M. Amaury
Annibal de Farcy de Saint-Laurent, mort à Batavia en 1858 ou 1859. 11
ne laissait qu'une sœur, M"« de Gâcon, décédée à Pondichéry le 8 mai
1868.
Amaury de FARCY de SAINT-LAURENT
t-GÈ(jEral Hanovrcën
(1652-1729)
D'après le portrait original à l'huile, de grandeur oaturelle, couKrvé lu ehiteso de Vetrsen (Hanovrel,
— 229 —
vicomte de Terchant, dont le père avait été gouver-
neur de Vitré et qui fut inhumé en cette ville en
1661 *. Si ce parrain que nous lui supposons était
aussi fougueux protestant que son aïeul, le célèbre
huguenot, Jean du Matz de Montmartin, il a pu
exercer, à ce point de vue, une influence détermi-
nante sur son filleul qui, seul de ses frères, n'a pas
abjuré les doctrines de la Réforme.
Si nous n'avons pas la preuve authentique qu'il
ait vu le jour à Vitré, tout porte à croire qu'il y a
passé les années de son enfance et de sa première
adolescence, qu'il a grandi dans le vieux château
dont son père a eu le commandement officiel dès
1654. C'est de là qu'il est parti à l'âge de seize ans
pour commencer sa carrière militaire si mouve-
mentée. Attiré, par une vocation irrésistible, vers
la carrière des armes et ne voulant pas, comme
d'autres membres de sa famille, rentrer dans le gi-
ron de l'Eglise catholique, il se décida à s'expatrier
et à offrir ses services à un souverain protestant :
les petites Cours allemandes accueillaient volontiers
leurs corréligionnaires français.
En 1668, son père lui permit de s'embarquer pour
la Hollande et de se rendre à La Haye, où résidait
Guillaume do Nassau, prince d'Orange, futur stad-
thouder, futur roi d'Angleterre, âgé seulement de
dix-huit ans : il ne s'y arrêta pas longtemps*. Le
1. Paris-Jallobert, Eglise protestante de Vitré, 1890, in-8», p. 112.
2. La biographie allemande place ce premier départ en 1672, en se
fondant sur le pnipre récit d'Amaury de Farcy : nous n*avons pu accep-
ter cette affirmation en présence d'un document authentique qui fixe une
date plus ancienne. En efTet, au préambule de Tarrét de maintenue rendu
au profit de la famille de Farcy par la chambre de réformation de la
noblesse en Bretagne, le 19 octobre 1668. dan^ l'énumération des fils de
François de Farcy. seigneur de Saint-Laurent, et de Claude Uzille, on
trouve le futur lieutenant-général ainsi qualifié : « Amaury, écuyer,
page de Monseigneur le Iqndgrave de Hesse. » Il était donc en Allé-
— 230 —
prince de Tarente, fils du baron de Vitré, investi
Tannée précédente du commandement de la cava-
lerie hollandaise et du gouvernement de Bois-le-
Duc, n'était pas à même sans doute de l'employer
sous ses ordres*; il le servit tout de même utile-
ment, car ce fut certainement à sa recommandation
ou à celle de sa femme qu'Amaury dut d'être agréé,
en qualité do page de la Cour et de la Vénerie, par
leur neveu Guillaume VII, landgrave de Hesse-
Gassel, à qui succéda, en 1670, son frère Charles ^
Le protégé du prince et de la princesse de Tarente
quitta le service du landgrave en 1674 pour s'en-
rôler sous les drapeaux du duc de Brunswick-Zell,
chaudement recommandé par la maison d'Orange et
attiré par la faveur dont jouissaient à cette Cour les
gentilshommes français qui professaient le culte
réformé. Singulière histoire que celle de ce petit
souverain et de sa postérité ! Plus singulière encore
celle de la femme qu'il avait associée à sa vie et
qu'il associa plus tard à sa couronne !
magne en 1668. Faut-il admettre qu*après un premier séjour à Cassai, il
soit revenu passer quelque temps dans sa famille et qu'il n'ait sérieuse-
ment commencé son stage militaire qu'à son retour prés du landgrave,
en 1672? C'est possible assurément; mais cela n'enlève rien à la valeur
irrécusable de la mention inscrite dans l'arrêt de 1668.
1. Henri-Charles de la Trémoille, prince de Tarente et de Talmont, fils
d'Henri, duc de Thouars, pair de France, comte de Laval, baron de Vi-
tré, et de Marie de la Tour d'Auvergne, né en 1620, est mort à Thouars
le 14 septembre 1672. avant son père, et deux ans après avoir abjuré le
protestantisme. Il avait épousé, le 1" mai 1648, Amélie de Hesse-Cassel.
fille du landgrave Guillaume V, qui est restée protestante et s'est réfu-
giée, après la révocation de l'édit de Nantes, à Francfort-sur-le-Mein.
où elle est morte en 1693. C'est elle que M"« de Sévigné appelle dans ses
lettres « la bonne Tarente. » (Z^es La Trémoille pendant cinq siècles,
Nantes, 1890-1896. 5 vol. in-4», tom. IV, pp. viii et ix.)
2. Guillaume VII, fils du landgrave Guillaume VI et d'Edwige-Sophie
de Brandebourg, est mort à Paris le 21 novembre 1670, à l'âge de dix-
neuf ans. Il a eu pour successeur son frère Charles, de trois ans plus
jeune que lui qui a vécu jusqu'en 1730. {Art de vérifier les dates, iom. III,
pp. 877 et s.)
— 231 —
Georges - Guillaume de Brunswick- Lunebourg,
d'abord duc de Hanovre, puis, après la mort de son
frère aîné, duc de Zell (1665-1705), s'était trouvé à la
Cour du landgrave de Hesse, à la fin de 1663, avec
la princesse de Tarente, sœur de ce prince. Celle-
ci avait à sa suite une jeune fille très séduisante,
Eléonore Desmier d'Olbreuse, d'une famille de
gentilshommes protestants du Poitou, auparavant
demoiselle d'honneur de Marie de la Tour d'Auver-
gne, duchesse de la Trémoille, sa belle-mère'. Le
duc, alors âgé de quarante ans, ne put la voir sans
s'éprendre de ses charmes, lui fit agréer ses hom-
mages et obtint d'elle en novembre 1665, après deux
ans d'instances, qu'elle consentit à s'établir à Zell,
sous le titre de « Madame de Harbourg, » sur le
pied d'amie du souverain, liée à lui par une sorte
de « mariage de conscience » dont elle se contenta
provisoirement. En avril 1676, à l'occasion des pre-
mières fiançailles de leur fille, Sophie-Dorothée,
leur union fut proclamée officiellement : les priè-
res publiques associèrent dans les temples les
noms des deux époux. La duchesse de Zell ne fut
pas étrangère à la conclusion d'une .alliance avec
Louis XIV et favorisa de tout son pouvoir l'in-
fluence française. Beaucoup de ses compatriotes se
fixèrent à sa Cour et y eurent des emplois. On com-
prend qu'Amaury de Farcy y ait été attiré par l'es-
poir d'y faire son chemin, avant même que la « Ma-
dame du duc » — comme on appelait dans le peuple
Eléonore Desmier — eut conquis le titre de souve-
1. Vicomte Horric de Beaucaire, pp. 14. â(), 40, etc. — M"« d'Olbreuse
était née en Poitou le 3 janvier 1689 : elle est décédée duchesse douai-
rière de Zell le 5 février 1722. L'ouvrage de M. de Beaucaire, auquel
nous renvoyons nos lecteurs, est l'histoire aussi attachante que docu-
mentée de cette femme qui paya ses grandeurs par bien des tristesses.
— 232 —
raine : il comptait que la princesse de Tarente lui
continuerait sa puissante protection. Parmi les
Français qui l'avaient devancé ou qui Ty rejoigni-
rent, quelques-uns, dont plusieurs membres de la
famille de Farcy, ne restèrent pas à Zell et ren-
trèrent en France; Amaury, soit par ambition, soit
par attachement à son culte, soit peut-être, à un
certain moment, pour des raisons familiales que ses
lettres permettent de deviner, adopta définitivement
pour seconde patrie le duché de Zell et plus tard
rélectorat de Hanovre.
II
Admis d'abord comme picquenier dans les trou-
pes ducales, Amaury de Farcy arriva promptement
au grade d'enseigne dans le régiment de Linstow,
avec lequel il fît une campagne en Hongrie et de-
vint peu après lieutenant des dragons de la garde,
avec le titre de gentilhomme de la Cour — preuve
de la faveur dont il jouissait près de son nouveau
souverain. Seulement ses ressources étaient fort
minces, eu égard au milieu dans lequel il lui fallait
vivre, et il ne tarda pas à crier misère. Débiteur
d'un de ses compatriotes, M. de Mallortie *, d'une
somme de cent écus, il intéressa à sa situation son
cousin germain, F'rançois de Farcy, seigneur de
Cuillé, qui en avait jugé par lui-même et qui non
seulement lui offrit, à titre d'avance, de le libérer
de cotte dette, mais encore voulut bien jouer le rôle
d'intermédiaire près de son père. Ce n'est pas que
1. Gabriel de Mallortie, seigneur de Villars, en Normandie, chevalier
d'honneur et gentilhomme de la Cîour (Horric de Beaucaire, p. 82),
— 233 —
celui-ci se désintéressât de ce fils qui vivait si loin
de lui et de la Bretagne, car une lettre de son ne-
veu, Annibal de Farcy de la Daguerie, prouve bien
qu'il s'occupait d'Amaury : « Je vous ai aussi en-
« voyé par la dernière poste une lettre de M"* de
« Rosemont, qui, je m'imagine, vous rend compte de
« la commission pour votre Allemande » Mais cette
commission n'avait peut-être pas pour but de rem-
plir la bourse vide de « son Allemand. » Le père de
famille, qui vivait à Vitré, était-il à même d'appré-
cier les exigences de la position de son fils? En
tous cas, voici en quels termes celui-ci dépeignit sa
détresse à son cousin - :
De Cell (Zell). œ 2* avril 1676.
Monsieur,
Je vous ai écrit, il y a quelque temps, et dans ma dernière,
j'acceptais Toffre que vous avez eu la bonté de me faire, qui était
que vous vouliez avoir assez de charité pour vouloir faire payer
les cent écus à Monsieur de Mallortie. Je vous en prie, mon
cher cousin, et de ne me pas vouloir abandonner dans un peu
de misère où je suis, par les accidents qui me sont arrivés,
lesquels je vous ai déjà mandé dans mes précédentes; je vous
assure^ mon cher cousin, que ce m'est un grand chagrin de
me voir obligé d'être à charge à tous mes parents ; mais comme
vous resouvenez bien en quel état vous m'avez vu en Alsace, je
crois que vous ne trouverez pas mauvais que je me serve de
votre assistance, car il est assez impossible de pouvoir avoir
fait une assez grande fortune sans Tappui de mes parents. Ce
1. Lettre datée de Rennes, 15 février 1674 (Archives d^Ille-et- Vilaine,
fonds Farcy). — M"« de Rosemont, née Marie Dor, était la femme de
Jacques de Boucœur de Rosemont, représentant à Paris des intérêts du
duc de Zell (Horric de Beaucaire, pp. 80 et 81).
2. Cette lettre, comme toutes celles d'Amaury de Farcy, que nous re-
produirons, provient des archives d'Ilte-et- Vilaine (fonds Farcy).
— 234 —
n'est pas que je ne puisse d'ors en avant, pour peu que mon
père veuille me faire une petite pension par an, me mettre à
mon aise, car je suis lieutenant des gardes dragons et gentil-
homme de la Cour de mon maître. Mais comme cette dernière
charge ne rapporte rien que de l'honneur, la première ne peut
pas suffire à toutes les deux, c'est pourquoi, pour peu que mon
père veuille me donner par an, je crois que je fournirai aussi
bien à la dépense qu'il me faut faire que aucun gentilhomme
de notre Cour... Knfin, n'étant pas en état de vous écrire des
nouvelles, j'attends avec impatience la paix afin d'avoir le bon-
heur de vous entretenir de bouche et vous remercier de toutes
les bontés que vous avez pour moi. Je vous prie de faire mes
baise-mains à mon oncle et à ma tante et à tous mes cousins
et cousines et les assurer que je leur suis comme k vous, mon
cher cousin, votre très humble serviteur,
Saint-Lauhknt.
La réponse de M. de Cuillé l'encouragea à lui
écrire avec plus de confiance. La lettre suivante
donne sur sa situation d'intéressants détails : elle
le montre toujours aigri contre les siens et par
suite de plus en plus attaché au service du duc de
Zell :
Mon cher cousin, j'ai reçu [votre lettre] du 22® avril par la-
quelle vous me mandez que vous voulez bien payer la somme
à Monsieur de Mallortie; je suis au désespoir d'être obligé d'en
user si librement, mais la nécessité fait bien faire des choses.
Toutes les fois que je vous ai écrit, il y avait toujours une
lettre pour mon père : je souhaiterais pouvoir avoir une ré-
ponse à quelqu'une, à cette fin de savoir ses intentions. Je ne
doute pas qu'il ne trouve étrange que dans toutes mes lettres,
je implore son assistance : il est vrai que deux charges que j'ai
font du bruit ; mais comme j'ai déjà dit, l'une ne rapporte que
de l'honneur et la table à Cour et l'autre, le revenu n'est pas
assez suffisant pour pouvoir fournir à la dépense qu'il faut que
— 235 —
je fasse pour toutes les deux. C'est pourquoi je désirerais savoir
si mon père est intentionné pour moi, qui est de m'aider dans
un temps où il semble que la fortune m'en veut ou s'il souhaite
que je borne mon ambition dès à présent. Il pourra s'imaginer
peut-être que ayant été longtemps dans TAUemagne où toutes
les débauches sont en vogue que j'emploie ce qu'il m'envoie
plustôt à ces vices qu'à mon avancement, mais comme vous
avez quantité de connaissances ici, je vous prie de vous infor-
mer de ma vie à celte fin de lui mieux faire voir la vérité. Outre
tous les Français que vous avez vus à notre Cour, nous avons
fait une recrue de Monsieur de la Chevalerie qui a quitté la
Cour de Hanovre et est venu offrir ses services à celle de mon
maître : on ne sait encore quel emploi il aura. J'ai une lettre
de mon frère le chevalier dont j'ai été étonné, car, avec la
croyance que j'avais que ni frère ni sœur ne songeait plus à
moi, ma surprise a été grande en voyant ce titre de chevalier,
car je m'étais toujours réservé ce refuge que si le bonheur ne
m'en voulait pas en Allemagne, je m'en retournerais en France
et ayant un frère abbé, je espérais par son moyen qu'il me pro-
curerait quelque cure ^ II m'a mandé que mon père était in-
tentionné pour faire le partage au premier jour à tous ses en-
fants : je espère que mon oncle fera de mon côté comme un se-
cond père, c'est pourquoi je n'y songe pas, car mon but est de
1. Les correspondances du fonds Farcy aux Archives d'IIle-et- Vilaine
nous permettent de comprendre la plaisanterie un peu lourde d'Âmaury.
François, son plus jeune frère, avait été destiné à l'état ecclésiastique et
sans doute tonsuré, d'où le titre d'abbé. Mais à Paris, où il faisait des
études, au contact des tentations qu'on devine, la vocation disparut — s'il
l'avait jamais eue — et il devint militaire et financier. Une lettre de
M"« de Kerménénan à M. de Farcy père (Paris, 8 juin 1673) nous pré-
pare à cette transformation : en voici quelques passages : « Emmenez-
« vous votre abbé au Râtelier?... Ne le remettez pas dans l'état ecclésias-
« tique s'il ne le souhaite et s'il ne veut bien faire, car il n'en faut plus
« sortir s'il y rentre. Il serait honteux de paraître si inconstant, mais il
« faut une réforme toute entière à cette fois ou n'y revenir pas. Dites-le
« lui bien et je le lui dirai bien aussi; je Taimerais mieux bon soldat
« qu'un méchant ecclésiastiqua... 11 a mille bonnes qualités et il est un
« des plus aimables fripons du monde : je l'aime comme mon enfant. Il
« semble à sa pauvre mère... et à vous aussi, et je crois qu'à son âge
« vous n'étiez pas plus saint que lui. » L'abbé entra dans l'armée et s'ap-
pela « le chevalier de Saint-Laurent. »
- 236 —
faire en sorte que mes parents m'aident à présent de ramasser
en Allemagne de quoi me passer de ce que je pourrai avoir en
France. Vous saurez que Madame de Harbourg est duchesse,
ce qui a bien réjoui les Français de cette Cour, car c'est une
princesse la plus obligeante du monde*. J aurais fait réponse à
ma sœur dans cette poste, mais il faut que je monte à cheval,
car Son Altesse veut voir notre compagnie ensemble, c'est
pourquoi ce sera pour une autre fois. Faites-lui mes baise-
mains, comme à toute votre maison et les assurez que je leur
suis comme à vous,
Saint-Laurent.
Zell 15- mai (1676).
Je vous prie encore une fois de me faire avoir une résolution
à mon père : je l'attends avec impatience. Si vous écrivez à
mon frère le chevalier, faites-lui mes baise-mains et lui man-
dez de me donner une meilleure adresse si il veut que je lui
écrive.
Les documents nous manquent pour suivre le
lieutenant des dragons de la garde jusqu'en 168i ;
ses lettres nous font défaut : elles auraient fourni
sans doute de curieux détails sur sa vie et sur la
Cour de Zell. Il est probable qu'il a, dans cet inter-
valle, continué à se plaindre de Texiguitc de ses res-
sources et du peu de secours qu'il trouvait dans sa
famille. Son père, veuf depuis plusieurs années,
avait pris en 1676 un grand parti : il s'était décidé à
signer le 26 août deux actes importants. Par l'un, il
se démit, au profit de ses enfants, de tous ses biens
personnels et de ceux de sa communauté restée in-
1. La publication officielle dans les églises du duché du mariage du
duc Georges-Guillaume et d'EIéonore Desmier d'Olbreuse a été faite le
24 avril 1676. A la même époque, l'envoyé de l'empereur d'Allemagne à
Zell salua du titre d'Altesse la nouvelle duchesse de Brunzwick, dont
l'élévation était ainsi reconnue par le chef de l'Empire germanique. (Hor-
ric de Beaucaire, p. 64.)
— 237 —
divise; mais en annonçant qu'il allait, par un autre
acte, en faire le partage entre eux, il stipula expres-
sément, comme condition sine qua non, qu'il reste-
rait saisi des parts qui écherraient à trois de ses
héritiers, parmi lesquels Amaury, sans être obligé
de leur rendre aucun compte, ni de leur rapporter
aucunes levées, « pa7'ce qu'il les nourrira et entre-
« tiendra à l'avenir, comme il Ta fait au passé, selon
« leur condition. » Le père se réservait de les met-
tre, quand il le jugerait bon, en possession des lots
que le partage du même jour leur attribuerait.
Amaury n'était pas présent à cet acte : ses deux
frères aînés souscrivirent en son nom à la démission
de biens et son père accepta pour lui le partage
qu'il devait ratifier quand il aurait vingt-cinq ans*.
Il ne semble pas que cette ratification ait été don-
née, car nous apprenons par d'autres documents
postérieurs qu'en i681 les enfants de François- An-
nibal de Farcy obtinrent contre lui, le 26 mars, une
sentence de la juridiction de Guémené relativement
au partage de la succession de leur mère et que
cette instance suivait son cours.
En attendant le règlement de ces affaires si com-
pliquées qui se traitaient si loin de lui, Amaury se
trouva dans une passe difficile : ce fut encore à son
cousin de Cuillé qu'il fit appel pour le sauver du
naufrage qui le menaçait : il lui écrivit ce qui suit :
Mon cher cousin, la situation où je me vois sans votre assis-
lance me fait vous importuner et me fera le faire jusqu'à ce
que vous m'ayez tiré de cette malheureuse dette. 11 faut, quand
il en devrait coûter tout ce que je peux espérer de bien que
1. Bretin et André, notaires royaux à Rennes (Archives cCIlle-et-
Vilaine, minutes Bretin, 1676).
— 238 —
vous me fassiez le plaisir de trouver cette somme à emprunter :
je n'ai plus que six semaines à attendre : au nom de Dieu ! ne
perdez point de temps car je ne saurais assez vous exprimer
tous les chagrins que je recevrai, si je ne paye dans ce terme.
Je vous en ai mandé quelqu'uns dans mes précédentes, je crois
que cela suffira pour vous faire mettre tout en usage pour m'em*
pècher de recevoir cet affront de me voir retenir mes gages,
qui est cependant un des moindres. J'attends votre réponse
avec impatience : je vois fort bien que vous êtes vous-même
embarrassé, mais ce n'est rien approchant de moi, car je vous
proteste que si je n'estais sûr que vous ne me laisserez pas
dans cette conjecture, je crois que je me retirerais avant le
temps, afin de n'être pas témoin des avanies qui vont tomber
sur moi. Enfin, il faut que vous soyez mon libérateur : n y
manquez donc pas, mon cher cousin, et me croyez à vous de
tout mon cœur,
Saint-Laurent.
Je ne vous envoie pas encore le passeport pour Chariot,
puisqu'il sera assez temps quand vous aurez déterminé le jour
de son départ ^ Mes baise-mains à votre famille.
A Zell. ce 18* décembre 1681.
M. de Cuillé fut encore, on peut presque l'affirmer,
la providence de son cousin pour le délivrer de son
grave souci. Restait la question toujours pendante
de ses intérêts successoraux : Amaury se décida à se
1. Nous devons croire, sans avoir sur ce point de renseignements pré-
cis, que « Chariot » était le fils aîné de M. de Cuillé, marié en 1670 à
Madeleine-Elisabeth de Guillon. On destinait ce petit garçon, âgé de 10 à
11 ans. à être élevé dans une école de pages à Zell, sous la surveillance
et la protection de son parent. D'ailleurs, ce projet ne fut paff réalisé :
l'enfant mourut avant d'être parti. Voici quelques lignes d'Amaury à
cette occasion dans une lettre à son cousin du 15 février 1683 : « Je vous
« répète par celle-cy le déplaisir que je resens de la mort du pauvre
« (Chariot, car outre l'amitié que j'avais pour lui. c'est que je le regar-
« dais comme une personne qui vous aurait pu assurer des marques
« d'obligations que je lui aurais témoigné vous avoir, par le petit ser-
« vice que je lui aurais rendu ici. »
— 239 —
rendre en Bretagne et à intervenir de sa personne
près de ses cohéritiers. Au cours de Tannée suivante,
profitant d'une période pacifique et d'un congé de
son souverain, il se mit en route. Nous ne savons
que peu de chose de ce voyage qui n'était pas une
pelite affaire, matériellement parlant, et qui le mit
en présence de tous les siens. Ses lettres posté-
rieures nous feront connaître que les pourparlers
d'intérêt pécuniaire n'aboutirent pas à une entente
définitive et que chacun se maintint sur le pied de
guerre.
Il réussit cependant à écarter un de ses adver-
saires en lui achetant sa part ; un acte du 4 juillet
1682 constate cette cession qui lui fut consentie par
Tex-abbé, son jeune frère'. Après avoir goûté les
plaisirs d'une cordiale réception chez son oncle de
Cuillé, il vint à Paris avec son cousin qui pourvut
largement à tous ses besoins d'argent. Tous deux
prirent ensemble un engagement solidaire vis-à-vis
d'un sieur Limousin, tailleur et fournisseur habituel
d'Amaury, qui avait probablement une belle clien-
tèles.
1. Bertelot et Bretin, notaires royaux à Rennes {Archiv. dll.-et-ViL,
Minutes Bertelot. 1682). — L'acte est passé entre « messire François de
c Farcy, seigneur de Querleau, demeurant aux forges de Brécilien, pa-
« roisse de Penpont, èvesché de Saint-Malo, et messire Amaury de Farcy,
« seigneur de S^ Lorans, lieutenant des gardes de Son Altesse sérénis-
« si me monseign' le duc de Bronzvic et Lunebourg, demeurant à Zèle
a pais de Bronzvic en Allemagne, de présent à Rennes, logé en la maison
a où est pour enseigne Tescu de France, près la rue de la Basse-Bau-
« drairie, paroisse de Saint-Germain, d'une et d'autre part. » Il est signé :
Kerleau farsy, Amaury farsy.
% Nous sommes mis au fait du concours financier de M. de Cuillé par
une reconnaissance datée à Paris du 21 septembre 1682, qui fait partie
de la correspondance d'Amaury. Ce document, qui n'est pas sans intérêt,
est ainsi conçu : c Je reconnais que mon cousin de Cuillé m'a donné à
« plusieurs fois, depuis notre départ de Cuillé, la somme de dix-huit
« cent livres et avait payé à mon acquit à M' de Bouqueur la somme de
« trois cents livres : ii a de plus payé à Limousin deux cent quatre vingt
a onze livres, toutes lesquelles sommes que mon cousin m'a données ou
240
II
Son retour à Zell fut peut-être hâté par Tannonce
d'une nouvelle sensationnelle, le mariage de Sophie-
Dorothée, fille unique du duc et de la duchesse. Ce
grand événement, qui devait avoir tant de consé-
quences inattendues, était fait en apparence pour
réjouir tous ceux qu'attachaient à cette Cour la re-
connaissance et l'ambition. En tout cas, le lieute-
nant des gardes avait le devoir d'être à son poste
au moment où se décidaient les destinées de la jeune
princesse.
Celle-ci, riche héritière, fiancée à l'âge de dix ans,
le 2 avril 1676, au prince Auguste-Frédéric de
Wolfenbuttel, mais, devenue libre quelques mois
après, par la mort de son futur mari, épousait, à
l'âge de seize ans, la fille du duc de Hanovre qui
devint grand Electeur. Il va sans dire qu'on n'avait
pas eu souci de ses inclinations : après de labo-
rieuses négociations, on la mariait, sans la consul-
ter, à son cousin germain, Georges Louis de Bruns-
wick, aîné de six enfants. Ce n'est pas que son oncle
et sa tante eussent pour leur nièce la moindre sym-
pathie : ils ne lui pardonnaient pas d'être la fille
0 qu'il a payées à mon acquit se monte à la somme de deux mille
A trois cent quatre vingt onze livres que je promets lui payer ou à son
« ordre à sa volonté. Je reconnais de plus que dans l'obligation solidaire
« de la somme de mille trente et six livres que nous avons ce jourd'hui
A consentie à M' Limousin, tailleur, ladite somme payable dans un an,
« il n'y a pour mondit cousin que la somme de trois cent quinze livres,
« le reste qui se monte à sept cent. vingt et une livres est pour habits et
A marchandises que ledit Limousin m'a fournies tant de ce voyage que
t du précédent dont je promets toute indemnité à mondit cousin, et ce
« sans préjudice de nos autres affaires. Fait à Paris ce 21"* 7br« 16S2.
n Saint-Laurent. » Alors, comme aujourd'hui, la note du tailleur tenait
une grande place dans le passif des jeunes gens.
— 241 —
d'Eléonore Desmier d'Olbreuse ; mais ils faisaient
taire leur orgueil princier pour assurer à leur
héritier présomptif une dot considérable et la future
succession de Zell. La jeune femme allait quitter
un père et une mère qui Tadoraient pour entrer
dans une Cour où Tattendaient la froideur et la
malveillance. Malgré les documents contraires, il
semble bien certain que la duchesse de Zell n'avait
cédé qu'avec répugnance aux considérations politi-
ques et de famille qui étaient la raison détermi-
nantes de cette union : son instinct maternel lui
disait que sa fille serait malheureuse : il ne la
trompait pas, car elle le fut au-delà de toutes les
prévisions ^
1. Nous avons résumé dans ce peu de lignes les détails pleins d'inté-
rêt, puisés aux sources les plus sûres, que Ton trouvera dans l'ouvrage
de M. Horric de Beaucaire (pp. lit et s.) sur les préliminaires de ce
mariage. Ceux qu'il a donnés sur les destinées de l'infortunée prin-
cesse ne sont pas moins intéreflsants : nous y renvoyons nos lecteurs
en nous bornant à rappeler les principaux faits de cette triste histoire,
désormais bien connue.
Le mariage fut célébré le 2 décembre 1G82; il fut pour la jeune mariée
une source de déboires, car elle ne put ni amener sa belle-mére, femme
altiére et intrigante, à des sentiments affectueux, ni s'assurer le cœur de
son mari. Ce dernier, d*un caractère bizarre et renfermé, d'une froideur
glaciale, était en môme temps de mœurs dissolues qu'après la naissance
de ses deux enfants il ne prit plus la peine de dissimuler. D'ailleurs,
comme sa mère et pour la môme cause, il méprisait sa femme. La prin-
cesse ne sut pas taire ses dégoûts au spectacle de désordres qui l'outra-
geaient, et la situation devint intolérable : il fut question d'une sépara-
tion à laquelle le duc de Zell refusa de se prêter. Â la môme époque, le
prince s'aperçut ou fut averti de visites fréquentes que Sophie-Dorothée
recevait, môme fort avant dans la soirée, d'un brillant colonel, le comte
Philippe de Kœnigsmarck : dans la nuit du 1*' au 2 juillet 1694. ce der-
nier disparut, tué probablement dans un des corridors du château de
Hanovre, et la princesse fut arrêtée. Un tribunal ecclésiastique prononça
contre elle, le 30 décembre suivant, la séparation de corps, avec défense
de se remarier, fondée, non sur des actes d 'inconduite qu'on ne put éta-
blir, mais sur l'injure résultant de la tentative qu'elle avait faite de
quitter son mari. Enfermée au château d'Ahlden, elle n'en sortit plus et
y mourut le 13 novembre 1726.
De son mariage étaient issus deux enfants, un fils. Georges- Auguste,
né le 30 octobre 1683, qui succéda à son père, en 1727, sur le trône de
la Grande-Bretagne, sous le nom de Georges II, et une ÛUe, Sophie-Do-
xxxiii 22
— 242 —
L'événement était officiellement annoncé : de
grandes fêtes devaient le solemniser. Amaury de
Farcy, tout préoccupé qu'il fût de ses intérêts, ne
manqua certainement pas de parler à son cousin
du mariage princier. Voici ce qu'il lui écrivit quelque
temps après son retour en Allemagne :
A Zell, C6 23 9W« 1682.
Mon cher cousin, vous recommencez votre ancienne manière,
en étant paresseux à faire savoir de vos nouvelles. Je vous
croyais plus homme de parole, car vous m'avez promis de ré-
parer votre paresse passée. Pour nous... notre Cour est de re-
tour et les noces de notre princesse se feront en huit jours.
L'on parle beaucoup de guerre : cependant Ton ne saura rien
de certain devant la fin de ce mois. Il paraît que nous sommes
assez bons françois. Je voudrais bien que vous me puissiez ap-
prendre de bonnes nouvelles des lieux où vous êtes. Je n'ai pas
reçu la moindre lettre de toute notre famille : il faut qu'ils
soient fâchés contre moi ; je tâcherai de m'en consoler, pourvu
que mon père ne soit pas de la partie : je vous prie de lui faire
tenir cette lettre... Lorsque nous aurons eu toutes les réjouis-
sances que Ton prépare pour les noces, je vous en ferai part : ce
sera pour la quinzaine. J'oubliais devons demander des câpres
de genêt qui sont à Cuillé : si elles ne sont point gâtées, vous
m'obligerez de les faire mettre dans un baril bien propre et de
les assaisonner le mieux que vous pourrez afin quelles se con-
servent, et même s'il était possible d'y joindre du meilleur
beurre de Rennes, si Ton en a de bon à présent : car je suis
fort sollicité d'en faire venir pour le confronter avec celui de
Hollande : il faudrait le mettre dans des pots de terre et les
bien emballer de peur qu'ils ne se cassent. Si vous n'en trou-
vez pas d'assez délicat, n'en envoyez point. En cas que vous en
rothée, née le 16 mars 1687. mariée en 1706 au prince royal de Prusse et
mère du grand Frédéric. Le roi Edouard VII et l'empereur Guillaume II
descendent l'un et l'autre de la malheureuse fille d'Eléonore Desmier
d'Olbreuse.
— 243 —
fassiez partir, il en faut une trentaine de livres pour en donner
à tout le monde. L'adresse est à Rouen, à M. Henry Amene-
soing (sic), banquier... pour faire tenir à M. de S^ iquinelle
(sic) à Zell, et écrire un mot a ce banquier de Rouen. Adieu,
mon cher cousin, ayez toujours un peu d'amitié pour votre ser-
viteur ;
S^L.
Le récit du mariage princier, qui eût été un
curieux document, n'est pas venu jusqu'à nous :
nous ne savons pas davantage si les câpres de
Cuillé et le beurre de Rennes ont fait le voyage
jusqu'à Zell : il eût été intéressant de savoir notam-
ment si le produit breton avait soutenu honorable-
ment la comparaison avec le produit similaire de
Hollande, La lettre suivante n'en dit rien : elle ap-
prit à M. de Cuillé une grave maladie qui semble
avoir mis en danger les jours de son cousin :
A ZeU, le 22 mars 168S.
Mon cher cousin, ne croiez pas que ce soit la paresse qui
m'ait fait être si longtemps sans vous apprendre de mes nou-
velles. Il y a un mois que je tombai malade d'une pleurésie si
forte que tous les médecins m'ont abandonné et je vous assure
que je croyais bien faire le voyage, mais le bon Dieu ne Ta pas
encore voulu et je commence à me remettre. Vous ne sauriez
croire les honnêtetés que jai reçu de tout le monde dans ma
maladie, particulièrement de Leurs Altesses qui envoyaient à
tout moment prendre de mes nouvelles. Nous sommes ici dans
le plus grand silence du monde, encore que ce ne soit en tout
autre lieu que bruits de guerre. L'on n'a pas laissé que de faire
ici de nouveaux corps de troupe : les officiers ne sont pas encore
nommés, c'est pourquoi je ne saurais pas encore vous mander
quelque nouvelle de mon avancement. Mon cher cousin, j'ay
peur que l'on ne vous ait manqué de parole touchant mon af-
— 244 —
faire. Je vous assure que ce me serait un grand coup de foudre;
enfin vous êtes mon unique ressource et de vous dépend mon
bonheur ou mon malheur, et je ne doute pas que vous ne fassiez
de votre mieux, sachant servir une personne qui vous en té-
moignera une obligation sans pareille... Saint-Laurbnt.
Enfin, quelques mois après, il put annoncer à
son cousin qu'il avait fait un pas de plus dans la
hiérarchie militaire. Voici ce qu'il lui manda, au
milieu d'une lettre en partie consacrée à ses débats
d'intérêts avec ses frères et sœurs, à qui il suppose
à son égard des sentiments haineux :
... Il faut que je vous apprenne le changement qu'il y a en
ma fortune. S. A. mon maître m'a honoré de la charge de ca-
pitaine de sa compagnie où je suis. C'est une grande grâce,
mais non pas encore contentement, car mon capitaine en est le
colonel, ainsi je ne serai au comble de joie que lorsqu'il quit-
tera, ce qui se fera dès lorsqu'il y aura un régiment vacant, ce
que j'espère qui se fera bientôt ; en attendant, je suis toujours
nanti, pour que, lorsqu'il quittera, personne n'ait à y prétendre :
je ne doute pas que cette nouvelle ne vous réjouisse et
toute votre famille, puisque je ne doute pas que vous ne preniez
part à mon avancement. Pour la guerre, nous ne savons si
nous l'aurons ou non : toutes les troupes ont un ordre de se
tenir prêtes et tous les officiers de se mettre en équipage :
ainsi nous attendons de moment en moment l'ordre pour mar-
cher *...
Il se demanda Tannée suivante s'il ne serait pas
obligé de faire un nouveau voyage en Bretagne pour
terminer enfin l'interminable partage et amener ses
cohéritiers à accepter le chiffre auquel il évaluait
sa part successorale^. Mais il ne partit pas, soit
1. Zell. 18 juin (1683).
2. Lettre sans date qui paraît être de 1684.
— 245 —
qu'il jugeât sa présence inutile pour hâter la solu-
tion désirée, soit quMl fût retenu par ses devoirs
militaires. Un an plus tard, la révocation de Tédit
de Nantes et surtout la répercussion qu'elle eut
ensuite sur les relations de l^ouis XIV et de ses
alliés protestants en Allemagne lui fermèrent pour
longtemps les portes de la France.
Ce grand événement souleva de Tautre côté du
Rhin et dans tous les pays où dominait la Réforme
une émotion profonde, entretenue par Timmigration
des réfugiés français. La Cour de Zell la ressentit
d'autant plus vivement que la duchesse Eléonore
était frappée dans la personne de plusieurs de ses
parents, ardents réformés, et que l'agent de Geor-
ges-Guillaume à Paris ne put échapper non plus à
la proscription et à la confiscation. Le duc sollicita
en vain pour eux un adoucissement à la mesure
générale : le refus qu'il éprouva amena la rupture
en janvier 1689. Les troupes de Brunswick-Lune-
bourg s'unirent à celles de la coalition que Guil-
laume-d'Orange, devenu roi d'Angleterre, comman-
dait en chef. Amaury de Farcy se trouva du coup
lié pour toujours au service du duc de Zell et de
ses successeurs; il n'en conserva pas moins ses
rapports avec ses proches parents que l'édit tou-
chait peu, puisque presque tous étaient depuis long-
temps catholiques : d'autres s'empressèrent d'ab-
jurer et, dans les diverses branches de sa famille,
il n'y eut guère à se réfugier à l'étranger que des
femmes, parmi lesquelles une de ses sœurs, mariée
en Normandie, et sa cousine. M"' de Cuillé-. Mal-
1. Horric de Beaucaire, pp. 97 et 98.
2. C'étaient Françoise de Farcy, comtesse de Fontaines, et Madeleine*
Elisabeth de Guilion, femme de François de Farcy, seigneur de Guiilé,
— 246 —
heureusement, sa correspondance nous manque à
partir de 1684 : elle nous aurait édifiés sur ses sen-
timents, sur l'état des esprits autour de lui, sur les
péripéties de sa carrière; nous connaîtrions par lui
quelques incidents de. la longue guerre, déjà com-
mencée, qui ne prit fin qu'en 1697. Nos autres do-
cuments, si précieux d'ailleurs, eussent été bien
utilement éclairés par ses lettres.
Capitaine des dragons de la garde, il se plaignait
de n'être pas encore le maitre de sa compagnie :
« J'ai toujours un colonel devant moi, écrivait-il à
if M. de Cuillé dans cette dernière lettre de 1684;
« mais je me console en attendant mieux et je n'ai
« point raison de me plaindre, car mon poste est
« fort joli. » Soit que sa patience fût mise à une
trop longue épreuve, soit qu'il appréciât qu'un poste
plus actif, en servant mieux ses intérêts de carrière,
lui permettrait en même temps de réduire ses dé-
penses, il permuta avec le capitaine de Buccow, que
Georges-Guillaume honorait d'une amitié particu-
lière. Incorporé avec son grade [Rittmeister) dans
le régiment de cavalerie du lieutenant-général de
Chauvet, il fut vu à l'œuvre par cet appréciateur
compétent qui le poussa. Amaury franchit en quel-
ques années plusieurs échelons : nommé major le
29 décembre 1687, lieutenant-colonel en 1691, colo-
nel le 1" août 1693, il eut dans ce dernier grade le
commandement effectif du régiment de cavalerie de
Boisdavid — ancien 3* régiment de cavalerie de
Hanovre — dont le chef titulaire, général d'artille-
rie, était employé ailleurs. A partir de 1693, il ne
cessa plus de le commander et en fît une troupe
le cousin si obligeant d'Amaury : cette dernière se fixa à Delft (Hol-
lande) et y mourut en 1731.
— 247 —
modèle a laquelle il s'attacha tellement qu'il refusa
tous les autres régiments qui lui furent offerts par
la suite. La faveur du duc ne s'arrêta pas là : élevé
le 1" janvier 1702 au grade de brigadier, il reçut le
l'' mars 1705 celui de général-major, équivalent à
maréchal de camp *. Quelques mois après, Georges-
Guillaume mourait (28 août 1705); son décès n'ar-
rêta pas la carrière d'Amaury. Devenu le sujet de
Georges-Louis, électeur de Hanovre, qui joignit à
ses états ceux de son beau-père, il ne fut pas moins
estimé par son nouveau souverain.
Nou« sommes loin du temps où le lieutenant des
dragons de la garde de Zell exhalait ses plaintes et
faisait part à son cousin de ses désirs impatients
d'avancement. Vingt-neuf années d'efforts et de
vaillants services, ainsi que la bienveillance de ses
chefs, l'avaient porté d'un grade subalterne à celui
d'ofïicier général : ses affaires de France n'avaient
pas marché du même pas. Elles lui causèrent trop
de souci pour que nous les passions sous silence :
nous résumerons donc rapidement ce que nous en
savons : aussi bien est-ce un trait caractéristique
des mœurs d'autrefois que ces conflits d'intérêts
s'éternisant entre proches parents, que cette lenteur
à faire aboutir les comptes, les partages et tout ce
qui pouvait donner prétexte à un litige. Nos pères
en souffraient cruellement, mais ils subissaient avec
plus ou moins de résignation ce qu'ils regardaient
comme un mal inévitable.
1. Les détails que nous donnerons désormais seront presque tous, sauf
ceux qui concernent les affaires de famille, empruntés à la biographie
allemande à laquelle nous devons déjà d'utiles renseignements : les
dates de promotion nous ont été fournies par les extraits que M. de Estorff
a bien voulu faire pour nous des brevets et commissions d'Amaury
de Farcy, dont il possède les originaux dans les archives de son château
de Veersen.
— 248 —
En 1695, à l'époque où nous amènent nos docu-
ments, M. de Farcy père était mort depuis huit ans;
sa succession bénéficiaire se débattait péniblement
contre les réclamations de ses créanciers, parmi les-
quels les héritiers de deux de ses frères. Le colonel
de Saint-Laurent attendait toujours son partage, et
son cousin de Cuillé, Tun des créanciers opposants,
plaidait en outre contre lui au sujet de leurs comptes
particuliers. De part et d'autres cependant, on ne
demandait qu'à s'entendre : pour concourir à une
solution amiable, Amaury, qui ne pouvait se rendre
en Bretagne, chargea de ses pouvoirs son beau-
frère, Olivier-François de Groesquer. Le 17 mars
1695, il se présenta devant le notaire public impé-
rial Mûhe, assisté de ses témoins, MM. Chappu-
zeau et de FréchapcUe*, réfugiés français, et signa
une procuration qui fut libellée en latin-. La tran-
saction qui intervint, à la suite d'un jugement arbi-
tral, se résuma en une cession de parts dans la
propriété des forges et de la forêt de Brécilien ; la
dette de la succession se trouva éteinte et la créance
personnelle de M. de Cuillé réduite de moitié; il fut
stipulé que le partage final de la succession mater-
nelle serait terminé dans un an 3.
Quatre ans après, il n était même pas commencé :
les mêmes parties plaidaient sur l'exécution de la
transaction, et M. de Cuillé, à la veille de mourir,
1. Christophe Chappazeau, fils de Samuel, écrivain aussi fécond que
médiocre, qui avait été précepteur de Guillaume d'Orange, était à cette
époque secrétaire particulier du duc de Zell : il mourut en 1732 (Horric
de Beaucaire. p. 104). — Nous n'avons pu recueillir aucun renseigne-
ment sur l'autre témoin.
2. (^e document est annexé à la transaction : il nous a paru digne
d'être repniduit à titre de curiosité. — V. Appendice, n« I.
3. Acte du 30 avril 1696 (Bertelot et Chassé, notaires royaux à Rennes).
— La convention a été ratifiée, au mois de novembre suivant, par Amaury
de Farcy, alors à Louvain. — V. Appendice, n" II.
— 249 —
avait de son côté obtenu contre son cousin, en 1697,
un arrêt de condamnation contre lequel celui-ci se
pourvoyait au Conseil du roi. On eut le bon sens
de recourir de nouveau à un arbitrage et à un ar-
rangement qui réunit tous les cousins, présents ou
représentés, devant le même notaire. Cette fois, le
colonel allemand voulut y prendre part en per-
sonne : la paix de Rysv^ick ayant rétabli les relations
entre l'Allemagne et la France, il vint à Rennes, et
le 4 avril 1699, apposa sa signature au pied de la
transaction qui résolut toutes les questions pen-
dantes, donnant aux héritiers de Farcy un nouveau
délai de deux ans pour opérer définitivement leur
partage*. A moins de conventions secrètes qui ne
sont pas venues jusqu'à nous, Amaury ne fut donc
pas encore en état de s'acquitter vis-à-vis de son
cousin et du tailleur de Paris. En tout cas, il eut la
satisfaction de revoir à Rennes une partie de sa
famille, encore nombreuse malgré les vides que la
mort y avait creusés : deux de ses frères et son
cousin de Cuillé étaient dans la tombe ^. Il fit ou
refit connaissance avec leurs enfants et visita cer-
tainement deux de ses nièces du Rocher à Tabbaye
de Saint-Georges, où la plus jeune allait faire sa
profession, le 4 mai suivant, à Tâge de 27 ans'.
Elles devaient attendre longtemps une nouvelle vi-
site de leur oncle.
Le temps de son congé expiré, il dit à ses parents
un adieu qui pouvait être éternel et rentra en Alle-
1. Minutes de Bertelot. notaire à Rennes, 1699 (Archives d'Ille-et-Vi-
laine).
2. Jacques, son frère aîné, est mort en 1690; François, le plus jeune,
vers 1695, et son cousin de Cuillé en 1696.
3. Registre des professions à l'abbaye royale de Saint-Georges (Greffe
du tribunal civil de Rennes).
— 250 -
magne pour y reprendre le commandement du ré-
giment de Boisdavid. Il ne se doutait pas que son
hoirie serait ouverte légalement un an plus tard et
que dans le partage si longtemps attendu, sa part
de l'héritage maternel accroîtrait celles de ses co-
héritiers. Ceux-ci, mis, par la déclaration du roi du
29 décembre 1699, en possession désormais inatta-
quable des biens d'Amaury, agirent comme ses suc-
cesseurs légitimes*. Le 5 février 1706, ils firent un
accord définitif dans lequel entra la liquidation mi-
nutieuse de ce qui était dû à « M" de S*-Laurent
d'Allemagne » et de ce qu'il devait lui-même : le
reliquat actif fut réparti entre les co- partageants et
le passif mis à leur charge dans les mêmes propor-
tions^. Le colonel allemand n'avait plus rien en
France, ni fortune ni dettes. Nous voulons croire,
malgré les apparences, que ses parents ne se sont
pas enrichis à son détriment et qu'à un moment
ou à un autre, ils lui ont tenu compte de sa part :
ce qui nous le fait supposer, c'est l'affection qu'il
conserva à sa famille et le désir qu'il eut plus tard
de la revoir. Maintenant revenons à 1705.
A ce moment, la guerre de la succession d'Es-
pagne réunissait contre Louis XIV et Philippe V
l'Angleterre, la Hollande, l'Autriche et la plus
grande partie de l'Empire germanique : les troupes
1. Aux termes de cette déclaration, les protestants français qui vi-
vaient à rétran(;;er étaient mis en demeure de rentrer en France dans le
délai de six mois et d'y professer la reli(<ion catholique : passé ce
délai, leurs biens restaient définitivement acquis à leurs plus proches
parents, à charge par ceux-ci, sous peine d'en être eux-mêmes dé-
pouillés, de ne leur faire passer « aucune partie dos fonds, ni même des
revenus desdits biens. » (Art. 8.>
2. Minutes de Le Barbier, notaire à Rennes. 1706 (Arch. d'Ille et-Vil.).
— D'après cet acte, le reliquat net n'atteignait pas 2U,UU0 livres : en
effet, l'actif fut fixé à 78.700 livres et le passif (y compris le compte enfin
réjçlé en 1701 du tailleur Limousin. V»^ liv.) à 58,ÎJ00 liv.
— 251 —
du duc de Zell stationnaient alors dans les Pays-
Bas avec celtes de ses alliés. L'Electeur de Hanovre
les plaça sous le commandement du lieutenant-
général Cuno-Josuah de Bulow et dès le 24 sep-
tembre 1705, il enjoignit au général de Saint-Lau-
rent d'aller avec ses officiers se mettre sous les
ordres de ce chef*. A la fin de cette même année, il
lui manifesta plus particulièrement sa bienveillance
en lui faisant don du régiment de Boisdavid, que la
mort du titulaire rendait disponible.
On sait que la France, dans cette période néfaste,
paya ses anciens triomphes par une série de dé-
faites : Amaury de Parcy se distingua dans cette
guerre par son courage et sa résolution. Le 23 mai
1706, les alliés lui durent la victoire de Ramillies : le
duc de Malborough, après avoir donné le change, par
quelques fausses attaques, à l'armée française que
commandait Villeroy, lança tout à coup contre son
aile droite quatorze ou quinze escadrons de Tavant-
garde. Amaury de Farcy, qui était sur les lieux le
plus ancien des généraux hanovriens, dirigea cette
charge avec tant de vigueur quMl culbuta la cavale-
rie adverse et la sépara de l'infanterie, qui, n'étant
plus soutenue, ne put résister à une violente canon-
nade et à la poussée d'une masse d'infanterie : Ra-
millies fut emporté. La retraite, commencée en bon
ordre, devint une débandade : la panique s'empara
de deux corps de cavalerie, l'un espagnol et l'autre
bavarois, et la journée se termina de notre côté par
un désastre. Le général de Saint-Laurent put alors
faire partir pour Hanovre son aide de camp Stiffer
pour porter à l'Electeur la première nouvelle de cet
1. Archives de Veersen.
— 252 —
éclatant succès. Son souverain, à qui d'ailleurs Mal-
borough le signala particulièrement comme ayant
grandement contribué au gain de la bataille, lui
adressa une lettre de remerciements*.
lie jour de la sanglante journée de Malplaquet
(20 octobre 1709), le généralissime anglais le chargea
spécialement de diriger trente escadrons placés
sous le commandement du prince d'Auvergne, très
brave, mais encore peu expérimenté, avec cette re-
marque que lui, le général de Saint- Laurent, savait
agir avec autant de présence d'esprit que de valeur -.
Le prince n'était plus très jeune — il avait alors
trente-cinq ans — mais le duc de Malborough se
déliait sans doute de son sang-froid. La cavalerie
qu'il commandait et celle de l'Electeur de Hesse, très
vigoureusement attaquées à plusieurs reprises, du-
rent peut-être au général-major de Saint-Laurent
de n'avoir pas été détruites. On n'ignore pas que si
les ennemis de la France, très supérieurs en nombre,
purent coucher sur le champ de bataille, ce fut au
prix de pertes énormes^.
Amaury de Farcy avait encore un grade à con-
quérir : le 1" janvier 17i2, l'Electeur de Hanovre le
nomma lieutenant-général de sa cavalerie*, le pla-
çant ainsi à la tête de l'arme que nul ne connaissait
mieux que lui et dont il savait tirer parti dans les
1. Biographie, pp. 221 et 222.
2. François-Egon de la Tour, marquis de Berg-op-Zoom , connu sous
le nom de prince d'Auvergne, troisième fils de Frédéric-Maurice de la
Tour, comte d'Auvergne, lieutenant-général des armées du roi, gouver-
neur du Haut et du Bas Limousin, et d'Henriette-Françoise de Zoilen, sa
première femme, née le 15 décembre 1675, était mestre de camp de ca-
valerie au service de Louis XIV lorsqu'il le quitta en 1702 pour servir
successivement l'empereur d'Allemagne et les Provinces-Unies des Pays-
Bas : il mourut, sans descendants mâles, le 27 juillet 1710.
3. Histoire militaire du règne de Louis le Grand, par le marquis de
Quincy, in-4", tom. VI, pp. 205-207.
4. En allemand Gêner al- Lieutenant,
— 253 —
circonstances les plus critiques : c'était le couron-
nement de sa carrière dont il aurait eu tort de se
plaindre, pas plus que de la bienveillance des sou-
verains. Non content de lui conférer en 1679 le droit
d'indigénat, véritable naturalisation qui lui permet-
tait de prétendre à tous les emplois, le duc de Zell
le lui avait confirmé en 1698, en lui donnant « l'of-
fice et charge » de « drossart » à Ebstorf qui lui at-
tribuait des fonctions administratives au lieu où il
fixa sa demeure'. Il en fut de nouveau investi, par
lettres patentes datées de Hanovre, 20 février 1714,
qui précisèrent ses obligations et ses droits *.
1. Le drossart (en allemand Droit) était une sorte de préfet, toat à la
fois lieutenant de police et bailli. La note suivante fournira sur ce point
des renseignements plus précis. — Les lettres patentes du 10 mars 1698,
Signées G W (Georg Wilhelm) constatent que le nouveau pourvu avait
été proclamé drossart dés le mois de janvier précédent Une copie du
document original nous a été très gracieusement adressée par M. le di-
recteur des Archives royales de Hanovre.
2. Archives du château de Veersen. — Pour donner une idée exacte des
obligations auxquelles était soumis un drossart, nous traduisons plu-
sieurs passages des lettres-patentes. Elles indiquent d'abord que le titu-
laire a le devoir de maintenir et de favoriser de tout son pouvoir et de
tout son zélé ce qui est avantageux au souverain, de prévoir et d'écarter
ce qui pourrait lui être nuisible et préjudiciable et spécialement d'exercer
activement et fidèlement la charge de drossart à Ebstorf, soit par lui-
même lorsqu'il n'en sera pas détourné par le service de guerre dans le-
quel il est actuellement retenu, soit par le fonctionnaire qui lui est ad-
joint : il a particulièrement celui « de ne pas, sans notre permission ou
« celle de notre chambre électorale, utiliser pour lui-même ou concéder
« à quiconque le service des corvées ; de signer avec son adjoint les rap-
« ports requis, quand il sera présent à son office ; de procurer et de fa-
« ciliter sans délai l'exécution de tous et de chacun les ordres émanant
« de nous et de notre chambre électorale, ainsi que des instructions qui
« y seraient ajoutées, dans tout ce qui dépendra dudit office; de mainte-
« nir fermement les règlements concernant l'Eglise, la police, les forêts
« et les fonctions publiques ; de réformer tous les abus et pour les ré-
« primer, d'édicter de bonnes ordonnances. Il est ensuite spécifié que
tant qu'il sera occupé au service de guerre, il n'aura que ses gages
mensuels payés par la caisse militaire et devra s'en contenter, et que
s'il vient à quitter l'armée, avec la permission de l'Electeur, et à s'établir
d'une façon stable dans le baillage d'Ebstorf, il sera traité sur le même
pied que le capitaine de Heimburg, son prédécesseur. Jusqu'à nouvel
ordre, il aura la jouissance de la maison de gîte du souverain, sauf à
déguerpir lorsqu'il plaira à celui-ci d'y venir avec sa Cour faire un sé-
jour aussi long qu'il le voudra. L'Electeur se réserve le droit de ne plus
— 254 —
III
Son biographe, renseigné non seulement par les
documents ofTiciels, mais encore par les souvenirs
conservés dans sa famille *, fait connaître qu'Amaury
de Farcy, recommandable par sa bravoure et ses
talents militaires, Tétait aussi par son esprit très
cultivé et sa grande connaissance des hommes, non
moins que par sa modestie et son affabilité. Il avait
acquis l'entière confiance de ses subordonnés, Taffec-
tion et Testime de ses chefs, des étrangers et même
des Hollandais, peu accueillants de leur nature. Les
Etats-Généraux des Pays-Bas le choisirent spéciale-
ment pour commander en second, pendant quelques
hivers, la forte garnison mixte de Bruxelles; il est
bon d'ajouter qu'ils se montrèrent peu reconnais-
sants de ses services et sont restés, depuis 1714,
débiteurs de sa famille pour avances faites aux
troupes d'une somme de 22,000 florins ^
Il réussit même, tout en se faisant respecter, à
entretenir — ce qui n'était pas facile, paraît-il, —
avec le lieutenant-général de Bulow, très favorisé
par la Cour, futur feld- maréchal, de bien meilleures
relations que les autres généraux placés sous ses
ordres. Celui-ci resta toujours son ami et lui donna
des marques non équivoques de sa bienveillance : ce
le garder à son service, en lui donnant son congé six mois à Tavance,
lui accordant, aux mêmes conditions, la faculté de se retirer quand il ne
lui conviendra plus de servir. En fait, le lieutenant-général de Saint-
Laurent est resté en fonctions jusqu'à sa mort : il est décédé dans la
demeure officielle assignée au drossart.
1. Biographie, pp. 22*2 et 223. — Son pcre avait pu interroger le géné-
ral de cavalerie, Jacques de Pontpiétin, mort à Hanovre en 1765. dans
sa quatre-vingt-huitième année, qui avait servi sous les ordres d'Amaury
de Farcy.
2. Biographie, p. 223.
— 255 —
fut à sa demande que TElecteur de Hanovre, devenu
en i714 roi d'Angleterre sous le nom de Georges I",
conféra à Amaury de Farcy, par rescript des
30 août-10 septembre 1717, le commandement de la
citadelle de Kalhberg et de la ville de Lunebourg*.
En outre, il le fit désigner pour le poste considé-
rable de second commissaire, lors de l'établissement
de la Commission impériale d'exécution formée en
Hanovre et Brunzwick pour contraindre à l'obéis-
sance le duc de Mecklembourg ^.
Nous ne connaissons des opérations de cette
campagne qu'un incident sur lequel le général de
Estorff s'étend longuement 3. En 1719, les Mecklem-
bourgeois, sous les ordres du général-major, comte
de Schwérin, se trouvèrent en contact avec les
troupes brunswicko-hanovriennes près de Wals-
muhlen : le lieutenant-général de Bulow, qui com-
mandait celle-ci, crut, sur l'affirmation d'officiers,
témoins oculaires, en apparence dignes de foi, que
les troupes ennemies n'étaient qu'un ramassis de
« canailles » qui n'oseraient jamais engager le com-
bat contre un adversaire beaucoup plus fort; aussi
négligea-t-il de reconnaître le terrain, de se rensei-
gner sur la marche des Mecklembourgeois et sur
leur nombre réel : il ne fit pas approcher à temps
1. Archives de Veersen.
2. Charles-Léopold, duc de Mecklemboarg, monté sar le trône en 1713,
avait voulu lever des impositions malgré l'opposition des Etats. Ceux-ci
s'étaient pourvus devant le Conseil aullque et avaient obtenu de l'empe-
reur un rescrit dont leur souverain n'avait tenu aucun compte, appelant
même à son secours Pierre-le-Grand, qui lui avait envoyé deux régi-
ments russes. L'empereur, pour obliger son justiciable récalcitrant à
obéir au rescript, nomma une Commission militaire qui entra dans le
duché avec une armée de treize mille hommes. Le duc de Mecklembourg,
battu et privé de ses places fortes, fut contraint de quitter le pays. (Art
de vérifier les dates, III, 485.)
3. Biographie, pp. 224 et 225.
— 256 —
plusieurs de ses régiments. Le Gomte de Schwérin
ne commit pas la même faute : très exactement ren-
seigné sur la situation des divers corps de l'armée
adverse, il attaqua à fond et délogea le régiment
hanovrien placé près de Walsmiihlen; sa cavalerie,
bien menée, mit les dragons de Wendt dans un
grand désordre : ce serait devenu une humiliante
déroute sans l'intervention de plusieurs régiments
de Hanovre, qui, bien que tardive, réussit à Tempé-
cher. Le général de Saint-Laurent paya de sa per-
sonne à la tête de ses cavaliers : il eut, dans une
charge, son cheval grièvement blessé, et si son
ordonnance, Jean Otto, ne Tavait immédiatement
pourvu d'une autre monture, il eut couru de grands
risques. Déjà, deux ans auparavant, à Ebstorf, cet
homme lui avait sauvé la vie en l'arrachant presque
mort, inondé de sang, à la fureur d un étalon qui
Tavait jeté sous son cheval K
Deux grands événements heureux, un troisième
bien douloureux, prirent place dans les dernières an-
nées de sa vie. En nous réservant de mentionner les
autres plus loin, nous rappellerons ici l'un des pre-
miers, un voyage en France. Ce fut en 1723 qu'il se
décida à l'entreprendre'; il y avait vingt-quatre
ans, croyons-nous, qu'il n'était venu visiter son
pays d'origine et sa famille^. Quoiqu'il se fût fait
en Allemagne une seconde patrie dans laquelle se
1. Biographie, p. 227.
2. D'après la biographie allemande, ce voyage aurait été effectué en
1724 ; nous croyons qu'il a eu lieu plus tôt. La lettre dont il est question
dans une des notes suivantes l'annonçait déjà en février 1728 ; et s'il est
vrai que le général de Saint-Laurent ait été reçu par le régent, il n'a pu
l'être que dans le courant de cette même année, puisque Philippe d'Or-
léans est mort le 2 décembre.
3. Il est possible qu'Amaury de Farcy soit venu en France vers 17l4
ou 1715, après la paix d'Utrecht, mais aucun document ne nous permet
de l'affirmer, ni même de le conjecturer. ^
— io/ —
réunissaient, pour Vy fixer, ses affections les plus
proches et ses intérêts, il ne put résister au vif
désir qu'il éprouvait de franchir une dernière fois
la frontière. Le moment était favorable à tous les
points de vue : après tant d'années de guerres
acharnées, la paix régnait en Europe. En France,
une certaine tolérance, née de la pacification géné-
rale, de radoucissement des mœurs et peut-être
aussi de Tindifférence religieuse qui, dans les
hautes régions sociales, marchait de pair avec la
débauche élégante, autorisait les réfugiés à venir
respirer Tair natal et renouveler connaissance avec
leurs parents et leurs amis; eux-mêmes recevaient
des visites dans leur exil, et les liens qui semblaient
rompus se renouaient ^ Bien que le lieutenant-
général de Saint-Laurent n'eût peut-être pas à
craindre les difficultés que ses compatriotes et cor-
réligionnaires pouvaient redouter, il dut lui être
plus agréable de profiter, pour sa longue absence,
d'une époque où les anciennes rigueurs avaient in-
sensiblement fait place à des dispositions plus bien-
veillantes du pouvoir royal.
Ce ne fut pas sans doute sans une grande émo-
tion qu'Amaury de Farcy se retrouva en France :
ses frères, dont le survivant était mort en 1720, et
ses sœurs avaient disparu : à leur défaut, de nom-
breux neveux et nièces reçurent sa visite. Les dé-
tails nous manquent sur ce dernier pèlerinage aux
lieux de sa naissance et de son enfance : nous ne
1. Ce nouvel état de choses nous est particulièrement révélé par un
document contemporain, d'autant plus intéressant pour nous qu'il émane
d'une réfugiée protestante, nièce d'Âmaury de Farcy, et qu'elle y parle
du prochain voyage en France de son oncle. C'est une lettre datée du
15 février 1723. qui complétera très utilement notre travail. — V. Ap-
pendice, n* III.
xxxni 23
— 258 —
savons même pas s'il le fit seul ou avec son fils et
s'il y eut encore des règlements d'affaires entre lui
et les siens. Evidemment, tout se passa le mieux du
monde : sa biographie — écho des traditions de
famille — nous apprend que ce voyage et Taccueil
qu'il reçut lui laissèrent, pour tout le reste de sa
vie, un charmant souvenir qu'il se plaisait à évo-
quer, avec des expressions non équivoques de
grande satisfaction : elle relate, en outre, qu'il de-
manda au Régent et fut assez heureux pour obtenir
la grâce de ses deux neveux du Groesquer qui
expiaient dans l'exil leur participation au complot
breton de 1719 ^
Le vieux général était arrivé à l'âge du repos :
nous nous demandons môme s'il n'avait pas déjà
quitté le service militaire avant de se rendre en
France. Il vécut encore quelques années; la dou-
leur d'une perte cruelle aggrava la maladie de la
pierre dont il était atteint et le conduisit au tom-
beau. Il mourut à Ebstorf, dans sa soixante-dix-
septième année, le 8 mai 1729 et y fut inhumé le
17 du même mois. Voici la traduction de l'acte de
son inhumation^ :
Le 8 mai (1729), Son Excellence monsieur le lieutenant-
général de la cavalerie, hautement breveté au service du roi
1. Biographie, p. 228. — Ses neveux, fugitifs et contumaces, avaient
été exécutés par effigie : ils s'étaient enfuis en Espagne. En ce qui
touche l'un d'eux, le chevalier Auguste-François, seigneur de Beaussan,
nous savons par M. de Boislille (Généalogie de la maison de Talhouéi,
p. 335) que sa grâce était aussi demandée avec insistance par lord Stairs;
il rentra en France et mourut à Rennes, doyen de la noblesse, pendant
une session des Etats, le 16 janvier 1757. Son frère, l'abbé du Groesquer,
est aussi rentré : nous ne savons ce qu'il est devenu.
2. Les expéditions authentiques des actes de sépulture du général et de
son fils, extraites des registres de la paroisse d'Ebstorf, nous ont été
envoyées par le « Landrath » d'Oldenstadt, à qui nous nous étions adressé
par l'intermédiaire de M. le directeur du Cercle d'Uezeln.
— 250 —
de la Grande-Bretagne, électeur, duc de Brunswick et de
Lunebourg, Amauri Farsi de S*-Laurent, commandant de la
forteresse de Kalliberg et de la ville de Lunebourg, drossart
ici à Ëbstorf, y mourut à cinq heures du soir et fut inhumé,
sans solennité, le 17 du même mois devant et proche Tautel
dans Téglise.
IV
Le lieutenant -général de Saint - Laurent était
depuis longtemps veuf. L'histoire de son mariage
racontée par son biographe est un vrai roman; la
duchesse de Zell avait attaché à sa personne
M"* Dorothée-Louise de Charréard, fille d'un réfu-
gié français, Antoine de Charréard, conseiller in-
time et surintendant des chasses du duc de Saxe-
léna. Celle-ci, avec l'agrément de ses souverains,
s'était promise à un seigneur de Lunebourg à
Wathlingen près Zell; mais le colonel de Saint-
Laurent lui ayant ensuite inspiré un sentiment
beaucoup plus vif que son fiancé, elle convint avec
lui de brusquer les choses ; il l'enleva et la condui-
sit à Oldenstadt où leur union fut célébrée le
24 février 1695. Cette faute grave resta impunie; le
duc et la duchesse, qui voulaient beaucoup de bien
à Amaury, la pardonnèrent et l'avenir du coupable
n'en souffrit pas. La jeune femme se montra recon-
naissante des bontés de ses souverains et leur
témoigna son attachement en n'abandonnant pas
leur malheureuse fille à qui elle alla porter dans sa
prison les consolations de son affectueuse pitié ^
Elle ne vécut que peu d'années et mourut loin de
son mari, pendant que celui-ci était à la tête de son
1. Horric de Beaacaire, p. 171.
— 26() —
régiment, pendant la guerre de Succession, laissant
deux enfants, un fils et une fille, Antoine-Simon et
Eléonore.
Antoine-Simon de Farcy, né vers 1698, fut, dès
son enfance, destiné à la carrière militaire et à
Tarme de la cavalerie. A 1 âge de quatre ou cinq
ans, il était déjà inscrit sur les contrôles de Tarmée,
avec le titre de cornette'. Lorsqu'il fut en âge de
servir, son père lui obtint une lieutenance dans
son régiment^; deux ans plus tard, il était promu
capitaine et accompagnait dans le Mecklembourg
le lieutenant-général, en qualité de premier aide-
de-camp ^. A la journée de Walsmiihlen, il se signala
par sa fermeté qui contribua à réparer dans la
mesure du possible les conséquences de la faute
commise par le commandant en chef. Ce fut à lui
qu'en récompense de sa belle conduite, le souve-
rain donna une compagnie de dragons du régiment
de Wendt devenue disponible par le renvoi de son
capitaine qui n avait pas su la maintenir en ligne.
Il ne tarda pas d'ailleurs à l'échanger contre une
autre dans le régiment de Saint- Laurent*.
Le jeune capitaine comptait certainement sur un
brillant avenir que lui promettaient son nom et ses
mérites personnels; mais, avant sa promotion au
grade de major, une fièvre de consomption le cou-
cha dans la tombe. Il mourut à trente ans, sans
alliance, le 16 février 17'28 à Ebstorf où il fut inhumé
solennellement le 20 du même mois, laissant son
père inconsolable^.
1. Brevet du 1" janvier 1703.
2. Brevet des 24 avril -5 mai 1716.
3. Brevet des 8-19 juillet 1718.
4. Biographie, p. 226.
5. « Le 16 février (1728), Monsieur le capitaine de cavalerie, Antoine de
— 261 —
Sa sœur, Eléonore, de trois ans plus jeune que
lui, arriva à un âge avancé. Elle épousa à Har-
bourg le 16 février 1721 le major Ludolf-Otto de
Estorff qu'elle perdit en 1759 et à qui elle survécut
jusqu'au 5 mars 1785; elle finit ses jours au château
de Veersen. Sept enfants étaient nés de son ma-
riage, six filles et un fils, Emmerich-Otto de Estôrff,
qui mourut lieutenant-général en 1796.
La famille de Estorff habite toujours le châ-
teau de Veersen : elle v conserve avec tous les
titres, brevets, correspondances et autres papiers
d'Amaury de Farcy, de précieux portraits à Thuile,
dont trois de grandeur naturelle, ceux du lieute-
nant-général de Saint-Laurent, de son fils et de
M"' de Estorff, sa fille; une quatrième toile de petite
dimension reproduit les traits de M™" de Farcy, née
de Charréard*.
En terminant, nous revenons à M. de Estorff,
à qui nous renouvelons nos chaleureux remercie-
ments. Sans son concours aussi empressé qu'utile,
nous n'aurions pu relater avec précision, dans ses
diverses phases, la carrière du lieutenant-général
et celle de son fils. En échange de son aimable com-
munication, nous Tavons renseigné sur Tétat actuel
de la famille de F'arcy : en nous témoignant ses re-
grets de Textinction de la branche de Saint-Lau-
rent^ il nous a exprimé combien il était satisfait
d'apprendre que d'autres branches subsistent en-
c Saint-Laurent, mourut de consomption et fut inhumé solennellement le
« 20 au soir, â^é d'environ 30 ans. » (Traduction de l'acte d'inhumation
extrait des registres d'Ebstorf.)
1. Grâce à l'obligeance de M. de Ëstorf, M. le vicomte Henri de Farcy
s'est procuré une copie du portrait d'Âmaury de Farcy, dont il nous a
aimablement offert une photographie. C'est à lui que nous devons de pou-
voir faire connaître à nos lecteurs la physionomie du lieutenant-général
hanovrien.
— 262 —
corc. Si séparé qu'il soit par la nationalité et par la
religion de ces parents éloignés, il voit en eux,
malgré tout, les dignes représentants d'un nom que
son ancêtre a porté avec honneur en Allemagne.
A nous, Français, il permettra d'ajouter : quel dom-
mage qu'Amaury de Farcy ait dépensé une partie
de son énergie et employé ses talents militaires
contre la France et au service de ses ennemis!
F. SAULNIER.
APPENDICE
I
Procuration dAmaury de Farcy
A SON BEAU-FRÈRE Oi.IVIER-FrANÇOIS OU GrOESQUER '.
1698
Ego, Amaury de Farcy« eques et dominus de Sancto-Lau-
rentio, Serenissimi Brunswicensium ac I^unseburgensium ducis
Georgii Wilhelmi unius equitum turmaB praefectus, per pr»-
sentes bas liitcras aitestor notumque facio me omnium meorum
bonorum in regno Galliae sitorum, sive mobilium, sive immo-
bilium, necnon omnium negotiorum pro nunc et in futurum a
me ibidem expediendorum mandatarium ac procuratorem ge-
neralem constituisse et adhuc vi hujus mandati procuratorii
omni meliori modo constituere ac denominare Dominum Olli"
varium Franciscum du Groesquer, civem et incolam civitatis
Rhedonum, ipsique potentiam dare omnia ad me spectantia
bona atque negotia, quôcumque nomine illa appellantur, meo
nomine administrandi et gerendi. omnis generis super illa
contractus ineundi, et si nécessitas postulaverit in foro activé
et passive comparendi, libellandi, respondendi, unum vel
plures procuratures substituendi, substitutos revocandi et in
summa omnia agendi quse pro conditione et qualitate dictorum
meorum bonorum atque negotiorum utilia atque commoda esse
videbunt; quse omnia ità meo nomine gesta et contracta quasi
1. Pièce annexée à la transaction du 90 avril 1696, reçue par Bertelot
et Chassé, notaires royaux à Rennes. (Minutes Bertelot , 1696. — Archives
d'IUeet'Vilaine.
— 264 —
a me ipso esscnt peracla. pro firmis et validis habiturus.
ipsiim que mandatarium ejiisque substilutos semper et iibique
indemnes servaturus sum. sub expressa omnium bonorum meo-
nim, quantum sufficicus erit, hypotheca: et si forsan supra-
dictus mandatorius specialori ac pleniori opus habeat man-
dato, illud vigore harum litterarum illi dédisse volo ; in cujus
rei majorem fidem ego prapsentem banc constitutionem gene-
ralem, in pra^scntia infrà nominati notarii caBsarei publici duo-
runique testium propria manu subscripsi. sigillumquc solitum
apposui, actum Cellis die 17 marlii A° 1095.
Amauhy dk farsy de Saint-Laurent.
ClIARLE OK CHOIX DK FKECHAPKLLE, ténioin.
Chiiistofi.k C.happuzrau. comme témoin,
Praesens boc niandatum Procuratorium à suprà dicto Do-
mino Amaury de Farsy, équité ac domino de Sancto Laurentio.
utpote seriaB ipsius voluntati per omnia consentaneum, me
intrà nomitatis notario testibusque prîFsentibusque propria
manu esse subscriptum sigillo que solito obsignatum attestor.
JOHANNES ChKISTOPUORUS MûUE.
Cœs. Imp. Auth. Not. publ.
Celte procuration, reçue par un notaire public de Zell, est
écrite sur du papier de grand format et revêtue de plusieurs
cachets ; à côté de la signature d'Amaury de Farcy, un cachet
de cire rouge aux armes de Farcy {dor fretté dazur de
6' pièces au chef de gueules] ; au-dessous de la signature du
notaire, un cachet de cire rouge (un personnage dans un écus-
son) et à côté un timbre humide ovale (au centre, un navire
sur la mer, attiré par une main sortant d'un nuage, avec cette
légende au bas : Fafa trahunl; autour : Joh, Chris toph, Miihe
N, C. P.).
265 —
II
Ratification dune Transaction V
1696
Ce jourd'liui vingt neufieme de Novembre 1696 comparut
devant Messieurs Jean Loûys Sylvius, Escuier et Gérard Thie-
lemens, Eschevins de la ville de Louvain, Messire Amaury de
Farcy, Escûier, seigneur de S' Laurent, collonel d'un régi-
ment de cavalerie des troupes de Lunenbourg. etc., lequel
ayant eu lecture de Taccomodement cy devant escript passé
devant le notaire Bertelot le 30<^ de avril 1696, déclare de Tac-
cepter, agréer et approuver en tout et partout avec promesse
de se régler selon le contenu d'icelluy^ sous obligation de sa
personne et biens in forma. En foy de quoy nous avons la
présente faire despescher par un de nos secrétaires et munir
par le sceau ordinaire de la d. ville, le jour, mois et an comme
dessus.
Amaury de farcy de Saint Laurent.
III
Lettre d'une réfugiée protestante a sa cousine,
religieuse a rennes^
1728
Le 16 février 1723.
Hier au soir, comme nous étions à souper, ma chère cou-
1. Cette déclaration de ratification a été écrite au pied d'une expédition
de la transaction du 30 avril précédent, qui a été renvoyée à M. du
Groesquer et annexée à la minute du notaire Bertelot (Y. la note précé-
dente) : elle est frappée d'un timbre sec que nous n'avons pu déchiffrer.
'Z' Cette lettre sans signature ni indication de lieu, d'une écriture ca-
ractéristique du xviP siècle, sur un feuillet double, a été découverte par
- 266 —
sine, je receu vostre lettre et rendis en mesme temps au cousin
celle qui estoit pour luy. Je vous ay déjà annoncé son arrivée.
Je suis très contente de ses manierre et je Taisme plus de prest
que de loin. Je crois qu'il me trouve bien sotte; en effect mes
eppreuves accable mon esprit et je n'ay pas le seng commun
en conversation; cependant il ne sennuye point avec nous et
il y est le plus. souvent qu'il peut. Hélas! mon Dieu, s'il avoit
esté icy du tems de mon bonheur, cela scroit beaucoup mieux.
Voicy une lettre de luy qui vous fera le détail de ce qui le con-
cerne. Je prépare une lettre pour le Cardinal : me voilà furieu-
M. Parfouru, archiviste dlUe-et-Vi laine, qui nous Ta aussitôt communi-
quée et l'a annexée au fonds Farcy. Nous savons à qui elle a été
adressée : Madame du Rocher Farcy est Anne-Françoise de Farcy,
dame du Hocher, alors âgée de cinquante-six ans, l'une des filles de
Jacques, seigneur du Rocher, conseiller au Parlement, frère aîné du
général de Saint-Laurent : elle est morte en 17:^), après quarante-neuf
ans de profession à l'abbaye royale de Saint-Georges, à Rennes. Sa
sœur, pour qui elle est chargée d'aimables commissions, doit être Mar-
guerite-< Claude, sa cadette, qui était professe dans la même abbaye de-
puis 16i)9.
En revanche, nous ne voyons pas qui serait le cousin dont la visite a
été l'occasion de la lettre que nous reproduisons. Est-ce un Farcy, neveu
des religieuses que nous venons de nommer ou d'une autre branche ?
Est-ce un Uzille, parent du c(^té maternel ? Quant à la nièce d'Âmaury
de Farcy, auteur du document, nous devons croire qu'elle est fille de sa
sœur Françoise, mariée à un gentilhomme protestant de Normandie,
Jacques de Béranger, comte de Fontaines (dans l'évêché de Goutances) et
signalée comme s'étant enfuie à l'étranger avec ses quatre enfants, dès
la révocation de l'édit de Nantes. — Sa fille -- peut-être Glaude - Fran-
çoise de Béranger qui signait à Rennes, le 29 septembre 1678, un con-
trat de mariage de corréligionnaires reçu par le notaire Bretin — aura
épousé un réfugié français dont le nom a échappé à nos recherches.
Nous n'avons sur son mariage d'autre donnée que la mention qu'elle
fait dans sa lettre de son « fils Maxuel » — et encore, cela peut s'entendre
d'un gendre. Il y avait en 1685 à Pont-Audemer, en Normandie, une famille
de ce nom : on connaît Jacques de Maxuel, seigneur des Ghamps, qui a
passé à cette époque en Allemagne et trouvé de l'emploi chez l'Electeur de
Brandebourg. Est-ce lui ou un de ses fils qui a épousé M'" de Béranger?
Olle-ci aurait-elle fait un second mariage et nomme-t-elle son a fils
Maxuel, » pour le distinguer d'un fils d'un autre lit? Enfin où demeu-
rait-elle? Autant de questions auxquelles il nous est impossible de ré-
pondre. Si Ton découvrait d'autres lettres de la même nièce du général
de Saint- Laurent, ce qui est actuellement obscur deviendrait probable-
ment très clair : les épreuves dont elle parle et d'autres points de sa
missive qui irritent notre légitime curiosité cesseraient d'être pour nous
des énigmes.
— 267 —
sèment dans le Conclave sans pourtant en soutenir les droits.
Nostre parent a bien envie de vous voir : il aime fort l'Alle-
magne ; il a raison puisquHl y est aimé, estimé et regretté.
Nostre oncle se prépare pour aller en France et sans doute
qu'il ira voir sa patrie ; son (ils sera du voyage ^ Sy ma for-
tune n'estoit pas sy délabrée, j'irois aussi prendre une dose de
Tair natal, mais, ma chère cousine, il n'est pas agréable d'aller
chés des parents les importuner : une visite se peut faire lors-
qu'elle est bornée, une longue ennuyé : beaucoup de nos ré-
fugiés sont allé voir leurs parents et amis : à présent, on se
sert de la bonnace des esprits qui laisse aller et venir sans
bruit les consciences. Au reste, je vous diray que nostre cou-
sin n'est point d*unne humeur à se laisser clisser [glisser] à
nostre tentation. Son esprit supérieur luy fera regarder nos
raisons comme peu valables; ainsy, il ne sortira pas de Tens-
sinte [enceinte] de vostre église. Il en fait le chemin facille : en
passant, je suis bien aise de vous donner ce thémoignage de
sa foy Romaine, pour que vostre zelle sur ce chapitre, au cas
qu'il fut inquiet, se tranquilise. Je me fais un vray plaisir de
l'entendre et de l'écouler. Nous sommes d'accord sur vostre
chapitre, ma chère cousine. Il rend aux deux sœurs justice
de toute manierre et connoit les obligations qu'il vous a;
il trouve [ma] belle-fille à son gré et a bonne opignon de
l'advenir de George, malgré sa grande vivacité. Mon fils de
Maxuel est à sa garnison où il se repend de ses écards de
jeunesse, cecy entre nous, je vous prie ; il a raison et je m*en
suis trop ressentie. Adieu, ma très chère cousine, je suis de
cœur et d'âme entièrement vostre dévouée autant qu'on le peut
estre ici bas aux créature mortelles; adieu, ma chère cousine,
1. Noas sommes portés à penser que « Nostre parent » et t Nostre
oncle » sont une seule et même personne, malgré l'emploi de ces deux
termes. Ce qui est dit des sentiments de son parent pour l'Allemagne, de
l'estime dont il y jouit, des regrets que fait naître probablement une
retraite définitive s'applique parfaitement, ce semble, à Âmaury de
Farcy, aussi bien que la préparation de son voyage en France et son
désir de revoir sa patrie.
— 268 —
mes tendres amitiés à ma cousine vostre sœur : ma famille
vous assure de ses respects lune et l'autre
L'adresse au verso du 2* feuillet :
pour Bretaigne
Madame
Madame du Rocher forcy
dame œcconome de l'abbaye
de S^ George
A Rennes,
(Non signé.)
VIEUX PAPIERS RENNAIS
LES PLACARDS MORTUAIRES
oilà une idée qui
paraîtra tout d'a-
bord bizarre : col-
lectionner des pla-
cards ! A quoi cela
peut-il servir? Jules
Simon, qui avait eu
l'occasion d'entr'-
ouvrir un recueil de ce genre, déclarait dédaigneu-
sement : «Qui le croirait ! C'est une littérature bien
monotone !» Il y avait sans doute aussi de sa part
beaucoup de pitié pour le pauvre ramasseur de pa-
pier de deuil dont la manie décelait la déphosphora-
tion céphalique...
Monotone ! pas autant qu'on pourrait le croire,
et on voit bien que notre philosophe n'avait rien lu
des pièces que ses doigts feuilletaient avec indiiïé-
rence, peut-être avec crainte...
Qu'aurait-il dit, en présence d'une rédaction telle
que celle-ci :
« Mademoiselle A... et sa famille ont l'honneur de vous faire
part de la perte douloureuse qu'ils viennent de faire dans la
— 270 —
personne de Monsieur..., décédé après 15 mois de soulTrances,
provenant de sa dernière campagne d'Italie. Il avait écoulé
jusque-là, avec une santé robuste, 27 années de services.
14 années de campagnes d'Afrique,
a Veuillez joindre vos prières à celles de la famille * . »
ou semblable à la suivante' :
Paris, ce 4 mars \HÏ2.
M.
Je vous fais part avec la plus vive douleur que la mort vient
de m'enlever mon très-cher et bien-aimé Epoux ; j'espère que
ce cruel événement ne diminuera en rien la conRance que vous
nous avez toujours accordé.
Je vous prie de croire que je redoublerez de zèle pour vous
prouver combien il m'est agréable de la conserver et de la
mériter.
Vous devez autant plus croire à ma promesse c'est que mon
papa GUELAUD et mon oncle PATUREAUX mont assurés de
leurs conseils, etc., etc.
J'ai l'honneur d'être avec considération, M., votre très
humble,
V*'' GUELAUD
Nota. — Je vous prie de tenir bonne note du port de lettre,
je vous en tiendrai compte à l'occasion.
et en lisant un placard parisien de 1803 où une vé-
nérable demoiselle de 82 ans est déclarée « fille
majeure » ?^
« Un volume ne suffirait pas à détailler toutes les
singularités de cette lettre de deuil : c'est une fix-
1. Vicomte de Poli : Ann. du Conseil héraldique de France, 1897
p. 109.
2. Ex meis. Celte lettre a été adressée à « Madame V"* Jarry-pinau,
mJ« Epicier, à Sens. »
3. Ex meis.
— 271 ~
mille qui nous dit que le défunt a écrit un livre
dont elle donne le titre, suivant l'exemple de Malle-
vault qui imprimait au verso de ses cartes de visite
les titres de tous ses ouvrages tombés dans Toubli.
C'est un fils qui veut qu'on sache que son père
était « membre de plusieurs sociétés savantes, mu-
sicales, littéraires, artistiques et autres; » un autre,
fils d'un huissier, qualifie son père « officier minis-
tériel. » Peut-être un jour croira-t-on qu'il était
avoué. Il y a aussi le neveu qui, faisant part de la
mort d'une tante par alliance, rappelle qu'elle était
veuve d'un ofïicier supérieur tué à lassant d'une
forteresse '. »
Mais ce n'est pas seulement le pittoresque de
l'expression ou des sentiments que l'on recherche
dans la lettre de deuil ou le placard, c'est aussi la
documentation : quel trésor généalogique qu'une
série des billets et faire-part ! C'est le « familiaire »
d'une localité et les renseignements qu'il contient
ne se trouvent rassemblés que là.
Feue M"** la comtesse de Raymond avait réuni
36,000 pièces qu'elle légua à la ville d'Agen; M. le
marquis de Granges de Surgères, M. le comte de
Saint-Saud, la Bibliothèque Nationale, la Biblio-
thèque de l'Université de Gand, et tant d'autres,
possèdent également des collections d'un inexpri-
mable intérêt.
Le classement chronologique et géographique
1. J. Pellisson : A propos des Lettres de Deuil, in Bull, du Vieux
Papier, t. I. p. 577.
— 272 —
des billets de décès et de part permet encore de
faire de curieuses études comparatives entre les
usages d'autrefois et ceux d'aujourd'hui : dune ré-
gion, d'une nation et d'une autre; les transforma-
tions subies par les mœurs au sujet du deuil et de
la manière de Tannoncer.
Il n'est pas jusqu'à Ticonophile qui ne trouvera
son compte en recueillant les pièces anciennes, car,
si nous ne voyons de nos jours que la banale bor-
dure noire, nos pères ornaient, et parfois magnifi-
quement, ravis de l'entrée dans l'éternité de quelque
membre de la famille.
(C'est à ce double point de vue : les us et cou-
tumes et l'iconographie, que je m'occuperai des
placards mortuaires rennais.)
*%
Donc, recueillez, recueillez toutes les pièces de
deuil; on n'en fait pas assez de cas. Ecoutez ce que
disait en 1861 un amateur éclairé, l'initiateur en la
matière, l'abbé V. Pelletier, d'Orléans :
«... Les pauvres billets d'enterrement, Dieu sait
ce qu'ils deviennent quand le moment du deuil ou
de la curiosité est passé. Ces papiers mortuaires
souffrent tout, et vous êtes bien heureux si un ami
mal avisé ne vous a pas renvoyé le billet d'enterre-
ment de votre père en guise d'enveloppe quelconque.
Cela s'est vu. Nous estimons qu'il y a là une sorte
de profanation. Jugez : cet imprimé est sorti d'une
maison visitée par la douleur; avant d'être humecté
pour passer sous la presse, il a été arrosé des
larmes de votre ami, de vos parents, de toute une
famille : vous-même, vous n'avez pu le lire sans
. — 273 —
émotion. Hientôt, pourtant, ce témoignage d'amitié,
ce monument bien fragile il est vrai, laissé ici-bas
par ceux qui nous précédent au tombeau, nous
échappe des mains et du cœur et s'en va périr sous
tes doigts impitoyables d'une ménagère, d'un fu-
meur, de je ne sais qui.
« Voilà comment il se fait que les vieux billets
d'enterrement soient si rares. Si chez nous la piété
filiale eût été plus attentive et plus soigneuse; si
chaque famille pouvait montrer dans ses archives
domestiques la collection des billets de faire-part
se rattachant aux épisodes de tristesse et de joie
qui composent son histoire, et cela depuis un siècle,
deux siècles, les pièces authentiques ne nous man-
queraient pas pour étudier les mœurs de nos pères
et pour en transmettre à la postérité l'utile et inté-
ressant souvenir. Malheureusement, ici comme tou-
jours, le génie de la destruction se hâte de dissiper
et d'anéantir les matériaux attendus et convoités
par la science '. »
Les placards rennais semblent avoir une origine,
je dirais plutôt récente, s'il était permis d'employer
ce terme : le plus ancien que je connaisse appar-
tient à la belle série des Archives départementales
d'Ille-et-Vilaine et porte la date du 9 juillet 1736.
Peut-être cependant en trouvera-t-on d'anté-
rieurs, car Rennes, ville de Parlement, était en
relations fort suivies avec Paris et Ton en signale
dans la capitale depuis au moins 1634 '. (Voir aussi
le Billet d'enterrement de Biaise Pascal, du 21 août
1662, publié dans le Bulletin de la Société de î'/izs-
toire de Paris et de l'Ille-de-France, 1890, p. 43, et
reproduite par M. Pellisson.)^
Comment agissait-on dans la bonne ville bretonne
avant qu'on y imprimât des placards?
Je n'en sais rien et force me sera de recourir à
ce qui a été écrit ailleurs sur les usages funéraires
qui devaient, à peu de choses près, être admis dans
les grands centres provinciaux.
Je ferai à ce propos un large emprunt à l'excel-
lent article de M. le vicomte de Poli : Vieux us et
coutumes. Billets d obsèques et lettres de faire-part,
publié dans l'Annuaire du Conseil héraldique de
France, 1897 :
« Au moyen-âge, dans toutes les localités un peu
importantes, il y avait un clocheteur ou recomman-
deur des trespassez, chargé de « recommander aux
« prières des bonnes gens ceux qui sont décédez la
« veille, dont il luy est baillé mémoire, » comme
1. Vicomte de Poli, loc. cit., p. 143.
2. G. Pellisson, loc. cit., p. 301.
— 275 —
dit un article des Ordonnances de TEÎschevinage
d'Amiens.
« Il ne faut pas confondre le clocheteur, humble
laïc, avec le sonneur^ qui jadis était communément
revêtu d'un caractère ecclésiastique. En 1420, Béa-
trix, veuve de Clément le Tourneur, de Ventavon,
légua par testament un gros d'argent au clerc qui
sonnait les cloches de l'église de sa paroisse et les
sonnerait pour sa mort : « Item... legavit clerico
pulsanti clara et simbala, ipsamque defunctarrij unum
grossum argenti^. »
A Conty, la recommandation des défunts se fai-
sait le lendemain de la Toussaint et la veille de
Noël ; le clocheteur parcourait la paroisse en lamen-
tant cette formule :
Réveillez-vous, gens qui dormez,
liriez Dieu pour les trépassés !
Pensez à la mort!
Le poète Saint-Amand, dans La Nuit^, tempête
contre ce lugubre nocturne :
Le clocheteur des trépassés
Sonnant de rue en rue,
De frayeur rend les cœurs glacés
Bien que le corps en sue,
Et mille chiens, ayant sa triste voix.
Lui répondent à longs abois.
Lugubre courrier du destin,
Effroy des âmes lasches,
Qui si souvent, soir et matin.
M'éveilles et me fâches,
1. P. Guillaume, Chartes de N.-D. de Bertaud, p. 276.
8. Fin du xvir siècle. — Magasin pittoresque, 1837, p. 206.
— 276 —
Va faire ailleurs, engeance de démon,
Ton vain et tragique sermon !
Peu à peu, surtout au xyiii* siècle, cet usage dis-
parut; cependant, il existait encore à Poix (Somme)
en 1842. Un bon vieux octogénaire, pour le modeste
salaire de deux sous, la nuit, dans les veilles des
grandes fêtes, parcourait la commune en recom-
mandant aux prières des fidèles les âmes des défunts
dont on lui donnait les noms. La clochette dont il se
servait, conservée dans l'église de Poix, porte cette
inscription : « Geste clochette est faicte des biens
de rhostel Dieu pour les habitans de la ville de
Pois, et me fondist Andrieu Munier, 1582. »
Le recommaindeur des défunts existe encore en
diverses paroisses de Normandie, notamment au
Havre. C'est le plus souvent un des bedeaux de
Téglise paroissiale qui va discrètement, de porte en
porte, notifier le décès et recommander l'âme aux
prières.
« Dans beaucoup de villes, le clocheteur ou crieur
des corps^ ou simplement crieur, était une sorte
d'entrepreneur des pompes funèbres, qui condui-
sait le convoi en sonnant de sa clochette et procla-
mant le nom du défunt. » « La physionomie de Lau-
rière, dit Saint-Simon, serroit le cœur de tristesse;
elle étoit faite pour être crieur d'enterrement. » La
profession de croque-mort ne fut jamais en bonne
odeur, et Saulecque, contre elle, fait chorus avec
Saint-Amand :
Un infâme crieur, de qui 1 âme inhumaine
Marchande insolemment pour enterrer les corps !
« Le crieur ou clocheteur était chargé d'apprendre
— 277 —
aux habitants les décès; la clochette au poing, il
passait par les rues en criant le nom du défunt, le
jour, rheure et le lieu du convoi, du service et de
Tenterrement, en demandant des prières pour Tâme
du trépassé, et en convoquant les fidèles à ses
obsèques. Celles d'un prêtre, d'un seigneur, d'un
bourgeois attiraient les pauvres en foule; c'était
pour eux pain bénit, car la triste et pieuse cérémo-
nie n'allait pas sans une plus ou moins large dis-
tribution d'aumônes, qui se répétait aux Vigiles du
bout du mois, au service des six semaines, au Bout-
de-l'an, à la messe de sortie de deuil.
« L'avènement de l'imprimerie eut pour effet de
modifier la coutume; dans les villes, le crieur fut
tué par l'usage des placards funéraires affichés à la
porte de l'église et probablement aussi, ça et là,
sur les murs, comme on fait encore en Italie. Déjà
la coutume s'était introduite de faire présenter par
un valet chez les amis et connaissances un billet
circulaire et manuscrit, annonçant d'abord le décès,
puis un autre précisant Theure du convoi.
« Cela s'appelait « faire courir le billet. » Dès la fin
du XVI' siècle, comme les placards, le billet fut impri-
mé, tiré et distribué en nombre, généralement très
bref, sur feuille volante et sans encadrement noir. »
On dut, en effet, constater que le système qui
consistait à « faire courir le billet*, » un billet
unique, n'allait pas sans de grands inconvénients :
le porteur s'acquittait avec plus ou moins de con-
science de sa commission et négligeait probablement
1. « Billets d'enterrement sont les imprimés qu'on donne poar inviter
anx enterrements. On le dit aussi de ces petits écrits circulaires, par
lesquels on fait assembler les gens d'un même corps ou qui sont inté-
ressez en une même affaire, ce qui s'appelle faire courir le billet. »
(Furetière.)
— 278 —
souvent de se présenter chez les personnes dont le
domicile était, à son gré, trop éloigné. Le temps
même devait parfois manquer pour prévenir tout
le monde. C'est alors qu'intervint cet embryon d'ad-
ministration des pompes funèbres dont parle Tabbé
Pelletier :
« Sur plusieurs billets du xviii* siècle, on remarque au milieu
de deux cercles concentriques les initiales majuscules J. C.
C'est la marque àes jurés crieurs^.^ qui tenaient ce qu'on ap-
pelait alors le bureau du noir. Ce bureau fournissait du deuil
aux familles; il se chargeait aussi des billets d'enterrement.
I
C'était une sorte d'entreprise des pompes funèbres, mais dans
des conditions tout à fait modestes. On en jugera par la fac-
ture suivante :
« Mémoire des fournitures faites par les Jurés-crieurs pour
a V enterrement de Mademoiselle Boilèçe, le 30 décembre
« 1772 :
« Pour treize pièces de noir 1 livre 19 sous
« Pour le poêle 3 »
« Pour la thierce » 10
« Pour l'assistance de quatre crieurs. . . 12 »
« Pour fourniture de six-cents billets. . . 12 »
« Pour le port desdits billets 9 »
ce Pour un crêpe de dame » 10
a Pour dix robbes 2 »
40 livres 19 sous
(( Plus pour avoir annoncé la mort aux
a parents et amis suivant l'ordre qu'on nous
« a donné 3 livres »
« Total 43 livres 19 sous
« Reçu le contenu cy dessus à Orléans, le 31* déc. 1772.
« Léger jeune, pour M. Duhau. »
1. Voir pur le crieur des morts, les Œuvres complètes de M»' X. Bar-
bier de Montault, t. XII, p. 814.
— 279 —
M. P. Flobert, le sympathique secrétaire général
de la Société le « Vieux-Papier, » a bien voulu me
communiquer le tarif des jurés-crieurs de Paris
en 1671 :
Etat et tarif des droits^ salaires et vaccations attribuez aux
jurés 'Crieurs de corps et de vins en cette ville et faux^
bourgs de Paris :
Pour la vaccation de riiomme qui portera
les billets pour chacun jour » liv. 30 sols
Pour chacun cent des dits billets qui auront
servi à la semonce des obsèques et convois :
Pour ceux qui seront en petit papier » 40
Pour ceux qui seront en moyen papier. ...» 50
Et pour les autres billets qui auront été faits
en grand papier 3 »
« D'après le tarif de 1760, réformé par le Prévôt
des marchands de Paris, un cent de petits billets
d'enterrement coûte 5 livres; un cent de grandeur
extraordinaire pour des personnes qualifiées et con-
stituées en dignité, 8 livres; un grand corbillard,
30 livres; un carrosse de suite drapé, 15 livres. Les
jurés-crieurs étaient tenus de porter sur leur robe
de palais les armes du défunt peintes en carton sur
leur poitrine*. »
Je n'ai trouvé sur aucun placard rennais la marque
des jurés-crieurs; il ne faudrait pas en conclure
qu'il n'en existait pas. En effet, un édit du roi, de
1690, portait création de cet office dans chaque pa-
roisse : le trésor royal, toujours en déficit, recourait
à quantité d'expédients de ce genre pour recueillir
des fonds.
1. Alfred Babeau, La Ville sous l'ancien régime, Paris, Didier, 1880.
— 280 —
« On ne saurait s'imaginer le nombre de charges
qui furent érigées en offices à partir de 1689... La
plupart de ces charges n'étaient pas nouvelles; il
en existait depuis longtemps beaucoup, comme
celles des crieurs de corps et de vins, qui eurent
d'abord à Paris, puis dans tout le royaume, le mo-
nopole de la fourniture des pompes funèbres sous
le titre de jurés-crieurs d'enterrements et de vins.
« Les jurés-crieurs étaient au nombre de cin-
quante à Paris ; ils dépendaient de la juridiction de
la ville et étaient chargés de fournir les billets de
faire-part, les corbillards, les carrosses de suite
drapés *... »
Cet usage persista longtemps et de nos jours en-
core on en vit les vestiges à Rennes, où l'on faisait
figurer aux obsèques riches des pleureurs recrutés
parmi les vieillards des hospices. Leur chapeau
spécial et leurs vêtements noirs d'une coupe suran-
née nous ramènent au xviii'' siècle. Ils portaient des
cierges dans des godets (ou poignées) de métal peints
en blanc.
L'abbé Pelletier nous donne le costume des an-
ciens fonctionnaires funéraires à Orléans : une robe
noire, un grand rabat blanc et un feutre à larges
bords. Dans les grands enterrements, ils précé-
daient le convoi en agitant de temps en temps la
clochette dont ils étaient munis.
Les porte-corps, qui, chez nous, transportaient à
bras les cercueils avant l'adoption des corbillards,
rappellent tout à fait par leur costume, moins la clo-
chette, les crieurs d'Orléans : grand feutre à large
bord relevé derrière, longue blouse noire serrée à
1. Alf. Babeau, op. cit.
— 281 —
la taille par une ceinture de cuir, hautes guêtres
de drap noir.
•%
La coutume d'afficher les placards sur les tentures
de la maison mortuaire et de l'église subsiste encore
à Rennes.
Plusieurs de mes confrères de la Société Archéo-
logique d'Ille-et-Vilaine se souviennent des crieurs
qu'ils ont vu en différentes villes de Bretagne.
M. Decombe, entre autres, se rappelle le crieur de
Vitré, qui, en 1848 et 1849, muni d'une clochette,
faisait ses publications le soir, à la chute du jour.
Il n'avait pas de costume spécial.
aintenant, avant de
passer à la descrip-
tion des placards ren-
nais, il me reste à
parler en général de
leur format et de leur
L ornementation.
Rennes est une des
rares villes où l'on
ait conservé la forme du placard. « On se demande
pourquoi les billets d'enterrements, par leurs pro-
portions et dispositions, semblent entrer dans la
catégorie des affiches et proclamations. On peut
répondre qu'effectivement ces billets sont destinés
à être affichés à la maison mortuaire, aux portes et
dans la sacristie de l'église où se célèbre le service,
à la porte du cimetière où doit se faire l'inhumation.
Ensuite, ce système d'une grande feuille de papier,
imprimé dans le sens de la largeur, pliée simple-
ment en quatre dans le sens de la hauteur, avec le
nom du destinataire à la corne extérieure est appro-
prié à la circonstance. La douleur aime les formes
solennelles. Celui qui reçoit le billet est déjà con-
traint, pour le déployer et pour suivre ses longues
et majestueuses lignes, de prendre une contenance
grave. Ces détails ne paraissent rien, au fond ils
sont immenses. Nos pères avaient le sentiment de
toutes ces choses au souverain degré et notre sans-
façon actuel les choquei'ait extrêmement. Enfin, il
n'est pas inutile de rappeler que dans les temps
reculés on n'avait pas l'habitude de plier le parche-
min en feuillets égaux, comme nous faisons aujour-
d'hui avec notre papier. Les anciens titres sont
— 283 —
écrits sur des feuilles de parchemin prises dans le
sens de la largeur. Lorsque la première feuille était
remplie, on se gardait bien d'écrire par derrière;
on prenait une nouvelle feuille qu'on attachait au
bas de la première au moyen de petites lannières
en parchemin et ainsi de suite : puis on faisait du
tout un rouleau. Nous possédons un vieux titre qui,
entièrement déroulé, porte un mètre de long. Nos
billets d'enterrement nous offrent un des derniers
vestiges de ce système. Du reste, les bulles et brefs
des Papes, les provisions et dispenses ecclésias-
tiques, les diplômes académiques, etc., se mettent
encore en placards, et les dimensions s'agrandissent
en raison de l'importance de l'objet K »
J'ajouterai à ces excellentes considérations de
l'abbé Pelletier que les proclamations lues par les
hérauts aux carrefours et sur les places publiques
étaient en général écrites sur parchemin ou papier
de grandes dimensions, on a dû en conserver le
format pour les avis de décès publiés dans les
mêmes conditions. Leur forme s'est perpétuée tra-
ditionnellement,
Et puis, comme le dit fort bien notre auteur, le
placard a quelque chose de solennel, il répond à la
majesté de la mort, différant en cela de la mesquine
petite lettre adoptée presque partout et qui semble
témoigner de la hâte que Ton a d'en finir au plus
vite avec les lugubres cérémonies dont elle est
l'annonciatrice.
C'est vers 1680 que Ton commença à illustrer le
placard « ainsi qu'en témoigne Boussault qui, dans
1. Abbé Pelletier, op. cit., p. 12.
— 284 —
sa comédie Le Mercure galant (1683), met en scène
un libraire qui propose d'enjoliver les billets d'en-
terrement :
Mais. Monsieur, jusqu'ici les billets nécessaires
Pour inviter le monde aux convois mortuaires
Ont été si mal faits qu'on souffrait à les voir;
Et pour le bien public, j'ai tâché d'y pourvoir.
J'ai fait graver exprès, avec des soins extrêmes,
De petits ornements de devises, d'emblèmes.
Pour égayer la vue et servir d'agréments
Aux billets destinés pour les enterrements.
Vous jugez bien. Monsieur, qu'embellis de la sorte,
Ils feront plus d'honneur à la personne morte ;
Et que les curieux, amateurs des Beaux-Arts,
Au convoi de son corps viendront de toutes parts.
« On s'était aperçu que le grand format appelle
l'illustration, et l'époque des thèses à gravures fut
aussi celle des billets d'enterrement historiés. L'or-
nementation de ces derniers fut plus sobre et plus
austère que celle de ces grands placards que les
candidats, promenés en chaise à porteurs, distri-
buaient par la ville aux amis et connaissances, in-
vités à la soutenance des actes de philosophie.
Destinés à rappeler à tous l'égalité devant la mort
chantée par Horace et Malherbe en vers inou-
bliables, les billets funéraires s'inspirèrent aussi,
comme nous le verrons, des espérances de la vie
future, de sorte que si l'on voulait résumer en
quelques mots l'œuvre des graveurs de ces compo-
sitions devenues si rares, on dirait : ici la mort, là
la résurrection *. »
•%
1. J. Pellisson, loc. cit., p. 201.
— 285 —
Le plus ancien placard rennais que je connaisse :
1736, et ceux des années suivantes, ont Tornemen-
tation sobre que signale M. Pellisson. Elle consiste
chez nous en un crâne accompagné de fémurs
croisés en sautoir, placé en tète de la feuille de
papier et en un V orné d'attributs funéraires com-
mençant le texte.
Mais on voit coexister ce modèle avec un type
plus compliqué : Tencadrement symbolique.
Parmi toutes les pièces que j'ai vues, la première
portant un encadrement est de 1748. On en a d'ail-
leurs exagéré le caractère macabre : la bordure qui
a 83"**" de largeur présente sur fond noir entr'-
autres attributs : deux grands squelettes renver-
sant des sacs d'écus...
Il me souvient qu'en mes jeunes années je pre-
nais un craintif plaisir à contempler un placard
exposé au Musée, dans l'une des salles d'Iconogra-
phie bretonne. Son image ne s'est pas effacée de
ma mémoire : je crois me rappeler qu'il était entiè-
rement gravé sur bois, texte et dessin ; il était im-
primé sur un papier très jauni, sinon franchement
jaune et ses grands squelettes avaient un air de
parenté avec ceux de la pièce que je viens de citer.
Cette pièce était-elle rennaise? Qu'est-elle deve-
nue? A-t-elle été la proie de quelque amateur sans
scrupule? Je le crains, car elle disparut un beau
jour. Si le remords pouvait saisir son détenteur illé-
gitime , si cette perle pouvait être restituée ,
on n'emporte dans la tombe ni l'or, ni les collec-
tions.
Peu à peu, les mœurs en devenant moins rudes
et, sans doute aussi, le courage diminuant d'envi-
sager la réalité en face, l'emblème de cette mort, à
— 286 —
laquelle nul ne peut échapper, prit des dimensions
plus restreintes. On en fit un motif accessoire,
perdu parmi d'autres ornements et il finit par dis-
paraître tout à fait. La figure humaine remplaça le
masque grimaçant de la « camarde » et symbolisa
la douleur, le souvenir, Téternité, les trois vertus
théologales, les habitants ailés des régions célestes.
La période romantique nous donna un encadre-
ment « à la cathédrale; » ce fut la dernière trans-
formation.
Enfin le mauvais goût (et aussi la question éco-
nomique) substituèrent à toute décoration artistique
la simple bordure noire, qui, elle, loin de dispa-
raître, prend de jour en jour des proportions de
plus en plus exagérées.
Je viens d'écrire décoration artistique ; en effet, si
le grand Art a dédaigné le papier de deuil (et c'est
dommage), il y a là un art tro^ peu connu. Qu'on
en fasse si l'on veut une catégorie de l'art popu-
laire, il tiendra honorablement sa place, et, déjà
l'attention des iconophiles est éveillée : je ne veux
pour preuve que l'ardente recherche dont le billet
d'enterrement est l'objet et le prix qu'il atteint*.
1. La Société archéologique et historique « Le Vieux Papier, » à
laquelle j'ai l'honneur d'appartenir, a publié dans son Bulletin de très
intéressants articles sur la matière, dus à MM. J. Pellisson et Vivarez.
C'est là que j'ai puisé l'idée d'entreprendre cette étude.
oici le moment, et
je le saisis bien vo-
lontiers, d'adresser
mes remerciements
aux personnes dont
l 'obligeance m 'a
permis de joindre
à la description des
pièces de ma collection, celle des trésors qu'ils
gardent, possèdent ou connaissent : M. P. Par-
fouru. Archiviste du département d'Ille-et-Vilaine,
M. L. Decombe, Directeur du Musée archéologique,
M. F. Sacher, Conseiller municipal.
Grâce à leur aimable concours, je pourrai donner
une nomenclature de 125 placards, comprenant
41 variétés et formant une névie presque ininter-
rompue de 1736 à 1853, plus d'un siècle I
Je l'ai indiqué plus haut : je ne connais pas de
pièce antérieure à 1736, ce qui ne veut pas dire que
ce soit seulement à cette date que remonte le
placard rennais, mais jusqu'ici personne n'en a
produit de plus ancien.
Les lettres de deuil peuvent se diviser en trois
catégories :
1° Les invitations aux obsèques {convoi ', inhu-
mations);
1. ■ Un coneoy d'enterremenl. c'est la rompaK"'» de <^eui qui assistent
— 288 —
2** Les invitations aux services ^ qui suivent les
obsèques ;
S"" Les faire-part de décès.
Je confondrai les deux premières, qui sont à peu
près semblables comme format et ornementation,
et je m'occuperai à part de la troisième.
Type f 1736
Mbssiburs et Dames ^
\70us êtes priez d'assister au service de Noble Homme
Guillaume-Alexis MOLIÈS , sieur DE LA SALLE,
décédé en sa Maison près les Gordeliers le lundy neuvième
juillet mil sept-cens trente-six, qui se fera demain samedy
vingt-unième desdits mois et an, à huit heures du matin en
TEglise et Paroisse de Saint-Germain, où il a été inhumé.
Db Profundis.
C'est de la part de Madame son Epouse et de toute la Fa-
mille.
(Arch. dép. d'Ille-et' Vilaine.)
Trois pièces semblables, de 1736 à 1746, existent
aux Archives.
Les tailles de la gravure des crânes, fémurs et
vignettes du V sont un peu différentes de celles du
type 4.
à an enterrement. Vous êtes priés d'assister au convoy, service et enter-
rement, n y a deux sortes de convois : l'un général, et c'est lorsque tous
les Ecclésiastiques habituez d'une Parroisse accompagnent un corps qu'on
porte en terre. L'autre s'appelle convoy de chœur et c'est lorsqu'il n'y a
que les Ecclésiastiques qui composent le chœur de la Parroisse qui ac-
compagnent le corps. » (Furetière.)
2. « Service se dit d'une messe haute qu'on chante pour un mort, à la-
quelle on invite les parens et amis. On est prié d'assister au convoy,
service et enterrement d'un tel. ou service du bout de l'an. On a fait dire
des services pour luy en plusieurs églises. Les crieurs appellent un ser-
vice complet, une messe haute, des vigiles la veille et six messes basses. »
(Furetière.)
— 289 —
Type 2 1 737 FI. 1
MESSIEURS ET DAMES,
Vous êtes priez d'assister au Convoi, Servive et Enterre-
ment de feue* Demoiselle Guillemettr GîRARD, en
son vivant Epouse de Maître Jkan-Pierre LE GUÉ, Procureur
au Présidial de Rennes, décédée au Couvent des Catherinettes
de cette Ville, ce jour, 23 May 1737. La Conduite de son Corps
se fera demain 24 dudit mois à dix heures & demie du matin,
en 1 Eglise & Paroisse de S. Jean, où elle sera inhumée.
DE PROF UN DIS.
C'est de la part de Monsieur LE GUE, de Messieurs ses
Enfans & de toute la Famille.
(Ex meisj
Crâne de trois quarts à droite, posé sur deux fé-
murs en sautoir.
Le V initial se détache en blanc sur un haut cata-
falque- sur le soubassement duquel sont assises
1. « Feu, Feiie, terme indéclinable dont on se sert en parlant des
défunts dont la mémoire ept encore récente... Cela se borne aux- personnes
que nous avons vues ou que nous avons pu voir. » (Furetiére.)
Oui... mais il me semble qu'ici il y a pléonasme, puisqu'il s'agit d'une
personne que l'on va enterrer
2. Dans le Bulletin de la Soc. arch. d'Illeet- Vilaine, T. XXXII, 1903,
p. XXVII, communication de M. Parfouru :
18 août 1518. — Accord entre nobles gens Yves Robert, sr de la Vol-
tais, paroisse de Guer, et Bertrand de Couëdor, s»' de l'Abbaye, au sujet
d'excès et violences commises par ce dernier dans l'église de Guer, le
lundi et mardi de Pâques 1518.
Il avait enlevé diverses tentures de deuil ou litre avec armoiries pla-
cées devant l'autel Notre-Dame, près de la U^mbe de dame Françoise
Becdelièvre, dame de la Voltais. Cette action avait causé du scandale et
le service divin avait été abandonné.
M. de la Voltais dit que cette insulte grave lui était plus pénible que
la perte de 2,000 écus d'or.
Bertrand de Couëdor reconnut ses torts, et par l'acte du 18 août 1518,
il s'engagea à rétablir à ses frais ce qu'il avait enlevé, c'est-à-dire une fausse
châsse, avec couverte de futaine noire et croix blanche sur ladite fausse
châsse, plus une « présentation » (portrait de ladite Françoise de Bec -
delièvre) et une litre de boagrain à l'entour des cierges qui étaient au-
xxxui 25
— 290 —
deux figures pleurant, munies de torches renver-
sées. Fond noir semé de larmes. L'encadrement de
la vignette est très simple : des fémurs en sautoir
placés au milieu de chacun des côtés.
L. : 0,41 ; H. : 0,33. — Filagramme du papier :
un griffon.
Trois pièces semblables, de 1739 à 1741, aux Ar-
chives départementales.
Types 1737 PL II
Messieurs et Dames,
"iTous êtes priés d'assister au service qui se fera Lundi
▼ prochain deux septembre 1737, environ les dix heures
du niatin,^dans TEglise des RR. PP. Cordeliers, pour le repos
de l'Ame de Maître Yves LE BOURVA sieur de Launay ; en
son vivant Clerc chez Mr. Rigadon Procureur au Parlement,
& chez lui décédé le 23. Août dernier.
De Profundis.
C'est de la part de Messieurs LES CLERCS du Parlement,
(Arch. dép. d*Hle-et- Vilaine.)
Crâne de face posé sur deux fémurs en sautoir,
le tout sur un fond carré noir semé de larmes, sans
encadrement.
Le V initial se détache en blanc sur un haut cata-
falque au bas duquel sont posés deux crânes ailés.
Fond et encadrement de la vignette noirs, semés de
larmes. L'encadrement est en outre orné de pal-
mettes aux quatre angles et de deux fémurs en sau-
toir au milieu de chacun de ses côtés.
devant de Fautel, le tout armorié des armes de ladite dame de la Voltais.
La litre et fausse châsse devaient rester pendant un an à partir du décès,
la « présentation » pendant un mois et les bougrains huit jours seulement.
— 291 —
1738
Messieurs bt Dambs,
Vous êtes priez d'assister au Service de Maître Martin
DU JARDIN, vivant Procureur du Présidial de Rennes
et Sénéchal de plusieurs jurisdictions, décédé en sa Maison
Place du Palais, le lundy vingt-quatrième Février mil sept
cent trente-huit, qui se fera demain Samedy premier Mars
dit an, à dix heures et demie du matin, en TËglise de Saint
Germain sa Paroisse, où il a été inhumé.
De Profundis.
C'est de la part de Mademoiselle sa Veuve, Messieurs ses
Enfans et de toute la Famille.
(Arch, dép. d'ille-et- Vilaine.)
Crâne rappelant celui du type 7.
La vignette du V initial représente un grand ca-
tafalque surmonté d'une couronne fleurdelysée,
orné au-devant d'un crâne ailé au-dessus de deux
fémurs en sautoir et flanqué de quatre pylônes se-
més de larmes. Sur le soubassement sont assis deux
génies : celui de gauche se cache le vieage de ses
deux mains et pleure, sa torche renversée et fu-
mante passe sous le V ; celui de droite s'appuie sur
sa torche renversée et lève la main gauche. — Fond
noir et encadrement comme ci-dessus.
La marche sur laquelle sont assis les génies
porte les lettres suivantes : à gauche : S P ; à
droite, S.
Six pièces semblables, de 1738 à 1746, aux Ar-
chives départementales.
- 292 —
Type 4 1739
Messieurs et Dames,
Vous êtes priez d'assister au Convoy, Service & Enterre-
ment de Demoiselle Gabrielle LE GAULT, son vivant
Epouse de Me. Jean François MOREAU sieur DES HAYES,
Procureur au Parlement, & Miseur de la Communauté de cette
Ville de Rennes; décédée en sa maison Rue de Clisson, aujour-
d'hui Samedi vingt-sept Juin mil sept cens trente-neuf; La
conduite de son Corps se fera demain Dimanche vingt-huit
desdits mois & an, à dix heures & demie du matin en l'Eglise
de Saint Sauveur sa Paroisse, pour y être inhumée.
De Profundis.
C'est de la part de Monsieur MOREAU, & de toute )a Fa-
mille.
(Ex meis.J
Crâne de face, le maxillaire inférieur reposant
sur deux fémurs en sautoir qui passent derrière lui.
La vignette du V représente sur un fond noir
semé de larmes et non encadré : un catafalque
placé devant une draperie, orné au-devant d'un
crâne dans une petite arcalure, surmonté d'une
figure drapée, agenouillée de profil à droite et
priant. — Deux figures voilées sont assises de
chaque côté du soubassement, dans l'attitude de la
douleur.
L. : 0,44; H. : 0,33 1/2. — Papier vergé; fila-
gramme : une grande fleur de lys.
*%
Une pièce semblable, de 1739, aux Arch. dép.
3 pièces type 2, de 1739 à 1741, id.
— 293 —
25 pièces type 9, de 1739 à 1771, aux Arch. dép.
14 pièces type 2 a, de 1745 à 1752, id.
4 pièces type 6 a, de 1746 à 1748, aux Arch. dép. —
Petite modification du crâne et des fémurs du type 6.
14 pièces type 2 a, de 1746 a 1772, aux Arch. dép.
— Le crâne est assez semblable au type 2 a. — La
vignette du V est la même que celle du placard du
24 février 1738 précédemment décrit, sauf la dispo-
sition des lettres S P sur la première marche et l'ad-
dition d'un point blanc dans la bordure noire du
bas, à droite.
Une pièce typfj 2 a, de 1747, aux Arch. dép. — Le
crâne est celui du type 2 a. — La vignette du V,
très petite, est celle du type 5.
Type 5 1947
Messieurs et Dames,
Vous êtes priez d'assister à T Enterrement de feue D^^" Eli-
8Abeth-Jeanne«Louisr GUENIER, veuve de feu M. Pierre
Le Lièvre, Procureur au Parlement de Bretagne, décédée en
sa Maison, près la Rue Reverdiais le 9 Mai 1747 : qui se fera
demain Jeudi 11 desdits mois & an à onze heures du matin, en
TEglise de S. Jean sa Paroisse, où elle sera inhumée.
De Profundis.
C'est de la part de MM. et Dames ses Enfans et de toute la
Famille.
(Arch, dép. d^IUe-ei- Vilaine.)
Voir la description à l'article suivant :
— 294 —
Type & « 948 PI. III
\
Messieurs et Dames,
1 ous êtes priés d'assister au Service anniversaire de
Demoiselle ELISABETH-JEANNE-LOUISE QUE-
NIER, veuve de M. LELIEVRE, Procureur au Parletnent :
guise fera de^nain Vendredi iO May i748, à dix heures
précises du matin, en VEglise des Dames Canyielites. Les
Messes basses seront célébrées depuis dix heures du matin
jusqu'à 7nidi.
DE PROF UN DIS.
C'est de la part de Messieurs ses Ënfans et de toute la
Famille.
(Ex meis,}
Encadrement en quatre pièces assemblées qui
portent des gravures en blanc sur fond noir. (Le
fond est semé de larmes.)
Sur la pièce du haut : à gauche : un cercueil cou-
vert d'une draperie noire semée de larmes et brodée
d'une grande croix, flanqué de six flambeaux por-
tant des cierges allumés. — Au centre : un prêtre
vêtu d'une chasuble noire officiant à un autel en-
deuillé surmonté de six flambeaux portant des
cierges allumés ornes de pancartes noires sur les-
quelles se voient des croix rayonnantes (4) et des
crânes (2). — A droite : une fosse ouverte près de
laquelle sont posés une pioche et une pelle.
Sur les pièces latérales : deux grands squelettes
renversant des sacs de pièces de monnaies mar-
quées d'une croix, posés sur des piédestaux sur
lesquels s'appuient des faulx. (Les jambes des sque-
lettes à partir des rotules, une partie des piédestaux
et les faulx sont gravées sur la pièce du bas.)
— 295 —
Au milieu de la pièce du bas : un crâne posé sur
deux fémurs en sautoir qui passent derrière lui.
L. : 0,40. — H. : 0,33. — Papier vergé.
Filagramme : (v. lemardele)
(BRETAGNE)
(FIN 1744)
et un grand écusson surmonté d'une couronne.
Il est regrettable que cette belle pièce, dont on
ne connaît que trois exemplaires (on en retrouvera
une en 1750 dans la collection de M. Decombe), n'ait
pas été signée par le graveur.
Type 2 a 1748
Messieurs et Dames,
Vous êtes priés d'assister au service de feue Daine
JEANNE-OABRIELLE PETIT, en son vivant veuve
de M. PIERRE-CLAUDE MORFOUACE, sieur DE LA
COMMUN A YE, ancien Procureur au Parlement, un des
Directeurs et Administrateurs des Hôpitaux de la Ville,
décédée en sa Maison Rue aux Foulons le 24 juillet 1748,
qui se fera Lundi 29 desdits mois et an à dix heures et
demie du mutin en l'Eglise et Paroisse de S, Sauveur, où
elle a été inhumée.
DE PROFUNDIS.
C'est de la part de Messieurs ses Enfans et de toute la Fa-
mille.
(Ex meis.)
Crâne et fémurs du type 2, mais regravés : les
tailles de l'os temporal sont plus nombreuses. Les
extrémités des fémurs sont plus gros.
La vignette du V est semblable à celle du type 2.
L. : 0,40. — H. : 0,31. — Papier vergé.
— 296 —
Filagramme : (v. lemardele)
(bretagne)
(fin)
et un écusson surmonté d'une couronne.
Type 6 1749
Messieurs et Dames,
Vous êtes priez d'assister au Convoi, Service et Enter-
rement de Demoiselle JEANNE BERTHELOT, en
son vivant épotcse de Me. MICHEL RAVENEL, Procureur
au Parlement de Bretagne, dêcedée en sa Mai^son Rue Cha-
lais le Lundi deuxihne Juin mil sept cens quarante-neuf ;
La conduite de son Corps se fera demain Mercredi qua-
trième desdits mois et an, à onze heures précises du matin
en l'Eglise de Toussaints sa Paroisse, oit elle sera inhumée.
DE PROFUNDIS.
Cest de la part de M. RA VENELj son mari et de toute
la famille.
{Ex. mets.)
Crâne de face posé sur deux fémurs croisés en
sautoir, placés derrière le maxillaire inférieur.
La vignette initiale, encadrée d'un simple filet,
porte un grand crâne au dessus de deux fémurs en
sautoir, et entouré d'une banderolle avec Tinscrip-
tion : AVIOVRD HVrA'MOY DEiMAIN A'VOVS.
Fond noir semé de larmes. Le V se détache sur
le tout.
L. : 0,42. — H. : 0,32. — Papier vergé.
Filagramme : v chevere
BRETAGNE 17..
et un fleuron composé de quatre fleurs de lys op-
posées par le pied.
— 297 -
On trouve aux Archives départementales 21 pièces
semblables, de 1749 à 1760.
Lô placard de 1760 porte Tindication : Imp. Pierre
Garnier.
Type 5 f 750
Messieurs et Dames,
Vous êtes priés d'assister aux Messes qui se diront
demain Vendredi 5 Juin 1750, depuis huit heures
jusqu'à onze du matin, en l'Eglise et Paroissse de S. Sau-
veur, pour le repos de l'A)ne de feue Demoiselle JEANNE-
LUCE MOINNERYE, épouse de M. JEAN- BAPTISTE
LAUGÈE, Procureur au Parlement de Bretagne, inhu-
mée en ladite Eglise le 3 du présent mois de Juin.
DE PROFUNDIS.
C'est de la part de son Mari, de ses lilnfans et de toute la
Famille.
(Collection Decotnbe.)
Encadrement semblable au placard Guénier de
1748.
Papier vergé. — Filagramme : Bretagne
FIN ....
et un grand écusson surmonté d'une couronne et
d'une croix.
Aux Archives départementales : trois pièces de
1752 et 1753. Crâne et fémurs semblables à ceux du
type 7. — Vignette du V initial semblable à celle
du type 4,
— 298 —
Type 6 1753
Messieurs et Dames,
Vous êtes priés (^assister au service de feu Maître
GILLES RUCHER Sieur DE LA BAZELA YS, vivant
Procureur au Parlement, décédé en sa Maison près la
Rtcë Trassart le 15. Décembre 1753, Qui se fera sa--
medi 29. desdits mois et an^ à onze heures du mutin, en
V Eglise de Saint Pierre en Saint Georges sa Paroisse, où
il a été inhumé.
DE PROFUNDIS.
C'est de la part de Mademoiselle Rucher de la Bazelays sa
veuve, de Mademoiselle Rucher de la Bazelays sa mère, et de
toute la Famille.
(Ex meis.)
Crâne et vignette semblables à ceux du placard
de 1749.
L. : 0,41. — H. : 0,33. — Papier vergé.
BRETAGNE
Filagramme : avduere
FIN 1751.
et un fleuron composé de quatre fleurs de lys op-
posées par le bas.
Aux Archives départementales : vingt-trois pièces
type 2 B, de 1753 à 1777. — Les fémurs diffèrent de
ceux des types 2 et 2 a, ainsi qu'un ornement du
catafalque : un double trait dessine les oves de la
grosse moulure. — Le placard de 1760 porte l'indi-
cation : Imp. Nicolas Audran^ et celui de 1777 ;
Imp. N. Audran,
299 —
Type 7 1755
Messieurs et Dames,
Vous êtes priés d'assister au Service Anniversaire de
Dame ANNE-^MARIE POMMERET, en son vivant
veuve de Noble-Homme BENJAMIN DE GENNES DE
V AU DUE*, qui se fera Mardi, huit Avril mil sept cent cin-
qicante-cinq, à dix heures du matin, dans l'Eglise de Tous-
saints, sa paroisse, oU elle a été inhumée.
DE PROFUNDIS.
C'est de la part de Monsieur DE GENNES, son fils, de Mes-
dames ses Sœurs & de toute la Famille.
(Ex meis,)
Crâne de face posé sur deux fémurs croisés en
sautoir, passés derrière le maxillaire inférieur. Le
graveur a rendu plus macabre ce symbole de mort :
le crâne semble rongé par un long séjour sous terre
et les extrémités inférieures des fémurs manquent.
La vignette du V initial ressemble à celle du
type 2 (voy. pi. 1), mais les larmes blanches du fond
sont ici plus petites; le graveur avait commencé à
dessiner des oves sur la grosse moulure du cata-
falque (on en voit quatre entre les branches du V),
mais il a modifié son dessin et a notamment sup-
primé cette moulure; de plus, on trouve ici un
semis de larmes noires sur le cadre : deux lignes
en haut et en bas, une seule ligne sur les côtés.
L. : 0,42. — H. : 0,30. — Papier vergé.
FIN 1723
Filagramme : Bretagne
M. GORGET
— 300 —
et un fleuron composé de quatre fleurs de lys op-
posées par le bas.
Deux pièces semblables de 17S4 aux Archives dé-
partementales.
On y voit également : 7 pièces de 1760 à 1762, du
type 2 D, avec l'indication : Imp. Nicolas-Paul Katar.
— Même crâne qu'au type 2 c. — Vignettes initiales
semblables aux types 2 a, 2 c, 7, sauf la tête des
deux génies assis (celui de gauche a la tête couverte
d'un voile), certains détails de la draperie et les
tailles du catafalque. (C'est le type 2 a refait.)
12 pièces du type 8, de 1762 à 1779, aux Archives
départementales.
Type 8 1763 PI. lY
Messieurs et Dames.
Vous êtes priés d'assister mur Messes qui se diront
depuis neuf heures du matin jusqu'à midi, et au
service qui se leva à dix heures précises, en l'église des
RR. PP, Minimes, le samedi 26 mars i 763, pour le repos
de l'Ame de feu Maitre FRANÇOIS LE MAS SON, vivant
Sénéchal et Procureur Fiscal de plusieurs Jurisdictions,
décédé en sa Maison rue de Chateaurenault, le Dimanche
20 desdits mois et an.
DE PROFUNDIS
C'est de la part de Messieurs et Demoiselle LE MASSON,
ses Enfaiis, et de toute la Famille.
De rimprimerie de Nicolas-Paul VATAR, 1764.
(Ex meis.J
Encadrement en quatre pièces : en haut, au mi-
lieu, sous un suaire, une tête de mort ailée sous
lacjuelle on voit les extrémités de deux fémurs croi-
— 301 —
ses, auccompagnée à gauche d'une pelle, à droite
d'une pioche. De chaque côté deux figurines, celle
de droite pleurant. Aux extrémités deux lampes
allumées.
En bas, dans un nuage, entre deux palmes sor-
tant des volutes de Tornementation : un vase à eau
bénite, un livre ouvert, un manipule, un crucifix
couché.
De chaque côté : deux cierges fumeux croisés
derrière une pancarte funéraire carrée, représentant
sur un fond noir semé de larmes un crâne posé sur
deux fémurs en sautoir.
La vignette porte un V italique derrière lequel
on voit un crâne surmonté d'un sablier, posé sur
deux fémurs en sautoir reposant sur un cercueil,
une pioche et une pelle en sautoir. Fond à tailles
horizontales, semé de quatre larmes. L'encadrement
de la vignette est un simple trait.
L. : 0,44. — H. : 0,34 1/2. — Papier vergé.
BRETAGNE
Filagramme : m** gorget
FIN 1719.
et un fleuron formé de quatre fleurs de lys opposées
par le bas.
Dans 1 intéressant ouvrage de John Grand-Carte-
ret : Vieux papiers, vieilles images, est reproduit
un placard à peu près semblable, imprimé au Mans
en février 1782. Si quelques détails diffèrent, le
style général est le même et l'on peut conclure que
les deux gravures sont de la même main.
Aux Archives départementales : 17 pièces du
type 12, de 1763 à 1773. — Le placard de 1763 porte
la mention : Imp. Pierre Garnier.
— 302 —
Type 9 1764
Messieurs et Dames,
Vous êtes priés d'assister au Service de Maître
CHARLES-JA CQUES LEGUE, vivant, ancien Pro-
cureur au Parle^nent de Bretagne, qui se fera Mercredi
prochain Si octobre 1764, à dix heures et demie précises
du matin, dans l'Eglise des Révérends Pères Carmes de
Rennes, où il a été inhumé.
DE PROFUNDIS
C'est de la part de Messieurs et de Mesdames ses Enfans et
de toute la Famille.
(Ex mets.)
Crâne de face, posé sur deux fémurs en sautoir,
passés derrière lui.
La vignette du V initial est celle du type 7, laquelle
n'est elle-même que celle du type 2 refaite.
L. : 0,45. — H. : 0,35. — Papier vergé.
Filagramme : fin
A. DVERE
BRETAGNE
et une grande grappe de raisin.
Type 9 1764
Messieurs et Dames,
Vous êtes priés d'assister au Convoi, Service et Enter-
rement de Dame ANNE FAUVEL, Veuve de Maître
YVES PHELIPPE, sieur de TRONJOLY, vivant, Procu-
reur au Parlement, ancien Sindic de sa Communauté, et
tun des Nobles Bourgeois et Echevins de la Ville de
Rennes, décédée en sa Maison, Rue de ChâteaurenauU, le
3 Novembre i 764 ; la conduite de son corps se fera demain
Dimanclie 4 des dits mois et an, à dix heures et demie du
— 303 —
maiin, en l'Eglise de SainUSauveur, sa Paroisse^ où elle
sera inhumée.
DE PROFUNLIS.
C'est de la part de Madame FABLET, sa Fille, de Madame
TRONJOLY, sa bru, de ses petits Enfans, et de toute la Fa-
mille.
(Ex mets.)
Même ornementation qu'au placard précédent.
L. : 0,45. — H. : 0,35. — Papier vergé.
Filagramme : fin
AVDUERE
BRETAGNE
et un fleuron composé de quatre fleurs de lys oppo-
sées par le bas.
Type lO 1765
Af (ici le nom de Tinvité, écrit à la main).
Vous êtes priés cC assister au Service septième de feu
Messire NICOLAS MAOON, chevalier, Seigneur»
Marquis DE LA QERVAISAlSy Lieutenant Général des
Armées du Roi, et chevalier de V Ordre Royal et Militaire
de Saint-Louis, Mardi iS août il 65, à la Cathédrale,
après la Grand^Messe.
Sane Convoy [sic].
Requiescat in Pace.
(Collection de Palys.)
En tête : petite tête de mort posée sur deux
fémurs en sautoir. Pas d'encadrement.
L. : 0,25. — H. : 0,20.
— 304 —
Type fi 1767
M.
Vous êtes prié, de la part de Nosseigneurs les Etats de
Bretagne, d'assister au service solennel qu'ils feront célé-
brer Lundi prochainy 6 avril 1767, à dix heures du matin,
en C Eglise des R. P. Cordeliers, pour le repos de l'Anie de
très haute, très Puissante et très Excellente Princesse
Dame, Madame MARIE-JOSEPH DE SAXE, Dauphine de
France.
Requiescat in Pace.
(Collection de Palys.j
Sans en-tête ni encadrement.
H. : 0,24. — L. : 0,18.
Ces deux billets, très intéressants, sont les seuls
de ce genre que je connaisse. Les pièces semblables
n'ont pas dû être conservées, leur petit format les
rendant inutilisables pour les usages auxquels on
réservait les placards.
Type t1^ 1768
\' ou s êtes priés d'assister au Service et Messes qui seront
dites et célébrés Jeudi 29. Décembre 1768. à dix
heures et demie du matin, dans l'Eglise des Révérends
Pères Cordeliers de cette Ville, pour le repos et salut de
Vâm£ de feu Me, JEAN-FRANÇOIS JACQUE, sieur DE
LA BEZARDAIE, vivant Procureur au Parletnent de Bre-
tagne, Vun des Nobles Bourgeois et Echevins de la Ville et
Communauté de Rennes et ancien Trésorier de St. Etienne,
décédé en sa maison le 20. desdits mois et an.
DE PROFUNDIS.
C'est de la part de Madame de la Bezardaie sa veuve, de
ses enfans et de toute la famille.
(Ex meis.J
— 305 —
Le crâne, d'une impression lourde et dont les
tailles sont empâtées comme celles d'un bois usé,
est de face, posé sur deux fémurs en sautoir qui
passent derrière le maxillaire inférieur.
C'est une variante du crâne du type 6 : le menton
est d'un autre dessin et ombré. Les extrémités des
fémurs sont égalements différentes.
La vignette du V est celle du type 4, refaite ; la
figure agenouillée est plus droite et sa tête dépasse
la draperie tendue derrière elle. Les figures assises
au pied du catafalque ont plus de raideur. Le crâne
est placé dans une petite arcature à fond noir. Les
larmes qui sèment le fond sont plus petites. Le tra-
vail de gravure est en général plus grossier.
L. : 0,46. — H. : 0,32 1/2. — Papier vergé.
Filagramme : M V G et une fleur de lys.
J'ai déjà signalé à leur ordre chronologique dix-
sept pièces de ce type, de 1763 à 1773, qui se trouvent
aux Archives départementales; le placard de 1763
porte la mention : Imp. Pierre Garnier.
Type Z F 1770
Un placard de la collection de M. B. Pocquet du Haut-
Jussé porte le crâne du type 2; mais la vignette initiale est
celle du type 13.
Aux Archives départementales, 4 pièces de 1773
à 1775, formant le type 2 d : crâne du type 2 a;
vignette initiale du type 2 b. — Ces placards portent
la mention : Impr. de N. Audran.
xuiii 26
— 306 —
Type 13 1 77S PI. V
Messieurs kt Dames,
Vous êtes priés dassister aux Convoi, Service et
Entendement de Demoiselle THERESE-URSULE^
EMMANUELLE FONTENEAU, Fille de Af. Fonteneau,
Procureur au Parlement, décédée en sa maison, rue de
Toulouse, le 16 Janviet' 1773. La conduite de son corps
se fera demain ditnanche 17 desdits mois et an, à 11 heures
du matin, en V église de Saint Aubin sa paroisse, où elle
sera inhwnée,
DE PROFUNDIS.
Cest de la part de M. FONTENEAU, son Père, des
Demoiselles ses sceurs, et de toute la famille.
De l'Imprimerie de Julien -Charles VATAR,
Imprimeur ordinaire du Roi.
(Coll. des Archives départementales J
Ce placard est encadré d'un double filet : un gras
extérieur, un maigre intérieur, à un centimètre et
demi du bord.
Crâne et sautoir du type 7; vignette initiale du
type 2 A.
Les Archives possèdent deux autres placards
semblables de la même année.
L'importance de cette pièce n'échappera à per-
sonne : c'est le prototype de l'encadrement simple
qui, de nos jours, a envahi les bords du papier.
Aux Archives départementales : 5 pièces, type
12 A, de 1774 à 1778.
— 307 —
Type ISA 1775
Messieurs et Dames,
\70us êtes priés d assister aux Service et Messes qui
seront célébrés Jeudi 9 février 1 775, à dix lieures et
demie du matin, dans l'Eglise des Révérends Pères Corde-
tiers de cette Ville pour le repos et salut de Vânie de feu
Me. JOSEPII'SIMEON FOURNIER, en son vivant Procu-
reur au Parle'inent, décédé en sa maisony ru^ Saint
Georges, le 31 Janvier dicdit an.
DE PROFUNDIS.
C'est de la part de ses Enfants et de toute la Famille.
(Ex mets.)
Même crâne qu'au type 12, mais l'impression est
meilleure.
La vignette du V initial est complètement diffé-
rente : elle représente un haut catafalque placé sur
une estrade de quatre marches inégales, surmonté
d'une couronne fleurdelysée, orné sur le devant
d'un crâne ailé. Encadrement : un filet. Fond noir
semé de larmes nombreuses.
L. : 0,45. — H. : 0,35. — Papier vergé, même fila-
gramme qu'au type 12.
Les Archives départementales possèdent 5 pièces
du type 12 a, de 1774 à 1778.
Id. : 8 pièces type 14, de 1776 à 1788.
Id. : 2 pièces type 13 a, de 1777 : crâne du type 13;
vignettes du V initial des types 7 et 9; encadrement
de deux filets.
— 308 —
Type 14 «Vie
Messieurs et Dames,
Vous êtes priés d'assister aiux; Service et Messh qui
seront célébrés Jeudi 8 Juillet 1 779 à onze heures du
matin dans l'Eglise et Paroisse de Saint Etienne pour le
repos et salut de l'â)ne de Dame MARGUERITE-JOSÉ-
PHINE PETIT, en son vivant Epouse de Messire LOUIS-
ANDRE-GABRIEL LE CORCIN, chevalier, seigneur de
Chesneblanc, Garant, et autres lieux, décédée en son Hôtel,
rue de la Monnaie, le 2 desdits mx)is et an.
DE PROFUNDIS.
C'est de la part de M. LE CORSIN, son Mari, de Mesde-
moiselles ses Filles, de M et de Madame PETIT, et de toute
la Famille.
A RENNES, chez Nicolas-Paul VATAR, Imprimeur de
Nosseigneurs les Etats de Bretagne, au Palais, 1779.
(Collection L. de Villers.)
Encadrement en quatre pièces : en haut : au
milieu, une tête de mort ailée de face, sous un
suaire, accompagnée à gauche d'une pioche, à
droite d'une pelle; de chaque côté : un crâne de
face posé sur deux fémurs en sautoir. A chaque
extrémité : une lampe d'où sort une grosse flamme.
En bas : au milieu, entre deux palmes croisées
en sautoir : un vase à eau bénite, accompagné à
gauche d'un crucifix, à droite d'un livre ouvert et
au-dessous d'un sablier.
Sur chacun des côtés : au milieu, un crâne posé
sur deux fémurs croisés en sautoir, placés sur
une pelle et une faulx croisés (les fers des faulx
sont tournés vers l'intérieur; la pelle de droite
est carrée, celle de gauche arrondie) ; au-dessus et
- 309 —
au-dessous un crâne posé sur deux fémurs en sau-
toir.
Le fond de l'encadrement est noir, semé de larmes.
La vignette initiale rappelle celle du type 8, avec
quelques différences ; par exemple ici le fond est
noir semé de larmes, les fémurs ont de plus grandes
dimensions, le sablier a disparu, comme aussi le
filet de la bordure du côté droit.
Au reste l'ensemble de la décoration rappelle tout
à fait le type 8.
Type 8 1779
Messieurs et Dames,
Vous êtes priés d'assister aux Service cfc Messes qui
seront célébrés vendredi 3 déceniWe 1779, à dix
heures et demie du matin, dans V Eglise et paroisse de
Saint-Etienne, pour le repos et salut de l'Ame de Demoiselle
GILLETTE BUCHON, en son vivant Veuve de Noble
Homme ROBERT ROXJXEL, Marchand de cette Ville,
décédée en sa Maison, rue du Fatcxbourg-CEvêque, le
29 novembre dit an,
DE PROFUNDIS
Cest de la part de Messieurs LE ROUX, LE BUF et
PICAULD, ses Neveux, des Demoiselles DU TERTRE,
PICAULD, LE BUF et LEROUX, ses Nièces, et de toute
la Famille,
(Collection Decombe.)
Papier vergé. — Type 8, mais le bois parait très
usé.
Aux Archives départementales, 8 pièces type 17,
de 1782 à 1788.
Id., 3 pièces type 18, de 1782 à 1786.
Id., 1 pièce type 2 e, de 1782 : crâne du type 2 b;
vignette initiale du type 2.
— 310 —
Type 14 1985
Messieurs et Dames,
Vous êtes priés d'assister aux Convoi, SenHce et Enter-
retnent de Dame PERRINE PICHON, en son vivant
Epouse d'Honorable Homme GILLES-FRANÇOIS-RENÈ
PICOT, Négociant, décédée en sa maison. Place du Palais^
le 23 Mai i 785 : La conduite de son Corps se fiera aujour-
d'hui 24 desdits mois et an, à six heures de l'après-midi, et
la Messe sera célébrée le lendemain, à neuf heures du ma^
tin, dans t Eglise de Saint-Germain, sa Paroisse, où elle
sera inhumée,
DE PROFUNDIS.
C'est de la part de M. Picot, son Mari, de ses Enfans, et de
toute la Famille.
A RENNES, chez Nigolas-Paul VATAR, Imprimeur de
Nosseigneurs les Etats de Bretagne, 1785.
[Ex tneis.)
Description du type 14 donnée ci-dessus.
L. : 0,45 1/2. — H. : 0,36. — Papier vergé.
Filagramme : A«»D et une fleur de lys.
Type 1& 1985
Messieurs et Dames,
Vous êtes priés d'assister aux Services et Messes, qui
seront célébrées Mercredi 8 juin 1785, à dix heures
et demie, en l'Eglise et Paroisse de S, Etienne, pour le
repos et salut étemel de l'Ame de Dame CATHERINE-
MARIE BARTHOMEUF, en son vivant Epouse de N. H.
JEAN-CHARLES RAQUENEL, décédée à C Hôtel de la
Monnoie, le 3 juin, et inhumée en S. Etienne, sa Paroisse,
le 4 desdits mois et an,
DE PROFUNDIS.
— 311 —
C'est de la part de Mr. et de Mlle. RAGUENEL, ses Enfans,
de Mr. et Mde. BARTHOMEUF, et de toute la Famille.
(Collection Decombe.)
Description ci-dessous.
Papier vergé. — Filagramme : \j^ et un griffon
ailé, la tête surmontée d'une fleur de lys.
L. : 0,44 1/2. — H. : 0,35.
Type 15 1785
Messieurs et Dames,
Vous êtes priés d'assister aux Convoi, Service et Enter-
rement de DAME MARGUERITE BRINDEJONC
DE BERMINHAM, veuve de Messire PIERE (sic) NICO-
LAS DE LA VILLÈON, dievalier, Seigneur dwUt nom,
décédée en son Hôtel, rue du Chapitre, le 20 Juin 1785,
La conduite de son Corps se fera Mardi 21 desdits mois et
an, à 9 heures du matin, dans V Eglise de Saint-Etienne,
sa Paroisse, oie elle sera inhumée.
DE PROFUNDIS.
De la part de M. et de Madame le Mintier, de M. et de
Madame de Pontmartin, ses gendres filles et de toute la fa-
mille.
(Ex mets.)
Grand crâne ailé (ailes de chauve-souris), cou-
ronné de laurier et surmonté de douze larmes ;
accompagné à gauche : d'une pelle, à droite : d'une
faulx, les fers de ces instruments sont tournés en
haut et les manches sont ornés de hranches d'acacia.
Au-dessous, un sablier placé horizontalement.
La vignette du V initial est assez compliquée : au
centre : un vase d'où s'échappe de la fumée, placé
sur un piédestal composé de quatre marches au
— 312 —
pied duquel sont posés sur le sol, croisés en sau-
toir, deux pioches et deux pelles.
En haut : un sablier entre deux palmes enlacées
d'une banderolle sur laquelle on lit : DE LIMP.
DEN AUDRAN (De l'imprimerie de Nicolas Audran).
De chaque côté : un ruban lié en trophée : une
palme, un bâton, un cierge renversé fumant. — Ce
symbolisme est très joli : le voyage du défunt est
terminé, sa vie s'est éteinte, il ne lui reste plus
qu'à recevoir sa récompense.
En bas : un ornement en volutes.
L. : 0,44 1/2. — H. : 0,36. — Papier vergé bleuté.
Filagramme : y^ et un griffon ailé, la tête sur-
montée d'une fleur de lys.
Type le 1985
Messieurs et Dames,
Vous êtes priés d'assister au Service qui sera célébré
demain Sa^nedi 15 octobre 1785, à dix heures, en
l'Eglise des R.R. P.P. Jacobins, pour le repos de et salut
de l'Ame de N. M^ Guillaume Julien Jam£S, sieur de la
Boulaye, en son vivant. Avocat au Parlement de Bretagne,
et ancien Sénéchal de Janzé, décédé en sa maison cour des
Carmélites le il, et inhuma en l'Eglise de Saint-Jean sa
Paroisse, le 12 desdits mx)is et an.
DE PROFUNDIS.
De la part de Messieurs et Mademoiselle JÂMËS, ses Bnfans,
et de toute la Famille.
(Eœ tneis.J
m
Encadrement en quatre pièces : en haut : la Mort
(un squelette), armée de sa faulx dont le manche
porte enroulé un serpent mordant une pomme, sou-
lève un suaire qui drape tout le haut de la com-
— 313 —
position et dont les bouts frangés retombent sur
les côtés, assez bas. Elle est accompagnée de chaque
côté d'une branche d'acacia (peut-être de cyprès).
Aux extrémités : une urne ornée de festons de dra-
peries. Au-dessous de la Mort est une bande-
rolle sur laquelle se trouve un cadran d'horloge.
Sur la banderolle, on lit, en caractères grecs et en
latin : Apud XJCàPXH AE MONTENAT Typographum.
Au bas : un hémicycle dont le pourtour et les
panneaux sont semés de larmes noires. Au centre
un catafalque orné de mascarons représentant des
crânes ailés. Sur le couvercle on voit : une tiare
pontificale, une couronne épiscopale, la croix et le
ruban de l'Ordre du Saint-Esprit, et, passés en sau-
toir, deux branches d'acacia, une crosse d'évêque
et une houlette. — De chaque côté du catafalque
sont deux figures de femmes pleurant; celle de
gauche est assise et repose sa main gauche sur le
crâne-mascaron qui est près d'elle; celle de droite
est debout et s'appuie du coude sur le catafalque.
A droite et à gauche, sur des piédestaux, se trouvent
deux pots à feu ornés de crânes ailés et jetant des
flammes et de la fumée.
A droite, sur la plinthe de l'hémicycle, on lit cette
inscription : Alanconii anno Godard
i784 inv. et
sculp.
De chaque côté : une colonne carrée et une co-
lonne ronde entre lesquelles est suspendue une
lampe sépulcrale fumant. Au bas des colonnes, sur
les chapiteaux, d'un côté un hibou, de l'autre une
pie.
Dans cet exemplaire, les pièces latérales ont été
interverties^ le hibou est à gauche, la pie est à
— 314 —
droite : c'est le contraire qu'il faudrait; le sens de
l'arrangement est indiqué par les draperies. D'ail-
leurs il est irrationnel que les oiseaux tournent le
dos à la scène de désolation qui forme le motif du
bas de la composition.
La vignette du V initial représente le Temps armé
de sa faulx et d'un sablier, planant au-dessus des
ruines d'un portique et d'un château-fort. Elle est
encadrée d'un double filet.
Le texte, est imprimé en italiques ornées. — Pa-
pier vergé.
Filagramme : L. V et un griffon ailé, la tète
surmontée d'une fleur de lys.
L : 0,45. — H : 0,36.
Aux Archives départementales, 4 pièces sem-
blables, de 1786 à 1791.
Id., 3 pièces du type 15, de 1785.
Type 19 1 985 PI. VI
Messieurs et Dames,
Vous êtes priés dCassister aux Services et Messes qui
seront célébrés demain Jeudi 27 Octobre 1785, depuis
dix heures du matin jusqu'à midi, dans VEglise des R.R,
PP. Carmes, pour le repos et salut de VAme du sieur
FRANÇOIS BIART rainé, en son vivant ancien Juré des
Cœnmunautés des Marchands Maîtres Tanneurs et Cor-
royeurs de cette Ville, décédé à la Maison de CHôpital
Saint'Méen, le 23 Octobre et inhumé le 24 desdif^ m^is et
an, dans la chapelle dudit Hôpital.
DE PROFUNDIS.
C'est de la part de Madame BIART sa Veuve, de Mademoi-
selle BIART sa fille, et de toute la Famille.
{Collection Decombe.)
— 315 —
Encadrement en quatre pièces : en haut, au mi-
lieu, un crâne ailé, couronné de laurier, sous une
draperie qui retombe en festons, accompagné à
gauche d'un sablier couché, à droite, d'une torche
tumante ; au-dessus et de chaque côté, des branches
d'arbuste; au-dessous, une faulx autour du manche
de laquelle s'enroule un serpent mordant une
pomme. A chaque extrémité, un pot à feu lançant
des flammes et de la fumée.
En bas : au milieu, un trophée composé de six
drapeaux, un bouclier portant un crâne avec deux
sautoirs de fémurs, un casque empanaché et deux
bâtons fleurdelysés. — A gauche, pêle-mêle : une
tiare papale, un manipule, un livre fermé, deux
clefs, une bannière à la croix, une branche de lau-
rier. — A droite, pêle-mêle également : un man-
teau fleurdelysé, une couronne royale, un sceptre,
une main de Justice, une épée, une branche de
laurier.
De chaque côté, trois colonnes en perspective :
la première porte en haut une cloche ailée, et au
milieu, liés en trophée à un gros anneau, deux
cierges renversés et fumants.
La vignette du V initial est d'assez petites dimen-
sions; elle contient un catafalque orné de draperies
et de rubans, deux cierges renversés et fumants
sont passés en sautoir derrière lui. Encadrement
d'un filet noir.
L. : 0,45. — H. : 0,34 — Papier vergé.
Filagramme : BRETAGNE et un écusson fleur-
delysé, chargé d'un û.
— 316 —
Type te ivse PI. VII
Messieurs et Dames,
Vous êtes priés d'assister au Service solennel qui sera
célébré en Musique, le Mercredi 26 avril 1786, à dix
heures et demie, dans l Eglise du Collège, pour le repos et
salut de VAme de MM. de RAVKNEL du BOISTKILLEUIL,
Conseillers du Parlement y Commissaires et Amateurs de la
Société du Concert,
DE PROFUiNDlS.
DE LA PART DE LA SOCIÉTÉ DU CONCERT
A Rennes, chez AUDRAN, imprimeur de la
Faculté des Droits, 1786.
(Arch. dép. d*Ille-et- Vilaine.)
J'ai décrit plus haut rencadrement du type 16. Ici
les pièces latérales sont bien à leur place : la pie à
gauche, le hibou à droite.
Type 14 1 98e PI. VIII
Messieurs et Dames,
Vous êtes priés d'assister aux Convoi, Service et
Enterrement de Dame REINE - CATHERINE DE
LA MOTTE DU PORTAL, en son vivant veuve en pre-
mières noces de Messire RENE SÉBASTIEN DE PEL-
LAN, Chevalier, Seigneur dudit no7)i, et en secondes noces
de Messire ARMEL DE LA VILLE- THÈBAULT, chef de
nom et armes. Chevalier*, Seigneur dudit no^n, décédée le
Mardi 9 Mai 1786, en son Hôtel, rue Saint Louis : La
conduite de son Corps se fera demain Mercredi 10 desdits
9nois et an, à 6 heures du soir, en l'Eglise de Saint-Etienne,
sa paroisse, où elle sera inhumée; et la Messe sera célébrée
jeudi 11, dans la m,ème Eglise, à dix heures du matin,
Kequiescat in page.
— 317 —
C'est de la part de Madame DE PONTIGNY, et de Made-
moiselle DE LA VILLETHEBAUT, ses Filles; de M. LOU-
VART DE PONTIGNY, son Gendre; de M. DE LA VILLE-
THEBAUT, son Beau-Fils, et de toute la Famille.
A RENNES, chez Nicolas-Paul VATAR, imprimeur
de Nosseigneurs les Etats de Bretagne (1786).
(Ex meis.)
J'ai décrit plus haut rencadrement du type 14.
L. : 0,45. — H. : 0,36. — Papier vergé.
Filagramme : \^^ et un griffon ailé, la tête sur-
montée d'une fleur de lys.
Aux Archives départementales, 8 pièces sem-
blables, de 1776 à 1788.
Type 17 1786
Messieurs et Dames,
Vous êtes priés d assister au Service qui sera célébré
Mardi prochain il Juillet 1786, à dix heures du
matin, et auœ Messes qui seront dites depuis dix heures
jusqu'à midi, dans la Chapelle des RR- PP. Cordeliers,
pour le repos et salut de t Ame de Demoiselle CLAUDINE-
CLOTILDE ' FÉLICITÉ BURET, en son vivant Fille
d'Ecuyer JOSEPH-MICHEL BURET, l'un de Messieurs les
Administrateurs des Hôpitaux de cette Ville y et de Davne
CL A UDINE DULIÉPURE DE LA RIOLAIS, décédée en sa
Maison, rue de Clisson, le 6 juillet 1785.
DE PROFUNDIS.
Cest de la part de M. BURET, son Frère, Conseiller-
Greffier en chef du Parletnent, de Madame BURET, sa
Belle-Sœur y et de toute la Famille.
{Eœ mets.)
L'encadrement du type 17 a été décrit plus haut.
— 318 —
L. : 0,46. — H. : 0,35. — Papier vergé.
Filagramme : G-MARDELE et une fleur de lys.
1732
Type 141 IVSB
Messieubs et Dames,
Vous êtes priés d'assister aux Convoi, Service et Enter-
reiïient de Haut et Puissant Seigneur Messire
HUGUES CHARLES-MARIE HUCHET, Marquis DE LA
BÉDOYERE, Chevalier, Seigneur DE LA BEDOYERE,
LA THEBA U dais y et autres lieuœ, décédé en son Hôtel,
rue aux Foulons, Paroisse de S. Jean^ le iô novembre
1786 : La conduite de son Corps se fera demain 18 desdits
mois et an, à cinq heures du soir, dans la chapelle des
RR. PP. Minimes, oii il sera inhumé dans son Enfeu,
Requiescat in pace.
C'est de la part de NOSSEIGNEURS LES ÉTATS DE
BRETAGNE.
A RENNES, chez Nicolas-Paul VATAR, Imprimeur de
Nosseigneurs les Etats de Bretagne, 1786.
(Ex mets.)
Le type 14 a déjà été décrit plus haut.
L. : 0,45. — H. : 0,36. — Papier vergé.
Filagramme : ^733^ et un griffon ailé, la tête sur-
montée d'une fleur de lys.
Voici maintenant une invitation de la famille au
service du même personnage :
Type IV 1980
Messieurs et Dames,
V
ous êtes priés d'assister at4œ Service et Messes qui
seront célébrés Lundi 4 décembre i 786, à dix heures
— 319 —
et de^nie du matin, dans l' Eglise des Révérends Pères Mi--
ninies, pour le repos et salut de CAme de haut et puissant
Seigneur Messire MARGUERITE-HUGUES-CHARLES-
MARIE HUCHET, chevalier. Seigneur Marquis DE LA
BEDO YERE, en son vivant Seigneur de la Bedoyere, la
Thébaudais, Baron de Bessac et autres Lieiux)^ décédé en
son Hôtel, rue aux Foulons, le 16 Novembre.
DE PROFUNDIS
C'est de la part de Mad^ la Marquise DE LA BEDOYERE,
sa Veuve, M. le Comte et Mad° la Comtesse DE LA BE-
DOYERE, M. leCœnte et Mad" la comtesse DE LA BES-
NERA YE, M. le Chevalier DE LA BEDO YERE, A/»«» DE
LA BEDOYERE, sesEnfans, et de toute la Famille,
{Ex mets.)
L'encadrement du type 17 a été décrit plus haut.
L. : 0,44 1/2. — H. : 0,35. — Papier vergé.
Filagramme : G** MARDELE et une fleur de lys.
1782
Aux Archives départementales, quatre pièces du
type 16, de 1786 à 1791.
Type te 1V89
Messieurs et Dames,
Vous êtes priés d'assister au Service qui sera célébré
Mercredi 8 août 1787, à 9 heures du matin, en
l'Eglise et Paroisse de St. Sauveur pour le repos et salut de
l'Ame de Dame GILONNE GOUIN, veuve de Messire Mi-
chel'Joachim L UCE, Seigneur de la Oalonnais, Conseiller
du Roi, Alloué, Lieutenant- Général et Civil de la Séné-
chaussée et Siège Présidial de Nantes, décédée au Calvaire
de Cussé le 21 Juin dernier.
REQUIESCA T IN PAGE
Cest de la part de M et de Madame de la GaUmnais, de
M. et de Madame Charette du Tiercent, de M. et de Ma-
— 320 —
dame de Cfiefdubois, de M. et de Madame de Monfgermont,
ses Enfans, Pettts-Enfans et de toute la Famille.
(Coll. de Villers.)
Le haut de rencadrement contient une variante
du type 16, décrit plus haut et reproduit : sur la
banderolle, au lieu de Tinscription en grec et en
latin, on lit : De Vlmp, de N, AUDRAN, vue aux
Foulons.
Type 19 19N9
Messieurs et Dames,
Vous êtes priés d'assister au Service anniversaire qui
sera célébré Mercredi 8 Août 1787 , à diœ Tieures du
mxittn, et aux Messes qui y seront ditesjusquà midi, dans
l'Eglise des RR. PP. Cordeliers de cette Ville, pour le repos
et salut de tAme de Noble Maître ETIENNË-CYR C OS-
SON, Avocat au Parlement, Ancien Sénéchal de Saint-
Georges, décédé en sa Maison, rue Saint-Louis, le 23 Août
i 786.
DE PROFUNDIS.
Cest de la part de M. et M ad' COSSON DE CHA UMER Y,
son Frère et sa Belle-Sœur, de M ad' veuve LODIN, sa
Sceur, de M. et Mad^ DU TERTRE HERBERT, de Mes-
sieurs et Mesdames ses Beauœ-Frères, Belles-Sœurs, Ne-
veux et Nièces, et de toute la Famille.
(Ex meis.)
Type n, décrit plus haut.
Les pièces latérales de Tencadrement sont retour-
nées, de sorte que les cierges attachés aux colonnes
ne sont plus renversés. L'ouvrier qui mit en forme
avait trouvé, sans doute, cette position anormale.
L : 0,45. — H : 0,35. — Papier vergé.
Filagramme : G«MARDELE et une fleur de lys.
1782
— 321 —
Type 14 1788
Messiburs et Dames,
Vous êtes priés d'assister aux Convoi, Service et Enter-
rement de N. Me. JOSEPH-JEAN FILLY, en son
vivant. Avocat et Procureur au Parlement de Bretagne,
ancien Echevin de la Ville et Com^nunauté de Rennes et
ancien Trésorier de la Paroisse de Toussaint, décédé en sa
maison, rue d'Orléans, le 3i mai 1788, la Conduite de son
Corps se fera demain premier Juin, à onze heures du Tna--
tin, en l'Eglise et Paroisse de Toussaint, oii il sera inhuma.
REQUIESCAT IN PAGE.
Cest de la part de Madame FILLY, sa Veuve, de M. FILLY,
son Fils, de M. et Madame ESNOU DE LA JOUNIÈRE, ses
Gendre et Fille, et de toute la Famille.
A RENNES, chez Nigolas-Paul VATAR, Imprimeur
de Nosseigneurs les Etats de Bretagne, 1788.
(Ex mets.)
Encadrement décrit plus haut.
L. : 0,44. — H. : 0,35 1/2. — Papier vergé.
Filagramme : E R S et une fleur de lys.
Type le 1989
Messieurs et Dames,
Vous êtes priés d'assister aiux) Service et Messes qui
seront célébrées vendredi prochain, 22 m>ai i 789, à
dix heures et demie du matin, en l'Eglise des Révérends
Pères Jacobins, pour le repos et salut de l'Amie de feu N. H.
JOSEPH-JEAN-MARIE SAMOUAL DE LA RAGOTIERE,
vivant, Commis-Greffier au Siège Royal de la Monnaie de
Rennes, ancien Sénéchal et Procureur-Fiscal de plmieurs
JurisdicUons, décédé en sa maison près les Portes-Morde-
laises, le 4 desdits mois et an.
REQUIESCAT IN PAGE
xxxni 27
— 322 —
Cesf de la part de M, Samoual de la Ragotière, de M. et
Made. le Mener, ses Enfans et Gendre, et de toute la Fa-
mille.
{Arch. dép. d*Ille-et-Vil.]
Type d'encadrement décrit plus haut.
Ce placard porte la môme variante que celui du
8 août 1787 de la collection L. de Villers : en haut,
sur une bande : de VImpr. de N. AUDRAN, rue aux
Foulons.
Type 18 1900 PI. IX
Messieurs et Damks,
^lovsêfes priés d'assister au Service qui sera célébré
lundi prochain 20 décembre 1790, à onze heures du
matin, dans l'Eglise et Paroisse de Toussaints, pour le re-
pos et salut de VAm£ de Lame LAURENCE-JEANNE
GODET, épouse de JEAN-PIERRE-LÉONARD CORlilN,
décédée en sa Maison, 7^ue de r Entonnoir, le 16 desdits
mois, et an,
REQUIESCAT IN PAGE
C'est de la part de M. Corbin. son Mari, de MM- et de Mde.
CORBIN, ses Enfans, de ses Petits-Enfans, de M. et Mde.
GUILÏjARD, ses Beau-Frère et Belle-Sœur, et de toute la Fa-
mille.
(Ex meis.)
Encadrement en quatre pièces : en haut, au mi-
lieu, dans un caisson plus large que le reste de la
bordure, un crâne de trois quarts, sans maxillaire
inférieur, posé sur deux fémurs en sautoir, accom-
pagné à gauche d'un flambeau allumé, et à droite
d'un vase à eau bénite muni de son aspersoir. Le
tout posé sur une tablette. Au-dessus, une draperie.
A chaque extrémité du cadre, un crâne sans
— 323 —
maxillaire inférieur, posé sur deux fémurs en sau-
toir.
En bas, au milieu du cadre, une pelle, une faulx,
une flèche, liés en sautoir.
A chaque extrémité du cadre, une lampe fu-
mante.
Les pièces latérales portent au milieu deux fémurs
en sautoir, cantonnés de quatre larmes.
La vignette du V initial, encadrée d'un filet noir,
renferme : un cercueil couvert d'un drap mortuaire
sur lequel est posé un crâne ailé, sans maxillaire
inférieur, surmonté d'un sablier. Au-dessus, deux
torches renversées et fumantes, passées en sautoir.
Fond noir semé de larmes.
L. : 0,44. — H. : 0,35. — Papier vergé.
Filàgramme : E L I et une grande fleur de lys.
Aux Archives départementales, trois pièces sem-
blables, de 1782 à 1786.
Typa le 1991
■Messikurs kt Dam&s,
Vous êtes priés d'assister aux Service et Messes qui se-
ront célébrés Lundi 29 août 1791, à dix heures du
Matin, dans C Eglise Paroissiale de Saint-Pierre, desservie
provisoirement en la chapelle S. Sauveur, pour le repos et
salut de Vâme de feu PIERRE-FRANÇOIS GINGUENÉ,
en son vivant. Avoué au Tribunal du District de Rennes,
décédé en sa Maison, rue d'Orléans, le Mercredi 23 présent
Mois,
REQUIESGAT IN PAGE
C*estde la part de ses Enfans et de toute la Famille.
(Arch. dép. cCIlleet- Vilaine.)
— 324 —
Les deux tiers de la partie supérieure droite du
cadre manquent par suite d'une déchirure.
Le type 16 a été décrit plus haut.
Type! 9 ISOfS PI. X
Messieurs kt Dames,
^Tous êtes priés (Vnssister au Service qui sera célébré
7nardi prochain 7 décembre, à dix heures du mutin,
et aux Messes qui seront dites depuis huit heures jusqu'à
midi, dans VEglise de la Visitation, pour le repos et salut
de [A7ne de feue LOUISE- YVONNE-PÉLAGIE DES-
CHAMPS, veuve de M. MENARD, ci-devant Procureur
au ci-devant Parlement de Bretagne, décédée à sa terre
de la Brillays, coiyiynune de Thourye, le 29 novembre der-
nier m
DE PROFUNDIS
Cest de la part de M, MENARD, fiLs, M, et Madame
CLEMENT, ses En fans et Gendre, de ses petits- En fans,
et de toute la Fainille.
A RENNES, de rimprimerie de Julikn FROUT, place du
Champ- Jacquet, n» 12.
{Ex mets.)
Encadrement typographique formé de denticules
répétés.
Au-dessus du texte : un crâne dont le maxillaire
inférieur repose sur deux fémurs en sautoir. Der-
rière lui, croisées en sautoir, deux torches fu-
mantes.
Vignette du V initial à claire-voie et assez com-
pliquée ; un cercueil posé à terre, à demi couvert
d'une draperie blanche frangée et semée de larmes
noires. Le cercueil, à deux versants, présente une
de ses extrémités, ornée d'un crâne sans maxillaire
— 325 -
inférieur, au-dessus de deux palmes croisées et d'un
fémur posé horizontalement. Brochant sur le tout,
une grande palme, deux fémurs, une lance, un bâ-
ton sont croisés et liés en trophée. Une autre palme
et un cierge fumant, non renversé, sont passés
dans les branches du V, au-dessous duquel on voit
les trois festons d'une écharpe. Au-dessus du V un
sablier.
(Je possède également un placard de Paris, du
16 novembre 1813, imprimé chez C.-L.-F. Panc-
koucke, rue Poupée, n® 7, qui porte un V initial
semblable, signé : Lee : sculp. — Dans les festons
du bas on lit : Impriinerie Politype, rue Favart.)
L. : 0,45. — H. : 0,36. — Papier vergé.
Filagramme : L. Morel, et un bonnet phrygien.
Cette pièce n'est pas datée, mais elle porte au dos
des notes datées du 19 floréal an XI. Cette mention
• *
a pu être inscrite Tannée qui suivit la distribution
du placard, qui serait ainsi de 1802.
Type ZO lê)0&
MM. ET Dames,
Vous êtes priés d'assister aux Convoi et Enterrement qui
auront lieu le jeudi 19 floréal an 13 (9 mai 1805], à dix
heures du matin, dans TEglise Paroissiale de Saint-Sauveur,
pour le repos et salut de l'âme de Monsieur CESAR-JE AN-
BAPTISTE LE GOMERIEL, décédé en sa maison, rue de
rUnion, le 18 floréal.
Requiescat in page.
Cest de la part de Monsieur LEGOMERIEL, son Frère,
de Messieurs ses Oncles, et des Dames ses tantes, et de toute
la Famille.
{Ex meis.)
— 326 —
Encadrement en quatre pièces : en haut, au
milieu : le Temps armé de sa faulx et accompagné
d'un sablier, couché de profil à gauche dans des
nuages. De chaque côté : des branches d'acacia.
En bas : au milieu d'une balustrade et sur une
dalle posée sur un carrelage noir et blanc, un tom-
beau sur lequel on lit en caractères gothiques :
mta more moÏ0. — Sur répaisseur de la dalle, l'indi-
cation : DE l'imprimerie de J. F. ROBIQUET.
De chaque côté : une colonne ronde devant un
obélisque, surmontée d'un hibou ouvrant les ailes
et accompagnée au bas du fût d'une grande urne
décorée de festons.
V initial orné d'une urne sur un piédestal, cou-
verte d'un voile, et derrière laquelle une faulx est
passée, le fer en bas, et à droite, sur les côtés et
derrière, des nuages. (Le V est différent dans les
exemplaires décrits plus loin.)
L. : 0,43. — H. : 0,34. — Papier vergé.
Filagramme : un bonnet phrygien.
Type 91 tSOO
Messieurs et Dames,
Vous êtes priés d'assister aux Convoi et Enterrement qui
auront lieu lundi 6 novembre 1809, à onze heures du
matin, et aux Messes qui seront dites depuis six heures jus-
qu'à midi, dans TEglise Paroissiale de Saint Aubin, pour le
repos et salut de l'Ame de M. Toussaint-François LEMOINE-
DESFORGES, veuf de Dame Françoise LE BOUCHER,
Président honoraire à la Cour d'Appel de Rennes, décédé en
sa maison rue aux Foulons, le 4 desdits mois et an.
Requibscat in page.
Cest de la part de Monsieur et Madame Jumelais, de
rt^
— 327 -
Monsieur Boullemer fils, de MademoLselle Lemoine-Des^
forges^ ses Filles et ses Gendres, de ses Petlts-Enfans, et de
toute la famille.
(Ex meis.J
Encadrement en quatre pièces : en haut, un crâne
ailé et couronné de laurier, posé sur deux fémurs
en sautoir passés derrière lui, et dont on ne voit
que les extrémités, sous une draperie qui se pro-
longe et retombe sur les côtés.
En bas, dans un hémicycle, une femme assise de
profil à droite, devant un tombeau semé de larmes,
et tenant un médaillon représentant un portrait
d'homme couronné de laurier. Sur la moulure infé-
rieure droite de Thémicycle, on lit : Godard, Inv.
et S.
De chaque côté ; une colonne tronconique en
partie cannelée, surmontée d'une grande urne et
ornée en haut d\m médaillon, un peu au-dessous,
un petit crâne; accompagnée en bas, celle de gauche,
d'une lampe sépulcrale allumée, celle de droite d'un
sablier.
Le V initial est posé sur une draperie frangée.
L. : 0,45. — H. : 0,35. — Papier vergé.
Filagramme : un griffon ailé, la tête surmontée
d'une fleur de lys.
Type 19 A 1807
Invitation au service de Dame Julie -Marie Picquet de
Melessc, veuve de M. Gabriel-François-Guérin de la Grasserie»
le 21 mars 1807.
(Collection B. Pocquet du Haut-Jussé )
La partie inférieure du cadre décrit plus haut a
— 328 —
été enlevée et remplacée par six combinaisons de
vignettes typographiques et de croix. Au milieu une
croix paltée, de chaque côté de laquelle on lit :
HODIE MlHl >ii GRAS TIBI.
On voulait ainsi faire disparaître les attributs de
l'ancien régime. L'imprimeur est désigné :
A Rennes, chez la veuve Brute, Imprimeur de la
Mairie et du Lycée, au Temple de la Loi.
Type 19 B tSOO
Convoi, Service et Enterrement de Demoiselle Geneviève-
Bertranne Lebrun, le 5 avril 1809.
(Collection Harscouêt de Keravel.)
Même suppression que ci-dessus, seulement les
six combinaisons de vignettes typographiques af-
fectent la forme de flambeaux.
Même imprimerie.
Type 19 18IO
Service de Dame Françoise-Marie Delpuech de la Noe, veuve
de M. Jean, Baron de la Villebaud, le 19 juillet.
A Rennes, chez la veuve Brute, imprimeur de la Mairie, au
Palais.
(Collection Vecombe.)
Type ZZ 18tO PI. XI
Convoi et messe d'Enterrement de M. Pierre-Alexandre Du-
rand, Marchand-Epicier, le 29 septembre.
(Collection Decomhe.)
— 329 —
Encadrement en quatre pièces : en haut, un grand
cercueil couvert d'un drap noir brodé d'argent, orné
d'une draperie sur laquelle on voit un sablier ailé,
accompagné de deux faulx en sautoir, les fers en
bas ; derrière la draperie, deux cierges renversés et
fumants.
En bas, un catafalque couvert d'un drap noir
brodé en argent d'une grande croix et de deux
crânes ailés, semé de larmes, placé entre six chan-
deliers. En dessous, on lit : De l'Imprimerie de
J. Frout, 1805. Chatellier Inv.
De chaque côté : deux colonnes cannelées ornées
dans les cannelures de larmes noires et surmontées
de pots à feu en forme de crânes ailés.
La vignette du V initial, signée Besnard dans le
coin inférieur gauche, représente un tombeau dans
un cimetière, surmonté d'une urne et accompagné,
derrière, à gauche, d'un arbuste desséché; à droite
d'un cyprès.
L. : 0,45 1/2. — H. : 0,36. — Papier vergé.
Filagramme : V**^ L V R, et un griffon ailé.
Chatellier, qui a gravé le bois, était bijoutier et
fabricant de tabatières à Rennes. Il eut un fils, né
à Rennes en 1806, qui exerça la même profession
que son père. Il avait pour spécialité la confection
des tabatières en bois sculpté et gravé et... arra-
chait les dents gratuitement (ou à peu près), aux
gens des classes peu aisées. Il était bien connu à
Rennes, où sa petite boutique de la rue de la Mon-
naie avait pour enseigne « La Priseuse. » C'était
un tableau représentant une vieille femme grima-
çante, savourant une prise de tabac. La boutique
de Chatellier a disparu il y a une quinzaine d'an-
nées, mais le tableau-enseigne est conservé par un
— 330 —
amateur, membre de la Société archéologique, qui
en a fait l'acquisition lors de la mort du dernier
Chatellier, fils du bijoutier-arracheur de dents, et
petit-fils du graveur de Tencadrement de placard
employé par Timprimeur J. Frout, à partir de 1805.
Aux Archives départementales, une pièce type 22,
de 1810 (19 avril).
Type Jea 1811 PI. XII
MM. ET DAMES,
Vous êtes priés d'assister au Convoi et Enterrement de
M. JACQUES'BONAVENTURE 13 UN, ancien Maître et
Professeur en chirurgie, décédé hier 8 avril iSli, en sa
de7neure rue de Bel- Air, qui se fera aufjourd'hui 9, à
quatre heures de l'après-midi, dans l'KgUse paroissiale de
Saint'Pien^e.
RlîQUIESCAT IN PaCE.
C'est de la part de Mademoiselle BIJN, sa Sœur; de
MM. BLIN. ses Fils, et leurs Epouses; de M. SAUVEUR,
son Gendre, et son Epouse; de ses Petits-Enfans, et de toute
la Famille.
(Ex mets.)
Encadrement d'un double filet, dont un gros ex-
térieur.
Au-dessus du texte : un crâne posé sur deux fé-
murs croisés en sautoir; derrière lui deux torches
fumantes. Au-dessous, sur une banderolle : hodie
MlHl GRAS TIBI.
L. : 0,41. — H. : 0,32 1/2.
Filagramme : N R V et une petite grappe dç rai-
sin.
— 331 —
Type 17 C 1818
Convoi, Enterrement et Messe d'Enlerrement, 1 et 2 avril,
de Dame Marie-Anne-Thomasse Fauvel, veuve de M. Jacques-
François-Philippes de Tronjolly de Coatgoureden, Avocat au
Parlement.
(Collection L. de Villers.)
Retouche à la partie inférieure de Tencadrement :
les fleurs de lys qui ornaient le manteau, à droite,
ont été, ici, remplacées par des larmes.
A Rennes, chez la V^" Brute, Imprimeur de la
Mairie, au Palais.
Type 17 181)9
Convoi le 28 novembre, Messe d'Knterrement le 29, dans
TEglise succursale de Saint-Aubin, de M. François Delino,
ancien commissaire de la marine, décédé rue Tilsit.
{Eté meis.)
Même imprimerie. Le bois est très fatigué.
Papier vergé. Filagramme : L. MOREL.
Le V initial est celui du type 18.
Type fll 181^
Convoi, Service et Messe d* Enterrement, le 18 juin, de
Vénérable* Discret^ Missire^ Jean-François Desbouillons,
Prêtre, ancien Recteur de Bazouges-sous-Ilédé
(Ex meis,)
1. Vénérable est un titre dlionneur que l'on donne dans les actes
publies aux Ecclésiastiques, aux Docteurs de Théologie : Fut présent
discrète et vénérable personne. Prêtre, etc. » (Furetiére.)
2. « Discret est une formule de notaire, un titre d'honneur qu'ils
donnent aux curez et aux graduez et principalement aux supérieurs des
couvens. Vénérable et discrète personne, M. Tel, curé d'un tel lieu. » {Id. )
3. On dit encore Messire en Picardie et en Provence. (Mgr Barbier de
Montault )
— 332 —
L. : 0,45. — H. 0,35 1/2. — Papier vergé.
Filagramme : RONSIN, en grande.s lettres, et un
griffon ailé.
Type ft^ 18 le
Service, le 2:^ avril, de feu Messire Gabriel de Freslon,
chevalier de l'Ordre Royal et militaire de Saint-Louis, ancien
officier de la Marine Royale, ancien Lieutenant de Messieurs les
Maréchaux de France, décédé en son hôtel, à Rennes, place du
Pré-Botté.
RENNES, IMPRIMERIE DE M- V- FROUT.
(Ex meis.J
Encadrement en quatre pièces, en haut : une
draperie noire semée de larmes, au milieu de
laquelle un trophée composé d'un sablier ailé, de
deux fémurs et de deux faulx en sautoir.
En bas : une draperie noire brodée en argent
alternativement : à gauche d'un hibou au vol plié,
perché sur deux faulx en sautoir, un crâne sur deux
fémurs en sautoir, une faulx, une pioche et une
pelle liés; mêmes motifs répétés à droite. Au milieu
un trophée composé de deux faulx, une bêche, une
pelle, une pioche, croisées et liées ensemble.
De chaque côté : une cariatide de profil, voilée
et tenant une urne, au-dessus un crâne ailé de
profil.
L. : 0,46. — H. : 0,36 1/2. - Papier vergé.
Filagramme : Jossel, imitant une signature cur-
sive, et un griffon ailé.
— 333 —
Type 24 A 1816 PI. 111
Service, le 1"" juin, de Dame Bonne-Louise-Auguste Du
Han, veuve de Messire Charles-Louis- Hyacinthe-Claude de
Visdelou, marquis de Bédée.
{Collection Decombe.)
Le bas de rencadrement décrit ci-dessus a été
modifié. Ici on voit une figure drapée à Tantique,
agenouillée et priant devant une portion de globe
terrestre. Sur le sol, à côté d'elle, une pierre tom-
bale et une faulx ; à gauche, un arbuste desséché ; à
droite, un cyprès. Signature du graveur : Dubuc,
à droite.
Rennes, Imprimerie de M™' V** Frout.
Comme dans le placard précédent, la vignette du
V initial, signée Dubuc dans le coin inférieur
droit, représente la Mort sous forme d'un squelette
drapé, tenant une faulx, assise sur un tombeau dans
un cimetière. Près d'elle et à ses pieds, un mé-
daillon, des ossements, un globe de derrière lequel
sort un serpent et sur lequel elle appuie une torche
renversée fumante, un hibou.
L. : 0,45 1/2. — H. : 0,36. — Papier vergé.
Filagramme : Josselj et un griffon passant à
gauche.
Type 25 1818
Convoi et enterrement, le 31 octobre, de Félix-Alexis Main-
guy, ex Religieux Dominicain, Prêtre, Bibliothécaire en chef
de la Ville, Aumônier du Dépôt de Mendicité, ancien Docteur
et Professeur de Rhétorique et de Littérature ancienne et mo-
derne, ancien Membre de l'Université, décédé maison du Pré-
sidial.
{Collection Harscouèt de KeraveL)
— 334 —
Encadrement en quatre pièces : en haut, sur un
fronton, une draperie noire brodée en argent : VIT A
MORS MODO.
En bas : un tombeau orné de guirlandes et d'un
médaillon. Au-dessus : chez Madame veuve Vatar et
Druté^ imprimeurs du Roi.
De chaque côté : une gaine noire semée de larmes,
ornée d'un crâne ailé au-dessus d'une draperie por-
tant une couronne d'étoiles à droite, et un serpent
se mordant la queue, à gaucho.
La vignette du V initial représente la Mort, sous
la forme d'un squelette drapé dans un linceul, assise
de trois quarts à droite sur un cercueil ; elle s'ap-
puie sur sa faulx renversée et étend son bras gauche,
orné d'un sceptre, sur un globe terrestre. Derrière
elle, une urne.
Type jee i8jeo
MM.
Vous êtes priés d*asstster au Convoi qui aura lieu et à la
Messe d^Rnterrement qui sera célébrée le mercredi
9 août 1820, à neuf heures du matin et aux Messes qui seront
dites depuis six heures jusqu'à midi, dans l'Eglise de Tous-
saint, pour le repos et salut de l'àme de feu M. Alzirb-Pla-
ciDB LEGENDRK, Elève en Médecine, décédé en sa maison,
au Colombier, le 8 desdits mois et an.
Requiescat in page.
Cest de la part de ses père et mère; [de ses frères] (indi-
cation manuscrite); de M. et AT"* LODIN, M, et J/"* LA-
FOSSE, A/"* LEGENDRE, ses sœurs et beaux-frères, et
de toute la famille,
(Ex meis.)
— 335 —
Encadrement en quatre pièces ; en haut, le Temps
assis et appuyé sur une base de colonne, de trois
quarts à droite armé de sa faulx, de chaque côté des
rameaux de verdure
En bas, dans un hémicycle garni de draperies
semées de larmes, un tombeau orné de guirlandes,
au-dessous duquel un squelette drapé est couché et
se soulève sur le coude gauche. Au-dessous, on lit
la mention : a Rennes, de l'Imprimerie de Chausse-
blanche, RUE DE Bordeaux, petit hôtel Gonidec,
derrière le Palais.
De chaque côté : à gauche, au pied d'une colonne
surmontée d'un pot à feu fumant, une figure drapée,
de profil à droite, tenant une urne dans l'attitude
du respect. A droite, une colonne semblable et une
figure drapée, de profil à gauche, pleurant près
d'une urne; elle tient de la main gauche un cierge
fumant et renversé.
La vignette du V initial, signée Lacoste, dans le
coin inférieur gauche, représente le Temps armé
de sa faulx, tenant un sablier et assis sur un tom-
beau dans un cimetière ; derrière, à gauche, un ar-
buste desséché; à droite, des cyprès et un saule
pleureur.
L. : 0,43 1/2. — H. : 0,36. — Papier vergé.
Filagramme : R0N8IN et un griffon.
Type «4 1891
Convoi et Messe d'Enterrement, le 8 février, de M. Jean-
François Dubois du Hautbreil, Ecuyer, Docteur en Médecine,
et Doyen des Médecins de Rennes.
RENNES, IMPRIMERIE DE M- V* FROUT, RUE DAUPHIXE
[Ex meis.)
- 336 —
Encadrement décrit plus haut. — Papier vergé.
Filagramnie : Lo MOREL et un griffon.
L. : 0,43. — H. : 0,35 1/2.
Type «6 1 891 PI. XIV
Convoi et enterrement, le 14 avril, de M. Félix-Julien-René
Rouxel I^angotière. Membre de TAcadémie de Peinture et de
la Chambre Littéraire.
{Ex meis.)
Encadrement décrit plus haut. — Papier vergé.
Filagramme : L (?) et B, et une grande balance.
L. : 0,43. — H. : 0,33 1/2.
Type 19S ±H99
Convoi et Enterrement, le 12 juin, de M. Gilles-Anne Lodin
de Lalaire, Avocat et ancien Président du Tribunal Civil de
«
Rennes.
A Rennes, chez M"« V« Vatar et Brute Imprimeur du Roi.
(Ex meis.)
Encadrement décrit plus haut. — Papier vergé.
Filagramme : NOVES FIN
1742
L. : 0,45 1/2. — H. : 0,35.
Type itO 1 893
Service anniversaire, le 25 février, à Saint- Germain, de
dame Agathe Michelle Rousseau, en son vivant épouse de
M. Bourboulon de S' Edme, Receveur général des finances du
déparlement d'Ille et Vilaine.
(Ex meis.)
— 337 —
Le V initial est posé devant une base de colonne
carrée ornée de guirlandes et d'un crâne et accom-
pagnée de chaque côté d'une torche renversée et
fumante.
— De Timprimerie de Cousin-Danelle.
(On a vu que le bois du type 20 était en 1805 entre
les mains dé J.-P. Robiquet.)
Encadrement décrit plus haut.
Filagramme : P R B et un cheval ailé (ou un grif-
fon).
L. : 0,44. — H. : 0,34. — Papier vergé.
Type 191 18198
Convoi et Messe d'Enterrement, les 9 et 10 avril, de M. Jo*-
seph-René Delaunay, Doyen de Messieurs les Avocats.
(Ex mets.)
Encadrement décrit plus haut. — Papier vergé.
Filagramme : B L (entrelacés) et une couronne
royale.
L. : 0,44 1/2. — H. : 0,36.
Type ft^ 18598
Convoi et Enterrement, à Saint -Hellier, le 15 juin, de
dame Françoise-Marie-Rose-Julienne de Raguenel, veuve de
M. Bienassis.
(Ex meis.J
Encadrement décrit plus haut.
Filagramme : ROBIN.
L. : 0,44. — H. : 0,34. — Papier vergé.
XXXIII 28
— 338 —
Type «41 1898
Convoi et Messe d'Enterrement, le il décembre, de Dame
Anne-Marie-Denise Desnos, veuve de M. Guillaume Chevalier,
en son vivant Notaire Royal et Apostolique à Rennes.
Rennes, Madame Veuve Frout, Imprimeur-Libraire.
rue Dauphine; n*4.
(Ex tneis.J
Encadrement décrit plus haut. — Papier vergé.
Filagramme illisible.
L. : 0,45. — H. : 0,36.
Type «1 18«4l
MM.
Vous êtes priés d'assister au service qui sera célébré
vendredi 17 décembre 1824, a dix heures, dans l'Eglise
cathédrale, et aux Messes qui seront dites le môme
jour, depuis six heures du matin, pour le repos et
salut de l'âme de Monseigneur Tlllustrissime et Révérendis-
sime Charles MANNAY, Evêque de Rennes, Officier de la
Légion d'Honneur, ancien Evêque de Trêves, décédé en son
Palais Episcopal, le 5 desdits mois et an.
Requibscat in page.
Cest de la part de MM. les Vicaires-Oénératiœ Capitu--
laires et de MM. les chanoines de t Eglise cathédrale.
(Ex tneis.J
Encadrement décrit plus haut. — Papier vergé.
Filagramme : S D R et une couronne royale.
L. : 0,44 1/2. — H. : 0,35.
— 339 —
à
Type f^M 1819S
Convoi et Messe d* Enterrement, les 13 et 14 avril, de
M. René-Julien Gouverneur, âgé de 54 ans.
(Ex meis.)
Encadrement décrit plus haut. — Papier vergé.
Même filagramme que ci-dessus.
L. : 0,45. — H. : 0,35
C'est ici, pour la première fois, que Tâge du dé-
funt est indiqué, mais cet usage ne sera pas encore
d'emploi constant.
Type !iS t8«&
Convoi et Messe d'enterrement, les 23 et 24 septembre,
Messe de Famille le 30, de M. Barthélemy-Jean-Pierre Poc-
quet, ancien Notaire Royal, décédé Juge d'instruction au
Tribunal civil de Rennes
 Rennes, chez M''* Vatar-Jausions, imprimeur du Roi.
(Collection B. Pocquet du Haut-Juste.)
Encadrement décrit plus haut.
Type 9B 1 8!ift
Service, 4 octobre, de la même personne, « décédé Juge
d'Instruction au Tribunal civil de Rennes et Fabricien de la
même susdite paroisse » (Saint-Germain)
C'est de la part du Clergé et de la Fabrique de Saint-
Germain de Rennes.
A Rennes, chez M"« Vatar-Jausions, imprimeur du Roi.
(Collection B, Pocquet du Haut-Jussé.)
Encadrement décrit plus haut.
— 340 —
Convoi, Messe d'enterrement, le 18 octobre, Messe de famille
le 26, à S'-Aubin, de dame Claudine-Françoise F^emerer, veuve
de M. René-Âlexandre Gandon, en son vivant Avoué à la Cour
Royale de Rennes.
(Ex meis.)
Encadrement décrit plus haut.
Filagramme : V« MOREL et un griffon. Papier
vergé.
Bois fatigué.
Type 90 ISMI
Convoi et Messe d'Enterrement, le 2 novembre, pour le repos
et salut éternel de Tàme de Dame Léonore Rousse, veuve de
François-Marie Leray, propriétaire.
Rennes, imprimerie de Cousin-Danelle.
{Ex meis,)
Encadrement décrit plus haut. — Papier vergé
sans filagramme.
L. : 0,43. — H. : 0,35.
Ici le mot éternel est employé pour la première
fois, mais ne sera pas encore d'un usage constant.
Je le signalerai chaque fois qu'il se présentera.
TypefMI f8«6
Service, le 27 novembre, de M. le comte Alexis-François-
Marie-Joseph de Freslon, ancien capitaine au Régiment du
Roi (infanterie).
 Rennes, chez M"« Jausions, imprimeur du Roi.
{Collection B. Pocquet du HautJussé.)
Encadrement décrit plus haut.
— 341 —
Type »4 A 1896
Convoi, Messe d'Enterrement, le 2 décembre, Messe de
famille le 9, pour le salut éternel de Mademoiselle Julie-
Josephe-Reine JuUiot Duplessis.
(Collection B. Pocquet du Haut-Jussé^}
Encadrement décrit plus haut.
Type 195 18«8
Convoi^ Messe d'Enterrement, le 21 janvier. Messe de
famille, le 28, de Dame Renée-Rose-Virginie Potier de la
Germandais, en son vivant, épouse de feu Jean-Louis-Corentin
Le Baron, Procureur Général près la Cour d'Appel.
Imprimerie de Mademoiselle Jausions.
(Collection Decombe.)
Encadrement décrit plus haut.
Tjrpe «S 18«8 PI. XV
Convoi, Messe d'Enterrement, le 18 mars, Messe de famille,
le 24, pour le salut éternel de Tàme de Dame Jeanne Pain, en
son vivant veuve de M Philippe Jouin, Banquier.
Imprimerie de Mademoiselle Jausions.
{Collection Decombe.)
Encadrement décrit plus haut. — Papier vergé.
L. : 0,46. — H. : 0,36.
Type «i %Hit9
Convoi et Messe d*Ënterrement, le 12 février, Messe de
famille, le 19, « de M. Charles Toussaint Jumelais, décédé le
— 342 —
11 desdits mois et an, âgé de vingt-trois ans, chez Madame sa
mère, rue d'Orléans. »
{Ex meis,)
Encadrement décrit plus haut. — Papier vergé
dont les pontuseaux sont en travers. Je signale
cette particularité que je n'ai trouvée qu'ici.
Filagramme : B.
L. : 0,44. — H. : 0,35.
Type f^È 1899 PI. XVI
M
Vous êtes priés d'assister au Service solennel qui sera
célébré dans TEglise cathédrale, à dix heures du matin,
le mercredi 18 du mois de mars 1829, pour le repos et salut de
Tàme de Sa Sainteté Annibal de la Gbnga, Souverain Pontife,
LÉON XII, décédé à Rome, le 10 février 1829.
L'Oraison funèbre sera prononcée par M. Tabbé Le Tour-
neux, Vicaire général et Titulaire du Diocèse de Soissons et
Honoraire de celui de Rennes, et Prédicateur du Roi.
Requibscat in page.
C'est de la part de Monseigneur CEvêque de Rennes et de
MM. du Chapitre.
{Collection Decombe.)
Encadrement décrit plus haut. — Papier vergé
sans filagramme.
L. : 0,44. — H. : 0,35.
Type^O 1880
Convoi d'Enterrement, le 24 janvier, Grand'Messe le 25,
de Dame Jeanne-Marie-Perrine Bivault, rentière, veuve de
M. Pierre Le Souffaché, décédée à Vâge de 74 ans,
A RENNES, IMPRIMERIE DE A. MARTEVILLE.
{Ex meU.)
— 343 —
Encadrement décrit plus haut. — Papier vergé.
Filagramme : J et un fleuron qui tient à la fois de
la coquille et de la fleur de lys. (Un autre placard
de ma collection, au même nom, porte le même
fleuron et le filagramme : E.).
L. : 0,46. — H. : 0,35 1/2.
Type 90 1880 PI. X¥II
Convoi et Grand'Messe d'Enterrement le 8 décembre, de
M. François-Ambroise Legendre, en son vivant veuf de Dame
Anne-Marie-Thérèse Robert.
A RENNES, IMPRIMERIE DE A. MARTEVILLE.
{Ex mais.)
Encadrement décrit plus haut. — Papier vergé,
sans filagramme.
Bois fatigué, dont les veines sont très ouvertes.
L. : 0,43 1/2. — H. : 0,35.
(On a déjà vu que ce bois avait été utilisé succes-
sivement par J.-F. Robiquet, en 1805, et Cousin-
Danelle, en 1826, celui-ci le possédait dès 1822,
comme on le constate par un placard appartenant à
M. J. Aubrée. Il passa ensuite entre les mains de
A. Marteville, leur successeur.)
Type 1»V 1830
Convoi, Messe d'Enterrement, le 13 décembre, Messe de fa-
mille, le 21, de Dame Marie-Anne-Léontine de Goataudan,
épouse de M. Huchet de Cintré de Monterfil.
{Collection B. Pocquet du Haut-Jussé.)
Encadrement en plusieurs pièces (quatre seule-
— 344 —
ment?). En haut une urne voilée et le sommet de
trois cyprès.
En bas : au milieu : un crâne couvert d'une dra-
perie placé sur un livre fermé posé sur des pierres.
Derrière lui, deux faulx, une branche de chêne et
une branche de laurier. A gauche, une coupe et un
hibou au vol plié; à droite une croix et un sablier
ailé.
Au-dessous : Rennes, Madame veuve P'rout,
IMPRIMEUR-LIBRAIRE.
De chaque côté : à gauche, une grande figure
entièrement voilée, penchée en avant et désignant
de la main droite le texte du placard. Elle est
debout sur un socle orné d'une couronne d'étoiles.
A droite, une autre grande figure drapée à Tan-
tique, dans Tattitude de la méditation, appuyée sur
une torche renversée. Elle est debout également
sur un socle, celui-ci orné d'un serpent se mordant
la queue, symbole de l'Eternité.
La vignette du V initial représente une urne au-
tour de laquelle s'enroule un serpent. Devant, une
torche renversée et fumante; derrière, une masse
de verdure.
Type 191 1881
Convoi et Messe d'Enterrement, le 18 août, de M. François-
Bachelier, veuf de Dame Henriette Viard de Jussé.
{Collection Decombe.)
Encadrement décrit ci-dessus. — Papier vergé.
FMlagramme : f Krug.
L. : 0,44. — H. : 0,35.
— 345 —
Type «8 1881»
Service anniversaire, le 3 juillet, à Saint- Germain, de
M. Claude-Joseph comte de Guerny, décédé à Paris.
(Collection Decotnbe.)
Encadrennent en quatre pièces : en haut, sur un
fronton, un crâne voilé, posé sur un livre fermé;
derrière, deux faulx et deux branches de cyprès; à
gauche, une croix.
En bas : un cintre de maçonnerie; au-dessous,
un terrain couvert de petites plantes et quatre os-
sements sur le sol; à droite, on croit distinguer un
crâne d'un dessin grossier.
De chaque côté, deux grandes figures de femmes
drapées et voilées; celle de gauche porte une urne
voilée, celle de droite une amphore.
La vignette du V initial représente un homme en
costume moderne, tenant un manteau sur le bras
droit et appuyé sur un tombeau surmonté d'une
urne voilée. Derrière, un saule-pleureur. Signature,
dans le coin à gauche : Du RouchaiL
(Il y avait à Périgueux, vers le commencement
du XIX* siècle, un graveur du nom de Du Rouchail ;
cet artiste quitta Périgueux et alla s'établir à Paris ^)
Papier vergé. — Pilagramme : ^^^ et un griffon.
L. : 0,46. — H. : 0,36.
1. Pellisson : A propos des Lettres de Deuil, in : Bulletin du Vieux-
Papier, t. I, p. 340.
— 346 —
Type «O 1889
Convoi et Messe d'Enterrement, le 2 octobre, de M. Joseph-
Claude-Gabriel Dusaul, chef du 3* bureau de la Préfecture
d'Ille-et-Vilaine, âgé de 68 ans, en son vivant, époux de Dame
Françoise-Perrine- Julienne Lanfray.
A Rennes, imprimerie de A. Marteville.
(Collection Decombe.)
Encadrement décrit plus haut. Le bois est très
fatigué et les veines en sont très accentuées, comme
dans tous les exemplaires imprimés depuis cette
époque.
Filagramme : Levannier, à Vannes, et une cou-
ronne royale.
L. : 0,44. — H. : 0,35. — Papier vergé.
TypeSO 1888
Convoi d'Enterrement, le 13 janvier, Grand'Messe, le 20,
pour le salut éternel de Tàme de M. Joseph-Jean Lucas, ancien
avoué à la Cour royale de Rennes, décédé à l'dge de
74 ans,
A Rennes, imprimerie de A. Marteville.
(Collection Decombe.)
Encadrement décrit plus haut. — Papier vergé.
Filagramme : P et une couronne royale.
L. : 0,46. — H. : 0,36.
Type m^Ê 1838
Convoi, Messe d'Enterrement, le 20 janvier, à S'-Sauveur,
de dame Jeanne-Marie-Rose Gallery de la Rozaire, en son
— 347 —
vivant veuve de M. Pierre-Ambroise Legendre-Dubourg,
décédée chez M. Debont, son gendre, rue de Volvire.
(Eœ meis.)
Encadrement décrit plus haut.
Filagramme : ^^^ussin ^^ ^^ griffon. — Papier
vergé.
L. : 0,46 1/2. — H. : 0,36 1/2.
Type »8 1833
Convoi, Messe d'Enterrement, le 26 juin, pour le repos
éternel de l'âme de M. Pierre-Louis Du Pont des Loges,
ancien conseiller au Parlement de Bretagne, et ancien premier
Président de la Cour royale de Rennes, veuf de Dame
Angélique-Joséphine-Cécile du Bois le Bon de la Choltais.
A Rennes, de l'Imprimerie de M^^ Jausions.
{Appartient à M. Renaud- Louben s).
(Un des fils du décédé : Paul-Georges-Marie Du-
pont des Loges, né à Rennes le 11 novembre 1804,
mort à Metz en 1886, fut évoque de Metz depuis le
13 septembre 1842 jusqu'à sa mort.) '
Type «7 1 838
Convoi de M. Jean-Anne-Marie Frelant, 21 octobre.
Rennes» imprimerie de M"' veuve Front, née Ângran.
(Collection Decombe.)
Type 90 18841
Convoi, Messe d'Enterrement, le 25 février, à S^ Aubin, de
1. Cf. L. Dpcombe : Les Rues de Rennes..., 5* édition. Rennes, A. Le
Roy, 1892.
- 348 —
dame Marie-Rose Pélagie-Bivaut, en son vivant veuve de feu
M. Michel Simon.
A Rennes, imprimerie de A. Marteville.
(Ex meis.)
Encadrement décrit plus haut.
L : 0,43 1/2. — H. : 0,35. — Papier vergé sans
filagramme.
Type )M> 1 884
Convoi d' enterrement, le 30 septembre, Grand'Messe le
lendemain, « de M. Henrioux, capitaine en retraite, chevalier
de Saint-Louis et la Légion d'Honneur. •
A Rennes, imprimerie de A. Marteville.
{Ex mets.)
Filagramme S et une corne d'abondance d'où
sortent des raisins.
L. : 0,43. — H. : 0,33 1/2. — Papier vergé.
Type «7 1885
Service anniversaire, le 25 mai, pour le « salut éternel de
TÀme de Madame Marie-Jeanne de Freslon, épouse de M. Louis-
Anne-Marie Aubrée de Kernaour, officier de l'Ordre roval de
la légion d'honneur, ancien président à la Cour royale et
doven de la faculté de droit de Rennes. »
Rennes. — Imprimerie de Madame de Caila.
{Collection Decombe.)
Encadrement décrit plus haut. — Papier vergé.
Filagramme : J.
L. : 0,47. — H. : 0,37.
— 349 —
Tjpe 90 I88S
Convoi d'Enterrement, le i*' juin, Grand'Messe après-de-
main, à S^ Sauveur, de M. Philippe-Louis-Célestin Aché,
Avocat à Pontivy, décédé à Rennes, rue de Lafayette.
 RenneSt imprimerie de A. Marteville.
{Ex meis.)
Encadrement décrit plus haut.
L. : 0,47. — H. : 0,36 1/2. — Papier vergé sans
filagramme.
T^rpe 90 1885
Convoi, Messe d'Enterrement, le 14 septembre, « de
M. Théophile Gandon, décédé chez son père. M. Gandon,
avoué à.la Cour à l'dge de dix-huit ans, »
 Rennes, imprimerie de A. Marteville.
(Collection Decombe.)
Filagramme : Nevo F et un cor de chasse.
L. : 0,47. — H. : 0,37. — Papier vergé.
Type 5»0 188S
Convoi, Grand'Messe d'Enterrement, le 20 septembre, < de
M. Charles-Bonaventure-Marie TouUier, en son vivant Doyen
honoraire de la Faculté de droit de Rennes, Bâtonnier de
Tordre des avocats, chevalier de l'ordre royal de la Légion
d'honneur, décédé à l'dge de 84 ans. »
A Rennes, Imprimerie de A. Marteville.
{Collection Decombe).
Filagramme : FI DEC et un double cercle.
— 350 —
L. : 0,51. — H. : 0,38. — Papier dont les vergeures
se voient à peine.
TypelMI ISSB
Convoi d'Enterrement, Grand Messe, le 5 janvier « de dame
Jeanne Françoise Le Dien, en son vivant épouse de M. Tou-
zard, chef du service des lits militaires de la 13^ division. »
A Rennes, Imprimerie de A. MarteviUe.
{Collection Decombe.)
Filagramme : FIDEC, et un double cercle.
L. : 0,51. — H. : 0,39. — Papier vergé.
Tsnpe 90 1888
Convoi d'Enterrement, le 21 janvier, Messe de famille, le 29,
pour le « salut étemel de Tâme de demoiselle Jeanne- Vincente
Simon, décédée chez M*"® Henrioux, sa nièce. »
Rennes, Imprimerie de A. Marteville.
(Ex mets.)
Filagramme : R S et une couronne royale.
L. : 0,45 1/2. — H. : 0,36. — Papier vergé.
Sur ce placard, le mot mève a été substitué à la
plume, au mot nièce. »
Type mi f sas
Convoi, Messe d'Enterrement, le 21 mai, de Mademoiselle
Marie-Thérèse-Louise Guéhéneuc de Boishue.
Rennes, Imprimerie d'Amb. Jausions, rae de Bordeaax.
{Collection Harscouèt de Keravel.)
A partir de 1838, les formules : pour le repos et
— 351 —
salut étemel^ pour le repos éternel^ devenant d'usage
courant, surtout la première, je ne les signalerai
plus.
Type 9& 1839 PI. XVIII
Convoi, le 28 mars, Messe d* Enterrement, le 9 avril, de
dame Julie Charlotte Perrine de la Bourdonnaye Montluc,
comtesse de Plouer, douairière.
Rennes» Imprimerie d'Amb. Jaugions, rue de Bordeaux.
L. 0,48. — H. : 0,37. — Papier vergé.
Filagramme : F T
LG
{Collection Decombe.)
Encadrement décrit plus haut.
Type 9^9 1839
Convoi et Messe d'Enterrement, le 27 avril, de M. le comte
Armand-Bon- Louis Maudet de Penhouet, Maréchal de camp en
retraite. Chevalier de Saint-Louis et de la Légion d'Honneur,
époux de dame Marie-Anne de Couêssin de la Béraye.
Rennes, Imprimerie de Madame de Caila, née Frout, rue de la Monnaie.
{Collection de Goy,)
Type «1 1839
Convoi, Messe d'Enterrement, le 26 juin, de Monsieur Au-
gustin-Françots-Marie Baron Rapatel, Maréchal de Camp,
Commandeur de TOrdre Royal de la Légion d'Honneur, Che-
valier de l'Ordre de Saint-Ferdinand d'Espagne, 4^ classe, veuf
en premières noces de dame Jeanne-Félicité Vatar, et époux
en secondes noces de dame Cécile-Aglaé Moutonnet.
(Sans nom d'imprimeur.) {Collection Decombe,)
— 352 —
TjpeSf A 1839
Convoi, Messe d'Enterrement, le 9 mars, de M. Jacques-
François Gardin de la Bourdonnaye, ancien capitaine de cava-
lerie, chevalier de Saint-Louis, décédé... à Tàge de 69 ans.
{Collection de Goy.)
L'encadrement de ce placard est celui du type 21
refait : le crâne ailé du haut a été modifié et on
a ajouté, passant derrière lui : à gauche, une torche
fumante renversée; à droite, le manche d'une faulx
dont le fer revient sous le maxillaire inférieur.
Au lieu d'une femme tenant un portrait d'homme,
au milieu, en bas, il y a ici un homme âgé, drapé à
l'antique, tenant un portrait de femme.
La signature de Godard a disparu; enfin, beau-
coup d'autres détails ont été modifiés.
Type «O tSMO PI. XIX
Convoi d'Enterrement, Grand'Messe, le 1*' mai, de M. Pierre-
Mathurin Lucas, en son vivant, avocat et membre de la Com-
mission des hospices civils de Rennes.
{Collection Decombe.)
Encadrement dit « à la cathédrale, » en sept piè-
ces. Il représente un portique d'église d'un gothi-
que très relatif.
Quatre pièces en haut : celles du milieu forment
un fronton surmonté d'une croix; celles des côtés
ont chacune un ange en adoration placé au-dessus
de deux niches contenant des statues.
Pièces latérales : à gauche, statue de la Foi entre
deux colonnes ; à droite, statue de l'Espérance.
— 353 —
En bas : les soubassements du portique et au mi-
lieu un carrelage blanc et noir, au-dessus duquel
se trouve l'indication : Rennes, imprimerie de A.
Marteville et Lefas.
La vignette du V initial, signée Du Rouchail, dans
le terrain, en bas, à droite, représente une figure
voilée de noir et pleurant, assise à gauche d'un
tombeau surmonté d'une urne. A droite, de la ver-
dure; derrière, trois cyprès.
H : 0,39 1/2. — L : 0,30 1/2. — Papier lisse.
A partir de cette époque, on ne trouve plus de
papier vergé servant à l'impression des placards.
Type IM A 18411
Convoi, Messe d'Enterrement, le 3 octobre, de Dame Eu-
génie-Louise-Sainte Ducrest de la Guicherais, épouse de
M. Jules Aussant, Docteur en médecine, dgée de 29 ans.
(Collection Decombe.)
Encadrement décrit plus haut.
L. : 0,47, — H. : 0,36 1/2.
Type ftH 184l« PI. XX
Convoi et Messe d'Enterrement, le 4 février, de M. Louis
Anne-Marie Aubrée de Kernaour, officier de Tordre royal de
la Légion d'Honneur, ancien président à la Cour royale, ancien
doyen de la Faculté de droit.
(Ex meis.)
Encadrement décrit plus haut.
L. : 0,46. — H. : 0,35 t/2.
XXXIII 29
— 354 —
Type 99 1LH4L2
Service, le 22 février, à S*-Sauveur, de Dame Elmire-
Françoise- Antoinette de Truchis, épouse de Monsieur Amand-
Etienne Carron.
Rennes, imprimerie d'Amb. Jausions, rue de Bordeaux.
{Ex meis.J
Encadrement décrit plus haut.
L. : 0,45 — H. : 0,36
Type !S9 M94Lft
Convoi. Messe d'Enterrement, le 7 septembre, à S*-Sauveur,
de M"« Flmilie-Thérèse-Caroline Truillot, décédée chez son
grand-oncle, M. Ménardais, à tâge de seize ans,
(Ex meis.J
Encadrement décrit plus haut.
L. : 0,45. — H. : 0,36.
Type 99 18419
Convoi d'Enterrement, Grand'Messe, le 11 novembre, de
Dame Rosalie-Jacquette-Joséphine-Anne Degois, en son vivant
veuve de M. Pierre Rebillard, avocat à la Cour royale de
Rennes, chevalier de la Légion d'Honneur, décédée... à l'âge
de 79 ans 5 mois.
Rennes, imprimerie de Â. Marteville et Lefas.
(Collection Decombe.J
La vignette du V est ici celle du type 28.
H. : 0,39 1/2. — L. : 0,31.
— 355 —
Convoi et Messe d'Enterrement, le 12 décembre, de M. Vic-
tor Hay de Bonteville, veuf de Dame Marie-Louise de Cara-
deuc de la Chalotais.
Rennes. — Imprimerie d'Amb. Jausions, rue de Bordeaux.
{Ex mets.)
Encadrement décrit plus haut.
L. : 0,46. — H. : 0,36.
Type «f A 1841^
Convoi, Messe d'Enterrement, le 30 décembre, de M. Pierre-
François-Mathurin Lesbaupin, Bâtonnier de l'ordre des Avo-
cats, chevalier de la Légion d'Honneur, Membre du Conseil
de Fabrique de Saint-Sauveur, ancien Professeur à la Faculté
de Droit de Rennes, ancien administrateur des Hospices civils,
en son vivant époux de Dame Louise Barbarin.
(Eœ mets.)
L. : 0,46. — H. : 0,36.
Type«l A 18413 PI. XXI
. Service, le 23 mai, de M. Louis-Antoine De Léon des Or-
meaux, âgé de vingt-cinq ans.
{Collection Decombe.)
L. : 0,45. — H. : 0,35 1/2.
A partir de ce moment, sauf deux ou trois excep-
tions, rage du défunt est constamment indiqué.
Type SO 184»
Convoi d'Enterrement, le 3 juin, de dame Caroline Marzelle,
— 356 -
épouse de M. Jean-Baptiste Henry, tourneur, décédée... à T&ge
de 34 ans.
Rennes, imprimerie de A. Marteville et Lefas.
(Ex meis.)
Vignette du V du type 28.
II. : 0,39 i/2. — L. : 0,31.
Type ISO 18413
Convoi d'Enterrement, le 5 juin, de M. Toussaint-Modeste-
Marie- Anne Duportal, conservateur des hypothèques. [Pas
cTâçe,]
Rennes, imprimerie de A. Marteville et Lefas.
{Ex meis.)
H. : 0,39 1/2. — L. 0,31.
Type ISO 1848
Convoi d'Enterrement, le 16 octobre, de dame Jeanne Bos-
sard, veuve de M. Jean-Louis Laurent, décédée... à Tàge de
68 ans 4 mois.
Rennes, imprimerie de A. Marteville et Lefas.
(Ex meis.)
La vignette du V initial est celle du type 28.
H. : 0,39 1/2. — L. : 0,32.
Type 9H 184L^
Convoi d'Enterrement, le 19 mai, Grand'messe, le 20, de
Dame Delphine Serel Desforges, épouse de M. Duval-Villebo-
gardy conseiller à la Cour royale de Rennes, décédée... à Tàge
de 22 ans.
(Collection Decombe.)
L. : 0,46. — H. : 0,36.
~ 357 -
Convoi d'Enterrement, Messe, le 30 décembre, de demoi-
selle Céline Gaultier de la Guistière, décédée... à Tàge de
15 ans et demi.
Lith, Landais et Oberthur, à Rennes, Déposé.
{Collection Decombe.)
Placard entièrement lithographie; l'impression en
est très fine. L'encadrement représente une niche
dont le style se rapporte au gothique fleuri. L'ou-
verture ogivale contient le texte en anglaise, sauf
le nom du défunt qui est en gothique. La formule
De Profundis est placée sur le socle, dans un car-
touche.
La vignette en tête du texte est une M, figurée
par deux anges agenouillés de chaque côté d'une
niche surmontée d'une croix et abritant une urne
au-dessous de laquelle on lit sur un court phylac-
tère : De Profundis.
A mon grand regret cette pièce ne pourra pas
figurer dans l'album qui accompagne ce travail :
l'extrême finesse du dessin et le défaut de vigueur
de l'impression en rendent la reproduction impos-
sible.
Type 99 184»
Convoi de M. Jean-Louis Poréc, juge au Tribunal de !'• in-
stance de Rennes, 10 octobre.
{Archives dép. d'ille-et- Vilaine,)
— 358 —
Type 81 f 84W
Convoi, le !•' mars, Messe d'enterrement, le 2, de Made-
moiselle Suzanne f^aigle, décédée à Tàge de 43 ans, chez M.
Dayot, économe de T Hôtel-Dieu.
{Ex meis.)
Encadrement dit « à la cathédrale, > en quatre
pièces : Les trois pièces du haut forment aussi les
côtés ; c'est-à-dire : le cintre d'un portique gothique
appuyé sur des chapiteaux de retombée soutenus
par des anges, celui de gauche tenant dans ses
bras une amphore et celui de droite une croix. De
chaque côté, deux colonnettes.
Au milieu du cintre, une clef retombante soute-
nant une niche dans laquelle on voit la statue, cou-
ronnée de feuillage, de TEspérance.
Sous les colonnettes de gauche, à Textrémité
inférieure du pavage, deux lettres : C P ou L P.
En bas, un pavage carrelé noir et blanc, sur
lequel on lit (dans une réserve) : Rennes, Imprimerie
d'Amb. Jausions.
La vignette du V est celle du type 28.
H. : 0,46 1/2. — L. : 0,37.
Type 99 f 84W
Convoi d'Enterrement, grand'messe, le 3 juin, à S^Aubin,
de Dame Jeanne-Marie-Perrine Daguet, veuve de M. Jean-
Baptiste-Etienne-Rose Lemonnier, décédée... à Tàge de 83 ans
5 mois.
(Eœ meis.J
H. : 0,39. — L. : 0,31.
— !■ r ■■.
— 359 —
Type 80 f 84W
Convoi et messe d'enterrement, le 7 septembre, de M"" Zoé
Marçais, décédée... à Tàge de 14 ans 9 mois.
Lith. Landais et Oberthur, à Rennes, Déposé,
{Collection Decombe.)
Placard entièrement lithographie.
H. : 0,45. — L. : 0,35.
Type 80 HHAB
Convoi d'enterrement, grand'messe, le 17 novembre, à
S,*-Etienne, de M. Joseph-Louis-Marle Le UénafT, Juge de
Paix à Rennes et membre du Conseil municipal, décédé...
à Tàge de 58 ans.
Lith. Landais et Oberthur, à Rennes, Déposé.
(Eae meis,)
Placard entièrement lithographie.
H. : 0,46. — L. : 0,37.
Type ft9 tSMI7
Convoi d'enterrement, grand'messe, le 27 avril à S^-Germain,
de M. Jean-Céleste Sébire de Bellenoê, conseiller à la Cour
royale de Rennes, décédé en sa demeure, rue des Fossés, le
25 avril, à une heure du matin, à l'âge de 60 ans.
(Ex meis.)
A remarquer qu'ici Theure du décès est indiquée.
H. : 0,40. — L. : 0,31.
Type 89 1849 PI. XXII
Convoi, Messe d'Enterrement, le 5 juin 1847, de Dame Anne
— 360 —
Alix, en son vivant, épouse de M. Âuguste-Jean Darthénay,
marchand vannier, décédée... à Tàge de 44 ans 3 mois.
{Collection Decombe.)
Texte typographie. — Encadrement lithographie.
Celui-ci représente, dans un motif d'architecture
religieuse de style gothique : en haut, deux anges
agenouillés de chaque côté d'une niche centrale,
contenant une urne funéraire autour de laquelle est
posée une couronne et couverte d'un voile.
En bas, un tombeau sur lequel se trouve cette
inscription gravée sur une plaque de marbre noir :
GECIDIT. De chaque côté, un sablier ailé. Sous le
coin inférieur droit, la mention : Imp. de M"' de
Caila^ place du Champ Jacquet, près l'ancien Cirque.
Sur les côtés, dans des niches, des statues: à
gauche, la Foi ; à droite, l'Espérance.
L. : 0,46. — H. : 0,36.
Type!S9 1847
Convoi d'enterrement, le 15 juin, de dame Marguerite-Anne-
Renée de la Haye de la Bellangerie, épouse de M. Pierre-
Antoine Gay aîné, propriétaire, décédée. . . à l'âge de 09 ans.
Rennes, imprimerie de Â. Marteville et Lefas.
{Ex meis.)
Vignette du V du type 28.
H. : 0,39. — L. : 0,30 1/2.
Type !St A 18418
Convoi, Messe d'enterrement, le 3 février, de M. Hippolyte-
Marie Des Bouillons, décédé. . . à Tàge de 17 ans.
Imprimerie de J.-M. Vatar, rae Saint-François.
(Collection Decombe.)
L. : 0,46 1/2. — H. : 0,36.
— 361 —
Type 31t 18418
Convoi et Messe d'Enterrement, le 7 février, à S*-Etienne,
de M. Pierre-Louis-Stanislas de Miniac, lieutenant de vaisseau
de la marine royale, chevalier de l'ordre royal de la Légion
d'honneur, décédé... à l'âge de 66 ans.
{Ex meis.)
Texte typographie, encadrement lithographie.
L. : 0,45. — H. : 0,36.
Type ftJL A 18418
Convoi, Messe d'Enterrement, le 28 mars, à S*-Aubin, de
Dame Catherine-Jeanne Frémont, veuve de M. René-Mathurin-
Jean Le Brun, architecte, décédé... à Tâge de 82 ans.
Imprimerie de J.-M. Vatar, rue Saint-François.
(Ex mets.)
L. : 0,46. — H. : 0,36.
Type ISO 18418
Convoi d'enterrement, Grand'Messe, le 18 mai, de dame
Anne-Laurence Morel, veuve de M. François-Julien Tarot,
décédée... à Tàge de 77 ans 2 mois.
Rennes, imprimerie de Â. Marteville et Lefas.
{Collection Decomhe.)
H. : 0,39 1/2. — L. : 0,31 1/2.
Type 3IS 1848
Convoi de Messire Michel Beaulieu, curé de Saint Sauveur
de Rennes, le 24 juillet.
{Archives dép. d'Ille-et- Vilaine,)
— :i62 —
Type •• 1848
(yonvoi d'enterrement, le 17 novembre, grand^messe. le 18.
de dimte Pauline- Louise-Françoise Lepart. en son vivant,
A\Hnîmi de M. Daniel, cafetier, décédée... à Tàge de 27 ans
7 moiw.
Hannan, imprimerie de A. Marteville et Lefas.
m
{Collection Decombe.)
Il : O/iO. — L. : 0,31.
Trpe as 1848
Tonvoi ot Mosso d'Enterrement, le 22 novembre, à S*-Etienne,
do M Lombard de Ginibral, général de brigade, officier de
l'Ordrt^ national de la Légion d'Honneur, commandant l'artil-
l(M*ie dauH la 15* divinion militaire, décédé à Hennés, à Thôtel
do IKoole d'Artillerie. . à l'âge de 61 ans
(Ex meis.J
L. : 0/15. — II. : 0,36
TypeSO 1840
(^mvoi d'Knlorrt^monl, grand*messe, le 10 janvier, à S'-Au-
biu» do M Thomaa-Philippe Binet. percepteur des contribu-
tions tlinvios, mombiv du (Conseil municipal, ancien colonel
do la gaiMo natioualo de Rennes, décédé... à l'Âge de 71 ans
5 mois,
(£jr meis.J
H, : 0,3y, — L. : 0,31,
Oouwi denlerrtMuonl. grandinesse. le l" février, de
M% l.ouis-Wvs BljindoK marchand, decé\lé... a 1 âge de 43 ans.
XL ; OU^. — L. : 0,SI.
— 363 —
TypeSf fS^O PI. XXIII
Convoi, Messe d'enterrement, le 22 février, de Dame Jeanne-
Cécile Mardelé, veuve de M. Pierre-Antoine Bussi, capitaine
retraité, chevalier de la Légion d'Honneur. [Pas d'âge.]
Rennes, F. de Folligné, suce, de M. Amb. Jaasions, rue de Bordeaux.
{Collection Decombe,)
H. : 0,46. — 0,36.
Type 31 f 8419
Convoi, Messe d'enterrement, le 29 septembre, de demoiselle
Emilie Belaut, décédée... à Tàge de 42 ans.
Rennes, F. de Folligné, suce, de M. Âmb. Jausions, rue de Bordeaux,
{Ex meis.)
H. : 0,45 1/2. — L. : 0,36.
Le même placard se retrouve dans la collection
de M. Decombe.
Type !S9 18419
Convoi d'enterrement, grand'messe de M. Jean-Baptiste-
Marie Chaumeloux, marchand de cidre, décédé... à Tàge de
53 ans.
Rennes. Imprimerie de A. Marteville et Lefas.
fEx meisJ
H. : 0,40. — L. : 0,3i.
Type 33 1851 PI. XXV
Convoi, Messe d'enterrement, le 6 novembre, de M. Ed-
mond-Julien -Olivier Revault, ébéniste, décédé... à l'âge de
17 ans 5 mois.
{Collection Decombe)
— 364 —
Encadrement composé d'un large ruban noir
(21 "/"), arrondi aux angles, orné en haut d'une croix
rayonnante brochant sur lui, et en bas de Tinscrip-
tion, en 'lettres blanches : De Profundis (en carac-
tères gothiques).
Au-dessous : Litho : Landais et Oberthur, place
du Palais, 7.
Pièce entièrement lithographiée.
Type 88 \HWt
Convoi, Messe d^enterrement, le 6 mai, à Saint-Etienne, de
M. François - Marie Derennes. décédé... à Tâge de 40 ans
8 mois.
Le service d*octave sera célébré le vendredi 14 mai 1852.
Lith. : Landais et Oberthur» place du Palais, 7.
(Ex mets.}
Description ci-dessus.
H. : 0,43. — L. : 0,34.
Type 84 f 8&8 PI. XXIV
Convoi, Messe d'enterrement, le 14 9*'«'«, de dame Louise-
Victorine Pillas, en son vivant épouse de Monsieur Venard,
décédée... à Tâge de 63 ans.
Ant. Leroy, Rennes.
{Collection Decombe.)
Pièce entièrement lithographiée.
Encadrement formé d'un filet noir (9"™), arrondi
aux angles vers Tintérieur, semé de larmes blanches
et accompagné extérieurement et intérieurement de
deux filets, Tun maigre, Tautre plus gros (1"*'").
En haut, au-dessus du texte, une petite vignette
représentant un tertre de gazon, surmonté d'une
— 365 —
croix et près duquel on voit : une pelle, une pioche,
un livre ouvert, un manipule, une couleuvre.
Le V initial, noir et orné de deux crânes posés
sur deux iémurs en sautoir, se trouve au milieu
d'une vignette représentant un tombeau entouré
d'un grillage, ombragé par des saules pleureurs et
près duquel se trouvent une femme et deux enfants.
Au premier plan, trois personnages.
H. : 0,45. — L. : 0,35.
Type 81 1858
Convoi d'enterrement, le 12 novembre, de M. Joseph-Marie
Rochaix, capitaine d'infanterie en retraite, chevalier de la Lé-
gion d'Honneur, époux de dame Anne-Françoise Riaux. (Pas
d'âge.)
Rennes, F. de FoUigné, suce, de M. Âmb. Jausions, rue de Bordeaux.
(Eœ meis.J
H. : 0,45 1/2. — L. : 0,37.
Je n'ai pas vu de placards de la période comprise
entre 1853 et 1872. A cette dernière date, l'encadre-
ment avait complètement disparu pour faire place à
une bordure noire de neuf millimètres. En tête, au
lieu de la vignette habituelle, se trouvait la croix
blanche ombrée que l'on voit toujours, variée seu-
lement dans ses dimensions.
Il n'y a plus, en effet, que des différences de
dimensions à signaler dans les placards contempo-
rains : les plus petits ont : H. : 0,39. — L. : 0,30;
les plus grands : H. : 0,45. — L. : 0,35. On trouve
toutes les tailles intermédiaires.
— 366 —
(Mais hélas, il y a déjà aussi le petit format in-4®.
La majestueuse feuille tend à disparaître devant le
vulgaire prospectus...)
Les bordures varient de 19 à 40°"°. et occupent
parfois le recto et le verso.
Un placard de 1887, imprimé chez Ch. Catel, rue
Leperdit, nous ramène à 1853 : il porte un encadre-
ment noir de 15""", placé à trois centimètres du
bord du papier.
J'ai relevé également sur des placards de Timpri-
merje Simon : une croix grise, bordée de blanc et
légèrement ombrée, une M liée d'une palme et sur-
montée d'une croix pattée, un V initial sur fond
niellé. Ce sont d'heureuses tendances à rompre
l'uniformité imposée fâcheusement par l'usage. Mais
il faudrait oser plus et ramener l'ornementation
d'an tan. Les procédés de reproduction des dessins
offrent tant de ressources aujourd'hui !
••*
Depuis le temps où « Messieurs et Dames » étaient
invités aux obsèques et aux services, la formule a
été modifiée, mais non radicalement toutefois,
comme cela a eu lieu ailleurs.
Vous êtes priés d'assister au convoi^ se dit depuis
1736, et à la messe d'enterrement (1812) qui auront
lieu (1805J le... à... heures du...^ ainsi quaux messes
qui seront dites le m,ême jour^ depuis six heures jus-
qu'à, midi (1809), en V église paroissiale de... ("1805). —
En 1748 : « les messes basses seront célébrées de-
puis dix heures du matin jusqu'à midi. » — En 1763
de neuf heures à midi ; — pour le repos (1737) et salut :
(1775) éternel (1826); ce mot ne devient définitif qu'à
— 367 —
partir de 1838), de l'àme de M..., décédé en sa de-
meure (1849), on disait avant et on continue encore
après à dire en sa maisonj, à Rennes, rue..., le... 19...,
dans sa... année (c'est en 1825 que l'âge fut indiqué
pour la première fois et cet usage ne devint courant
qu'à partir de 1843), muni des sacrements de l'Eglise
(formule très récente).
Lorsque l'inhumation a lieu après midi, on rem-
place Messe d'enterrement par Cérémonie religieuse.
La formule s'est très simplifiée dans ce placard
de 1902 : M. (pas de croix en tête) Voiis êtes priés
d'assister au Convoi d'Enterrem.ent qui aura lieu
le 1902, à... heures du matin, de Monsieur X ,
à Rennes, décédé rue le 1902, dans
Ceci se réfère à un adepte de la Libre-Pensée; je
ne connais pas les formules employées par FEglise
Réformée et par la Franc-Maçonnerie.
aintenant, pour com-
pléter ces notes sur
les placards rennais,
je dirai quelques
mots des Lettres de
faire -part.
Celles-ci parais-
sent tnflniment plus
rares que les pla-
cards, et il y a à cela une bonne raison : te placard
par son format et la qualité de son papier était
utilisable : on en faisait des chemises de dossiers
très appréciées des particuliers et des hommes de
toi ; on s'en rendra compte en fouillant les vieilles
paperasses oubliées dans les greniers, les archives
des notaires, des avoués, des procureurs. (Je con-
seille fortement ces recherches qui permettront de
sauver de la destruction quantité de pièces.)
La Lettre, au contraire, de très petit format, ne
pouvait servir à rien, sinon à écrire des brouillons
dû correspondance. Je ne possède que cinq spéci-
mens do ces documents, que j'ai arrachés à un sort
affreux sur le genre duquel il est inutile d'insister,
au château de la Villo-Tual (Côtes-du-Nord), il y a
déjà une quinzaine d'années.
Lo plus ancien est de 1816, le plus récentde 1846.
À quelle époque a-t-on commencé à employer la
Lettre do faire-part? Je ne saurais le dire.
L'ancêtre a dû être un billet imprimé en 1694,
cité par M. le vicomte de Poli <, par lequel on
1. Vieomto Je PoU. loe. cit.. pp. U», 113. Wi.
VIEUX PAPIERS %ENNAIS
LES
PLACARDS
MORTUAIRES
PLANCHES
RENNES
IMPRIMERIE FR. SIMON, SUCCESSEUR DE A. LE ROY
IMPRIMEUR BREVETE
1904
V-
6!^ESSIEUIiS ET DAMES^
!OUS ^^^ priez d'aUjftcr au Convoi.
Service & Enterrement de fcutf Dcmoiiellc
GUILLEMETTE GIRARD-
en fon vivant Epoure de Maître JEAN-
PIERRE LE GUÉ. Procureur au
Prcfidial de Kcnnes , déccdce au Convent
des Cathcrinccces de cette Ville, ce jour i\. May \i\i La
Conduite de fon Corpt fe fera demain 24. dudit mois à dix
. heures & demie du matin en l'Eghfc 8î ParoilTe de S. }ean ,
où elle fera intiumce-
DE PROFV ND1S._
C'cft de la pare de Monfieur LE GUE-^c Mcffieuri
fes Enùns &£ de toute h Famille.
MESSIEURS ET DAMES,
OUSêtes priés d'aflifter au Ser-
vice qui Icfera Lundi prochain
deux Septembre «tî?. environ
les dix heures du matin , dans
lEglifedes RR. PP Cordeliers ,
pour le repos de l'Ame de
MaîtrcYVES LE BOURVA Sieur de
Launay ; en fon vivant Clerc chez Mr.
Rigadou Procureur au Parlement, &chez
lui décédé le 's. Août dernier.
DE PR0FUNT3IS-
CIIJiUftrtdiMifursLES CLERCS Ju P^rlimia.
w'/V.
ôi
e^^ESSIEUJiS ET DAMES.
!0 U S êtes priez d'alliflcr au Convoi ,
Service &f Enterrement de feue! Dcmoilclk
GUILLEMETTE GIRARD.
en fon vivant Epoufc de Maitrc JEAN-
PIERRE LÉGUÉ. Procureur au
Prcfidial de Rennes , dcccdcc au Convent
des Catherinctccs de cette Ville, ce jour 2^ May nn La
Conduite de Ton Corpi fc fera demain 24- dudit mon à dix
. heures &î demie du matin en l'Eglifc & ParoilTc de S. Jean ,
où elle fera inhumée-
DE P/iOFUNDIS-^
C'cft de la pare de Monficur LE GUE"'<i= McfTieur*
fes En£ins 8£ de toute la Famille.
e^IESSIEURS ET DAMES^
M ^^9^iî»^SÊI^ O U S *^^^ P"cz d'alliflcr au Convoi ,
ft JH^' fl Service &f Enterrement de îcui DcmoileDc
B .^P IgUILLEMETTE GIRARD.
ici) fon vivant Epoufe de Maitre JEAN"
[PIERRE LE GUÉ. Procureur au
Prcfidial de Hennés , dcccdce au Convcnt
des Catherinecces de cette Ville, ce jour i%. May 1717 La
Conduite de fon Corps fc fera demain 24. dudic mois à dix
. heures 8>ï demie du matin en l'Eglifc Sï ParoifTe de S. Jean .
où elle fera inhumée.
DE P/iOFUNDIS;
C'eft de la part de Monficur LE GUE"-dc Mcfficur*
fes Enfins U de coûte la Famille
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IMPRIMERIE FR. SIMON, SUCCESSEUR DE A. LE ROY
IMPRIMEUR BRBVBTft
— 369 —
recommande aux prières des destinataires une véné-
rable défunte. Mais c'est aux communautés et aux
ecclésiastiques que ces « mémentos » étaient en-
voyés.
Le même auteur reproduit le texte d'une véritable
lettre de part de 1775, puis une autre de 1802, enfin
plusieurs autres postérieures.
La formule n'en variait pas beaucoup. Voici celles
de Rennes :
MM.
M. Charles Desnos-de-la Orée Président du Tribunal de
première Instance de Rennes, a thonneur de vous faire
part de la perte qu'il vient de faire de Madame Caroline-
Marie Catherine Serres, son épotcsCy décédée le 6 mars 1816,
Vot4S êtes priés d'en faire part à votre famille.
Une feuille double de papier vergé.
H. : 0,20 1/2. — L. : 0,13.
M.
Monsieur et Madame Pontallié ont l'honneur de vom
faire part de la perte qu'ils viennent de faire de MademxH-
selle Eliante Pontallié, leur fille, décédée à Auch, le 2 de ce
mois, chez son père. Directeur des Contributions directes.
Aach, le septembre 1817.
Vot4S êtes prié d'en faire part à votre famille, et de ne
point adresser de réponse.
Une feuille double de papier vergé.
H. : 0,20. — L. : 0,12 1/2.
Bien que cette lettre n'ait point été imprimée à
Rennes, je la transcris, car je crois que la famille
Pontallié était originaire de cette ville.
xxxni 30
— 370 —
MM.
M. Desnos de la Grée, Président du Tribunal de première
instance. Monsieur Ange Desnos de la Grée, Monsieur et
Madame de Lesquen, M. Charles Desnos de la Grée, fils,
M, VAbbé Dufoussé, ont l'honneur de vous faire part de la
perte qu'ils viennent de faire de M. Jean-Baptisle-Marie
Desnos de la Grée, Conseiller à la Cour Royale de Rennes,
leur oncle, grand-oncle et cousin, décédé à Rennes le 2 dé-
cembre 1818,
Vom êtes priés d'en faire part à votre famille.
Une feuille double de papier verge.
H. : 0,20 1/2. — L. : 0,13.
M
Monsieur et Madame Louis Brossays, Monsieur Bros-
says. Procureur du Roy, Mademoiselle Lucie Brossays,
Made7noiselle Adèle Brossays, ont la douleur de vous faire
part de la perte qu'ils viennent de faire de Madame Renée-
Jeanne Delommel, veuve de M\ Brossays, ancien Procu-
reur au Parlement, leur 'inère, belle-mnère et grand-mère,
décédée en sa maison, Place du Palais, le 2 de ce mois.
Vous êtes priés d'en faire part à votre famille.
On ne recevra pas de visites.
Rennes, le 2 avril 1828.
Une feuille double de papier vergé.
H. : 0,19 1/12. — L. : 0,12 1/2.
M
Monsieur Le Chevalier, chevalier de la Légion-d' Hon-
neur; M. et M''''' Du Haut Chemin; M, Ivan du Haut Che-
min; ilf "•« Anna et Berthe Du Haut Chemin; M""* Duboûays
de la Chauverais; M, Denise, chevalier de la Légion-cC Hon-
neur, et M"'* Denise; M, etM"''' Paul de la Tuollays, et leurs
enfants; M. etM"^^ Auguste Denise; M, et A/"' Turin, et
— 371 —
leurs enfants; MM. Denise; M, Auguste Roquet, receveur
de l'enregistrement, et A/"* Roquet; M. et il/"" Roquet, ont
la douleur de vous faire part de la perte qu'ils viennent
d! éprouver en la personne de *•"« Julienne-Françoise Gin-
guené de la Chauverais, leur épouse^ mère^ belle-mère,
aïeule^ sœur et tante, décédée à Rennes, le 16 mai 1846, à
l'âge de 73 ans 6 mxHs.
Rennes, le mai 1846.
Vous êtes priés d'en faire part à votre famille.
SANS VISITES.
Une feuille double de papier non vergé encadré
extérieurement et intérieurement d'une bande noire
de 2»» 1/2.
H. : 0,26 1/2. — L. : 0,21.
Par ces quelques spécimens, on se rendra facile-
ment compte des modifications successives qui ont
amené la formule employée actuellement :
M.
M... (suit rénumération des parents proches et éloignés),
Ont la douleur de vous faire part de la perte qu'ils viennent
de faire en la personne de...
ou : Ont rhonneur de vous faire part de la perte doulou-
reuse (ou : cruelle), qu'ils viennent d'éprouver en la personne
de...
leur... (indication des degrés de parenté), décédé (ou : pieu-
sement décédé) dans sa... année, en son domicile... le... 19...
muni des Sacrements de l'Eglise (ou : de la sainte Eglise).
De Profundisy ou : Priez pour lui, ou : Requiescat in Face.
Il semblerait que l'usage veuille s'introduire à
Rennes de faire servir la même rédaction à l'invi-
tation aux obsèques et au faire-part, plusieurs
pièces de ma collection se terminant par la formule
— 372 —
du placard : m Et vous prient d'assister au Convoi
et à la Messe d'Enterrement, etc. »
Pour transformer en lettre de part, on supprime
les dernières lignes et on évite des frais de compo-
sition... Le geste est mesquin peut-être, mais il n'y
a pas de petites économies...
Je ne saurais terminer sans exhor-
ter tous ceux qui me liront à recueillir
et conserver, non seulement les pla-
cards et lettres de part anciens, mais
encore les pièces récentes. Il y aura
là une mine précieuse pour les ama-
teurs de « Vieux-papiers » de l'avenir,
les généalogistes, les historiens; et
puis chacun peut se constituer d'in-
téressantes archives de famille, en
classant tous les documents publics relatifs aux
décès, naissances, mariages, de ses proches et de
ses alliés, voire de ses amis.
Et cela jusqu'au jour fatal où tout disparaîtra de
ce monde, car tout est poussière et doit s'en aller
en poussière.
L. ESQUIEU.
VARIA
sus des Pnim de la Me de Rennes
EN 1573
Les Articles de V estai du mes lier de paticier en la taille
de Rennes furent présentés en 1573 à Bertrand d'Argentré,
alors sénéchal de Rennes, auquel il appartenait, en vertu de
sa charge, d'en faire la rédaction officielle. 11 est probable que
d'Argentré, dans le but de compléter la réglementation de la
police des vivres à Rennes, y fit ajouter plusieurs dispositions
empruntées à d'anciens statuts des pâtissiers de Nantes, que
l'on ne retrouve plus aujourd'hui. Ces articles furent approuvés
par lettres patentes de janvier 1574 et transcrits aux regis-
tres du Parlement. Ils paraissent inédits et méritent d'être
insérés dans les Mémoires de la Société archéologique.
On y rencontre quelques détails intéressants. L'énumération
des pièces à présenter pour le chef-d'œaçre par le candidat
pâtissier donne un aperçu de la table rennaise au xvi' siècle.
Cette liste se rapporte à trois genres difîérents de préparations
plus ou moins comestibles : les pâtés, les ouvrages de pâtis-
serie, et ceux du métier d'oublierie. Le choix semble fait avec
discernement en éliminant des produits sans usage à Rennes
que l'on trouve à Paris et ailleurs. Mais le sens de plusieurs
expressions techniques, ou à la mode en 1573, n'est pas facile
à établir, même en s'adressant aux livres spéciaux. Qu'étaient
au juste : le Dauphin renversé farci de crème^ le flageauy
la piquelardèe ?
Rennes offrait, et sans doute depuis bien longtemps déjà, ce
trait de la vie extérieure de nos vieilles cités, que M""* de
— 376 -
Sévigné devait encore noter cent ans après, le passage du
marchand d'oubliés, de Voublîeux, A sept heures, les quatre
maîtres pâtissiers de Rennes lançaient chaque soir leurs por-
teurs de corbillons, et le bon Rennois pouvait tirer aux dés les
oublies à la fin de son souper.
Les statuts des pâtissiers contiennent par ailleurs Torgani-
sation et les règlements qui figurent d'habitude dans ce genre
de documents, et Rennes n'en offre pas de spécimen plus
curieux.
Un récent ouvrage de M. Armand Rébillon venant d'attirer
l'attention sur les anciennes corporations rennaises, il con-
vient de rappeler les communications faites autrefois sur ce
sujet à la Société archéologique par deux de ses membres tou-
jours regrettés : MM. Philippe Lavallée et Paul de la Bigne-
Villeneuve. Les précieux travaux de ce dernier, conservés aux
Archives d'ille-et- Vilaine, resteront toujours la source pour les
documents de la période ancienne, et, malgré toutes les re-
cherches, on n'a rien pu y ajouter.
L'histoire des corporations rennaises ou bretonnes est peu
originale et ne se différencie de celle des corporations de toute
autre ville, pour l'époque la plus rapprochée de nous, que par
des détails de pure stastistique. L'étude de nos confréries
pieuses et charitables semblerait à /?r/o/7 plus instructive au
point de vue local. Le commerce et l'industrie de Rennes n'ont
pas d'histoire dans les siècles où ils florissaient. Que savons-
nous, par exemple, du Mercerot de Rennes qui courait la
France au xv" siècle avec sa balle ? Un bon tableau de Tétat
des communautés en Jurande aux derniers siècles, un résumé
des statuts des divers métiers, un relevé des faits industriels
et commerciaux qui s'y rattachent ne peuvent manquer d'in-
térêt. Mais leur importance diminue si l'on considère qu'il
s'agit d'une ville ayant déjà perdu de sa valeur dans l'ordre éco-
nomique, et d'institutions en décadences ou altérées par l'in-
gérence administrative. L'Intendance de Bretagne, les admi-
nistrations du xviii® siècle aimaient à entasser les rapports, les
correspondances officielles, les tableaux d'états. Tout cela four-
nit beaucoup de matériaux sur les corporations et les métiers ,
— 377 —
qui ne sont pas trop intéressants, sans doute, parce qu'en leur
temps ils n'ont guère été utHes *.
F. J. D. L.
Lettres du mestier Juré des malstres paticlers
de la ville de Rennes ^
Charles par la grâce de Dieu roy de France à tous presens
et advenir, salut.
Nos chers et bien amez René Guerin, Bonnadvenlure Gouyn,
Françoys Malet, Jacques Frangeul, paticiers routisseurs et
oublieurs de nostre ville de Rennes en Bretaigne, nous ont en
nostre privé conseil faict dire et remonstrer que pour le bien
publicq, poUice et maistrise de leurs estât et mestier en lad.
ville, ilz auroient, à Timitation de certaines anciennes Chartres
de previlleiges et maistrises aud. mestier conceddées par noz
prédécesseurs Roys et Ducs dud. pays aux maistres paticiers
de nostre ville de Nantes, faict dresser et rédiger par escript
à ceste fin certains articles et iceulx faict veoir à notre senes-
chal et procureur aud. Rennes, comme par le cahier desd. ar-
ticles d'eulx signé avecq leur advis cy attachés sous nostre
contreseel ; desquels articles ilz nous ont requis leur accorder
sur ce noz lettres d'emologation, validation et autorisation et
confirmation au cas nécessaires, pour eulx et leurs successeurs
à Tadvenir joyr et user plainement et paisiblement du previl-
leige et effect de maistrise dud. estât et mestier ainsi que le
contiennent lesd. articles; Savoir faisons que après avoir le
tout faict veoir en nostred. conseil ayant trouvé lesd. articles
estre utilles et nécessaires pour la pollice et bien publicq de
lad. ville en ce regard, avons de nostre certaine science, grâce
spéciale, plaine puissance et auctorité roiale concédé, accordé,
1. M. Paul Banéatnoas signale, à propos des statuts des pâtissiers de
Rennes, l'existence d'un quartier de la pâtisserie plusieurs fois men-
tionné dans les actes d'état civil du xvii* siècle et détruit pendant l'in-
cendie de 1720.
2. Arch. Plmt, B, LeUres royaux, Reg. VII, fo 64. v».
— 378 —
auctorisé, validé, emologué et confirmé et par cesd. présentes
concédons, accordons, auctorisoas, validons, emologons et
confirmons lesd. articles contenues audict cahier estans au
nombre vingt quatre, sy comme dict est atachées, selon leur
forme et teneur, à en joyr et user par lesd. supplians et leurs
successeurs à Tinstar de ceulx dud. mestier de nostre ville de
Nantes, cessans et faisans cesser tous troubles et empesche-
mens au contraire; par lesquelles donnons en mandement à
noz amez et feaulx les gens tenans nostre court de parlement
aud. pais, seneschal aud. Rennes et à tous nos aultres juges et
officiers, et à chascun d'eulx ainsi qu*il appartiendra, que de
nos présentes lettres ensemble du contenu en icelles articles
aud. cahier mentionnées, ils ayent à les faire joyr, entretenir,
garder et inviolablement observer de poinct en poinct, procéder
à l'entière veriffication et entherinement d'iceulx selon leur
forme et teneur comme dessus est dict, sans souffrir leur y
estre faict mys ou donné aucun destourbier ne empeschement
au contraire, et se aucun sont ou estoient les ostent et mectent
ou facent ester et meclre incontinant et sans delay en plaine
délivrance et au premier estât et deu. Car tel est nostre plaisir.
Et afin que ce soict chose ferme et stable à tousiours nous
avons faict mectre nostre seel à cesd. présentes, sauf en aultres
choses nostre droict et laullruy en toutes. Donné à Sainct
Germain en Laye au mois de janvier Tan de grâce 1574 et de
nostre règne le 14*"*. Ainsi signé sur le reply : Par le Roy,
Bulyon maistre des requestes ordinaires de son hostel présent,
Pinart, et saellé de cyre i>erd pendant à laz de soye verd et
rouge.
Les Articles de Pestât du mestier de paticier en la ville
de Rennes contenant leur règlement.
Bertrand d'Argentré, conseiller du roy et son seneschal à
Rennes, et Pierre Martin, aussi conseiller du roy et son pro-
cureur aud. siège presidial de Rennes ; Veu par nous les articles
présentés de la part de René Querin, Bonnadventure Gouyn,
- 379 —
François Mallel, Jacques Frangeul, et chascun paticier, habi-
tans de la ville de Rennes, sur le règlement de leur estât et
mestier de patycerye; Veu aussi certaines anciennes chartes
octroyées par les Ducs et princes de ce pays aux paticiers de
la ville de Nantes, lesquels articles ils nous ont requis mettre
par escript pour estre auctorisez et approuvez par le Roy, sui-
vant les Eedictz d'Orléans *; Nous sommes d'advis que lesd.
Articles cy après, s'il plaist audict seigneur, se peuvent tels
que ensuivent, par justice et pour le bien de la police de lad.
ville, statuer et entretenir et sans contrevenir à ses Eedictz.
Que pour le règlement dud. mestier en lad. ville de Rennes,
il sera par chascun an choaisi deux des plus capables et sufii-
sans dud. mestier pour estre provosts d'icelluy par les aultres
mestres dud. mestier pour faire Visitation des ouvraiges dud.
mestier ; lesquels provosts presteront le serment de loyaulment
se porter au faict et exercice dud. mestier entre les mains du
senescbal de Rennes ; quels esleuz se changeront par chascun
an, et s'il n'y en avoict aultres suffisans, Tun des precedans
demeurera; quels jurez seront tenus de visiter toutes les sep*
maines, et plus souvent se mestier est, Touvraige des aultres,
desquelles visitations ils feront valable rapport et des faultes
et abus qu'ils y trouveront pour en estre la pugnition faicte
sellon Texigence du cas sur paine de l'amende en cas de
deffault.
Que nul ouvrier ne sera receu à lever ne tenir bouticque ou
oupvrouer dud. mestier jusques à avoir preallablement faict
entier chef d'œuvre des espèces cy après et à esgard desd. pro-
vosts, mestres et jurez, c'est à savoir: une tarte à deux vi-
saiges *, une tallemeuse^, une darioUe de crème *, deux pastez
de chappons de haulte grosse, deux pastez d'assiette ^, deux
1. Ordonnances d'Orléans, janvier 1560, art. 98. 99.
2. Rapprocher la tarte mi-partie exigée plus loin des fils de maître.
3. La talmouse triangulaire bien connue.
4. M. Alfred Franklin, dans la Cuisine d'autrefois, 1888. p. 49. définit
la dariole : tartelette à la crème ou au fromage. D'autres y voient le
simple chou à la crème, de taille variable.
5. Le pâté d'assiette est souvent cité dans la vieille litiératare. Il n'y a
pas trop lieu de croire à l'ingénieuse explication de la. Curne de Sainte-
— 380 —
tartes de plact, une fleur de lys de crème, ung daulphin
renversé farcy de crème, une tarte seiche, ung flageau * , une
picquelardée, ung gaâteau feillecté ^, ung poupelin ^, deux
tartes argentées, en oultre roollects, estreers, bastons et gros
mestiers^ d'oublaerie, par davant lesd. jurez et mestres et
qu'ils en ayent faict rapport en justice, et serment de loyaul-
ment se porter aud. mestier et garder les choses cy devant et
après déclarées.
Que le chef d'œuvre faict et le serment prins, celluy qui sera
receu sera tenu paier pour son entrée la somme de 60 sols mon-
noie pour estre emploiez aux affaires de leur communauté et
fraerye.
Nul compaignon, serviteur ne aultre dud. mestier ne sera
receu à lever oupvrouer jusques à ce qu'il aye demeuré et faict
service troys ans entiers ^ ou plus en Tapprentissaige en icelluy,
Palaye, que ce pftté se nommait ainsi parce que chaque convive en avait
un sur son assiette. Le pâté d'assiette n'avait rien du petit pftté; de nos
jours, il ferait un plat ou même un service complet. M. Franklin a
trouvé sa recette, longue et compliquée, dans le vieux Cuisinier Fran-
çois, de Lavarenne, ainsi que celle du fameux pdté de requeste. (Ibid.,
p. 89. 146.)
1. Le flageau ne se retrouve pas dans les nomenclatures de pâtisse-
ries. Il semble désigner une flûte de pâte quelconque, et dans ce sens ce
mot serait, au point de vue philologique, intéressant à rapprocher de la
forme connue flageol et du diminutif flageolet.
2. C'est le cas de rappeler un produit rennais, disparu depuis quelque
temps : ce grand ovale de pâte feuilletée, saupoudré de sucre, connu à
Rennes sous le nom de « Langue de femme, » par une plaisanterie tra-
ditionnelle que n'a point recueillie le Dictionnaire des locutions popi^
laires du bon pays de Rennes.
3. Ne pas confondre avec le poupeton, qui était un ragoût. Le poupe-
lin est cité par Rabelais à côté des macarons dans le fameux chapitre
des Gastrolâtres (Liv. IV, chap. 59). C'était sans doute le même gâteau
que l'on faisait, toujours sous ce nom, un siècle plus tard, et dont la pré-
paration nous a été transmise par le menu dans les livres de cuisine du
temps. (Bonne fans, éd. 1655, p. 48.)
4. I^ mot Mestier a un sens technique en oublierie et signifie la grande
oublie en cornet, les rolets et les estrées sont les petites oublies. — Les
bastons remontent aux temps les plus reculés. On voit dans le Livre des
Mestiers, d'Est. Boileau, « 8 bastons pour ung denier. » — Les gaufres
paraissent inconnues à Rennes, comme le pain d'épices, qui tient une si
grande place dans les règlements parisiens. Aucune mention, non plus,
des beignets et des rissoles, qui alors jouaient presque partout un si
grand rôle dans l'alimentation populaire. Quant aux fouaces, il ne peut
en être question, c'était œuvre de boulangerie.
5. Cet apprentissage était de cinq ans à Paris : « Ledit mestier estant
— 381 —
et ne pourra ouvrer ne sentremectre en Texercice dud. mestier
ailleurs que chez les mestres dud. mestier.
Et où il arriveroit aultre mestre juré dud. mestier en lad.
ville de Rennes par fortune de guerre^ ou aultrement, s'il se
trouve capable en l'exercice d'icelluy par lesd. mestres et
esleuz, il pourra du consentement d'iceulx, le serment fait cy
dessus par devant le seneschal de Rennes, y lever son ou-
vrouer payant seullement une moictié de lad. somme.
Et ou cas que aucun maistre dud. mestier vouldroict vendre
son ouvraige à pris excessif, lesd. provosts et jurez le raporte-
ront aud. seneschal pour y mectre pris raisonnable, et seront
tenus ainsi le faire à peine de cent soûls d'amende, moictié au
roy et le reste à lad. fraerie.
Nul dud. mestier ne prendra ne retirera le vallet ou aprentif
Tun de Taultre sans le consentement du mestre avecq lequel
sera led aprentif demeurant, et convenance, et que le temps de
son service soict passé sur les peines que dessus; et où led.
aprentif délaissera led. mestre durant le temps de son ser-
vice et apprentissaige et sans le congé d'iceluy mestre, en-
cores qu'il Teust servy deux ou trois ans et revienne aud.
Rennes et banlieue d'icelle ville, sera led. aprentif tenu recom-
mancer comme de nouveau, s'il n'est dispensé à esgard desd.
jurez et du mestre avec quy demouroit led. aprentif.
Aussy pour obvier à ce que portans par les maisons viandes
à vendre, ne soient altérées et maniées de plusieurs dont pour-
roict advenir inconveniant, nuls dud. mestier ne porteront
rosty, bouilly, pastez ny aultre viande quelconque par la ville
que le pris d'icelle preallablement n'en soit faict et accordé à
la boutique dud. mestre rôtisseur et paticier, et n'yront ou
courront par envye les ungs sur les aultres en la vente de
leursd. viandes et danrées à peine de dix solz monnoie à estre
paiez de celluy qui y aura contrevenu^ s*il n'y est appelle,
applicquables à lad. fraerie, et ce pour chascune contra-
vention.
bien dangereas et subtil à apprendre. » Statuts des Patissiers-Oublaiers
de 1406 et de 1566. (De la Mare, Traité de la Police» t. lY, 618, 621.)
1. Ces survenants étaient le plus souvent des Suisses.
— 382 —
Si aucuns dud. mestîer aud. Rennes ont enffans de bonnes
mœurs, et soient capables de exercer ied. mestier, y seront
receuz sans paier aucune chose fors le disner desd. ppovost et
jurez jusques à l'estimation d'un teston, faisant seullement
pour chef d œuvre ung pasté d'assiette, une tarte my partie et
ung tourteau feilletté.
Seront expressément tenuz lesd. provostz, revisiteurs et
jurez d'entendre et vacquer soigneusement a la veue et visite
de toutes chairs cuittes et creues qui se vendent aud. Kennes
et banlieue soit de rotisserye en broche ou four et ailleurs,
chairs sallées, lart à larder, faiseurs et vendeurs de saulcices,
de toutes espèces de gibiers et poissons de mer et eau doulce,
vendeues par les mestres dud. mestier et aultres indifférem-
ment, et s'ils en trouvent qui ne soient bons les saesiront, et
en feront leurs rapports pour multer d'amende lesd. fauteurs,
mettans en vente telle danrées corrompues telles que Ied. se-
neschal congnoistra apartenir applicquables moictié au roy et
moictié à lad. fraerie.
Auront lesd. provostz, jurez et revisiteurs pour leurs sal-
1 aires et vaccations sur chascun qui aura esté visité et dont se
trouveront abus ou deffault en sa marchandie et comme telle
aura esté saesye, confisquée, la somme de cinq sols mon. qui
sera prinse sur les deniers de lad. amende du précédant et
prochain article.
Nul ne s'entremettra vendre ny porter oblyes, s'il n'est
maistre receu et passé aud. mestier et n'a satisfaict aux
poinctz d'icelluy, comme davant est dict ou s'il n'est advoué de
l'un des mestres provostz ou jurez.
Ne pourra aussi aucun serviteur de maistre et juré aud.
mestier vendre l'ouvraige d'oublairie en lad. ville et banlieue,
jour ou nuict, à plus hault pris que celluy mys par lesd. jurez,
provostz et revisiteurs sur peine de 40 solz mon. d'amande au
proiilt de lad. fraerye, et mesme peine acquise contre ceulx
qui de nuict porteront oubliz qui ne seront bons et bien faicts, et
dont on pourra avoir vraye congnoessance.
Ne pourra chascun mestre porter ou faire porter chascun
— 383 —
soir ou nuict plus que deux corbeillons* d'oubliz par ville et
banlieue de Rennes sur la peine que dessus, dont auparavant
le déplacer de la maison seront iceulx oubliz, veuz et visitez
par lesd. provostz et visiteurs, à ce qu'il ne s'y commette
aucun abus et où se y en trouveroit saesiront lesd. corbeillons
et oubliz et en feront raport pour juger lad. amande si elle y
eschet.
Lesd. mestres dud. mestier et leurs serviteurs ne pouront
aller vendre lesd. oubliz de nuict plus tost que sept heures du
soir ne soient sonnées et passées.
Que chascun mestre, ouvrier dud. mestier, présent et advenir
feront serment devant led. seneschal de bien et loyaulment
ouvrer dud. mestier et garder en tout et partout les statuz et
establissementz cy devant contenuz et déclarez.
Les hostelliers ne recueilliront chez eulx à manger ny ne pré-
senteront vivres, desjuner ny disner, ny asseoiront, que pour
la fourniture de leurs hostes et hostellerie, c'est assavoir aux
gens estrangers et passans et non aux domiciliaires de la ville;
sinon qu'ils fussent invitez par quelques ungs des passans et
sans fraulde, sur peine de dix livres d'amande aplicables moictié
au roy et l'aultre à lad. fraerie, et ce par chacune fois qu'ils y
contreviendront.
Nulz vendeurs de poullailles et gibiers de quelque espèc^
que ce soit ne pouront iceulx vendre aultrement que en peau
et pleume, et non pleumez et escorchez ny lardez ; comme ne
pouront eulx entremettre du faict de cuisine, acoustrer
viandes cruttes ou cuittes en festins et banquetz, ny faire pati-
cerie quelconque, ce que leur est exprès deffendu et à tous
aultres s'ils ne sont receuz ou avouez comme dessus sur peine
d'amande à Tarbitraige de justice.
Ne pouront nul desd. paticiers, rôtisseurs et oublieurs ouvrir
leurs boutiques ny chauffer leur four aux jours et festes de
Pasques, la Pentecouste, la Toussaincts, Noël, et le jour et fcste
1. On ne semble pas s'être servi à Rennes, à cette époque, de la boite
ronde, le coffin, sur lequel on jouait aux dés les oublies à Paris et môme
à Nantes. (V. Les Oublieurs de Nantes, lecture de M. Ed. Pied, Soc.
arch. de Nantes, 1902, p. xxvm.)
— 384 —
de Saint Laurens, patron de leur fraerie ^ à peine de cent
solz T. aplicables moictié au roy et l'autre moictié à lad. fraeri e
et plus grande se elle y eschet.
Et advenant le décès de Tun desd. mestres aud. mestier sera
libre à la veuve d'icelluy jouir sa vie durant du previlleige et
maistrise dud. mestre, fors au cas qu'elle se remariroît à
aultre que du mestier et ne fut mestre, ce que advenant desro-
géra aud. previlleige et ne pourra s'en ayder.
Que ceux desd. paticiers qui tiendront cabaretz ne pouront
avoir vin chez eulx sans en payer le debvoir, et qu'il leur sera
deffendu retirer ou recueillir jeunes gens de la ville desbauchez
qui font mestier de se y retirer et y faire despenses dissolues,
ny recepvront aussi aucuns jeuz de detz ny cartes, ny tiendront
brelans; ayns feront vuider ceulx de la ville qu'ilz congnoes-
tront estre tels ou y aller contre la vouUonté de leurs pères ou
mères, tuteurs ou curateurs, ou qui sont mariez et domiciliez
de lad. ville, sous peine de 20 livres d'amende pour la première
fois et de 30 pour la seconde.
Que suivant les anciennes ordonnances, lesd. paticiers ne
vaudront ny n'auront en leurs boutiques autres chairs que
lart, chair de beuf, mouton et veau ; et n'auront pour vendre
aulcunes vollailles, soyt chappons, perdriz ou begasses, oy-
«tseaulx de mer, leveraulx ou connilz ny aultres, s'ilz ne leur sont
baillez de la ville pour emploier en ouvraige de leur mestier
pour lesd. bailleurs, habitans et survenans, et sans fraulde ;
et ce sur peine de 20 livres d'amande dont les prevostz seront
tenuz faire leur rapport.
Ne jetteront aulcunes eaues salles, sanglantes ou grasses,
sur le pavé, ny plumaiges de leursd. vollailles ny poisson, mal
sentantes ny aultres telles choses sur les peines que devant.
Ainsi signé : dArgentré et P. Martin, et scellé.
1. Ailleurs saint Honoré.
Missels de Dol k Prose de Saint Samson
Le Missale secundum usum insignis ecclesie dolensis fut
imprimé chez Jean du Pré, à Paris, en 1502. Après avoir ap-
partenu à Tabbaye du Tronchet, il a subi les morsures des
rats, a perdu la feuille du titre et quelques autres pages. Enfm
il va trouver un abri digne de lui à la Bibliothèque Nationale ^
Mais il n*a pas la beauté du Missale ecclesie r-edonensis de
1492, que j'ai pu contempler dans cet incomparable muséum
de livres. Signalons du moins la gravure qui orne la première
page de la liturgie romaine en usage à Dol. Elle représente
un autel à rétable peu élevé, entouré de colonnettes surmontées
de statues, avec des rideaux à droite et à gauche de la table
sacrée. Cela nous donne une image de ce qu'était le sanctuaire
de Dol au xv® siècle. Car un inventaire de cette église en 1400
mentionne due cortine serice ab iitroque capite altaris, et, en
1410, lévêque Etienne Cœuret fit placer autour du maître-
autel des colonnes de métal surmontées d'anges adorateurs et
ornées de ses armoiries. Ce qui nous intéresse davantage, c'est
le calendrier du missel. Voici la liste des saints dolois qui y
sont célébrés.
En juillet, le 13, Turiani archiepiscopi dolensis ix lec^.
le 28, Sansonis archiepiscopi dolensis ^ Triplex '.
le 29. Genepei archiepiscopi dolensis ix lec.
Eodem die Gnillermi,
1. On l'y a catalogué avec la cote Réserve» B, 1461. (Voir le Bulletin
mensuel des récentes publications françaises de la Bibliothèque na-
tionale, janvier-février 1904, p. 290.)
2. L'abréviation lec désigne le nombre de leçons récitées au bréviaire
en l'honneur d'un saint.
d. Le texte porte dolelensis.
4. Ce terme marque le degré de la fête.
xxziii 31
— :i86 —
En août, le 4, Octas^a Sancti Sansonîs, Semiduplex. Ter^
culini martyris.
En septembre, le 2, Ordinatio sancti Sa/isonis, Semiduplex.
En octobre, le 24, Maglorii archiepiscopi dolensis ix lec. et
fiât memoria per octavam.
En décembre, le 9, Budoci archiepiscopi dolensis ix lec.
Il est à remarquer qu'on ne fait aucune mention de saint
GiLDUiN, qui s'est introduit très tard dans les offices propres
de Dol. D'autre part on qualifie saint Armel simplement du
titre de « confesseur. » Donc à cette époque Téglise doloise
avait abandonné la légende qu'elle avait fabriquée au xii* siè-
cle, d'après laquelle ce personnage aurait été l'un des succes-
seurs de saint Samson. Enfin je remarque qu'au 21 mai, le ca-
lendrier porte Marquanni confessoris. Chacun sait que saint
Marcan a donné son nom à une petite paroisse de l'ancien dio-
cèse de Dol. Mais ce bienheureux n'a pas coutume d'être men-
tionné dans les livres liturgiques ^ c'est pourquoi j'attire l'at-
tention sur ce fait.
Parmi ces divers saints dolois, celui dont la messe a le plus
de caractère est saint Samson. Je citerai ici la prose qui lui est
consacrée. Elle complétera mon étude des anciennes hymnes
dédiées à ce bon Celte ^, et possédera la saveur de Tinédit, se
trouvant dans un volume gothique, unique, et inconnu jusqu'à
ces derniers jours '.
In Sansone Deo sit gloria quam abundans^ illasirat gratia et superabundans :
Cui conceptus an te primordia nomen dédit visio nuncîa sterilem fecundans.
1. Dom Lobineau n'a point connu d'Actes de saint Marcan; je ne sais
où le doux Garaby a déniché la chronologie da Bienhenreux (Vies des
saints de Bret., Saint- Brieuc, 1899, p. 542). Ce dernier est mentionné
dans la Vie de saint Brieuc. Mais Dol est la seule église qui Tait célébré.
2. F. DuiNE, notes sur les saints bretons, Les saints de Dol, Paris»
Le Dault, 1902, p. 9-11.
3. Le Missel de Saint-Malo, de 1503, que j'ai consulté au British Mu-
séum de Londres (Cote : C. 52. d. 2) contient une messe propre en l'hon-
neur de l'archevêque saint Samson. La prose est la même que celle da
Missel gothique de Dol. Toutefois, on rencontre quelques variantes dont
je vais indiquer les principales.
4. In Sansone Deo fit gloria quem abundans... (Saint-Malo, 1503).
— 387 —
Hoc censeri nomine meruit in Sansone qnod tanta claruii virtos meritorom :
Quem distendit virus infusio et chelidri * dira percussio sonat sol eorum.
Ex defectu mel in ag^s sufficit^, et de petra latices elicit Mojses secnndus.
Innocuom portatur toxicum, sacerdotem vexât veneficum Spiritus immundus.
Angelicos secutus monitus, exilii subiit interîtus, dives paupertatem.
Geminantur Privati gandia, recipiunt nxor et filia plenam sospitatem.
SerpenSy Dei trahente famolo, mansuescit in eius cing^lo.
Et ludente tali miraculo convalescit fides in populo.
Cecum sanat petens palatium, ab obsesso fugat demonium,
Periit leo quem habuit obvium, et regine mutatur odium.
Pietatis afflnentis pectos movet voz deflentis, mater propter filium ;
Matris dolor, revocato a defunctis sibi nato, remigrat in gaudium.
Fratrnm quies molestatnr, sed clausarum castigatnr avium garrulitas.
Prata vertens g^x porcomm fit repente grex hjrcorum, o miranda novitas.
0 mirande transformator, nove rerum immntalor, sanitatum reparator,
Lux ezempli, morum forma, ad virtutes nos reforma, atque Christo sic
[conforma :
Ut in regno claritatis, nobis sibi conformatis, Rex elerne claritatis
Vite donet premia. Amen dicant omnia ! Succurrat letania !
Je ne songe nullement à m'extasier devant cette prosa^
déconcertante pour les premiers prix de thème latin au Con-
cours général ; mais cette richesse d'allitérations et de conson-
nances charmait Toreille populaire. Quant au fond de la sé-
quence, il est emprunté à la seconde Vita S. Samsonis^ qui
fut en grand honneur à Dol, et que Dom Plaine a éditée ^. Mais
la prose ne suit pas absolument Tordre du manuscrit qui a été
publié ; et elle se contente de présenter un épitomé des plus
1. Pour désigner la vipère, on rencontre dans la basse latinité les
mots hilider, chelider ou chelidrus.
2. Après avoir manqué, le miel revient en quantité suffisante dans les
vases destinés à sa conservation. — Comparer dans le Olossarium de
Du Canos le mot Haga, — Dans le Missel malouin de 1503, on lit :
Ex defectu mel magis sufficit.
8. Plains, La Très ancienne Vie inédite de saint Samson, texte lor
tin publié avec prolégomènes. Paris, 1887. — Sur les diverses biogra-
phies de saint Samson. je renvoie à mes Saints de JDol, p. 15-17.
— 388 —
brillants miracles altribués au Bienheureux. Voici le tableau
quelle met sous nos yeux :
La conception de Samson fut un prodige ; son nom même
fut inspiré par un ange. Le saint guérit un condisciple mordu
par une vipère ; d'un signe de croix il remplit de miel les vases
du cellier. Il fît jaillir des sources. Il but du poison sans dan-
ger, tandis que le démon s'emparait du prêtre jaloux qui avait
désiré sa mort. Sur l'avertissement de Dieu, apporté par un
ange, il s'exila. En abordant à Dol, il rendit la santé à la
femme et à la fille de Privatus. Puis de sa ceinture il entraîna
un serpent qui le suivit avec douceur, et par cette merveille il
excita la foi des peuples étonnés. En allant à la Cour de
France, il rendit la vue à un aveugle et délivra un possédé. La
reine, qui détestait notre pieux évéque, lança un lion contre
lui ; la bête tomba morte, et la reine changea de sentiment ^.
Comme il revenait à Dol, il ressuscita un enfant dont la mère
l'avait attendri par ses cris de douleur. Bientôt les oies trou-
blant les moines par leur tapage, le thaumaturge punit ces
volatiles en les obligeant à s'enfermer dans une sorte de prison.
11 changea en boucs des porcs qui causaient du ravage.
C'est le dernier miracle mentionné par la séquence, et vrai-
ment, Ovide, si cher aux lettrés du moyen-âge, n'avait pas ima-
giné de traits de plus haut goût.
Remarque digne d'attention : le Missale de 1502 fut exécuté
sous l'épiscopat de Thomas James, dont le nom vivra toujours
dans le monde des bibliophiles, grâce au superbe missel qui
lui appartint^ œuvre du Florentin Attaventr, « miniatore del
çescovo di Dolo. » Toutefois ce célèbre volume liturgique
n'avait aucun caractère breton, le calendrier ne comprenant
que des saints romains, à Texception de saint Yves ^.
1. Ici le poète se conforme plutôt à la première Vita (éditée par Ma-
billon), laquelle se contente de nous montrer la reine agenouillée aux
pieds de Samson {Acta SS. Julii, t. VI, p. 586, D), tandis que la seconde
Vita a dessiné un mélodrame plus effrayant, en montrant les yeux de la
reine qui tombent de leurs orbites, et la princesse qui expire horrible-
ment.
2. Sur le missel d'Attavente, voir un article de M. Léopold Delisle
dans la Bibliothèque de l'Ecole des Chartes (tome XLIII, p. 311-315). Les
— 389 —
•
Dom Plaine cite un autre Missel de Dol. de 1522. Il est dif-
ficile de savoir au juste quelle est la valeur de ce renseigne-
ment. En tout cas. je ne connais aucun érudit qui sache où se
trouve actuellement cet intéressant ouvrage*.
11 ne nous reste plus qu'à mentionner les messes spéciales au
diocèse de Dol, imprimées en 1775, chez Armand Caperan. Le
chanoine Deric dut avoir la principale part dans ce travail de
liturgie locale. Un membre de la Société archéologique de
Rennes, l'abbé Charles Robert, possédait un exemplaire de ce
rare ouvrage. Aujourd'hui l'exemplaire se trouve peut-être en
Belgique, avec la bibliothèque de mon regretté compatriote*. —
Telles sont les seules indications que je puisse fournir sur les
Missels de Dol.
F. DUINE, prêtre.
détails relatifs au calendrier, je les dois à M. Birot, membre de la So-
ciété française d'archéologie, qui a fait une description complète du livre,
en collaboration avec M. Martin, professeur à l'Université catholique de
Lyon.
1. D'après Dom Plaine, ce Missel de Dol de 1522 était « conservé à
Rennes chez les Pères Eudistes. » (Hulletin de la Soc. archéol. du Fi-
nistère, t. XI, 1884, p. 22-25.) Or, cette bibliothèque a été acquise récem-
ment par M. Plihon, libraire, lequel la connaissait depuis dix ans : il
n'y a jamais vu le missel en question. Il est vrai de dire que des écumeurs
de livres avaient pu passer par là!
2. L'abbé Robert légua sa bibliothèque et ses papiers au monastère
bénédictin de Sainte-Anne-de-Kergonan. Les vénérables religieux sont à
l'heure actuelle en exil, à Walley par Ohey (province de Namur).
NOTE SUR L'ANCIEN MANOIR
ET LES SEIGNEURS
DE LA THÉBAUDAYE
EN GEVEZÉ
Notre savant collègue M. Banéat vient de découvrir en la
maison de ferme moderne de la Haute-Thébaudaye en Gevezé,
un manteau de cheminée fort intéressant, provenant de Tancien
manoir de la Thébaudaye aujourd'hui disparu. C'est une pierre
de granit, d'une longueur de 2"* 50, présentant sculpté au
centre un écusson entouré d'un collier, soutenu par deux lions
et portant trois bogues de châtaigne; à droite on lit ces mots :
ALIBI ALIAS SCITUM {sic) et à gauche ceci :
REN. CHASTAN. PRE VETSTATE [sic]
RiEDlFICAVlT COLAPS.
Cette inscription * nous apprend que le manoir de la Thébau-
daye démoli en 1861 avait été reconstruit au commencement du
xvii« siècle par René Chasteigner, seigneur de la Thébaudaye
de 1605 à 1620 environ, portant pour armoiries : d'or à trois
bogues de châtaigne de sinople, comme son ancêtre Guil-
laume Chasteigner, qui scella en 1381 de son sceau présentant
les mêmes armes, sa ratification du traité de Guérande.
Nous allons retrouver le reconstructeur de la Thébaudaye,
René Chasteigner, dans la liste suivante des seigneurs de la
Thébaudaye dont nous avons pu reconstituer la suite :
1. Qu'on doit lire comme il suit : (Manerium) alibi alias sifum, prœ
vetustate collapsum, Renatus Chastaneus reœdiftcavit.
— 392 —
1427} Robin Ghasteigner, mort en 1437, laissant veuve Jeanne
du Vergier. — Pierre Chasteigner, fils du précédent, lui suc-
céda et décéda en 1479. — Jean Chasteigner, son fils, épousa
Perrine Piédevache, de la maison des Mesnils, veuve de lui en
1513. — Briand du Chasteigner, fils des précédents, mourut
dès 1515, laissant la Thébaudaye à son frère Bonabes du Chas-
teigner, mari de Perrine de Cacé qui devint veuve de lui en 1540.
— François du Chasteigner, fils des précédents, épousa Perron-
nelle du Bouays, qui lui donna deux fils successivement sei-
gneurs de la Thébaudaye après lui : François du Chasteigner,
mort dès 1605 et René du Chasteigner vivant encore en 1620,
époux de Judith de la Châsse et reconstructeur du manoir
paternel. — Pierre du Chasteigner, fils de ces derniers,
épousa : 1** en 1619 Jeanne de Langan, 2® Hélène du Matz. veuve
de lui et remariée en 1645 avec François Gouyon, seigneur
de Launay-Comats. — Françoise du Chasteigner, sortie du
second lit de Pierre et dernière de son nom, apporta la Thébau-
daye à son mari Joseph Gouyon, seigneur de Launay-Comats,
qu'elle épousa en 1650. — Charles Gouyon, seigneur de Lau-
nay-Comats, fils des précédents, s'unit en 1680 à Marguerite
Hévin, fille du célèbre jurisconsulte breton. — Cette dernière
devenue veuve et propriétaire de la Thébaudaye la légua à son
frère Pierre Ilévin qui épousa : i^ Jeanne Le Moyne et 2^
Julienne Le Vicomte, et qui mourut en 1725. — Jacques Hévin,
fils du précédent et de sa première femme, s'unit en 1727 à
Anne-Marie Jamoays; il décéda en 1758 et sa veuve en 1760. —
Jacques-Julien Hévin, leur fils unique, marié dès 1756 à Renée
Bureau, mourut sans postérité en 1775. — La tante du précé-
dent Marie-Louise Hévin, femme de Charles Le Melorel, sei-
gneur de Trémeleuc, hérita de la Thébaudaye qu'elle vendit en
1780 à Louis-René de Robien, vicomte dudit lieu, et à Victoire
Le Gonidec sa femme.
La famille de Robien possède encore actuellement la Thé-
baudaye.
Le seigneur de la Thébaudaye jouissait d'une moyenne
justice et relevait directement du Roi en sa cour de Hédé : il
avait un banc à queue et une pierre tombale en l'église de
— 393 —
Gevezé joignant le chanceau. plus un autre banc clos et deux
pierres tombales en Téglise de la Mezière, l'une proche le
maître-autel, l'autre dans la nef devant Tautel N.-D.
Labbé GUILLOTIN DE CORSON
chan. hoD.
NOTE
SUR LA RELATION D'UN VOYAGE EN TERRE-SAINTE
FAIT PAR TROIS BRETONS A LA FIN DU XV* SlftCLE
En 1827, M. de Lorgerîl, alors maire de Rennes, donna à la
Bibliothèque de cette ville un précieux manuscrit du xv* siècle ;
il y fut placé sous le n« 157', avec ce titre : Voyage à
la Terre-Sainte, au Mont SinaZ et au couvent de Sainte^Ca^
therine, « Exécuté sur vélin, en pur gothique minuscule^ à
longues lignes, il contient 64 feuillets. Ses initiales en or sont
enfermées dans de petits cadres peints en bleu et en vert.
Malheureusement plusieurs feuillets manquent au commen-
cement, au milieu et à la (in '. »
M. Morin publia en 1861 une notice sur ce manuscrit. Il fit
remarquer que malgré les feuillets manquant ce qui reste for-
mait la portion la plus étendue et la plus importante de Tou-
vrage entier; car, dit-il, ^c si nous n'avons ni le port de rem-
barquement, ni la traversée, ni le point d'arrivée dans la Terre
Sainte, nous rencontrons les pèlerins à Rama en Palestine,
avant leur entrée à Jérusalem. La seconde lacune nous prive
• seulement d'une faible partie de leur voyage dans le désert
avant d'arriver au Mont Sinaï; la troisième porte sur la fin de
leur séjour en Egypte et sur leur navigation jusqu'à la hauteur
de rile de Rhodes ; enfin la dernière laisse les pèlerins dans
rtle de Scio, lorsque chacun se disposait à retourner dans sa
patrie ^. »
1. Actaellement n^ 261.
2. Maillet, Description des Manuscrits de la Bibliothèque publique
de Rennes, 172.
3. Mémoires de la Société archéologique d* [Ile-et-Vilaine, 1861, p. 216«
- 396 —
L'année en laquelle s'effectua ce voyage en Terre-Sainte
n'est point indiquée dans le manuscrit, mais, comme il y est
fait mention de « Jacques Cueur argentier dn/eu roy Charles »
et des Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem maîtres de l'île
de Rhodes, il faut nécessairement placer l'époque du voyage
entre 1461 date du décès du roi Charles VII et 1522 date de
l'expulsion des Chevaliers de Rhodes. M. Maillet a cm que ce
pèlerinage se fit en 1493 parce que la relation dit que l'un des
voyageurs a le Duc en Bavière » mourut pendant le parcours;
or V Art de vérifier les dates met en Tannée 1493 la mort de
Christophe fils du duc de Bavière, revenant de Palestine. Mais
l'identité des deux personnages est impossible : le (ils du duc
de Bavière décéda à Rhodes, tandis que « le Duc en Bavière »
mourut à Gaza. De plus nous allons voir à l'instant qu'un autre
des pèlerins « l'abbé de Saint-Méen » ne vivait plus en 1493.
Enfin M. Morin fait remarquer que dans la Relation il est dit
que le 13 août, jour de l'entrée des voyageurs à Jérusalem,
était un dimanche et le 20 octobre jour où ils s'embarquèrent
sur la mer Rouge après avoir visité le Sinaï était un vendredi.
Or en 1493 le 13 août n'était pas un dimanche mais un mardi,
et le 20 octobre n'était point un vendredi mais un dimanche.
D'où M. Morin conclut qu'on ne peut admettre Tannée 1493;
mais, ajoute-t-il, les années 1486, 1497 et 1503 pourraient con-
venir. De ces trois chiffres nous regardons le premier comme
à peu près certain, car <c Tabbé de Saint-Méen » mourut le
30 avril 1492 ; c'est ce que prouve Tépitaphe de son tombeau
conservé de nos jours dans son ancienne église abbatiale.
Ce qui rend ce manuscrit particulièrement intéressant pour
nous c'est la présence parmi les pèlerins de trois Bretons : un
« seigneur de la Guerche )) — un « abbé de Saint-Méen en
Bretaigne » — et « René de Chastcaubriant, seigneur du Lyon
d'Angers. » Ni M. Maillet, ni M. Morin ne se sont occupés de
rechercher quels étaient les deux premiers de ces personnages
dont les noms sont omis dans la Relation du voyage.
Le premier n'était point un seigneur de la Guerche en Tévè-
ché de Rennes — cette châtellenie appartenait alors aux ducs
d'Alençon — mais le possesseur de la seigneurie de la Guerche
— 397 —
en l'évôché de Nantes *. Il se nommait François Tournemine,
et descendait des sires de la Hunaudaye en Plédéliac ; il na-
quit en 1457 de Jean Tournemine, seigneur de la Guerche, et
de Mathurine du Perrier. f.e P. du Paz écrit qu'il fut « grand
voy»Tgeur en son temps, visita deux fois le sainct sépulchre de
Nostre Seigneur en Hicrusalem et une fois celuy de saincte
Catherine au Mont Sinay ; et fut plusieurs fois en Tisle de
Rhodes où il demeura longtemps ^. » 11 mourut, âgé de 72 ans,
sans avoir été marié, le 30 octobre 1529, à son manoir de Por-
terie près Nantes et fut inhumé en l'église des religieuses
Clarisses de cette ville.
Il est également facile de nommer l'abbé de Saint^Méen
pèlerin de Jérusalem.
Robert de Coëtlogon, fils d'un seigneur de la Gaudinaye,
gouverna pendant près de cinquante ans l'abbaye bénédictine
de Saint-Méen dont il fut le dernier abbé régulier. Elu en 1443
et décédé en 1492, il laissa une mémoire justifiée de sainteté et
Ton vénérait jadis sa sépulture. Lui seul peut, à la fin du
xv« siècle ou au commencement du xvi«, avoir fait le voyage de
Jérusalem sous le simple nom de « labbé de Saint-Méen. »
Ses successeurs furent, en effet, Pierre de Laval, archevêque
de Rheins + 1493, le cardinal Robert Guibé -f- 1513 et François
Hamon, évoque de Nantes, -j- 1532, tous les trois abbés com-
mentaires de Saint-Méen et trop haut placés ailleurs pour être
désignés sous leur titre d'abbé.
Notre troisième pèlerin n'était Breton que d'origine et habi-
tait l'Anjou, mais il appartenait à Tune des plus distinguées
familles de la noblesse de Bretagne. Arrière-petit-fils de Geof-
froy VI, baron de Châteaubriant, René de Châteaubriant,
seigneur du Lyon d'Angers, mentionné en 1489, épousa Hélène
d'Estouteville. Nous ne voyons pas pourquoi M. Morin hésite
entre ce René de Châteaubriant, seigneur du Lyon d'Angers,
et son neveu autre René de Châteaubriant, abbé d'Evron. Si
1. La Guerche, en la paroisse de Saint- Brévin, fut érigée en marquisat
Tan 1682.
2. Hist. généalogique de plusieurs maisons de Bretagne, 165.
— 398 —
celui-ci eut été le voyageur en question, l'auteur de la Relation
l'eut appelé « Tabbé d'Evron » « et non pas seigneur du Lyon
d'Angers. » C'est donc du premier qu'il s'agit ici et en voici
encore une autre preuve : d'après notre manuscrit, c René de
Chasteaubriant, seigneur du Lyon d'Angers, » fut fait chevalier
à Jérusalem dans l'église même du Saint-Sépulcre, ce n'était
donc point un ecclésiastique.
Telles sont les quelques notes que nous pensons pouvoir
ajouter à l'intéressante étude que notre savant et regretté con-
frère M. Morin consacra jadis au manuscrit du Voyage à ta
Terre^Sainle, étude que nous retrouvons avec plaisir dans le
volume des Mémoires de la Société archéologique d'Ille^et-
Vilaincy année 1861, pages 216-232.
L abbé GUILLOTIN DE CORSON
ehan. bon.
LISTE DES MEMBRES
DR LA
SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE
D'ILLE-ET-VILAINE
Au moment de la publication du présent volume.
IPrésIdeniii dVoniieiir.
M'^ l'Archevêque de Rennes, Dol et Saint-Malo.
M. LE Préfet d'Ille-et-Vilainb.
M. LE Maire de Rennes.
Bureau pour Tannée t99S-1994«
Président^ — M. le Comte de Palys.
-,, rk ' .j J M. B. PocQUBT DU Haut-Jussé, 4<.
V^ce.Pres,denU, j ^ ^ p^„^^^^^ i. ^^
Secrétaire généraly — M. Louis de Villers.
Secrétaire archiçiste, — M. OUivier Le Meur.
Trésorier, — M. Banéat.
Bibliothécaire, — M. Le Hir, A. Q.
400 —
Comité de pnbllcmtion pour Tannée f 903-f 904.
MM. les membres du Bureau ct-dessus désigné et MM. Tabbé
GuiLLOTiN DB GoRsoN, — F. Saulnier, Conseiller hono-
raire à la Cour d'Appel, — Tabbé Guillot, I. Q, —
J. Harscouet de Kbravbl. — Lucien Dbcombb, I. Q.
Membres HtnlafreB WLgrégém depuis
In fondation.
MM. Annb du Portal, Saint-Brieuc, rue des Rosaires, 1 (1863).
Angibr de Lohéac, notaire. — Mauron (Morbihan) (1897).
Aubrbe (Jules)i contrôleur principal des contributions
directes en retraite. — Rennes, boulevard de la Li-
berté, 30 (1875).
Aubrée (Jules), avoué à la Cour d'Appel. — Rennes,
rue d'Estrées, 1 (1897).
AuBRY, médecin-vétérinaire à La Guerche (lUe-et-Vi-
laine) (1903).
Bahon-Rault, relieur-éditeur. — Rennes, rue Victor-
Hugo, 23 (1904).
Banéat (Paul), avocat, docteur en droit. — Rennes, rue
Broussais, 1 (1880).
Bernard (l'abbé), licencié en droit, vicaire à Saint-Ger-
main de Rennes. — Rennes, rue Saint-Georges, 15
(1901).
Bétin (Raymond), négociant. — Rennes, rue La Motte-
Fablet, 3 (1902).
Bézier, a. Q, directeur du Musée d'Histoire naturelle de
la Ville. — Rennes, rue Alphonse-Guérin, 5, et rue
Joseph-Durocher, 3 (1893).
Blin, ingénieur de la Voirie et du Service des Eaux. —
Rennes, avenue de la Tour-d*Auvergne, 14 (1902).
— 401 —
MM. BouDou (Fabbé), curé-doyen de Châteaubourg (lUe-et-
Vilaine) (1886).
Brenugat ^l'abbé), vicaire à Saint-Aubin de Rennes. —
Rennes, rue Saint-Louis, 8 (1895).
BusNEL (Théophile), chef de section des Chemins de Fer
de rOuest en retraite. — Saint-Briac (lUe-et- Vilaine)
(1881).
BussY, notaire. — Rennes, rue Victor-Hugo, 7(1896).
Chénon (Emile), 1. Q, professeur à la Faculté de Droit
de Paris. — Paris, rue des Écoles, 30 (1883).
CocAR. — Rennes, rue de Belair, 6 (1874).
CoiGNERAi, ^, chef de bataillon au 75^ rég. territorial
d'infanterie. — Rennes, avenue de la Gare, 45 (1894).
Dano, sous-intendant militaire à Guéret (Creuse) (1890).
De Balby de Vernon (le comte). — Rennes, rue Bri-
zeux, 13 (1899).
De Bellevue (marquis Fournier), conseiller général de
la Loire-Inférieure. — Rennes, rue Le Sage, 1 (1889).
De Besthou (Paul), membre correspondant, 5, boulevard
Delorme, Nantes.
DbCaqueray, 0. #, lieutenant-colonel en retraite. —
Rennes, rue du Pré-Botté, 6 (1901).
De Calan (le vicomte). — La Houssaye, près Redon
(lUe-et- Vilaine) (1899).
Decombe (Lucien), L Q, directeur du Musée archéolo-
gique. — Rennes, rue de TEmbarcadère, 13 (1874).
De Foucaud. — Rennes, rue de Belair, 12 (1883).
De Guéhéneuc (vicomte Henri). — Rennes, rue Saint-
Louis, 18, et château du Plessix-Coudray, en Landu-
jan, par Montauban - de - Bretagne (lUe - et - Vilaine)
(1895).
De la Grimaudière. — Rennes, rue Victor-Hugo, 13, et
au château de la Hamonais, par Châteaubourg (Ille-
et- Vilaine) (1873).
De Laïque (comte), château de Bahurel, par Redon
(lUe^t-Vilaine) (1900).
82
— 402 —
MM. Dr la Villarmois (comte Henri). — Château de Trans,
Pleine-Fougères (lUe-et- Vilaine) (1881).
De L EsTOURBEiLLON (marquis), A. Q, député du Morbi-
han. — Vannes, place de l'Evèché, 10 (1895).
Df.lourmel (Louis), membre correspondant. — Archi-
viste de la ville de Brest.
Dr Monthuchon, ^. — Au château de Monthuchon, près
Coutances (Manche) (1875).
De Palys (comte Élie). — Rennes, rue Saint- Yves, 9, et
au château de Clayes, par Romillé (Ille-et- Vilaine)
(1859).
De PouLPiQUBT DU Halgouet (colonel), O. ^, député,
conseiller général. — Renac (l Ile-et-Vilaine) (1903).
De Rosmorduc (le comte), — Coatranarc'h, par Plestin-
les-Grèves (Côtes-du-Nord) (1896).
De Saint-Meleuc (Raoul). — Paris, avenue Kléber, 73
(1891),
De Saint-Pbrn (le baron René), membre correspondant,
directeur des Haras de Libourne (Gironde).
Des Bouillons (J.). —Rennes, faubourg de Fougères, 1
fl899).
Desmazières de Séchrlles (Edouard). — Bennes, place
des Lices, 26(1899).
De Torquat (H.), avocat. — Rennes, passage Belair
(1899).
De Villbrs (Louis La Combe). — Rennes, rue Victor-
Hugo, 11, et château de Montauban-de-Bretagne (lUe-
et- Vilaine) (1889).
Druais (Tabbé), professeur de sciences naturelles et d*ar-
chéologie religieuse au Grand-Séminaire. — Rennes
(1903).
Du Crest de LoRGERiE (comtc), avocat. — Rennes, rue
d'Antrain, 69 (1887).
Du Fretay (le marquis F. du Bouilly), avocat, docteur
en droit. — Rennes, rue des Dames, 5 (1900j.
DuiNE (Fabbé), vicaire à Guipel (Ille-et- Vilaine) (1891).
— 403 —
MM. Du PoNTAvicE (vicomte Paul). — Rennes, rue de Ro-
bien, 1 (1880).
Du^TAL (Vabbé), recteur de Pleugueneuc (Ille-et- Vilaine)
(1892).
DuvER (l'abbé), curé de Saint-Germain de Rennes, chanoine
honoraire. — Rennes, rue Saint-Georges. 15 (1878).
EspÉRANDiEu, jji^, I. O (le capitaine), membre corres-
pondant, à Vanves (Seine), route de Clamart, 59.
EsQuiEu, membre correspondant. — Cahors, boulevard
Gambetta, 58 (Lot).
Etasse, a. O, percepteur honoraire. — Rennes, route
deLorient, 61 (1879).
Fenaut, négociant. — Rennes, quai d'IUe-et-Rance, 17
(1886).
FouRÉ ^l'abbé), chanoine honoraire, curé de Saint-Étienne
de Rennes. — Rennes, rue de Juillet, 5 (1898).
FoRGET (l'abbé), recteur de Saint-Ghristophe-de-Valains,
par Sens-de-Bretagne (Ille-et- Vilaine) (1889),
FouRNEL (H.). — Rennes, rue de la Monnaie, 9 (1890).
Game (l'abbé), curé-doyen de Toussaints de Rennes. —
Rennes, rue Vasselot, 50 (1895).
Garnier, instituteur. — Saint-Pierre-de-Plesguen (Ille-
et- Vilaine) (1888).
GiFFARD (André), docteur en droit. — Rennes, rue Natio-
nale, 6 (1901).
Gontier (Emmanuel), architecte. — Rennes, rue Richard-
Lenoir, 11 (1897).
GossELiN (Marcel). — Rennes, quai f^amennais, 21
(1900).
GouGEON DE LA Thkbaudière, avocat. — Rennes, rue
Le Bastard, 2 (1889).
GouLLAY, médecin de la Compagnie des Chemins de
Fer de l'Ouest. — Châteaubourg (Ille-et- Vilaine)( 1897).
GuESDON (Adolphe), juge d'instruction. — 2, rue d'Isly,
Rennes (1903).
GuiLLOT (Fabbé), 1. Q, aumônier du Lycée. — Rennes,
boulevard Magenta, 3 (1866).
— 404 —
MM. GuiLLOTiN DB CoRsoN (l'abbé), chanoine honoraire de la
Métropole. — Rennes, rue de Fougères, 10, ou au
château de la Noô, par Bain-de-Bretagne (lUe-et-Vi-
laine) (1864).
Hàizb, imprimeur-éditeur. — Saint-Servan (lUe-et- Vi-
laine) (1899).
Hamàrd (rabbéj, chanoine titulaire. — Rennes, rue du
Chapitre, 6(1903).
Hàrscouet de Keràvel (Jean). — Rennes, rue La-
fayette, 5 (1877).
Hoffmann, membre correspondant, membre de la So-
ciété anthropologique, — Washington (États-Unis
d'Amérique).
HûE. — Rennes, rue Victor-Hugo, 2 (1901).
HuET (l'abbé), vicaire à Saint-Étienne de Rennes. —
Rennes, rue de Juillet, 5 (1895).
JoBERT (René), avocat. — Rennes, avenue La Motte-
Picquet, 8 (1901).
JouoN DES LoNGRAis (Frédéric), avocat, ancien élève de
TEcole des Chartes. — Rennes, rue du Griffon, 5 (1877).
Kerviler (René Lockart de), ^, membre correspondant,
inspecteur général des Ponts et Chaussées en retraite.
— 36, rue de THôpital, Lorient (Morbihan).
Lamazière, principal clerc d'avoué. — Rennes, faubourg
de Fougères, 73 a (1904).
Le Bouteiller (vicomte). — Fougères (lUe-et- Vilaine)
(1877).
Le Hir, a. O, bibliothécaire-archiviste de la Ville. —
Rennes, rue Brizeux, 16 (1899).
Le Meur (OUivier), archiviste-adjoint du département.
— Rennes, quai de l'Université, 2 (1899).
Leray. — Rennes, quai Saint-Cast, 14 (1900J.
Lesage de la Haye (Raoul), docteur en droit. —
Rennes, rue de Nemouçs, 10 bis (1896).
LoTH, #, I. O, doyen de la Faculté des Lettres, membre
correspondant de l'Institut. — Rennes, faubourg de
Redon, 44 (1884).
— 405 —
MM. LouvET (l'abbé). — Rennes, rue des Dames, 12 (1894).
Màrqubt, ^ , directeur de Tadministration pénitentiaire
en retraite. — Rennes, rue du Vieux-Cours, 12 (1892).
Martin (V.), pharmacien honoraire. — Rennes, boulevard
La Tour-d'Auvergne, 29 (1900).
Marty (le docteur), membre correspondant, médecin-
major de 1" classe. — Hôpital militaire de Belfort (ter-
ritoire de Belfort).
Mathurin (Fabbé), vicaire à Saint-Étienne de Rennes. —
Rennes, rue de Juillet, 5 (1897).
Meriais (l'abbé), professeur au Collège de Saint-Malo
(1896).
Messblière (vicomte H. de), docteur en droit. — Rue des
Dames, 8, Rennes (1904).
MiLLON (l'abbé). — Rennes, boulevard Sévigné, 21 bis
(1895).
MoRLAis (l'abbé), docteur ès-lettres. — Rennes, rue de
Fougères, 19 (1900).
MowAT, O. ^, membre correspondant, chef d'escadrons
d'artillerie en retraite. — Rue des Feuillantines, 10,
à Paris.
Orève (l'abbé), vicaire à Martigné-Ferchaud (lUe-et- Vi-
laine) (1897).
Parfouru, I. O, archiviste-inspecteur départemental,
ancien élève de l'École des Chartes. — Rennes, rue
Kléber, 5 (1891).
Paris-Jallobert (l'abbé), recteur de Balazé, par Vitré
(llle-et-Vilaine) 1864.
Pied (Edouard), I. O, ancien économe des Lycées de
Rennes et de Nantes, membre correspondant. — Nan-
tes, passage Le Rojr, 14 (1885).
Plihon, libraire-éditeur. — Rennes, rue Motte-Fablet, 5
(1876).
PocQUET DU Haut-Jussé, >J<, doctcur cu droit. — Rennes,
ruedeRobien, 8 (1890).
Prost (Eug.), imprimeur. — Rennes, boulevard La
Tour^d'Auvergne, 33 (1899).
— 406 —
MM. QuiLGARS (Henri), ancien élève de l'Ecole du Louvre.
archiviste-adjoint de la Loire-Inférieure, correspondant
de la Société des Antiquaires de France. — 12, rue
du Moulin, Nantes.
Ràbillon (Vital), avocat. — Rennes, rue Tronjolly, 15
(1884).
Ramet (André). — Paris, rue Alphonse-de-Neuville, 17
(1902).
Rault (Km.), peintre sur vitraux. — 16, rue Saint-Me-
laine, Rennes (1903).
Rbnaud-Loubbns. — Rennes, rue de la Monnaie, 22 (1900).
Reuzé (Charles). — Rennes, rue de Bordeaux, 1 (1875).
RoBucHON, membre correspondant, éditeur d'art. — Fon-
tenay-le-Comte (Vendée).
RocHULÊ, A. O, inspecteur du service de Téclairage. —
Rennes, faubourg de Fougères, 104 (1901).
RoNDEL (l'abbé). — (1896.)
Saulnier (Frédéric), conseiller honoraire de la Cour
d'Appel. — Rennes, rue Rallier, 5 (1878).
Saulnikr de la Pinblais, ^, ancien avocat- général. —
Rennes, quai Saint-Cast, 16 (1901).
Simon (Francis), imprimeur. — Rennes, rue des Carmes, 6
(1895).
Stot. — Rennes, rue de la Monnaie, 15 (1901).
Thomas (Victor), officier d'administration de l'« classe.
— Ile Saint-Germain, par Issy-les-Moulineaux (Seine)
(1896).
Tréguy (l'abbé), curé -doyen de Matignon (Côtes-du-
Nord) (1895).
Vatar (Paul), avocat. — Rennes, rue de Bourbon, 8
(1897).
407 —
lEemlires h^n^ralres.
M. Le Febyre, O. ijjt, ancien préfet d'Ille-et-Vilaine.
MM. NicoL (l'abbé), chanoine de la cathédrale de Vannes, pré-
sident de la Société Polymathique du Morbihan.
Le président de la Société Historique et Archéologique
de Tarrondissement de Saint-Malo.
— 408 —
SERVICE FAIT PAR LA SOCIÉTÉ
Bibliothèque de la ville de Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord).
Bibliothèque de la ville de Dinan (Côtes-du-Nord).
Bibliothèque de la ville de Quimper (Finistère).
Bibliothèque de la ville de Brest (Finistère).
Archives départementales dllle-et-Vilaine, à Rennes.
Conseil Clénéral du département d'IUe-et- Vilaine.
Bibliothèque du Musée de la ville de Rennes.
Bibliothèque de la ville de Rennes.
Bibliothèque universitaire, à Rennes.
Faculté des Lettres de Rennes.
Société d'Instruction populaire, à Rennes.
Bibliothèque Populaire de Rennes.
Bibliothèque de la ville de Fougères (Ille-et- Vilaine).
Bibliothèque de la ville de Saint-Malo (lUe-et-Vilaine).
Bibliothèque de la ville de Vitré (Ille-et- Vilaine).
Archives départementales de la Loire-Inférieure, à Nantes.
Bibliothèque de la ville de Nantes.
Bibliothèque de la ville de Vannes (Morbihan).
Bibliothèque de la ville de Lorient (Morbihan).
Archives départementales du Morbihan, à Vannes.
Comité des Travaux historiques et Sociétés savantes au Minis-
tère de rinstruction publique, à Paris.
Musée Guimet, à Paris.
Bibliothèque du Musée d'Ethnographie du Palais du Troca-
déro, Paris.
Institut de France (Académie des Inscriptions et Belles-
Lettres).
— 409 —
I ni:
SAVANTES
Avec lesquelles la Société Archéologique (ÏI Ile-et-Vilaine
échange son (Bulletin.
FRANCE ET ALGÉRIE
Aisne. — Société Archéologique, Historique et Scientifique de
Soissons.
Algérib. — Société Archéologique du département de Con-
stantine.
Alpbs-Maritimes. — Société des Lettres, Sciences et Arts des
Alpes-Maritimes, Nice.
AvBYRON. — Société des Lettres, Sciences et Arts de rAveyron,
Rodez.
Bouches-du-Rhônb. — Société de Statistique de Marseille.
Calvados. — Académie des Beaux- Arts de Caen.
— Société française d'Archéologie pour la conserva-
tion et la description des manuscrits historiques de Caen.
— Société des Antiquaires de Normandie, Caen.
Charente. — Société Historique et Archéologique de la
Charente, Angoulème.
Charbntb-Infbrieurb. — Commission des Arts et Manuscrits
de la Charente-Inférieure, Saintes.
— Société des Archives historiques de
la Saintonge et de TAunis, à Saintes.
Cher. — Société des Antiquaires du Centre, Bourges.
Côtb-d'Or. — Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres
de Dijon.
Côtes-du-Nord. — Société d'Émulation des Côtes-du-Nord,
Saint-Brieuc.
DoKDOGNB. — Société Historique et Archéologique du Périgord,
Périgueux.
— 410 —
Drôme. — Comité de rédaction du Bulletin ecclésiastique et
d'Archéologie religieuse des diocèses de Valence, Gap,
Grenoble et Viviers, Romans.
Finistère. — Société Archéologique du Finistère, Quimper.
— Société Académique de Brest.
Gard. — Académie de Nîmes.
Haute-Garonne. — Académie des Sciences, Inscriptions et
Belles-Lettres de Toulouse.
Gironde. — Société Archéologique de Bordeaux.
1lle-et-Vilaine. — Association Bretonne à Rennes.
— Société Historique et Archéologique de l'ar-
rondissement de Saint-Malo.
Loiret. — Société Historique et Archéologique de TOrléanais,
à Orléans.
Loirb-Inférieurk. — Société Académique de Nantes.
— Société Archéologique de Nantes et de
la Loire-Inférieure, Nantes.
Mainb-et-Loire. — Société Nationale d'Agriculture. Sciences
et Arts d'Angers.
Manche. — Société Nationale Académique de Cherbourg.
— Société Académique du Cotentin, à Coutances.
— Société d'Agriculture, d'Archéologie et d'Histoire
naturelle de la Manche, à Saint-Lô.
— Société d'Archéologie, de Littérature, Sciences et
Arts des arrondissements d'Avranches et de Mortain, à
Avranches.
Mayenne. — Commission Historique et Archéologique, a
Laval.
Morbihan. — Société Polymatique du Morbihan, à Vannes.
Oise. — Comité Archéologique de Senlis.
Pas-de-Calais. — Société des Antiquaires de la Morinie, Saint-
Omer.
Rhône. — Société Littéraire de Lvon.
Saône-et-Loire. — Société Eduenne des Lettres, Sciences et
Arts, à Autun.
Sarthe. — Société Historique et Archéologique du Mans, au
Mans,
— 411 —
Savoib. — Société Savoisienne d'Histoire et d'Archéologie, à
Chambéry.
Seine. — Société française de Numismatique et d'Archéologie,
Paris.
— Société des Antiquaires de France, au Louvre, Paris.
Seine-Inférieure. — Société nationale havraise d'Etudes
diverses, au Havre.
Somme. — Société des Antiquaires de Picardie, à Amiens.
Vienne. — Société des Antiquaires de FOuest, à Poitiers.
Vienne (Haute-). — Société Archéologique et Historique du
Limousin, a Limoges.
Yonne. — Société des Sciences historiques et naturelles de
l'Yonne, à Auxerre.
ÉTRANGER
The Smithsonian institution, à Washington (Etats-Unis).
Bureau of American, ethnology, Smithsonian institution, Was-
hington. D. C.
Société Neufchàtelaise de Géographie. — NeufchÀtel (Suisse).
LISTE DES PRESIDENTS
DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE D'ILLE-ET-VILAINE
M. Le Gai, ik conseiller à la Cour d'Appel, t844, 1845, 1846, 1847, 1848,
1849.
M. l'abbé Brune, professeur d'archéologie religieuse au grand Séminaire de
Rennes, 1850.
M. Le Gai, ^, déjA cité, 1851.
AI. Audren de Kerdrel, 185S-1853.
M. Le Gai, ^, déjà cité, 1854-1855.
M. Audren de Kerdrel, déjà cilé, 1856-1857.
M. le docteur Aussant, ^, 1858-1859.
M. l'abbé Brune, chanoine titulaire de la cathédrale de Rennes, 1860.
Bf« Auguste André, ^, conseiller A la Cour d'Appel de Rennes, Directeur
du Musée Archéologique de la Ville, 1861-1861, 1862-1863.
M. A. de la Borderie, ancien élève de l'Ecole des Charles, 1863-1864.
M. A. de Kerdrel, déjà cité. 1864-1865, 1865-1866.
M. A. de la Borderie, déjà cité, 1866-1867, 1867-1868.
M. le docteur Aussant, ^, déjà cité, 1868-1869.
Bf. Morin, professeur k la Faculté des Lettres, 1869-1870.
M. RoparU, avocat à la Cour d'Appel, 1870-1871, 1871-1872.
M. Pinczon du Sel, ^, conseiller de préfecture, 1872-1873.
M. André, ^, déjà cité, 1874-1875, 1875-1876.
M A. de la Borderie, déjà cité, 1876-1877, 1877-1878.
M. Pinczon du Sel, ^, déjà cité, 1878-1879, 1879-1880.
M. A. de la Borderie, déjà cité, 1880-1881, 1881-1882.
M. F. Saulnier, conseiller à la Cour d'Appel, 1882-1883, 1883-1884
M L. Decombe, A. 0, directeur du Musée Archéologique, 1884-1885, 1885-
1886
M. l'abbé Guillotin de Corson, chanoine honoraire à la cathédrale de Rennes,
1886-1887, 1887-1888.
M. A. de la Borderie^ C ^, déjà cité, 1888-1889, 1889-1890.
M. le comte de Palys, 1890-1891, 1891-1892.
M. L. Decombe, A. 0, déjà cité, 1892-1893, 1893-1894.
M. l'abbé GuiIlot,L Q^aumOnier du Lycée de Rennes, 1894-1895,1895-1896.
M. L. Decombe, I. Q, déjà cité, 1896-1897, 1897-1898.
M. le comte de Palys, déjà cité, 1898-1899, 1899-1900.
M. l'abbé Robert, 1900.
M. F. Saulnier, conseiller à la Cour d'Appel, déjà cité, 1900-1901, 1901-
1902.
M. le comte de Palys, di^jà cité, 1902-1903, 1908-1904.
t. En 1897, M. A. de 1a Borderie, de l'Institut, a été nommé Président
d'honneur.
TABLE
Extrait des Procès- Verbaux des Séances de la Société
Archéologique d'Ille-et~ Vilaine.
ANNÉE 190S
PafM
Séance du 18 Janvier vu
Séance da IS février m
Séance do 10 mars xviii
Séance da 7 avril xxiv
Séance du 19 mai xxxvii
Séance du 9 Juin xliv
Séance du 7 juillet lu
Séance du 10 novembre lv
Séance du 8 décembre lx
MÉMOIRES
Petites seigneurie! du comté de Rennes : Seigneuries de Malenoé
en Saint-Christopbe-des-Bois
Seigneurie de la Uagnane en Andooillé
Seigneurie du Bot en Langon, par M. l'abbé Guillotin du
GOHSOIf
Le Vieux Rennes, par M. Paul Banéat
Amaury de Farcy de Saint-Laurent, lieutenant-général hano-
vrien (1659-17S9), par M. F. Saulnibr
Vieux papiers rennais. Les Placards mortuaires, par U. Esquibu.
Varia : Statuts des Pâtissiers de la Ville de Rennes en 1578,
par M. JoûoN des Longrais
Missels de Dol et prose de saint Samson, par M. l'abbé Duinit.
1
13
89
41
195
969
875
885